Flixbus se pose en conquérant européen après le rachat de

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Flixbus se pose en conquérant européen après le rachat de
BUS & CAR, 01/07/2016
Flixbus se pose en conquérant européen après le rachat de
Megabus
Par Marie-Noëlle FRISON
Pierre Gourdain, directeur général de Flixbus France. © M.-N. F
Au lendemain de l’annonce du rachat des activités européennes de Megabus.com, Pierre Gourdain, directeur
général de Flixbus France, a tenu une conférence de presse le 30 juin dans les locaux de l’entreprise à LevalloisPerret, près de Paris. Ce point a permis d’y voir plus clair sur les détails de la transaction et les objectifs de
Flixbus en France et en Europe, à court et moyen terme.
Disparition de la marque Megabus
Fidèle à ses habitudes, Flixbus n’a divulgué aucune information financière sur la transaction. On en sait plus
néanmoins sur le véritable périmètre de l’acquisition. « On ne rachète pas d’actifs, on ne rachète aucun bus.
On fait l’acquisition de la partie retail de l’activité de Megabus, c’est-à-dire le site internet, la plate-forme
technologique, la marque, le nom, le fichier clientèle », précise Pierre Gourdain. A ce titre, Megabus deviendra
donc un partenaire de Flixbus au même titre que les 55 autres prestataires en France et les 250 partenaires en
Europe. Progressivement, selon un calendrier qui n’a pas encore été établi à ce jour, la marque Megabus
disparaîtra des routes européennes et la centaine de cars Megabus (dont 35 en France) circulant sur les routes
du Vieux Continent sera repeinte aux couleurs de Flixbus. « Il n’y aura pas de petits bonhommes jaunes sur nos
cars verts !», prévient le jeune manager, en esquissant un large sourire.
Densification du maillage européen
Cette opération de croissance externe cadre avec la stratégie de développement de Flixbus. Créée en 2013 en
Allemagne, la start-up se positionne avant tout comme un acteur européen du voyage, à l’instar d’un Easyjet
pour le transport aérien. « Pour nous, les frontières n’existent pas. Nous visons l’achèvement d’un réseau
européen », explique Pierre Gourdain. Ce qui intéresse vraiment Flixbus dans cette acquisition, ce ne sont donc
pas tant les réseaux nationaux de Megabus, peu denses (par exemple, Megabus France ne commercialisait au
1er trimestre 2016 que 16 lignes, trois fois moins que Flixbus, 2ème opérateur du marché avec 48 lignes) mais
plutôt de densifier son maillage européen et ses lignes au départ et à destination de l’Angleterre, notamment.
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« Cette acquisition va nous permettre de vendre du Paris-Oxford, du Paris-Manchester ou du Londres-Milan des
offres que nous n’avions pas encore jusqu’à maintenant. Notre objectif est de proposer, d’ici la fin de l’été, 6
trajets quotidiens entre Londres et Paris, Cologne, ou Amsterdam ». Pour compléter son réseau, le conquérant
Flixbus garde un œil attentif sur toute nouvelle opportunité de rachat qui pourrait se présenter sur le marché.
Avant de signer avec Megabus, Flixbus avait déjà approché Starshipper, lequel a finalement opté pour un
rapprochement avec Ouibus (groupe SNCF). Et, à peine Megabus avalé, le germanique pense déjà à la suite. «
On est ouverts pour tout le monde. Si Isilines a envie de devenir partenaire Flixbus, on serait chaud
évidemment ! », lance Pierre Gourdain, deuxième grand sourire aux lèvres.
Simplicité et efficacité du parcours d’achat
Pour l’heure, cette acquisition ne change rien à la stratégie commerciale de l’opérateur de car allemand. Au
contraire d’Isilines (groupe Transdev), qui a noué récemment un partenariat avec Voyages SNCF pour avoir
une visibilité commerciale accrue, Flixbus préfère gérer sa relation clients en interne. « On veut être sûrs de
contrôler toute l’expérience du passager. A ce stade de notre développement, c’est important de garder la main
sur notre outil de distribution ». En parallèle, Flixbus continuera de miser sur la simplicité et l’efficacité du
parcours d’achat : un temps d’achat du billet n’excédant pas 90 secondes (« au-delà, cela devient anxiogène
pour les clients », estime Pierre Gourdain), pas de frais de réservation, une application smartphone intuitive
avec la possibilité d’annuler ou de modifier son billet sans frais 15 minutes avant le départ… Et bientôt peutêtre des services couplés avec des chaînes hôtelières, de type Ibis Budget ou Formule1.
Hausse des tarifs à prévoir
Innovant sans se prendre au sérieux, l’état d’esprit Flixbus séduit. Ses tarifs aussi. Flixbus, comme ses
challengers, affiche des prix défiants toute concurrence : 4 centimes/km, contre 6 pour le covoiturage, 12 à 15
pour le train et 10 à 25 centimes pour l’avion. Cela attire des voyageurs : 50 millions au total depuis la création
de la start-up en 2013. Mais cela pose la question du modèle économique et de sa rentabilité. En France,
Flixbus dit être rentable sur 15 % de ses lignes et a prévu de gagner de l’argent dès 2017. Cela passe par un
meilleur remplissage des cars et une augmentation des tarifs. « Un Paris-Angers à un euro ne nous rapporte
pas d’argent. Par contre, ce même trajet est rentable s’il coûte 9 euros par passager avec un car rempli à 75
% », indique Yvan Lefranc-Morin, directeur du développement de Flixbus. Une hausse générale des tarifs
comprise entre 8 à 15 %, en fonction des lignes et des acteurs, est donc à attendre sur le court et le moyen
terme. 10 euros étant, selon Flixbus, un seuil psychologique pour les voyageurs en autocar.
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