SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS

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SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS
DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
Guide à l’intention des éducatrices et éducateurs
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants
Canadian Teachers’ Federation
Ce guide a été rédigé par Kristopher Wells, Gayle Roberts et Carol Allan.
Kristopher Wells, Ph. D., est un chercheur de niveau postdoctoral à l’Institute for
Sexual Minority Studies and Services de la Faculté d’éducation de la University
of Alberta. Ses travaux de recherche, d’enseignement et autres services portent
essentiellement sur la création d’écoles et de collectivités sures, bienveillantes et
inclusives pour les élèves, les membres du corps enseignant et les familles appartenant
à des minorités sexuelles et de genre. M. Wells occupe actuellement le poste de
directeur de la critique des livres pour le compte du Journal of LGBT Youth. Il est
également cofondateur du Camp fYrefly, le plus gros camp de leadership au Canada
pour les jeunes appartenant à des minorités sexuelles et de genre. M. Wells remplit
fréquemment des fonctions de consultant pour le gouvernement de l’Alberta, la
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, l’Agence de la santé
publique du Canada, l’UNESCO et l’Organisation mondiale de la Santé.
Gayle Roberts a étudié à la University of Victoria où elle a obtenu des diplômes de
baccalauréat et de maitrise en sciences. En 1969, elle a commencé une carrière en
enseignement à Vancouver en tant qu’homme enseignant les sciences au secondaire.
Durant l’année scolaire 1995-1996, Mme Roberts a entrepris une transition pour passer
du sexe masculin au sexe féminin et est ensuite retournée à son « ancienne » école
pour reprendre son poste, cette fois à titre d’enseignante de sciences et de chef
de groupe, jusqu’à ce qu’elle prenne sa retraite en juin 2002. Depuis sa transition,
Mme Roberts a travaillé très activement au sein de diverses communautés « trans ».
Elle est actuellement présidente du groupe consultatif de Vancouver Coastal Health
sur le programme de santé pour les personnes transgenres et coprésidente du comité
de parrainage de l’Association canadienne des professionnels en santé des personnes
transsexuelles (CPATH).
Carol Allan est étudiante au doctorat à l’Institute for Sexual Minority Studies and
Services de la Faculté d’éducation de la University of Alberta. Mme Allan est une
enseignante à la retraite qui a travaillé pendant 31 ans dans diverses écoles de
l’élémentaire et du premier cycle du secondaire à Edmonton. Elle a enseigné pendant
12 ans en tant qu’homme avant d’effectuer une transition pour devenir une femme au
cours de l’été 1988. Au terme de la procédure judiciaire entre les avocats du district
scolaire et ceux représentant Mme Allan qui a eu lieu cet été-là, il a été convenu qu’elle
pouvait enseigner en tant que femme, ce qu’elle a fait pendant 19 autres années avant
de prendre sa retraite. Mme Allan a été fort probablement la première personne
membre du personnel enseignant à s’afficher ouvertement comme transgenre et à
réaliser un changement de sexe au cours de ses années d’enseignement dans le district
scolaire.
Notice bibliographique suggérée pour toute citation du présent ouvrage :
WELLS, K., G. ROBERTS et C. ALLAN. Soutien aux élèves transgenres et transsexuels dans
les écoles de la maternelle à la 12e année : guide à l’intention des éducatrices et éducateurs,
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, Ottawa (Ontario), 2011.
AU SUJET DE
Soutien aux élèves transgenres et transsexuels dans
les écoles de la maternelle à la 12e année
III
Dianne Roulson, Ph. D.
Gestionnaire de la diversité, soutien à l’apprentissage
Conseil scolaire de Calgary
Le présent guide terre-à-terre aide à comprendre les enfants transgenres et transsexuels et leur développement. Même s’il
met l’accent sur les écoles, le guide a une portée remarquablement vaste puisqu’il s’adresse aussi bien aux familles qu’au corps
enseignant ou aux membres de l’administration scolaire. Mais, ce qui est plus important, ce guide est pratique : contrairement
aux autres publications que je connais, il nous présente des stratégies au quotidien propres à créer des familles, des écoles et
des collectivités qui comprennent, soutiennent et valorisent les enfants transgenres. Sans nul doute, ce guide sera un important
outil pour les éducatrices et éducateurs ainsi que pour les familles.
Stephen T. Russell, Ph. D.
Professeur distingué, chaire fondée Fitch Nesbitt
Directeur, Frances McClelland Institute for Children, Youth, and Families, University of Arizona
Le guide Soutien aux élèves transgenres et transsexuels dans les écoles de la maternelle à 12e année est un outil intelligent et
efficace qui démythifie la variance de genre et donne les moyens au personnel enseignant de créer des milieux d’apprentissage
surs, aidants et inclusifs. Concis et facile à comprendre, le guide couvre une large gamme de facteurs dont doivent tenir compte
les enseignantes et enseignants, les membres de l’administration et les parents. Lorsque des élèves optent pour une transition,
ils entreprennent un parcours à haute visibilité malgré son caractère profondément personnel. Toute personne qui assiste à une
transformation d’un élève est touchée et n’oubliera jamais l’élève qui lui a ouvert les yeux. Pour tout membre de la profession
enseignante, le guide représente une occasion extraordinaire d’encourager le respect, l’acceptation et la compréhension
en prêchant soi-même par l’exemple! Une lecture obligatoire pour les administrations scolaires et les parents de jeunes
transidentifiés.
Cherie MacLeod
Directrice générale
PFLAG Canada
Le présent guide donne une information dont les éducatrices et éducateurs du système scolaire de la maternelle à la 12e année
ont vraiment besoin. Il n’est pas exagéré d’affirmer que le contenu de ce guide a le potentiel de sauver des vies. Chaque école
de la maternelle à la 12e année devrait en rendre la lecture obligatoire pour tous les membres du personnel administratif et
enseignant ainsi que pour le personnel de soutien. Je recommande également que cet outil soit accessible aux parents. En effet,
les parents de jeunes trans et en questionnement trouveront un grand réconfort à savoir que nos écoles prennent réellement
soin de tous les enfants qui leur sont confiés.
Aaron H. Devor, Ph. D.
Membre de la Society for the Scientific Study of Sexuality, Professeur
Département de sociologie, University of Victoria
Le guide Soutien aux élèves transgenres et transsexuels dans les écoles de la maternelle à 12e année est un outil immensément
utile pour comprendre et combler les besoins des jeunes dont le genre est non conforme aux normes établies. Grâce à un
meilleur accès à l’information et à du soutien, un nombre croissant d’élèves s’affirment en tant que personnes transgenres ou
transsexuelles dans les écoles élémentaires et secondaires de premier et de deuxième cycles. Or, jusqu’à présent, il n’existait
aucune publication qui pouvait aider les parents, le personnel enseignant et l’administration scolaire au cours du processus de
changement de sexe d’un ou d’une élève. Le guide répond à cet important besoin avec habileté et perspicacité et devrait se
retrouver dans le bureau de l’administration de chaque école de la maternelle à la 12e année.
Genny Beemyn, Ph. D.
Direction du Stonewall Center, University of Massachusetts
AU SUJET DE
Cette publication de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants traite de manière pertinente de ce que
l’auteur et les auteures décrivent comme un « phénomène relativement nouveau dans les écoles », peu ou à peine connu. Des
élèves, des parents, des familles, des professionnelles et professionnels de la santé et des fournisseurs de soins rendent visibles
les expériences des élèves transgenres et transsexuels. La recherche actuelle met en lumière le fait que cette population est
particulièrement vulnérable et a besoin d’une intervention collective, réfléchie et opportune. Le présent guide est un outil
complet, réfléchi et pratique pour toutes les personnes qui veulent apprendre comment faire, sur le plan individuel et collectif,
pour appuyer chaque élève, chaque jour, sans exception.
IV
On attendait un tel guide depuis longtemps. Bien qu’il y ait eu des progrès à l’égard de l’acceptation des personnes transgenres et
transsexuelles dans notre société, il reste un long chemin à parcourir et beaucoup de travail à faire. Ce sont les enfants de genre
variant qui subissent le plus les effets de la stigmatisation et des préjugés. L’enfance et l’adolescence constituent des périodes
critiques du développement de la personne et sont souvent des moments où l’on préfère se conformer au groupe plutôt que
d’afficher ses différences. Il est bien connu que le taux de suicides et le taux de tentatives de suicide sont plus élevés chez les
jeunes des communautés gaies, lesbiennes et transgenres que chez les autres jeunes. Un changement d’attitude dans les écoles
est requis, et un document comme celui-ci aura une influence positive et pourrait même sauver des vies. J’ai l’intention d’offrir
des exemplaires de ce guide aux parents et aux directrices et directeurs des écoles que fréquentent les enfants et les jeunes que
je côtoie dans ma pratique professionnelle. Je souhaiterais que le guide soit accessible à toutes les écoles (privées, publiques et
séparées) et devienne une lecture obligatoire pour tout le personnel des écoles.
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
Dr Lorne Warneke, M.D., FRCPC, Psych.
Professeur clinicien de psychiatrie, University of Alberta
Psychiatre auprès des personnes transgenres, province de l’Alberta
À titre de psychologue et de thérapeute familiale travaillant étroitement avec les écoles dans la mise en œuvre de mesures
propres à contrer le sexisme, l’homophobie et la transphobie, j’estime que le guide Soutien aux élèves transgenres et transsexuels
dans les écoles de la maternelle à la 12e année devrait être lu par tous les membres de l’administration scolaire et du corps
enseignant! En effet, de plus en plus d’écoles doivent aujourd’hui surmonter les défis que pose l’intégration d’élèves explorant
différentes expressions de genre ou passant par un processus de transition. Ce guide très documenté et à jour est un outil
inestimable pour les parents, les personnes qui travaillent auprès des jeunes ou les écoles qui souhaitent créer un milieu sûr,
accueillant et inclusif pour tous les jeunes.
Françoise Susset, M.A.
Psychologue et thérapeute conjugale et familiale
Présidente du Conseil d’administration de l’Association canadienne des professionnels en santé des personnes transsexuelles
On doit féliciter la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants d’avoir élaboré cet important outil qui arrive à
point nommé. Les deux auteures et l’auteur ont réussi avec brio à faire une synthèse et une analyse éclairées des nouveautés dans
la documentation, la recherche et les ressources sur ce sujet, en plus de présenter les perspectives des individus qui possèdent
une expérience réelle de la transsexualité. Les administrations scolaires, le personnel enseignant et les parents trouveront dans
le présent guide des façons d’apporter un soutien accru aux enfants et aux jeunes appartenant à des minorités sexuelles et de
genre, et plus particulièrement aux personnes transgenres et transsexuelles. Grâce à cette nouvelle publication, nous faisons
un pas de plus vers la création de milieux scolaires surs, épanouissants et enrichissants pour tous les élèves. Nous comprenons
mieux la nécessité de modifier les politiques scolaires, les pédagogies et les pratiques afin de nous adapter aux différences.
Le présent guide deviendra une lecture obligatoire du cours que je donne intitulé « Schooling and Sexual and Gender Identities »
(l’école et les identités sexuelles et de genre) à la Faculté d’éducation de la University of Regina.
James McNinch, Ph. D.
Professeur et doyen
Faculté d’éducation, University of Regina
La variance de genre et la non-conformité de genre ne sont pas des phénomènes récents dans les écoles. On constate toutefois
que les éducatrices et éducateurs de la maternelle à la 12e année connaissent aujourd’hui mieux cette population d’élèves, et
y sont parfois même plus sensibles, et qu’un nombre croissant de parents encouragent pleinement leur enfant à effectuer sa
transition alors qu’il fréquente l’école. Le guide Soutien aux élèves transgenres et transsexuels dans les écoles de la maternelle
à la 12e année présente les données, les ressources et les récits personnels qui aideront les professionnelles et professionnels
de l’éducation à offrir le soutien et les conseils experts tant nécessaires. Les stratégies proposées pour la création de classes
inclusives, les plans favorisant la transition des élèves à l’école et les suggestions visant à appuyer les parents et les tuteurs ou
tutrices d’enfants en transition font de cette publication une lecture essentielle pour tous les membres du personnel scolaire,
les administrations et les membres des conseils et commissions scolaires.
James T. Sears, Ph. D.
Rédacteur en chef, Journal of LGBT Youth
REMERCIEMENTS
V
Nous voulons aussi adresser nos remerciements spéciaux aux nombreux éducateurs et éducatrices, recherchistes
et spécialistes des questions de genre qui ont révisé notre travail et l’ont approuvé et soutenu avec beaucoup
de générosité. Étant donné l’incroyable générosité avec laquelle ces personnes ont donné de leur temps et mis à
l’œuvre leur compétence, l’auteur et les auteures assument l’entière responsabilité de toute erreur ou omission
relevée dans ce guide.
Pour terminer, nous souhaitons remercier les nombreuses personnes transgenres et transsexuelles — éducateurs,
éducatrices, élèves, collègues, amies et amis — qui ont contribué à cet ouvrage et à l’enrichissement de nos écoles
et de nos vies. Votre force de caractère, votre résilience et votre courage ont été une inspiration pour nous, nous
incitant à raconter vos histoires et à élaborer les stratégies contenues dans ce guide. Nous espérons que le partage de
notre sagesse collective permettra aux écoles de devenir des lieux où la compassion et la compréhension règneront
et où tous les élèves, les membres de la profession enseignante et les familles trouveront le soutien tant mérité.
Kristopher Wells, Ph. D.
Gayle Roberts, M.Sc.
Carol Allan, étudiante au doctorat
REMERCIEMENTS
Les auteures et l’auteur désirent remercier le Comité consultatif de la diversité et des droits de la personne de la
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, la Society for Safe and Caring Schools and Communities
(SACSC) et l’Alberta Teachers’ Association (ATA) pour leurs commentaires judicieux sur les différentes ébauches du
présent guide. Nous sommes également immensément reconnaissants à la SACSC et à l’ATA de l’aide apportée en ce
qui a trait au processus d’évaluation par les pairs, qui comprenait une rétroaction critique de la part de membres du
personnel enseignant de la maternelle à la 12e année, de conseillères et conseillers en orientation, d’administrations
scolaires, de services de soutien aux élèves et de surintendants et surintendantes.
VI
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS
DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
Guide à l’intention des éducatrices et éducateurs
VII
TABLE DES MATIÈRES
Définitions et termes courants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Devenir Émilie — Récit d’une personne trans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Comprendre l’identité de genre : information médicale et scientifique de base . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Six idées fausses répandues à démythifier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Élèves transgenres et transsexuels à risque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Soutien aux élèves transgenres et transsexuels ainsi qu’à leurs parents ou leurs tutrices ou tuteurs . . . . 21
Stratégies visant la transition réussie d’un enfant transsexuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Élaboration d’un plan de transition à l’école : le rôle et les responsabilités de l’école . . . . . . . . . . . . . 27
Que peut-on faire pour créer une classe inclusive? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Que peut faire l’école? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Aide-mémoire pour la création d’un milieu scolaire favorable aux élèves transgenres et transsexuels . . . 37
Principe directeur de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants sur
l’orientation sexuelle et l’identité de genre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Exemple de politique sur l’identité de genre et l’expression de genre dans un
conseil ou une commission scolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Ressources pour complément d’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Notes en fin de texte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
VIII
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
La Charte canadienne des droits et libertés
exige que toutes les écoles financées par les
fonds publics fournissent un milieu éducatif
non discriminatoire. Cette responsabilité
légale suppose qu’elles doivent offrir
des programmes et des services éducatifs
non discriminatoires à tous les élèves
transgenres ou transsexuels ainsi
qu’aux élèves dont le genre est non
conforme aux normes établies.
AVANT-PROPOS
1
De plus en plus, notre société pluraliste reconnait qu’une éducation de qualité nécessite plus que de la simple
tolérance. Pour aller au-delà de la tolérance, ou pour faire plus que « supporter la différence », on doit engager sa
responsabilité éthique, morale et professionnelle afin de s’ouvrir à la diversité et aux différences et d’apprendre
d’elles. On doit considérer cela comme une occasion cruciale de s’améliorer soi-même et d’améliorer la société.
Ce profond engagement se doit d’inclure un dialogue soutenu dans les écoles sur des questions liées à la sexualité
humaine, à l’égalité entre les sexes et à l’absence de discrimination fondée sur l’orientation sexuelle, l’identité de
genre et l’expression de genre. La dure réalité, c’est qu’il reste beaucoup de travail à faire si l’on veut aller au-delà
d’une notion superficielle de la tolérance et imaginer le jour où les écoles seront dotées d’une culture véritablement
fondée sur le respect et la dignité, qui non seulement appuie mais aussi affirme et célèbre la gamme complète de
la diversité et du potentiel humains.
La présente publication de la FCE est la cinquième d’une série éducative à l’intention du personnel enseignant, des
administrations scolaires et des conseillères et conseillers en orientation qui cherchent de l’information et des avis
sur ces questions complexes qui revêtent une importance toujours croissante. Ce guide a comme objectif d’accroitre
les connaissances, la compréhension et la sensibilité des professionnelles et professionnels à l’égard des élèves
transgenres et transsexuels qui, selon la recherche, risquent le plus de souffrir d’intimidation, de discrimination et
de violence dans nos écoles. Les auteures et l’auteur ont rédigé cette publication avec beaucoup de compétence
et de compassion, reconnaissant à quel point les milieux éducatifs inclusifs peuvent jouer un rôle important et
déterminant dans le développement de la résilience personnelle des élèves transgenres et transsexuels ainsi que
de leurs familles. Ce guide constitue un outil innovateur, à la fine pointe et opportun pour toutes les personnes
qui comprennent que l’éducation est un moyen fondamental d’améliorer la qualité de vie et le potentiel de tous
les élèves franchissant les portes de nos écoles. Aucun enfant ne devrait craindre d’aller à l’école. L’auteur et les
auteures nous poussent à remettre en question nos pratiques établies et à ouvrir nos cœurs et nos esprits afin
qu’une éducation véritablement inclusive devienne un exercice quotidien de liberté, d’épanouissement et d’espoir
dans toutes les classes et les écoles du pays.
Paul Taillefer
Président
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants
AVANT-PROPOS
La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants continue de reconnaitre à tous les élèves, les
membres du personnel enseignant et les parents le droit de disposer d’un milieu scolaire sûr, inclusif et accueillant.
L’ambiance d’apprentissage qui règne dans une école dépend de toute une gamme d’interactions sociales qui se
jouent au sein d’une communauté diversifiée de potentiel humain, de croissance individuelle et d’attachement
profond à une citoyenneté engagée.
2
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
La variance de genre existe chez les
personnes de tout âge (enfants, jeunes,
adultes) selon un continuum allant d’une
variance nulle, où l’identité de genre et le
sexe biologique (attribué à la naissance)
concordent, à une variance élevée, où les
personnes vivent une douleur affective
ou une dysphorie de genre extrême en
raison de la non-concordance entre le
sexe biologique et l’identité de genre.
DÉFINITIONS ET
TERMES COURANTS
3
AFFIRMATION DE L’IDENTITÉ
Processus par lequel une personne trans révèle sa variance de genre ou son orientation sexuelle.
ALLIÉ, ALLIÉE
Personne, peu importe son orientation sexuelle ou son identité de genre, qui appuie et défend les droits de la
personne et les droits civils des personnes appartenant aux minorités sexuelles et de genre.
ALLOSEXUEL, ALLOSEXUELLE, ALTERSEXUEL, ALTERSEXUELLE
Le mot anglais « queer » désignait traditionnellement l’homosexualité de façon péjorative. Plus récemment, les
communautés LGBTA ont récupéré ce mot anglais et l’utilisent de façon positive pour s’identifier. Une personne
allosexuelle peut aussi être un individu dont la sexualité ou l’identité de genre ne se situe pas dans les limites
hétéronormatives.
Terme général servant à désigner les identités de genre autres que celles d’homme ou de femme. Nombre de
jeunes préfèrent la fluidité du terme « allosexuel » ou « altersexuel » et rejettent l’étiquette « transgenre »
ou « transsexuel », jugeant ces deux derniers termes trop limitatifs. Les personnes allosexuelles ou altersexuelles
peuvent, par exemple, considérer qu’elles possèdent les identités des genres féminin et masculin, ou qu’elles n’ont
ni l’une ni l’autre, ou encore qu’elles possèdent de nombreuses autres identités de genre qui ne se restreignent pas
au modèle binaire traditionnel des genres.
ASEXUEL, ASEXUELLE
Personne dont l’intérêt pour les autres ne comprend pas de sexualité.
BISEXUEL, BISEXUELLE
Personne qui éprouve une attirance physique, sexuelle et affective pour des personnes du même sexe et du sexe
opposé.
BISPIRITUEL, BISPIRITUELLE
Certaines personnes autochtones, femmes ou hommes, s’identifient comme des personnes bispirituelles plutôt que
lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres ou transsexuelles. Dans plusieurs traditions autochtones, les personnes
bispirituelles étaient des chefs et des guérisseurs respectés et se voyaient souvent accorder un statut spécial en
fonction de leur capacité unique de comprendre les perspectives à la fois masculines et féminines.
CHIRURGIE DE RÉASSIGNATION SEXUELLE
Expression parfois utilisée pour désigner une « chirurgie pour changement de sexe ».
CHIRURGIE POUR CHANGEMENT DE SEXE
Chirurgie aussi connue sous les noms de chirurgie de réassignation sexuelle (CRS), changement chirurgical de sexe,
intervention pour changement de sexe, chirurgie de reconstruction génitale, chirurgie d’affirmation sexuelle.
CISGENRE
Personne qui n’est pas transsexuelle et dont l’identité de genre, l’expression de genre et le sexe à la naissance
concordent avec les attentes traditionnelles à l’égard d’un homme et d’une femme.
DÉFINITIONS ET TERMES COURANTS
AEGH
Alliance d’élèves gais et hétérosexuels que l’on trouve dans certaines écoles secondaires de premier et de deuxième
cycles d’Amérique du Nord. Les élèves de genre variant devraient se sentir accueillis au sein de l’AEGH de leur école.
CROSS-DRESSER
Voir « travesti, travestie ».
DYSPHORIE DE GENRE
Malaise affectif qu’une personne ressent en raison de conflits intérieurs induits par l’incongruité entre son sexe à
la naissance et son identité de genre (sens ou sentiment d’une personne d’appartenir au sexe masculin ou féminin).
4
EN QUESTIONNEMENT
Personne incertaine de son identité de genre ou de son orientation sexuelle.
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EXPRESSION DE GENRE
Manière d’exprimer son identité de genre à autrui. L’expression de genre d’une personne repose souvent sur le
modèle binaire des genres qui n’admet, de façon stéréotypée, que deux sexes, le sexe masculin et le sexe féminin.
Or, certains individus choisissent de s’exprimer en fonction d’un modèle multiple de genres et mélangent les
expressions masculine et féminine, ces individus ne se voyant pas comme étant, de façon stéréotypée, soit masculins
ou féminins, mais possiblement une combinaison des deux ou encore aucun des deux. Certaines personnes sont
parfois l’objet de réactions agressives ou violentes de la part de membres de la société qui estiment qu’une femme
agit de façon trop masculine ou qu’un homme agit de façon trop féminine. Les cas d’intimidation homophobique et
transphobique reposent souvent sur le maintien des stéréotypes rigides des rôles assignés aux deux sexes, plutôt
que sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre réelle de la personne.
FEMME TRANS OU FILLE TRANS
Personne qui a entrepris ou qui a terminé une transition pour passer du sexe masculin au sexe féminin (hommevers-femme).
FEMME-VERS-HOMME
Personne en cours de transition ou qui a fait une transition pour passer de femme à homme.
HÉTÉROSEXISME
Hypothèse que tout le monde est hétérosexuel et que cette orientation sexuelle est supérieure aux autres.
L’hétérosexisme s’exprime souvent sous des formes plus subtiles que l’homophobie ou la transphobie, comme
permettre aux élèves de n’amener que des partenaires de sexe opposé aux danses ou aux activités scolaires.
HÉTÉROSEXUEL, HÉTÉROSEXUELLE
Personne qui éprouve une attirance physique, sexuelle et affective pour des personnes du sexe opposé.
HOMME TRANS OU GARÇON TRANS
Personne qui a entrepris ou qui a terminé une transition pour passer du sexe féminin au sexe masculin (femmevers-homme).
HOMME-VERS-FEMME
Personne en cours de transition ou qui a fait une transition pour passer d’homme à femme.
HOMOPHOBIE
Peur ou haine de l’homosexualité, qui se manifeste dans bien des cas par des préjugés, de la discrimination,
de l’intimidation ou des actes de violence.
HOMOSEXUEL, HOMOSEXUELLE
Personne qui éprouve une attirance physique, sexuelle ou affective pour des personnes du même sexe.
Communément appelée « gai » ou « lesbienne ».
IDENTITÉ DE GENRE
Sens ou sentiment intérieur qu’a une personne d’appartenir au sexe masculin ou féminin. L’identité de genre a trait
à la façon dont la personne se voit elle-même, tandis que l’expression de genre réfère à la façon de présenter son
identité de genre à la société en général, habituellement selon un modèle binaire stéréotypé. L’identité de genre
et l’expression de genre sont souvent étroitement liées aux termes « transgenre » ou « transidentifé ». Bien que
l’orientation sexuelle et l’identité de genre soient des catégories distinctes, « de nombreuses personnes transgenres
recherchent le soutien et l’acceptation des communautés gaie et lesbienne au sein desquelles les normes de genre
sont souvent plus inclusives »* (Ryan et Futterman, 1998, p. 48).
INTERSEXUEL, INTERSEXUELLE
Terme général employé pour désigner les personnes qui naissent avec une anatomie reproductive ou sexuelle
qui ne semble pas coïncider avec les définitions stéréotypées de femme ou d’homme. Traditionnellement, la
communauté médicale désignait les personnes intersexuelles comme des hermaphrodites et leur assignait souvent
un sexe au moyen d’opérations chirurgicales dès la petite enfance. Les perspectives contemporaines ont toutefois
remis en question la pratique arbitraire de chirurgie d’assignation sexuelle comme forme de mutilation identitaire
ou génitale obligatoire. Certaines personnes ont tenté récemment de faire supprimer le terme « intersexuel » du
jargon médical et de le faire remplacer par « troubles du développement sexuel » afin d’éviter la confusion entre
l’anatomie et l’identité de genre. D’autres ont suggéré que ce terme soit changé pour « variation du développement
sexuel » afin d’éviter la pathologisation de cet état. Ces décisions et suggestions sont toutefois controversées et
ne sont pas acceptées par toutes les personnes intersexuelles ou par tous les membres des professions médicales.
MINORITÉ SEXUELLE
Catégorie générale qui englobe les personnes lesbiennes, gaies et bisexuelles.
ORIENTATION SEXUELLE
Attirance, comportement, intimité et identification d’une personne à l’égard des personnes du même sexe ou
du sexe opposé. Ces pensées et comportements profondément ancrés sur le plan personnel, social et affectif
orientent la vie intime des personnes avec les autres. Les relations ainsi créées peuvent être gaies, lesbiennes,
bisexuelles ou hétérosexuelles, ou si une personne n’est pas encline à avoir des relations sexuelles avec une autre
personne, elles peuvent être asexuelles. L’orientation sexuelle d’un individu peut être connue au cours de son
enfance ou de son adolescence, ou il peut se passer plusieurs années à l’âge adulte avant que l’individu accepte
son orientation sexuelle.
PANGENRE
Personne qui considère qu’elle n’appartient ni au sexe masculin ni au sexe féminin, mais plutôt à une combinaison
des deux ou à un troisième genre. Les termes « allosexuel » ou « altersexuel » sont des termes similaires.
RESTER DANS LE PLACARD
Cacher son identité de genre ou son orientation sexuelle aux autres personnes à son lieu de travail, à l’école et à la
maison ainsi qu’à ses amies et amis.
RÔLES SEXUELS
Ensemble de comportements qu’une personne choisit ou que l’on attend d’elle en tant qu’homme ou femme. Ces
comportements sont ceux que la société occidentale désigne le plus souvent comme « masculins » ou « féminins ».
Les rôles sexuels peuvent varier selon les époques et les cultures. Par exemple, de nombreuses communautés
autochtones possèdent des traditions riches où se côtoient diverses manifestations des genres.
SEXE À LA NAISSANCE
Sexe assigné à une personne à sa naissance, qui correspond souvent à son sexe biologique.
TRANSGENRE, TRANSIDENTIFIÉ, TRANSIDENTIFIÉE OU TRANS
Termes qui renvoient à une personne dont l’identité de genre, l’apparence extérieure ou l’expression de genre ne
concordent pas avec les attentes traditionnelles à l’égard du sexe masculin ou féminin. Ces termes sont également
utilisés de façon générale pour désigner toute personne dont le genre est variant. Les personnes transgenres
s’identifient normalement à un genre qui diffère de celui qui leur a été attribué à la naissance. Dans le présent
guide, nous utilisons le terme « transgenre » au sens large de manière à englober tout un éventail d’identités et
d’expressions de genre.
TRANSITION
Processus par lequel une personne change le sexe qui lui a été attribué à la naissance pour le sexe opposé. Dans
de nombreux cas, ce processus débute par une hormonothérapie et se poursuit souvent par une chirurgie pour
changement de sexe.
DÉFINITIONS ET TERMES COURANTS
LGBTA
Sigle couramment utilisé pour désigner les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, transsexuelles,
bispirituelles, allosexuelles et en questionnement. « Minorités sexuelles et de genre » est une expression générale
souvent employée pour désigner ces identités.
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TRANSSEXUEL, TRANSSEXUELLE
Personne dont l’identité de genre ne concorde pas avec le sexe qui lui a été attribué à la naissance. De nombreuses
personnes transsexuelles ressentent un malaise dû à la disparité entre leur corps physique et le sentiment
qu’elles ont d’elles-mêmes (dysphorie de genre) et, par conséquent, entreprennent souvent une transition à l’aide
d’une hormonothérapie et parfois d’une chirurgie afin de mieux faire correspondre leur corps à leur identité de
genre. Toutes les personnes transsexuelles sont transgenres, mais les personnes transgenres ne sont pas toutes
nécessairement transsexuelles.
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SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
TRAVELO
Terme argotique correspondant au terme anglais « tranny » qui est parfois utilisé comme expression désobligeante
par les personnes qui ne sont pas transsexuelles pour désigner les personnes transsexuelles. Certains individus
transsexuels utilisent le terme « tranny » lorsqu’ils parlent d’eux-mêmes entre eux. Il est alors souvent interprété
comme une expression positive.
TRAVESTI, TRAVESTIE
Personne qui aime s’habiller comme le font les personnes du sexe opposé. La plupart des personnes travesties ne
s’identifient pas comme des personnes transsexuelles et ne veulent pas avoir recours à un traitement hormonal ni
à une chirurgie pour changer de sexe. Le travestissement est également pratiqué dans les cultures gaie et lesbienne
où des hommes s’habillent et prennent le rôle de femmes travelos (« drag queens ») et des femmes s’habillent et
prennent le rôle d’hommes travelos (« drag kings ») dans un but délibéré d’exagérer ou de parodier les stéréotypes
de genre.
VARIANCE OU NON-CONFORMITÉ DE GENRE
Fait d’afficher un comportement qui diffère du comportement stéréotypé que l’on attend d’une personne selon
son genre. Ces expressions désignent également une catégorie générale englobant les identités transgenres,
transidentifiées et transsexuelles.
Les recherches suggèrent que l’identité de
genre est établie dès l’âge de trois ans.
INTRODUCTION
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Apercevoir l’arc-en-ciel : Les enseignantes et enseignants réfléchissent sur les questions relatives
à la bisexualité, à la bispiritualité, à l’homosexualité et au transgendérisme, 2003;
Leçons apprises : Un recueil d’histoires et d’articles sur des questions bisexuelles, gaies, lesbiennes
et transgénéristes, 2005;
Guide des alliances d’élèves gais et hétérosexuels : Une ressource exhaustive pour le personnel enseignant,
les gestionnaires et les conseillers et conseillères scolaires du Canada, de la maternelle à la 12e année, 2006;
Contester le silence, contester la censure : Ressources, stratégies et directives en orientation intégratrices
pour aborder les réalités BBGLT dans les bibliothèques scolaires et publiques, 2007;
Soutien aux élèves transgenres et transsexuels dans les écoles de la maternelle à la 12e année :
guide à l’intention des éducatrices et éducateurs, 2012.
De plus en plus, les lois provinciales sur les droits de la personne, les codes de déontologie et les politiques scolaires
partout au Canada interprètent ou incluent expressément l’identité de genre comme un motif de discrimination
illicite. Le présent guide a été rédigé à l’intention des éducatrices et éducateurs (personnel enseignant, directions
d’école, conseillères et conseillers en orientation, personnel de soutien aux élèves et personnel dans les districts
scolaires) afin de les aider à acquitter leur obligation légale, éthique et professionnelle de créer des milieux scolaires
surs, équitables et inclusifs pour tous les élèves sans égard aux différences individuelles réelles ou perçues. Aussi
le guide a-t-il été conçu dans le but d’aider les éducatrices et éducateurs à obtenir une information fondée sur des
faits, à réfléchir sur les tendances et les questions émergentes, à adopter des stratégies d’enseignement inclusives
et à élaborer des politiques et procédures qui viennent en aide aux élèves transgenres et transsexuels ainsi qu’à
leurs familles de sorte que ces personnes se sentent respectées, accueillies et incluses dans toutes les sphères de
leurs communautés scolaires.
Les stratégies recommandées et les protocoles suggérés dans le guide se fondent sur des preuves scientifiques,
l’examen de recherches contemporaines et les expériences personnelles de l’auteur et des auteures qui ont
travaillé et fait leur transition dans des écoles de la maternelle à la 12e année. Les recommandations et les stratégies
présentées ne doivent pas être interprétées comme étant un ensemble rigide de lignes directrices ou d’attentes. Les
protocoles et les recommandations devraient toujours être adaptés dans l’intérêt véritable des élèves transgenres
ou transsexuels et ajustés en fonction des nouveaux enjeux et des contextes changeants. Les stratégies doivent
également être adaptées, dans la mesure du possible, au développement physique, affectif, mental et psychologique
des élèves et en fonction des contextes communautaires, culturels et familiaux uniques.
Les recherches montrent que les personnes transgenres et transsexuelles éprouvent souvent davantage de
problèmes de chômage, d’itinérance, de discrimination en milieu de travail, de harcèlement, de violence physique
et d’agression sexuelle que leurs pairs cisgenres (APA, 2008; Grossman et D’Augelli, 2006). En conséquence, de
nombreuses personnes transgenres et transsexuelles adoptent des comportements néfastes pour leur santé, comme
la consommation excessive de drogues ou d’alcool, qui entrainent des taux d’infections transmises sexuellement
INTRODUCTION
Conformément à la Charte canadienne des droits et libertés, la Fédération canadienne des enseignantes et des
enseignants (FCE) s’oppose à toute forme de préjugé, d’intimidation et de discrimination sur la base de l’orientation
sexuelle ou de l’identité de genre réelle ou perçue des élèves ou des membres du personnel enseignant. En 2004,
la FCE a adopté un principe directeur sur l’anti-homophobie et l’anti-hétérosexisme (voir p. 39-40) et s’est engagée
à élaborer une série de ressources éducatives sur les questions lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres et
allosexuelles (LGBTA). Ces ressources comprennent les publications suivantes :
et de VIH plus élevés et des taux de pensées suicidaires ou de tentatives de suicide significativement plus élevés
(Grant et autres, 2011). Les jeunes transgenres et transsexuels sont particulièrement à risque en ce qui a trait aux
formes les plus graves d’intimidation et de violence dans nos écoles et nos collectivités (Taylor et autres, 2011). Fait
important, ces conséquences négatives sont dues non pas au fait d’être une personne transgenre ou transsexuelle,
mais aux effets dommageables de la discrimination, de la marginalisation et des préjugés. Elles peuvent, à leur tour,
mener à des expériences dévastatrices de stigmatisation, d’isolement, d’aliénation et de honte (Grossman, D’Augelli
et Frank, 2011).
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SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
La plupart des individus transsexuels se présentent comme des personnes appartenant au sexe opposé à celui qui
leur a été attribué à la naissance à partir du moment où ils atteignent la vingtaine. Dans de nombreux cas, cette
transition survient quand ces individus occupent un emploi ou fréquentent un établissement postsecondaire. On
remarque toutefois qu’un nombre sans cesse croissant d’enfants et de jeunes font aujourd’hui cette transition
pendant qu’ils fréquentent des écoles de la maternelle à la 12e année (Cohen-Kettenis, Delemarre-van de Waal
et Gooren, 2008). Des enfants d’écoles élémentaires ont effectué une transition sociale et des jeunes d’à peine
16 ans ont entrepris une transition sous supervision médicale, comprenant notamment l’hormonothérapie ou
l’administration de médicaments retardant la puberté. Chose guère surprenante, il s’agit là d’un phénomène social
relativement nouveau et très peu d’écoles sont au fait des besoins des élèves en transition en matière de santé, de
sécurité et d’éducation. Elles n’ont par conséquent pas encore élaboré de politiques et de procédures pour soutenir
ces élèves ainsi que leurs famillesi. La compréhension des questions entourant l’identité de genre est critique pour
la création de milieux scolaires surs, bienveillants, accueillants et inclusifs et se révèle vitale si l’on veut favoriser la
santé et le bien-être des élèves transgenres et transsexuels ainsi que de leurs familles.
Les élèves qui sont la cible de discrimination, que celle-ci repose sur la race, l’ethnicité, la religion, la langue, le genre,
l’identité de genre, l’orientation sexuelle, la classe, les aptitudes ou la culture réels ou perçus, méritent d’obtenir
une protection dans les écoles. La Charte canadienne des droits et libertés exige que toutes les écoles financées par
les fonds publics fournissent un milieu éducatif non discriminatoire. Cette responsabilité légale suppose qu’elles
doivent offrir des programmes et des services éducatifs non discriminatoires à tous les élèves transgenres ou
transsexuels ainsi qu’aux élèves dont le genre est non conforme aux normes établies.
Par conséquent, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants estime que la santé et la sécurité
des élèves constituent une priorité et que les élèves provenant de familles homoparentales, les jeunes appartenant
à des minorités sexuelles et de genre et les jeunes que l’on identifie comme tels font partie des groupes d’élèves les
plus à risque dans les écoles. La FCE a donc publié le présent guide dans le but d’aider les éducatrices et éducateurs
à réfléchir à des moyens de se sensibiliser aux questions touchant l’identité et l’expression de genre et, par la suite,
à développer les compétences professionnelles et la confiance en soi nécessaires pour lutter contre la transphobie,
l’homophobie et l’hétérosexisme dans les écoles, de la maternelle à la 12e année.
Briser les stéréotypes et libérer les élèves du carcan de leur
genre est un moyen essentiel de faire de la place à tous
les élèves qui se définissent eux-mêmes comme étant à
l’extérieur du courant dominant afin qu’ils reçoivent du soutien
et qu’ils se sentent valorisés pour ce qu’ils sont et non pour ce
que la société leur dicte à propos de ce qu’ils devraient être.
DEVENIR ÉMILIE — RÉCIT D’UNE
PERSONNE TRANSii
9
Émilie est son prénom de jeune fille, mais son prénom à la naissance était Nicolas.
La mère et le père de Nicolas savaient ce qui le troublait. Depuis sa plus tendre enfance, Nicolas montrait une
préférence pour les « choses de filles ». Dès qu’il a appris à parler, il a dit à ses parents qu’il n’était pas un garçon,
mais une fille. Au début, ses parents ne s’inquiétaient pas vraiment de l’insistance de Nicolas à dire qu’il était une
fille et lui permettaient de porter des vêtements semblables à ceux des autres filles du voisinage. Ils croyaient que le
comportement féminin de leur fils ne durerait qu’un temps, qu’il s’agissait d’une « phase » dont il « sortirait » à un
moment donné et qu’il serait un jour heureux d’être un garçon.
Au fil des années, les parents de Nicolas ont fréquemment discuté ensemble afin de trouver la meilleure manière de
l’aider. Ils ont convenu que Nicolas avait besoin de « passer par-dessus » sa fixation d’être une fille et d’avoir autant
de modèles masculins forts que possible dans sa vie. Le père de Nicolas a consacré de nombreuses fins de semaine
à faire des activités traditionnellement « masculines » dans le but de renforcer le lien entre eux. Ils ont intégré
l’équipe de hockey du quartier et sont partis faire de la pêche et du camping, parfois avec toute la famille et parfois
seulement tous les deux. Les parents de Nicolas ont également parlé du « problème » avec leur famille élargie qui
n’a pas été étonnée, indiquant avoir remarqué la préférence de Nicolas pour les « choses de filles » depuis qu’il
était tout jeune. Tout le monde a exprimé son accord pour soutenir Nicolas et l’aider à accepter le fait qu’il était un
garçon. Ses oncles et ses deux grands-pères l’ont amené aussi souvent que possible à diverses activités, espérant
ainsi qu’en lui montrant un modèle d’identification masculin fort et positif, Nicolas serait un jour heureux d’être un
garçon. Tous leurs efforts n’ont toutefois par réussi à faire une différence quant à l’identité de genre que Nicolas
ressentait, et son estime de lui-même se détériorait de plus en plus.
Nicolas devenait de plus en plus déprimé et retiré avec l’âge et son obstination à affirmer qu’il était réellement
une fille se faisait toujours plus grande. Ses parents se sont demandé si le fait de le laisser porter des vêtements
féminins à la maison pendant les fins de semaine aiderait leur fils. Ils estimaient que cela lui permettrait de faire des
« expériences » et de rapidement se rendre compte qu’il s’en lassait et qu’il était heureux d’être un simple garçon.
La mère de Nicolas l’a donc amené dans les magasins et lui a acheté un jeans de fille, un joli haut et du vernis à
ongles scintillant. Nicolas était heureux lorsqu’il portait des vêtements féminins et a dit à sa mère que son nom de
fille était Émilie.
Lorsque Nicolas devenait Émilie, c’était une fille pétillante de joie qui paraissait ne plus avoir aucun souci : elle était
enfin heureuse. Avec le temps, Émilie a même créé des liens d’amitié avec plusieurs filles qui la comprenaient et
l’acceptaient, même si certaines d’entre elles continuaient de l’appeler Nicolas. Il n’en demeurait pas moins que
Nicolas avait toujours autant de difficulté à l’école, malgré l’existence de ces liens d’amitié et la possibilité de se
présenter occasionnellement comme Émilie. Devoir toujours prétendre être un garçon lui était douloureux sur le
plan affectif et il faisait souvent l’école buissonnière pour ne pas avoir à affronter le regard et les propos haineux de
ses camarades de classe.
DEVENIR ÉMILIE — RÉCIT D’UNE PERSONNE TRANS
Il était devenu de plus en plus difficile pour Nicolas de fréquenter régulièrement l’école. Nicolas ne réussissait pas
à se concentrer sur ses cours, puisqu’il était constamment préoccupé par son « secret » qu’il se sentait obligé
de cacher à ses camarades par peur et par honte. Sa mère et son père étaient tous les deux soucieux du fait que
Nicolas manquait de nombreuses journées d’école et s’inquiétaient de voir comme Nicolas était devenu tranquille
et se tenait à l’écart des autres à la maison. Il paraissait déprimé et préférait souvent rester seul dans sa chambre
plutôt que de participer aux activités familiales. À son plus récent anniversaire, il est resté au lit toute la journée la
plupart du temps avec les draps tirés au-dessus de sa tête. Il n’a jamais gouté à son gâteau d’anniversaire ni ouvert
ses cadeaux.
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SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
Émilie a fait preuve d’un grand courage. Elle savait que de se présenter comme une fille en tout temps lui
apporterait une joie permanente dans sa vie. Un jour, Émilie a demandé à ses parents si elle pouvait toujours
être Émilie et ne plus jamais vivre en étant Nicolas. Ses parents ne voulaient que son bonheur, mais ils ne savaient
pas s’ils devaient insister pour que leur enfant se présente comme un garçon en tout temps et lui interdire de
se vêtir occasionnellement comme une fille et de faire des activités qu’ils jugeaient typiquement féminines. Ils
savaient que s’ils choisissaient cette option, Nicolas se retirerait en lui-même et deviendrait terriblement déprimé.
Ils craignaient même que Nicolas mette fin à ses jours plutôt que de continuer à vivre comme un garçon. Par ailleurs,
s’ils choisissaient d’aider Nicolas à vivre en tant qu’Émilie, ils se demandaient si elle serait vraiment heureuse et en
sécurité. Pourrait-elle réellement toujours vivre et se présenter comme une fille? Comment ses amies et amis ainsi
que l’école réagiraient au changement? Que diraient leur famille, leurs amies et amis et leur voisinage? Nicolas
serait-il véritablement heureux lorsqu’il entreprendrait sa transition pour devenir une fille? Quelles conséquences
aurait un tel changement sur ses perspectives d’avenir? Émilie regretterait-elle sa décision et blâmerait-elle ses
parents de lui avoir permis de réaliser ce changement? Émilie dirait-elle à ses parents qu’ils auraient dû lui tenir tête
et l’empêcher de prendre une décision aussi folle à propos de sa vie? Les parents de Nicolas se rendaient compte
que la famille avait besoin d’aide pour trouver des réponses à toutes ces questions et devait obtenir des conseils
professionnels afin de prendre la bonne décision.
Les parents de Nicolas ont consulté le médecin de famille et lui ont raconté que leur fils devenait de plus en plus
déprimé et qu’il semblait heureux seulement lorsqu’il se présentait comme Émilie. Le médecin leur a dit qu’il
organiserait un rendez-vous pour toute la famille avec un psychiatre de l’hôpital pour enfants de la région qui se
spécialise dans la variance de genre chez les enfants et les adolescents. Avec le psychiatre, Nicolas et ses parents ont
étudié la possibilité qu’il puisse recevoir des médicaments qui retardent la puberté, effectuer une transition et vivre
complètement comme une fille et, s’il le souhaitait, subir une chirurgie de changement de sexe lorsqu’il serait plus
âgé. Quel plaisir de constater la joie dans les yeux d’Émilie lorsqu’elle s’est rendu compte qu’il existait réellement un
moyen de devenir la fille qu’elle avait toujours été selon elle!
Après de nombreuses heures de consultation, Émilie, ses parents et son psychiatre ont convenu qu’il serait préférable
pour Émilie de réaliser sa transition de garçon vers fille au cours des deux dernières semaines de juin, pendant qu’elle
fréquentait toujours l’école, mais qu’elle n’avait aucun examen pour la distraire. L’école était d’accord avec le fait
que si Émilie effectuait sa transition en juin, elle n’aurait pas tellement l’impression qu’il y avait eu une interruption
lorsqu’elle retournerait à l’école en septembre et sa transition s’en trouverait facilitée. Émilie, ses parents et le
personnel de l’école se sont mis d’accord pour se rencontrer et pour élaborer un plan de transition afin d’appuyer
Émilie dans sa décision d’être elle-même en tout temps.
C’est exactement ce qui s’est passé. Émilie et ses parents savaient que l’entreprise ne serait pas facile, mais ils
savaient également qu’ils pouvaient surmonter les défis ensemble. Pour la première fois de sa vie, Émilie était
profondément heureuse et savait qu’elle pourrait concentrer toute son énergie à ses travaux scolaires en septembre.
Enfin, elle devenait la fille à part entière qu’elle avait toujours su qu’elle était.
La recherche scientifique actuelle suggère
que le transsexualisme serait « un trouble
neurodéveloppemental du cerveau ».
COMPRENDRE L’IDENTITÉ DE GENRE :
INFORMATION MÉDICALE ET
SCIENTIFIQUE DE BASE
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VARIANCE DE GENRE
Aucune — Concordance entre l’identité de genre et le sexe biologique
Faible — Malaise léger induit par une identité de genre non conforme au sexe biologique d’une personne
Élevée — Malaise persistant, continu et intense induit par une identité de genre non conforme au sexe biologique d’une personne
Dans le cas d’Émilie, la variance de genre était tellement intense et persistante qu’elle était devenue une évidence
et une préoccupation pour ses parents dès le préscolaire, les poussant finalement à chercher de l’aide médicale de
la part de personnes spécialisées dans la variance de genre chez les enfants et les adolescents (transsexualisme).
Parmi tous les jeunes dont le genre est variant, relativement peu souffrent d’une dysphorie de genre aussi intense
que celle qu’a vécue Émilie. Il n’en demeure pas moins que les jeunes qui vivent une dysphorie de genre intense font
partie des jeunes les plus à risque dans les écoles. Émilie exprimait haut et fort à ses parents la douleur affective
qu’elle éprouvait et leur expliquait clairement qu’elle était réellement une fille. De plus, elle affirmait ouvertement
et fréquemment sa variance de genre de façon suffisamment claire et persistante pour que sa famille comprenne.
Mais ce n’est pas toujours le cas pour tous les jeunes vivant une variance de genre intense, nombre d’entre eux
ressentant trop de crainte ou de honte pour révéler leur identité intérieure à quiconque, y compris à leurs parents,
aux personnes qui s’occupent d’eux ou à leurs enseignantes ou enseignants. Ces jeunes deviennent parfois très
déprimés et retirés, et même les personnes qui leur apportent du soutien et qui leur témoignent de l’affection
— parents, tutrices ou tuteurs, personnel enseignant — sont parfois incapables de déterminer les raisons de leur
profonde tristesse.
Chez certains jeunes enfants, on constate qu’ils se créent une vie secrète imaginaire faite d’expérimentations très
personnelles leur permettant de faire face à leur dysphorie de genre. Il leur arrive, par exemple, de copier furtivement
l’attitude féminine ou masculine (p. ex., la manière dont une femme ou un homme s’assied, parle, marche ou se
comporte). Lorsque les jeunes adoptent une telle attitude à l’école, ils ne prêtent parfois qu’une attention réduite
en classe, car leurs pensées sont occupées à leurs rêves de devenir une personne de l’autre genre. Certains jeunes
enfants portent parfois des vêtements appartenant aux personnes de l’autre genre, lorsqu’ils se sentent en sécurité
pour le faire, et se risquent même parfois à s’habiller comme des personnes de l’autre genre en public, désirant
intensément être acceptés comme appartenant au genre qui caractérise leur être profond. D’autres jeunes, s’ils
choisissent de cacher à leur famille et à leurs amies et amis cet aspect d’eux si intense et croissant, surcompensent
parfois en exagérant les attitudes genrées qu’on attend d’eux de manière à montrer qu’ils appartiennent vraiment
au sexe qui leur a été attribué à la naissance. Par exemple, un jeune homme qui souhaite désespérément être une
femme pourrait agir d’une manière hypermasculine dans le but de cacher sa vraie féminité intérieure. C’est cette
COMPRENDRE L’IDENTITÉ DE GENRE : INFORMATION MÉDICALE ET SCIENTIFIQUE DE BASE
À la lecture de l’histoire d’Émilie, on peut se demander si l’expérience vécue par Émilie et ses parents est
représentative de ce que vivent les autres jeunes dont le genre est variant ainsi que leurs familles. La variance de
genre existe chez les personnes de tout âge (enfants, jeunes, adultes) selon un continuum allant d’une variance
nulle, où l’identité de genre et le sexe biologique (attribué à la naissance) concordent, à une variance élevée, où les
personnes vivent une douleur affective ou une dysphorie de genre extrême en raison de la non-concordance entre
le sexe biologique et l’identité de genre. La dysphorie de genre peut également varier en intensité chez une même
personne d’un jour à l’autre ou d’un mois à l’autre.
gestion psychologique qui devient de plus en plus difficile à maintenir avec le temps, à mesure que s’intensifie la
dysphorie de genre chez une personne. Les sentiments de dépression et de désespoir ainsi que les risques de suicide
peuvent alors s’aggraver. De façon similaire, une jeune fille qui veut devenir un garçon pourrait agir d’une manière
hyperféminine comme stratégie de protection pour cacher ses vrais sentiments.
12
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
On se demande aussi parfois ce qui amène une personne, qu’elle soit enfant, jeune ou adulte, à insister sur le fait
qu’elle est transgenre ou transsexuelle. Il est fort probable que certaines personnes se sont demandé si le père
d’Émilie et les autres hommes de sa parenté auraient pu avoir une plus grande influence, s’ils avaient essayé un peu
plus fort et un peu plus longtemps de rendre Émilie heureuse en Nicolas. Est-ce que les parents d’Émilie auraient
dû ne jamais lui permettre de se vêtir comme une fille et d’adopter des comportements féminins? Et que penser
du psychiatre qui a recommandé la transition de Nicolas en Émilie? Était-ce le meilleur conseil à donner? Est-ce
que Nicolas aurait pu être « guéri » et ainsi mener une vie heureuse en homme? Les réponses à ces questions sont
complexes et reposent souvent sur de multiples facteurs éducatifs, sociaux, culturels et religieux. Par exemple,
certaines cultures non occidentales, comme en Iran, appuient totalement la chirurgie pour changement de sexe
tout en criminalisant l’homosexualité. Ici, ce n’est pas l’identité intrinsèque de la personne qui est considérée
comme un problème, mais l’expression de l’identité individuelle que l’on doit corriger et remettre « sur les rails ».
De nombreuses cultures autochtones traditionnelles ont adopté une approche différente, acceptant largement la
variance de genre. Certaines collectivités avaient même des mots pour nommer les multiples formes de genre sortant
du modèle binaire homme-femme. Dans certaines traditions, les personnes qui avaient accès à la fois à la masculinité
et à la féminité, ou qui affichaient diverses expressions de genre, étaient souvent des chefs, des guérisseurs et des
chamans. En d’autres termes, ces personnes étaient très vénérées et respectées dans leurs collectivités. Avec la
colonisation toutefois, nombre de ces traditions ont disparu et le modèle strictement dichotomique a été renforcé.
QUE SAIT-ON DE L’IDENTITÉ DE GENRE?
Tout comme pour l’orientation sexuelle, on sait que tout le monde a une identité de genre que l’on décrit comme
le sentiment profond ou intrinsèque d’être un homme ou une femme. Les recherches suggèrent que l’identité de
genre est établie dès l’âge de trois ans (Ryan, 2009). En effet, certains enfants décrivent à quel point leur sentiment
de masculinité ou de féminité interne (leur identité de genre) ne correspond pas à leur corps physique. L’identité de
genre est une expérience très personnelle et complexe. Certains jeunes disent se sentir ni homme ni femme, tandis
que d’autres affirment qu’ils se sentent à la fois homme et femme. Peu importe la manière dont un enfant se sent, il
est primordial pour les parents et les éducatrices et éducateurs de « protéger et soutenir l’estime de soi de l’enfant,
lui disant qu’il a le droit de se sentir comme il se sent et qu’il a le droit d’être une personne différente. Parfois, c’est
même merveilleux d’être une personne différente »* (Samons, 2009, p. 136).
En 2008, la Gender Identity Research and Education Society (GIRES) (Société de formation et de recherche sur
l’identité de genre) du Royaume-Uni a publié un important article de synthèse décrivant ce que la recherche
scientifique actuelle considère comme les causes ou les origines de l’identité de genre. Les 25 signataires de l’article
provenant de la communauté scientifique et médicale ont décrit la variance de genre, qu’ils disent être parfois
appelée « trouble de l’identité sexuelle » en termes médicaux, comme :
une contradiction entre le phénotype physique (apparence) et l’identité de genre, laquelle correspond
à l’auto-identification comme homme ou comme femme* (GIRES, 2008, p. 2).
Pour certains, lorsque la dysphorie est extrême, on établit un diagnostic de transsexualisme et on prescrit comme
traitement une hormonothérapie et parfois même une chirurgie. Une personne qui vit une situation aussi extrême
est couramment désignée comme une personne transsexuelle. De même, et comme l’indique Samons (2009), « plus
un enfant insiste sur le fait qu’il ressent un sentiment de malaise à l’égard du sexe qui lui a été attribué, plus il y a de
probabilités que l’enfant soit véritablement [transsexuel] »* (p. 140).
La recherche scientifique actuelle suggère que le transsexualisme serait « un trouble neurodéveloppemental du
cerveau »* (GIRES, 2008, p. 2). Elle pose comme hypothèse que la différenciation sexuelle du cerveau est reliée
aux effets des hormones à des périodes critiques du développement fœtal, de la naissance et de la croissance
postnatale. Ces influences hormonales peuvent être attribuées à des prédispositions et influences génétiques, à
des conditions environnementales, au stress, à un traumatisme et à une exposition potentielle à des médicaments
durant la grossesse (p. 3). Par conséquent, il n’y a pas de cause directe connue du transsexualisme et, comme pour
l’orientation sexuelle d’une personne, on croit plutôt à des origines multiples. Peu importe la cause, l’orientation
sexuelle et l’identité de genre d’une personne sont considérées comme étant intrinsèques et formant des
caractéristiques immuables de la personne. Tout comme pour l’ethnicité, la race et la couleur des cheveux et des
yeux, on ne choisit pas ses caractéristiques personnelles essentielles.
Même si l’on suppose que les causes sous-jacentes du transsexualisme sont probablement biologiques, quel est
l’effet, s’il y en a un, de l’environnement sur le développement de l’identité de genre? À ce sujet, les signataires ont
déclaré à l’unanimité qu’il n’y a :
aucune preuve qu’un milieu et une socialisation en contradiction avec le phénotype peuvent causer le
transsexualisme ni qu’un milieu correspondant totalement au phénotype peut le prévenir […]* (p. 4).
En mars 2010, l’Association canadienne des professionnels en santé des personnes
transsexuelles (CPATH) a voté la résolution suivante :
La variance de genre et les comportements non conformes aux normes établies chez les enfants
et les adultes ne constituent pas un trouble psychologique* (CPATH, 2010, p. 1).
Surtout, les éducatrices et éducateurs doivent savoir que les enfants qui manifestent des comportements genrés non
conformes aux attentes ne deviendront pas nécessairement tous des personnes transsexuelles à l’âge adulte. Pour
la vaste majorité des enfants, il n’y a pas de contradiction entre leur sexe à la naissance et leur sentiment d’identité
et d’expression de genre, mais comme l’illustre le récit d’Émilie, il n’en va pas toujours ainsi pour tout le monde. La
World Professional Association for Transgender Health (WPATH)iii, estime que l’incidence du transsexualisme chez
les adultes est de 1 cas sur 11 900 à 1 cas sur 45 000 chez les personnes nées de sexe masculin et de 1 cas sur 30 400
à 1 cas sur 200 000 chez les personnes nées de sexe fémininiv.
De nombreux individus qui effectuent une transition d’un sexe à l’autre plus tard dans la vie disent se souvenir
d’avoir toujours souhaité ou su qu’ils appartenaient à l’autre sexe. Citons pour exemple une récente étude à laquelle
participaient 55 jeunes transgenres, qui révèle que ces jeunes se sont sentis différents à un âge moyen de 7,5 ans
(Grossman, D’Augelli et Frank, 2011, p. 112). La non-concordance entre le sexe à la naissance d’un enfant ou d’un jeune
et son identité de genre est habituellement une source d’intense malaise affectif (dysphorie de genre) qui s’intensifie
souvent avec l’âge. En revanche, ce n’est pas toujours le cas. La WPATH indique, par exemple, que « le transsexualisme
chez les enfants et les adolescents diffère de celui chez les adultes et seulement un petit nombre d’enfants dont le
genre est variant deviennent des personnes transsexuelles, même si nombre d’entre eux développent une orientation
homosexuelle »* (SOC, version 6, 2001, p. 8-9)v. Comme le montre Samons (2009) dans sa recherche clinique, de
nombreux « adultes se demandent souvent si un enfant transgenre est gai bien avant d’entrevoir la possibilité que
l’enfant soit transgenre »* (p. 135). Cette association classique tient à des stéréotypes établis depuis longtemps,
qui perpétuent le mythe selon lequel l’expression genrée des personnes gaies et lesbiennes est révélatrice de leur
homosexualité. Aucune recherche actuelle ne soutient cette thèse dépassée.
Élément d’intérêt pour les éducatrices et éducateurs, la WPATH souligne que « les jeunes transsexuels vivent
souvent une détresse intense, en particulier à l’adolescence, et éprouvent fréquemment des difficultés affectives
et comportementales associées. Il existe une grande fluidité et variabilité dans les résultats, en particulier chez
les enfants prépubères »* (SOC, version 6, 2001, p. 8). Dans la plus récente version des Standards of Care (normes
de soins), la WPATH (2011) indique que « les adolescents qui ressentent une contradiction entre, d’une part, leurs
caractères sexuels primaires ou secondaires et le sexe qui leur a été attribué à la naissance et, d’autre part, leur
identité de genre peuvent éprouver une détresse intense à cet égard »* (p. 12). Il est par ailleurs important de
COMPRENDRE L’IDENTITÉ DE GENRE : INFORMATION MÉDICALE ET SCIENTIFIQUE DE BASE
Autrement dit, les expériences de la vie telles que le style d’éducation des enfants et les dynamiques familiales
peuvent influencer la manifestation (ou la prise de conscience) du transsexualisme, mais ne contribuent pas à son
existence. Comme exemple, les enfants élevés dans un milieu qui les encourage à expérimenter les rôles de genre,
ou tout au moins qui leur permet de le faire, ont parfois plus tendance à exprimer leur malaise à l’égard du genre
qui leur a été assigné que les enfants qui doivent adhérer à des rôles stricts et aux comportements associés. Les
enfants apprennent les manifestations et les comportements genrés qu’on attend d’eux de leurs camarades, de
leurs parents, de l’école, de leur culture et des médias. Les enfants qui ne se conforment pas à ces expressions de
genre sont souvent catalogués comme « différents » (p. ex., les enfants dont le genre est variant ou non conforme)
et sont parfois tournés en ridicule ou marqués par l’isolement et l’intimidation.
13
savoir qu’« il est courant chez les adolescents souffrant de dysphorie de genre d’éprouver des troubles coexistants
liés à l’intériorisation, comme l’anxiété et la dépression, et des troubles liés à l’extériorisation, comme le trouble
oppositionnel avec provocation »* (SOC, version 7, 2011, p. 13).
14
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
Pour les écoles, cela signifie que l’enfance et l’adolescence devraient être considérées comme étant des périodes
critiques de la formation de l’identité durant lesquelles le genre et la sexualité sont des réalités fluides, puisque leurs
expressions sont appelées à changer fréquemment. Le problème ne réside pas dans cette fluidité ni dans la nature
changeante de l’expression de genre et de l’identité sexuelle, mais plutôt dans la question significative et pressante
des stéréotypes des rôles assignés aux deux sexes et des rôles sexuels stricts qui limitent gravement l’expression
de genre naturelle des enfants. Plus les éducatrices et éducateurs font des efforts pour briser les stéréotypes des
rôles assignés aux deux sexes et pour casser les comportements visant à maintenir la spécificité des sexes, plus
leurs classes seront inclusives pour tous les élèves qui se questionnent sur leur genre et qui explorent les différentes
facettes de leur identité (Luecke, 2011). Briser les stéréotypes et libérer les élèves du carcan de leur genre est un
moyen essentiel de faire de la place à tous les élèves qui se définissent eux-mêmes comme étant à l’extérieur du
courant dominant afin qu’ils reçoivent du soutien et qu’ils se sentent valorisés pour ce qu’ils sont et non pour ce que
la société leur dicte à propos de ce qu’ils devraient être.
Comme Émilie, les enfants et les jeunes qui ont une identification intense et persistante à l’autre sexe ont besoin
d’un soutien médical qualifié pour les aider dans leur transsexualité. Le Manuel diagnostique et statistique des
troubles mentaux (DSM-IV) (2000) de l’American Psychiatric Association, qui est la norme professionnelle sur les
diagnostics, cerne quatre critères diagnostiques permettant d’affirmer qu’une personne est transsexuelle ou, selon
la terminologie médicale actuelle, a un trouble de l’identité sexuelle. Ces critères sont les suivants :
1. Identification intense et persistante à l’autre sexe.
2. Sentiment persistant d’inconfort par rapport à son sexe ou d’inadéquation par rapport à l’identité
de rôle correspondante.
3. L’affection n’est pas concomitante d’une affection responsable d’un phénotype hermaphrodite.
4. L’affection est à l’origine d’une souffrance cliniquement significative ou d’une altération du
fonctionnement social, professionnel, ou dans d’autres domaines importantsvi, vii.
Par conséquent, si l’élève, ses parents ou ses tutrices ou tuteurs, en consultation avec les professionnels de la santé,
sont d’avis que la transition est la meilleure option, l’élève devra vivre et se présenter en tout temps de manière
à ce que son expression de genre corresponde à son identité de genre, ce qu’on appelle en termes médicaux une
« expérience de vie réelle ». Si l’élève arrive au stade de la puberté, on lui prescrira peut être des hormones qui
retardent la puberté et qui, par conséquent, inhibent le développement des caractères sexuels secondaires. Ce
processus est totalement réversible, au cas où l’élève déciderait plus tard de ne plus continuer sa transition. Comme
l’indique Samons (2009), « en retardant ces changements pubertaires, nous donnons le temps à l’enfant d’acquérir
une maturité mentale et affective, de sorte qu’il ou elle puisse participer à la prise de décision concernant les
changements physiologiques qui modifieront en profondeur tout le reste de sa vie »* (p. 137). À 16 ans, l’élève peut
entreprendre, normalement avec la permission de ses parents, une hormonothérapie féminisante ou masculinisante.
Ce processus est partiellement réversible et nécessite parfois une chirurgieviii. Les interventions chirurgicales sont
quant à elles irréversibles et ne sont habituellement pas recommandées avant l’âge adulte, ou jusqu’à ce que le
jeune ait vécu une « expérience de vie réelle » pendant au moins deux ans et qu’il soit âgé d’au moins 18 ansix.
Ultimement, peu importe si un élève transgenre ou transsexuel a entrepris un processus de transition physique
(p. ex., interventions retardant la puberté), les éducatrices et éducateurs doivent respecter les souhaits de l’élève,
de ses parents ou de ses tutrices ou tuteurs et des membres du corps médical quand vient le temps de s’ajuster à
ses besoins. L’aide que l’on apporte aux élèves transgenres ou transsexuels repose sur une approche multiple qui
suppose une collaboration sur les plans social, médical et éducatif. Plus concrètement, cela signifie de :
•
•
•
•
soutenir et améliorer l’estime de soi de l’élève;
créer un milieu sans distinction de genre (autant que possible) dans lequel on offre à l’élève la possibilité
d’exprimer sa propre identité de genre;
offrir une aide et des interventions médicales aux personnes qui en ont besoin;
utiliser les pronoms genrés que l’élève préfère, offrir un soutien éducatif par des programmes d’études
inclusifs, modifier le dossier de l’élève pour refléter son identité de genre, procéder à des aménagements
relatifs à l’utilisation des toilettes et désigner des casiers ou des vestiaires appropriés qui correspondent à
l’identité de genre que l’élève a toujours affirmé avoir.
SIX IDÉES FAUSSES RÉPANDUES
À DÉMYTHIFIER
15
1. LES CAUSES DU TRANSSEXUALISME SONT CONNUES
2. LES GENS SONT TRANSGENRES OU TRANSSEXUELS PAR CHOIX
La vaste majorité des personnes transgenres ou transsexuelles ont grandi avec des parents hétérosexuels.
L’identité de genre n’est pas un choix ou n’est pas causée par le manque de modèle d’identification masculin ou
féminin ni par une mauvaise éducation (Cohen-Kettenis et autres, 2008), mais il s’agit plutôt d’une autre forme
de la diversité humaine.
3. TOUTES LES PERSONNES TRANSGENRES VEULENT CHANGER LEUR SEXE ATTRIBUÉ À LA NAISSANCE
Le terme « transgenre » est un terme général qui englobe une vaste gamme d’identités de genre non
conformes aux normes établies. Les personnes transgenres peuvent être asexuelles, bisexuelles, lesbiennes,
gaies ou hétérosexuelles. Les personnes transgenres ne souffrent pas toutes d’une dysphorie de genre intense.
Toutefois, certains individus transsexuels éprouvant une dysphorie de genre extrême et persistante cherchent
parfois à modifier leur corps à l’aide d’une hormonothérapie et d’interventions chirurgicales effectuées par
des professionnelles ou professionnels de la santé. Certains individus transsexuels qui souhaiteraient faire une
transition intégrant des moyens médicaux ou chirurgicaux sont parfois incapables d’y arriver en raison des
énormes frais associés au traitement.
Peu importe leurs antécédents, tous les individus transgenres et transsexuels devraient avoir accès à une
information convenant à leur âge et dépourvue de jugement ainsi qu’à des soins de santé prodigués par des
personnes qualifiées. Selon l’endroit où vivent les personnes transsexuelles, des facteurs économiques et
sociaux peuvent rendre les interventions médicales problématiques. Par exemple, chaque province et territoire
du Canada a établi ses propres lignes directrices déterminant si les frais associés aux traitements médicaux
requis, comme la chirurgie pour changement de sexe ou l’hormonothérapie, sont remboursés partiellement
ou totalement ou s’ils ne le sont pas. Le refus des traitements médicaux place de nombreux jeunes en situation
de risque, puisque ces jeunes pourraient chercher à se procurer des hormones de façon illicite, dans la rue ou
par Internet.
4. IL S’AGIT SIMPLEMENT D’UNE PHASE
Tout comme l’orientation sexuelle, l’identité de genre d’une personne est profondément personnelle et on
ne devrait pas la considérer comme étant une « phase » ou une « expérience ». De nombreuses personnes
transgenres ou transsexuelles rapportent avoir eu le sentiment d’être différentes des autres enfants à un très
jeune âge (Grossman, D’Augelli et Frank, 2011). Lorsque cette différence persiste jusqu’à l’adolescence ou à
l’âge adulte, elles reçoivent parfois un diagnostic de dysphorie de genre, après quoi il leur arrive de chercher
à obtenir un traitement médical approprié. La variance de genre chez les enfants varie de nulle à très élevée.
Dans certains cas, la variance de genre (tout particulièrement si elle est faible) se résout d’elle-même ou les
enfants se présentent plus tard dans leur vie comme des personnes lesbiennes, gaies ou bisexuelles. Dans
d’autres cas, la variance de genre persiste après la puberté jusqu’à l’âge adulte. L’évaluation de la variance de
genre chez l’enfant est complexe et requiert la compétence de professionnels de la santé spécialisés dans les
SIX IDÉES FAUSSES RÉPANDUES À DÉMYTHIFIER
Tout comme pour les facteurs qui déterminent l’orientation sexuelle d’une personne, on ne connait actuellement
pas les causes exactes du transsexualisme. Cependant, nous savons que la variance de genre existe depuis
toujours dans différentes cultures. Il est important de souligner qu’il n’existe aucune preuve scientifique faisant
un lien entre l’éducation des enfants, la violence faite aux enfants ou d’autres expériences de la vie négatives et
le transsexualisme (Cohen-Kettenis, Delemarre-van de Waal et Gooren, 2008; Ryan, 2009).
questions de variance de genre à l’enfance et à l’adolescence. Le rôle du personnel de l’école devrait consister
à mettre en application et à appuyer les décisions médicales prises par l’enfant de genre variant, ses parents et
les professionnels de la santé. Le personnel de l’école devrait également montrer l’exemple en s’employant à
faire tomber les stéréotypes liés au genre, en ayant recours à une langue inclusive et en intervenant dans toute
situation de discrimination dirigée contre les élèves et le personnel enseignant de genre variant ainsi que leurs
familles.
16
5. TOUS LES ENFANTS QUI ADOPTENT DES COMPORTEMENTS PROPRES AUX PERSONNES DE L’AUTRE
SEXE SONT TRANSSEXUELS
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
Non. La vaste majorité (de 80 % à 95 %) des enfants prépubères qui adoptent des comportements propres aux
personnes de l’autre sexe ne manifesteront aucun symptôme ou aucune caractéristique du trouble d’identité
sexuelle à l’adolescence (Cohen-Kettenis et autres, 2008). L’expérimentation des genres est une partie normale
du développement des enfants et des adolescents. C’est l’identification persistante à l’autre sexe qui forme la
base du diagnostic de transsexualisme.
6. ON PEUT SOIGNER LES JEUNES TRANSSEXUELS
La communauté médicale est divisée sur la question de la variance de genre chez les enfants, à savoir si cette
variance devrait être, ou peut être, changée par des techniques psychologiques ou psychiatriques (Vanderburgh,
2009). Certains professionnels et professionnelles estiment qu’on peut la changer, ce qui provoque toutefois
souvent une grande détresse psychologique chez l’enfant (et ses parents)x. D’autres croient que les tentatives
de modification ou de correction de l’identité de genre d’un enfant sont des formes de « thérapie réparatrice »
ou de « thérapie de conversion », comme on le faisait pour « guérir » les personnes homosexuelles au milieu du
vingtième siècle. La WPATH (2011) indique clairement que les traitements recourant à la thérapie réparatrice
sont contraires à l’éthiquexi.
Les enfants transgenres et transsexuels courent un plus grand risque de dépression et de suicide que leurs
camarades. Ces enfants et leurs parents doivent souvent prendre des décisions difficiles et complexes afin de
savoir ce qui sera le mieux pour leur famille. Les éducatrices et éducateurs doivent respecter et appuyer les
décisions médicales prises par l’enfant, ses parents ou ses tutrices ou tuteurs et les professionnels de la santé.
L’administration de l’école ne doit jamais considérer les enfants transgenres et transsexuels comme des élèves
souffrant d’une « maladie physique » ou d’une « maladie mentale », « devant être guéris » ou en quelque sorte
atteints d’un « trouble ». De façon générale, le personnel de l’éducation devrait offrir des services de consultation,
du soutien et un accès à des ressources convenant à l’âge de tout jeune de genre variant afin de l’aider à clarifier
ses sentiments d’identité (Ryan et Futterman, 1998; Vanderburgh, 2009). En raison des stéréotypes culturels,
certains jeunes pourraient par exemple croire à tort que le fait d’être gais ou lesbiennes suppose qu’ils doivent
adopter des comportements propres aux personnes de l’autre sexe. Des jeunes transgenres et transsexuels se
tournent aussi parfois vers la drogue ou l’alcool comme mécanisme d’adaptation ou vers la rue lorsqu’ils ne
se sentent pas soutenus par les personnes qui prennent soin d’eux ou lorsque ces dernières ne tiennent pas
compte de leur identité de genre (Ryan, 2009).
Tout comme pour les facteurs qui déterminent
l’orientation sexuelle d’une personne,
on ne connait actuellement pas les
causes exactes du transsexualisme.
ÉLÈVES TRANSGENRES ET
TRANSSEXUELS À RISQUE
17
Parmi les jeunes transgenres qui ont participé au sondage :
•
•
•
•
79 % ont rapporté ne pas se sentir en sécurité à l’école;
74 % ont rapporté être victimes de harcèlement verbal en raison de leur expression de genre;
49 % ont rapporté avoir été victimes de harcèlement sexuel à l’école au moins une fois au cours
de la dernière année;
37 % ont rapporté être victimes de harcèlement ou d’agression physique à leur école.
En plus des jeunes transgenres, les personnes lesbiennes, gaies et bisexuelles qui ont participé au sondage ont indiqué
que les vestiaires (49 %), les toilettes (43 %) et les corridors (43 %) représentaient des endroits non sécuritaires à leur
école. Pour chaque élément mesuré par le sondage d’Égale Canada sur le climat scolaire, les jeunes transgenres ont
présenté les pires résultats en matière de santé, de sécurité et d’éducation.
De même, comme le soulignait le plus gros organisme LGBTA en éducation aux États-Unis, le GLSEN, « les élèves
transgenres sont plus souvent victimes de harcèlement et de violence que les élèves lesbiennes, gais et bisexuels.
Le taux élevé de victimisation contribue au fait que ces élèves s’absentent plus de l’école que les autres, obtiennent
de faibles résultats scolaires et se sentent isolés et mis à l’écart de la communauté scolaire »* (Greytak, Kosciw et
Diaz, 2009, p. vi). À la suite de son plus récent sondage national sur le climat scolaire, le GLSEN rapporte par exemple
ce qui suit :
•
•
•
90 % des élèves transgenres ont été victimes de harcèlement verbal à l’école durant la dernière année;
Plus de 50 % ont été victimes de harcèlement physique;
Plus de 25 % ont été victimes d’agression physique (Greytak, Kosciw et Diaz, 2009).
Pour les jeunes transgenres et transsexuels, les processus d’affirmation et d’acceptation de l’identité de genre
se révèlent complexes et sont souvent marqués par la violence physique, verbale et symbolique. Dans son étude
qualitative exhaustive, Wyss (2004) s’est penchée sur l’expérience de 23 élèves transgenres et allosexuels américains
du secondaire qui avaient affirmé leur identité de genre. Cette étude a révélé ce qui suit :
•
•
•
•
•
23 (ce qui représente tous les jeunes transgenres ayant participé à l’étude) élèves se sont dit être des
victimes à divers degrés à l’école secondaire;
11 ont rapporté être bousculés ou poussés, ou recevoir des coups des autres élèves de l’école (p. 716);
6 ont rapporté avoir été victimes d’agression sexuelle ou de viol;
7 ont rapporté avoir quitté l’école en raison de la violence et du harcèlement dirigés contre eux;
3 ont rapporté avoir des tendances suicidaires.
ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS À RISQUE
La recherche démontre que l’homophobie et la transphobie sont courantes dans la plupart des écoles d’Amérique
du Nord (Greytak, Kosciw et Diaz, 2009; Taylor et autres, 2011). En 2011, Égale Canada a publié les résultats du
premier sondage pancanadien sur le climat scolaire, plus particulièrement sur l’homophobie, la transphobie et
l’hétérosexisme dans les écoles canadiennes. Près de 3700 jeunes de partout au pays (à l’exception du Québec)
ont participé à ce sondage mené en 2009. Les sujets avaient en moyenne 17,4 ans et se répartissaient comme suit :
71 % se présentaient comme des personnes hétérosexuelles, 26 %, comme des personnes lesbiennes, gaies,
bisexuelles, allosexuelles ou en questionnement et 3 %, comme des personnes transgenres ou bispirituelles (Taylor
et autres, 2011).
Comme le mentionne Wyss, « ces expériences, en particulier si elles sont associées à la croyance que l’oppression
dont on est victime est justifiée, entrainent souvent une faible estime de soi, de l’anxiété, de la rage, un retrait
social et de la dépression, ainsi que des comportements autodestructeurs comme de s’affliger soi-même des coups,
de consommer des médicaments d’ordonnance ou obtenus illégalement, de quitter l’école, d’avoir des rapports
sexuels non protégés ou de se suicider »* (p. 718).
18
Malgré ces facteurs de risque, de nombreux jeunes transgenres et transsexuels ont appris à développer des stratégies
de protection et une résilience personnelle face à l’adversité quotidienne. Wyss souligne, par exemple, que les
jeunes transgenres et transsexuels qui ont participé à son étude ont développé divers mécanismes d’adaptation et
stratégies de défense, dont les suivants :
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
•
Évitement — Rester loin des élèves qui menacent de les agresser, manquer des cours ou s’absenter de
l’école;
•
Invisibilité — Se cacher durant l’heure du midi et pendant les pauses, arriver tôt à l’école ou quitter tard;
•
Hypermasculinité — Projeter une image de domination en adoptant un comportement de dur à cuire ou
en développant une réputation d’intrépidité et d’agressivité;
•
Vigilance — Surveiller constamment le comportement et les actions des autres élèves, en pensant qu’une
attaque ou un danger est imminent en tout temps;
•
Préparation — Porter des bottes à embouts d’acier et des chaines, s’entrainer au gymnase, blasphémer
et menacer de contre-attaquer comme stratégies de survie pour faire face à des actes de violence
imminents et inévitables (p. 720-721).
Lorsque ces jeunes avaient subi une attaque, ils devaient prendre une décision difficile qui consistait à déterminer
la meilleure manière de faire face au traumatisme et à ses conséquences. Plusieurs d’entre eux ont opté pour
l’intériorisation de la victimisation, le silence et le repli sur soi. Ils estimaient souvent qu’ils ne pouvaient pas
se confier à leurs amies et amis, car ceux-ci n’auraient pas compris le niveau de brutalité et de violence qu’ils
subissaient dans la foulée de l’homophobie et de la transphobie généralisées dont ils étaient victimes. Pour la
plupart, ils ne souhaitaient pas se confier au personnel enseignant ni aux autres membres du personnel de l’école,
ce qui les excluait encore plus des systèmes qui auraient pu leur offrir un soutien crucial. Certains jeunes ont même
opté pour un retour en arrière (« retourner dans le placard »), adoptant de nouveau l’apparence qui concordait le
plus avec leur sexe à la naissance. Plusieurs d’entre eux sentaient qu’ils devaient agir de manière exagérée comme
un hétérosexuel, adopter des comportements ouvertement masculins ou féminins, ou agir de façon « normale »
afin de maintenir un semblant de sécurité dans leur milieu scolaire (p. 723).
Il s’agit là d’expériences qui ne sont pas vécues uniquement dans les dernières années du secondaire. Des élèves
de l’élémentaire et du premier cycle du secondaire sont parfois aussi victimes de transphobie. Certains enfants
transgenres, par exemple, des enfants dont les problèmes touchant leur identité de genre n’ont pas été pris en
compte par les adultes qui ont de l’importance dans leur vie, apprennent à cacher leur identité et à vivre dans
un monde imaginaire, ou encore à s’y réfugier. Les problèmes de genre qu’ils dissimulent causent parfois de la
frustration, de la dépression et une hausse du risque de suicide. La période de la préadolescence et de l’adolescence
est parfois difficile pour les enfants et les jeunes transgenres qui constatent de plus en plus leurs différences
par rapport à leurs camarades au fil des ans. En vieillissant, nombre de ces enfants et de ces jeunes tentent de
correspondre au modèle hétérosexuel traditionnel et l’adoptent, parfois en se mariant et en ayant des enfants,
dans l’espoir que leurs problèmes de genre et la frustration qui y est associée s’atténueront ou même disparaitront.
Par ailleurs, d’autres enfants et d’autres jeunes sont tellement convaincus de leur identité qu’ils entreprennent
une transition pendant leurs années scolaires (Luecke, 2011). Les enfants et les jeunes qui ont la chance d’avoir
des parents ou des tutrices ou tuteurs compréhensifs et une aide professionnelle peuvent alors commencer une
nouvelle vie en tant que personnes dont le genre correspond à celui de leur être profond.
Dans le cas des élèves transsexuels plus âgés, la période la plus difficile se situe lorsqu’ils commencent à se présenter
comme une personne de l’autre sexe et qu’ils n’ont pas reçu une hormonothérapie pendant suffisamment de temps.
L’hormonothérapie peut être nécessaire pour avoir l’apparence physique d’une personne de l’autre sexe ou pour
« passer » pour une telle personne. Cette période est souvent le moment où de nombreux jeunes transsexuels
subissent de multiples formes de discrimination. Par exemple, si une fille se sent appartenir au sexe masculin et
qu’elle est attirée sexuellement par d’autres filles, elle peut être victime de transphobie et d’homophobie. La gestion
de ces différents aspects de l’identité peut se révéler complexe pour de nombreux jeunes, tout particulièrement
pour les jeunes appartenant à divers groupes ethnoculturels, raciaux ou religieux. Ces jeunes sont en droit de
recevoir un soutien approprié à leur culture respectant leurs besoins uniques liés à leur identité de genre.
Les résultats de ces études et de ces sondages sont clairs : les élèves transgenres et transsexuels doivent faire
face à des milieux scolaires extrêmement hostiles et discriminatoires. Dans toute l’Amérique du Nord, les élèves
transgenres et transsexuels ont des résultats scolaires plus faibles et un moins grand attachement à leur milieu
scolaire en plus de vivre des situations de loin plus marquées par le harcèlement, l’itinérance, la discrimination et
la violence verbale, physique et sexuelle que leurs camarades hétérosexuels et ceux appartenant à une minorité
sexuelle (Grossman, D’Augelli et Frank, 2011; Marksamer, 2011). Des interventions éducatives s’imposent pour aider
ces élèves à ne plus se sentir à risque et à développer la résilience nécessaire pour s’adapter aux milieux scolaires,
familiaux et communautaires souvent hostiles et peu attirants.
« L’expérience vécue à l’école peut renforcer ou saper l’image qu’a un enfant de lui-même. En
outre, les enfants ont besoin de se sentir en sécurité sur le plan affectif pour apprendre de façon
efficace. Une école accueillante où les élèves se sentent appuyés, où l’on ne tolère pas l’intimidation
et les railleries et où l’on enseigne activement aux enfants à valoriser la différence constitue le milieu
scolaire idéal pour tous les enfants. Cela est particulièrement vrai pour les enfants transgenres et
les enfants de genre variant, qui sont fréquemment la cible de railleries et d’intimidation. S’il subit
régulièrement de la discrimination à l’école, un enfant ne peut se sentir en sécurité sur le plan
affectif et éprouvera vraisemblablement des problèmes d’apprentissage. »*
- Brill et Pepper, 2008, p. 153-154
Ultimement, peu importe si un élève transgenre ou
transsexuel a entrepris un processus de transition physique
(p. ex., interventions retardant la puberté), les éducatrices et
éducateurs doivent respecter les souhaits de l’élève, de ses
parents ou de ses tutrices ou tuteurs et des membres du
corps médical quand vient le temps de s’ajuster à ses besoins.
19
ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS À RISQUE
Généralement, dès qu’elles ont eu suffisamment de temps pour apprendre les comportements, les gestes et les
modes d’expression des personnes du sexe ciblé, la plupart des personnes transsexuelles commencent à se mêler à
la société. Lorsqu’elles se sentent à l’aise et en confiance dans leur nouveau rôle sexuel et qu’elles « passent bien »,
certaines d’entre elles cessent de parler d’elles-mêmes comme de personnes transsexuelles et affirment plutôt leur
désir d’être identifiées comme un homme ou une femme. C’est souvent à partir de ce moment que les personnes
transsexuelles se fondent dans la société en vivant de façon plus sécuritaire comme des hommes ou des femmes.
D’autres préfèrent continuer de s’identifier comme des personnes transgenres dans le but de continuer de remettre
en question le modèle sexuel binaire établi.
20
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
La variance de genre existe depuis toujours dans
différentes cultures. Il est important de souligner
qu’il n’existe aucune preuve scientifique faisant
un lien entre l’éducation des enfants, la violence
faite aux enfants ou d’autres expériences
de la vie négatives et le transsexualisme.
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET
TRANSSEXUELS AINSI QU’À LEURS PARENTS
OU LEURS TUTRICES OU TUTEURS
21
Dans une récente étude à laquelle ont participé 42 parents d’enfants et d’adolescents de genre variant, Hill et
Menvielle (2009) ont déterminé les craintes que les parents ressentaient relativement à la sécurité personnelle,
au bonheur futur et à l’adaptation psychologique de leur enfant. Ces craintes ont été classées dans les catégories
générales suivantes :
1. SÉCURITÉ
Soixante pour cent (60 %) des parents ont exprimé la crainte que les gens blessent leur enfant. Les parents
disaient craindre que l’enfant subisse des actes d’intimidation, de marginalisation sociale et de violence. Un
des parents a souligné que « le monde n’est pas sécuritaire pour les enfants gais, encore moins pour les jeunes
dont le genre est non conforme aux normes établies » (p. 259). La crainte des parents concernait surtout les
périodes de transition importantes dans le parcours scolaire, comme le passage du premier au second cycle du
secondaire. Les parents affirmaient souvent avoir peur que leur fille ou leur fils ne soit pas accepté à l’école en
raison d’un milieu scolaire intolérant et qu’il intériorise ces visions négatives concernant la variance de genre.
2. VIE DIFFICILE
Quarante pour cent (40 %) des parents ont dit craindre que leur enfant ait une vie plus difficile à cause du
manque d’acceptation et de compréhension par la société. Ils ont dit ressentir le besoin de préparer leur enfant
à la manière dont la société peut réagir à leur différence de genre.
3. HOMOSEXUALITÉ
Malgré les preuves médicales indiquant le contraire, 50 % des parents associe toujours la variance de genre de
leur enfant à l’homosexualité. Cette association illustre à quel point les stéréotypes sociaux sont tenaces.
4. PRÉOCCUPATIONS CONCERNANT LE FAIT D’ÊTRE TRANSGENRE
Un peu plus de 50 % des parents ont reconnu qu’il est possible d’avoir un enfant transgenre, ce qui constituerait
une expérience nouvelle qui donnerait beaucoup à réfléchir pour de nombreux parents. Comme l’expliquait un
parent, « Tu peux concevoir que ton garçon est tout simplement normal. Tu peux concevoir qu’il est gai. Mais
qu’il soit transgenre, c’est vraiment atteindre un niveau supérieur » (p. 262).
5. DÉFINITION DES LIMITES
De nombreux parents ont dit comprendre de mieux en mieux leur enfant et lui apporter un meilleur soutien avec
le temps, mais ont également affirmé se demander quelles limites établir relativement à ses comportements
en vue d’assurer sa sécurité et son bien-être. Parallèlement, les parents ont aussi déclaré vouloir soutenir et
valoriser leur enfant et ainsi contribuer de façon importante au développement de son estime de soi. Certains
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS AINSI QU’À LEURS PARENTS OU LEURS TUTRICES OU TUTEURS
Le processus d’acceptation d’un enfant dont le genre est variant diffère d’une famille à l’autre. Certaines familles
s’adaptent et acceptent inconditionnellement leur enfant transgenre relativement vite, tandis que d’autres
traversent un processus beaucoup plus long et difficile. D’autres familles encore ne réussissent jamais à accepter
totalement leur enfant. L’empathie, les connaissances et la compréhension sont des éléments essentiels du
processus d’acceptation par les parents, les familles et les éducatrices et éducateurs. Ce travail de sensibilisation
peut se faire grâce à un processus d’auto-apprentissage sur les questions de genre et sur les rôles sexuels et à une
meilleure compréhension des façons sociétales de construire et de réguler la manifestation obligatoire du genre et
de la sexualité.
parents essaient parfois d’encadrer et de surveiller étroitement le comportement de leur enfant de genre
variant en mettant un gros accent sur les comportements genrés appropriés. Toutefois, comme l’indiquent les
parents qui ont essayé cette approche stricte, la tentative a été un échec et a eu des conséquences destructrices
sur leur enfant. Un autre parent a déclaré : « Je pense qu’il se débattait tellement à l’intérieur qu’il réagissait
extérieurement par des comportements terribles, terribles, terribles. Quand nous lui avons enfin donné la
liberté d’être lui-même au sein de notre unité familiale, il est devenu un enfant tellement, tellement, tellement
plus heureux et son comportement s’est beaucoup adouci » (p. 256).
22
6. LEÇON DONNÉE PAR L’ENFANT AUX PARENTS
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
Quarante pour cent (40 %) des parents ont indiqué que leur enfant de genre variant leur a appris d’importantes
leçons de vie et a ainsi contribué à les faire grandir comme parents. Un des parents a mentionné : « La
situation nous a poussés à nous investir […] à devenir plus créatifs comme parents […] Ça nous a fait devenir de
meilleurs parents » (p. 263). Un autre parent a souligné que l’enfant les « a forcés à croitre. Il a réellement […]
Je veux dire qu’il nous a tous poussés à […] voir le monde différemment, et à faire preuve de plus de tolérance
et de compréhension […], il est un cadeau du ciel » (p. 263). En parlant avec d’autres parents de cette
expérience, un parent a répondu : « […] la situation peut rendre votre vie plus difficile, mais elle fait de vous une
meilleure personne » (p. 263).
En s’appuyant sur les résultats de cette étude menée auprès des parents, Hill et Menvielle (2009) ont remis en
question les modèles ou les interventions thérapeutiques ou éducatives dont le but est de « réparer » ou de changer
les jeunes de genre variant. Les auteurs recommandent plutôt une approche axée sur la famille pour que celle-ci
puisse aider l’enfant de genre variant à s’adapter à une culture sociétale souvent hostile et fondée sur un système
binaire des genres.
MODÈLE D’ÉMERGENCE DE LA FAMILLExii
Stade 1 Découverte et déclaration de la variance de genre.
Stade 2 Tourmente. Période souvent marquée par des désaccords parentaux sur la meilleure façon de soutenir l’enfant.
Stade 3 Acceptation. Période de tourmente normalement suivie de négociations en vue de réguler le comportement propre au sexe ciblé (p. ex., la négociation — quand est-ce la bonne chose? qui doit le savoir?)
Stade 4 Équilibre final. Respect mutuel des besoins de l’enfant et des besoins de toute
la famille.
Selon l’expérience et la recherche cliniques, les familles qui ont un enfant de genre variant ont souvent besoin :
•
•
de l’assurance qu’elles n’ont pas causé la variance de genre de leur enfant, ce qui peut leur permettre
de gérer leurs sentiments de déception, de peur et de colère;
de soutien pour apprendre à favoriser une bonne estime de soi chez leur enfant et à défendre son
bien-être.
Ultimement, l’accent n’est pas mis sur le fait de changer l’enfant, mais de l’aider à vivre dans un monde binaire
selon lequel l’anatomie dicte le destin sexuel final de chacun. Les enfants de genre variant vivent des changements
importants, mais les éducatrices et éducateurs doivent garder à l’esprit que les parents aussi traversent un important
processus de changement et ont aussi besoin d’un soutien approprié.
En se reposant sur cette étude, Hill et Menvielle (2009) donnent les conseils suivants aux parents d’enfants de genre
variant :
•
Renseignez-vous par vous-même
Informez-vous sur les questions entourant le transgendérisme et la transsexualité. Lisez des livres, regardez
des films, consultez des sites Web et, ce qui est peut-être plus important, parlez aux autres parents.
Renseignez-vous pour acquérir les connaissances et la confiance qui vous permettront de déconstruire les
stéréotypes liés aux questions de genre, remettre en cause la notion rigide de conformité et dénoncer les
personnes qui condamnent, ignorent ou rejettent les diverses identités de genre.
Examinez vos propres croyances et biais
Comme le disait un parent de façon convaincante, « Vous ne changerez rien […] Votre enfant ne changera
pas. Vous êtes la personne qui devra changer » (p. 264). En plus de votre famille immédiate, encouragez les
membres de votre famille élargie à respecter l’expression de genre de votre enfant en utilisant les pronoms
que votre enfant préfère et le prénom qu’il a choisi. Travaillez toujours à défendre les besoins de votre
enfant en matière de sécurité, d’affection et de santé.
•
Acceptez la véritable identité de votre enfant
Le soutien et l’acceptation jouent un rôle essentiel dans le développement de la confiance en soi et de
l’estime de soi de votre enfant. Soutenez-le et donnez-lui la chance d’être unique. Peu importe ce qui
se passe à l’école ou ailleurs dans le monde, votre enfant saura qu’il peut toujours trouver à la maison
un soutien inconditionnel. Ne l’empêchez pas d’avoir accès à des ressources convenant à son âge et
encouragez les discussions ouvertes exemptes de blâme, de honte ou du sentiment de devoir garder
des choses secrètes. Si vous ne vous entendez pas avec l’autre parent sur des questions liées à la
variance ou à l’expression de genre de votre enfant, essayez d’en discuter et de vous concentrer
sur l’intérêt de ce dernier.
•
Étudiez différentes stratégies
Certains parents établissent la règle « seulement à la maison » et fixent les limites délimitant les lieux
et les moments où il est approprié pour l’enfant d’adopter des comportements propres à l’autre sexe et
d’afficher ses intérêts pour celui-ci. Cette approche oblige parfois certains jeunes à vivre une « double vie »
qui cache l’existence d’un « secret de famille » (p. 266). D’autres parents tentent de donner l’heure juste
à leur enfant en lui expliquant ce qui risque de survenir et en lui disant que certains élèves pourraient se
montrer méchants à son endroit. D’autres parents encore montrent différentes stratégies à leur enfant
qu’ils lui font répéter dans le but de l’aider à faire face à des situations d’intimidation ou de railleries qui
pourraient survenir à l’école. Le plus important est de s’assurer d’établir une communication ouverte et
continue. Révisez vos plans fréquemment et faites preuve d’ouverture s’il est nécessaire de les modifier
pour mieux respecter les besoins immédiats de votre enfant.
Peu importe leur niveau de connaissances ou les approches adoptées, tous les parents voulaient que l’école
s’investisse en offrant du soutien par la voix des conseillères et conseillers en orientation, du personnel enseignant
et de l’administration qui connaissent les questions liées à l’identité de genre. Les parents souhaitaient également
que l’école intègre clairement les questions d’identité de genre dans les programmes de lutte contre l’intimidation
et les programmes axés sur la diversitéxiii.
Aujourd’hui, l’école et la société changent rapidement. Les parents, les enfants et les jeunes sont donc porteurs de
différentes normes sociales et visions du monde. Les questions entourant l’identité de genre sont complexes et se
comparent probablement aux questions sur l’orientation sexuelle telles qu’on les comprenait il y a une trentaine
d’années. Les attitudes changent, les temps changent, mais les espoirs, les rêves et les craintes des parents et des
élèves demeurent étonnamment les mêmes. Tous les parents veulent que leur enfant soit en sécurité à l’école,
obtienne un diplôme et devienne une personne en santé, heureuse et productive à l’âge adulte. Ces espoirs et
ces rêves sont les mêmes pour les parents d’enfants de genre variant. Les parents, les frères et sœurs, les grandsparents, les amies et amis et les enseignantes et enseignants jouent tous un rôle essentiel dans l’adaptation positive
de ces jeunes et doivent participer à l’établissement d’un réseau informé qui apporte son soutien à ces jeunes afin
de les aider à se sentir valorisés et en sécurité et ultimement à améliorer leur résilience.
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS AINSI QU’À LEURS PARENTS OU LEURS TUTRICES OU TUTEURS
•
23
Votre enfant a besoin d’une chose au monde et d’une seule chose : du soutien de la part de ses
parents et de sa famille, [et de son école], et que ces personnes lui disent que tout est correct et
qu’il n’y a rien de mal à être ce qu’il est. Tout le reste n’a pas vraiment d’importance en comparaison
à cela. Et si vous ne pouvez pas le lui donner, vous ne faites pas la bonne chose.
– Parent d’un enfant de genre variant, Hill et Menvielle, 2009, p. 265
24
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
L’identité de genre n’est pas un choix ou
n’est pas causée par le manque de modèle
d’identification masculin ou féminin ni par
une mauvaise éducation (Cohen-Kettenis
et autres, 2008), mais il s’agit plutôt d’une
autre forme de la diversité humaine.
STRATÉGIES VISANT LA TRANSITION
RÉUSSIE D’UN ENFANT TRANSSEXUEL
25
1. Les parents ou les tutrices ou tuteurs et leur enfant en transition doivent faire preuve de souplesse. Il peut
être difficile d’y arriver si l’enfant est très jeune, par exemple si l’enfant fréquente les premières classes
de l’élémentaire. « La plupart des enfants transgenres vivent toujours dans l’ombre, se tenant à l’écart
d’un monde qui les considère comme une erreur de la nature. Rejetés par leur famille, nombre d’entre
eux grandissent dans la haine de leur corps et sont en proie à la dépression, la toxicomanie, la violence
et le suicide »* (Goldberg et Adriano, 2008, paragr. 5). La stratégie consiste à élaborer un plan tout en
prévoyant y apporter des modifications si la situation l’exige. Ce plan peut comprendre des discussions avec
le district scolaire, la direction de l’école et peut-être avec des membres choisis du personnel enseignant
tels qu’un conseiller ou une conseillère en orientation ou la personne qui enseigne l’éducation physique.
On recommande aux parents de travailler avec l’école afin d’identifier les personnes « sures » parmi les
membres du personnel à qui l’enfant pourra toujours s’adresser pour obtenir du soutien (Luecke, 2011).
2. Il faut se rappeler qu’une transition de genre est un processus public qu’on ne peut pas cacher. En
conséquence, il peut être difficile de garder la transition de l’élève secrète. Il s’agit là d’une réalité dont on
doit tenir compte dans le processus de planification effectué pour et avec l’enfant. Établir un lien avec le
service des communications du district scolaire, les médias et des spécialistes du domaine juridique permet
de veiller à ce que les droits de l’enfant à la confidentialité soient respectés.
3. Les parents ou les tutrices ou tuteurs de l’enfant devraient faire preuve d’une ouverture prudente à l’égard
des autres quant à la transition de leur enfant. Les parents devraient toujours choisir les personnes alliées
avec soin et aider l’enfant à trouver ses propres alliés. Le niveau d’aide dépendra en grande partie de l’âge
de l’enfant.
4. Les parents devraient faire preuve d’ouverture et de patience face aux questions concernant la transition
de leur enfant, en évitant de démontrer de la colère ou de formuler des réponses hostiles. Mieux vaut faire
preuve de naturel en parlant de la transition de l’enfant et éviter les excuses ou les vantardises. Il convient
de se souvenir que pour de nombreuses personnes, ce sera la première fois qu’elles entendront parler de
questions d’identité de genre. Les parents devraient travailler avec leur enfant sur la manière de répondre
aux questions qui peuvent lui être posées. Cependant, comme le suggère Luecke (2011), ce ne devrait pas
être la responsabilité de l’enfant transgenre d’éduquer les autres (p. 137). Les parents auront tout avantage
à encourager l’école de leur enfant à offrir un perfectionnement professionnel au personnel, des ateliers
aux parents et des leçons aux élèves sur l’identité, la variance et l’expression de genre.
5. Une façon d’aider les gens à comprendre l’identité de genre consiste à mettre l’accent sur les aspects
médicaux de la transidentité de l’enfant. En adoptant cette approche, les parents doivent être renseignés
et capables de diriger les individus vers des ressources professionnelles appropriées qui décrivent
brièvement l’identité de genre, la dysphorie de genre et les causes possibles du transsexualisme. Le travail
que l’on fait avec l’enfant peut également l’aider à comprendre et à démythifier les aspects médicaux du
transsexualisme. On peut aussi encourager l’école à préparer une foire aux questions (FAQ) à l’intention
des personnes qui souhaitent obtenir plus d’information ou collaborer avec elle à cet égardxiv.
STRATÉGIES VISANT LA TRANSITION RÉUSSIE D’UN ENFANT TRANSSEXUEL
Il n’y a pas deux enfants qui vivent leur transition exactement de la même façon. Les stratégies présentées
ci-dessous se veulent des suggestions pratiques afin d’aider les parents, les tutrices et tuteurs et les personnes qui
s’occupent des enfants à offrir du soutien tout au long du processus de transition vécu à l’école. Chaque personne
doit analyser ces stratégies pour déterminer si elles peuvent être utiles dans sa propre situation. Il convient de
toujours garder à l’esprit les besoins immédiats de l’enfant en matière de santé, de sécurité et d’éducation et de
faire les ajustements en conséquence.
6. Une autre stratégie consiste à demander l’appui du district scolaire ou de l’administration de l’école,
des conseillères et conseillers en orientation, des travailleuses ou travailleurs sociaux et du personnel
enseignant. Dans certains cas, l’enfant en transition et ses parents ne trouveront qu’un appui minimal. Il
faut se préparer à faire face à la possibilité qu’il n’existe pas d’expérience ou de soutien institutionnels sur
lesquels l’enfant en transition et ses parents peuvent compter. Il est préférable de ne divulguer l’information
qu’au personnel de l’école qui en a réellement besoin.
26
7. Selon le stade auquel il est rendu dans sa transition, l’enfant devrait s’habiller de façon appropriée selon
son rôle de genre. Il sera plus facile pour l’enfant de réaliser sa transition s’il évite d’envoyer des « messages
mixtes » quant au genre qu’il présente.
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
8. Une autre stratégie consiste à minimiser plutôt qu’à exagérer l’importance des petits gestes quotidiens
de l’enfant durant sa transition. Il faut se souvenir qu’il peut être difficile pour l’enfant d’agir dès le début
de façon « normale » et « appropriée » à son nouveau genre. Il est possible qu’il exagère ou atténue sa
voix, ses intonations, ses gestes et ses actions en essayant de reproduire ce qu’il croit être des attitudes
« normales » pour le sexe ciblé. Les parents devraient aider leur enfant à cet égard et l’encourager à
s’exercer à adopter les rôles et les comportements propres au sexe ciblé dans un environnement sûr
comme à la maison ou avec ses amies et amis proches.
9. Il faut savoir que certains élèves et parents pourraient s’objecter à ce que l’enfant en transition continue de
fréquenter l’école ou le district scolaire. Un plan s’impose pour faire face à cette situation possible. Il faudra
parfois à l’enfant une grande force intérieure pour conserver sa confiance en soi. Les parents devront
aider leur enfant à développer l’estime de soi nécessaire pour traverser cette période de transition tout en
continuant à se concentrer sur ses études et en préservant son bien-être personnel.
10. Une autre stratégie consiste à planifier la transition de l’enfant de sorte qu’il se « présente » pour la
première fois dans son nouveau genre soit au début de l’année scolaire, soit l’avant-dernière ou la dernière
semaine de l’année scolaire. La dernière option peut faciliter son entrée à l’école en septembre de l’année
suivante. Une troisième option consiste à demander que l’enfant soit placé dans une école ou un district
scolaire différent.
Ces suggestions ne constituent pas des règles strictes, mais des lignes directrices que l’on doit adapter et modifier
en fonction de chaque famille. Il est également recommandé de travailler en collaboration avec des professionnelles
et professionnels de la santé ou des spécialistes en éducation qui peuvent aider à élaborer une stratégie de soutien
à l’enfant durant sa transition à l’école.
Recherchez les bénédictions cachées. Les mauvais côtés seront faciles à voir; ils vous sauteront aux
yeux. Mais il y a aussi des bénédictions. D’incroyables chances d’aimer et d’être aimé. De voir son
enfant s’épanouir. De découvrir ses propres inhibitions et de se libérer des sombres recoins de son
être dont on ne soupçonnait même pas l’existence. Recherchez tout cela.
– Un parent, Central Toronto Youth Services, 2008, p. 1
Les enfants transgenres et transsexuels courent un plus grand
risque de dépression et de suicide que leurs camarades.
ÉLABORATION D’UN PLAN DE
TRANSITION À L’ÉCOLE : LE RÔLE ET
LES RESPONSABILITÉS DE L’ÉCOLE
27
Dès qu’ils ont été informés de la décision de l’élève d’entreprendre une transition, les cadres scolaires devraient
réagir de la même façon que s’il s’agissait de tout autre élève ayant des besoins particuliers. En collaboration avec
l’élève, les parents et les personnes spécialisées en soins de santé et en éducation, les cadres devraient élaborer et
mettre en œuvre des stratégies qui maximisent les chances de succès de la transition de l’élève en milieu scolaire
— en d’autres termes, mettre au point un plan de transition. Puisque chaque élève en transition est unique, tout
comme ses parents, et que chaque école possède sa propre culture communautaire, le plan de transition conçu
pour un élève en particulier évoluant dans une certaine école devra aussi avoir un caractère unique.
Normalement, les antécédents médicaux d’une personne sont considérés comme hautement confidentiels et les
renseignements ne sont transmis que si cela est nécessaire. Mais dans les faits, les « nouvelles » concernant un
élève en transition qui a décidé de demeurer à la même école ou de transférer dans une autre école du même
district scolaire ont tendance à se répandre rapidement. On doit tenir compte de ce facteur lors de l’élaboration du
plan de transition, tout en respectant en tout temps et strictement le droit à la confidentialité de l’élève.
Avant l’élaboration du plan de transition, l’élève, ses parents et la direction de l’école souhaiteront peut-être
déterminer quelles personnes prendront part au plan. Par exemple, ils souhaiteront peut-être le concours de la
conseillère ou du conseiller en orientation, de l’enseignante ou de l’enseignant en éducation physique et d’un
membre particulier du personnel enseignant. Devrait-on également solliciter des commentaires et des avis de
personnes qui représentent le conseil des élèves et le conseil consultatif de parents?
Tout au long de l’élaboration du plan de transition, il est naturel de porter principalement attention à l’élève en
transition afin de déterminer comment lui apporter le meilleur soutien. Mais il ne faut pas négliger l’effet, tout
aussi important, de la transition de l’élève sur ses frères et sœurs d’âge scolaire. Fréquentent-ils la même école
ou une autre école du même district scolaire? Comment réagiront-ils à la transition imminente de leur frère ou
sœur? Courent-ils un risque d’être victimes d’intimidation ou de harcèlement de la part d’autres élèves? Quel type
de soutien devraient leur offrir les parents et les cadres scolaires? Les frères et sœurs ainsi que les élèves alliés
peuvent-ils aider à soutenir l’élève en transition? Les camarades de l’élève en transition apportent-ils ou devraient-ils
ÉLABORATION D’UN PLAN DE TRANSITION À L’ÉCOLE : LE RÔLE ET LES RESPONSABILITÉS DE L’ÉCOLE
La plupart des personnes transsexuelles effectuent leur transition lorsqu’elles ont quitté les écoles publiques et
qu’elles fréquentent un établissement d’enseignement supérieur ou qu’elles sont sur le marché du travail. Il est
très probable que seuls les élèves dont la variance de genre ou le transsexualisme est très intense effectueront une
transition pendant qu’ils fréquentent une école de la maternelle à la 12e année. Ces élèves courent souvent un risque
élevé de violence, de dépression et de suicide à moins qu’ils entreprennent une transition. Habituellement, lorsque
des parents ou des tutrices ou tuteurs bienveillants informent l’école que leur enfant amorcera une transition, de
nombreuses heures de consultation ont déjà eu lieu entre l’élève, les parents et un psychiatre ou une autre personne
spécialisée dans la santé mentale, plus particulièrement dans la variance de genre à l’enfance et à l’adolescence.
Le rôle de l’école consiste alors à offrir du soutien au jeune en transition et à ses parents, sous la supervision d’un
professionnel de la santé qualifié. Une aide additionnelle peut être apportée par un membre du personnel de
l’éducation spécialisé dans les questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre. Ce spécialiste peut jouer le
rôle de personne-ressource et aider à coordonner une communication ouverte qui est essentielle à la réussite d’une
transition en milieu scolaire. Bien souvent, les directions d’école et le corps enseignant n’ont pas le temps ou les
connaissances spécialisées pour assumer ce rôle important. En conséquence, une personne qui occupe un poste de
psychologue, de travailleur social, de conseillère en orientation ou de conseiller communautaire peut remplir ce rôle
et ainsi veiller à ce que l’information transmise soit exacte et que le plan de transition soit mis en place.
apporter un certain soutien? Ces camarades ont-ils besoin d’une formation particulière pour savoir comment
appuyer l’élève en transitionxv? Les membres de la famille (y compris les parents) éprouvent-ils du chagrin en raison
de la « perte » apparente de l’enfant qu’ils aiment? Comment l’école peut-elle soutenir les membres de la famille
pendant la transition de l’élève? Il est important de tenir compte de toutes ces questions lorsque l’on élabore un
plan de transition si l’on veut que ce plan soit efficace et mûrement réfléchi.
Au moment de l’élaboration d’un plan de transition en milieu scolaire, on recommande de réfléchir notamment aux
questions suivantes :
28
AVANT LA TRANSITION
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
1. Parmi les éléments suivants, lesquels protègent l’intérêt de l’élève en transition : Faut-il respecter la
confidentialité de façon presque absolue, diffuser toute l’information à l’ensemble de la communauté
scolaire (y compris à tous les parents), ou adopter une solution intermédiaire? Est-ce qu’il conviendrait
d’informer tous, certains ou aucun des groupes suivants : personnel enseignant, personnel de soutien,
élèves et parents? Dans l’affirmative, quand et comment les informer? Quels sont les risques potentiels de
divulguer l’information? Quels sont les risques potentiels de tenir l’information secrète?
2. À quel moment l’élève souhaite-t-il entreprendre sa transition? La date souhaitée est-elle réaliste? L’élève,
ses parents et le système scolaire seront-ils prêts à cette date? Il est recommandé de créer un échéancier
pour la transition afin que toutes les personnes participant au processus connaissent les attentes nourries
à leur égard et les façons de se préparer (Luecke, 2011, p. 133).
3. Cherchera-t-on à obtenir des suggestions concernant la préparation d’une transition réussie auprès des
sources suivantes :
• Programmes de santé ciblant les personnes trans, ou professionnelles et professionnels de la santé
qualifiés?
• Groupes ou programmes de soutien locaux à l’intention des jeunes LGBTA et de leurs parents?
• Association ou syndicat provincial ou territorial de l’enseignement?
• Professionnelles ou professionnels de la santé mentale et de l’éducation qui se spécialisent dans les
questions d’identité de genre?
• Autres écoles ou districts scolaires qui ont déjà eu des élèves en transition?
• Autres élèves qui ont vécu une transition ou parents d’enfants qui ont vécu une transition?
• Personnes transsexuelles bien renseignées?
• Enseignante ou enseignant transsexuel qui travaille au sein du conseil scolaire et qui souhaite aider?
4. Est-il nécessaire pour l’école ou le district d’élaborer ou de modifier les politiques scolaires traitant
d’homophobie, de transphobie, d’identité de genre, d’expression de genre et de lutte contre l’intimidation
(y compris la cyberintimidation) pour aider et protéger l’élève en transition?
5. L’école et le district scolaire sont-ils bien renseignés sur leurs responsabilités et leurs obligations d’origine
législative? Par exemple, l’école a-t-elle l’obligation légale de répondre aux besoins de l’élève en transition?
6. Que peuvent faire les administrations scolaires, les conseillères et conseillers en orientation, le personnel
enseignant, le personnel de soutien, les autres élèves et les parents pour créer un milieu qui offre du
soutien à l’élève en transition?
7. Les conseillères et conseillers en orientation seront-ils en mesure de travailler avec les élèves et le personnel
de l’école qui éprouveraient de la difficulté à gérer leurs problèmes personnels soulevés par la transition
de l’élève?
8. Les élèves devraient-ils recevoir de l’information favorisant l’intégration des personnes trans de la part des
conseillères et conseillers en orientation ou de membres renseignés de la communauté médicale ou trans?
Dans l’affirmative, quand cette information serait-elle transmise? Durant les heures de classe?
9. Si certains parents ou médias soulèvent des questions ou des enjeux, qui au sein de l’école ou du district
sera responsable d’y répondre? Comment ces questions seront-elles répondues? Que doivent faire les
autres membres du personnel si des parents ou les médias leur posent des questions?
10. Devra-t-on prévoir des séances de perfectionnement professionnel à l’intention du personnel de l’école?
11. Quelles toilettes l’élève en transition devra-t-il utiliser xvi? S’il existe des toilettes séparées pour les filles et
les garçons, quelles seront les modalités d’accès pour l’élève en transition? Quelles sont les répercussions
sur le plan de la santé et de la sécurité?
29
12. Dans quel vestiaire l’élève en transition se changera-t-il lors des activités sportives?
14. Quelles mesures seront prises dans les situations suivantes : usage incorrect, mais involontaire, de
pronoms, usage incorrect et délibéré de pronoms, transphobie ou intimidation flagrante (y compris
la cyberintimidation)? La sécurité de l’élève en transition (ainsi que de ses frères et sœurs et de ses
camarades) est-elle assurée de façon adéquate? Est-ce que tout le monde connait les politiques de l’école
et du district scolaire ainsi que les lois régissant les droits de la personne? Est-ce que tout le monde sait que
des actes continus d’intimidation peuvent mener à une intervention policière ou au dépôt d’une plainte
pour violation des droits de la personne?
15. Devrait-on envoyer aux parents et aux élèves une lettre les informant qu’un élève entreprend une
transition? Dans l’affirmative, quel sera le contenu de la lettre? Qui participera à la rédaction de la lettre?
Comment la confidentialité des renseignements concernant l’élève et sa famille sera-t-elle protégée? Que
se passera-t-il si cette lettre est transmise aux médias?
16. Est-ce que tout le monde sait que la transsexualité est une variation normale du développement humain et
que la transition est le processus recommandé par les professionnelles et professionnels de la santé dans
le cas de personne ressentant une variance de genre d’intensité élevée?
17. Est-ce que l’élève en transition, ses parents, les professionnelles et professionnels de la santé, le personnel
de l’école et les autres élèves ont reçu l’information sur la politique ou la procédure particulière de l’école
concernant les élèves en transition? Le processus d’élaboration de la politique ou de la procédure est-il
ouvert et transparent? Est-ce que l’élève en transition, ses parents, les professionnelles et professionnels
de la santé, le personnel de l’école et les autres élèves ainsi que leurs parents contribuent à l’élaboration
d’une telle politique ou procédure? Existe-t-il un consensus sur la politique, la procédure et le protocole?
Que se passe-t-il si la politique, la procédure et le protocole sont délibérément violés?
18. Est-ce que tout le monde connait le plan de transition et l’échéancier qui s’y rattache, ainsi que le rôle de
chacun dans la mise en œuvre du plan de transition? Le plan est-il flexible et adaptable?
JOURNÉE DE LA TRANSITION
1. Est-ce que cette journée sera considérée par tout le monde comme une journée « ordinaire » ou sera-t-elle
différente d’une quelconque manière? Si cette journée est différente, en quoi le sera-t-elle? Quels seront
les rôles assumés par l’élève en transition, ses parents, l’administration de l’école, la conseillère ou le
conseiller en orientation de l’élève et les autres membres du personnel de l’école?
2. Est-ce que tout le monde sera préparé à la possibilité que les médias ou des parents inquiets puissent être
présents le jour de la transition?
ÉLABORATION D’UN PLAN DE TRANSITION À L’ÉCOLE : LE RÔLE ET LES RESPONSABILITÉS DE L’ÉCOLE
13. À quel moment l’école intégrera-t-elle le nouveau nom de l’élève dans ses communications informelles et
officielles? Par exemple, quand l’école affichera-t-elle le nouveau nom de l’élève sur les listes d’élèves, les
plans de classe et le bulletin? Les dossiers existants seront-ils modifiés? Dans l’affirmative, quand?
APRÈS LA TRANSITION
1. Quand et à quelle fréquence auront lieu les réunions organisées dans le but d’évaluer l’efficacité du plan de
transition et de le réviser, au besoin?
30
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
Lorsqu’un élève (ou un adulte évoluant au sein du système scolaire) entreprend une transition, on constate une
curiosité naturelle des gens concernant cette transition. Habituellement, cette curiosité s’atténue rapidement en
quelques jours ou semaines, la « nouveauté » de la situation se dissipe et le milieu scolaire retourne à la « normale ».
Les jeunes transgenres et transsexuels sont toutefois exposés à un plus grand risque d’intimidation et de violence
que leurs camarades hétérosexuels et ceux appartenant à une minorité sexuelle. Idéalement, tous les membres de
la communauté scolaire devraient être sensibles à cette situation et surveiller la sécurité de l’élève en transition,
devenant ainsi des alliés d’un grand secours. L’administration de l’école se doit de réagir rapidement à toute
situation négative. L’ensemble des élèves doivent constater clairement que tout acte d’intimidation transphobique
ou comportement préjudiciable fera immédiatement l’objet de conséquences.
L’administration de l’école ne doit jamais considérer
les enfants transgenres et transsexuels comme des
élèves souffrant d’une « maladie physique » ou d’une
« maladie mentale », « devant être guéris » ou en
quelque sorte atteints d’un « trouble ».
QUE PEUT-ON FAIRE POUR
CRÉER UNE CLASSE INCLUSIVE?
31
Les suggestions qui suivent sont quelques moyens importants par lesquels les éducatrices et éducateurs
peuvent exprimer leur soutien envers les jeunes appartenant à une minorité sexuelle et de genre. Cette liste
de stratégies n’est pas exhaustive, mais elle représente un point de départ à partir duquel les éducatrices et
éducateurs peuvent amorcer une remise en question du système binaire rigide des genres et du pouvoir de la
normalisation dans les écoles.
1. MONTREZ VOTRE SOUTIEN
Définissez votre classe ou votre bureau comme un lieu sûr où l’on peut discuter de questions liées à l’orientation
sexuelle et à l’identité de genre. Placez un petit drapeau arc-en-ciel sur votre bureau ou affichez un triangle rose,
un symbole d’une minorité de genre ou un autocollant d’arc-en-ciel dans votre bureau ou sur votre classeur.
Vous indiquerez ainsi que vous êtes au fait des minorités sexuelles et de genre et que vous vous souciez des
jeunes qui appartiennent à ces minorités. D’autres façons de créer un milieu inclusif consistent à discuter de
questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre présentées dans les médias, à la télévision et au
cinéma. Identifiez un ou des membres du personnel de l’école, ainsi que du district scolaire, qui peuvent jouer
le rôle de personnes-ressources sures, de spécialistes et d’alliés pour les jeunes appartenant à une minorité
sexuelle ainsi que les jeunes de genre variant et ceux en questionnement.
2. RÉAGISSEZ AUX COMMENTAIRES ET AUX PLAISANTERIES TRANSPHOBIQUES
Ne riez jamais à la suite d’une plaisanterie offensante. Réagissez directement à tout commentaire inapproprié;
vous ferez ainsi preuve d’une attitude bienveillante qui vous identifiera comme une personne à qui l’on peut
toujours parler. Selon le contexte, vous préférerez peut-être réagir au commentaire en privé afin de pouvoir
engager une discussion plus profonde et nuancée. Une bonne activité à réaliser en classe consiste à demander
aux élèves de dresser une liste de tous les termes racistes, sexistes, homophobiques et transphobiques
auxquels ils peuvent penser et ensuite à analyser et à démythifier les messages et les stéréotypes que ces mots
véhiculent souvent.
3. NOMMEZ DES PERSONNES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELLES CONNUES
a. Contribuez à la reconnaissance des personnes de genre variant. À la suite de la transition vers leur
nouveau genre, de nombreuses personnes préfèrent être identifiées comme un homme ou une femme,
conformément aux stéréotypes. Nombre de personnes transgenres et transsexuelles ont apporté une
importante contribution à la société par leur carrière ou leur profession, mais leur contribution est souvent
attribuée à l’homme ou à la femme qu’elles sont devenues plutôt qu’à la personne transsexuelle qu’elles
étaient avant et durant leur transition. Des personnes de genre variant ont toujours été présentes dans
l’histoire et dans toute une variété de cultures, de métiers et de religions à travers le mondexvii.
QUE PEUT-ON FAIRE POUR CRÉER UNE CLASSE INCLUSIVE?
Une classe et un milieu scolaire inclusifs supposent que tous les élèves se sentent en sécurité, accueillis et appuyés.
Les élèves doivent savoir qu’il y a des adultes à l’école qui les écouteront et les appuieront, peu importe leurs
différences réelles ou perçues. Tout enseignant ou enseignante doit réfléchir à sa propre compréhension de la
notion de genre et à l’influence qu’elle peut avoir sur son enseignement et sur sa classe (Rands, 2009). Il convient
également de se demander comment on représente la notion de genre dans la classe, comment ces représentations
sont liées aux compréhensions sociales et culturelles traditionnelles entourant la masculinité et la féminité, comment
on représente et renforce la notion de genre à l’école et dans la collectivité, comment des contextes différents sur
le plan culturel, ethnique et religieux peuvent influencer les membres d’une minorité de genre, et quels sont les
effets de ces représentations sur les jeunes qui ne se conforment pas aux normes de genre traditionnelles ni aux
stéréotypes des rôles assignés aux deux sexes.
32
b. Comme exemple d’une personne trans dont l’identité est restée secrète, vous pouvez parler de Billy Tipton,
cette personne que tout le monde croyait être un homme. Billy Tipton a vécu de 1914 à 1989 et s’appelait
à la naissance Dorothy Lucille Tipton. Dorothy ne pouvait pas devenir musicienne professionnelle en raison
de son sexe. Dès lors que Dorothy est devenue Billy, elle a pu accéder à la scène musicale aux côtés de
plusieurs autres musiciens talentueux de l’époque. Le vrai sexe de Billy a été connu du public seulement à
sa mort, lorsque le personnel médical a découvert que Billy était physiquement une femme. Billy était-il
un individu transgenre ou transsexuel? Nous ne connaissons pas la réelle identité de genre de Billy Tipton.
Il est très probable que Billy ait été une personne transgenre ou transsexuelle, si l’on se fie à son souhait
et à sa capacité de vivre comme un homme et de se faire passer pour tel malgré le fait qu’il était de sexe
féminin à la naissance. Par contre, il est aussi possible que Billy ait décidé de se présenter comme un
homme afin de réussir à faire ce qu’il ne croyait pas pouvoir faire en tant que femme.
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
c. Un des premiers exemples connus d’une personne transsexuelle de l’ère moderne est celui de Christine
Jorgensen. Née George William Jorgensen Jr., Christine a subi une chirurgie pour changement de sexe qui
a été le premier cas largement publicisé dans les médias américains. Un autre exemple est celui de Jan
Morris (1974) qui raconte son expérience dans une autobiographie célèbre intitulée L’énigme. Combien
d’exemples de personnes transgenres ou transsexuelles pouvez-vous donner?
d. Plus récemment, Chaz Bono a vécu une transition publique de femme vers homme que l’on peut voir dans
le documentaire Becoming Chaz. Ardent défenseur des personnes transgenres, Chaz est le fils du célèbre
couple Sonny et Cher Bonoxviii.
Comme les personnes de genre variant deviennent de plus en plus visibles et représentées de façon positive dans la
société, on constate de moins en moins de stigmatisation à leur endroit. Il demeure toutefois vrai que les individus
transsexuels font moins l’objet de remarques publiques ou de moqueries s’ils apparaissent comme une personne
de sexe féminin ou masculin stéréotypé. Par contre, les personnes qui passent d’un sexe à l’autre ouvertement
se heurtent parfois à des critiques acerbes ou peuvent être victimes de violence ou d’agression psychologique ou
physique.
Parmi les jeunes transgenres qui ont participé au sondage,
79 % ont rapporté ne pas se sentir en sécurité à l’école.
QUE PEUT FAIRE L’ÉCOLE?
33
Les pages qui suivent formulent quelques suggestions propres à aider votre communauté scolaire à mieux respecter
les besoins des jeunes transgenres et transsexuels.
1. FAITES PREUVE D’INITIATIVE
Prenez l’initiative d’offrir une formation complète et convenant à l’âge des participants sur les questions d’identité
de genre à tous les membres du personnel, élèves et membres du conseil consultatif de parents. Saisissez
chaque occasion de discuter de diversité et de questions de genre à votre bureau, dans la salle du personnel et
en classe. Montrez votre soutien envers les membres du personnel qui adoptent des comportements inclusifs.
N’oubliez pas que les changements d’attitude n’arrivent pas du jour au lendemain; c’est pourquoi les personnes
qui essaient d’adopter et de faire adopter des stratégies et des comportements auxquels l’école n’est pas
habituée ont besoin de se sentir appuyées par l’administration, en particulier si d’autres veulent leur emboiter
le pas. Le statuquo peut paraitre acceptable, mais il peut aussi faire durer un climat malsain pour une minorité
souvent silencieuse et invisible.
2. CLARIFIEZ LES ATTENTES DE BASE DANS LE CODE DE CONDUITE DE VOTRE ÉCOLE
Assurez-vous que votre école et votre district scolaire possèdent des politiques non discriminatoires claires et
des codes de conduite des élèves explicites qui interdisent expressément le harcèlement et la discrimination
fondés sur l’identité de genre ou l’expression de genre réelle ou perçue d’un élève. Des termes comme « travelo »
ou « travesti », par exemple, devraient être clairement classés parmi les expressions racistes et homophobiques
méprisantes. Il convient également de ne pas accepter les plaisanteries et commentaires racistes, sexistes,
homophobiques et transphobiques humiliants. Discutez de façons de combattre ce genre de remarques sans
pour autant vous montrer agressifs. Par exemple, lorsqu’une personne utilise un de ces termes, discutez avec
elle en privé afin de lui expliquer l’historique des mots offensants et les effets dommageables qu’ils peuvent
avoir sur l’estime de soi d’un élève. Il ne faut jamais oublier que tout élève peut compter dans sa famille ou son
cercle d’amis des personnes de genre variant. Votre silence traduit votre consentement à l’égard de ces actes
de discrimination.
QUE PEUT FAIRE L’ÉCOLE?
Selon la loi, toutes les écoles doivent fournir un milieu éducatif non discriminatoire. Pourtant, les jeunes transgenres
et transsexuels considèrent trop souvent qu’il est risqué et dangereux de révéler leur identité à l’école. La plupart
des actes de harcèlement et de violence dirigés contre des jeunes de genre variant s’appuient sur un système
binaire des genres très strict selon lequel il n’y a que deux sexes possibles, les sexes masculin et féminin. Malgré
les preuves scientifiques récentes prouvant le contraire, on constate qu’il existe encore, ouvertement ou non, une
conception étroite de la construction identitaire dans les écoles, limitant sérieusement la possibilité de créer un
milieu scolaire véritablement inclusif et diversifié. C’est pourquoi les écoles devraient promouvoir la création d’un
milieu qui remet en question la représentation binaire des genres pour accepter la fluidité des sexes, de la sexualité
et des genres. À l’école, les élèves apprennent bien plus que seulement des matières scolaires; ils apprennent aussi
les normes, les règles et les comportements socialement acceptables en observant les actions et les non-actions de
leurs camarades et du personnel enseignant (Wyss, 2004). Qu’apprendront les élèves de votre école? Votre école
assumera-t-elle la responsabilité de créer un milieu éducatif sûr pour tous les jeunes?
3. VEILLEZ À N’EXCLURE PERSONNE
34
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
Songez à trouver des modèles d’identification pour tous les groupes minoritaires de votre école, par exemple
des femmes œuvrant en sciences ou comme chefs d’Église, des auteurs et des personnes âgées autochtones,
des athlètes et des gens d’affaires transgenres et transsexuels, des personnes qui militent contre la pauvreté,
des professionnelles ou professionnels handicapés, ou des personnes qui font figure de proue dans leur
communauté ou en politique. Utilisez ces exemples dans vos discussions et montrez clairement votre admiration
pour leurs réalisations, plutôt que de faire ressortir leurs différences. Définissez avec précision la terminologie
spécialisée ou nouvelle utilisée (p. ex., personne transgenre, personne transsexuelle, de genre variant) et,
chaque fois que cela est possible, encouragez le recours à une langue inclusive par rapport aux différences de
genre. Utilisez, par exemple, le terme « partenaire » plutôt que « mari » ou « femme ». Démontrez du respect et
du soutien à l’égard de la diversité, notamment en employant une terminologie et des pronoms que les élèves
utilisent en parlant de leur propre identité. Assurez-vous que les formulaires et les banques de données de
l’école, par exemple les listes d’élèves, les horaires individuels et les dossiers des élèves, contiennent les noms
que les élèves préfèrent ou ont choisis.
4. CRÉEZ UN MILIEU INCLUSIF ET ACCUEILLANT À LA BIBLIOTHÈQUE
Assurez-vous que votre bibliothèque scolaire contient la meilleure et la plus récente collection d’ouvrages
convenant à l’âge des élèves et traitant de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre (voir Schrader et Wells,
2007; Wells, Pratch et Bewick, 2011). Examinez les documents sur l’identité de genre actuellement offerts
par votre bibliothèque et demandez à ce que ceux qui ont un contenu transphobe soient enlevés des rayons.
Faites faire l’acquisition de romans, de recueils de nouvelles, de films et de magazines jeunesse qui montrent
la variance de genre sous un jour favorable. Veillez à ce que votre bibliothèque ou votre école n’utilise pas de
logiciel de filtrage bloquant l’accès à des sites convenant à l’âge des élèves et contenant de l’information sur
l’orientation sexuelle et l’identité de genre.
5. PRÉPAREZ-VOUS ET ADOPTEZ UNE ATTITUDE PROACTIVE
Si votre école essuie des critiques de la part de la collectivité locale parce qu’un élève entreprend une transition,
veillez à ce que le personnel soit préparé à défendre le droit de tous les élèves à avoir un milieu éducatif sûr,
accueillant, inclusif et équitable. Dans vos discussions, mettez l’accent sur les questions de santé et de sécurité
en jeu et n’oubliez pas de toujours protéger le droit à la confidentialité de chaque élève et de sa famille.
6. OFFREZ DES RESSOURCES ET DE LA FORMATION AUX CONSEILLÈRES ET CONSEILLERS EN ORIENTATION
Les conseillères et conseillers en orientation sont souvent des personnes que l’on considère comme vitales pour
les élèves qui éprouvent des difficultés à la maison ou à l’école. Veillez à ce que la conseillère ou le conseiller en
orientation de votre école, ou la travailleuse ou le travailleur social, ait accès à du matériel de référence et aux
services de personnes-ressources travaillant au sein d’organisations qui favorisent l’inclusion des personnes
trans. Encouragez la conseillère ou le conseiller en orientation, la travailleuse ou le travailleur social et le
personnel de soutien à assister à des séances sur des questions liées aux minorités sexuelles et à l’identité de
genre dans le cadre de congrès de la profession enseignante ou à organiser une séance de perfectionnement
professionnel en cours d’emploi à l’intention du personnel de l’école ou du district scolaire. Assurez-vous que
tous les programmes de lutte contre l’intimidation, de promotion de la santé mentale et de prévention du
suicide de votre école respectent les besoins et les réalités des jeunes appartenant à des minorités sexuelles
et de genre.
7. PRÉSERVEZ LA CONFIDENTIALITÉ
Devant un problème de discipline, des difficultés d’apprentissage ou un cas de violence envers un enfant, le
premier adulte qui constate le problème fait généralement appel à d’autres adultes, que ce soit des membres
de l’administration, des conseillères ou conseillers en orientation, des parents ou la police. Dans le cas d’élèves
transgenres et transsexuels, une telle démarche peut exposer les élèves à un risque accru. Les jeunes transgenres
et transsexuels qui n’ont pas révélé leur identité de genre ont parfois des préoccupations particulières en ce
qui concerne la confidentialité des renseignements. Si vous parlez de la situation d’un de ces élèves ne seraitce qu’à une seule personne sans la permission de cet élève, cela pourrait rendre l’élève plus vulnérable aux
actes de violence perpétrés à l’école ou à la maison. Certains parents n’acceptent pas immédiatement que
leur enfant soit de genre variant et peuvent même aller jusqu’à le mettre à la porte. Bien entendu, si un élève
révèle qu’il ou elle a des idées suicidaires, subit de la violence parentale ou risque de se blesser ou de blesser
d’autres personnes, vous avez l’obligation légale de rapporter ces incidents aux autorités compétentes. Il est
alors important tout de même de faire valoir la nécessité de respecter la confidentialité des renseignements
concernant cet élève. Assurez-vous que l’élève est dirigé vers un conseiller ou conseillère en orientation, ou une
ou un psychologue, qui déterminera les prochaines étapes à suivre pour le protéger et le soutenir.
8. METTEZ À JOUR LA POLITIQUE ET LA PROCÉDURE DE L’ÉCOLE
9. CONTINUEZ À VOUS RENSEIGNER PAR VOUS-MÊME
Trouvez des personnes autour de vous qui se sentent à l’aise de discuter de questions d’identité de genre et
parlez avec elles. Confrontez vos propres idées préconçues et réfléchissez à vos propres préjugés. Soyez ouvert
au fait que l’erreur est humaine et que vous pouvez apprendre de vos erreurs. Souvenez-vous que se faire
traiter de noms par d’autres élèves fait moins mal que de voir des enseignantes ou des enseignants ne pas lever
le petit doigt pour aider.
Au cours des dernières années, on a constaté dans les écoles élémentaires et secondaires de premier et de deuxième
cycles une hausse des cas d’élèves transsexuels qui ont décidé, souvent avec le soutien total de leurs parents et de
professionnels de la santé, d’effectuer une transition pour passer d’un genre à l’autre tout en fréquentant l’école.
Il s’agit d’un phénomène relativement nouveau dans les écoles et très peu d’entre elles ont conséquemment mis
en place des procédures et des politiques visant à soutenir les élèves qui entreprennent une transition en milieu
scolaire. À l’aide d’une équipe formée de l’élève en transition, de ses parents, de membres du personnel administratif
de l’école, de professionnelles et professionnels en éducation et d’autres personnes travaillant au sein du système
scolaire, il est possible d’élaborer un plan de transition qui optimisera les chances de réussite de la transition à
l’école pour l’élève et sa famille.
Les résultats de ces études et de ces sondages
sont clairs : les élèves transgenres et transsexuels
doivent faire face à des milieux scolaires
extrêmement hostiles et discriminatoires.
35
QUE PEUT FAIRE L’ÉCOLE?
Révisez le code relatif à la tenue vestimentaire de votre école et veillez à ce qu’il soit suffisamment flexible
pour permettre aux élèves de s’habiller de façon appropriée et en concordance avec leur identité de genre.
Mettez en place une politique scolaire qui assure à tout élève transsexuel l’autorisation d’utiliser les toilettes
qui correspondent à l’identité de genre qu’il a toujours affirmé avoir. Si l’élève ne se sent pas en sécurité en
utilisant ces toilettes, donnez-lui accès à une toilette privée ou réservée au personnel. Veillez à ce que l’élève ait
accès à un vestiaire pour se changer, ce qui peut inclure le fait de lui offrir de se changer à un autre moment que
les autres ou dans un endroit privé comme aux toilettes, dans la salle du personnel ou au bureau du gymnase
(Y-Gap Project, 2009).
36
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
Tous les parents veulent que leur
enfant soit en sécurité à l’école,
obtienne un diplôme et devienne
une personne en santé, heureuse et
productive à l’âge adulte. Ces espoirs
et ces rêves sont les mêmes pour les
parents d’enfants de genre variant.
AIDE-MÉMOIRE POUR LA CRÉATION D’UN
MILIEU SCOLAIRE FAVORABLE AUX ÉLÈVES
TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS
37
la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression de genre.
□ Offrir du perfectionnement professionnel afin d’approfondir les questions et les préoccupations liées à
l’orientation sexuelle et à l’identité de genre.
□ Intégrer les perspectives des minorités sexuelles et de genre dans les programmes d’études, l’école et les
discussions en classe.
□ Veiller à ce que les collections de la bibliothèque soient inclusives et donner accès à des renseignements
en ligne convenant à l’âge des élèves ainsi qu’à du soutien et à des services communautaires.
□ Soutenir les alliances d’élèves gais et hétérosexuels (AEGH) dans les écoles, qui accueillent les élèves
transgenres et transsexuels (Wells, 2006).
□ Demander à tout le personnel enseignant et à tous les adultes d’intervenir devant les actes de
harcèlement, d’intimidation et de violence à l’école ainsi que de prévenir ou de signaler ces actes.
□ Désigner certaines toilettes et certains vestiaires comme étant neutres sur le plan du genre et les déclarer
accessibles à tous.
□ Désigner les personnes qui peuvent agir à titre d’alliées, de défenseures et de mentors au sein de l’école
auprès des élèves transgenres et transsexuels.
□ Demander au personnel de l’école, aux parents et aux élèves de respecter les préférences de tout élève
transgenre ou transsexuel et d’utiliser le nom et les pronoms qu’il a choisis.
□ Veiller à ce que le nom préféré ou choisi par l’élève soit utilisé dans tous ses dossiers scolaires.
□ Respecter la confidentialité des renseignements concernant tout élève transgenre ou transsexuel
et sa famille.
□ Sensibiliser les conseils de parents aux questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre
(McGuire et Conover-Williams, 2010).
AIDE-MÉMOIRE POUR LA CRÉATION D’UN MILIEU SCOLAIRE FAVORABLE AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUEL
□ Mettre en place une politique et un code de conduite des élèves explicites qui interdisent expressément
38
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
En collaboration avec l’élève, les parents
et les personnes spécialisées en soins
de santé et en éducation, les cadres
devraient élaborer et mettre en œuvre
des stratégies qui maximisent les chances
de succès de la transition de l’élève en
milieu scolaire — en d’autres termes,
mettre au point un plan de transition.
PRINCIPE DIRECTEUR DE LA FÉDÉRATION
CANADIENNE DES ENSEIGNANTES ET
DES ENSEIGNANTS SUR L’ORIENTATION
SEXUELLE ET L’IDENTITÉ DE GENRE
39
Pour aider les écoles à assumer cette responsabilité qui leur incombe, la Fédération canadienne des enseignantes
et des enseignants a adopté un principe directeur sur l’anti-homophobie et l’anti-hétérosexisme en juillet 2004.
Ce principe directeur très large comprend une vision globale d’un milieu de travail et d’apprentissage intégré
dans le curriculum et à l’échelle de l’école qui fait en sorte que les écoles soient des lieux « sûrs, accueillants et
intégrateurs, qui soient valorisants pour les personnes de toutes orientations et identités sexuelles » (FCE, 2004,
p. 4). La responsabilité de créer ce milieu d’enseignement et d’apprentissage sûr et inclusif fait fond sur des valeurs
fondamentales qui mettent l’accent sur :
•
•
•
le rôle des éducatrices et éducateurs comme agents essentiels pour susciter des changements
constructifs dans la société qui abordent les réalités des personnes appartenant aux minorités
sexuelles et de genre;
le fait que les personnes appartenant aux minorités sexuelles et de genre ne se sentent pas affirmées
ni accueillies lorsque l’on assume que la seule orientation ou identité sexuelle de l’école est
l’hétérosexualité;
la responsabilité qu’a le système d’éducation publique de préparer la jeunesse « à édifier des sociétés
ouvertes, pluralistes et démocratiques, desquelles seront exclues toute discrimination et toute forme
d’agression fondées sur l’orientation et l’identité sexuelles » (p. 4).
Le principe directeur de la FCE détermine la responsabilité de chaque intervenant et intervenante du milieu
de l’éducation :
ÉDUCATRICES ET ÉDUCATEURS
•
•
•
assumer personnellement la responsabilité de s’éduquer eux-mêmes, de faire preuve de respect,
de compréhension et de promotion de la diversité des milieux de travail et d’apprentissage
(articles 4.1 et 4.2);
s’assurer que le curriculum et le matériel dans la salle de classe présentent « des images favorables
et des informations exactes en matière d’histoire et de culture de manière à mettre en évidence les
réalisations et l’apport de personnes appartenant à la communauté BBGLT » (article 4.3);
élaborer un plan d’action pour régler les incidents homophobiques et transphobiques et s’engager
à protéger la confidentialité des renseignements concernant un ou une élève ou un enseignant ou
une enseignante qui fait part de son orientation ou identité sexuelle (article 4.4).
CONSEILLERS ET CONSEILLÈRES
•
s’assurer que les élèves BBGLT ont accès à des services de counseling qui affirment et appuient leur
orientation ou identité sexuelle et qui n’essaient pas de changer leur orientation sexuelle ou identité de
genre par l’emploi ou la prescription de thérapies par aversion, de thérapies réparatrices ou de thérapies
de conversion (article 4.6).
PRINCIPE DIRECTEUR DE LA FÉDÉRATION CANADIENNE DES ENSEIGNANTES ET DES ENSEIGNANTS SUR L’ORIENTATION SEXUELLE ET L’IDENTITÉ DE GENRE
Au Canada, les tribunaux ont déclaré que les districts scolaires étaient responsables de tout manquement à leur
obligation de fournir un milieu non discriminatoire à tous les élèves de leur ressort. Par conséquent, les parents de
jeunes transgenres ou transsexuels peuvent déposer des plaintes relatives aux droits de la personne ou entamer des
poursuites judiciaires pour négligence si un district scolaire ou une école a omis de mettre en place une politique
et une procédure inclusives, n’a pas réussi à prévenir le harcèlement verbal et physique et n’a pris aucune mesure
disciplinaire appropriée à l’encontre des agresseurs. Tous les conseils et commissions scolaires publics au Canada ont
la responsabilité légale, éthique et professionnelle de fournir un milieu éducatif sûr à tous les élèves, peu importe
leurs différences réelles ou perçues.
COMMISSIONS ET CONSEILS SCOLAIRES
•
adopter des politiques anti-homophobes, anti-transphobes et anti-hétérosexistes pour protéger les
personnes qui appartiennent à des minorités sexuelles et de genre ou sont présumées ainsi, et fournir
des moyens et du soutien aux victimes de harcèlement et de discrimination (article 4.5).
FORMATION PRÉALABLE ET SUR PLACE DU PERSONNEL ENSEIGNANT
•
40
•
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
fournir aux enseignantes et enseignants en formation préalable les connaissances, les occasions de
sensibilisation, les stratégies d’affirmation, les plans de leçon et les programmes nécessaires pour les
aider à aborder les questions touchant les minorités sexuelles et de genre en éducation (article 4.7);
créer des programmes de perfectionnement professionnel qui abordent la diversité des questions
touchant les minorités sexuelles et de genre en classe et à l’école (article 4.8).
MINISTÈRES DE L’ÉDUCATION
•
•
devenir des champions manifestes des perspectives anti-homophobes, anti-transphobes et
anti-hétérosexistes en éducation « en offrant des documents de programme d’études, de la formation
et des directives… » (articles 5.0 et 5.1);
fournir « suffisamment de ressources pour permettre aux systèmes scolaires de réaliser des changements »
(article 5.2).
Le principe directeur sur l’anti-homophobie et l’anti-hétérosexisme se termine par une recommandation voulant
que la FCE et les organisations Membres examinent et révisent leurs propres principes directeurs de manière à
favoriser l’équité et l’inclusion de toutes les personnes en milieu de travail (article 6.1), à reconnaitre la diversité des
élèves et du personnel enseignant dans les objectifs de tous les programmes et priorités éducationnels (article 6.2)
et à faire preuve de cohérence en ce qui a trait à la sensibilisation aux réalités quotidiennes du personnel enseignant
et des élèves appartenant aux minorités sexuelles et de genre ainsi que des familles homoparentales (article 6.3).
En outre, la FCE décrit le besoin pour les organisations Membres de mettre sur pied des programmes propres à
sensibiliser le public aux effets néfastes que l’homophobie, la transphobie et l’hétérosexisme peuvent avoir sur
le personnel enseignant, les autres membres du personnel, les élèves et les familles dans les écoles publiques
canadiennes (articles 7.0, 7.1 et 7.2).
Ultimement, l’accent n’est pas mis sur le fait de
changer l’enfant, mais de l’aider à vivre dans
un monde binaire selon lequel l’anatomie
dicte le destin sexuel final de chacun.
EXEMPLE DE POLITIQUE SUR L’IDENTITÉ DE
GENRE ET L’EXPRESSION DE GENRE DANS UN
CONSEIL OU UNE COMMISSION SCOLAIRE
41
1. VIE PRIVÉE ET CONFIDENTIALITÉ
Les élèves et les membres du personnel appartenant à des minorités sexuelles et de genre ont le droit de parler
ouvertement de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre et de leur expression de genre et de décider
de quels renseignements privés ils souhaitent discuter, avec qui et à quel moment. Le personnel du district
scolaire ou de l’école ne doit pas divulguer des renseignements qui pourraient révéler l’orientation sexuelle
d’une personne ou son identité transgenre ou transsexuelle à autrui, y compris à ses parents et à d’autres
membres du personnel du district ou de l’école, à moins qu’une loi l’y oblige ou que la personne concernée ait
expressément autorisé une telle divulgation.
2. NOM ET PRONOM
Tout élève ou membre du personnel a le droit qu’on s’adresse à lui ou à elle par un prénom et un pronom qui
correspondent à son identité de genre. Il n’est pas nécessaire pour cela que le changement de nom ou de genre
soit imposé par le tribunal ni qu’il soit inscrit au dossier officiel de l’élève. Le refus intentionnel ou persistant
de respecter l’identité de genre d’un élève (par exemple, se référer à l’élève en utilisant intentionnellement
un prénom ou un pronom qui ne correspond pas à son identité de genre) constitue une violation de cette
politique et peut être considéré comme une forme de harcèlement.
3. DOSSIER OFFICIEL ET COMMUNICATION
Le district scolaire se doit de tenir un dossier officiel pour chaque élève, qui comporte son nom légal ainsi que son
sexe. Cependant, le district n’est pas tenu d’utiliser le nom légal (enregistré en vertu de la Loi sur les statistiques
de l’état civil), le sexe et le genre de l’élève dans les autres dossiers ou documents scolaires le concernant.
Lorsqu’un élève ou un parent en fait la demande, le district scolaire modifie le dossier officiel de l’élève afin
d’y inscrire son nouveau nom, sexe ou genre légal ou préféré dès réception de la documentation légale ou
médicale. Dans les cas où le personnel ou l’administration de l’école est obligé par la loi d’utiliser ou de signaler
le nom légal, le sexe ou le genre d’un élève transgenre ou transsexuel, comme dans les tests standardisés ou le
registre de présences, le personnel et l’administration de l’école doivent adopter des pratiques qui permettent
d’éviter une divulgation involontaire d’une telle information confidentielle.
Lorsqu’il communique avec un parent ou un tuteur ou une tutrice d’un élève transgenre ou transsexuel, le
personnel de l’école doit toujours employer le nom légal de l’élève et le pronom correspondant au genre qui
lui a été assigné à la naissance, à moins que l’élève, le parent ou le tuteur ou tutrice ait spécifié autrement.
Il est important de procéder ainsi pour prévenir toute divulgation accidentelle de l’identité transgenre ou
transsexuelle de l’élève. Dans certains cas, une divulgation non souhaitée peut exposer l’élève à un sérieux
risque de blessure, de négligence ou de violence. De façon générale, tous les formulaires et banques de données
des écoles sont mis à jour de sorte que le nom préféré ou choisi de l’élève puisse être inscrit correctement sur
les listes d’élèves, les horaires individuels, les dossiers des élèves, les cartes d’identité, etc.
EXEMPLE DE POLITIQUE SUR L’IDENTITÉ DE GENRE ET L’EXPRESSION DE GENRE DANS UN CONSEIL OU UNE COMMISSION SCOLAIRE
Tout le personnel et les élèves du district scolaire doivent adhérer aux lignes directrices suivantes, fondées sur des
données scientifiques, afin de répondre aux besoins en matière de sécurité, de santé et d’éducation des élèves ou
des membres du personnel qui s’identifient ou sont perçus comme des personnes transgenres ou transsexuellesxix.
4. TRANSFERT D’UN ÉLÈVE DANS UNE AUTRE ÉCOLE
42
Autant que possible, l’administration doit faire le nécessaire pour garder les élèves transgenres et transsexuels
dans leur établissement scolaire original. Le transfert dans une autre école ne doit pas constituer la première
réaction du personnel administratif dans le cas de harcèlement et ne doit être considéré que lorsque cela
est nécessaire pour la protection ou le bien-être personnel de l’élève, ou encore si l’élève lui-même ou ses
parents en font la demande. L’élève ou ses parents ou ses tuteurs ou tutrices doivent donner leur consentement
pour tout transfert. Souvent, le problème n’est pas l’élève transgenre ou transsexuel, mais bien la culture de
transphobie et le harcèlement qui s’ensuit et que l’école doit contrer.
5. ACTIVITÉS SÉPARÉES SELON LE SEXE
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
Dans la mesure du possible, les écoles doivent réduire ou éliminer la pratique visant à séparer les élèves selon le
sexe. Si l’on sépare les élèves selon le sexe, comme dans les cours d’éducation à la santé, tous les élèves doivent
avoir le choix de s’intégrer au groupe qui correspond à l’identité de genre qu’ils ont toujours affirmé avoir.
6. ACCÈS AUX SPORTS, AUX SALLES DE CASIERS ET AUX VESTIAIRES
Tous les élèves, peu importe leur identité ou leur expression de genre, doivent pouvoir participer aux cours
d’éducation physique et aux sports d’équipe dans un milieu sûr, inclusif, valorisant et respectueux. En
conséquence, toutes les écoles doivent réviser de façon proactive leur politique sportive afin qu’elle soit
inclusive à l’égard des élèves transgenres et transsexuels.
Les élèves transgenres et transsexuels ne doivent pas se faire imposer de suivre des cours d’éducation physique
à un autre moment que celui prévu à l’horaire de leur classe. Ces élèves doivent également avoir la permission
de participer à toute activité séparée selon le sexe, en se joignant au groupe qui correspond à l’identité de
genre qu’ils ont toujours affirmé avoir s’ils le souhaitent ainsi. Les élèves doivent aussi pouvoir participer à toute
activité sportive récréative ou compétitive séparée, en se joignant au groupe qui correspond à leur identité
de genre. Toutefois, pour des raisons de divulgation de l’information et de sécurité, certains élèves peuvent
souhaiter participer à une activité séparée selon le sexe, en se joignant à un groupe qui ne correspond pas
traditionnellement à leur identité de genre. Toutes les politiques et procédures relatives aux sports doivent
permettre aux élèves-athlètes, peu importe leur identité de genre ou leur expression de genre, de participer
aux activités sportives, notamment aux compétitions, dans un milieu sûr, compétitif, respectueux et exempt de
discrimination et de harcèlement.
Tous les élèves doivent avoir accès aux vestiaires qui correspondent à l’identité de genre qu’ils ont toujours
affirmé avoir. Dans les vestiaires où les élèves doivent se dévêtir devant les autres, les élèves qui souhaitent
avoir une plus grande intimité pour toutes sortes de raisons (p. ex., médicales, religieuses, culturelles, liées à
l’identité de genre, etc.) doivent disposer d’autres options qui répondent mieux à leurs besoins individuels et à
leurs préoccupations en matière de vie privée. Selon la disponibilité des lieux et la nature des préoccupations
exprimées, les options offertes peuvent inclure, sans toutefois s’y limiter :
•
•
l’usage d’un lieu privé où se changer, comme les toilettes, la salle du personnel, le bureau de l’infirmière
ou le bureau du gymnase;
l’établissement d’un horaire séparé ou modifié (p. ex., l’usage du vestiaire avant ou après les autres
élèves).
7. ACCESSIBILITÉ AUX TOILETTES
Tous les élèves doivent avoir accès aux toilettes qui correspondent à l’identité de genre qu’ils ont toujours
affirmé avoir à l’école ou durant les sorties éducatives. Tout élève qui exprime le besoin ou le souhait d’avoir
accès à plus d’intimité, peu importe les raisons sous-jacentes, doit pouvoir accéder à un cabinet de toilette
privé, mais aucun élève ne doit y être obligé.
8. CODE RELATIF À LA TENUE VESTIMENTAIRE
Tous les élèves ont le droit de s’habiller d’une manière cohérente avec leur identité de genre ou leur expression
de genre. De façon générale, les écoles ne peuvent pas adopter un code relatif à la tenue vestimentaire qui
restreint les vêtements ou l’apparence des élèves en s’appuyant exclusivement sur l’identité de genre ou
l’expression de genre, ou sur toute autre caractéristique inaliénable d’une personne.
9. RÉSOLUTION DE CONFLIT
* traduction libre
Comme le disait un parent de façon
convaincante, « Vous ne changerez rien […]
Votre enfant ne changera pas. Vous êtes
la personne qui devra changer ».
43
EXEMPLE DE POLITIQUE SUR L’IDENTITÉ DE GENRE ET L’EXPRESSION DE GENRE DANS UN CONSEIL OU UNE COMMISSION SCOLAIRE
Si un conflit survient en lien avec la participation d’un élève transgenre ou transsexuel à une activité
éducative ou sportive, le conflit doit être résolu de façon à inclure l’élève transgenre ou transsexuel dans
le processus de prise de décision. Ce travail de collaboration doit reposer sur les principes suivants : on
adapte de façon raisonnable le milieu de l’élève, on favorise son intégration le plus possible et on agit en tout
temps dans son intérêt.
44
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
Est-il nécessaire pour l’école ou le district
d’élaborer ou de modifier les politiques scolaires
traitant d’homophobie, de transphobie, d’identité
de genre, d’expression de genre et de lutte contre
l’intimidation (y compris la cyberintimidation)
pour aider et protéger l’élève en transition?
RESSOURCES POUR
COMPLÉMENT D’INFORMATION
45
RESSOURCES POUR LES JEUNES
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KAY, Verla. Rough, Tough Charlie, Berkeley, Californie, Tricycle Press, 2007.
KILODAVIS, Cheryl. My Princess Boy, New York, Simon & Schuster/Aladdin, 2010.
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RESSOURCES POUR COMPLÉMENT D’INFORMATION
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RESSOURCES POUR LES ADMINISTRATIONS SCOLAIRES, LES CONSEILLÈRES ET CONSEILLERS EN
ORIENTATION ET LE PERSONNEL ENSEIGNANT
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Support Guide for Parents, Families, and Friends of Transgender and Gender Non-Conforming People, [En ligne],
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Transgender Network (6e édition), [En ligne], 2009. [http://community.pflag.org/Document.Doc?id=189].
FILMS SUR LES QUESTIONS D’IDENTITÉ DE GENRE
Girl Inside (2007)
Un documentaire canadien réalisé par Maya Gallus qui suit une femme trans de 26 ans pendant les trois années de
son processus de transition. 78 minutes.
Ma Vie en Rose (1997)
Un long métrage réalisé par Alain Berliner qui raconte l’histoire de Ludovic, un garçon de sept ans qui a la conviction
profonde d’être une fille. 88 minutes.
Red Without Blue (2007)
Un documentaire primé mettant en vedette Mark et Clair, de vrais jumeaux dans la vingtaine dont l’un s’affirme
comme gai et l’autre comme femme trans. Ce film examine la transformation de la famille sur une période de
trois ans. 77 minutes.
Straightlaced: How Gender’s Got Us All Tied Up (2009)
Une étude approfondie de l’incidence des pressions populaires entourant le genre et la sexualité sur la vie des
adolescentes et adolescents. Le film fait entendre la voix de plus de 50 élèves du secondaire provenant de différentes
communautés qui, avec une honnêteté, une perspicacité et un humour renversants, décrivent les rôles sexuels et
leurs luttes pour être la personne qu’ils sont vraiment. 67 minutes.
SITES WEB ET VIDÉOS EN LIGNE RECOMMANDÉS
Critères diagnostiques du trouble de l’identité sexuelle (transsexualité)
www.behavenet.com/capsules/disorders/genderiddis.htm
Ce site Web expose les critères diagnostiques du trouble de l’identité sexuelle tels que définis dans le Manuel
diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition, texte révisé (DSM–IV–TR).
Gender Identity, Research and Education Society
www.gires.org.uk
Un outil important pour les personnes de genre variant et leurs familles, ainsi que pour les professionnelles et
professionnels de la santé et autres spécialistes qui leur donnent des soins.
Gender Odyssey
www.genderodyssey.org
Gender Odyssey est une conférence internationale axée sur les besoins et les intérêts des personnes transgenres et
des personnes dont l’identité de genre est non conforme aux normes. Cette conférence a lieu d’ordinaire à Seattle,
dans l’État de Washington, pendant une longue fin de semaine d’été. Elle offre aux enfants et aux jeunes dont
l’identité de genre est non conforme aux normes, ainsi qu’à leurs parents ou leurs tuteurs ou tutrices, une occasion
unique de se rencontrer en personne et d’échanger leurs expériences et leurs connaissances.
47
RESSOURCES POUR COMPLÉMENT D’INFORMATION
Becoming Me: The Gender Within (2009)
Qu’est-ce qui détermine ultimement le genre d’une personne? Est-ce que ce sont les chromosomes, les hormones,
les organes génitaux ou un sens inné de soi-même? Dans cette vidéo couronnée d’un prix Telly, cinq individus
transgenres âgés entre 20 et 50 ans parlent ouvertement de ce que leur transgendérisme a signifié pour eux,
notamment leurs premières expériences de confusion sexuelle, leur vie après avoir affirmé leur identité et les
réactions de leurs familles. Cette vidéo aidera le personnel de l’éducation à comprendre les sentiments profonds
des élèves et du personnel susceptibles d’être transgenres. Comme elle montre une chirurgie de réassignation
sexuelle, il est recommandé de la visionner à l’avance. Pour plus de commodité, elle peut également être montrée
en courtes sections et un guide d’animation l’accompagne. 40 minutes. Disponible en ligne : http://digital.films.com/
play/RHFWJ7.
Gender Spectrum
www.genderspectrum.org
Gender Spectrum fournit des services d’éducation, de formation et de soutien visant à créer un milieu inclusif et
soucieux de l’équité entre les sexes pour tous les enfants et les jeunes.
48
Sur le versant mâle
www.youtube.com/watch?v=UoljapEHmDA
Une vidéo en ligne mettant en vedette une personne transgenre femme-vers-homme qui réussit à s’installer dans
une relation conjugale avec une femme et à tailler sa place comme nouvel homme au sein de sa famille.
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
PFLAG Canada
http://www.pflagcanada.ca/fr/index-f.php
PFLAG est un organisme de bienfaisance enregistré qui fournit des services de soutien et d’éducation ainsi que des
ressources à quiconque a des questions ou des préoccupations au sujet de l’orientation sexuelle ou de l’identité de
genre. PFLAG Canada a des sections locales ou des personnes-ressources dans plus de 60 communautés.
Transgender Basics
www.gaycenter.org/transgenderbasics
Un film éducatif de 20 minutes destiné aux fournisseurs de services qui explique les concepts du genre et du
transgendérisme. Des membres de la communauté transgenre parlent des expériences qu’ils ont vécues en tant
que personnes trans et allosexuelles.
Transgender Child: A Parent’s Difficult Choice
www.youtube.com/watch?v=S5P9kUz0yO0
Une interview saisissante mettant en vedette des parents qui arrivent à accepter leur enfant transgenre. Cette
interview a d’abord été diffusée dans le cadre de l’émission de télévision Our America with Lisa Ling au réseau
d’Oprah Winfrey.
TransActive Education and Advocacy
www.transactiveonline.org
TransActive Education and Advocacy est une organisation située à Portland dans l’État de l’Oregon. La population
canadienne jugera fort probablement ce site utile pour ses ressources et possiblement — en ne perdant pas de vue
les questions de sécurité — son forum en ligne qui se veut un lieu de discussion générale sur les enfants et les jeunes
transgenres ou dont le genre est non conforme aux normes, et où tous et toutes peuvent faire des commentaires
au vu et au su de tout le monde.
The Transgender Health Program (Vancouver)
www.vch.ca/transhealth
Lancé par Vancouver Coastal Health en juin 2003, ce site Web offre des ressources et les services de personnes
déterminées à améliorer les soins de santé dispensés aux personnes transgenres en Colombie-Britannique. Ce
programme accueille toute personne qui a une question ou une préoccupation en matière de santé des personnes
transgenres.
Trans Youth Family Allies
www.imatyfa.org
Trans Youth Family Allies (TYFA) renforce les moyens d’action des enfants et des familles en s’associant avec des
membres du personnel de l’éducation, des fournisseurs de services et des communautés pour créer des milieux
favorables à l’expression et au respect des genres.
Standards of Care for Gender Identity Disorders de la World Professional Association for Transgender Health
www.wpath.org/publications_standards.cfm
Cet ouvrage regroupe les normes de soins les plus récentes et sur lesquelles il y a un consensus professionnel au
sujet de la gestion psychiatrique, psychologique, médicale et chirurgicale des variances de genre et des troubles de
l’identité sexuelle.
49
RESSOURCES POUR COMPLÉMENT D’INFORMATION
Les enfants ont besoin de se sentir
en sécurité sur le plan affectif pour
apprendre de façon efficace.
50
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
L’empathie, les connaissances et la
compréhension sont des éléments
essentiels du processus d’acceptation
par les parents, les familles et les
éducatrices et éducateurs.
RÉFÉRENCES
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non-discrimination, [En ligne], 2008. [http://www.apa.org/pi/lgbc/policy/transgender.pdf].
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54
SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
La sécurité de l’élève en transition
(ainsi que de ses frères et sœurs
et de ses camarades) est-elle
assurée de façon adéquate?
NOTES EN FIN DE TEXTE
55
Se référer aux réflexions de Callender (2007) sur les services de consultation et de soutien offerts à un
élève en transition dans son école secondaire du district de Toronto.
Cette histoire s’inspire de l’expérience vécue par une fille transsexuelle de 16 ans et ses parents. Les noms
employés sont fictifs.
La World Professional Association for Transgender Health a d’abord été connue sous le nom de Harry
Benjamin International Gender Dysphoria Association (HBIGDA).
La WPATH (2011) souligne qu’il faut considérer ces chiffres « comme une estimation minimale, au mieux.
Les chiffres publiés proviennent pour la plupart de cliniques où les patients satisfaisaient aux critères d’une
grave dysphorie de genre et ont eu accès à des soins de santé à ces cliniques. […] En comptant uniquement
les personnes qui se présentent à ces cliniques pour recevoir un type de traitement particulier, on néglige
un nombre indéterminé de personnes atteintes de dysphorie de genre. »* (p. 7).
Dans la plus récente version du document Standards of Care (SOC, 2011), les recherches arrivent à la
conclusion que la dysphorie de genre qui se manifeste durant l’enfance ne persiste pas inévitablement à
l’âge adulte (p. 11). Dans plusieurs études de suivi, les garçons avaient plus tendance à s’identifier comme
gais à l’âge adulte que comme transgenres (p. 11). En revanche, les recherches indiquent que la dysphorie
de genre persiste beaucoup plus souvent à l’âge adulte lorsqu’elle apparait à l’adolescence (p. 11).
Les critères diagnostiques du trouble de l’identité sexuelle, communément appelé transsexualisme,
tels que définis dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition, texte
révisé (DSM-IV-TR), sont accessibles à http://www.behavenet.com/capsules/disorders/genderiddis.htm
(en anglais) et à http://www.psychomedia.qc.ca/diagnostics/quels-sont-les-troubles-sexuels (en français).
D’autres critères doivent être respectés pour qu’un diagnostic de trouble de l’identité sexuelle puisse
être établi. Le DSM-IV-TR en dresse la liste complète. Chez les enfants, le trouble de l’identité sexuelle se
manifeste par la présence de quatre (ou plus) des critères suivants : (1) Exprime de façon répétée le désir
d’appartenir à l’autre sexe ou affirme qu’il ou elle en fait partie. (2) Chez les garçons, préférence pour les
vêtements féminins ou un attirail d’objets permettant de mimer la féminité; chez les filles, insistance pour
porter des vêtements typiquement masculins. (3) Préférence marquée et persistante pour les rôles dévolus
à l’autre sexe au cours des jeux de « faire semblant » ou fantaisies imaginatives persistantes d’appartenir
à l’autre sexe. (4) Désir intense de participer aux jeux et aux passe-temps typiquement de l’autre sexe.
(5) Préférence marquée pour les compagnons de jeu appartenant à l’autre sexe. Chez les adolescents et
les adultes, la perturbation se manifeste par des symptômes tels que l’expression d’un désir d’appartenir
à l’autre sexe, l’adoption fréquente des conduites où on se fait passer pour l’autre sexe, un désir de vivre
et d’être traité comme l’autre sexe, ou la conviction qu’il ou elle possède les sentiments et réactions
typiques de l’autre sexe.
viii
Fait à noter, le traitement à la testostérone est non réversible, tandis que celui à l’œstrogène peut être
réversible.
Pour obtenir de plus amples renseignements, consulter : Standards of Care, section V, « Assessment of
Children and Adolescents », pages 8-11.
ii
iii
iv
v
vi
vii
ix
NOTES EN FIN DE TEXTE
i
x
Pour un aperçu des différentes opinions de professionnelles et professionnels sur la transition chez les
enfants et les adolescents, consulter l’article paru dans le magazine MacLean’s intitulé « When boys would
rather not be boys » [http://www2.macleans.ca/2011/08/12/when-boys-would-rather-not-be-boys]. Cet
article traite également de la transition d’un garçon transsexuel lorsqu’il était en 8e année.
« Des traitements dont l’objectif consiste à changer l’identité de genre et l’expression de genre d’une
personne dans le but de mieux les faire correspondre au sexe attribué à la naissance ont été tentés dans
le passé sans succès, tout particulièrement à long terme. Un tel traitement n’est plus considéré comme
éthique. […] Les professionnels de la santé mentale ne devraient pas imposer une vision binaire du genre.
Ils devraient plutôt laisser plus de liberté aux personnes d’explorer différentes options pour l’expression de
genre. Les interventions hormonales ou chirurgicales sont indiquées pour certains adolescents, mais pas
pour d’autres. »* (SOC, version 7, p. 16).
Modèle adapté des lignes directrices établies par Lev (2004) à l’égard du travail avec des personnes de
genre variant et leur famille.
xi
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SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
xii
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L’American Psychological Association recommande différents articles traitant notamment de l’intimidation,
dont certains sont spécialement écrits pour les éducatrices et éducateurs. La liste d’articles se trouve à :
http://search.apa.org/?query=bullying. Il est également question de cyberintimidation et de références
utiles dans l’article intitulé « Research roundup: Cyberbullying » accessible à : http://www.apapracticecentral.
org/update/2010/03-31/cyberbullying.aspx.
Comme exemple, voir Questions et réponses : L’identité sexuelle à l’école de l’Agence de la santé publique
du Canada (2010).
xiv
xv
Pour illustrer à quel point les élèves peuvent devenir de puissants alliés pour les jeunes transgenres et
transsexuels, consulter l’article de Luecke (2011) sur le travail avec les enfants transgenres et leurs
camarades de classe à la préadolescence.
xvi
La question relative à l’utilisation des toilettes par un élève en transition est une question délicate.
Certaines écoles, après avoir consulté l’élève et ses parents, désignent un ou plusieurs cabinets de toilette
privés (normalement utilisés exclusivement par le personnel de l’école) à mettre à la disposition de l’élève.
D’autres écoles désignent certaines toilettes comme « neutres » sur le plan du genre et les déclarent
accessibles à tous les élèves. Il n’en demeure pas moins qu’on n’a pas encore déterminé légalement quelles
toilettes doivent être accessibles à un élève en transition pour respecter la loi sur les droits de la personne.
Dans le cas d’adultes transsexuels au stade préopératoire de la transition vivant en Colombie-Britannique,
le Tribunal des droits de la personne de cette province a décrété qu’à la fois la Harry Benjamin International
Gender Dysphoria Association, Inc., et la profession médicale de la Colombie-Britannique exigent qu’avant
de subir une chirurgie pour changement de sexe, une personne transsexuelle vive comme une personne
du sexe désiré pendant une certaine période. Durant cette phase de transition, la personne est considérée
comme appartenant au sexe désiré plutôt qu’au sexe physique qui lui a été attribué à la naissance. Le fait de
vivre en adoptant le rôle du sexe désiré suppose notamment d’utiliser les toilettes réservées aux personnes
de ce sexe. La décision énonce de plus que « les intimés ont déclaré qu’ils ont reçu des plaintes de la
part d’utilisatrices concernant le fait que des hommes utilisaient les toilettes pour femmes. Cependant, la
préférence des utilisatrices des toilettes ne constitue pas une défense à une plainte pour discrimination »*
(p. 21-22). Pour plus de détails, voir Sheridan v. Sanctuary Investments Ltd. doing business as “B.J.’s Lounge”
accessible à : http://www.bchrt.bc.ca/decisions/1999/pdf/sheridan_vs_sanctuary_investments_ltd_dba_
b.j.%27s_lounge_jan_8_99.pdf.
De même, comme l’indique Sheila Cavanagh, Ph. D., (2010), « les gardes de sécurité et les utilisateurs
des toilettes en général estiment souvent être en droit de surveiller l’utilisation des toilettes en fonction
du sexe des personnes malgré l’absence de lois régissant le genre des personnes utilisant les toilettes
dans de nombreux États américains ainsi qu’au Canada. Par exemple, en Ontario, où la vaste majorité
des personnes interrogées au cours de l’étude habitent, les gens jouissent d’une protection en vertu du
Code des droits de la personne de l’Ontario. Il est illégal de pratiquer la discrimination ou le harcèlement à
l’endroit des personnes trans en leur refusant l’accès à des installations publiques, y compris à des toilettes
xvii
Wikipédia présente une liste de plusieurs centaines de personnes transgenres bien connues. Cette liste
indique leur nationalité et leur profession ainsi qu’une brève notice biographique (voir : http://en.wikipedia.
org/wiki/List_of_transgender_people). À noter également, un site donnant le profil de personnes
transgenres ordinaires dans le cadre d’une enquête-reportage intitulée Breaking Boundaries (voir : http://
www.tnr.com/gallery/transgender).
xviii
Pour en savoir plus sur le parcours de Chaz tout au long de sa transition, voir l’excellent article paru le
6 mai 2011 dans The New York Times et intitulé « The Reluctant Transgender Role Model » : [http://www.
nytimes.com/2011/05/08/fashion/08CHAZ.html?_r=2&pagewanted=1].
Cet exemple de principe directeur est une adaptation des principes directeurs établis par Lambda Legal et
la National Youth Advocacy Coalition (2009), le conseil scolaire du district de Toronto, le conseil scolaire de
Vancouver et le conseil des écoles publiques d’Edmonton.
xix
L’ensemble des élèves doivent constater
clairement que tout acte d’intimidation
transphobique ou comportement préjudiciable
fera immédiatement l’objet de conséquences.
57
NOTES EN FIN DE TEXTE
et aux vestiaires publics, en fonction du genre »* (p. 79). Pour en savoir plus, voir le projet de recherche
de Mme Cavanagh intitulé Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Students and Bullying in High School
Bathrooms [http://www.yorku.ca/yfile/archive/index.asp?Article=11087], qui suggère que « les élèves qui
se définissent comme des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres (LGBT) se construisent
une communauté dans un lieu insolite : les toilettes des écoles secondaires. […] Les chercheurs ont
déterminé que les toilettes publiques constituaient un lieu où certains crimes haineux étaient perpétrés
contre des minorités de genre, sexuelles et raciales. Les toilettes des écoles secondaires peuvent être des
endroits particulièrement dangereux, où sont commis des actes d’intimidation et d’agression sexuelle. »*
Mme Cavanagh est d’avis que les toilettes sont des lieux où les élèves LGBT se créent une communauté qui
existe loin du regard des autorités. Elle indique que ce sont « des lieux où les élèves gèrent la question de
l’identification de genre et du désir sexuel de façons qui ne sont pas toujours reconnues et validées par le
personnel enseignant et administratif ni par le matériel pédagogique. »* Pour consulter plus de recherches
sur la théorie du genre et l’espace, le lieu et l’usage des toilettes publiques, voir Toilet: Public Restrooms and
the Politics of Sharing (2010), édité par Harvey Molotch et Laura Noren.
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SOUTIEN AUX ÉLÈVES TRANSGENRES ET TRANSSEXUELS DANS LES ÉCOLES DE LA MATERNELLE À LA 12e ANNÉE
Une classe et un milieu scolaire
inclusifs supposent que tous les
élèves se sentent en sécurité,
accueillis et appuyés.
La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants désire remercier
le Comité consultatif de la diversité et des droits de la personne de la FCE de
2010-2011 pour sa contribution à la préparation de la présente publication.
Chris Karuhanga
Vice-président de la FCE et président du Comité
Brian Benoit
Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec
Dean Ingram
Newfoundland and Labrador Teachers’ Association
Shelley Morse
Nova Scotia Teachers’ Union
Wybo Ottenbreit-Born
Fédération des enseignantes et des enseignants de la Saskatchewan
Hilda Watkins
Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario
Barbara MacDonald Moore
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants
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