Les chaises dans l`espace urbain

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Les chaises dans l`espace urbain
&
Les chaises
ProAménagement
des villes
mobilier urbain
dans l’espace urbain
L’un des rares mobiliers urbains à proposer un espace individuel aux plus solitaires d’entre
nous, ou au contraire, à ceux qui aiment parler autour d’une table, est sans doute la chaise,
ce banc miniature emprunté au langage conceptuel des designers d’intérieur.
Conviviale, propice à la relaxation, à la lecture, loin des structures classiques, elle présente
aujourd’hui un regain d’intérêt. Un succès dû sans doute à la diversité des matériaux,
des formes et des couleurs.
P
lus ‘architec turées’,
mais toujours éloignées des modèles
f i g é s e t c la s s i q u e s ,
les chaises se livrent à de multiples variations : avec ou sans
accoudoirs, ‘collées’ à une table,
dossier en bois, en acier, volutes
forgées, disposées dos-à-dos…
Leurs formes libres, à géométrie
variable sont, plus que jamais,
une source d’inspiration pour
les créateurs de mobiliers urbains. Les typologies classiques
sont abandonnées au profit de
modèles raffinés, esthétiques et
attractifs. Pour autant, la chaise
reste un mobilier urbain comme
un autre et ne déroge pas aux
normes en vigueur. Conformément à la norme française P 99610 définissant les “critères de
robustesse et de stabilité des
bancs publics et autres mobiliers d’ambiance”, la chaise doit
présenter une place disponible
égale à 600 mm de large. Généralement, la hauteur d’assise
est comprise entre 40 et 45 cm,
ajustable selon les fabricants. Il
faut compter environ 8 cm sup-
plémentaires pour des assises
destinées aux seniors, facilitant
le passage assis-debout. Pour
le reste, c’est au fabricant de
créer la tendance. “La possibilité
de créer des environnements
conviviaux, se rapprochant d’un
salon d’intérieur en combinant
les chaises à des tables basses,
constitue certainement l’aspect
séduisant des chaises urbaines.
Il est possible que l’évolution de
la société, de plus en plus individualiste, mène aussi vers l’utilisation d’assises individuelles
pour répondre à ce comportement. Chacun peut ainsi s’installer dans l’environnement public
en préservant son intimité” analyse justement Bruno Lebranchu
de la société Accenturba. Ainsi,
la chaise propose une nouvelle
manière de s’approprier l’espace
public. “Il est toujours plus facile
de s’asseoir sur une chaise qui
jouxte celle d’un inconnu que
sur un banc déjà partiellement
occupé” ajoute Sophie Marcou
de ProUrba. C’est une question
d’attractivité. Bien visibles, elles
rendent la ville plus dynamique
et reflètent l’image d’une ville
ouverte, proche de ses habitants. “Elles contribuent à créer
du lien social en permettant
aux citoyens de se rencontrer,
d’échanger et de se réapproprier
l’espace public dans la convivialité” affirme Ivan Nouaille-Degorce, Président d’Acropose.
Autour d’une table basse,
la chaise Akane d’Accenturba
évoque le caractère
d’un petit salon privé.
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Le designer Marc Aurel a créé pour Tolerie Forezienne
la collection 21s qui se compose de la chaise, du banc
et d’une table basse. De quoi composer de véritables
lieux de convivialité.
Oser l’élégance
L’assise doit être rigide et confortable, avec un angle d’inclinaison d’environ 110° par rapport
au dossier. Toujours roi, le bois
(chêne, frêne…), traité sans solvants ni filmogènes, reste le plus
agréable en termes de sensation
tactile et d’appréciation visuelle.
Il doit cependant répondre aux
normes en vigueur : NF EN 350,
qui détermine la durabilité des
matériaux ; et NF EN 335, relative
aux classes d’emploi. A noter :
pour les assises, un minimum
classe 3 est exigé (humidité supérieure à 20 %) dans l’espace urbain. Certains fabricants jouent
sur les possibilités d’association
du bois, notamment en lames
ajourées, sur une ossature en
acier. D’autres préfèrent encore
épurer les lignes du mobilier et
n’utiliser que l’acier, couvert ensuite d’une couche de protection
(métallisation, cataphorèse, galvanisation à chaud…) et d’une
poudre polyester thermolaquée.
“Le métal rappelle les salons
de jardin, avec du mobilier aux
volutes forgées. C’est ce qui renforce son appropriation par les
usagers de la ville” indique la société Guyon. Pour les plus audacieux, les couleurs franches sont
aussi très prisées (rouge, blanc,
jaune…). De fait, elles rompent
© Foto Klick
Avec une assise surélevée
et un dossier rabattu de 20°,
le siège Contour 319S
de Guyon a été spécialement
étudié pour les seniors.
La chaise Norm, fabriquée par Acropose, a été conçue
avec un design épuré, sobre et efficace qui met l’accent
sur l’importance de la fonction. Deux accoudoirs en fer plats
renforcent le caractère intimiste et facilitent le passage
assis-debout.
une harmonie trop linéaire et
apportent une pointe d’impertinence. L’idéal ? Une architecture mécano-soudée minimaliste,
‘monobloc’, parfois découpée de
motifs laser, habillée éventuellement de bois sur le dossier et sur
les accoudoirs. Un gage d’élégance. Encore faut-il disposer ce
mobilier au bon endroit pour qu’il
soit vu et apprécié…
Rigide jusqu’au bout
des platines !
Si la chaise évoque certes l’individualisme, c’est aussi un mobilier
convivial. Une chaise n’est jamais
seule ! En effet, un banc public,
qui compte souvent 3 places,
permet de regrouper les gens,
mais cette disposition linéaire
ne créée pas réellement une situation favorable à l’échange.
Placées dos-à-dos, en face, en
cercle, autour d’une table…, les
chaises permettent de former
des groupes de discussion. Et
dans l’esprit de tous, une chaise
n’est pas un mobilier d’attente
temporaire, comme c’est le cas
des banquettes… Alors peuton cumuler les avantages de la
chaise avec ceux d’un banc ?
Des designers ont tenté l’expé-
rience et proposé des bancs où
les places sont délimitées par des
accoudoirs ou des surépaisseurs
(fers plats ou tubes fins fixés sur
l’assise). Le choix est donc possible. Revenons aux chaises. Dans
un parc, un jardin, à l’ombre d’un
arbre ou sur une place, doit-on
Gamme“21s” design par Marc Aurel
Créateur
de
mobiliers
urbain
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A côté du banc traditionnel
Vancouver proposé par Aréa,
le citadin peut désormais
trouver des chaises,
conférant à l’ensemble
un milieu propice
à la rencontre
et à la convivialité.
© Goanda - E. Belondrade
positionner les chaises dans la
même direction, pour profiter
d’un paysage commun, ou au
contraire les centrer autour d’un
point pour favoriser l’échange ?
Il paraît donc évident de ne pas
placer les chaises dans un milieu très fréquenté, le long d’un
grand boulevard ou d’un arrêt de
bus. Les sites les plus recommandés sont certainement les parcs,
les aires de jeux, les rives d’un
fleuve… “Peut-être justement
parce qu’elles évoquent ce caractère privé, cette coupure vis-àvis du reste du monde, et par
là des activités plus solitaires :
lecture, relaxation, conversations
téléphoniques personnelles,
écriture…” précise Romuald
Dolodière de Pro Urba. Outre
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© Frédéric Chillet
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Univers&Cité propose le modèle Cleo, dont l’assise
et le dossier sont composés de lattes en acacia (ou iroko).
ces conseils pratiques, il ne faut
pas oublier que les chaises ont
quatre pieds, et tous sont ancrés
ou vissés au sol par chevillage
ou platines. Néanmoins, dans le
jardin du Luxembourg ou de Tuileries, certaines chaises sont dé-
plaçables. Quoi qu’il en soit, de
par leur architecture et leur disposition, l’usager installé confortablement sur une chaise perçoit
la ville autrement et se contente
agréablement d’un petit bout de
chez soi dans l’espace public…
Positionnées en groupe de deux ou trois modules, les chaises
signées Pro Urba offrent un nouveau regard sur la ville.
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