La petite voie de confiance et d`amour

Transcription

La petite voie de confiance et d`amour
Enseignement Groupe de Prière St. Damien : La petite voie de Ste Thérèse
1
La petite voie de confiance et d’amour
La petite voie est celle de la sainteté toute ordinaire. Thérèse n’a jamais fait de choses
extraordinaires : elle a balayé les couloirs, plié le linge, servi au refectoire. Elle n’était pas la
plus pieuse vu qu’elle s’endormait aux oraisons le matin. La petite voie, c’est une aventure
spirituelle exceptionnelle dans une existence toute ordinaire.
La spiritualité de Thérèse, même si elle est très simple, n’est jamais simpliste mais
témoigne d’un grand équilibre. Trois facettes de l’Amour de Dieu vont provoquer chez Thérèse
trois attitudes différentes mais complémentaires et qui résument bien sa petite voie.
1. Dieu est amour GRATUIT.
Thérèse se laisse aimer. Elle a fait l’expérience de sda faiblesse, de son incapacité à
mériter le ciel « à la force du poignet. » Un enfant ne mérite pas son ciel, il le reçoit. Voilà ce
qu’ele dit 4 mois avant de mourir « Je suis très contente de m’en aller bientôt au Ciel ; mais quand
je pense à cette parole du bon Dieu : « Je porte ma récompense avec moi pour rendre à chacun
selon ses oeuvres », je me dis que, pour moi, il sera bien embarassé. Je n’ai pas d’oeuvres ! Il ne
pourra donc pas me rendre « selon mes oeuvres » ... Eh bien ! il me rendra « selon ses oeuvres à lui
... » (C.J. 15.5.1)
Conscient de sa grande faiblesse, Thérèse décide de faire confiance et de s’abandonner à
l’amour gratuit de Dieu. Elle aimant tant ce verset du Ps 22 qui contient cette idée centrale
d’amour gratuit : « Seigneur, tu es mon berger, je ne manque de rien. »
2. Dieu est amour MISERICORDIEUX.
Thérèse a conscience d’être pècheresse mais au lieu de se lamenter de ses fuates, elle se
précipite dans les bras de Jésus pour lui demander pardon et guérison. Pour être agréable à
Dieu, pas besoin d’être pur et sans pêché. Il suffit de se jeter avec une confiance totale dans la
miséricorde de Dieu qui nous transforme et nous purifie. Pour l’abbé Bellière, son frère
spiriruel, torturé par les scrupules sur son passé, elle inventé une merveilleuse petite parabole
qui illustre cette attitude de confiance audacieuse qui touche la cœur de Dieu.
« Je voudrais essayer de vous faire comprendre par une comparaison bien simple combien
Jésus aime les âmes même imparfaites qui se confient en Lui : je suppose qu'un père ait deux
enfants espiègles et désobéissants, et que venant pour les punir, il en voie un qui tremble et
s'éloigne de lui avec terreur, ayant pourtant au fond du coeur le sentiment qu'il mérite d'être puni ;
et que son frère, au contraire, se jette dans les bras du Père en disant qu'il regrette de lui avoir fait
de la peine et que, pour le prouver, il sera sage désormais, puis si cet enfant demande à son père
de le punir par un baiser, je ne crois pas que le coeur de l'heureux père puisse résister à la
confiance filiale de son enfant dont il connaît la sincérité et l'amour. Il n'ignore pas cependant que
plus d'une fois son fils retombera dans les mêmes fautes mais il est disposé à lui pardonner
toujours, si toujours son fils le prend par le coeur.. Je ne vous dis rien du premier enfant, mon cher
petit frère, vous devez comprendre si son père peut l'aimer autant et le traiter avec la même
indulgence que l'autre... » (LT 258. 18/7/97)
Conclusion de 1 et 2 : les mains vides
La petite voie est celle de l’enfance évangélique : connaître sa faiblesse, vivre dans
humilité, mais tout attendre de Dieu dans une confiance audacieuse. « Ma voie est toute de
confiance et d’amour. (...)« Ma voie est toute de confiance et d’amour. Je prends l’Ecriture Sainte
(...) et la perfection me semble facile, je vois qu'il suffit de reconnaître son néant et de
Groupe de Prière St. Damien, Fraternité de Tibériade, 5580 Lavaux-Ste-Anne, Belgium
Diffusion expressément encouragée.
Enseignement Groupe de Prière St. Damien : La petite voie de Ste Thérèse
2
s'abandonner comme un enfant dans les bras du Bon Dieu. Je me réjouis d'être petite puisque les
enfants seuls et ceux qui leur ressemblent seront admis au Banquet Céleste. » (LT 226).
La voie de l’enfance évangélique n’est pas une voie alternative, c’est le cœur même du
message de l’Evangile que Thérèse a expériementé : redécouvrir que Dieu est Père et que nous
sommes ses enfants bien-aimés.
3. Dieu est amour MENDIANT
Thérèse ne refuse rien à Dieu. C’est le côté « les mains pleines ». Si on en reste aux deux
premiers aspects ( les mains vides), on fait de Thérèse celle qui a inventé la spiritualité « Club
Med », cool.
Voilà comment elle décrit sa petite voie à Mère Agnès « c’est reconnaître son néant,
attendre tout du bon Dieu, comme un petit enfant attend tout de son père, se sentir incapable de
gagner sa vie, la vie éternelle du Ciel »( = les mains vides) mais l’enfant ajoute-t-elle, « est aussi
celui qui n’a d’autre occupation que celle de cueillir des fleurs, les fleurs de l’amour et du sacrifice
et de les offrir au bon Dieu pour son plaisir. » (6.8.1897)
La jeune Carmélite est très réaliste et concrète : elle a découvert que sa vocation est
d’être l’amour au cœur de l’Eglise mais elle n’oublie pas que cet amour doit se vivre dans les
multiples actes de la vie quotidienne. « Mon Bien-aimé, je n’ai d’autre moyen de te prouver mon
amour que de jetre des fleurs, c’est-)à-dire de ne laiser échapper aucun petit sacrifice, aucun
regard, aucune parole, de profiter de toutes les plus petites choses et de les faire par amour. » Ms
B, 4°v.
Jeter des pétales de roses, ce n’est pas de la mièvrerie mais c’est l’héroïsme au quotidien,
la sainteté toute ordinaire. Attention ! Thérèse ne cherche nullement a accumuler les
« mérites ». Bien au contraire, elle a débarassé la vie spirituelle de la comptabilité des bonnes
oeuvres accomplies. Ce qu’elle veut, c’est prouver son amour par ce qu’elle appelle « ces petits
riens ». L’important, ce n’est pas de réussir, mais c’est l’amour avec laquel on accomplit ces
actes les plus ordinaires de la vie quotidienne.
Dans sa poësie « Jésus seul », Thérèse résume bien les deux attitudes complémentaires
de sa petite voie
- « Je veux t’aimer comme un petit enfant. »
- « Je veux lutter comme un guerrier vaillant. »
Ce chemin d’amour sera parsemé de chutes, c’est normal. « Etre enfant, c’est ne point se
décourager de ses fautes, car les enfants tombent souvent, mais ils sont trop petits pour se faire
beaucoup de mal. » Quelle joie pour Dieu de voir son enfant vite se relever après une chute et
reprendre courageusement sa route.
«Lever son petit pied ».
Pour une novice qui se décourageait de ses imperfections, Thérèse invente une image qui
résume admirablement bien sa petite voie.
La novice se décourageait à la vue de ses imperfections et de ses efforts apparemment
inutiles. Alors Thérèse lui disait (1)
« Vous me faites penser au tout petit enfant qui commence à se tenir debout, mais ne sait pas
encore marcher. Voulant absolument atteindre le haut d'un escalier pour retrouver sa maman, il
lève son petit pied afin de monter la première marche. Peine inutile ! il retombe toujours sans
Groupe de Prière St. Damien, Fraternité de Tibériade, 5580 Lavaux-Ste-Anne, Belgium
Diffusion expressément encouragée.
Enseignement Groupe de Prière St. Damien : La petite voie de Ste Thérèse
3
pouvoir avancer. » Thérèse accepte la situation de départ : l'enfant ne peut pas monter une
seule marche, mais il lève son pied.
« Eh bien, soyez comme ce petit enfant; par la pratique de toutes les vertus, levez toujours
votre petit pied pour gravir l'escalier de la sainteté, et ne vous imaginez pas que vous pourrez
monter même la première marche ! non ; mais le Bon Dieu ne demande de vous que la bonne
volonté. »
(C.et S., p. 2).
Aux yeux d’un homme réaliste c’est absurde ! S’il ne faut pas tenter de monter, il n'y a
plus qu’à s’occuper d’autre chose, mais surtout pas essayer d’aimer Dieu. Thérèse dit : « Si
vous avez la foi, sachez qu’au haut de l’escalier, Dieu nous regarde et il attend » : « Du haut de
cet escalier, il ( le bon Dieu ) vous regarde avec amour. Bientôt, vaincu par vos efforts inutiles, il
descendra lui-même, et, vous prenant dans ses bras, vous emportera pour toujours dans son
royaume où vous ne le quitterez plus. Mais si vous cessez lever votre petit pied, il vous laissera
longtemps sur la terre. »
Ce serait absurde d'essayer de gravir l'escalier si Dieu n’était pas en haut, en train de
nous regarder et de nous attendre. Et quand il aura estimé que nous serons assez mûrs, à
point - et ceci est le paradoxe - car cet effort apparemment stérile et inutile produit un résultat
: celui d'épuiser nos prétentions, notre dureté et notre orgueil, afin de rendre notre coeur
malléable et souple.
La novice, Soeur Marie de la Trinité dira : « Depuis ce jour, je ne me désole plus de me
voir toujours au bas de l'escalier. Sachant mon impuissance pour m'élever seulement d'un
degré, je laisse les autres monter et je me contente de lever sans cesse mon petit pied par des
efforts continuels. J'attends ainsi dans la paix le jour bienheureux où Jésus descendra luimême pour m'emporter dans ses bras. »
« A ce moment-là, me disait Thérèse, serez-vous plus avancée d'avoir gravi 5 ou 6 marches
par vos propres forces ? Est-il plus difficile à Jésus de vous prendre au bas plutôt qu'à la moitié
de l'escalier ? »
Et Thérèse va donner la raison profonde de son conseil qui est au-delà du résultat et
vise surtout à nous rendre humbles et à épuiser nos prétentions à nous emparer de Dieu : « Il
y a encore un avantage pour vous à ne pas pouvoir monter, c'est de rester toute votre vie dans
l'humilité, tandis que si vos efforts étaient couronnés de succès., vous ne feriez pas pitié à Jésus,
Il vous laisserait monter toute seule et il y aurait tout à craindre que vous ne tombiez dans la
complaisance en vous-même » (V.T., janvier 1980, n° 77, D.C.L. Marie de la Trinité., l’amie d'une
sainte, p. 63).
A nous de faire l'application concrète à notre propre vie. Nous essayons de lutter contre
une tentation et nous n'aboutissons à rien. Que nous reste-t-il à faire ? Continuer,
simplement, en essayant de croire et d'espérer que l'Amour miséricordieux nous attend au
bout de nos efforts difficiles et qu'il viendra nous chercher. Si nous faisons cela, Dieu nous
donnera la grâce de l'Amour et à mesure que celui-ci grandira, grandira en nous l'esprit de
sacrifice. Et ceci est encore sa doctrine : on n'arrive pas à l’Amour par l’esprit de sacrifice,
mais on arrive à l’esprit du sacrifice par l’amour. Et comment arrive-t-on à l’Amour ? C’est
encore Thérèse qui nous répond : « C’est la confiance et rien que le confiance qui nous mène à
l’Amour. »
------------------------------------------------
Groupe de Prière St. Damien, Fraternité de Tibériade, 5580 Lavaux-Ste-Anne, Belgium
Diffusion expressément encouragée.