Les fleuves anatoliens, entre Orient et Occident
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Les fleuves anatoliens, entre Orient et Occident
1 Les fleuves anatoliens entre Orient et Occident : axes et frontières Aspects géographiques, économiques et culturels des interactions entre homme et environnement, entre le Tigre et le Kızılırmak dans l’Antiquité Kızılırmak Organisateurs : Anca DAN ([email protected]), Centre National de la Recherche Scientifique – École Normale Supérieure, Labex TransferS, Paris Dominique KASSAB TEZGÖR ([email protected]), Université de Bilkent, Ankara Nino INAISHVILI ([email protected]), Institut Niko Berdzenishvili, Université d’État Shota Rustaveli, Batoumi Stéphane LEBRETON ([email protected]), Université d’Artois, Arras Avec le soutien du Labex TransferS de l’École Normale Supérieure (Paris), Institut Français d’Études Anatoliennes (Istanbul), Université d’Artois (Arras), Université de Bilkent (Ankara), Shota Rustaveli University (Batoumi) Comité scientifique : Tønnes BEKKER-NIELSEN (Université du Danemark du Sud) Helmut BRÜCKNER (Université de Cologne) Martin GODON (Institut Français d’Études Anatoliennes, Istanbul) Merab KHALVASHI (Université d’État Shota Rustaveli, Batoumi) Hatice PAMIR (Université Mustafa Kemal d’Antakya) Maurice SARTRE (Université de Tours, Institut Français du Proche-Orient) John SCHEID (Collège de France, Paris) Pierre SCHNEIDER (Université d’Arras) Stéphane VERGER (École Pratique des Hautes Études, Paris) Du petit ruisseau au fleuve majestueux ou tourbillonnant, les cours d’eau ont déterminé le destin de l’Anatolie tout au long de l’histoire. Aujourd’hui, ils sont au cœur des débats sur la politique énergétique, agricole, patrimoniale et environnementale de la Turquie et, plus généralement, des pays voisins d’Europe et du Proche-Orient. Dans le passé, ils ont représenté à la fois les axes d’habitation et de passage, et les limites d’un plateau anatolien difficile à maîtriser. Leurs avantages économiques avec les ressources en eau et en nourriture, la connectivité ont attiré depuis le Néolithique. En même temps, leurs dangers ancestraux – de déluges, ensablement, changement de cours et de débit – ont inspiré la peur, dans le passé comme aujourd’hui. 2 Les études des paysages fluviaux, de leur évolution, utilisation et représentation, mettent au cœur de la réflexion le rôle du fleuve dans la vie des riverains. Menée sur la longue durée et avec l’apport des différentes disciplines, une telle enquête montre non seulement les aléas de l’impact de l’activité humaine sur le circuit de l’eau, mais aussi les similarités et les particularités des différentes sociétés en interaction avec leur environnement. La préférence pour l’Asie Mineure et, tout particulièrement, pour sa partie orientale dans cette recherche n’est pas un hasard : l’Asie Mineure antique et l’Anatolie moderne ont toujours été un pont entre Orient et Occident. À travers l’histoire, le middle ground anatolien a été le support des principales voies entre Asie et Europe : du corridor compris entre le Tigre et l’Euphrate, la « révolution » néolithique s’est répandue vers le Kızılırmak et la mer Égée, mais aussi vers l’Asie intérieure. Les Assyriens et les Perses, les Macédoniens et les Romains, les Arabes et les Turcs ont utilisé ces passages accéder à l’« autre » moitié du monde connu, opposée à la leur. Malgré l’importance du sujet, dans la littérature d’aujourd’hui on ne trouve aucune synthèse d’ensemble, ni sur un fleuve particulier de l’Anatolie orientale, ni sur un aspect spécifique concernant l’us et l’abus des ressources fluviales ou encore sur leur image, dans l’Antiquité ou aux époques plus récentes. Le but de ce projet est de rassembler des spécialistes de différentes disciplines – des archéologues, géographes, historiens, ingénieurs –, travaillant sur différentes périodes, du Néolithique à l’époque byzantine et même au-delà, qui s’intéressent et sont impliqués dans des projets de recherche touchant aux fleuves en tant que frontières et axes de communication, du Tigre et de l’Euphrate à l’est, au bassin hydrographique du Kızılırmak à l’ouest, de l’Aras, Rioni et Çoruh (Tchorokhi) au nord, jusqu’au Nil au sud. La plupart de ces fleuves ont été considérés à certains moments comme des frontières entre l’Asie et l’Europe. Dans ce contexte, le terme de « frontière », tel qu’il a été éclairé par les études historiques et théoriques récentes, ne désigne pas tant une barrière, qu’une zone de contact, de transferts de biens, de technologies et de savoirs. C’est donc autour de ce concept appartenant désormais autant au champ des transferts qu’à celui des limites que nous souhaitons rassembler nos connaissances, réfléchir ensemble et produire une nouvelle synthèse de savoirs. Pour ce but historique majeur, le projet s’organise autour de trois axes répondant à trois questions : 1. Quelle était la fonction de ces fleuves dans les contacts entre l’Europe et l’Asie, le Caucase et la mer Noire, la Méditerranée, la mer Rouge et l’Océan Indien et comment cette fonction a-t-elle évolué dans différents contextes historiques ? 2. Comment les différentes sociétés ont utilisé ces bassins fluviaux, quelles ressources ont-elles pu exploiter, comment, dans quelles conditions ? 3. Comment ces fleuves ont été vus, décrits, imaginés et adorés dans différentes cultures ? Chaque thème fera l’objet d’un colloque international organisé en Turquie et en Géorgie. Outre les sessions de travail, un voyage sera organisé sur le Kızılırmak/Halys, le Phasis/Rioni et le Meriç/Evros, avec des archéologues, géographes ou ingénieurs. La langue des conférences est l’anglais. Les articles seront publiés en anglais (avec résumé français et turc) dans un volume soumis à l’évaluation par les pairs, dans une série reconnue internationalement (à Archéopress ou dans la collection Varia Anatolica de l’IFEA Istanbul). Chaque rencontre bénéficiera d’un compte-rendu en français dans la « Chronique d’Orient » de la revue Dialogues d’histoire ancienne (DHA) par Stéphane Lebreton. 3 Programme 17 - 20 Novembre 2016 L’Université de Bilkent organise la première rencontre, consacrée à la connectivité. Cette journée rassemblera des géographes, des archéologues et des historiens qui s’intéressent aussi bien à la circulation sur le fleuve (la navigation, les systèmes d’ancrage et de flottage, les ports), qu’à la traversée du fleuve (natation, utilisation des animaux, les infrastructures fixes et mobiles – des ponts de bateaux, des passerelles en bois et en pierre). Un voyage sera organisé sur les rives du Kızılırmak (visite des fouilles de Kaman, près de Kırşehir). 4 - 7 Mai 2017 La deuxième rencontre sera organisée par l’Université d’État Shota Rustaveli de Batoumi (Géorgie) et se concentrera sur l’exploitation des ressources économiques des fleuves. On présentera des études d’ateliers céramiques et métallurgiques situés aux bords des rivières et utilisant leurs eaux. On cherchera à étudier aussi la manière dont la force du courant a pu être capturée – des moulins tardo-antiques aux barrages modernes. On inclura aussi l’étude des aqueducs et la distribution de l’eau pour l’irrigation des champs et pour l’approvisionnement urbain. Nous nous intéresserons aussi à la pêche, aux méthodes et outils de l’Antiquité comparés, si possible, aux faits plus récents. L’accent sera mis sur le rôle de la rivière dans le développement des sociétés – différentes ou similaires –, sur ce que l’homme doit mais aussi donne à la rivière et à son environnement. On fera un voyage au bord du Phasis/Rioni. 28 Septembre – 1er Octobre 2017 La troisième et dernière rencontre sera organisée à Istanbul, à l’Institut Français d’Études Anatoliennes et concernera la culture des fleuves. On s’intéressera à l’hydronymie, aux histoires et traditions, aux croyances et rites, à la mythologie liée aux fleuves est-anatoliens, pour une meilleure compréhension de la relation entre communautés humaines et leur environnement. Un voyage sera organisé à Edirne, pour voir le Meriç/Evros. À chaque rencontre, un invité présentera une conférence sur un fleuve d’une autre zone géographique, à titre de comparaison possible pour les fleuves est-anatoliens. Calendrier La date limite pour l’enregistrement à l’une des trois rencontres est la fin juin 2016. Nous souhaitons envoyer aux participants, avant chaque rencontre, par courriel, la version préliminaire des articles, afin de faciliter la compréhension des présentations et de nourrir les discussions. Un volume imprimé sera distribué lors de chaque rencontre. C’est pourquoi nous vous prions de bien vouloir nous envoyer une première forme de votre article un mois avant chaque rencontre, aux adresses électroniques indiquées. Informations pratiques Nous ne pouvons pas couvrir les frais de transport, mais nous prenons en charge les coûts, à partir de l’arrivée sur le lieu de la rencontre (l’hébergement, les repas communs, les excursions). Pour plus d’informations sur le projet, contactez par courriel les organisateurs ; voir aussi http://www.transfers.ens.fr/article551.html et, plus généralement, http://www.archeo.ens.fr/spip.php?article617.