1 Ce que l`AsFoReL doit à Lokra J`ai rencontré Irène Lentin

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1 Ce que l`AsFoReL doit à Lokra J`ai rencontré Irène Lentin
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Ce que l’AsFoReL doit à Lokra
J’ai rencontré Irène Lentin-Mangano sans la connaître, en 1980, assise à côté d’elle à une
conférence de Laurence Lentin pour la Joie par les Livres, et riant avec elle de certaines
absurdités de ce qu’on appelle pompeusement la « littérature enfantine », qui séduit plus
souvent les adultes que les enfants.
J’ai très peu vu Irène, je lui ai très peu parlé, mais je l’ai découverte dans ses textes et dans
leurs pouvoirs de mener les enfants sur le chemin de la lecture, dès bien avant de savoir lire.
Au delà des contraintes linguistiques « intériorisées, absorbées et digérées » disait-elle, à
coups de « matraquage » maternel, elle connaissait de l’intérieur le parler des enfants, et le
parler pour les enfants…
… et elle a écrit pour eux des textes à la fois espiègles et très sérieux qui permettent aux
adultes d’accompagner les enfants dans des moments difficiles… comme l’histoire de
Grégoire qui hurle « comme un damné » parce qu’il redoute le shampoing mais se rassure
grâce au Chapeau en mousse, comme Ouille la bosse ! où la douleur est compensée par un
beau pansement, mais aussi Sylvie a du chagrin pour pouvoir dire « la douleur et
l’irrémédiable de la séparation » comme elle l’a écrit elle-même1…
Au fil des années, tout ce que l’AsFoReL a accompli depuis 38 ans et accomplira encore, dans
ses actions de recherche sur les livres pour enfants, dans ses actions de formation des
professionnels de l’enfance, et dans ses actions auprès des enfants eux-mêmes, en particulier
les actions Coup de Pouce LANGAGE, c’est aux livres d’Irène qu’elle le doit — à ses livres
signés Lokra, pour les lecteurs débutants et pour les enfants « non encore lecteurs ».
Depuis toutes ces années, ses livres ont été lus et parlés, demandés et redemandés, par des
milliers d’enfants, et d’adultes, à la maison, à la bibliothèque ou à l’école. Ces textes, il faut
en évoquer au moins les titres :
Ca a été d’abord les Histoires à lire, pour aider les jeunes lecteurs à entrer dans la lecture avec
plaisir :
- en 1978, 4 textes de la série orange : Emile a un blouson neuf, Les lapins ont faim,
Aglaé invente des mensonges, Isadora va faire des commissions ;
- en 1979, Jo et Timothée, la très jolie adaptation en français des textes de Dorothy
Edwards, pour la série verte ;
- en 1981, 3 textes de la série rose : Maroussia au supermarché, Gaëtan de toutes les
couleurs, Pâquerette visite un grenier.
- en 1981 aussi, Les livres jaunes à parler ensemble : Mme Moutarde et son chien
prennent le train, et Tout pour rien à la foire, deux livres qui ont séduit même des lecteurs
plus âgés.
- la même année, 6 Histoires à parler, destinées cette fois aux enfants non encore
lecteurs.
1
Voir Lokra : « Mon expérience d’auteur » in « Elaboration de livres illustrés pour enfants.
Collaboration entre linguiste, auteur et illustrateur », Laurence Lentin, Lokra, Claire Lhermey,
L’Acquisition du Langage Oral et Ecrit n° 26, 1991, p. 12-15. :
2
- En 1989, 18 textes pour les Histoires à parler2, qui seront rééditées par l’AsFoReL
en 2006, avec les nouvelles illustrations de Françoise Luxereau.
- En 1989 aussi les 12 textes, plus costauds syntaxiquement, pour La Cité des Bleuets,
pour « Apprendre à parler en racontant »3.
- Et puis, en 1990 et 1992 deux histoires savoureuses : Kifédébuldanlo (en un seul
mot) pour les Belles Histoires de Pomme d’Api, et La dame à la mouche de la collection
J’aime lire4.
Et puis le projet que nous avons trop tardé à éditer : les Histoires à lire aux bébés… que nous
voulions retenter de publier il y a peu.
Celles et ceux qui ont connu Irène depuis longtemps, et même celles et ceux qui ne l’ont
connue qu’à travers ses livres, ont envoyé des messages pour exprimer respect et admiration,
reconnaissance pour les précieuses histoires qu’elle a créées pour les enfants, et qui séduisent
tout autant les prétendues « grandes personnes »…
Nous nous souviendrons de la présence discrète et souriante d’Irène dans les réunions de
l’AsFoReL, nous retiendrons sa sérénité, sa grande liberté de pensée, sa profonde sensibilité
aux êtres…
Martine Vertalier
Pour l’AsFoReL
Mai 2016
2
Histoires à Parler : Le ballon de Jonathan ; Bonjour la nuit ; Un chapeau en mousse ; Cheval-Papi ;
Crac ça croque ! ; Les feutres de Bastien ; Le gros rhume ; Léonard joue avec son chat ; Lucie et
Bruno se déguisent ; Nini fait pipi ; Nounours a sommeil ; Les œufs à la coque ; Ouille la bosse ! ; Un
petit tour de manège ; Plic-ploc-chien-mouillé ; Sylvie a du chagrin ; La tartine de Paméla ; Le vent
siffle, le vent souffle. Illustration : Françoise Luxereau. Supplément au n° 56-57 de L’Acquisition du
Langage Oral et Écrit.
3
« Apprendre à parler en racontant », La Cité des Bleuets : Série 1 (verte) : Anaïs et Ludovic se
réveillent ; Les deux tortues de la cour ; La salade de fruits ; Le pantalon neuf de Karim. Série 2
(orange) : Le chat de Nicolas ; Le dîner de Bébé-Leïla ; La vieille voiture ; Une nouvelle famille arrive
à la Cité. Série 3 (bleue) : Madame Adélina est tombée ; La cantine ; Un dîner chez les nouveaux
voisins ; Une promenade dans la forêt.
4
Autres titres retrouvés grâce à une amie d’Irène et sur internet : Hector, Nestor et Victor, J’aime lire
n° 35, 1979 ; La grotte inconnue, J’aime lire n° 56, 1981.

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