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Mat de la dame
Je ne sais pas si on a répertorié tous les types de mat possibles. Ce qui est sûr, c’est qu’il y
a des types de mat (on dit aussi tableaux de mat) qui reviennent souvent. Il est très utile de
s’y familiariser, c’est-à-dire de reconnaître les circonstances propices à chacun. D’où
l’opportunité d’entreprendre une série de chroniques sur les tableaux de mat.
Un premier tableau de mat est celui donné par la dame
seule. Le diagramme ci-contre en illustre deux. Les Blancs
au trait matent par 1. Dh8. Les Noirs au trait matent par
1… Dc1. Simple, n’est-ce pas? Toutefois, pour les joueurs
aguerris, le problème ne se borne pas à reconnaître ce mat
lorsqu’il se présente. Il faut plutôt reconnaître quand les
circonstances s’y prêtent, et trouver la suite de coups précise
qui permet de concrétiser le mat. Comme nous le verrons,
cela peut constituer un gros casse-tête.
Le deuxième diagramme (Lublinskaja – Saunina, Kiev 1981),
Noirs au trait, demeure facile. Il suffit de reconnaître que la
dame noire materait si elle allait sur h1, en autant que le
cavalier blanc ne puisse s’interposer sur g1. Conclusion
logique, il faut soit clouer le cavalier, soit le prendre, en
autant que le roi blanc ne puisse reprendre. C’est la
deuxième option qui se présente ici, sur 1… Txf2. Le roi
blanc ne peut reprendre. Peu importe si c’est la dame ou la
tour qui reprend, les Noirs matent au coup suivant par
1… Dh1.
Le diagramme suivant (Y. Afek – J. Claesen, Belgique 2004),
Noirs au trait, est un peu plus difficile. Les Noirs ont laissé
leur tour en prise parce qu’ils menacent d’un mat de la dame
par 1… Dxf1. Surprise ! Les Blancs au trait ont aussi un mat
de la dame, certes moins voyant : 1.Fg7+! Ce sacrifice
permet à la dame blanche de prendre la tour sur c8 avec
échec, et de plus enlève la case de fuite g7 au roi adverse.
1… Fxg7 (Si 1… Rg8 2. Fe5 mat) 2.Dxc8+ Ff8 3.Dxf8 mat.
La difficulté augmente passablement avec le quatrième
diagramme (Tal – Platonov, Dubai 1974), Blancs au trait.
Toutefois, la tour et le fou noirs non protégés sur f8 et f6
respectivement ont mis la puce à l’oreille du joueur qui
dirigeait les pièces blanches: 1.Dh6! Txg3 2.Fg6!! (menace
deux mats, soit Dxh7 et Dxf8. La suite 2.Dxf8+ Tg8 3.Dxf7
gagne aussi à la longue, mais le coup du texte est le plus
expéditif) 3…Txg6 4.fxg6 fxg6 5.Dxf8 mat de la dame.
Le cinquième diagramme (Alekhine – Freeman, New York
1924, voir page suivante), Blancs au trait, est une pièce
d’anthologie : 1.Te8+ Cf8 2.Ch6+!! Dxh6 3.Txf8+ Rxf8
4.Dd8 mat de la dame.
Dans le dernier diagramme (Medina Garcia – Donner,
Beverwijk 1965), Blancs au trait, il faut remarquer que ces
derniers peuvent forcer le roi noir à aller sur la huitième rangée et qu’ils peuvent aussi forcer
la tour noire sur f8 à quitter cette rangée : 1.Txf7+ Txf7 2.Ch5+ Rh8 (2… Rf8 et 2… Rg8
auront
comme
réponse
3.Dd8
mat)
3.Dd8+ Tf8
4.Dxf8 mat de la dame.
Marc Pinsonneault