SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS
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SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE Guide à l’intention des éducatrices et éducateurs Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants Canadian Teachers’ Federation Ce guide a été rédigé par Kristopher Wells, Gayle Roberts et Carol Allan. Kristopher Wells, Ph. D., est un chercheur de niveau postdoctoral à l’Institute for Sexual Minority Studies and Services de la Faculté d’éducation de la University of Alberta. Ses travaux de recherche, d’enseignement et autres services portent essentiellement sur la création d’écoles et de collectivités sures, bienveillantes et inclusives pour les élèves, les membres du corps enseignant et les familles appartenant à des minorités sexuelles et de genre. M. Wells occupe actuellement le poste de directeur de la critique des livres pour le compte du Journal of LGBT Youth. Il est également cofondateur du Camp fYrefly, le plus gros camp de leadership au Canada pour les jeunes appartenant à des minorités sexuelles et de genre. M. Wells remplit fréquemment des fonctions de consultant pour le gouvernement de l’Alberta, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, l’Agence de la santé publique du Canada, l’UNESCO et l’Organisation mondiale de la Santé. Gayle Roberts a étudié à la University of Victoria où elle a obtenu des diplômes de baccalauréat et de maitrise en sciences. En 1969, elle a commencé une carrière en enseignement à Vancouver en tant qu’homme enseignant les sciences au secondaire. Durant l’année scolaire 1995-1996, Mme Roberts a entrepris une transition pour passer du sexe masculin au sexe féminin et est ensuite retournée à son « ancienne » école pour reprendre son poste, cette fois à titre d’enseignante de sciences et de chef de groupe, jusqu’à ce qu’elle prenne sa retraite en juin 2002. Depuis sa transition, Mme Roberts a travaillé très activement au sein de diverses communautés « trans ». Elle est actuellement présidente du groupe consultatif de Vancouver Coastal Health sur le programme de santé pour les personnes transgenres et coprésidente du comité de parrainage de l’Association canadienne des professionnels en santé des personnes transsexuelles (CPATH). Carol Allan est étudiante au doctorat à l’Institute for Sexual Minority Studies and Services de la Faculté d’éducation de la University of Alberta. Mme Allan est une enseignante à la retraite qui a travaillé pendant 31 ans dans diverses écoles de l’élémentaire et du premier cycle du secondaire à Edmonton. Elle a enseigné pendant 12 ans en tant qu’homme avant d’effectuer une transition pour devenir une femme au cours de l’été 1988. Au terme de la procédure judiciaire entre les avocats du district scolaire et ceux représentant Mme Allan qui a eu lieu cet été-là, il a été convenu qu’elle pouvait enseigner en tant que femme, ce qu’elle a fait pendant 19 autres années avant de prendre sa retraite. Mme Allan a été fort probablement la première personne membre du personnel enseignant à s’afficher ouvertement comme transgenre et à réaliser un changement de sexe au cours de ses années d’enseignement dans le district scolaire. Notice bibliographique suggérée pour toute citation du présent ouvrage : WELLS, K., G. ROBERTS et C. ALLAN. Soutien aux élèves transgenres et transsexuels dans les écoles de la maternelle à la 12e année : guide à l’intention des éducatrices et éducateurs, Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, Ottawa (Ontario), 2011. AU SUJET DE Soutien aux élèves transgenres et transsexuels dans les écoles de la maternelle à la 12e année III Dianne Roulson, Ph. D. Gestionnaire de la diversité, soutien à l’apprentissage Conseil scolaire de Calgary Le présent guide terre-à-terre aide à comprendre les enfants transgenres et transsexuels et leur développement. Même s’il met l’accent sur les écoles, le guide a une portée remarquablement vaste puisqu’il s’adresse aussi bien aux familles qu’au corps enseignant ou aux membres de l’administration scolaire. Mais, ce qui est plus important, ce guide est pratique : contrairement aux autres publications que je connais, il nous présente des stratégies au quotidien propres à créer des familles, des écoles et des collectivités qui comprennent, soutiennent et valorisent les enfants transgenres. Sans nul doute, ce guide sera un important outil pour les éducatrices et éducateurs ainsi que pour les familles. Stephen T. Russell, Ph. D. Professeur distingué, chaire fondée Fitch Nesbitt Directeur, Frances McClelland Institute for Children, Youth, and Families, University of Arizona Le guide Soutien aux élèves transgenres et transsexuels dans les écoles de la maternelle à 12e année est un outil intelligent et efficace qui démythifie la variance de genre et donne les moyens au personnel enseignant de créer des milieux d’apprentissage surs, aidants et inclusifs. Concis et facile à comprendre, le guide couvre une large gamme de facteurs dont doivent tenir compte les enseignantes et enseignants, les membres de l’administration et les parents. Lorsque des élèves optent pour une transition, ils entreprennent un parcours à haute visibilité malgré son caractère profondément personnel. Toute personne qui assiste à une transformation d’un élève est touchée et n’oubliera jamais l’élève qui lui a ouvert les yeux. Pour tout membre de la profession enseignante, le guide représente une occasion extraordinaire d’encourager le respect, l’acceptation et la compréhension en prêchant soi-même par l’exemple! Une lecture obligatoire pour les administrations scolaires et les parents de jeunes transidentifiés. Cherie MacLeod Directrice générale PFLAG Canada Le présent guide donne une information dont les éducatrices et éducateurs du système scolaire de la maternelle à la 12e année ont vraiment besoin. Il n’est pas exagéré d’affirmer que le contenu de ce guide a le potentiel de sauver des vies. Chaque école de la maternelle à la 12e année devrait en rendre la lecture obligatoire pour tous les membres du personnel administratif et enseignant ainsi que pour le personnel de soutien. Je recommande également que cet outil soit accessible aux parents. En effet, les parents de jeunes trans et en questionnement trouveront un grand réconfort à savoir que nos écoles prennent réellement soin de tous les enfants qui leur sont confiés. Aaron H. Devor, Ph. D. Membre de la Society for the Scientific Study of Sexuality, Professeur Département de sociologie, University of Victoria Le guide Soutien aux élèves transgenres et transsexuels dans les écoles de la maternelle à 12e année est un outil immensément utile pour comprendre et combler les besoins des jeunes dont le genre est non conforme aux normes établies. Grâce à un meilleur accès à l’information et à du soutien, un nombre croissant d’élèves s’affirment en tant que personnes transgenres ou transsexuelles dans les écoles élémentaires et secondaires de premier et de deuxième cycles. Or, jusqu’à présent, il n’existait aucune publication qui pouvait aider les parents, le personnel enseignant et l’administration scolaire au cours du processus de changement de sexe d’un ou d’une élève. Le guide répond à cet important besoin avec habileté et perspicacité et devrait se retrouver dans le bureau de l’administration de chaque école de la maternelle à la 12e année. Genny Beemyn, Ph. D. Direction du Stonewall Center, University of Massachusetts AU SUJET DE Cette publication de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants traite de manière pertinente de ce que l’auteur et les auteures décrivent comme un « phénomène relativement nouveau dans les écoles », peu ou à peine connu. Des élèves, des parents, des familles, des professionnelles et professionnels de la santé et des fournisseurs de soins rendent visibles les expériences des élèves transgenres et transsexuels. La recherche actuelle met en lumière le fait que cette population est particulièrement vulnérable et a besoin d’une intervention collective, réfléchie et opportune. Le présent guide est un outil complet, réfléchi et pratique pour toutes les personnes qui veulent apprendre comment faire, sur le plan individuel et collectif, pour appuyer chaque élève, chaque jour, sans exception. IV On attendait un tel guide depuis longtemps. Bien qu’il y ait eu des progrès à l’égard de l’acceptation des personnes transgenres et transsexuelles dans notre société, il reste un long chemin à parcourir et beaucoup de travail à faire. Ce sont les enfants de genre variant qui subissent le plus les effets de la stigmatisation et des préjugés. L’enfance et l’adolescence constituent des périodes critiques du développement de la personne et sont souvent des moments où l’on préfère se conformer au groupe plutôt que d’afficher ses différences. Il est bien connu que le taux de suicides et le taux de tentatives de suicide sont plus élevés chez les jeunes des communautés gaies, lesbiennes et transgenres que chez les autres jeunes. Un changement d’attitude dans les écoles est requis, et un document comme celui-ci aura une influence positive et pourrait même sauver des vies. J’ai l’intention d’offrir des exemplaires de ce guide aux parents et aux directrices et directeurs des écoles que fréquentent les enfants et les jeunes que je côtoie dans ma pratique professionnelle. Je souhaiterais que le guide soit accessible à toutes les écoles (privées, publiques et séparées) et devienne une lecture obligatoire pour tout le personnel des écoles. SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE Dr Lorne Warneke, M.D., FRCPC, Psych. Professeur clinicien de psychiatrie, University of Alberta Psychiatre auprès des personnes transgenres, province de l’Alberta À titre de psychologue et de thérapeute familiale travaillant étroitement avec les écoles dans la mise en œuvre de mesures propres à contrer le sexisme, l’homophobie et la transphobie, j’estime que le guide Soutien aux élèves transgenres et transsexuels dans les écoles de la maternelle à la 12e année devrait être lu par tous les membres de l’administration scolaire et du corps enseignant! En effet, de plus en plus d’écoles doivent aujourd’hui surmonter les défis que pose l’intégration d’élèves explorant différentes expressions de genre ou passant par un processus de transition. Ce guide très documenté et à jour est un outil inestimable pour les parents, les personnes qui travaillent auprès des jeunes ou les écoles qui souhaitent créer un milieu sûr, accueillant et inclusif pour tous les jeunes. Françoise Susset, M.A. Psychologue et thérapeute conjugale et familiale Présidente du Conseil d’administration de l’Association canadienne des professionnels en santé des personnes transsexuelles On doit féliciter la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants d’avoir élaboré cet important outil qui arrive à point nommé. Les deux auteures et l’auteur ont réussi avec brio à faire une synthèse et une analyse éclairées des nouveautés dans la documentation, la recherche et les ressources sur ce sujet, en plus de présenter les perspectives des individus qui possèdent une expérience réelle de la transsexualité. Les administrations scolaires, le personnel enseignant et les parents trouveront dans le présent guide des façons d’apporter un soutien accru aux enfants et aux jeunes appartenant à des minorités sexuelles et de genre, et plus particulièrement aux personnes transgenres et transsexuelles. Grâce à cette nouvelle publication, nous faisons un pas de plus vers la création de milieux scolaires surs, épanouissants et enrichissants pour tous les élèves. Nous comprenons mieux la nécessité de modifier les politiques scolaires, les pédagogies et les pratiques afin de nous adapter aux différences. Le présent guide deviendra une lecture obligatoire du cours que je donne intitulé « Schooling and Sexual and Gender Identities » (l’école et les identités sexuelles et de genre) à la Faculté d’éducation de la University of Regina. James McNinch, Ph. D. Professeur et doyen Faculté d’éducation, University of Regina La variance de genre et la non-conformité de genre ne sont pas des phénomènes récents dans les écoles. On constate toutefois que les éducatrices et éducateurs de la maternelle à la 12e année connaissent aujourd’hui mieux cette population d’élèves, et y sont parfois même plus sensibles, et qu’un nombre croissant de parents encouragent pleinement leur enfant à effectuer sa transition alors qu’il fréquente l’école. Le guide Soutien aux élèves transgenres et transsexuels dans les écoles de la maternelle à la 12e année présente les données, les ressources et les récits personnels qui aideront les professionnelles et professionnels de l’éducation à offrir le soutien et les conseils experts tant nécessaires. Les stratégies proposées pour la création de classes inclusives, les plans favorisant la transition des élèves à l’école et les suggestions visant à appuyer les parents et les tuteurs ou tutrices d’enfants en transition font de cette publication une lecture essentielle pour tous les membres du personnel scolaire, les administrations et les membres des conseils et commissions scolaires. James T. Sears, Ph. D. Rédacteur en chef, Journal of LGBT Youth REMERCIEMENTS V Nous voulons aussi adresser nos remerciements spéciaux aux nombreux éducateurs et éducatrices, recherchistes et spécialistes des questions de genre qui ont révisé notre travail et l’ont approuvé et soutenu avec beaucoup de générosité. Étant donné l’incroyable générosité avec laquelle ces personnes ont donné de leur temps et mis à l’œuvre leur compétence, l’auteur et les auteures assument l’entière responsabilité de toute erreur ou omission relevée dans ce guide. Pour terminer, nous souhaitons remercier les nombreuses personnes transgenres et transsexuelles — éducateurs, éducatrices, élèves, collègues, amies et amis — qui ont contribué à cet ouvrage et à l’enrichissement de nos écoles et de nos vies. Votre force de caractère, votre résilience et votre courage ont été une inspiration pour nous, nous incitant à raconter vos histoires et à élaborer les stratégies contenues dans ce guide. Nous espérons que le partage de notre sagesse collective permettra aux écoles de devenir des lieux où la compassion et la compréhension règneront et où tous les élèves, les membres de la profession enseignante et les familles trouveront le soutien tant mérité. Kristopher Wells, Ph. D. Gayle Roberts, M.Sc. Carol Allan, étudiante au doctorat REMERCIEMENTS Les auteures et l’auteur désirent remercier le Comité consultatif de la diversité et des droits de la personne de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, la Society for Safe and Caring Schools and Communities (SACSC) et l’Alberta Teachers’ Association (ATA) pour leurs commentaires judicieux sur les différentes ébauches du présent guide. Nous sommes également immensément reconnaissants à la SACSC et à l’ATA de l’aide apportée en ce qui a trait au processus d’évaluation par les pairs, qui comprenait une rétroaction critique de la part de membres du personnel enseignant de la maternelle à la 12e année, de conseillères et conseillers en orientation, d’administrations scolaires, de services de soutien aux élèves et de surintendants et surintendantes. VI SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE Guide à l’intention des éducatrices et éducateurs VII TABLE DES MATIÈRES Définitions et termes courants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Devenir Émilie — Récit d’une personne trans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Comprendre l’identité de genre : information médicale et scientifique de base . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Six idées fausses répandues à démythifier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Élèves transgenres et transsexuels à risque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Soutien aux élèves transgenres et transsexuels ainsi qu’à leurs parents ou leurs tutrices ou tuteurs . . . . 21 Stratégies visant la transition réussie d’un enfant transsexuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Élaboration d’un plan de transition à l’école : le rôle et les responsabilités de l’école . . . . . . . . . . . . . 27 Que peut-on faire pour créer une classe inclusive? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 Que peut faire l’école? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Aide-mémoire pour la création d’un milieu scolaire favorable aux élèves transgenres et transsexuels . . . 37 Principe directeur de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 Exemple de politique sur l’identité de genre et l’expression de genre dans un conseil ou une commission scolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Ressources pour complément d’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 Notes en fin de texte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 TABLE DES MATIÈRES Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 VIII SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE La Charte canadienne des droits et libertés exige que toutes les écoles financées par les fonds publics fournissent un milieu éducatif non discriminatoire. Cette responsabilité légale suppose qu’elles doivent offrir des programmes et des services éducatifs non discriminatoires à tous les élèves transgenres ou transsexuels ainsi qu’aux élèves dont le genre est non conforme aux normes établies. AVANT-PROPOS 1 De plus en plus, notre société pluraliste reconnait qu’une éducation de qualité nécessite plus que de la simple tolérance. Pour aller au-delà de la tolérance, ou pour faire plus que « supporter la différence », on doit engager sa responsabilité éthique, morale et professionnelle afin de s’ouvrir à la diversité et aux différences et d’apprendre d’elles. On doit considérer cela comme une occasion cruciale de s’améliorer soi-même et d’améliorer la société. Ce profond engagement se doit d’inclure un dialogue soutenu dans les écoles sur des questions liées à la sexualité humaine, à l’égalité entre les sexes et à l’absence de discrimination fondée sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression de genre. La dure réalité, c’est qu’il reste beaucoup de travail à faire si l’on veut aller au-delà d’une notion superficielle de la tolérance et imaginer le jour où les écoles seront dotées d’une culture véritablement fondée sur le respect et la dignité, qui non seulement appuie mais aussi affirme et célèbre la gamme complète de la diversité et du potentiel humains. La présente publication de la FCE est la cinquième d’une série éducative à l’intention du personnel enseignant, des administrations scolaires et des conseillères et conseillers en orientation qui cherchent de l’information et des avis sur ces questions complexes qui revêtent une importance toujours croissante. Ce guide a comme objectif d’accroitre les connaissances, la compréhension et la sensibilité des professionnelles et professionnels à l’égard des élèves transgenres et transsexuels qui, selon la recherche, risquent le plus de souffrir d’intimidation, de discrimination et de violence dans nos écoles. Les auteures et l’auteur ont rédigé cette publication avec beaucoup de compétence et de compassion, reconnaissant à quel point les milieux éducatifs inclusifs peuvent jouer un rôle important et déterminant dans le développement de la résilience personnelle des élèves transgenres et transsexuels ainsi que de leurs familles. Ce guide constitue un outil innovateur, à la fine pointe et opportun pour toutes les personnes qui comprennent que l’éducation est un moyen fondamental d’améliorer la qualité de vie et le potentiel de tous les élèves franchissant les portes de nos écoles. Aucun enfant ne devrait craindre d’aller à l’école. L’auteur et les auteures nous poussent à remettre en question nos pratiques établies et à ouvrir nos cœurs et nos esprits afin qu’une éducation véritablement inclusive devienne un exercice quotidien de liberté, d’épanouissement et d’espoir dans toutes les classes et les écoles du pays. Paul Taillefer Président Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants AVANT-PROPOS La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants continue de reconnaitre à tous les élèves, les membres du personnel enseignant et les parents le droit de disposer d’un milieu scolaire sûr, inclusif et accueillant. L’ambiance d’apprentissage qui règne dans une école dépend de toute une gamme d’interactions sociales qui se jouent au sein d’une communauté diversifiée de potentiel humain, de croissance individuelle et d’attachement profond à une citoyenneté engagée. 2 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE La variance de genre existe chez les personnes de tout âge (enfants, jeunes, adultes) selon un continuum allant d’une variance nulle, où l’identité de genre et le sexe biologique (attribué à la naissance) concordent, à une variance élevée, où les personnes vivent une douleur affective ou une dysphorie de genre extrême en raison de la non-concordance entre le sexe biologique et l’identité de genre. DÉFINITIONS ET TERMES COURANTS 3 AFFIRMATION DE L’IDENTITÉ Processus par lequel une personne trans révèle sa variance de genre ou son orientation sexuelle. ALLIÉ, ALLIÉE Personne, peu importe son orientation sexuelle ou son identité de genre, qui appuie et défend les droits de la personne et les droits civils des personnes appartenant aux minorités sexuelles et de genre. ALLOSEXUEL, ALLOSEXUELLE, ALTERSEXUEL, ALTERSEXUELLE Le mot anglais « queer » désignait traditionnellement l’homosexualité de façon péjorative. Plus récemment, les communautés LGBTA ont récupéré ce mot anglais et l’utilisent de façon positive pour s’identifier. Une personne allosexuelle peut aussi être un individu dont la sexualité ou l’identité de genre ne se situe pas dans les limites hétéronormatives. Terme général servant à désigner les identités de genre autres que celles d’homme ou de femme. Nombre de jeunes préfèrent la fluidité du terme « allosexuel » ou « altersexuel » et rejettent l’étiquette « transgenre » ou « transsexuel », jugeant ces deux derniers termes trop limitatifs. Les personnes allosexuelles ou altersexuelles peuvent, par exemple, considérer qu’elles possèdent les identités des genres féminin et masculin, ou qu’elles n’ont ni l’une ni l’autre, ou encore qu’elles possèdent de nombreuses autres identités de genre qui ne se restreignent pas au modèle binaire traditionnel des genres. ASEXUEL, ASEXUELLE Personne dont l’intérêt pour les autres ne comprend pas de sexualité. BISEXUEL, BISEXUELLE Personne qui éprouve une attirance physique, sexuelle et affective pour des personnes du même sexe et du sexe opposé. BISPIRITUEL, BISPIRITUELLE Certaines personnes autochtones, femmes ou hommes, s’identifient comme des personnes bispirituelles plutôt que lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres ou transsexuelles. Dans plusieurs traditions autochtones, les personnes bispirituelles étaient des chefs et des guérisseurs respectés et se voyaient souvent accorder un statut spécial en fonction de leur capacité unique de comprendre les perspectives à la fois masculines et féminines. CHIRURGIE DE RÉASSIGNATION SEXUELLE Expression parfois utilisée pour désigner une « chirurgie pour changement de sexe ». CHIRURGIE POUR CHANGEMENT DE SEXE Chirurgie aussi connue sous les noms de chirurgie de réassignation sexuelle (CRS), changement chirurgical de sexe, intervention pour changement de sexe, chirurgie de reconstruction génitale, chirurgie d’affirmation sexuelle. CISGENRE Personne qui n’est pas transsexuelle et dont l’identité de genre, l’expression de genre et le sexe à la naissance concordent avec les attentes traditionnelles à l’égard d’un homme et d’une femme. DÉFINITIONS ET TERMES COURANTS AEGH Alliance d’élèves gais et hétérosexuels que l’on trouve dans certaines écoles secondaires de premier et de deuxième cycles d’Amérique du Nord. Les élèves de genre variant devraient se sentir accueillis au sein de l’AEGH de leur école. CROSS-DRESSER Voir « travesti, travestie ». DYSPHORIE DE GENRE Malaise affectif qu’une personne ressent en raison de conflits intérieurs induits par l’incongruité entre son sexe à la naissance et son identité de genre (sens ou sentiment d’une personne d’appartenir au sexe masculin ou féminin). 4 EN QUESTIONNEMENT Personne incertaine de son identité de genre ou de son orientation sexuelle. SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE EXPRESSION DE GENRE Manière d’exprimer son identité de genre à autrui. L’expression de genre d’une personne repose souvent sur le modèle binaire des genres qui n’admet, de façon stéréotypée, que deux sexes, le sexe masculin et le sexe féminin. Or, certains individus choisissent de s’exprimer en fonction d’un modèle multiple de genres et mélangent les expressions masculine et féminine, ces individus ne se voyant pas comme étant, de façon stéréotypée, soit masculins ou féminins, mais possiblement une combinaison des deux ou encore aucun des deux. Certaines personnes sont parfois l’objet de réactions agressives ou violentes de la part de membres de la société qui estiment qu’une femme agit de façon trop masculine ou qu’un homme agit de façon trop féminine. Les cas d’intimidation homophobique et transphobique reposent souvent sur le maintien des stéréotypes rigides des rôles assignés aux deux sexes, plutôt que sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre réelle de la personne. FEMME TRANS OU FILLE TRANS Personne qui a entrepris ou qui a terminé une transition pour passer du sexe masculin au sexe féminin (hommevers-femme). FEMME-VERS-HOMME Personne en cours de transition ou qui a fait une transition pour passer de femme à homme. HÉTÉROSEXISME Hypothèse que tout le monde est hétérosexuel et que cette orientation sexuelle est supérieure aux autres. L’hétérosexisme s’exprime souvent sous des formes plus subtiles que l’homophobie ou la transphobie, comme permettre aux élèves de n’amener que des partenaires de sexe opposé aux danses ou aux activités scolaires. HÉTÉROSEXUEL, HÉTÉROSEXUELLE Personne qui éprouve une attirance physique, sexuelle et affective pour des personnes du sexe opposé. HOMME TRANS OU GARÇON TRANS Personne qui a entrepris ou qui a terminé une transition pour passer du sexe féminin au sexe masculin (femmevers-homme). HOMME-VERS-FEMME Personne en cours de transition ou qui a fait une transition pour passer d’homme à femme. HOMOPHOBIE Peur ou haine de l’homosexualité, qui se manifeste dans bien des cas par des préjugés, de la discrimination, de l’intimidation ou des actes de violence. HOMOSEXUEL, HOMOSEXUELLE Personne qui éprouve une attirance physique, sexuelle ou affective pour des personnes du même sexe. Communément appelée « gai » ou « lesbienne ». IDENTITÉ DE GENRE Sens ou sentiment intérieur qu’a une personne d’appartenir au sexe masculin ou féminin. L’identité de genre a trait à la façon dont la personne se voit elle-même, tandis que l’expression de genre réfère à la façon de présenter son identité de genre à la société en général, habituellement selon un modèle binaire stéréotypé. L’identité de genre et l’expression de genre sont souvent étroitement liées aux termes « transgenre » ou « transidentifé ». Bien que l’orientation sexuelle et l’identité de genre soient des catégories distinctes, « de nombreuses personnes transgenres recherchent le soutien et l’acceptation des communautés gaie et lesbienne au sein desquelles les normes de genre sont souvent plus inclusives »* (Ryan et Futterman, 1998, p. 48). INTERSEXUEL, INTERSEXUELLE Terme général employé pour désigner les personnes qui naissent avec une anatomie reproductive ou sexuelle qui ne semble pas coïncider avec les définitions stéréotypées de femme ou d’homme. Traditionnellement, la communauté médicale désignait les personnes intersexuelles comme des hermaphrodites et leur assignait souvent un sexe au moyen d’opérations chirurgicales dès la petite enfance. Les perspectives contemporaines ont toutefois remis en question la pratique arbitraire de chirurgie d’assignation sexuelle comme forme de mutilation identitaire ou génitale obligatoire. Certaines personnes ont tenté récemment de faire supprimer le terme « intersexuel » du jargon médical et de le faire remplacer par « troubles du développement sexuel » afin d’éviter la confusion entre l’anatomie et l’identité de genre. D’autres ont suggéré que ce terme soit changé pour « variation du développement sexuel » afin d’éviter la pathologisation de cet état. Ces décisions et suggestions sont toutefois controversées et ne sont pas acceptées par toutes les personnes intersexuelles ou par tous les membres des professions médicales. MINORITÉ SEXUELLE Catégorie générale qui englobe les personnes lesbiennes, gaies et bisexuelles. ORIENTATION SEXUELLE Attirance, comportement, intimité et identification d’une personne à l’égard des personnes du même sexe ou du sexe opposé. Ces pensées et comportements profondément ancrés sur le plan personnel, social et affectif orientent la vie intime des personnes avec les autres. Les relations ainsi créées peuvent être gaies, lesbiennes, bisexuelles ou hétérosexuelles, ou si une personne n’est pas encline à avoir des relations sexuelles avec une autre personne, elles peuvent être asexuelles. L’orientation sexuelle d’un individu peut être connue au cours de son enfance ou de son adolescence, ou il peut se passer plusieurs années à l’âge adulte avant que l’individu accepte son orientation sexuelle. PANGENRE Personne qui considère qu’elle n’appartient ni au sexe masculin ni au sexe féminin, mais plutôt à une combinaison des deux ou à un troisième genre. Les termes « allosexuel » ou « altersexuel » sont des termes similaires. RESTER DANS LE PLACARD Cacher son identité de genre ou son orientation sexuelle aux autres personnes à son lieu de travail, à l’école et à la maison ainsi qu’à ses amies et amis. RÔLES SEXUELS Ensemble de comportements qu’une personne choisit ou que l’on attend d’elle en tant qu’homme ou femme. Ces comportements sont ceux que la société occidentale désigne le plus souvent comme « masculins » ou « féminins ». Les rôles sexuels peuvent varier selon les époques et les cultures. Par exemple, de nombreuses communautés autochtones possèdent des traditions riches où se côtoient diverses manifestations des genres. SEXE À LA NAISSANCE Sexe assigné à une personne à sa naissance, qui correspond souvent à son sexe biologique. TRANSGENRE, TRANSIDENTIFIÉ, TRANSIDENTIFIÉE OU TRANS Termes qui renvoient à une personne dont l’identité de genre, l’apparence extérieure ou l’expression de genre ne concordent pas avec les attentes traditionnelles à l’égard du sexe masculin ou féminin. Ces termes sont également utilisés de façon générale pour désigner toute personne dont le genre est variant. Les personnes transgenres s’identifient normalement à un genre qui diffère de celui qui leur a été attribué à la naissance. Dans le présent guide, nous utilisons le terme « transgenre » au sens large de manière à englober tout un éventail d’identités et d’expressions de genre. TRANSITION Processus par lequel une personne change le sexe qui lui a été attribué à la naissance pour le sexe opposé. Dans de nombreux cas, ce processus débute par une hormonothérapie et se poursuit souvent par une chirurgie pour changement de sexe. DÉFINITIONS ET TERMES COURANTS LGBTA Sigle couramment utilisé pour désigner les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, transsexuelles, bispirituelles, allosexuelles et en questionnement. « Minorités sexuelles et de genre » est une expression générale souvent employée pour désigner ces identités. 5 TRANSSEXUEL, TRANSSEXUELLE Personne dont l’identité de genre ne concorde pas avec le sexe qui lui a été attribué à la naissance. De nombreuses personnes transsexuelles ressentent un malaise dû à la disparité entre leur corps physique et le sentiment qu’elles ont d’elles-mêmes (dysphorie de genre) et, par conséquent, entreprennent souvent une transition à l’aide d’une hormonothérapie et parfois d’une chirurgie afin de mieux faire correspondre leur corps à leur identité de genre. Toutes les personnes transsexuelles sont transgenres, mais les personnes transgenres ne sont pas toutes nécessairement transsexuelles. 6 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE TRAVELO Terme argotique correspondant au terme anglais « tranny » qui est parfois utilisé comme expression désobligeante par les personnes qui ne sont pas transsexuelles pour désigner les personnes transsexuelles. Certains individus transsexuels utilisent le terme « tranny » lorsqu’ils parlent d’eux-mêmes entre eux. Il est alors souvent interprété comme une expression positive. TRAVESTI, TRAVESTIE Personne qui aime s’habiller comme le font les personnes du sexe opposé. La plupart des personnes travesties ne s’identifient pas comme des personnes transsexuelles et ne veulent pas avoir recours à un traitement hormonal ni à une chirurgie pour changer de sexe. Le travestissement est également pratiqué dans les cultures gaie et lesbienne où des hommes s’habillent et prennent le rôle de femmes travelos (« drag queens ») et des femmes s’habillent et prennent le rôle d’hommes travelos (« drag kings ») dans un but délibéré d’exagérer ou de parodier les stéréotypes de genre. VARIANCE OU NON-CONFORMITÉ DE GENRE Fait d’afficher un comportement qui diffère du comportement stéréotypé que l’on attend d’une personne selon son genre. Ces expressions désignent également une catégorie générale englobant les identités transgenres, transidentifiées et transsexuelles. Les recherches suggèrent que l’identité de genre est établie dès l’âge de trois ans. INTRODUCTION 7 • • • • • Apercevoir l’arc-en-ciel : Les enseignantes et enseignants réfléchissent sur les questions relatives à la bisexualité, à la bispiritualité, à l’homosexualité et au transgendérisme, 2003; Leçons apprises : Un recueil d’histoires et d’articles sur des questions bisexuelles, gaies, lesbiennes et transgénéristes, 2005; Guide des alliances d’élèves gais et hétérosexuels : Une ressource exhaustive pour le personnel enseignant, les gestionnaires et les conseillers et conseillères scolaires du Canada, de la maternelle à la 12e année, 2006; Contester le silence, contester la censure : Ressources, stratégies et directives en orientation intégratrices pour aborder les réalités BBGLT dans les bibliothèques scolaires et publiques, 2007; Soutien aux élèves transgenres et transsexuels dans les écoles de la maternelle à la 12e année : guide à l’intention des éducatrices et éducateurs, 2012. De plus en plus, les lois provinciales sur les droits de la personne, les codes de déontologie et les politiques scolaires partout au Canada interprètent ou incluent expressément l’identité de genre comme un motif de discrimination illicite. Le présent guide a été rédigé à l’intention des éducatrices et éducateurs (personnel enseignant, directions d’école, conseillères et conseillers en orientation, personnel de soutien aux élèves et personnel dans les districts scolaires) afin de les aider à acquitter leur obligation légale, éthique et professionnelle de créer des milieux scolaires surs, équitables et inclusifs pour tous les élèves sans égard aux différences individuelles réelles ou perçues. Aussi le guide a-t-il été conçu dans le but d’aider les éducatrices et éducateurs à obtenir une information fondée sur des faits, à réfléchir sur les tendances et les questions émergentes, à adopter des stratégies d’enseignement inclusives et à élaborer des politiques et procédures qui viennent en aide aux élèves transgenres et transsexuels ainsi qu’à leurs familles de sorte que ces personnes se sentent respectées, accueillies et incluses dans toutes les sphères de leurs communautés scolaires. Les stratégies recommandées et les protocoles suggérés dans le guide se fondent sur des preuves scientifiques, l’examen de recherches contemporaines et les expériences personnelles de l’auteur et des auteures qui ont travaillé et fait leur transition dans des écoles de la maternelle à la 12e année. Les recommandations et les stratégies présentées ne doivent pas être interprétées comme étant un ensemble rigide de lignes directrices ou d’attentes. Les protocoles et les recommandations devraient toujours être adaptés dans l’intérêt véritable des élèves transgenres ou transsexuels et ajustés en fonction des nouveaux enjeux et des contextes changeants. Les stratégies doivent également être adaptées, dans la mesure du possible, au développement physique, affectif, mental et psychologique des élèves et en fonction des contextes communautaires, culturels et familiaux uniques. Les recherches montrent que les personnes transgenres et transsexuelles éprouvent souvent davantage de problèmes de chômage, d’itinérance, de discrimination en milieu de travail, de harcèlement, de violence physique et d’agression sexuelle que leurs pairs cisgenres (APA, 2008; Grossman et D’Augelli, 2006). En conséquence, de nombreuses personnes transgenres et transsexuelles adoptent des comportements néfastes pour leur santé, comme la consommation excessive de drogues ou d’alcool, qui entrainent des taux d’infections transmises sexuellement INTRODUCTION Conformément à la Charte canadienne des droits et libertés, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) s’oppose à toute forme de préjugé, d’intimidation et de discrimination sur la base de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre réelle ou perçue des élèves ou des membres du personnel enseignant. En 2004, la FCE a adopté un principe directeur sur l’anti-homophobie et l’anti-hétérosexisme (voir p. 39-40) et s’est engagée à élaborer une série de ressources éducatives sur les questions lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres et allosexuelles (LGBTA). Ces ressources comprennent les publications suivantes : et de VIH plus élevés et des taux de pensées suicidaires ou de tentatives de suicide significativement plus élevés (Grant et autres, 2011). Les jeunes transgenres et transsexuels sont particulièrement à risque en ce qui a trait aux formes les plus graves d’intimidation et de violence dans nos écoles et nos collectivités (Taylor et autres, 2011). Fait important, ces conséquences négatives sont dues non pas au fait d’être une personne transgenre ou transsexuelle, mais aux effets dommageables de la discrimination, de la marginalisation et des préjugés. Elles peuvent, à leur tour, mener à des expériences dévastatrices de stigmatisation, d’isolement, d’aliénation et de honte (Grossman, D’Augelli et Frank, 2011). 8 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE La plupart des individus transsexuels se présentent comme des personnes appartenant au sexe opposé à celui qui leur a été attribué à la naissance à partir du moment où ils atteignent la vingtaine. Dans de nombreux cas, cette transition survient quand ces individus occupent un emploi ou fréquentent un établissement postsecondaire. On remarque toutefois qu’un nombre sans cesse croissant d’enfants et de jeunes font aujourd’hui cette transition pendant qu’ils fréquentent des écoles de la maternelle à la 12e année (Cohen-Kettenis, Delemarre-van de Waal et Gooren, 2008). Des enfants d’écoles élémentaires ont effectué une transition sociale et des jeunes d’à peine 16 ans ont entrepris une transition sous supervision médicale, comprenant notamment l’hormonothérapie ou l’administration de médicaments retardant la puberté. Chose guère surprenante, il s’agit là d’un phénomène social relativement nouveau et très peu d’écoles sont au fait des besoins des élèves en transition en matière de santé, de sécurité et d’éducation. Elles n’ont par conséquent pas encore élaboré de politiques et de procédures pour soutenir ces élèves ainsi que leurs famillesi. La compréhension des questions entourant l’identité de genre est critique pour la création de milieux scolaires surs, bienveillants, accueillants et inclusifs et se révèle vitale si l’on veut favoriser la santé et le bien-être des élèves transgenres et transsexuels ainsi que de leurs familles. Les élèves qui sont la cible de discrimination, que celle-ci repose sur la race, l’ethnicité, la religion, la langue, le genre, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, la classe, les aptitudes ou la culture réels ou perçus, méritent d’obtenir une protection dans les écoles. La Charte canadienne des droits et libertés exige que toutes les écoles financées par les fonds publics fournissent un milieu éducatif non discriminatoire. Cette responsabilité légale suppose qu’elles doivent offrir des programmes et des services éducatifs non discriminatoires à tous les élèves transgenres ou transsexuels ainsi qu’aux élèves dont le genre est non conforme aux normes établies. Par conséquent, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants estime que la santé et la sécurité des élèves constituent une priorité et que les élèves provenant de familles homoparentales, les jeunes appartenant à des minorités sexuelles et de genre et les jeunes que l’on identifie comme tels font partie des groupes d’élèves les plus à risque dans les écoles. La FCE a donc publié le présent guide dans le but d’aider les éducatrices et éducateurs à réfléchir à des moyens de se sensibiliser aux questions touchant l’identité et l’expression de genre et, par la suite, à développer les compétences professionnelles et la confiance en soi nécessaires pour lutter contre la transphobie, l’homophobie et l’hétérosexisme dans les écoles, de la maternelle à la 12e année. Briser les stéréotypes et libérer les élèves du carcan de leur genre est un moyen essentiel de faire de la place à tous les élèves qui se définissent eux-mêmes comme étant à l’extérieur du courant dominant afin qu’ils reçoivent du soutien et qu’ils se sentent valorisés pour ce qu’ils sont et non pour ce que la société leur dicte à propos de ce qu’ils devraient être. DEVENIR ÉMILIE — RÉCIT D’UNE PERSONNE TRANSii 9 Émilie est son prénom de jeune fille, mais son prénom à la naissance était Nicolas. La mère et le père de Nicolas savaient ce qui le troublait. Depuis sa plus tendre enfance, Nicolas montrait une préférence pour les « choses de filles ». Dès qu’il a appris à parler, il a dit à ses parents qu’il n’était pas un garçon, mais une fille. Au début, ses parents ne s’inquiétaient pas vraiment de l’insistance de Nicolas à dire qu’il était une fille et lui permettaient de porter des vêtements semblables à ceux des autres filles du voisinage. Ils croyaient que le comportement féminin de leur fils ne durerait qu’un temps, qu’il s’agissait d’une « phase » dont il « sortirait » à un moment donné et qu’il serait un jour heureux d’être un garçon. Au fil des années, les parents de Nicolas ont fréquemment discuté ensemble afin de trouver la meilleure manière de l’aider. Ils ont convenu que Nicolas avait besoin de « passer par-dessus » sa fixation d’être une fille et d’avoir autant de modèles masculins forts que possible dans sa vie. Le père de Nicolas a consacré de nombreuses fins de semaine à faire des activités traditionnellement « masculines » dans le but de renforcer le lien entre eux. Ils ont intégré l’équipe de hockey du quartier et sont partis faire de la pêche et du camping, parfois avec toute la famille et parfois seulement tous les deux. Les parents de Nicolas ont également parlé du « problème » avec leur famille élargie qui n’a pas été étonnée, indiquant avoir remarqué la préférence de Nicolas pour les « choses de filles » depuis qu’il était tout jeune. Tout le monde a exprimé son accord pour soutenir Nicolas et l’aider à accepter le fait qu’il était un garçon. Ses oncles et ses deux grands-pères l’ont amené aussi souvent que possible à diverses activités, espérant ainsi qu’en lui montrant un modèle d’identification masculin fort et positif, Nicolas serait un jour heureux d’être un garçon. Tous leurs efforts n’ont toutefois par réussi à faire une différence quant à l’identité de genre que Nicolas ressentait, et son estime de lui-même se détériorait de plus en plus. Nicolas devenait de plus en plus déprimé et retiré avec l’âge et son obstination à affirmer qu’il était réellement une fille se faisait toujours plus grande. Ses parents se sont demandé si le fait de le laisser porter des vêtements féminins à la maison pendant les fins de semaine aiderait leur fils. Ils estimaient que cela lui permettrait de faire des « expériences » et de rapidement se rendre compte qu’il s’en lassait et qu’il était heureux d’être un simple garçon. La mère de Nicolas l’a donc amené dans les magasins et lui a acheté un jeans de fille, un joli haut et du vernis à ongles scintillant. Nicolas était heureux lorsqu’il portait des vêtements féminins et a dit à sa mère que son nom de fille était Émilie. Lorsque Nicolas devenait Émilie, c’était une fille pétillante de joie qui paraissait ne plus avoir aucun souci : elle était enfin heureuse. Avec le temps, Émilie a même créé des liens d’amitié avec plusieurs filles qui la comprenaient et l’acceptaient, même si certaines d’entre elles continuaient de l’appeler Nicolas. Il n’en demeurait pas moins que Nicolas avait toujours autant de difficulté à l’école, malgré l’existence de ces liens d’amitié et la possibilité de se présenter occasionnellement comme Émilie. Devoir toujours prétendre être un garçon lui était douloureux sur le plan affectif et il faisait souvent l’école buissonnière pour ne pas avoir à affronter le regard et les propos haineux de ses camarades de classe. DEVENIR ÉMILIE — RÉCIT D’UNE PERSONNE TRANS Il était devenu de plus en plus difficile pour Nicolas de fréquenter régulièrement l’école. Nicolas ne réussissait pas à se concentrer sur ses cours, puisqu’il était constamment préoccupé par son « secret » qu’il se sentait obligé de cacher à ses camarades par peur et par honte. Sa mère et son père étaient tous les deux soucieux du fait que Nicolas manquait de nombreuses journées d’école et s’inquiétaient de voir comme Nicolas était devenu tranquille et se tenait à l’écart des autres à la maison. Il paraissait déprimé et préférait souvent rester seul dans sa chambre plutôt que de participer aux activités familiales. À son plus récent anniversaire, il est resté au lit toute la journée la plupart du temps avec les draps tirés au-dessus de sa tête. Il n’a jamais gouté à son gâteau d’anniversaire ni ouvert ses cadeaux. 10 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE Émilie a fait preuve d’un grand courage. Elle savait que de se présenter comme une fille en tout temps lui apporterait une joie permanente dans sa vie. Un jour, Émilie a demandé à ses parents si elle pouvait toujours être Émilie et ne plus jamais vivre en étant Nicolas. Ses parents ne voulaient que son bonheur, mais ils ne savaient pas s’ils devaient insister pour que leur enfant se présente comme un garçon en tout temps et lui interdire de se vêtir occasionnellement comme une fille et de faire des activités qu’ils jugeaient typiquement féminines. Ils savaient que s’ils choisissaient cette option, Nicolas se retirerait en lui-même et deviendrait terriblement déprimé. Ils craignaient même que Nicolas mette fin à ses jours plutôt que de continuer à vivre comme un garçon. Par ailleurs, s’ils choisissaient d’aider Nicolas à vivre en tant qu’Émilie, ils se demandaient si elle serait vraiment heureuse et en sécurité. Pourrait-elle réellement toujours vivre et se présenter comme une fille? Comment ses amies et amis ainsi que l’école réagiraient au changement? Que diraient leur famille, leurs amies et amis et leur voisinage? Nicolas serait-il véritablement heureux lorsqu’il entreprendrait sa transition pour devenir une fille? Quelles conséquences aurait un tel changement sur ses perspectives d’avenir? Émilie regretterait-elle sa décision et blâmerait-elle ses parents de lui avoir permis de réaliser ce changement? Émilie dirait-elle à ses parents qu’ils auraient dû lui tenir tête et l’empêcher de prendre une décision aussi folle à propos de sa vie? Les parents de Nicolas se rendaient compte que la famille avait besoin d’aide pour trouver des réponses à toutes ces questions et devait obtenir des conseils professionnels afin de prendre la bonne décision. Les parents de Nicolas ont consulté le médecin de famille et lui ont raconté que leur fils devenait de plus en plus déprimé et qu’il semblait heureux seulement lorsqu’il se présentait comme Émilie. Le médecin leur a dit qu’il organiserait un rendez-vous pour toute la famille avec un psychiatre de l’hôpital pour enfants de la région qui se spécialise dans la variance de genre chez les enfants et les adolescents. Avec le psychiatre, Nicolas et ses parents ont étudié la possibilité qu’il puisse recevoir des médicaments qui retardent la puberté, effectuer une transition et vivre complètement comme une fille et, s’il le souhaitait, subir une chirurgie de changement de sexe lorsqu’il serait plus âgé. Quel plaisir de constater la joie dans les yeux d’Émilie lorsqu’elle s’est rendu compte qu’il existait réellement un moyen de devenir la fille qu’elle avait toujours été selon elle! Après de nombreuses heures de consultation, Émilie, ses parents et son psychiatre ont convenu qu’il serait préférable pour Émilie de réaliser sa transition de garçon vers fille au cours des deux dernières semaines de juin, pendant qu’elle fréquentait toujours l’école, mais qu’elle n’avait aucun examen pour la distraire. L’école était d’accord avec le fait que si Émilie effectuait sa transition en juin, elle n’aurait pas tellement l’impression qu’il y avait eu une interruption lorsqu’elle retournerait à l’école en septembre et sa transition s’en trouverait facilitée. Émilie, ses parents et le personnel de l’école se sont mis d’accord pour se rencontrer et pour élaborer un plan de transition afin d’appuyer Émilie dans sa décision d’être elle-même en tout temps. C’est exactement ce qui s’est passé. Émilie et ses parents savaient que l’entreprise ne serait pas facile, mais ils savaient également qu’ils pouvaient surmonter les défis ensemble. Pour la première fois de sa vie, Émilie était profondément heureuse et savait qu’elle pourrait concentrer toute son énergie à ses travaux scolaires en septembre. Enfin, elle devenait la fille à part entière qu’elle avait toujours su qu’elle était. La recherche scientifique actuelle suggère que le transsexualisme serait « un trouble neurodéveloppemental du cerveau ». COMPRENDRE L’IDENTITÉ DE GENRE : INFORMATION MÉDICALE ET SCIENTIFIQUE DE BASE 11 VARIANCE DE GENRE Aucune — Concordance entre l’identité de genre et le sexe biologique Faible — Malaise léger induit par une identité de genre non conforme au sexe biologique d’une personne Élevée — Malaise persistant, continu et intense induit par une identité de genre non conforme au sexe biologique d’une personne Dans le cas d’Émilie, la variance de genre était tellement intense et persistante qu’elle était devenue une évidence et une préoccupation pour ses parents dès le préscolaire, les poussant finalement à chercher de l’aide médicale de la part de personnes spécialisées dans la variance de genre chez les enfants et les adolescents (transsexualisme). Parmi tous les jeunes dont le genre est variant, relativement peu souffrent d’une dysphorie de genre aussi intense que celle qu’a vécue Émilie. Il n’en demeure pas moins que les jeunes qui vivent une dysphorie de genre intense font partie des jeunes les plus à risque dans les écoles. Émilie exprimait haut et fort à ses parents la douleur affective qu’elle éprouvait et leur expliquait clairement qu’elle était réellement une fille. De plus, elle affirmait ouvertement et fréquemment sa variance de genre de façon suffisamment claire et persistante pour que sa famille comprenne. Mais ce n’est pas toujours le cas pour tous les jeunes vivant une variance de genre intense, nombre d’entre eux ressentant trop de crainte ou de honte pour révéler leur identité intérieure à quiconque, y compris à leurs parents, aux personnes qui s’occupent d’eux ou à leurs enseignantes ou enseignants. Ces jeunes deviennent parfois très déprimés et retirés, et même les personnes qui leur apportent du soutien et qui leur témoignent de l’affection — parents, tutrices ou tuteurs, personnel enseignant — sont parfois incapables de déterminer les raisons de leur profonde tristesse. Chez certains jeunes enfants, on constate qu’ils se créent une vie secrète imaginaire faite d’expérimentations très personnelles leur permettant de faire face à leur dysphorie de genre. Il leur arrive, par exemple, de copier furtivement l’attitude féminine ou masculine (p. ex., la manière dont une femme ou un homme s’assied, parle, marche ou se comporte). Lorsque les jeunes adoptent une telle attitude à l’école, ils ne prêtent parfois qu’une attention réduite en classe, car leurs pensées sont occupées à leurs rêves de devenir une personne de l’autre genre. Certains jeunes enfants portent parfois des vêtements appartenant aux personnes de l’autre genre, lorsqu’ils se sentent en sécurité pour le faire, et se risquent même parfois à s’habiller comme des personnes de l’autre genre en public, désirant intensément être acceptés comme appartenant au genre qui caractérise leur être profond. D’autres jeunes, s’ils choisissent de cacher à leur famille et à leurs amies et amis cet aspect d’eux si intense et croissant, surcompensent parfois en exagérant les attitudes genrées qu’on attend d’eux de manière à montrer qu’ils appartiennent vraiment au sexe qui leur a été attribué à la naissance. Par exemple, un jeune homme qui souhaite désespérément être une femme pourrait agir d’une manière hypermasculine dans le but de cacher sa vraie féminité intérieure. C’est cette COMPRENDRE L’IDENTITÉ DE GENRE : INFORMATION MÉDICALE ET SCIENTIFIQUE DE BASE À la lecture de l’histoire d’Émilie, on peut se demander si l’expérience vécue par Émilie et ses parents est représentative de ce que vivent les autres jeunes dont le genre est variant ainsi que leurs familles. La variance de genre existe chez les personnes de tout âge (enfants, jeunes, adultes) selon un continuum allant d’une variance nulle, où l’identité de genre et le sexe biologique (attribué à la naissance) concordent, à une variance élevée, où les personnes vivent une douleur affective ou une dysphorie de genre extrême en raison de la non-concordance entre le sexe biologique et l’identité de genre. La dysphorie de genre peut également varier en intensité chez une même personne d’un jour à l’autre ou d’un mois à l’autre. gestion psychologique qui devient de plus en plus difficile à maintenir avec le temps, à mesure que s’intensifie la dysphorie de genre chez une personne. Les sentiments de dépression et de désespoir ainsi que les risques de suicide peuvent alors s’aggraver. De façon similaire, une jeune fille qui veut devenir un garçon pourrait agir d’une manière hyperféminine comme stratégie de protection pour cacher ses vrais sentiments. 12 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE On se demande aussi parfois ce qui amène une personne, qu’elle soit enfant, jeune ou adulte, à insister sur le fait qu’elle est transgenre ou transsexuelle. Il est fort probable que certaines personnes se sont demandé si le père d’Émilie et les autres hommes de sa parenté auraient pu avoir une plus grande influence, s’ils avaient essayé un peu plus fort et un peu plus longtemps de rendre Émilie heureuse en Nicolas. Est-ce que les parents d’Émilie auraient dû ne jamais lui permettre de se vêtir comme une fille et d’adopter des comportements féminins? Et que penser du psychiatre qui a recommandé la transition de Nicolas en Émilie? Était-ce le meilleur conseil à donner? Est-ce que Nicolas aurait pu être « guéri » et ainsi mener une vie heureuse en homme? Les réponses à ces questions sont complexes et reposent souvent sur de multiples facteurs éducatifs, sociaux, culturels et religieux. Par exemple, certaines cultures non occidentales, comme en Iran, appuient totalement la chirurgie pour changement de sexe tout en criminalisant l’homosexualité. Ici, ce n’est pas l’identité intrinsèque de la personne qui est considérée comme un problème, mais l’expression de l’identité individuelle que l’on doit corriger et remettre « sur les rails ». De nombreuses cultures autochtones traditionnelles ont adopté une approche différente, acceptant largement la variance de genre. Certaines collectivités avaient même des mots pour nommer les multiples formes de genre sortant du modèle binaire homme-femme. Dans certaines traditions, les personnes qui avaient accès à la fois à la masculinité et à la féminité, ou qui affichaient diverses expressions de genre, étaient souvent des chefs, des guérisseurs et des chamans. En d’autres termes, ces personnes étaient très vénérées et respectées dans leurs collectivités. Avec la colonisation toutefois, nombre de ces traditions ont disparu et le modèle strictement dichotomique a été renforcé. QUE SAIT-ON DE L’IDENTITÉ DE GENRE? Tout comme pour l’orientation sexuelle, on sait que tout le monde a une identité de genre que l’on décrit comme le sentiment profond ou intrinsèque d’être un homme ou une femme. Les recherches suggèrent que l’identité de genre est établie dès l’âge de trois ans (Ryan, 2009). En effet, certains enfants décrivent à quel point leur sentiment de masculinité ou de féminité interne (leur identité de genre) ne correspond pas à leur corps physique. L’identité de genre est une expérience très personnelle et complexe. Certains jeunes disent se sentir ni homme ni femme, tandis que d’autres affirment qu’ils se sentent à la fois homme et femme. Peu importe la manière dont un enfant se sent, il est primordial pour les parents et les éducatrices et éducateurs de « protéger et soutenir l’estime de soi de l’enfant, lui disant qu’il a le droit de se sentir comme il se sent et qu’il a le droit d’être une personne différente. Parfois, c’est même merveilleux d’être une personne différente »* (Samons, 2009, p. 136). En 2008, la Gender Identity Research and Education Society (GIRES) (Société de formation et de recherche sur l’identité de genre) du Royaume-Uni a publié un important article de synthèse décrivant ce que la recherche scientifique actuelle considère comme les causes ou les origines de l’identité de genre. Les 25 signataires de l’article provenant de la communauté scientifique et médicale ont décrit la variance de genre, qu’ils disent être parfois appelée « trouble de l’identité sexuelle » en termes médicaux, comme : une contradiction entre le phénotype physique (apparence) et l’identité de genre, laquelle correspond à l’auto-identification comme homme ou comme femme* (GIRES, 2008, p. 2). Pour certains, lorsque la dysphorie est extrême, on établit un diagnostic de transsexualisme et on prescrit comme traitement une hormonothérapie et parfois même une chirurgie. Une personne qui vit une situation aussi extrême est couramment désignée comme une personne transsexuelle. De même, et comme l’indique Samons (2009), « plus un enfant insiste sur le fait qu’il ressent un sentiment de malaise à l’égard du sexe qui lui a été attribué, plus il y a de probabilités que l’enfant soit véritablement [transsexuel] »* (p. 140). La recherche scientifique actuelle suggère que le transsexualisme serait « un trouble neurodéveloppemental du cerveau »* (GIRES, 2008, p. 2). Elle pose comme hypothèse que la différenciation sexuelle du cerveau est reliée aux effets des hormones à des périodes critiques du développement fœtal, de la naissance et de la croissance postnatale. Ces influences hormonales peuvent être attribuées à des prédispositions et influences génétiques, à des conditions environnementales, au stress, à un traumatisme et à une exposition potentielle à des médicaments durant la grossesse (p. 3). Par conséquent, il n’y a pas de cause directe connue du transsexualisme et, comme pour l’orientation sexuelle d’une personne, on croit plutôt à des origines multiples. Peu importe la cause, l’orientation sexuelle et l’identité de genre d’une personne sont considérées comme étant intrinsèques et formant des caractéristiques immuables de la personne. Tout comme pour l’ethnicité, la race et la couleur des cheveux et des yeux, on ne choisit pas ses caractéristiques personnelles essentielles. Même si l’on suppose que les causes sous-jacentes du transsexualisme sont probablement biologiques, quel est l’effet, s’il y en a un, de l’environnement sur le développement de l’identité de genre? À ce sujet, les signataires ont déclaré à l’unanimité qu’il n’y a : aucune preuve qu’un milieu et une socialisation en contradiction avec le phénotype peuvent causer le transsexualisme ni qu’un milieu correspondant totalement au phénotype peut le prévenir […]* (p. 4). En mars 2010, l’Association canadienne des professionnels en santé des personnes transsexuelles (CPATH) a voté la résolution suivante : La variance de genre et les comportements non conformes aux normes établies chez les enfants et les adultes ne constituent pas un trouble psychologique* (CPATH, 2010, p. 1). Surtout, les éducatrices et éducateurs doivent savoir que les enfants qui manifestent des comportements genrés non conformes aux attentes ne deviendront pas nécessairement tous des personnes transsexuelles à l’âge adulte. Pour la vaste majorité des enfants, il n’y a pas de contradiction entre leur sexe à la naissance et leur sentiment d’identité et d’expression de genre, mais comme l’illustre le récit d’Émilie, il n’en va pas toujours ainsi pour tout le monde. La World Professional Association for Transgender Health (WPATH)iii, estime que l’incidence du transsexualisme chez les adultes est de 1 cas sur 11 900 à 1 cas sur 45 000 chez les personnes nées de sexe masculin et de 1 cas sur 30 400 à 1 cas sur 200 000 chez les personnes nées de sexe fémininiv. De nombreux individus qui effectuent une transition d’un sexe à l’autre plus tard dans la vie disent se souvenir d’avoir toujours souhaité ou su qu’ils appartenaient à l’autre sexe. Citons pour exemple une récente étude à laquelle participaient 55 jeunes transgenres, qui révèle que ces jeunes se sont sentis différents à un âge moyen de 7,5 ans (Grossman, D’Augelli et Frank, 2011, p. 112). La non-concordance entre le sexe à la naissance d’un enfant ou d’un jeune et son identité de genre est habituellement une source d’intense malaise affectif (dysphorie de genre) qui s’intensifie souvent avec l’âge. En revanche, ce n’est pas toujours le cas. La WPATH indique, par exemple, que « le transsexualisme chez les enfants et les adolescents diffère de celui chez les adultes et seulement un petit nombre d’enfants dont le genre est variant deviennent des personnes transsexuelles, même si nombre d’entre eux développent une orientation homosexuelle »* (SOC, version 6, 2001, p. 8-9)v. Comme le montre Samons (2009) dans sa recherche clinique, de nombreux « adultes se demandent souvent si un enfant transgenre est gai bien avant d’entrevoir la possibilité que l’enfant soit transgenre »* (p. 135). Cette association classique tient à des stéréotypes établis depuis longtemps, qui perpétuent le mythe selon lequel l’expression genrée des personnes gaies et lesbiennes est révélatrice de leur homosexualité. Aucune recherche actuelle ne soutient cette thèse dépassée. Élément d’intérêt pour les éducatrices et éducateurs, la WPATH souligne que « les jeunes transsexuels vivent souvent une détresse intense, en particulier à l’adolescence, et éprouvent fréquemment des difficultés affectives et comportementales associées. Il existe une grande fluidité et variabilité dans les résultats, en particulier chez les enfants prépubères »* (SOC, version 6, 2001, p. 8). Dans la plus récente version des Standards of Care (normes de soins), la WPATH (2011) indique que « les adolescents qui ressentent une contradiction entre, d’une part, leurs caractères sexuels primaires ou secondaires et le sexe qui leur a été attribué à la naissance et, d’autre part, leur identité de genre peuvent éprouver une détresse intense à cet égard »* (p. 12). Il est par ailleurs important de COMPRENDRE L’IDENTITÉ DE GENRE : INFORMATION MÉDICALE ET SCIENTIFIQUE DE BASE Autrement dit, les expériences de la vie telles que le style d’éducation des enfants et les dynamiques familiales peuvent influencer la manifestation (ou la prise de conscience) du transsexualisme, mais ne contribuent pas à son existence. Comme exemple, les enfants élevés dans un milieu qui les encourage à expérimenter les rôles de genre, ou tout au moins qui leur permet de le faire, ont parfois plus tendance à exprimer leur malaise à l’égard du genre qui leur a été assigné que les enfants qui doivent adhérer à des rôles stricts et aux comportements associés. Les enfants apprennent les manifestations et les comportements genrés qu’on attend d’eux de leurs camarades, de leurs parents, de l’école, de leur culture et des médias. Les enfants qui ne se conforment pas à ces expressions de genre sont souvent catalogués comme « différents » (p. ex., les enfants dont le genre est variant ou non conforme) et sont parfois tournés en ridicule ou marqués par l’isolement et l’intimidation. 13 savoir qu’« il est courant chez les adolescents souffrant de dysphorie de genre d’éprouver des troubles coexistants liés à l’intériorisation, comme l’anxiété et la dépression, et des troubles liés à l’extériorisation, comme le trouble oppositionnel avec provocation »* (SOC, version 7, 2011, p. 13). 14 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE Pour les écoles, cela signifie que l’enfance et l’adolescence devraient être considérées comme étant des périodes critiques de la formation de l’identité durant lesquelles le genre et la sexualité sont des réalités fluides, puisque leurs expressions sont appelées à changer fréquemment. Le problème ne réside pas dans cette fluidité ni dans la nature changeante de l’expression de genre et de l’identité sexuelle, mais plutôt dans la question significative et pressante des stéréotypes des rôles assignés aux deux sexes et des rôles sexuels stricts qui limitent gravement l’expression de genre naturelle des enfants. Plus les éducatrices et éducateurs font des efforts pour briser les stéréotypes des rôles assignés aux deux sexes et pour casser les comportements visant à maintenir la spécificité des sexes, plus leurs classes seront inclusives pour tous les élèves qui se questionnent sur leur genre et qui explorent les différentes facettes de leur identité (Luecke, 2011). Briser les stéréotypes et libérer les élèves du carcan de leur genre est un moyen essentiel de faire de la place à tous les élèves qui se définissent eux-mêmes comme étant à l’extérieur du courant dominant afin qu’ils reçoivent du soutien et qu’ils se sentent valorisés pour ce qu’ils sont et non pour ce que la société leur dicte à propos de ce qu’ils devraient être. Comme Émilie, les enfants et les jeunes qui ont une identification intense et persistante à l’autre sexe ont besoin d’un soutien médical qualifié pour les aider dans leur transsexualité. Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) (2000) de l’American Psychiatric Association, qui est la norme professionnelle sur les diagnostics, cerne quatre critères diagnostiques permettant d’affirmer qu’une personne est transsexuelle ou, selon la terminologie médicale actuelle, a un trouble de l’identité sexuelle. Ces critères sont les suivants : 1. Identification intense et persistante à l’autre sexe. 2. Sentiment persistant d’inconfort par rapport à son sexe ou d’inadéquation par rapport à l’identité de rôle correspondante. 3. L’affection n’est pas concomitante d’une affection responsable d’un phénotype hermaphrodite. 4. L’affection est à l’origine d’une souffrance cliniquement significative ou d’une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d’autres domaines importantsvi, vii. Par conséquent, si l’élève, ses parents ou ses tutrices ou tuteurs, en consultation avec les professionnels de la santé, sont d’avis que la transition est la meilleure option, l’élève devra vivre et se présenter en tout temps de manière à ce que son expression de genre corresponde à son identité de genre, ce qu’on appelle en termes médicaux une « expérience de vie réelle ». Si l’élève arrive au stade de la puberté, on lui prescrira peut être des hormones qui retardent la puberté et qui, par conséquent, inhibent le développement des caractères sexuels secondaires. Ce processus est totalement réversible, au cas où l’élève déciderait plus tard de ne plus continuer sa transition. Comme l’indique Samons (2009), « en retardant ces changements pubertaires, nous donnons le temps à l’enfant d’acquérir une maturité mentale et affective, de sorte qu’il ou elle puisse participer à la prise de décision concernant les changements physiologiques qui modifieront en profondeur tout le reste de sa vie »* (p. 137). À 16 ans, l’élève peut entreprendre, normalement avec la permission de ses parents, une hormonothérapie féminisante ou masculinisante. Ce processus est partiellement réversible et nécessite parfois une chirurgieviii. Les interventions chirurgicales sont quant à elles irréversibles et ne sont habituellement pas recommandées avant l’âge adulte, ou jusqu’à ce que le jeune ait vécu une « expérience de vie réelle » pendant au moins deux ans et qu’il soit âgé d’au moins 18 ansix. Ultimement, peu importe si un élève transgenre ou transsexuel a entrepris un processus de transition physique (p. ex., interventions retardant la puberté), les éducatrices et éducateurs doivent respecter les souhaits de l’élève, de ses parents ou de ses tutrices ou tuteurs et des membres du corps médical quand vient le temps de s’ajuster à ses besoins. L’aide que l’on apporte aux élèves transgenres ou transsexuels repose sur une approche multiple qui suppose une collaboration sur les plans social, médical et éducatif. Plus concrètement, cela signifie de : • • • • soutenir et améliorer l’estime de soi de l’élève; créer un milieu sans distinction de genre (autant que possible) dans lequel on offre à l’élève la possibilité d’exprimer sa propre identité de genre; offrir une aide et des interventions médicales aux personnes qui en ont besoin; utiliser les pronoms genrés que l’élève préfère, offrir un soutien éducatif par des programmes d’études inclusifs, modifier le dossier de l’élève pour refléter son identité de genre, procéder à des aménagements relatifs à l’utilisation des toilettes et désigner des casiers ou des vestiaires appropriés qui correspondent à l’identité de genre que l’élève a toujours affirmé avoir. SIX IDÉES FAUSSES RÉPANDUES À DÉMYTHIFIER 15 1. LES CAUSES DU TRANSSEXUALISME SONT CONNUES 2. LES GENS SONT TRANSGENRES OU TRANSSEXUELS PAR CHOIX La vaste majorité des personnes transgenres ou transsexuelles ont grandi avec des parents hétérosexuels. L’identité de genre n’est pas un choix ou n’est pas causée par le manque de modèle d’identification masculin ou féminin ni par une mauvaise éducation (Cohen-Kettenis et autres, 2008), mais il s’agit plutôt d’une autre forme de la diversité humaine. 3. TOUTES LES PERSONNES TRANSGENRES VEULENT CHANGER LEUR SEXE ATTRIBUÉ À LA NAISSANCE Le terme « transgenre » est un terme général qui englobe une vaste gamme d’identités de genre non conformes aux normes établies. Les personnes transgenres peuvent être asexuelles, bisexuelles, lesbiennes, gaies ou hétérosexuelles. Les personnes transgenres ne souffrent pas toutes d’une dysphorie de genre intense. Toutefois, certains individus transsexuels éprouvant une dysphorie de genre extrême et persistante cherchent parfois à modifier leur corps à l’aide d’une hormonothérapie et d’interventions chirurgicales effectuées par des professionnelles ou professionnels de la santé. Certains individus transsexuels qui souhaiteraient faire une transition intégrant des moyens médicaux ou chirurgicaux sont parfois incapables d’y arriver en raison des énormes frais associés au traitement. Peu importe leurs antécédents, tous les individus transgenres et transsexuels devraient avoir accès à une information convenant à leur âge et dépourvue de jugement ainsi qu’à des soins de santé prodigués par des personnes qualifiées. Selon l’endroit où vivent les personnes transsexuelles, des facteurs économiques et sociaux peuvent rendre les interventions médicales problématiques. Par exemple, chaque province et territoire du Canada a établi ses propres lignes directrices déterminant si les frais associés aux traitements médicaux requis, comme la chirurgie pour changement de sexe ou l’hormonothérapie, sont remboursés partiellement ou totalement ou s’ils ne le sont pas. Le refus des traitements médicaux place de nombreux jeunes en situation de risque, puisque ces jeunes pourraient chercher à se procurer des hormones de façon illicite, dans la rue ou par Internet. 4. IL S’AGIT SIMPLEMENT D’UNE PHASE Tout comme l’orientation sexuelle, l’identité de genre d’une personne est profondément personnelle et on ne devrait pas la considérer comme étant une « phase » ou une « expérience ». De nombreuses personnes transgenres ou transsexuelles rapportent avoir eu le sentiment d’être différentes des autres enfants à un très jeune âge (Grossman, D’Augelli et Frank, 2011). Lorsque cette différence persiste jusqu’à l’adolescence ou à l’âge adulte, elles reçoivent parfois un diagnostic de dysphorie de genre, après quoi il leur arrive de chercher à obtenir un traitement médical approprié. La variance de genre chez les enfants varie de nulle à très élevée. Dans certains cas, la variance de genre (tout particulièrement si elle est faible) se résout d’elle-même ou les enfants se présentent plus tard dans leur vie comme des personnes lesbiennes, gaies ou bisexuelles. Dans d’autres cas, la variance de genre persiste après la puberté jusqu’à l’âge adulte. L’évaluation de la variance de genre chez l’enfant est complexe et requiert la compétence de professionnels de la santé spécialisés dans les SIX IDÉES FAUSSES RÉPANDUES À DÉMYTHIFIER Tout comme pour les facteurs qui déterminent l’orientation sexuelle d’une personne, on ne connait actuellement pas les causes exactes du transsexualisme. Cependant, nous savons que la variance de genre existe depuis toujours dans différentes cultures. Il est important de souligner qu’il n’existe aucune preuve scientifique faisant un lien entre l’éducation des enfants, la violence faite aux enfants ou d’autres expériences de la vie négatives et le transsexualisme (Cohen-Kettenis, Delemarre-van de Waal et Gooren, 2008; Ryan, 2009). questions de variance de genre à l’enfance et à l’adolescence. Le rôle du personnel de l’école devrait consister à mettre en application et à appuyer les décisions médicales prises par l’enfant de genre variant, ses parents et les professionnels de la santé. Le personnel de l’école devrait également montrer l’exemple en s’employant à faire tomber les stéréotypes liés au genre, en ayant recours à une langue inclusive et en intervenant dans toute situation de discrimination dirigée contre les élèves et le personnel enseignant de genre variant ainsi que leurs familles. 16 5. TOUS LES ENFANTS QUI ADOPTENT DES COMPORTEMENTS PROPRES AUX PERSONNES DE L’AUTRE SEXE SONT TRANSSEXUELS SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE Non. La vaste majorité (de 80 % à 95 %) des enfants prépubères qui adoptent des comportements propres aux personnes de l’autre sexe ne manifesteront aucun symptôme ou aucune caractéristique du trouble d’identité sexuelle à l’adolescence (Cohen-Kettenis et autres, 2008). L’expérimentation des genres est une partie normale du développement des enfants et des adolescents. C’est l’identification persistante à l’autre sexe qui forme la base du diagnostic de transsexualisme. 6. ON PEUT SOIGNER LES JEUNES TRANSSEXUELS La communauté médicale est divisée sur la question de la variance de genre chez les enfants, à savoir si cette variance devrait être, ou peut être, changée par des techniques psychologiques ou psychiatriques (Vanderburgh, 2009). Certains professionnels et professionnelles estiment qu’on peut la changer, ce qui provoque toutefois souvent une grande détresse psychologique chez l’enfant (et ses parents)x. D’autres croient que les tentatives de modification ou de correction de l’identité de genre d’un enfant sont des formes de « thérapie réparatrice » ou de « thérapie de conversion », comme on le faisait pour « guérir » les personnes homosexuelles au milieu du vingtième siècle. La WPATH (2011) indique clairement que les traitements recourant à la thérapie réparatrice sont contraires à l’éthiquexi. Les enfants transgenres et transsexuels courent un plus grand risque de dépression et de suicide que leurs camarades. Ces enfants et leurs parents doivent souvent prendre des décisions difficiles et complexes afin de savoir ce qui sera le mieux pour leur famille. Les éducatrices et éducateurs doivent respecter et appuyer les décisions médicales prises par l’enfant, ses parents ou ses tutrices ou tuteurs et les professionnels de la santé. L’administration de l’école ne doit jamais considérer les enfants transgenres et transsexuels comme des élèves souffrant d’une « maladie physique » ou d’une « maladie mentale », « devant être guéris » ou en quelque sorte atteints d’un « trouble ». De façon générale, le personnel de l’éducation devrait offrir des services de consultation, du soutien et un accès à des ressources convenant à l’âge de tout jeune de genre variant afin de l’aider à clarifier ses sentiments d’identité (Ryan et Futterman, 1998; Vanderburgh, 2009). En raison des stéréotypes culturels, certains jeunes pourraient par exemple croire à tort que le fait d’être gais ou lesbiennes suppose qu’ils doivent adopter des comportements propres aux personnes de l’autre sexe. Des jeunes transgenres et transsexuels se tournent aussi parfois vers la drogue ou l’alcool comme mécanisme d’adaptation ou vers la rue lorsqu’ils ne se sentent pas soutenus par les personnes qui prennent soin d’eux ou lorsque ces dernières ne tiennent pas compte de leur identité de genre (Ryan, 2009). Tout comme pour les facteurs qui déterminent l’orientation sexuelle d’une personne, on ne connait actuellement pas les causes exactes du transsexualisme. ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS À RISQUE 17 Parmi les jeunes transgenres qui ont participé au sondage : • • • • 79 % ont rapporté ne pas se sentir en sécurité à l’école; 74 % ont rapporté être victimes de harcèlement verbal en raison de leur expression de genre; 49 % ont rapporté avoir été victimes de harcèlement sexuel à l’école au moins une fois au cours de la dernière année; 37 % ont rapporté être victimes de harcèlement ou d’agression physique à leur école. En plus des jeunes transgenres, les personnes lesbiennes, gaies et bisexuelles qui ont participé au sondage ont indiqué que les vestiaires (49 %), les toilettes (43 %) et les corridors (43 %) représentaient des endroits non sécuritaires à leur école. Pour chaque élément mesuré par le sondage d’Égale Canada sur le climat scolaire, les jeunes transgenres ont présenté les pires résultats en matière de santé, de sécurité et d’éducation. De même, comme le soulignait le plus gros organisme LGBTA en éducation aux États-Unis, le GLSEN, « les élèves transgenres sont plus souvent victimes de harcèlement et de violence que les élèves lesbiennes, gais et bisexuels. Le taux élevé de victimisation contribue au fait que ces élèves s’absentent plus de l’école que les autres, obtiennent de faibles résultats scolaires et se sentent isolés et mis à l’écart de la communauté scolaire »* (Greytak, Kosciw et Diaz, 2009, p. vi). À la suite de son plus récent sondage national sur le climat scolaire, le GLSEN rapporte par exemple ce qui suit : • • • 90 % des élèves transgenres ont été victimes de harcèlement verbal à l’école durant la dernière année; Plus de 50 % ont été victimes de harcèlement physique; Plus de 25 % ont été victimes d’agression physique (Greytak, Kosciw et Diaz, 2009). Pour les jeunes transgenres et transsexuels, les processus d’affirmation et d’acceptation de l’identité de genre se révèlent complexes et sont souvent marqués par la violence physique, verbale et symbolique. Dans son étude qualitative exhaustive, Wyss (2004) s’est penchée sur l’expérience de 23 élèves transgenres et allosexuels américains du secondaire qui avaient affirmé leur identité de genre. Cette étude a révélé ce qui suit : • • • • • 23 (ce qui représente tous les jeunes transgenres ayant participé à l’étude) élèves se sont dit être des victimes à divers degrés à l’école secondaire; 11 ont rapporté être bousculés ou poussés, ou recevoir des coups des autres élèves de l’école (p. 716); 6 ont rapporté avoir été victimes d’agression sexuelle ou de viol; 7 ont rapporté avoir quitté l’école en raison de la violence et du harcèlement dirigés contre eux; 3 ont rapporté avoir des tendances suicidaires. ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS À RISQUE La recherche démontre que l’homophobie et la transphobie sont courantes dans la plupart des écoles d’Amérique du Nord (Greytak, Kosciw et Diaz, 2009; Taylor et autres, 2011). En 2011, Égale Canada a publié les résultats du premier sondage pancanadien sur le climat scolaire, plus particulièrement sur l’homophobie, la transphobie et l’hétérosexisme dans les écoles canadiennes. Près de 3700 jeunes de partout au pays (à l’exception du Québec) ont participé à ce sondage mené en 2009. Les sujets avaient en moyenne 17,4 ans et se répartissaient comme suit : 71 % se présentaient comme des personnes hétérosexuelles, 26 %, comme des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, allosexuelles ou en questionnement et 3 %, comme des personnes transgenres ou bispirituelles (Taylor et autres, 2011). Comme le mentionne Wyss, « ces expériences, en particulier si elles sont associées à la croyance que l’oppression dont on est victime est justifiée, entrainent souvent une faible estime de soi, de l’anxiété, de la rage, un retrait social et de la dépression, ainsi que des comportements autodestructeurs comme de s’affliger soi-même des coups, de consommer des médicaments d’ordonnance ou obtenus illégalement, de quitter l’école, d’avoir des rapports sexuels non protégés ou de se suicider »* (p. 718). 18 Malgré ces facteurs de risque, de nombreux jeunes transgenres et transsexuels ont appris à développer des stratégies de protection et une résilience personnelle face à l’adversité quotidienne. Wyss souligne, par exemple, que les jeunes transgenres et transsexuels qui ont participé à son étude ont développé divers mécanismes d’adaptation et stratégies de défense, dont les suivants : SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE • Évitement — Rester loin des élèves qui menacent de les agresser, manquer des cours ou s’absenter de l’école; • Invisibilité — Se cacher durant l’heure du midi et pendant les pauses, arriver tôt à l’école ou quitter tard; • Hypermasculinité — Projeter une image de domination en adoptant un comportement de dur à cuire ou en développant une réputation d’intrépidité et d’agressivité; • Vigilance — Surveiller constamment le comportement et les actions des autres élèves, en pensant qu’une attaque ou un danger est imminent en tout temps; • Préparation — Porter des bottes à embouts d’acier et des chaines, s’entrainer au gymnase, blasphémer et menacer de contre-attaquer comme stratégies de survie pour faire face à des actes de violence imminents et inévitables (p. 720-721). Lorsque ces jeunes avaient subi une attaque, ils devaient prendre une décision difficile qui consistait à déterminer la meilleure manière de faire face au traumatisme et à ses conséquences. Plusieurs d’entre eux ont opté pour l’intériorisation de la victimisation, le silence et le repli sur soi. Ils estimaient souvent qu’ils ne pouvaient pas se confier à leurs amies et amis, car ceux-ci n’auraient pas compris le niveau de brutalité et de violence qu’ils subissaient dans la foulée de l’homophobie et de la transphobie généralisées dont ils étaient victimes. Pour la plupart, ils ne souhaitaient pas se confier au personnel enseignant ni aux autres membres du personnel de l’école, ce qui les excluait encore plus des systèmes qui auraient pu leur offrir un soutien crucial. Certains jeunes ont même opté pour un retour en arrière (« retourner dans le placard »), adoptant de nouveau l’apparence qui concordait le plus avec leur sexe à la naissance. Plusieurs d’entre eux sentaient qu’ils devaient agir de manière exagérée comme un hétérosexuel, adopter des comportements ouvertement masculins ou féminins, ou agir de façon « normale » afin de maintenir un semblant de sécurité dans leur milieu scolaire (p. 723). Il s’agit là d’expériences qui ne sont pas vécues uniquement dans les dernières années du secondaire. Des élèves de l’élémentaire et du premier cycle du secondaire sont parfois aussi victimes de transphobie. Certains enfants transgenres, par exemple, des enfants dont les problèmes touchant leur identité de genre n’ont pas été pris en compte par les adultes qui ont de l’importance dans leur vie, apprennent à cacher leur identité et à vivre dans un monde imaginaire, ou encore à s’y réfugier. Les problèmes de genre qu’ils dissimulent causent parfois de la frustration, de la dépression et une hausse du risque de suicide. La période de la préadolescence et de l’adolescence est parfois difficile pour les enfants et les jeunes transgenres qui constatent de plus en plus leurs différences par rapport à leurs camarades au fil des ans. En vieillissant, nombre de ces enfants et de ces jeunes tentent de correspondre au modèle hétérosexuel traditionnel et l’adoptent, parfois en se mariant et en ayant des enfants, dans l’espoir que leurs problèmes de genre et la frustration qui y est associée s’atténueront ou même disparaitront. Par ailleurs, d’autres enfants et d’autres jeunes sont tellement convaincus de leur identité qu’ils entreprennent une transition pendant leurs années scolaires (Luecke, 2011). Les enfants et les jeunes qui ont la chance d’avoir des parents ou des tutrices ou tuteurs compréhensifs et une aide professionnelle peuvent alors commencer une nouvelle vie en tant que personnes dont le genre correspond à celui de leur être profond. Dans le cas des élèves transsexuels plus âgés, la période la plus difficile se situe lorsqu’ils commencent à se présenter comme une personne de l’autre sexe et qu’ils n’ont pas reçu une hormonothérapie pendant suffisamment de temps. L’hormonothérapie peut être nécessaire pour avoir l’apparence physique d’une personne de l’autre sexe ou pour « passer » pour une telle personne. Cette période est souvent le moment où de nombreux jeunes transsexuels subissent de multiples formes de discrimination. Par exemple, si une fille se sent appartenir au sexe masculin et qu’elle est attirée sexuellement par d’autres filles, elle peut être victime de transphobie et d’homophobie. La gestion de ces différents aspects de l’identité peut se révéler complexe pour de nombreux jeunes, tout particulièrement pour les jeunes appartenant à divers groupes ethnoculturels, raciaux ou religieux. Ces jeunes sont en droit de recevoir un soutien approprié à leur culture respectant leurs besoins uniques liés à leur identité de genre. Les résultats de ces études et de ces sondages sont clairs : les élèves transgenres et transsexuels doivent faire face à des milieux scolaires extrêmement hostiles et discriminatoires. Dans toute l’Amérique du Nord, les élèves transgenres et transsexuels ont des résultats scolaires plus faibles et un moins grand attachement à leur milieu scolaire en plus de vivre des situations de loin plus marquées par le harcèlement, l’itinérance, la discrimination et la violence verbale, physique et sexuelle que leurs camarades hétérosexuels et ceux appartenant à une minorité sexuelle (Grossman, D’Augelli et Frank, 2011; Marksamer, 2011). Des interventions éducatives s’imposent pour aider ces élèves à ne plus se sentir à risque et à développer la résilience nécessaire pour s’adapter aux milieux scolaires, familiaux et communautaires souvent hostiles et peu attirants. « L’expérience vécue à l’école peut renforcer ou saper l’image qu’a un enfant de lui-même. En outre, les enfants ont besoin de se sentir en sécurité sur le plan affectif pour apprendre de façon efficace. Une école accueillante où les élèves se sentent appuyés, où l’on ne tolère pas l’intimidation et les railleries et où l’on enseigne activement aux enfants à valoriser la différence constitue le milieu scolaire idéal pour tous les enfants. Cela est particulièrement vrai pour les enfants transgenres et les enfants de genre variant, qui sont fréquemment la cible de railleries et d’intimidation. S’il subit régulièrement de la discrimination à l’école, un enfant ne peut se sentir en sécurité sur le plan affectif et éprouvera vraisemblablement des problèmes d’apprentissage. »* - Brill et Pepper, 2008, p. 153-154 Ultimement, peu importe si un élève transgenre ou transsexuel a entrepris un processus de transition physique (p. ex., interventions retardant la puberté), les éducatrices et éducateurs doivent respecter les souhaits de l’élève, de ses parents ou de ses tutrices ou tuteurs et des membres du corps médical quand vient le temps de s’ajuster à ses besoins. 19 ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS À RISQUE Généralement, dès qu’elles ont eu suffisamment de temps pour apprendre les comportements, les gestes et les modes d’expression des personnes du sexe ciblé, la plupart des personnes transsexuelles commencent à se mêler à la société. Lorsqu’elles se sentent à l’aise et en confiance dans leur nouveau rôle sexuel et qu’elles « passent bien », certaines d’entre elles cessent de parler d’elles-mêmes comme de personnes transsexuelles et affirment plutôt leur désir d’être identifiées comme un homme ou une femme. C’est souvent à partir de ce moment que les personnes transsexuelles se fondent dans la société en vivant de façon plus sécuritaire comme des hommes ou des femmes. D’autres préfèrent continuer de s’identifier comme des personnes transgenres dans le but de continuer de remettre en question le modèle sexuel binaire établi. 20 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE La variance de genre existe depuis toujours dans différentes cultures. Il est important de souligner qu’il n’existe aucune preuve scientifique faisant un lien entre l’éducation des enfants, la violence faite aux enfants ou d’autres expériences de la vie négatives et le transsexualisme. SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS AINSI QU’À LEURS PARENTS OU LEURS TUTRICES OU TUTEURS 21 Dans une récente étude à laquelle ont participé 42 parents d’enfants et d’adolescents de genre variant, Hill et Menvielle (2009) ont déterminé les craintes que les parents ressentaient relativement à la sécurité personnelle, au bonheur futur et à l’adaptation psychologique de leur enfant. Ces craintes ont été classées dans les catégories générales suivantes : 1. SÉCURITÉ Soixante pour cent (60 %) des parents ont exprimé la crainte que les gens blessent leur enfant. Les parents disaient craindre que l’enfant subisse des actes d’intimidation, de marginalisation sociale et de violence. Un des parents a souligné que « le monde n’est pas sécuritaire pour les enfants gais, encore moins pour les jeunes dont le genre est non conforme aux normes établies » (p. 259). La crainte des parents concernait surtout les périodes de transition importantes dans le parcours scolaire, comme le passage du premier au second cycle du secondaire. Les parents affirmaient souvent avoir peur que leur fille ou leur fils ne soit pas accepté à l’école en raison d’un milieu scolaire intolérant et qu’il intériorise ces visions négatives concernant la variance de genre. 2. VIE DIFFICILE Quarante pour cent (40 %) des parents ont dit craindre que leur enfant ait une vie plus difficile à cause du manque d’acceptation et de compréhension par la société. Ils ont dit ressentir le besoin de préparer leur enfant à la manière dont la société peut réagir à leur différence de genre. 3. HOMOSEXUALITÉ Malgré les preuves médicales indiquant le contraire, 50 % des parents associe toujours la variance de genre de leur enfant à l’homosexualité. Cette association illustre à quel point les stéréotypes sociaux sont tenaces. 4. PRÉOCCUPATIONS CONCERNANT LE FAIT D’ÊTRE TRANSGENRE Un peu plus de 50 % des parents ont reconnu qu’il est possible d’avoir un enfant transgenre, ce qui constituerait une expérience nouvelle qui donnerait beaucoup à réfléchir pour de nombreux parents. Comme l’expliquait un parent, « Tu peux concevoir que ton garçon est tout simplement normal. Tu peux concevoir qu’il est gai. Mais qu’il soit transgenre, c’est vraiment atteindre un niveau supérieur » (p. 262). 5. DÉFINITION DES LIMITES De nombreux parents ont dit comprendre de mieux en mieux leur enfant et lui apporter un meilleur soutien avec le temps, mais ont également affirmé se demander quelles limites établir relativement à ses comportements en vue d’assurer sa sécurité et son bien-être. Parallèlement, les parents ont aussi déclaré vouloir soutenir et valoriser leur enfant et ainsi contribuer de façon importante au développement de son estime de soi. Certains SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS AINSI QU’À LEURS PARENTS OU LEURS TUTRICES OU TUTEURS Le processus d’acceptation d’un enfant dont le genre est variant diffère d’une famille à l’autre. Certaines familles s’adaptent et acceptent inconditionnellement leur enfant transgenre relativement vite, tandis que d’autres traversent un processus beaucoup plus long et difficile. D’autres familles encore ne réussissent jamais à accepter totalement leur enfant. L’empathie, les connaissances et la compréhension sont des éléments essentiels du processus d’acceptation par les parents, les familles et les éducatrices et éducateurs. Ce travail de sensibilisation peut se faire grâce à un processus d’auto-apprentissage sur les questions de genre et sur les rôles sexuels et à une meilleure compréhension des façons sociétales de construire et de réguler la manifestation obligatoire du genre et de la sexualité. parents essaient parfois d’encadrer et de surveiller étroitement le comportement de leur enfant de genre variant en mettant un gros accent sur les comportements genrés appropriés. Toutefois, comme l’indiquent les parents qui ont essayé cette approche stricte, la tentative a été un échec et a eu des conséquences destructrices sur leur enfant. Un autre parent a déclaré : « Je pense qu’il se débattait tellement à l’intérieur qu’il réagissait extérieurement par des comportements terribles, terribles, terribles. Quand nous lui avons enfin donné la liberté d’être lui-même au sein de notre unité familiale, il est devenu un enfant tellement, tellement, tellement plus heureux et son comportement s’est beaucoup adouci » (p. 256). 22 6. LEÇON DONNÉE PAR L’ENFANT AUX PARENTS SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE Quarante pour cent (40 %) des parents ont indiqué que leur enfant de genre variant leur a appris d’importantes leçons de vie et a ainsi contribué à les faire grandir comme parents. Un des parents a mentionné : « La situation nous a poussés à nous investir […] à devenir plus créatifs comme parents […] Ça nous a fait devenir de meilleurs parents » (p. 263). Un autre parent a souligné que l’enfant les « a forcés à croitre. Il a réellement […] Je veux dire qu’il nous a tous poussés à […] voir le monde différemment, et à faire preuve de plus de tolérance et de compréhension […], il est un cadeau du ciel » (p. 263). En parlant avec d’autres parents de cette expérience, un parent a répondu : « […] la situation peut rendre votre vie plus difficile, mais elle fait de vous une meilleure personne » (p. 263). En s’appuyant sur les résultats de cette étude menée auprès des parents, Hill et Menvielle (2009) ont remis en question les modèles ou les interventions thérapeutiques ou éducatives dont le but est de « réparer » ou de changer les jeunes de genre variant. Les auteurs recommandent plutôt une approche axée sur la famille pour que celle-ci puisse aider l’enfant de genre variant à s’adapter à une culture sociétale souvent hostile et fondée sur un système binaire des genres. MODÈLE D’ÉMERGENCE DE LA FAMILLExii Stade 1 Découverte et déclaration de la variance de genre. Stade 2 Tourmente. Période souvent marquée par des désaccords parentaux sur la meilleure façon de soutenir l’enfant. Stade 3 Acceptation. Période de tourmente normalement suivie de négociations en vue de réguler le comportement propre au sexe ciblé (p. ex., la négociation — quand est-ce la bonne chose? qui doit le savoir?) Stade 4 Équilibre final. Respect mutuel des besoins de l’enfant et des besoins de toute la famille. Selon l’expérience et la recherche cliniques, les familles qui ont un enfant de genre variant ont souvent besoin : • • de l’assurance qu’elles n’ont pas causé la variance de genre de leur enfant, ce qui peut leur permettre de gérer leurs sentiments de déception, de peur et de colère; de soutien pour apprendre à favoriser une bonne estime de soi chez leur enfant et à défendre son bien-être. Ultimement, l’accent n’est pas mis sur le fait de changer l’enfant, mais de l’aider à vivre dans un monde binaire selon lequel l’anatomie dicte le destin sexuel final de chacun. Les enfants de genre variant vivent des changements importants, mais les éducatrices et éducateurs doivent garder à l’esprit que les parents aussi traversent un important processus de changement et ont aussi besoin d’un soutien approprié. En se reposant sur cette étude, Hill et Menvielle (2009) donnent les conseils suivants aux parents d’enfants de genre variant : • Renseignez-vous par vous-même Informez-vous sur les questions entourant le transgendérisme et la transsexualité. Lisez des livres, regardez des films, consultez des sites Web et, ce qui est peut-être plus important, parlez aux autres parents. Renseignez-vous pour acquérir les connaissances et la confiance qui vous permettront de déconstruire les stéréotypes liés aux questions de genre, remettre en cause la notion rigide de conformité et dénoncer les personnes qui condamnent, ignorent ou rejettent les diverses identités de genre. Examinez vos propres croyances et biais Comme le disait un parent de façon convaincante, « Vous ne changerez rien […] Votre enfant ne changera pas. Vous êtes la personne qui devra changer » (p. 264). En plus de votre famille immédiate, encouragez les membres de votre famille élargie à respecter l’expression de genre de votre enfant en utilisant les pronoms que votre enfant préfère et le prénom qu’il a choisi. Travaillez toujours à défendre les besoins de votre enfant en matière de sécurité, d’affection et de santé. • Acceptez la véritable identité de votre enfant Le soutien et l’acceptation jouent un rôle essentiel dans le développement de la confiance en soi et de l’estime de soi de votre enfant. Soutenez-le et donnez-lui la chance d’être unique. Peu importe ce qui se passe à l’école ou ailleurs dans le monde, votre enfant saura qu’il peut toujours trouver à la maison un soutien inconditionnel. Ne l’empêchez pas d’avoir accès à des ressources convenant à son âge et encouragez les discussions ouvertes exemptes de blâme, de honte ou du sentiment de devoir garder des choses secrètes. Si vous ne vous entendez pas avec l’autre parent sur des questions liées à la variance ou à l’expression de genre de votre enfant, essayez d’en discuter et de vous concentrer sur l’intérêt de ce dernier. • Étudiez différentes stratégies Certains parents établissent la règle « seulement à la maison » et fixent les limites délimitant les lieux et les moments où il est approprié pour l’enfant d’adopter des comportements propres à l’autre sexe et d’afficher ses intérêts pour celui-ci. Cette approche oblige parfois certains jeunes à vivre une « double vie » qui cache l’existence d’un « secret de famille » (p. 266). D’autres parents tentent de donner l’heure juste à leur enfant en lui expliquant ce qui risque de survenir et en lui disant que certains élèves pourraient se montrer méchants à son endroit. D’autres parents encore montrent différentes stratégies à leur enfant qu’ils lui font répéter dans le but de l’aider à faire face à des situations d’intimidation ou de railleries qui pourraient survenir à l’école. Le plus important est de s’assurer d’établir une communication ouverte et continue. Révisez vos plans fréquemment et faites preuve d’ouverture s’il est nécessaire de les modifier pour mieux respecter les besoins immédiats de votre enfant. Peu importe leur niveau de connaissances ou les approches adoptées, tous les parents voulaient que l’école s’investisse en offrant du soutien par la voix des conseillères et conseillers en orientation, du personnel enseignant et de l’administration qui connaissent les questions liées à l’identité de genre. Les parents souhaitaient également que l’école intègre clairement les questions d’identité de genre dans les programmes de lutte contre l’intimidation et les programmes axés sur la diversitéxiii. Aujourd’hui, l’école et la société changent rapidement. Les parents, les enfants et les jeunes sont donc porteurs de différentes normes sociales et visions du monde. Les questions entourant l’identité de genre sont complexes et se comparent probablement aux questions sur l’orientation sexuelle telles qu’on les comprenait il y a une trentaine d’années. Les attitudes changent, les temps changent, mais les espoirs, les rêves et les craintes des parents et des élèves demeurent étonnamment les mêmes. Tous les parents veulent que leur enfant soit en sécurité à l’école, obtienne un diplôme et devienne une personne en santé, heureuse et productive à l’âge adulte. Ces espoirs et ces rêves sont les mêmes pour les parents d’enfants de genre variant. Les parents, les frères et sœurs, les grandsparents, les amies et amis et les enseignantes et enseignants jouent tous un rôle essentiel dans l’adaptation positive de ces jeunes et doivent participer à l’établissement d’un réseau informé qui apporte son soutien à ces jeunes afin de les aider à se sentir valorisés et en sécurité et ultimement à améliorer leur résilience. SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS AINSI QU’À LEURS PARENTS OU LEURS TUTRICES OU TUTEURS • 23 Votre enfant a besoin d’une chose au monde et d’une seule chose : du soutien de la part de ses parents et de sa famille, [et de son école], et que ces personnes lui disent que tout est correct et qu’il n’y a rien de mal à être ce qu’il est. Tout le reste n’a pas vraiment d’importance en comparaison à cela. Et si vous ne pouvez pas le lui donner, vous ne faites pas la bonne chose. – Parent d’un enfant de genre variant, Hill et Menvielle, 2009, p. 265 24 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE L’identité de genre n’est pas un choix ou n’est pas causée par le manque de modèle d’identification masculin ou féminin ni par une mauvaise éducation (Cohen-Kettenis et autres, 2008), mais il s’agit plutôt d’une autre forme de la diversité humaine. STRATÉGIES VISANT LA TRANSITION RÉUSSIE D’UN ENFANT TRANSSEXUEL 25 1. Les parents ou les tutrices ou tuteurs et leur enfant en transition doivent faire preuve de souplesse. Il peut être difficile d’y arriver si l’enfant est très jeune, par exemple si l’enfant fréquente les premières classes de l’élémentaire. « La plupart des enfants transgenres vivent toujours dans l’ombre, se tenant à l’écart d’un monde qui les considère comme une erreur de la nature. Rejetés par leur famille, nombre d’entre eux grandissent dans la haine de leur corps et sont en proie à la dépression, la toxicomanie, la violence et le suicide »* (Goldberg et Adriano, 2008, paragr. 5). La stratégie consiste à élaborer un plan tout en prévoyant y apporter des modifications si la situation l’exige. Ce plan peut comprendre des discussions avec le district scolaire, la direction de l’école et peut-être avec des membres choisis du personnel enseignant tels qu’un conseiller ou une conseillère en orientation ou la personne qui enseigne l’éducation physique. On recommande aux parents de travailler avec l’école afin d’identifier les personnes « sures » parmi les membres du personnel à qui l’enfant pourra toujours s’adresser pour obtenir du soutien (Luecke, 2011). 2. Il faut se rappeler qu’une transition de genre est un processus public qu’on ne peut pas cacher. En conséquence, il peut être difficile de garder la transition de l’élève secrète. Il s’agit là d’une réalité dont on doit tenir compte dans le processus de planification effectué pour et avec l’enfant. Établir un lien avec le service des communications du district scolaire, les médias et des spécialistes du domaine juridique permet de veiller à ce que les droits de l’enfant à la confidentialité soient respectés. 3. Les parents ou les tutrices ou tuteurs de l’enfant devraient faire preuve d’une ouverture prudente à l’égard des autres quant à la transition de leur enfant. Les parents devraient toujours choisir les personnes alliées avec soin et aider l’enfant à trouver ses propres alliés. Le niveau d’aide dépendra en grande partie de l’âge de l’enfant. 4. Les parents devraient faire preuve d’ouverture et de patience face aux questions concernant la transition de leur enfant, en évitant de démontrer de la colère ou de formuler des réponses hostiles. Mieux vaut faire preuve de naturel en parlant de la transition de l’enfant et éviter les excuses ou les vantardises. Il convient de se souvenir que pour de nombreuses personnes, ce sera la première fois qu’elles entendront parler de questions d’identité de genre. Les parents devraient travailler avec leur enfant sur la manière de répondre aux questions qui peuvent lui être posées. Cependant, comme le suggère Luecke (2011), ce ne devrait pas être la responsabilité de l’enfant transgenre d’éduquer les autres (p. 137). Les parents auront tout avantage à encourager l’école de leur enfant à offrir un perfectionnement professionnel au personnel, des ateliers aux parents et des leçons aux élèves sur l’identité, la variance et l’expression de genre. 5. Une façon d’aider les gens à comprendre l’identité de genre consiste à mettre l’accent sur les aspects médicaux de la transidentité de l’enfant. En adoptant cette approche, les parents doivent être renseignés et capables de diriger les individus vers des ressources professionnelles appropriées qui décrivent brièvement l’identité de genre, la dysphorie de genre et les causes possibles du transsexualisme. Le travail que l’on fait avec l’enfant peut également l’aider à comprendre et à démythifier les aspects médicaux du transsexualisme. On peut aussi encourager l’école à préparer une foire aux questions (FAQ) à l’intention des personnes qui souhaitent obtenir plus d’information ou collaborer avec elle à cet égardxiv. STRATÉGIES VISANT LA TRANSITION RÉUSSIE D’UN ENFANT TRANSSEXUEL Il n’y a pas deux enfants qui vivent leur transition exactement de la même façon. Les stratégies présentées ci-dessous se veulent des suggestions pratiques afin d’aider les parents, les tutrices et tuteurs et les personnes qui s’occupent des enfants à offrir du soutien tout au long du processus de transition vécu à l’école. Chaque personne doit analyser ces stratégies pour déterminer si elles peuvent être utiles dans sa propre situation. Il convient de toujours garder à l’esprit les besoins immédiats de l’enfant en matière de santé, de sécurité et d’éducation et de faire les ajustements en conséquence. 6. Une autre stratégie consiste à demander l’appui du district scolaire ou de l’administration de l’école, des conseillères et conseillers en orientation, des travailleuses ou travailleurs sociaux et du personnel enseignant. Dans certains cas, l’enfant en transition et ses parents ne trouveront qu’un appui minimal. Il faut se préparer à faire face à la possibilité qu’il n’existe pas d’expérience ou de soutien institutionnels sur lesquels l’enfant en transition et ses parents peuvent compter. Il est préférable de ne divulguer l’information qu’au personnel de l’école qui en a réellement besoin. 26 7. Selon le stade auquel il est rendu dans sa transition, l’enfant devrait s’habiller de façon appropriée selon son rôle de genre. Il sera plus facile pour l’enfant de réaliser sa transition s’il évite d’envoyer des « messages mixtes » quant au genre qu’il présente. SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE 8. Une autre stratégie consiste à minimiser plutôt qu’à exagérer l’importance des petits gestes quotidiens de l’enfant durant sa transition. Il faut se souvenir qu’il peut être difficile pour l’enfant d’agir dès le début de façon « normale » et « appropriée » à son nouveau genre. Il est possible qu’il exagère ou atténue sa voix, ses intonations, ses gestes et ses actions en essayant de reproduire ce qu’il croit être des attitudes « normales » pour le sexe ciblé. Les parents devraient aider leur enfant à cet égard et l’encourager à s’exercer à adopter les rôles et les comportements propres au sexe ciblé dans un environnement sûr comme à la maison ou avec ses amies et amis proches. 9. Il faut savoir que certains élèves et parents pourraient s’objecter à ce que l’enfant en transition continue de fréquenter l’école ou le district scolaire. Un plan s’impose pour faire face à cette situation possible. Il faudra parfois à l’enfant une grande force intérieure pour conserver sa confiance en soi. Les parents devront aider leur enfant à développer l’estime de soi nécessaire pour traverser cette période de transition tout en continuant à se concentrer sur ses études et en préservant son bien-être personnel. 10. Une autre stratégie consiste à planifier la transition de l’enfant de sorte qu’il se « présente » pour la première fois dans son nouveau genre soit au début de l’année scolaire, soit l’avant-dernière ou la dernière semaine de l’année scolaire. La dernière option peut faciliter son entrée à l’école en septembre de l’année suivante. Une troisième option consiste à demander que l’enfant soit placé dans une école ou un district scolaire différent. Ces suggestions ne constituent pas des règles strictes, mais des lignes directrices que l’on doit adapter et modifier en fonction de chaque famille. Il est également recommandé de travailler en collaboration avec des professionnelles et professionnels de la santé ou des spécialistes en éducation qui peuvent aider à élaborer une stratégie de soutien à l’enfant durant sa transition à l’école. Recherchez les bénédictions cachées. Les mauvais côtés seront faciles à voir; ils vous sauteront aux yeux. Mais il y a aussi des bénédictions. D’incroyables chances d’aimer et d’être aimé. De voir son enfant s’épanouir. De découvrir ses propres inhibitions et de se libérer des sombres recoins de son être dont on ne soupçonnait même pas l’existence. Recherchez tout cela. – Un parent, Central Toronto Youth Services, 2008, p. 1 Les enfants transgenres et transsexuels courent un plus grand risque de dépression et de suicide que leurs camarades. ÉLABORATION D’UN PLAN DE TRANSITION À L’ÉCOLE : LE RÔLE ET LES RESPONSABILITÉS DE L’ÉCOLE 27 Dès qu’ils ont été informés de la décision de l’élève d’entreprendre une transition, les cadres scolaires devraient réagir de la même façon que s’il s’agissait de tout autre élève ayant des besoins particuliers. En collaboration avec l’élève, les parents et les personnes spécialisées en soins de santé et en éducation, les cadres devraient élaborer et mettre en œuvre des stratégies qui maximisent les chances de succès de la transition de l’élève en milieu scolaire — en d’autres termes, mettre au point un plan de transition. Puisque chaque élève en transition est unique, tout comme ses parents, et que chaque école possède sa propre culture communautaire, le plan de transition conçu pour un élève en particulier évoluant dans une certaine école devra aussi avoir un caractère unique. Normalement, les antécédents médicaux d’une personne sont considérés comme hautement confidentiels et les renseignements ne sont transmis que si cela est nécessaire. Mais dans les faits, les « nouvelles » concernant un élève en transition qui a décidé de demeurer à la même école ou de transférer dans une autre école du même district scolaire ont tendance à se répandre rapidement. On doit tenir compte de ce facteur lors de l’élaboration du plan de transition, tout en respectant en tout temps et strictement le droit à la confidentialité de l’élève. Avant l’élaboration du plan de transition, l’élève, ses parents et la direction de l’école souhaiteront peut-être déterminer quelles personnes prendront part au plan. Par exemple, ils souhaiteront peut-être le concours de la conseillère ou du conseiller en orientation, de l’enseignante ou de l’enseignant en éducation physique et d’un membre particulier du personnel enseignant. Devrait-on également solliciter des commentaires et des avis de personnes qui représentent le conseil des élèves et le conseil consultatif de parents? Tout au long de l’élaboration du plan de transition, il est naturel de porter principalement attention à l’élève en transition afin de déterminer comment lui apporter le meilleur soutien. Mais il ne faut pas négliger l’effet, tout aussi important, de la transition de l’élève sur ses frères et sœurs d’âge scolaire. Fréquentent-ils la même école ou une autre école du même district scolaire? Comment réagiront-ils à la transition imminente de leur frère ou sœur? Courent-ils un risque d’être victimes d’intimidation ou de harcèlement de la part d’autres élèves? Quel type de soutien devraient leur offrir les parents et les cadres scolaires? Les frères et sœurs ainsi que les élèves alliés peuvent-ils aider à soutenir l’élève en transition? Les camarades de l’élève en transition apportent-ils ou devraient-ils ÉLABORATION D’UN PLAN DE TRANSITION À L’ÉCOLE : LE RÔLE ET LES RESPONSABILITÉS DE L’ÉCOLE La plupart des personnes transsexuelles effectuent leur transition lorsqu’elles ont quitté les écoles publiques et qu’elles fréquentent un établissement d’enseignement supérieur ou qu’elles sont sur le marché du travail. Il est très probable que seuls les élèves dont la variance de genre ou le transsexualisme est très intense effectueront une transition pendant qu’ils fréquentent une école de la maternelle à la 12e année. Ces élèves courent souvent un risque élevé de violence, de dépression et de suicide à moins qu’ils entreprennent une transition. Habituellement, lorsque des parents ou des tutrices ou tuteurs bienveillants informent l’école que leur enfant amorcera une transition, de nombreuses heures de consultation ont déjà eu lieu entre l’élève, les parents et un psychiatre ou une autre personne spécialisée dans la santé mentale, plus particulièrement dans la variance de genre à l’enfance et à l’adolescence. Le rôle de l’école consiste alors à offrir du soutien au jeune en transition et à ses parents, sous la supervision d’un professionnel de la santé qualifié. Une aide additionnelle peut être apportée par un membre du personnel de l’éducation spécialisé dans les questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre. Ce spécialiste peut jouer le rôle de personne-ressource et aider à coordonner une communication ouverte qui est essentielle à la réussite d’une transition en milieu scolaire. Bien souvent, les directions d’école et le corps enseignant n’ont pas le temps ou les connaissances spécialisées pour assumer ce rôle important. En conséquence, une personne qui occupe un poste de psychologue, de travailleur social, de conseillère en orientation ou de conseiller communautaire peut remplir ce rôle et ainsi veiller à ce que l’information transmise soit exacte et que le plan de transition soit mis en place. apporter un certain soutien? Ces camarades ont-ils besoin d’une formation particulière pour savoir comment appuyer l’élève en transitionxv? Les membres de la famille (y compris les parents) éprouvent-ils du chagrin en raison de la « perte » apparente de l’enfant qu’ils aiment? Comment l’école peut-elle soutenir les membres de la famille pendant la transition de l’élève? Il est important de tenir compte de toutes ces questions lorsque l’on élabore un plan de transition si l’on veut que ce plan soit efficace et mûrement réfléchi. Au moment de l’élaboration d’un plan de transition en milieu scolaire, on recommande de réfléchir notamment aux questions suivantes : 28 AVANT LA TRANSITION SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE 1. Parmi les éléments suivants, lesquels protègent l’intérêt de l’élève en transition : Faut-il respecter la confidentialité de façon presque absolue, diffuser toute l’information à l’ensemble de la communauté scolaire (y compris à tous les parents), ou adopter une solution intermédiaire? Est-ce qu’il conviendrait d’informer tous, certains ou aucun des groupes suivants : personnel enseignant, personnel de soutien, élèves et parents? Dans l’affirmative, quand et comment les informer? Quels sont les risques potentiels de divulguer l’information? Quels sont les risques potentiels de tenir l’information secrète? 2. À quel moment l’élève souhaite-t-il entreprendre sa transition? La date souhaitée est-elle réaliste? L’élève, ses parents et le système scolaire seront-ils prêts à cette date? Il est recommandé de créer un échéancier pour la transition afin que toutes les personnes participant au processus connaissent les attentes nourries à leur égard et les façons de se préparer (Luecke, 2011, p. 133). 3. Cherchera-t-on à obtenir des suggestions concernant la préparation d’une transition réussie auprès des sources suivantes : • Programmes de santé ciblant les personnes trans, ou professionnelles et professionnels de la santé qualifiés? • Groupes ou programmes de soutien locaux à l’intention des jeunes LGBTA et de leurs parents? • Association ou syndicat provincial ou territorial de l’enseignement? • Professionnelles ou professionnels de la santé mentale et de l’éducation qui se spécialisent dans les questions d’identité de genre? • Autres écoles ou districts scolaires qui ont déjà eu des élèves en transition? • Autres élèves qui ont vécu une transition ou parents d’enfants qui ont vécu une transition? • Personnes transsexuelles bien renseignées? • Enseignante ou enseignant transsexuel qui travaille au sein du conseil scolaire et qui souhaite aider? 4. Est-il nécessaire pour l’école ou le district d’élaborer ou de modifier les politiques scolaires traitant d’homophobie, de transphobie, d’identité de genre, d’expression de genre et de lutte contre l’intimidation (y compris la cyberintimidation) pour aider et protéger l’élève en transition? 5. L’école et le district scolaire sont-ils bien renseignés sur leurs responsabilités et leurs obligations d’origine législative? Par exemple, l’école a-t-elle l’obligation légale de répondre aux besoins de l’élève en transition? 6. Que peuvent faire les administrations scolaires, les conseillères et conseillers en orientation, le personnel enseignant, le personnel de soutien, les autres élèves et les parents pour créer un milieu qui offre du soutien à l’élève en transition? 7. Les conseillères et conseillers en orientation seront-ils en mesure de travailler avec les élèves et le personnel de l’école qui éprouveraient de la difficulté à gérer leurs problèmes personnels soulevés par la transition de l’élève? 8. Les élèves devraient-ils recevoir de l’information favorisant l’intégration des personnes trans de la part des conseillères et conseillers en orientation ou de membres renseignés de la communauté médicale ou trans? Dans l’affirmative, quand cette information serait-elle transmise? Durant les heures de classe? 9. Si certains parents ou médias soulèvent des questions ou des enjeux, qui au sein de l’école ou du district sera responsable d’y répondre? Comment ces questions seront-elles répondues? Que doivent faire les autres membres du personnel si des parents ou les médias leur posent des questions? 10. Devra-t-on prévoir des séances de perfectionnement professionnel à l’intention du personnel de l’école? 11. Quelles toilettes l’élève en transition devra-t-il utiliser xvi? S’il existe des toilettes séparées pour les filles et les garçons, quelles seront les modalités d’accès pour l’élève en transition? Quelles sont les répercussions sur le plan de la santé et de la sécurité? 29 12. Dans quel vestiaire l’élève en transition se changera-t-il lors des activités sportives? 14. Quelles mesures seront prises dans les situations suivantes : usage incorrect, mais involontaire, de pronoms, usage incorrect et délibéré de pronoms, transphobie ou intimidation flagrante (y compris la cyberintimidation)? La sécurité de l’élève en transition (ainsi que de ses frères et sœurs et de ses camarades) est-elle assurée de façon adéquate? Est-ce que tout le monde connait les politiques de l’école et du district scolaire ainsi que les lois régissant les droits de la personne? Est-ce que tout le monde sait que des actes continus d’intimidation peuvent mener à une intervention policière ou au dépôt d’une plainte pour violation des droits de la personne? 15. Devrait-on envoyer aux parents et aux élèves une lettre les informant qu’un élève entreprend une transition? Dans l’affirmative, quel sera le contenu de la lettre? Qui participera à la rédaction de la lettre? Comment la confidentialité des renseignements concernant l’élève et sa famille sera-t-elle protégée? Que se passera-t-il si cette lettre est transmise aux médias? 16. Est-ce que tout le monde sait que la transsexualité est une variation normale du développement humain et que la transition est le processus recommandé par les professionnelles et professionnels de la santé dans le cas de personne ressentant une variance de genre d’intensité élevée? 17. Est-ce que l’élève en transition, ses parents, les professionnelles et professionnels de la santé, le personnel de l’école et les autres élèves ont reçu l’information sur la politique ou la procédure particulière de l’école concernant les élèves en transition? Le processus d’élaboration de la politique ou de la procédure est-il ouvert et transparent? Est-ce que l’élève en transition, ses parents, les professionnelles et professionnels de la santé, le personnel de l’école et les autres élèves ainsi que leurs parents contribuent à l’élaboration d’une telle politique ou procédure? Existe-t-il un consensus sur la politique, la procédure et le protocole? Que se passe-t-il si la politique, la procédure et le protocole sont délibérément violés? 18. Est-ce que tout le monde connait le plan de transition et l’échéancier qui s’y rattache, ainsi que le rôle de chacun dans la mise en œuvre du plan de transition? Le plan est-il flexible et adaptable? JOURNÉE DE LA TRANSITION 1. Est-ce que cette journée sera considérée par tout le monde comme une journée « ordinaire » ou sera-t-elle différente d’une quelconque manière? Si cette journée est différente, en quoi le sera-t-elle? Quels seront les rôles assumés par l’élève en transition, ses parents, l’administration de l’école, la conseillère ou le conseiller en orientation de l’élève et les autres membres du personnel de l’école? 2. Est-ce que tout le monde sera préparé à la possibilité que les médias ou des parents inquiets puissent être présents le jour de la transition? ÉLABORATION D’UN PLAN DE TRANSITION À L’ÉCOLE : LE RÔLE ET LES RESPONSABILITÉS DE L’ÉCOLE 13. À quel moment l’école intégrera-t-elle le nouveau nom de l’élève dans ses communications informelles et officielles? Par exemple, quand l’école affichera-t-elle le nouveau nom de l’élève sur les listes d’élèves, les plans de classe et le bulletin? Les dossiers existants seront-ils modifiés? Dans l’affirmative, quand? APRÈS LA TRANSITION 1. Quand et à quelle fréquence auront lieu les réunions organisées dans le but d’évaluer l’efficacité du plan de transition et de le réviser, au besoin? 30 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE Lorsqu’un élève (ou un adulte évoluant au sein du système scolaire) entreprend une transition, on constate une curiosité naturelle des gens concernant cette transition. Habituellement, cette curiosité s’atténue rapidement en quelques jours ou semaines, la « nouveauté » de la situation se dissipe et le milieu scolaire retourne à la « normale ». Les jeunes transgenres et transsexuels sont toutefois exposés à un plus grand risque d’intimidation et de violence que leurs camarades hétérosexuels et ceux appartenant à une minorité sexuelle. Idéalement, tous les membres de la communauté scolaire devraient être sensibles à cette situation et surveiller la sécurité de l’élève en transition, devenant ainsi des alliés d’un grand secours. L’administration de l’école se doit de réagir rapidement à toute situation négative. L’ensemble des élèves doivent constater clairement que tout acte d’intimidation transphobique ou comportement préjudiciable fera immédiatement l’objet de conséquences. L’administration de l’école ne doit jamais considérer les enfants transgenres et transsexuels comme des élèves souffrant d’une « maladie physique » ou d’une « maladie mentale », « devant être guéris » ou en quelque sorte atteints d’un « trouble ». QUE PEUT-ON FAIRE POUR CRÉER UNE CLASSE INCLUSIVE? 31 Les suggestions qui suivent sont quelques moyens importants par lesquels les éducatrices et éducateurs peuvent exprimer leur soutien envers les jeunes appartenant à une minorité sexuelle et de genre. Cette liste de stratégies n’est pas exhaustive, mais elle représente un point de départ à partir duquel les éducatrices et éducateurs peuvent amorcer une remise en question du système binaire rigide des genres et du pouvoir de la normalisation dans les écoles. 1. MONTREZ VOTRE SOUTIEN Définissez votre classe ou votre bureau comme un lieu sûr où l’on peut discuter de questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. Placez un petit drapeau arc-en-ciel sur votre bureau ou affichez un triangle rose, un symbole d’une minorité de genre ou un autocollant d’arc-en-ciel dans votre bureau ou sur votre classeur. Vous indiquerez ainsi que vous êtes au fait des minorités sexuelles et de genre et que vous vous souciez des jeunes qui appartiennent à ces minorités. D’autres façons de créer un milieu inclusif consistent à discuter de questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre présentées dans les médias, à la télévision et au cinéma. Identifiez un ou des membres du personnel de l’école, ainsi que du district scolaire, qui peuvent jouer le rôle de personnes-ressources sures, de spécialistes et d’alliés pour les jeunes appartenant à une minorité sexuelle ainsi que les jeunes de genre variant et ceux en questionnement. 2. RÉAGISSEZ AUX COMMENTAIRES ET AUX PLAISANTERIES TRANSPHOBIQUES Ne riez jamais à la suite d’une plaisanterie offensante. Réagissez directement à tout commentaire inapproprié; vous ferez ainsi preuve d’une attitude bienveillante qui vous identifiera comme une personne à qui l’on peut toujours parler. Selon le contexte, vous préférerez peut-être réagir au commentaire en privé afin de pouvoir engager une discussion plus profonde et nuancée. Une bonne activité à réaliser en classe consiste à demander aux élèves de dresser une liste de tous les termes racistes, sexistes, homophobiques et transphobiques auxquels ils peuvent penser et ensuite à analyser et à démythifier les messages et les stéréotypes que ces mots véhiculent souvent. 3. NOMMEZ DES PERSONNES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELLES CONNUES a. Contribuez à la reconnaissance des personnes de genre variant. À la suite de la transition vers leur nouveau genre, de nombreuses personnes préfèrent être identifiées comme un homme ou une femme, conformément aux stéréotypes. Nombre de personnes transgenres et transsexuelles ont apporté une importante contribution à la société par leur carrière ou leur profession, mais leur contribution est souvent attribuée à l’homme ou à la femme qu’elles sont devenues plutôt qu’à la personne transsexuelle qu’elles étaient avant et durant leur transition. Des personnes de genre variant ont toujours été présentes dans l’histoire et dans toute une variété de cultures, de métiers et de religions à travers le mondexvii. QUE PEUT-ON FAIRE POUR CRÉER UNE CLASSE INCLUSIVE? Une classe et un milieu scolaire inclusifs supposent que tous les élèves se sentent en sécurité, accueillis et appuyés. Les élèves doivent savoir qu’il y a des adultes à l’école qui les écouteront et les appuieront, peu importe leurs différences réelles ou perçues. Tout enseignant ou enseignante doit réfléchir à sa propre compréhension de la notion de genre et à l’influence qu’elle peut avoir sur son enseignement et sur sa classe (Rands, 2009). Il convient également de se demander comment on représente la notion de genre dans la classe, comment ces représentations sont liées aux compréhensions sociales et culturelles traditionnelles entourant la masculinité et la féminité, comment on représente et renforce la notion de genre à l’école et dans la collectivité, comment des contextes différents sur le plan culturel, ethnique et religieux peuvent influencer les membres d’une minorité de genre, et quels sont les effets de ces représentations sur les jeunes qui ne se conforment pas aux normes de genre traditionnelles ni aux stéréotypes des rôles assignés aux deux sexes. 32 b. Comme exemple d’une personne trans dont l’identité est restée secrète, vous pouvez parler de Billy Tipton, cette personne que tout le monde croyait être un homme. Billy Tipton a vécu de 1914 à 1989 et s’appelait à la naissance Dorothy Lucille Tipton. Dorothy ne pouvait pas devenir musicienne professionnelle en raison de son sexe. Dès lors que Dorothy est devenue Billy, elle a pu accéder à la scène musicale aux côtés de plusieurs autres musiciens talentueux de l’époque. Le vrai sexe de Billy a été connu du public seulement à sa mort, lorsque le personnel médical a découvert que Billy était physiquement une femme. Billy était-il un individu transgenre ou transsexuel? Nous ne connaissons pas la réelle identité de genre de Billy Tipton. Il est très probable que Billy ait été une personne transgenre ou transsexuelle, si l’on se fie à son souhait et à sa capacité de vivre comme un homme et de se faire passer pour tel malgré le fait qu’il était de sexe féminin à la naissance. Par contre, il est aussi possible que Billy ait décidé de se présenter comme un homme afin de réussir à faire ce qu’il ne croyait pas pouvoir faire en tant que femme. SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE c. Un des premiers exemples connus d’une personne transsexuelle de l’ère moderne est celui de Christine Jorgensen. Née George William Jorgensen Jr., Christine a subi une chirurgie pour changement de sexe qui a été le premier cas largement publicisé dans les médias américains. Un autre exemple est celui de Jan Morris (1974) qui raconte son expérience dans une autobiographie célèbre intitulée L’énigme. Combien d’exemples de personnes transgenres ou transsexuelles pouvez-vous donner? d. Plus récemment, Chaz Bono a vécu une transition publique de femme vers homme que l’on peut voir dans le documentaire Becoming Chaz. Ardent défenseur des personnes transgenres, Chaz est le fils du célèbre couple Sonny et Cher Bonoxviii. Comme les personnes de genre variant deviennent de plus en plus visibles et représentées de façon positive dans la société, on constate de moins en moins de stigmatisation à leur endroit. Il demeure toutefois vrai que les individus transsexuels font moins l’objet de remarques publiques ou de moqueries s’ils apparaissent comme une personne de sexe féminin ou masculin stéréotypé. Par contre, les personnes qui passent d’un sexe à l’autre ouvertement se heurtent parfois à des critiques acerbes ou peuvent être victimes de violence ou d’agression psychologique ou physique. Parmi les jeunes transgenres qui ont participé au sondage, 79 % ont rapporté ne pas se sentir en sécurité à l’école. QUE PEUT FAIRE L’ÉCOLE? 33 Les pages qui suivent formulent quelques suggestions propres à aider votre communauté scolaire à mieux respecter les besoins des jeunes transgenres et transsexuels. 1. FAITES PREUVE D’INITIATIVE Prenez l’initiative d’offrir une formation complète et convenant à l’âge des participants sur les questions d’identité de genre à tous les membres du personnel, élèves et membres du conseil consultatif de parents. Saisissez chaque occasion de discuter de diversité et de questions de genre à votre bureau, dans la salle du personnel et en classe. Montrez votre soutien envers les membres du personnel qui adoptent des comportements inclusifs. N’oubliez pas que les changements d’attitude n’arrivent pas du jour au lendemain; c’est pourquoi les personnes qui essaient d’adopter et de faire adopter des stratégies et des comportements auxquels l’école n’est pas habituée ont besoin de se sentir appuyées par l’administration, en particulier si d’autres veulent leur emboiter le pas. Le statuquo peut paraitre acceptable, mais il peut aussi faire durer un climat malsain pour une minorité souvent silencieuse et invisible. 2. CLARIFIEZ LES ATTENTES DE BASE DANS LE CODE DE CONDUITE DE VOTRE ÉCOLE Assurez-vous que votre école et votre district scolaire possèdent des politiques non discriminatoires claires et des codes de conduite des élèves explicites qui interdisent expressément le harcèlement et la discrimination fondés sur l’identité de genre ou l’expression de genre réelle ou perçue d’un élève. Des termes comme « travelo » ou « travesti », par exemple, devraient être clairement classés parmi les expressions racistes et homophobiques méprisantes. Il convient également de ne pas accepter les plaisanteries et commentaires racistes, sexistes, homophobiques et transphobiques humiliants. Discutez de façons de combattre ce genre de remarques sans pour autant vous montrer agressifs. Par exemple, lorsqu’une personne utilise un de ces termes, discutez avec elle en privé afin de lui expliquer l’historique des mots offensants et les effets dommageables qu’ils peuvent avoir sur l’estime de soi d’un élève. Il ne faut jamais oublier que tout élève peut compter dans sa famille ou son cercle d’amis des personnes de genre variant. Votre silence traduit votre consentement à l’égard de ces actes de discrimination. QUE PEUT FAIRE L’ÉCOLE? Selon la loi, toutes les écoles doivent fournir un milieu éducatif non discriminatoire. Pourtant, les jeunes transgenres et transsexuels considèrent trop souvent qu’il est risqué et dangereux de révéler leur identité à l’école. La plupart des actes de harcèlement et de violence dirigés contre des jeunes de genre variant s’appuient sur un système binaire des genres très strict selon lequel il n’y a que deux sexes possibles, les sexes masculin et féminin. Malgré les preuves scientifiques récentes prouvant le contraire, on constate qu’il existe encore, ouvertement ou non, une conception étroite de la construction identitaire dans les écoles, limitant sérieusement la possibilité de créer un milieu scolaire véritablement inclusif et diversifié. C’est pourquoi les écoles devraient promouvoir la création d’un milieu qui remet en question la représentation binaire des genres pour accepter la fluidité des sexes, de la sexualité et des genres. À l’école, les élèves apprennent bien plus que seulement des matières scolaires; ils apprennent aussi les normes, les règles et les comportements socialement acceptables en observant les actions et les non-actions de leurs camarades et du personnel enseignant (Wyss, 2004). Qu’apprendront les élèves de votre école? Votre école assumera-t-elle la responsabilité de créer un milieu éducatif sûr pour tous les jeunes? 3. VEILLEZ À N’EXCLURE PERSONNE 34 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE Songez à trouver des modèles d’identification pour tous les groupes minoritaires de votre école, par exemple des femmes œuvrant en sciences ou comme chefs d’Église, des auteurs et des personnes âgées autochtones, des athlètes et des gens d’affaires transgenres et transsexuels, des personnes qui militent contre la pauvreté, des professionnelles ou professionnels handicapés, ou des personnes qui font figure de proue dans leur communauté ou en politique. Utilisez ces exemples dans vos discussions et montrez clairement votre admiration pour leurs réalisations, plutôt que de faire ressortir leurs différences. Définissez avec précision la terminologie spécialisée ou nouvelle utilisée (p. ex., personne transgenre, personne transsexuelle, de genre variant) et, chaque fois que cela est possible, encouragez le recours à une langue inclusive par rapport aux différences de genre. Utilisez, par exemple, le terme « partenaire » plutôt que « mari » ou « femme ». Démontrez du respect et du soutien à l’égard de la diversité, notamment en employant une terminologie et des pronoms que les élèves utilisent en parlant de leur propre identité. Assurez-vous que les formulaires et les banques de données de l’école, par exemple les listes d’élèves, les horaires individuels et les dossiers des élèves, contiennent les noms que les élèves préfèrent ou ont choisis. 4. CRÉEZ UN MILIEU INCLUSIF ET ACCUEILLANT À LA BIBLIOTHÈQUE Assurez-vous que votre bibliothèque scolaire contient la meilleure et la plus récente collection d’ouvrages convenant à l’âge des élèves et traitant de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre (voir Schrader et Wells, 2007; Wells, Pratch et Bewick, 2011). Examinez les documents sur l’identité de genre actuellement offerts par votre bibliothèque et demandez à ce que ceux qui ont un contenu transphobe soient enlevés des rayons. Faites faire l’acquisition de romans, de recueils de nouvelles, de films et de magazines jeunesse qui montrent la variance de genre sous un jour favorable. Veillez à ce que votre bibliothèque ou votre école n’utilise pas de logiciel de filtrage bloquant l’accès à des sites convenant à l’âge des élèves et contenant de l’information sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. 5. PRÉPAREZ-VOUS ET ADOPTEZ UNE ATTITUDE PROACTIVE Si votre école essuie des critiques de la part de la collectivité locale parce qu’un élève entreprend une transition, veillez à ce que le personnel soit préparé à défendre le droit de tous les élèves à avoir un milieu éducatif sûr, accueillant, inclusif et équitable. Dans vos discussions, mettez l’accent sur les questions de santé et de sécurité en jeu et n’oubliez pas de toujours protéger le droit à la confidentialité de chaque élève et de sa famille. 6. OFFREZ DES RESSOURCES ET DE LA FORMATION AUX CONSEILLÈRES ET CONSEILLERS EN ORIENTATION Les conseillères et conseillers en orientation sont souvent des personnes que l’on considère comme vitales pour les élèves qui éprouvent des difficultés à la maison ou à l’école. Veillez à ce que la conseillère ou le conseiller en orientation de votre école, ou la travailleuse ou le travailleur social, ait accès à du matériel de référence et aux services de personnes-ressources travaillant au sein d’organisations qui favorisent l’inclusion des personnes trans. Encouragez la conseillère ou le conseiller en orientation, la travailleuse ou le travailleur social et le personnel de soutien à assister à des séances sur des questions liées aux minorités sexuelles et à l’identité de genre dans le cadre de congrès de la profession enseignante ou à organiser une séance de perfectionnement professionnel en cours d’emploi à l’intention du personnel de l’école ou du district scolaire. Assurez-vous que tous les programmes de lutte contre l’intimidation, de promotion de la santé mentale et de prévention du suicide de votre école respectent les besoins et les réalités des jeunes appartenant à des minorités sexuelles et de genre. 7. PRÉSERVEZ LA CONFIDENTIALITÉ Devant un problème de discipline, des difficultés d’apprentissage ou un cas de violence envers un enfant, le premier adulte qui constate le problème fait généralement appel à d’autres adultes, que ce soit des membres de l’administration, des conseillères ou conseillers en orientation, des parents ou la police. Dans le cas d’élèves transgenres et transsexuels, une telle démarche peut exposer les élèves à un risque accru. Les jeunes transgenres et transsexuels qui n’ont pas révélé leur identité de genre ont parfois des préoccupations particulières en ce qui concerne la confidentialité des renseignements. Si vous parlez de la situation d’un de ces élèves ne seraitce qu’à une seule personne sans la permission de cet élève, cela pourrait rendre l’élève plus vulnérable aux actes de violence perpétrés à l’école ou à la maison. Certains parents n’acceptent pas immédiatement que leur enfant soit de genre variant et peuvent même aller jusqu’à le mettre à la porte. Bien entendu, si un élève révèle qu’il ou elle a des idées suicidaires, subit de la violence parentale ou risque de se blesser ou de blesser d’autres personnes, vous avez l’obligation légale de rapporter ces incidents aux autorités compétentes. Il est alors important tout de même de faire valoir la nécessité de respecter la confidentialité des renseignements concernant cet élève. Assurez-vous que l’élève est dirigé vers un conseiller ou conseillère en orientation, ou une ou un psychologue, qui déterminera les prochaines étapes à suivre pour le protéger et le soutenir. 8. METTEZ À JOUR LA POLITIQUE ET LA PROCÉDURE DE L’ÉCOLE 9. CONTINUEZ À VOUS RENSEIGNER PAR VOUS-MÊME Trouvez des personnes autour de vous qui se sentent à l’aise de discuter de questions d’identité de genre et parlez avec elles. Confrontez vos propres idées préconçues et réfléchissez à vos propres préjugés. Soyez ouvert au fait que l’erreur est humaine et que vous pouvez apprendre de vos erreurs. Souvenez-vous que se faire traiter de noms par d’autres élèves fait moins mal que de voir des enseignantes ou des enseignants ne pas lever le petit doigt pour aider. Au cours des dernières années, on a constaté dans les écoles élémentaires et secondaires de premier et de deuxième cycles une hausse des cas d’élèves transsexuels qui ont décidé, souvent avec le soutien total de leurs parents et de professionnels de la santé, d’effectuer une transition pour passer d’un genre à l’autre tout en fréquentant l’école. Il s’agit d’un phénomène relativement nouveau dans les écoles et très peu d’entre elles ont conséquemment mis en place des procédures et des politiques visant à soutenir les élèves qui entreprennent une transition en milieu scolaire. À l’aide d’une équipe formée de l’élève en transition, de ses parents, de membres du personnel administratif de l’école, de professionnelles et professionnels en éducation et d’autres personnes travaillant au sein du système scolaire, il est possible d’élaborer un plan de transition qui optimisera les chances de réussite de la transition à l’école pour l’élève et sa famille. Les résultats de ces études et de ces sondages sont clairs : les élèves transgenres et transsexuels doivent faire face à des milieux scolaires extrêmement hostiles et discriminatoires. 35 QUE PEUT FAIRE L’ÉCOLE? Révisez le code relatif à la tenue vestimentaire de votre école et veillez à ce qu’il soit suffisamment flexible pour permettre aux élèves de s’habiller de façon appropriée et en concordance avec leur identité de genre. Mettez en place une politique scolaire qui assure à tout élève transsexuel l’autorisation d’utiliser les toilettes qui correspondent à l’identité de genre qu’il a toujours affirmé avoir. Si l’élève ne se sent pas en sécurité en utilisant ces toilettes, donnez-lui accès à une toilette privée ou réservée au personnel. Veillez à ce que l’élève ait accès à un vestiaire pour se changer, ce qui peut inclure le fait de lui offrir de se changer à un autre moment que les autres ou dans un endroit privé comme aux toilettes, dans la salle du personnel ou au bureau du gymnase (Y-Gap Project, 2009). 36 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE Tous les parents veulent que leur enfant soit en sécurité à l’école, obtienne un diplôme et devienne une personne en santé, heureuse et productive à l’âge adulte. Ces espoirs et ces rêves sont les mêmes pour les parents d’enfants de genre variant. AIDE-MÉMOIRE POUR LA CRÉATION D’UN MILIEU SCOLAIRE FAVORABLE AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS 37 la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression de genre. □ Offrir du perfectionnement professionnel afin d’approfondir les questions et les préoccupations liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. □ Intégrer les perspectives des minorités sexuelles et de genre dans les programmes d’études, l’école et les discussions en classe. □ Veiller à ce que les collections de la bibliothèque soient inclusives et donner accès à des renseignements en ligne convenant à l’âge des élèves ainsi qu’à du soutien et à des services communautaires. □ Soutenir les alliances d’élèves gais et hétérosexuels (AEGH) dans les écoles, qui accueillent les élèves transgenres et transsexuels (Wells, 2006). □ Demander à tout le personnel enseignant et à tous les adultes d’intervenir devant les actes de harcèlement, d’intimidation et de violence à l’école ainsi que de prévenir ou de signaler ces actes. □ Désigner certaines toilettes et certains vestiaires comme étant neutres sur le plan du genre et les déclarer accessibles à tous. □ Désigner les personnes qui peuvent agir à titre d’alliées, de défenseures et de mentors au sein de l’école auprès des élèves transgenres et transsexuels. □ Demander au personnel de l’école, aux parents et aux élèves de respecter les préférences de tout élève transgenre ou transsexuel et d’utiliser le nom et les pronoms qu’il a choisis. □ Veiller à ce que le nom préféré ou choisi par l’élève soit utilisé dans tous ses dossiers scolaires. □ Respecter la confidentialité des renseignements concernant tout élève transgenre ou transsexuel et sa famille. □ Sensibiliser les conseils de parents aux questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre (McGuire et Conover-Williams, 2010). AIDE-MÉMOIRE POUR LA CRÉATION D’UN MILIEU SCOLAIRE FAVORABLE AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUEL □ Mettre en place une politique et un code de conduite des élèves explicites qui interdisent expressément 38 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE En collaboration avec l’élève, les parents et les personnes spécialisées en soins de santé et en éducation, les cadres devraient élaborer et mettre en œuvre des stratégies qui maximisent les chances de succès de la transition de l’élève en milieu scolaire — en d’autres termes, mettre au point un plan de transition. PRINCIPE DIRECTEUR DE LA FÉDÉRATION CANADIENNE DES ENSEIGNANTES ET DES ENSEIGNANTS SUR L’ORIENTATION SEXUELLE ET L’IDENTITÉ DE GENRE 39 Pour aider les écoles à assumer cette responsabilité qui leur incombe, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants a adopté un principe directeur sur l’anti-homophobie et l’anti-hétérosexisme en juillet 2004. Ce principe directeur très large comprend une vision globale d’un milieu de travail et d’apprentissage intégré dans le curriculum et à l’échelle de l’école qui fait en sorte que les écoles soient des lieux « sûrs, accueillants et intégrateurs, qui soient valorisants pour les personnes de toutes orientations et identités sexuelles » (FCE, 2004, p. 4). La responsabilité de créer ce milieu d’enseignement et d’apprentissage sûr et inclusif fait fond sur des valeurs fondamentales qui mettent l’accent sur : • • • le rôle des éducatrices et éducateurs comme agents essentiels pour susciter des changements constructifs dans la société qui abordent les réalités des personnes appartenant aux minorités sexuelles et de genre; le fait que les personnes appartenant aux minorités sexuelles et de genre ne se sentent pas affirmées ni accueillies lorsque l’on assume que la seule orientation ou identité sexuelle de l’école est l’hétérosexualité; la responsabilité qu’a le système d’éducation publique de préparer la jeunesse « à édifier des sociétés ouvertes, pluralistes et démocratiques, desquelles seront exclues toute discrimination et toute forme d’agression fondées sur l’orientation et l’identité sexuelles » (p. 4). Le principe directeur de la FCE détermine la responsabilité de chaque intervenant et intervenante du milieu de l’éducation : ÉDUCATRICES ET ÉDUCATEURS • • • assumer personnellement la responsabilité de s’éduquer eux-mêmes, de faire preuve de respect, de compréhension et de promotion de la diversité des milieux de travail et d’apprentissage (articles 4.1 et 4.2); s’assurer que le curriculum et le matériel dans la salle de classe présentent « des images favorables et des informations exactes en matière d’histoire et de culture de manière à mettre en évidence les réalisations et l’apport de personnes appartenant à la communauté BBGLT » (article 4.3); élaborer un plan d’action pour régler les incidents homophobiques et transphobiques et s’engager à protéger la confidentialité des renseignements concernant un ou une élève ou un enseignant ou une enseignante qui fait part de son orientation ou identité sexuelle (article 4.4). CONSEILLERS ET CONSEILLÈRES • s’assurer que les élèves BBGLT ont accès à des services de counseling qui affirment et appuient leur orientation ou identité sexuelle et qui n’essaient pas de changer leur orientation sexuelle ou identité de genre par l’emploi ou la prescription de thérapies par aversion, de thérapies réparatrices ou de thérapies de conversion (article 4.6). PRINCIPE DIRECTEUR DE LA FÉDÉRATION CANADIENNE DES ENSEIGNANTES ET DES ENSEIGNANTS SUR L’ORIENTATION SEXUELLE ET L’IDENTITÉ DE GENRE Au Canada, les tribunaux ont déclaré que les districts scolaires étaient responsables de tout manquement à leur obligation de fournir un milieu non discriminatoire à tous les élèves de leur ressort. Par conséquent, les parents de jeunes transgenres ou transsexuels peuvent déposer des plaintes relatives aux droits de la personne ou entamer des poursuites judiciaires pour négligence si un district scolaire ou une école a omis de mettre en place une politique et une procédure inclusives, n’a pas réussi à prévenir le harcèlement verbal et physique et n’a pris aucune mesure disciplinaire appropriée à l’encontre des agresseurs. Tous les conseils et commissions scolaires publics au Canada ont la responsabilité légale, éthique et professionnelle de fournir un milieu éducatif sûr à tous les élèves, peu importe leurs différences réelles ou perçues. COMMISSIONS ET CONSEILS SCOLAIRES • adopter des politiques anti-homophobes, anti-transphobes et anti-hétérosexistes pour protéger les personnes qui appartiennent à des minorités sexuelles et de genre ou sont présumées ainsi, et fournir des moyens et du soutien aux victimes de harcèlement et de discrimination (article 4.5). FORMATION PRÉALABLE ET SUR PLACE DU PERSONNEL ENSEIGNANT • 40 • SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE fournir aux enseignantes et enseignants en formation préalable les connaissances, les occasions de sensibilisation, les stratégies d’affirmation, les plans de leçon et les programmes nécessaires pour les aider à aborder les questions touchant les minorités sexuelles et de genre en éducation (article 4.7); créer des programmes de perfectionnement professionnel qui abordent la diversité des questions touchant les minorités sexuelles et de genre en classe et à l’école (article 4.8). MINISTÈRES DE L’ÉDUCATION • • devenir des champions manifestes des perspectives anti-homophobes, anti-transphobes et anti-hétérosexistes en éducation « en offrant des documents de programme d’études, de la formation et des directives… » (articles 5.0 et 5.1); fournir « suffisamment de ressources pour permettre aux systèmes scolaires de réaliser des changements » (article 5.2). Le principe directeur sur l’anti-homophobie et l’anti-hétérosexisme se termine par une recommandation voulant que la FCE et les organisations Membres examinent et révisent leurs propres principes directeurs de manière à favoriser l’équité et l’inclusion de toutes les personnes en milieu de travail (article 6.1), à reconnaitre la diversité des élèves et du personnel enseignant dans les objectifs de tous les programmes et priorités éducationnels (article 6.2) et à faire preuve de cohérence en ce qui a trait à la sensibilisation aux réalités quotidiennes du personnel enseignant et des élèves appartenant aux minorités sexuelles et de genre ainsi que des familles homoparentales (article 6.3). En outre, la FCE décrit le besoin pour les organisations Membres de mettre sur pied des programmes propres à sensibiliser le public aux effets néfastes que l’homophobie, la transphobie et l’hétérosexisme peuvent avoir sur le personnel enseignant, les autres membres du personnel, les élèves et les familles dans les écoles publiques canadiennes (articles 7.0, 7.1 et 7.2). Ultimement, l’accent n’est pas mis sur le fait de changer l’enfant, mais de l’aider à vivre dans un monde binaire selon lequel l’anatomie dicte le destin sexuel final de chacun. EXEMPLE DE POLITIQUE SUR L’IDENTITÉ DE GENRE ET L’EXPRESSION DE GENRE DANS UN CONSEIL OU UNE COMMISSION SCOLAIRE 41 1. VIE PRIVÉE ET CONFIDENTIALITÉ Les élèves et les membres du personnel appartenant à des minorités sexuelles et de genre ont le droit de parler ouvertement de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre et de leur expression de genre et de décider de quels renseignements privés ils souhaitent discuter, avec qui et à quel moment. Le personnel du district scolaire ou de l’école ne doit pas divulguer des renseignements qui pourraient révéler l’orientation sexuelle d’une personne ou son identité transgenre ou transsexuelle à autrui, y compris à ses parents et à d’autres membres du personnel du district ou de l’école, à moins qu’une loi l’y oblige ou que la personne concernée ait expressément autorisé une telle divulgation. 2. NOM ET PRONOM Tout élève ou membre du personnel a le droit qu’on s’adresse à lui ou à elle par un prénom et un pronom qui correspondent à son identité de genre. Il n’est pas nécessaire pour cela que le changement de nom ou de genre soit imposé par le tribunal ni qu’il soit inscrit au dossier officiel de l’élève. Le refus intentionnel ou persistant de respecter l’identité de genre d’un élève (par exemple, se référer à l’élève en utilisant intentionnellement un prénom ou un pronom qui ne correspond pas à son identité de genre) constitue une violation de cette politique et peut être considéré comme une forme de harcèlement. 3. DOSSIER OFFICIEL ET COMMUNICATION Le district scolaire se doit de tenir un dossier officiel pour chaque élève, qui comporte son nom légal ainsi que son sexe. Cependant, le district n’est pas tenu d’utiliser le nom légal (enregistré en vertu de la Loi sur les statistiques de l’état civil), le sexe et le genre de l’élève dans les autres dossiers ou documents scolaires le concernant. Lorsqu’un élève ou un parent en fait la demande, le district scolaire modifie le dossier officiel de l’élève afin d’y inscrire son nouveau nom, sexe ou genre légal ou préféré dès réception de la documentation légale ou médicale. Dans les cas où le personnel ou l’administration de l’école est obligé par la loi d’utiliser ou de signaler le nom légal, le sexe ou le genre d’un élève transgenre ou transsexuel, comme dans les tests standardisés ou le registre de présences, le personnel et l’administration de l’école doivent adopter des pratiques qui permettent d’éviter une divulgation involontaire d’une telle information confidentielle. Lorsqu’il communique avec un parent ou un tuteur ou une tutrice d’un élève transgenre ou transsexuel, le personnel de l’école doit toujours employer le nom légal de l’élève et le pronom correspondant au genre qui lui a été assigné à la naissance, à moins que l’élève, le parent ou le tuteur ou tutrice ait spécifié autrement. Il est important de procéder ainsi pour prévenir toute divulgation accidentelle de l’identité transgenre ou transsexuelle de l’élève. Dans certains cas, une divulgation non souhaitée peut exposer l’élève à un sérieux risque de blessure, de négligence ou de violence. De façon générale, tous les formulaires et banques de données des écoles sont mis à jour de sorte que le nom préféré ou choisi de l’élève puisse être inscrit correctement sur les listes d’élèves, les horaires individuels, les dossiers des élèves, les cartes d’identité, etc. EXEMPLE DE POLITIQUE SUR L’IDENTITÉ DE GENRE ET L’EXPRESSION DE GENRE DANS UN CONSEIL OU UNE COMMISSION SCOLAIRE Tout le personnel et les élèves du district scolaire doivent adhérer aux lignes directrices suivantes, fondées sur des données scientifiques, afin de répondre aux besoins en matière de sécurité, de santé et d’éducation des élèves ou des membres du personnel qui s’identifient ou sont perçus comme des personnes transgenres ou transsexuellesxix. 4. TRANSFERT D’UN ÉLÈVE DANS UNE AUTRE ÉCOLE 42 Autant que possible, l’administration doit faire le nécessaire pour garder les élèves transgenres et transsexuels dans leur établissement scolaire original. Le transfert dans une autre école ne doit pas constituer la première réaction du personnel administratif dans le cas de harcèlement et ne doit être considéré que lorsque cela est nécessaire pour la protection ou le bien-être personnel de l’élève, ou encore si l’élève lui-même ou ses parents en font la demande. L’élève ou ses parents ou ses tuteurs ou tutrices doivent donner leur consentement pour tout transfert. Souvent, le problème n’est pas l’élève transgenre ou transsexuel, mais bien la culture de transphobie et le harcèlement qui s’ensuit et que l’école doit contrer. 5. ACTIVITÉS SÉPARÉES SELON LE SEXE SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE Dans la mesure du possible, les écoles doivent réduire ou éliminer la pratique visant à séparer les élèves selon le sexe. Si l’on sépare les élèves selon le sexe, comme dans les cours d’éducation à la santé, tous les élèves doivent avoir le choix de s’intégrer au groupe qui correspond à l’identité de genre qu’ils ont toujours affirmé avoir. 6. ACCÈS AUX SPORTS, AUX SALLES DE CASIERS ET AUX VESTIAIRES Tous les élèves, peu importe leur identité ou leur expression de genre, doivent pouvoir participer aux cours d’éducation physique et aux sports d’équipe dans un milieu sûr, inclusif, valorisant et respectueux. En conséquence, toutes les écoles doivent réviser de façon proactive leur politique sportive afin qu’elle soit inclusive à l’égard des élèves transgenres et transsexuels. Les élèves transgenres et transsexuels ne doivent pas se faire imposer de suivre des cours d’éducation physique à un autre moment que celui prévu à l’horaire de leur classe. Ces élèves doivent également avoir la permission de participer à toute activité séparée selon le sexe, en se joignant au groupe qui correspond à l’identité de genre qu’ils ont toujours affirmé avoir s’ils le souhaitent ainsi. Les élèves doivent aussi pouvoir participer à toute activité sportive récréative ou compétitive séparée, en se joignant au groupe qui correspond à leur identité de genre. Toutefois, pour des raisons de divulgation de l’information et de sécurité, certains élèves peuvent souhaiter participer à une activité séparée selon le sexe, en se joignant à un groupe qui ne correspond pas traditionnellement à leur identité de genre. Toutes les politiques et procédures relatives aux sports doivent permettre aux élèves-athlètes, peu importe leur identité de genre ou leur expression de genre, de participer aux activités sportives, notamment aux compétitions, dans un milieu sûr, compétitif, respectueux et exempt de discrimination et de harcèlement. Tous les élèves doivent avoir accès aux vestiaires qui correspondent à l’identité de genre qu’ils ont toujours affirmé avoir. Dans les vestiaires où les élèves doivent se dévêtir devant les autres, les élèves qui souhaitent avoir une plus grande intimité pour toutes sortes de raisons (p. ex., médicales, religieuses, culturelles, liées à l’identité de genre, etc.) doivent disposer d’autres options qui répondent mieux à leurs besoins individuels et à leurs préoccupations en matière de vie privée. Selon la disponibilité des lieux et la nature des préoccupations exprimées, les options offertes peuvent inclure, sans toutefois s’y limiter : • • l’usage d’un lieu privé où se changer, comme les toilettes, la salle du personnel, le bureau de l’infirmière ou le bureau du gymnase; l’établissement d’un horaire séparé ou modifié (p. ex., l’usage du vestiaire avant ou après les autres élèves). 7. ACCESSIBILITÉ AUX TOILETTES Tous les élèves doivent avoir accès aux toilettes qui correspondent à l’identité de genre qu’ils ont toujours affirmé avoir à l’école ou durant les sorties éducatives. Tout élève qui exprime le besoin ou le souhait d’avoir accès à plus d’intimité, peu importe les raisons sous-jacentes, doit pouvoir accéder à un cabinet de toilette privé, mais aucun élève ne doit y être obligé. 8. CODE RELATIF À LA TENUE VESTIMENTAIRE Tous les élèves ont le droit de s’habiller d’une manière cohérente avec leur identité de genre ou leur expression de genre. De façon générale, les écoles ne peuvent pas adopter un code relatif à la tenue vestimentaire qui restreint les vêtements ou l’apparence des élèves en s’appuyant exclusivement sur l’identité de genre ou l’expression de genre, ou sur toute autre caractéristique inaliénable d’une personne. 9. RÉSOLUTION DE CONFLIT * traduction libre Comme le disait un parent de façon convaincante, « Vous ne changerez rien […] Votre enfant ne changera pas. Vous êtes la personne qui devra changer ». 43 EXEMPLE DE POLITIQUE SUR L’IDENTITÉ DE GENRE ET L’EXPRESSION DE GENRE DANS UN CONSEIL OU UNE COMMISSION SCOLAIRE Si un conflit survient en lien avec la participation d’un élève transgenre ou transsexuel à une activité éducative ou sportive, le conflit doit être résolu de façon à inclure l’élève transgenre ou transsexuel dans le processus de prise de décision. Ce travail de collaboration doit reposer sur les principes suivants : on adapte de façon raisonnable le milieu de l’élève, on favorise son intégration le plus possible et on agit en tout temps dans son intérêt. 44 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE Est-il nécessaire pour l’école ou le district d’élaborer ou de modifier les politiques scolaires traitant d’homophobie, de transphobie, d’identité de genre, d’expression de genre et de lutte contre l’intimidation (y compris la cyberintimidation) pour aider et protéger l’élève en transition? RESSOURCES POUR COMPLÉMENT D’INFORMATION 45 RESSOURCES POUR LES JEUNES BORNSTEIN, Kate, et S. Bear BERGMAN. Gender Outlaws: The Next Generation, Berkeley, Californie, Seal Press, 2010. FEINBERG, Leslie. Transgender Warriors: Making History from Joan of Arc to Dennis Rodman, Boston, Massachusetts, Beacon Press, 1996. GSA NETWORK. 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Ma Vie en Rose (1997) Un long métrage réalisé par Alain Berliner qui raconte l’histoire de Ludovic, un garçon de sept ans qui a la conviction profonde d’être une fille. 88 minutes. Red Without Blue (2007) Un documentaire primé mettant en vedette Mark et Clair, de vrais jumeaux dans la vingtaine dont l’un s’affirme comme gai et l’autre comme femme trans. Ce film examine la transformation de la famille sur une période de trois ans. 77 minutes. Straightlaced: How Gender’s Got Us All Tied Up (2009) Une étude approfondie de l’incidence des pressions populaires entourant le genre et la sexualité sur la vie des adolescentes et adolescents. Le film fait entendre la voix de plus de 50 élèves du secondaire provenant de différentes communautés qui, avec une honnêteté, une perspicacité et un humour renversants, décrivent les rôles sexuels et leurs luttes pour être la personne qu’ils sont vraiment. 67 minutes. SITES WEB ET VIDÉOS EN LIGNE RECOMMANDÉS Critères diagnostiques du trouble de l’identité sexuelle (transsexualité) www.behavenet.com/capsules/disorders/genderiddis.htm Ce site Web expose les critères diagnostiques du trouble de l’identité sexuelle tels que définis dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition, texte révisé (DSM–IV–TR). Gender Identity, Research and Education Society www.gires.org.uk Un outil important pour les personnes de genre variant et leurs familles, ainsi que pour les professionnelles et professionnels de la santé et autres spécialistes qui leur donnent des soins. Gender Odyssey www.genderodyssey.org Gender Odyssey est une conférence internationale axée sur les besoins et les intérêts des personnes transgenres et des personnes dont l’identité de genre est non conforme aux normes. Cette conférence a lieu d’ordinaire à Seattle, dans l’État de Washington, pendant une longue fin de semaine d’été. Elle offre aux enfants et aux jeunes dont l’identité de genre est non conforme aux normes, ainsi qu’à leurs parents ou leurs tuteurs ou tutrices, une occasion unique de se rencontrer en personne et d’échanger leurs expériences et leurs connaissances. 47 RESSOURCES POUR COMPLÉMENT D’INFORMATION Becoming Me: The Gender Within (2009) Qu’est-ce qui détermine ultimement le genre d’une personne? Est-ce que ce sont les chromosomes, les hormones, les organes génitaux ou un sens inné de soi-même? Dans cette vidéo couronnée d’un prix Telly, cinq individus transgenres âgés entre 20 et 50 ans parlent ouvertement de ce que leur transgendérisme a signifié pour eux, notamment leurs premières expériences de confusion sexuelle, leur vie après avoir affirmé leur identité et les réactions de leurs familles. Cette vidéo aidera le personnel de l’éducation à comprendre les sentiments profonds des élèves et du personnel susceptibles d’être transgenres. Comme elle montre une chirurgie de réassignation sexuelle, il est recommandé de la visionner à l’avance. Pour plus de commodité, elle peut également être montrée en courtes sections et un guide d’animation l’accompagne. 40 minutes. Disponible en ligne : http://digital.films.com/ play/RHFWJ7. Gender Spectrum www.genderspectrum.org Gender Spectrum fournit des services d’éducation, de formation et de soutien visant à créer un milieu inclusif et soucieux de l’équité entre les sexes pour tous les enfants et les jeunes. 48 Sur le versant mâle www.youtube.com/watch?v=UoljapEHmDA Une vidéo en ligne mettant en vedette une personne transgenre femme-vers-homme qui réussit à s’installer dans une relation conjugale avec une femme et à tailler sa place comme nouvel homme au sein de sa famille. SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE PFLAG Canada http://www.pflagcanada.ca/fr/index-f.php PFLAG est un organisme de bienfaisance enregistré qui fournit des services de soutien et d’éducation ainsi que des ressources à quiconque a des questions ou des préoccupations au sujet de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. PFLAG Canada a des sections locales ou des personnes-ressources dans plus de 60 communautés. Transgender Basics www.gaycenter.org/transgenderbasics Un film éducatif de 20 minutes destiné aux fournisseurs de services qui explique les concepts du genre et du transgendérisme. Des membres de la communauté transgenre parlent des expériences qu’ils ont vécues en tant que personnes trans et allosexuelles. Transgender Child: A Parent’s Difficult Choice www.youtube.com/watch?v=S5P9kUz0yO0 Une interview saisissante mettant en vedette des parents qui arrivent à accepter leur enfant transgenre. Cette interview a d’abord été diffusée dans le cadre de l’émission de télévision Our America with Lisa Ling au réseau d’Oprah Winfrey. TransActive Education and Advocacy www.transactiveonline.org TransActive Education and Advocacy est une organisation située à Portland dans l’État de l’Oregon. La population canadienne jugera fort probablement ce site utile pour ses ressources et possiblement — en ne perdant pas de vue les questions de sécurité — son forum en ligne qui se veut un lieu de discussion générale sur les enfants et les jeunes transgenres ou dont le genre est non conforme aux normes, et où tous et toutes peuvent faire des commentaires au vu et au su de tout le monde. The Transgender Health Program (Vancouver) www.vch.ca/transhealth Lancé par Vancouver Coastal Health en juin 2003, ce site Web offre des ressources et les services de personnes déterminées à améliorer les soins de santé dispensés aux personnes transgenres en Colombie-Britannique. Ce programme accueille toute personne qui a une question ou une préoccupation en matière de santé des personnes transgenres. Trans Youth Family Allies www.imatyfa.org Trans Youth Family Allies (TYFA) renforce les moyens d’action des enfants et des familles en s’associant avec des membres du personnel de l’éducation, des fournisseurs de services et des communautés pour créer des milieux favorables à l’expression et au respect des genres. Standards of Care for Gender Identity Disorders de la World Professional Association for Transgender Health www.wpath.org/publications_standards.cfm Cet ouvrage regroupe les normes de soins les plus récentes et sur lesquelles il y a un consensus professionnel au sujet de la gestion psychiatrique, psychologique, médicale et chirurgicale des variances de genre et des troubles de l’identité sexuelle. 49 RESSOURCES POUR COMPLÉMENT D’INFORMATION Les enfants ont besoin de se sentir en sécurité sur le plan affectif pour apprendre de façon efficace. 50 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE L’empathie, les connaissances et la compréhension sont des éléments essentiels du processus d’acceptation par les parents, les familles et les éducatrices et éducateurs. RÉFÉRENCES 51 ALBERTA CIVIL LIBERTIES RESEARCH CENTRE. 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La WPATH (2011) souligne qu’il faut considérer ces chiffres « comme une estimation minimale, au mieux. Les chiffres publiés proviennent pour la plupart de cliniques où les patients satisfaisaient aux critères d’une grave dysphorie de genre et ont eu accès à des soins de santé à ces cliniques. […] En comptant uniquement les personnes qui se présentent à ces cliniques pour recevoir un type de traitement particulier, on néglige un nombre indéterminé de personnes atteintes de dysphorie de genre. »* (p. 7). Dans la plus récente version du document Standards of Care (SOC, 2011), les recherches arrivent à la conclusion que la dysphorie de genre qui se manifeste durant l’enfance ne persiste pas inévitablement à l’âge adulte (p. 11). Dans plusieurs études de suivi, les garçons avaient plus tendance à s’identifier comme gais à l’âge adulte que comme transgenres (p. 11). En revanche, les recherches indiquent que la dysphorie de genre persiste beaucoup plus souvent à l’âge adulte lorsqu’elle apparait à l’adolescence (p. 11). Les critères diagnostiques du trouble de l’identité sexuelle, communément appelé transsexualisme, tels que définis dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition, texte révisé (DSM-IV-TR), sont accessibles à http://www.behavenet.com/capsules/disorders/genderiddis.htm (en anglais) et à http://www.psychomedia.qc.ca/diagnostics/quels-sont-les-troubles-sexuels (en français). D’autres critères doivent être respectés pour qu’un diagnostic de trouble de l’identité sexuelle puisse être établi. Le DSM-IV-TR en dresse la liste complète. Chez les enfants, le trouble de l’identité sexuelle se manifeste par la présence de quatre (ou plus) des critères suivants : (1) Exprime de façon répétée le désir d’appartenir à l’autre sexe ou affirme qu’il ou elle en fait partie. (2) Chez les garçons, préférence pour les vêtements féminins ou un attirail d’objets permettant de mimer la féminité; chez les filles, insistance pour porter des vêtements typiquement masculins. (3) Préférence marquée et persistante pour les rôles dévolus à l’autre sexe au cours des jeux de « faire semblant » ou fantaisies imaginatives persistantes d’appartenir à l’autre sexe. (4) Désir intense de participer aux jeux et aux passe-temps typiquement de l’autre sexe. (5) Préférence marquée pour les compagnons de jeu appartenant à l’autre sexe. Chez les adolescents et les adultes, la perturbation se manifeste par des symptômes tels que l’expression d’un désir d’appartenir à l’autre sexe, l’adoption fréquente des conduites où on se fait passer pour l’autre sexe, un désir de vivre et d’être traité comme l’autre sexe, ou la conviction qu’il ou elle possède les sentiments et réactions typiques de l’autre sexe. viii Fait à noter, le traitement à la testostérone est non réversible, tandis que celui à l’œstrogène peut être réversible. Pour obtenir de plus amples renseignements, consulter : Standards of Care, section V, « Assessment of Children and Adolescents », pages 8-11. ii iii iv v vi vii ix NOTES EN FIN DE TEXTE i x Pour un aperçu des différentes opinions de professionnelles et professionnels sur la transition chez les enfants et les adolescents, consulter l’article paru dans le magazine MacLean’s intitulé « When boys would rather not be boys » [http://www2.macleans.ca/2011/08/12/when-boys-would-rather-not-be-boys]. Cet article traite également de la transition d’un garçon transsexuel lorsqu’il était en 8e année. « Des traitements dont l’objectif consiste à changer l’identité de genre et l’expression de genre d’une personne dans le but de mieux les faire correspondre au sexe attribué à la naissance ont été tentés dans le passé sans succès, tout particulièrement à long terme. Un tel traitement n’est plus considéré comme éthique. […] Les professionnels de la santé mentale ne devraient pas imposer une vision binaire du genre. Ils devraient plutôt laisser plus de liberté aux personnes d’explorer différentes options pour l’expression de genre. Les interventions hormonales ou chirurgicales sont indiquées pour certains adolescents, mais pas pour d’autres. »* (SOC, version 7, p. 16). Modèle adapté des lignes directrices établies par Lev (2004) à l’égard du travail avec des personnes de genre variant et leur famille. xi 56 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE xii xiii L’American Psychological Association recommande différents articles traitant notamment de l’intimidation, dont certains sont spécialement écrits pour les éducatrices et éducateurs. La liste d’articles se trouve à : http://search.apa.org/?query=bullying. Il est également question de cyberintimidation et de références utiles dans l’article intitulé « Research roundup: Cyberbullying » accessible à : http://www.apapracticecentral. org/update/2010/03-31/cyberbullying.aspx. Comme exemple, voir Questions et réponses : L’identité sexuelle à l’école de l’Agence de la santé publique du Canada (2010). xiv xv Pour illustrer à quel point les élèves peuvent devenir de puissants alliés pour les jeunes transgenres et transsexuels, consulter l’article de Luecke (2011) sur le travail avec les enfants transgenres et leurs camarades de classe à la préadolescence. xvi La question relative à l’utilisation des toilettes par un élève en transition est une question délicate. Certaines écoles, après avoir consulté l’élève et ses parents, désignent un ou plusieurs cabinets de toilette privés (normalement utilisés exclusivement par le personnel de l’école) à mettre à la disposition de l’élève. D’autres écoles désignent certaines toilettes comme « neutres » sur le plan du genre et les déclarent accessibles à tous les élèves. Il n’en demeure pas moins qu’on n’a pas encore déterminé légalement quelles toilettes doivent être accessibles à un élève en transition pour respecter la loi sur les droits de la personne. Dans le cas d’adultes transsexuels au stade préopératoire de la transition vivant en Colombie-Britannique, le Tribunal des droits de la personne de cette province a décrété qu’à la fois la Harry Benjamin International Gender Dysphoria Association, Inc., et la profession médicale de la Colombie-Britannique exigent qu’avant de subir une chirurgie pour changement de sexe, une personne transsexuelle vive comme une personne du sexe désiré pendant une certaine période. Durant cette phase de transition, la personne est considérée comme appartenant au sexe désiré plutôt qu’au sexe physique qui lui a été attribué à la naissance. Le fait de vivre en adoptant le rôle du sexe désiré suppose notamment d’utiliser les toilettes réservées aux personnes de ce sexe. La décision énonce de plus que « les intimés ont déclaré qu’ils ont reçu des plaintes de la part d’utilisatrices concernant le fait que des hommes utilisaient les toilettes pour femmes. Cependant, la préférence des utilisatrices des toilettes ne constitue pas une défense à une plainte pour discrimination »* (p. 21-22). Pour plus de détails, voir Sheridan v. Sanctuary Investments Ltd. doing business as “B.J.’s Lounge” accessible à : http://www.bchrt.bc.ca/decisions/1999/pdf/sheridan_vs_sanctuary_investments_ltd_dba_ b.j.%27s_lounge_jan_8_99.pdf. De même, comme l’indique Sheila Cavanagh, Ph. D., (2010), « les gardes de sécurité et les utilisateurs des toilettes en général estiment souvent être en droit de surveiller l’utilisation des toilettes en fonction du sexe des personnes malgré l’absence de lois régissant le genre des personnes utilisant les toilettes dans de nombreux États américains ainsi qu’au Canada. Par exemple, en Ontario, où la vaste majorité des personnes interrogées au cours de l’étude habitent, les gens jouissent d’une protection en vertu du Code des droits de la personne de l’Ontario. Il est illégal de pratiquer la discrimination ou le harcèlement à l’endroit des personnes trans en leur refusant l’accès à des installations publiques, y compris à des toilettes xvii Wikipédia présente une liste de plusieurs centaines de personnes transgenres bien connues. Cette liste indique leur nationalité et leur profession ainsi qu’une brève notice biographique (voir : http://en.wikipedia. org/wiki/List_of_transgender_people). À noter également, un site donnant le profil de personnes transgenres ordinaires dans le cadre d’une enquête-reportage intitulée Breaking Boundaries (voir : http:// www.tnr.com/gallery/transgender). xviii Pour en savoir plus sur le parcours de Chaz tout au long de sa transition, voir l’excellent article paru le 6 mai 2011 dans The New York Times et intitulé « The Reluctant Transgender Role Model » : [http://www. nytimes.com/2011/05/08/fashion/08CHAZ.html?_r=2&pagewanted=1]. Cet exemple de principe directeur est une adaptation des principes directeurs établis par Lambda Legal et la National Youth Advocacy Coalition (2009), le conseil scolaire du district de Toronto, le conseil scolaire de Vancouver et le conseil des écoles publiques d’Edmonton. xix L’ensemble des élèves doivent constater clairement que tout acte d’intimidation transphobique ou comportement préjudiciable fera immédiatement l’objet de conséquences. 57 NOTES EN FIN DE TEXTE et aux vestiaires publics, en fonction du genre »* (p. 79). Pour en savoir plus, voir le projet de recherche de Mme Cavanagh intitulé Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Students and Bullying in High School Bathrooms [http://www.yorku.ca/yfile/archive/index.asp?Article=11087], qui suggère que « les élèves qui se définissent comme des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres (LGBT) se construisent une communauté dans un lieu insolite : les toilettes des écoles secondaires. […] Les chercheurs ont déterminé que les toilettes publiques constituaient un lieu où certains crimes haineux étaient perpétrés contre des minorités de genre, sexuelles et raciales. Les toilettes des écoles secondaires peuvent être des endroits particulièrement dangereux, où sont commis des actes d’intimidation et d’agression sexuelle. »* Mme Cavanagh est d’avis que les toilettes sont des lieux où les élèves LGBT se créent une communauté qui existe loin du regard des autorités. Elle indique que ce sont « des lieux où les élèves gèrent la question de l’identification de genre et du désir sexuel de façons qui ne sont pas toujours reconnues et validées par le personnel enseignant et administratif ni par le matériel pédagogique. »* Pour consulter plus de recherches sur la théorie du genre et l’espace, le lieu et l’usage des toilettes publiques, voir Toilet: Public Restrooms and the Politics of Sharing (2010), édité par Harvey Molotch et Laura Noren. 58 SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE Une classe et un milieu scolaire inclusifs supposent que tous les élèves se sentent en sécurité, accueillis et appuyés. La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants désire remercier le Comité consultatif de la diversité et des droits de la personne de la FCE de 2010-2011 pour sa contribution à la préparation de la présente publication. Chris Karuhanga Vice-président de la FCE et président du Comité Brian Benoit Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec Dean Ingram Newfoundland and Labrador Teachers’ Association Shelley Morse Nova Scotia Teachers’ Union Wybo Ottenbreit-Born Fédération des enseignantes et des enseignants de la Saskatchewan Hilda Watkins Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario Barbara MacDonald Moore Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants COPYRIGHT © 2011 L’auteur, les auteures et la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants. Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Toute reproduction en tout ou en partie sans le consentement préalable par écrit des auteurs et/ou de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants est interdite. 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