SoCiété - Délégation Centre Limousin Poitou-Charentes
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SoCiété - Délégation Centre Limousin Poitou-Charentes
février 2013 n° 67 Un regard sur les laboratoires en Centre Limousin Poitou-Charentes ntre ation CNRS Ce zine de la délég u-Charentes Limousin Poito le maga EMENT ENVIRONN attractivité Littoral : entre et vulnérabilité SIQUE A S T R o P H Y rnées u Des antennes to nivers l’U e vers l’origine d Société > Les Marocains de France > Retour d’outre-mer www.dr8.cnrs.fr IQUE I N F O R M AT Calcul intensif e en région Centr février 2013 n°67 n° 67 la délégation CNRS Centre Limousin Poitou-Charentes EMENT ENVIRONN attractivité Littoral : entre et vulnérabilité IQU I N F O R M AT Calcul intensif en région Centre > Les Marocains de France > Retour d’outre-mer > 6 Photos couverture : Arrière-plan : Kasbat, un village électrifié par les émigrés © MIGRINTER Zoom : une boutique à Quintian, Chine © MIGRINTER. Colloques GF C 2013 ss oc iat io n 17ème ré un io n de l’A de uffleurs So fran ça ise des ité Un ivers s Verre du CN RS, des iq ue Et de la Fo nc tio n publ nçais de la Céramique. Journées du Groupe Fra léans 26 au 28 mars 2013 > Or FC/GFC_Jour- _G http://sf2m.asso.fr/Vie nees.htm/ EC OV EG 9 > 2 0 > 12 > 18 E www.dr8.cnrs.fr rs 6 au 7 juin 2013 > Poitie - e d’écologie des commu 9ème congrès francophon nautés végétales. s 3 au 5 avril 2013 > Tour .fr/ecoveg / http://citeres.univ-tours rre-de-la- -ve http://www.souffleur-de / org ue. tifiq ien -sc recherche PB II&D 2013 al sur les dépôts et l’im 12 atelier internation rces plasmas sou des t isan util e iqu plantation ion ème itiers 1er au 5 juillet 2013 > Po esconf.org / http://pbiid2013.scienc Jo urn ées de l’A FS E nomique et Monétaire « La crise de l’Union Eco et perspectives de poliues oriq thé eux enj (UEM) : » e iqu tique économ Manifestations sema ine du cerveau liers, conférences, expo- ns léa 16 au 17 mai 2013 > Or ns.fr/leo/ http://www.univ-orlea Dans 25 villes, débats, ate sitions, spectacles. im ie verte 2013 ISG C 2 - Co ngr ès ch Chimie verte / car- 11 au 17 mars « al tion rna ème inte posium cerveau.fr/2013/ http://www.semainedu 2 sym procédés ». bone renouvelable et éco 21 au 24 > 4 SIQUE ASTROPHY s Des antennes tournée l’Univers vers l’origine de SOCIÉTÉ Agenda > 16 > 8 Un regard sur les laboratoires en Centre Limousin Poitou-Charentes février 2013 le magazine de e mai 2013 > La Rochell Jo urn ée mo nd iale m/ http://www.isgc2013.co 8 juin 2013 IN FE R 2013 au international de re15ème Conférence du rése cherche en économie. ns > Orléa 29 mai au 1 juin 2013 er net/ ch. http://www.infer-resear ées franJFBTM15 - 15 jo urn tissus ça ises de bio lo gi e des s isé mi né ral èmes des oc éan S etwork.org / http://www.worldoceann Environnement Littoral : entre attractivité et vulnérabilité > 4 Matériaux Les carbones nanoporeux : des éponges à micropolluants > 6 évènements > 8 Histoire Attila le Hun dans la littérature > 10 Société Les Marocains de France > 12 Retour d’outre-mer > 14 Chimie Les cellules tumorales pour seules cibles > 16 équipements > 18 Informatique Calcul intensif en région Centre > 20 ématiq ues sema ine des math de l’Education Astrophysique 18 au 22 mars 2013 Des antennes tournées vers l’origine de l’Univers > 22 re organisée par le Ministè Nationale. ouv.fr/cid59384/ http://www.education.g matiques.html/ the ma ese-d ain em la-s > 1 0 > 14 Ce premier numéro de Microscoop de l’année est l’occasion de renouer avec les rubriques que vous connaissez bien à la découverte de l’activité scientifique des laboratoires qui composent la délégation. Ils ont donc depuis le 1er janvier 2013 un seul interlocuteur pour le CNRS. Cela se traduit par le transfert de la DR15 à la DR08 des cinq structures opérationnelles de recherche situées à Limoges : C’est aussi l’occasion de saluer les collègues de Limoges qui ont rejoint depuis le 1er janvier 2013 notre délégation. - le laboratoire Contrôle des réponses immunes B et des lymphoproliférations (CRIBL – UMR 7276) ; En effet, dans le cadre du plan d’action 2012-2015 pour une organisation rénovée des fonctions supports du CNRS, la compétence territoriale des deux délégations évolue au 1er janvier 2013, les activités du CNRS en Limousin, relevant jusqu’alors de la compétence la Délégation Aquitaine Limousin (DR15), relèvent désormais de la Délégation Centre Poitou-Charentes (DR08), laquelle prend dès lors la dénomination de : « Délégation Centre Limousin Poitou-Charentes ». Ce changement de périmètre permet notamment de gagner en cohérence dans le partenariat du CNRS avec le Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES) Limousin Poitou-Charentes et l’ensemble des établissements qui le constituent, jusqu’alors partagés entre les deux délégations régionales. - le laboratoire Science des procédés céramiques et de traitements de surface (SPCTS – UMR 7315) ; - XLIM (XLIM – UMR 7252) ; - la Fédération de recherche Mathématique et interactions, images et information numérique, réseaux et sécurité (MIRES – FR 3423) ; - et la Fédération de recherche Génomique, Environnement, Immunité, Santé, Thérapeutique (GEIST – FR 3503). Nul doute que nous aurons très bientôt des articles concernant leurs activités à vous proposer dans les prochains numéros de Microscoop. Dans cette attente, je vous souhaite une bonne lecture. er > Poitiers 30 mai au 1 juin 2013 fr/ http://sfbtm.univ-littoral. CNRS Centre Limousin Poitou-Charentes 3E, Avenue de la Recherche Scientifique 45071 ORLÉANS CEDEX 2 Tél. : 02 38 25 52 01 - Fax : 02 38 69 70 31 www.dr8.cnrs.fr E-mail : [email protected] ISSN 1247-844X Directeur de la publication Patrice Soullie Responsable de la publication Patricia Madrières Secrétaire de la publication Florence Royer Création graphique Linda Jeuffrault Ont participé à ce numéro : Hélène Agogue, Edina Bozoky, Martine Cadène, Anne Cantereau, Laurent Catherine, Armelle Combaud, Sandrine Delpeux, Laurent Denis, Ida Di Carlo, Gilles Dubus, Dominique Eyidi, Bertrand Flouret, Frédéric Foucher, Isabelle Frapart, Julien Girard, Philippe Jalladeau, Thomas Lacroix, Stéphanie Lerondel, Zhipeng Li, Nathalie Long, Emmanuel Ma Mung Kuang, Yves Nadot, Elisabeth Nau, Sébastien Papot, Nathalie Pothier, Jean-Louis Rouet, Patrick Simon, Michel Tagger, Philippe Zarka. Imprimeur - PREVOST OFFSET - Impression sur papier 100 % recyclé Cycloprint. Microscoop, le magazine de la délégation CNRS Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 MIGRINTER > 12 - 17 Les Marocains de France Retour d’outre-mer Patrice SOULLIE Délégué régional > 22 Environnement Environnement © LIENSs Résidences secondaires avec vues sur mer à Chatellaillon-plage. Littoral : entre attractivité et vulnérabilité © LIENSs Le littoral constitue un territoire riche, en plein développement économique et social. Il n’en reste pas moins un espace soumis aux aléas venant de la mer. Le littoral peut être perçu comme un système complexe soumis à différentes pressions anthropiques et naturelles. Il occupe de nos jours une place particulière dans nos sociétés en étant à la fois un espace attractif avec une urbanisation sans cesse grandissante, mais aussi un espace où se produisent des catastrophes naturelles. Le passage du cyclone Sandy sur New-York fin octobre 2012 est le dernier exemple en date illustrant parfaitement cette ambiguïté littorale. Vivre avec vue sur la mer ou développer des activités industrialo-portuaires peut finalement avoir un coût humain et/ou monétaire élevé. Concilier développement du territoire, attentes des populations et gestion du risque sur le littoral font partie des programmes de recherche en géographie du laboratoire LIttoral, ENvironnement et Sociétés (LIENSs – UMR 7266 CNRS/Université de La Rochelle) à La Rochelle, pour mieux cerner les enjeux du littoral. Développement économique et environnement 4 Sur le littoral charentais, un premier programme de recherche analyse un impact de l’attractivité et du développement touristique, celui du développement des résidences secondaires. Elles constituent une richesse importante pour l’économie locale. Leur progression reste très supérieure à la moyenne nationale (+ 2,2% /an). Elles sont constituées par de la construction neuve et représentent 60% de la capacité d’accueil touristique. Pour les territoires du Royannais, et de l’Île de Ré, les résidences secon- daires représentent respectivement 43% et 54% de l’habitat total. Le Programme d’étude sur les usages des résidences secondaires en Charente-Maritime analyse les stratégies résidentielles des résidents secondaires, leurs pratiques dans le lieu ainsi que leurs représentations de la qualité environnementale du lieu. Ce travail vise ainsi à étudier le rôle mais aussi la dynamique des résidences secondaires dans l’économie résidentielle en évaluant l’impact des décisions et des comportements des propriétaires et des occupants de résidences secondaires sur l’immobilier, le BTP, le commerce et les services de proximité, et en précisant les besoins qu’elles engendrent au regard des politiques environnementales et d’aménagement, et de services publics. L’étude a pour but de montrer que les résidents secondaires sont non seulement des acteurs incontournables du territoire en termes de développement économique mais sont aussi des acteurs particulièrement sensibilisés à la qualité environnementale des lieux garante de la préservation de la valeur de leur bien. « les populations aspirent à s’installer sur les littoraux » les conséquences de cette attractivité pour les populations locales dans leur vie quotidienne. Le littoral et la ville sont des espaces attractifs dont l’accessibilité sera différente selon les lieux de résidence. Principalement en fonction du marché du foncier et donc de leur possibilité de lieux de vie, les populations sont soumises à différents types d’inégalités environnementales (accès aux services urbains, aux espaces naturels, exposition aux nuisances et aux risques...) et écologiques. Cependant, si chacun fait son choix dans ce qu’il accepte de supporter en échange de facilités ou de bénéfices, il peut être difficile de percevoir l’inégalité comme telle. Ce projet propose ainsi une analyse systémique des inégalités écologiques à travers les stratégies résidentielles dans un contexte littoral Exposition des habitations aux aléas venant de la mer à St Pierre, La Réunion. urbanisé. Cette urbanisation littorale n’est ainsi pas sans conséquence en termes d’exposition des sociétés aux aléas venant de la mer. Si d’une manière générale, les populations aspirent à s’installer sur les littoraux et si les événements extrêmes tendent à se renforcer, il est important de définir leur vulnérabilité pour mieux anticiper les catastrophes de demain. Définir des trajectoires de vulnérabilité est l’objectif du programme VulneraRe qui porte sur l’Île de la Réunion. Il s’agit de développer une méthode pour appréhender l’évolution de la vulnérabilité aux risques liés à la mer et de développer une approche prospective visant à soutenir les politiques de réduction des risques et d’adaptation au changement climatique. Dans un même registre, les îles Kiribati du Pacifique sont également très fragiles face à l’élévation du niveau de la mer dans un contexte de mondialisation original (projet GeoKiribati). Ce projet, tout comme le précédent, passe par la construction et le développement d’une base de données permettant l’analyse des risques liés à la mer dans les îles du district de Tarawa Sud. Celle-ci permet d’évaluer la vulnérabilité aux risques de différents sites représentatifs de la situation du territoire et d’analyser son évolution au cours des 50 dernières années afin de déterminer les parts respectives du mal développement et des impacts du changement climatique dans la situation actuelle. Le rôle du changement climatique dans l’évolution des risques liés à la mer (érosion et submersion) pourra ainsi être estimé ainsi que l’évolution de la résilience de ce territoire. A travers ces deux derniers projets, ce sont les questions de résilience et d’adaptation des sociétés qui sont abordées, dans un contexte de changement global. Nathalie LONG < LIENSS [email protected] http://lienss.univ-larochelle.fr N Lagoon coast Ocean coast 0 200 SHORELINE EVOLUTION 1969-2007 400 m BUILDING EXPOSURE Land gain (natural accretion + reclamation) Level 1 (exposed) Land loss (coastal erosion) Level 2 (highly exposed) Stability Level 3 (very highly exposed) Évaluation de la vulnérabilité du bâti en fonction de sa distance à la côte et de son altitude à Eita, atoll de Tarawa, Kiribati (Duvat, Magnan et Pouget, 2013). L’anticipation des risques Toujours en rapport avec les questions foncières, le projet Analyse des inégalités environnementales dans un contexte de villes littorales se focalise quant à lui plus sur Microscoop, le magazine de la délégation CNRS Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 5 Un regard sur les laboratoires en Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 Matériaux Matériaux Les carbones nanoporeux : © Thinkstock® des éponges à micropolluants La consommation mondiale actuelle en carbones activés est de plus de 1 million de tonnes par an, toutes applications confondues avec plus de 35% consacrés au traitement de l’eau, le plus grand consommateur. L’utilisation des carbones en traitement de l’eau n’est pas nouvelle et remonte à plus de 4000 ans. Depuis le début du 20ème siècle, les carbones microporeux occupent une place de choix en fin de traitement dans les stations d’épuration, avant l’étape de désinfection par chloration, en particulier pour piéger les traces de polluants organiques. Ils améliorent ainsi les qualités « esthétiques » de l’eau, comme sa couleur, son goût, son odeur mais aussi réduisent les quantités de produits potentiellement toxiques. Ils sont aussi utilisés pour le traitement de l’air, en agroalimentaire pour décolorer les sucres et purifier les huiles et jus de fruits, mais également en médecine comme antidotes lors d’empoissonnements et dans les technologies du stockage de l’énergie (supercondensateurs). Ils sont présents jusque dans nos foyers que ce soit dans les carafes filtrantes ou nos aspirations de cuisine. formés de quelques cycles aromatiques sont constitués et s’orientent aléatoirement pour constituer les parois des pores. Les différents champs d’applications sont définis en fonction de la distribution en taille des pores : micropores < 2 nm et mésopores 2-50 nm. Les CA ont largement démontré leurs performances quant à l’élimination des polluants organiques, que ce soit par les très faibles concentrations (µg/Lau ng/L) qu’ils sont capables d’éliminer ou par la diversité des polluants qu’ils permettent de traiter (pesticides, colorants, solvants, médicaments…) ceci sans générer de sous-produits et avec des rendements proches de 100%. L’adsorption des composés organiques présents dans l’eau sur les CA est la résultante d’interactions complexes entre des Les « carbones activés » et le traitement de l’eau 6 Le terme « carbone activé » (CA) regroupe la famille des carbones microporeux, appelés aussi communément « charbons actifs ». Ces matériaux obtenus par carbonisation puis activation de précurseurs riches en carbone (bois, noix de coco, …) possèdent une structure poreuse accessible très développée, jusqu’à 3000 m2/g. En effet, lors de la carbonisation, des domaines incurvés Microscoop, le magazine de la délégation CNRS Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 forces dites électrostatiques et non électrostatiques, liées aux caractéristiques de l’adsorbant (structure poreuse et chimie de surface), du polluant et du milieu aqueux. Les attractions non électrostatiques entre les molécules aromatiques et les parois de pores des CA sont favorables à leur adsorption. Les répulsions électrostatiques y sont défavorables et opèrent entre les polluants et les groupements chimiques acides de surface du carbone tous chargés négativement. Les micropolluants et polluants émergents Depuis une dizaine d’années, notamment grâce au développement des techniques analytiques, émergent de nouveaux polluants liés aux usages domestiques que sont les résidus de médicaments, les pertur- bateurs endocriniens et les hormones. Ces polluants présents à l’état de traces (ng/L) arrivent à passer au travers des filières de traitement actuelles et leur accumulation dans l’organisme constitue un problème de santé publique, impliquant par ailleurs la mise en place de nouvelles réglementations (Directive cadre sur l’eau, normes REACH). Les atouts des procédés in-situ et réversibles Une fois la porosité saturée en polluant, l’adsorbant carboné doit être remplacé. Les méthodes de régénération ex-situ par réactivation thermique sont peu utilisées car très coûteuses et surtout peu efficaces. Le Centre de Recherche sur la Matière Divisée (CRMD – FRE 3520 CNRS/Université d’Orléans) développe un nouveau type de procédé de traitement de l’eau qui combine les propriétés d’adsorption et de conductivité électrique des matériaux carbonés microporeux. C’est un procédé optimisé d’adsorption réversible et contrôlée de micropolluants prioritaires et émergents sur des carbones nanoporeux avec une régénération in situ. Les matériaux adsorbants utilisés sont des tissus de fibres de carbone activé avec pour atouts majeurs : une bonne tenue mécanique, une grande surface poreuse (-2000 m2/g) et d’excellentes propriétés conductrices. Une fois le polluant adsorbé dans la porosité, une polarisation négative (quelques mA/g) est appliquée au niveau du carbone et active la désorption réversible des polluants en quelques minutes et par là même la régénération de la porosité de l’adsorbant, prêt pour un nouveau cycle de traitement. Les polluants peuvent ainsi être récupérés et traités séparément. Les mécanismes en jeu sont complexes et la présence seule d’un champ électrostatique ne suffit pas à repousser la totalité des polluants adsorbés en surface des plans de carbone. Sous l’effet du courant électrique, des charges négatives apparaissent à la surface du carbone et l’eau se décompose, entraînant une augmentation locale du pH dans la porosité. Ces deux effets synergiques sont responsables de la désorption réversible des polluants qui opère grâce à des répulsions électrostatiques entre charges négatives. « de réelles avancées technologiques dans le domaine du traitement de l’eau » La compréhension des mécanismes permet de définir et d’affiner les caractéristiques poreuses et chimiques requises pour un adsorbant capable à la fois de montrer des capacités d’adsorption élevées et offrant une aptitude à la régénération. Dans certaines conditions de polarisation, il est même possible de procéder à une dégradation complète des polluants par oxydation indirecte via la formation de radicaux OH• générés à l’électrode positive. Cette dernière solution alliant régénération de l’adsorbant et destruction des polluants répond particulièrement à des objectifs de développement durable. Ce type de procédé offre de réelles avancées technologiques dans le domaine du traitement de l’eau en anticipant l’évolution des réglementations et en répondant aux problématiques : du piégeage des micropolluants et polluants émergents, à l’amélioration de l’efficacité des procédés actuels, ainsi qu’à leur miniaturisation et enfin à la régénération in situ des adsorbants carbonés. Pour mener à bien cette recherche, jusqu’à la conception d’un pilote industriel fonctionnant sur des effluents réels, le CRMD bénéficie du soutien financier de l’Agence Nationale pour la Recherche (Projet PARME, 2011-2015, programme ECOTECH). Ce projet s’appuie sur les compétences complémentaires de trois laboratoires : le traitement des effluents liquides pour le Laboratoire Chimie Moléculaire et Environnement (LCME – EA 1651 Université de Savoie), la chimie et l’ingénierie de l’environnement pour l’école Nationale Supérieure de Chimie de Rennes et les matériaux carbonés et systèmes électrochimiques pour le CRMD d’Orléans. Sandrine DELPEUX < CRMD [email protected] http://www.crmd.cnrs-orleans.fr 7 Un regard sur les laboratoires en Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 évènements évènements © Isabelle FORTUNé < UFR sciences humaines et arts - Université de Poitiers © Isabelle FORTUNé < UFR sciences humaines et arts - Université de Poitiers Exposition urbaine "Images de recherche" Fête de la Science 2012 Retour en images sur la 21ème édition s é les portes de iteurs ont pass Plus de 3000 vis ge des Sciences à Orléans. labos et du Villa � Bourges, le village des Sciences a reçu 1800 visiteurs. Ici, le stand de la Station de Radioastronomie de Nançay. L’exposition atypique « Images de recherche » a été présentée au public du 10 au 16 octobre 2012 dans le centre-ville de Poitiers en utilisant le mobilier urbain d’affichage comme support d’exposition. Des images, surprenantes, esthétiques, intrigantes, issues des recherches des laboratoires de différentes disciplines scientifiques ont été exposées en grand format dans les rues de la ville, transformant la cité en vaste espace d’exposition à ciel ouvert. L’exposition « Images de recherche » a été réalisée par l’Université de Poitiers avec le soutien du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, du Conseil régional Poitou-Charentes, de la Communauté d’agglomération Grand Poitiers, de la Ville de Poitiers et la collaboration du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l’École nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique (ISAE-ENSMA), de l’Espace Mendès-France. "A chacun ses couleurs" Pour le festival « A chacun ses couleurs » du Service culturel de l’Université de Poitiers, la Plateforme ImageUp a imaginé une exposition d’une trentaine de clichés de microscopies confocale et électronique réalisés dans le cadre de projets scientifiques de chercheurs poitevins. Tout d’abord exposées au pôle Biologie Santé en septembre, puis à l’Espace Mendès-France pour la Fête de la Science, ces images ont été source d’inspiration pour des élèves de primaire de Buxerolles. Le premier exercice a été pour eux de reproduire des formes originales et des couleurs chatoyantes. Puis l’origine et la signification des images leur ont été expliquées par une ingénieure de la plateforme ImageUp. Un premier pas vers la science… © Anne Cantereau < IPBC Contact pour réserver l’exposition : [email protected] 245 enfants se sont pris au jeu ! Un métier de chercheur à choisir, des accessoires, un sourire et une photo souvenir. 8 © Com CNRS DR8-Franck CAILLARD-Giovanni CLAIN/Bertrand FLOURET/Centre Sciences. Microscoop, le magazine de la délégation CNRS Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 L'Hôtel de Ville de Village des Scien Tours prêtait ses atours au ces. Pr sont venus déco ès de 5000 visiteurs uvrir la Science . Les lauréats, parmi lesquels la directrice de l'IC2MP, Sabine PETIT. (3ème en partant de la gauche) Un regard sur les laboratoires en Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 9 Histoire Histoire Attila le Hun dans la littérature A l’instar d’autres rois, tels Alexandre le Grand, Arthur, Charlemagne, la légende s’empare d’Attila, roi des Huns, et en crée une figure à la fois emblématique et contrastée dans la littérature. Si la production est particulièrement abondante au Moyen Âge, Attila continue de fasciner les auteurs jusqu’à nos jours. Attila règne de 435 à 453 sur les Huns et d’autres peuples soumis et alliés qui forment l’empire hunnique. C’est un nébuleux qui s’étend des plaines ukrainiennes au bassin des Carpates, l’actuelle Hongrie. Ayant établi son centre du pouvoir quelque part entre les fleuves Tisza et Danube, Attila dirige des expéditions guerrières en direction de l’empire d’Orient. Contre des promesses de paix, les Huns obtiennent des tributs substantiels jusqu’en 450, année de la mort de l’empereur Théodose II. En raison du changement d’attitude du nouvel empereur, Marcien, qui ne veut plus céder aux Huns, mais aussi pour répondre à la promesse de mariage – impossible à réaliser – d’Honoria, sœur de l’empereur d’Occident Valentinien III, Attila se tourne alors vers l’Occident. En 451, il pénètre en Gaule et avance jusqu’à Orléans où il est arrêté par l’armée romaine et wisigothique. Lors de sa retraite, après la bataille particulièrement sanglante des Champs catalauniques, près de Troyes, il se retire sans être poursuivi. En 452, il mène une campagne non moins célèbre en Italie : il assiège Aquilée, dévaste la vallée du Pô, puis s’arrête devant Rome et rentre dans son pays. C’est là qu’il meurt subitement en 453. Après lui, l’empire hunnique se délite. 10 La légende Les premières légendes d’Attila glorifient les gestes miraculeux des saints évêques face à l’envahisseur, tels saint Aignan à Orléans ou saint Loup à Troyes. Progressivement, on fabrique toute une série de récits hagiographiques* célébrant des martyres infligés par les Huns. La légende de sainte Ursule et des onze mille vierges, victimes de leur cruauté à Cologne, est une invention tardive (Xe siècle), mais qui fonde un culte très populaire au Moyen Âge. Une recherche autour de Saints et barbares est en cours d’approfondissement dans le cadre du programme Culte des saints et mémoire des morts du Centre d’études supérieures de civilisation médiévale (UMR 7302 – CNRS/Université de Poitiers). « la place considérable qu’occupe Attila dans la littérature germanique » Un héros de littératures Plusieurs peuples germaniques se confrontent ou s’allient aux Huns au Ve siècle. Cela n’explique pourtant pas la place considérable qu’occupe Attila dans la littérature germanique. Dès le IXe siècle, dans un poème latin, intitulé Waltharius, rédigée à Saint-Gall, les principaux personnages, Walther et Hildegonde, sont des Microscoop, le magazine de la délégation CNRS Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 otages élevés à la cour d’Attila, par ailleurs très accueillante. Au début du XIIIe siècle, Attila, sous le nom d’Etzel, devient l’une des figures centrales de la Chanson des Nibelungen. La princesse burgonde Kriemhild l’épouse en secondes noces et se sert de lui pour accomplir sa terrible vengeance sur les assassins de son premier mari, Siegfried. Si Etzel se révèle ici comme un roi généreux et bienveillant, dans deux poèmes médiévaux en norrois (Atlakvida et Atlamal), il est dépeint sous de fâcheux auspices, cupide et cruel. C’est en Italie que sont composées les œuvres les plus curieuses. Dans plusieurs chroniques urbaines, la fondation d’une série de villes dans la lagune de Venise est attribuée aux populations fuyant devant l’armée d’Attila. On invente aussi des personnages – rois et d’autres princes – qui auraient essayé de défendre leurs villes contre le roi hun. Puis, dans un récit en prose, écrit en français au XIIIe siècle (Estoire d’Atile en Ytaire), apparaît le thème de l’engendrement monstrueux d’Attila : il serait né de l’union d’une princesse hongroise, enfermée dans une tour, avec un lévrier ! Selon ce texte, Attila, devenu roi de Hongrie, entreprend la guerre contre l’Italie pour arrêter la diffusion du christianisme. Les rois (fictifs) d’Aquilée et de Padoue organisent la résistance contre les Huns, pendant Sainte Ursule et ses compagnes, rentrées d’un pèlerinage à Rome, sont massacrées par les Huns à Cologne. « Le martyre de Sainte Ursule » Dessin attribué à Hans Süss von Kulmbach (vers 1480-1522). ©Musées de Poitiers/Christian Vignaud « Collection Musée de la Ville de Poitiers et de la Société des Antiquaires de l’Ouest ». que la population fuit vers le littoral adriatique. Mais à Rimini, Attila est décapité par le roi de Padoue, Gilles. La matière de ce texte est largement amplifiée dans l’épopée chevaleresque franco-vénitienne, intitulée La Guerra d’Attila (milieu du XIVe siècle). Œuvre de Niccolo da Casola, notaire à la cour des Estensi à Ferrare, elle glorifie les défenseurs du christianisme et de l’Italie parmi lesquels figurent les ancêtres (inventés) de la famille d’Este. L’Estoire d’Atile, traduite en italien, inspire aussi un livre de colportage et un poème populaire, tandis que La Guerra d’Attila est à la base d’un véritable livre historique italien, rédigée par le duc de Ferrare Alphonse II d’Este en 1568. Un père fondateur… En Hongrie médiévale, les historiens transforment Attila en un roi idéal et en font l’ancêtre de la dynastie royale hongroise. Ils inventent la légende de l’origine commune des Huns et des Hongrois, qui descendraient de deux frères, Hunor et Magor. Pour légitimer le droit au sol des Hongrois, leur installation dans le bassin des Carpates est présentée comme la seconde vague d’arrivée des Huns. Le chroniqueur Simon de Kéza (vers 1283) et, à sa suite, toute une série d’historiens hongrois présentent une image positive d’Attila et des Huns. Attila aurait entrepris les guerres de conquête sur l’instigation d’autrui, notamment sur celle de Dietrich, roi de Vérone, héros de la littérature germanique. Ou un barbare A l’époque moderne et contemporaine, Attila reste un personnage emblématique. Corneille lui consacre l’une de ses dernières tragédies (1667) et Verdi un opéra (1846). Tour à tour, le roi hun cristallise autour de son personnage les attitudes identitaires nationales. Il incarne le plus souvent la figure de tyran, mais aussi, chez l’auteur russe Evgenij-Zamjatine (1928), il symbolise la « flamme révolutionnaire » face à Rome esclavagiste. Dans l’opinion publique, influencée par des manuels scolaires, Attila est assimilé à la barbarie, à la destruction, et, d’une façon générale, il reflète la hantise de l’Autre. Pendant que nombre d’auteurs de romans historiques, de bandes dessinées et de cinéastes (Fritz Lang en 1924, Pietro Francisci, Douglas Sirk en 1954) en font leur héros jusqu’à nos jours, les historiens actuels s’efforcent d’approfondir et de nuancer les connaissances sur la réalité des peuples dits barbares qui avaient ébranlé l’empire romain au Ve siècle. Edina BOZOKY < CESCM [email protected] http://cescm.labo.univ-poitiers.fr *récits hagiographiques : du nom "hagiographie" : biographie d’un saint, par extension récit biographique qui embellit la réalité. 11 Un regard sur les laboratoires en Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 Société Société Kasbat, un village électrifié par les émigrés. Un générateur électrique financé par les émigrés à Aweourst. Les Marocains de France : l’évolution des pratiques associatives L’analyse des pratiques associatives est un pan important des études migratoires. Elles éclairent les modes d’intégration dans la société d’accueil, et au-delà, les liens avec le pays d’origine ou les autres pays d’installation. Avec 664 000 personnes1, les Marocains constituent, après les Algériens, la seconde plus forte présence étrangère en France. Ils représentent un exemple typique de groupe postcolonial. L’évolution de leur immigration et de leurs pratiques associatives passe par une série de trois phases bien distinctes en prenant pour point de départ, 1956, date de l’indépendance du Maroc. 1956-1981: la période postcoloniale La période de l’immédiate indépendance est celle de la structuration du champ associatif. A cette époque, ces pratiques s’opèrent sous le couvert de l’informel : les étrangers n’obtiennent le droit de créer une association qu’en 1981. Le champ associatif est scindé en deux camps : les organisations de la gauche séculière en exil d’une part, et les associations pilotées par les autorités consulaires marocaines d’autre part. Cette polarisation s’effectue dans un contexte de construction postindépendance du nouvel état. La monarchie cherche à s’imposer. 12 En face, les partis de gauche issus des mouvements indépendantistes se donnent pour objectif de limiter les pouvoirs du monarque (voire de le renverser) pour établir un régime parlementaire. Au cours de cette période, la répression qui s’abat sur les opposants va conduire une partie d’entre eux à l’exil en France, mais aussi en Espagne, Belgique ou aux Pays-Bas. La première structure de la gauche séculière est créée à Paris en 1962. C’est Mehdi Ben Barka, le leader du parti socialiste marocain, alors en exil à Paris, qui va fédérer l’ensemble des courants de la gauche exilée au sein de l’AMF (Association des Marocains de France). Les militants présents étaient essentiellement des socialistes, des communistes et des étudiants membres de l’UNEM (UNion des étudiants Marocains). L’association est créée à Gennevilliers. Mais elle va rapidement créer des sections dans les régions d’implantation des immigrés marocains, essentiellement le Nord et l’Est de la France. Les autorités marocaines, soucieuses de limiter l’influence grandissante des militants en France, mettent en place, avec l’assentiment des pouvoirs public français, le réseau des Amicales de Travailleurs et Commerçants Marocains en France. La naissance du réseau associatif officiel se situe en 1974. Leur objectif était d’établir un relais entre les autorités consulaires et les immigrés, de faciliter les démarches administratives, les investissements économiques au Maroc, mais aussi d’animer la vie religieuse et culturelle des populations établies en Microscoop, le magazine de la délégation CNRS Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 France. Mais ces Amicales ont également servi d’instrument de surveillance et de dissuasion des activités politiques et syndicales des Marocains en France. 1981-1995 : l’ouvriérisme immigré, nouvel enjeu des luttes associatives Les événements de Mai 68, puis les grandes grèves de l’industrie des années 1970 placent les ouvriers étrangers sous les projecteurs médiatiques. Les militants de l’AMF vont de plus en plus s’intéresser aux problèmes de la classe ouvrière immigrée marocaine, allant jusqu’à reléguer les objectifs fondateurs de l’association au second plan. Au Maroc, le champ de la gauche, désuni par la répression, est réduite à une condition semi clan- évolution sur les pratiques associatives des Marocains de France sont profonds. destine. Les dissensions entre modérés et radicaux au sein de l’AMF conduisent, en 1982 à une scission de l’association. La nouvelle structure, l’Association des Travailleurs Marocains en France (ATMF), centre ses activités sur le soutien des grévistes de l’industrie automobile ou des mineurs du Nord Pas de Calais. En parallèle, ses membres se mobilisent en faveur de la défense des droits des étrangers et, après le milieu des années 1980, contre la montée du Front National. 1990-… : le tournant développementaliste des associations marocaines En 1989, l’état marocain enregistre une brusque chute des transferts de devises des Marocains de l’extérieur. Cet événement pousse le gouvernement à réformer sa politique envers la diaspora. Plusieurs institutions, dont un ministère, spécifiquement dédiés aux Marocains de l’extérieur, sont créées. Les exilés politiques se voient accorder une amnistie. En parallèle, l’ouverture progressive du régime permet l’essor de la société civile au Maroc. Les effets de cette « l’immigration ...est de plus en plus le fait d’étudiants et de travailleurs qualifiés » Il s’ensuit une forte diversification du champ associatif avec l’émergence d’un tiers secteur apolitique n’appartenant ni à la constellation gauchiste, ni aux réseaux amicalistes. Cette diversification est également le résultat d’une transformation de la population marocaine en France. Le temps où celle-ci était constituée quasi exclusivement d’ouvriers peu qualifiés est révolu. Leurs enfants arrivent à l’âge adulte. Ces derniers sont plus qualifiés et ont une vision différente de la France et du Maroc. Par ailleurs, les personnes arrivées dans les années 1960 et 1970 arrivent à l’âge de la retraite. En parallèle, l’immigration change elle aussi de teneur. Elle est de plus en plus le fait d’étudiants et de travailleurs qualifiés. Ces derniers contribuent à leur tour à transformer cette population marocaine. La récente évolution des pratiques associatives marocaines est le résultat de la stratification de la diaspora et son intégration dans la société française. L’un des aspects les plus marquants de ce tournant est le regain d’intérêt pour le Maroc et le déclin des associations travaillant dans le domaine de l’intégration. Dans un contexte d’amélioration des conditions de vie, la défense des droits est un sujet moins pressant. En contrepoint, de plus en plus d’associations se créent pour soutenir des projets de développement au Maroc. En dépouillant le journal officiel, on peut dénombrer en moyenne près de 60 créations d’ONG tous les ans. La plupart sont de petites organisations envoyant du matériel scolaire ou bien œuvrant pour la région d’origine des membres. De nouvelles structures fédératives, souvent animées par d’anciens leaders syndicaux ou militants politiques, apparaissent. Leur objectif est de faire le lien entre les bailleurs de fonds publics et privés et les petites associations porteuses de projets. Ce regain développementaliste des relations avec le Maroc ne se fait pas aux dépens de l’intégration dans le pays d’accueil, mais bel et bien en raison de celle-ci. Thomas LaCROIX < MIGRINTER [email protected] http://www.mshs.univ-poitiers.fr/ migrinter/index.html 1 Chiffre issu du recensement de la population 2009 Évoluon du champ associaf marocain en France (1997-2010) Nombre d’associaons localistes créées chaque année Nombre d’associaons développementalistes créées chaque année 13 Un regard sur les laboratoires en Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 Société Société A gauche : la France reste présente dans la ville chinoise grâce aux enseignes qui, ici, sont exotiques. Retour d’outre-mer Un bar "barcelone" à Qingtian. La région de Wenzhou, dans la province chinoise du Zhejiang, s’est considérablement développée depuis le lancement de la politique de réforme et d’ouverture dans les années 1980, en partie grâce aux émigrants et à la diaspora chinoise. Une migration de la région de Wenzhou Wenzhou est une ville-préfecture littorale du sud de la Chine, à 500 km de Shanghai. Sa population réunit à la fois des habitants de la ville portuaire elle-même et de ses environs auxquels s’ajoutent des personnes originaires de la ville de Qingtian à 60 km. Qingtian est un des premiers foyers d’émigration chinois vers l’Europe, dès le début du XXe siècle. En France, il n’existe pas de distinction particulière entre les habitants de Wenzhou ou de Qingtian : ils sont indifféremment nommés Wenzhounais. Les migrants internationaux ont joué un rôle prépondérant ces dernières trois décennies dans l’essor économique de leur région. 14 Ce succès a d’ailleurs donné son nom à un modèle économique : « le Modèle de Wenzhou ». Ces émigrants partis s’installer en Europe (surtout en France, en Italie et en Espagne) ont investi dans leur région d’origine et ont participé au développement économique dès le lancement de la politique de réforme. Au début des années 1980, ils ont fait des dons destinés à construire des infrastructures locales et soutenir l’éducation par la création d’écoles. Conséquence du départ des Wenzhounais pour l’Europe, des habitants des provinces voisines ont immigré vers Wenzhou pour pallier la perte et l’insuffisance de main-d’œuvre. toire. Des commerces et des magasins sont entièrement approvisionnés de produits provenant des divers pays d’installation des Chinois dans le monde. On trouve ainsi des magasins spécialisés dans l’importation de vins français, des restaurants servant du jambon d’Espagne (jamon serrano, bellota), des bars dans lesquels on peut boire du café expresso italien. Le Barcelona Bar propose des tapas catalanas, et certaines boutiques vendent du prêt-à-porter féminin français, fabriqué en France (et non en Chine). L’apparition de ces produits typiques est bien à mettre en relation avec le phénomène migratoire. Un phénomène migratoire en tout lieu… Li’ao, situé dans la région de Wenzhou, est un bourg plus connu sous le nom de Qiaoxiang (signifiant foyer d’émigration chinoise). Il compte 42 000 habitants, dont… 25 000 sont des Chinois d’outre-mer dispersés dans 27 pays ou régions du monde entier. Qidu, un autre bourg, est un foyer d’émigration célèbre : la plupart des maisons sont vides, montrant en creux l’importance de l’investissement immobilier des migrants sur le sol chinois lors de leurs retours ponctuels. La spécificité de la région de Wenzhou tient non seulement à la contribution financière des Chinois d’outre-mer, mais aussi à la présence d’éléments occidentaux dans l’espace public. Quelques foyers d’émigration sont une représentation concrète de cette culture migraWenzhou, ville portuaire située à 400 km au sud de Shanghai. Microscoop, le magazine de la délégation CNRS Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 Yueqing, un autre foyer de départ, concentre un grand nombre de petites et moyennes entreprises spécialisées dans l’industrie des matériaux électroniques. C’est notamment grâce aux investissements des Chinois d’outre-mer que ces entreprises ont pu se développer. Dans ces espaces, il n’est pas rare d’échanger en français avec des Chinois d’outre-mer de retour au pays. « les Chinois d’outre-mer détiennent un potentiel commercial international » Le rôle des émigrants Au début des années 80, les Chinois d’outremer ont été les premiers « étrangers » à investir en Chine. Les capitaux, la technique et la conception ont été introduits, accélérant considérablement le développement économique du pays. L’appellation de « Commerçants de Wenzhou » a été connue grâce à leur succès économique. Les crédits de type « informels » se sont développés dans cette région de manière importante. Aujourd’hui, le rôle des émigrants a changé, passant d’un rôle d’investisseur à celui d’exportateur-importateur. Avec le développement économique chinois, (surtout depuis l’entrée du pays dans l’Organisation mondiale du Commerce en 2001) les Chinois d’outre-mer détiennent un potentiel commercial international, grâce aux liens entretenus avec la Chine. économique du groupe sur le plan des activités et des revenus de ses membres. Concrètement, cela se traduit par une proportion d’entrepreneurs plus élevée chez les Wenzhounais que la moyenne des pays où ils sont établis. Ces entreprises emploient principalement une maind’œuvre originaire de Wenzhou, c’est-à-dire des compatriotes. Dans la région d’origine elle-même, le développement économique a donné naissance à ce que les économistes chinois appellent « le modèle de Wenzhou ». Il est caractérisé par : -des entreprises de type familial ; -une tradition économique locale ; -un financement par un crédit de type « informel » ; -une production visant l’échelon national ou international ; - des réseaux migratoires (internes et internationaux) pour la distribution de la production. Ces deux économies s’entretiennent dans un lien réciproque en fonction de l’évolution économique mondiale. Les Chinois d’outre-mer ont permis un certain développement régional favorable à la constitution d’un commerce d’export-import au niveau international avec la diaspora chinoise. Les liens continus entretenus avec cette diaspora forment à l’heure actuelle un système économique fructueux que l’on peut qualifier de « gagnant-gagnant ». Zhipeng Li < MIGRINTER [email protected] Emmanuel MA MUNG KUANG < MIGRINTER [email protected] http://www.mshs.univ-poitiers.fr/ migrinter/index.html Un modèle économique Comme toutes les diasporas, la diaspora chinoise entretient des relations matérielles avec le pôle d’origine. Les Chinois d’outremer en France sont organisés en « diaspora entrepreneuriale ». Les entreprises ont un rôle prépondérant dans la reproduction 15 Un regard sur les laboratoires en Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 Chimie Chimie Les cellules tumorales pour seules cibles Une étude menée par des chercheurs de l’Institut de Chimie des Milieux et des Matériaux de Poitiers (UMR 7285 CNRS/Université de Poitiers) a abouti à la mise au point d’un système de ciblage thérapeutique programmé pour transporter un puissant agent anticancéreux jusque dans les cellules tumorales, épargnant ainsi les tissus sains habituellement endommagés par les thérapies classiques. La plupart des molécules utilisées en chimiothérapie anticancéreuse ne sont pas suffisamment efficaces pour lutter contre les cancers les plus meurtriers. Actuellement, l’arsenal thérapeutique est constitué de médicaments qui présentent peu de sélectivité vis-à-vis des cellules tumorales et s’attaquent également aux tissus sains. Cette destruction non-sélective entraîne de sévères effets secondaires et conduit dans la plupart des cas à l’arrêt prématuré du traitement. Ainsi, le développement de nouveaux agents anticancéreux conçus pour détruire sélectivement les tumeurs sans affecter les organes sains est devenu l’un des défis majeurs de la recherche contre le cancer. 16 Des études récentes ont mis en évidence quelques spécificités malignes qui permettent de différencier les tumeurs des tissus sains. La découverte de ces cibles potentielles a conduit au développement de plusieurs systèmes de ciblage thérapeutique. Dans cette approche, la molécule active est transportée dans l’organisme sous une forme non-toxique grâce à un vecteur capable de reconnaître une spécificité tumorale. Une fois la tumeur détectée, un processus de libération de l’agent anticancéreux se déclenche pour régénérer son activité biologique sélectivement au niveau de la masse tumorale. Deux facteurs clefs Le succès du ciblage thérapeutique dépend tout d’abord de la sélectivité avec laquelle le vecteur va discriminer les tumeurs des tissus sains. Ce paramètre est crucial quant à l’accumulation sélective du vecteur dans la zone à traiter. En outre, le contrôle du processus d’activation du système de ciblage est essentiel afin d’éviter la libération anarchique de la drogue dans tout l’organisme. « améliorer de façon significative l’efficacité des chimiothérapies anticancéreuses » La vectorisation d’agents anticancéreux semble être un concept très prometteur qui pourrait permettre d’améliorer de façon significative l’efficacité des chimiothérapies anticancéreuses. Cette approche thérapeutique a récemment été validée chez l’homme grâce au Brentuximab vedotin, un vecteur macromoléculaire constitué d’un anticorps monoclonal associé à un puissant agent cytotoxique. Commercialisé en août 2011, ce système Microscoop, le magazine de la délégation CNRS Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 de ciblage est un composé très efficace pour le traitement des lymphomes. Bien que les anticorps confèrent aux systèmes de ciblage correspondants un degré de sélectivité élevé, leur utilisation se heurte cependant à deux problèmes majeurs pour le traitement des tumeurs solides. En raison de leur taille importante, ils pénètrent difficilement au sein de la masse tumorale ce qui limite leur efficacité. De plus, ils possèdent une durée de séjour dans l’organisme relativement longue, avec des temps de demi-vies de plusieurs mois pouvant ainsi entraîner une toxicité non sélective au cours du temps. sains. Le récepteur de l’acide folique représente donc une cible de choix pour le ciblage thérapeutique d’agents anticancéreux. Un nouveau système de ciblage thérapeutique Constitué de quatre unités distinctes incluant un agent anticancéreux, une tête chercheuse et un déclencheur enzymatique articulés autour d’une unité centrale, ce système de ciblage est programmé pour : - détecter le récepteur membranaire de la vitamine B9 exprimé à la surface des cellules malignes, - pénétrer sélectivement au sein de ces dernières tel un « cheval de Troie » moléculaire, - déclencher la libération de l’espèce active sous l’action d’une enzyme via un processus catalytique - et détruire non seulement les cellules exprimant le récepteur cible mais également les cellules tumorales environnantes. Des systèmes de ciblage comportant des vecteurs moins volumineux devraient permettre de contourner ces problèmes. C’est dans ce cadre que des chercheurs de l’IC2MP en collaboration avec le Centre d’Imagerie du Petit Animal (CIPA au laboratoire Transgénèse et archivage d’animaux modèles – TAAM UPS 44) à Orléans, ont récemment développé un nouveau système permettant de cibler vers les tumeurs un puissant agent cytotoxique de la famille des Dolastatines, la MMAE, à l’aide de la vitamine B9 (ou acide folique). Le récepteur membranaire de l’acide folique est en effet surexprimé à la surface des cellules tumorales des cancers du poumon, du sein, du cerveau, du colon, du rein, de l’ovaire et des leucémies. En revanche, celui-ci n’est présent qu’en faible concentration dans la plupart des tissus Une diminution totale et durable de la masse tumorale a été observée chez les animaux traités avec le nouveau système de ciblage thérapeutique. L’une des originalités de cet assemblage moléculaire repose sur la présence du déclencheur galactosylé qui peut être activé par la β-galactosidase au sein des cellules malignes. Dans l’organisme, cette enzyme est non circulante et présente une activité essentiellement intracellulaire. Après l’internalisation sélective de l’ensemble du dispositif de ciblage, l’activation enzymatique du déclencheur informe l’unité centrale que la drogue peut être libérée. L’unité centrale amorce alors une cascade de réactions chimiques qui vont conduire à l’expulsion de la substance active uniquement dans les cellules malignes. En outre, l’activité catalytique de la β-galactosidase permet d’activer un nombre important de systèmes de ciblage entraînant ainsi la libération d’une quantité d’agent anticancéreux suffisante afin d’éradiquer également les cellules tumorales voisines qui ne sur-expriment pas le récepteur membranaire de l’acide folique. La validité de ce concept a été démontrée in vivo dans le cadre du traitement d’une tumeur solide. Au cours de cette étude, une diminution totale et durable de la masse tumorale a été observée chez les animaux traités avec le nouveau système de ciblage thérapeutique. En revanche, l’utilisation de la MMAE seule ne permet pas d’obtenir une efficacité thérapeutique comparable à des doses non-toxiques. De plus, aucun effet secondaire n’a été détecté durant toute la durée du traitement ce qui démontre la sélectivité de ce nouveau type de chimiothérapie. L’élaboration de nouveaux assemblages moléculaires dédiés à la vectorisation d’autres agents anticancéreux est en cours d’étude. L’objectif de ces recherches est de concevoir des systèmes de ciblage de nature variée afin d’aller vers des polychimiothérapies ciblées. A l’avenir, cette étude pourrait ouvrir de nouvelles voies vers des chimiothérapies plus efficaces et plus confortables. Sébastien PAPOT < IC2MP [email protected] http://ic2mp.labo.univ-poitiers.fr/ 17 Un regard sur les laboratoires en Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 équipements L’imagerie photoacoustique … ou comment écouter la lumière Le VevoLAZR® a été financé via PHENOMIN, Infrastructure Nationale en Biotechnologie et Santé, lauréat de l’appel à projets « Infrastructures Nationales de Recherche en Biologie » dans le cadre du Grand Emprunt et des Investissements d’Avenir. Au Centre d’Imagerie du Petit Animal au laboratoire Transgénèse et Archivage d’Animaux Modèles (UPS 44), la tomographie photo-acoustique permet de coupler les avantages de l’imagerie ultrasonore (résolution) et optique (sensibilité). Lorsqu’un laser est utilisé sous forme d’impulsions, l’énergie absorbée par les tissus biologiques produit un micro-échauffement du milieu générant une onde de pression acoustique. Elle se propage et peut être enregistrée par des capteurs ultrasonores, aboutissant après traitement à une image en 3D de la zone imagée. Cette modalité constitue un outil très prometteur pour l’imagerie de l’oxygénation tissulaire et notamment de l’hypoxie tumorale ainsi que pour la recherche du ganglion sentinelle en cancérologie. Contact : [email protected] 5 spectromètres pour une microsonde électronique Dès la création de l’Institut des Sciences de la Terre d’Orléans (UMR 7327 – CNRS/ Université d’Orléans/BRGM) la plateforme analytique « Mesures Physiques » est née de la mutualisation des moyens entre le CNRS, l’Université d’Orléans et le BRGM. En constante évolution, elle s’est enrichie en 2012, d’une part d’une Microsonde Electronique équipée de 5 spectromètres et d’autre part d’un Microscope électronique à Balayage (MEB) haute résolution couplé à un système Raman. Ces équipements représentent des moyens de microanalyse fondamentale de la matière condensée, indispensables pour la détermination de la composition chimique des minéraux et autres phases micrométriques. Les géologues, biologistes, physiciens, chimistes … disposent ainsi d’une puissance analytique pour mieux comprendre les phénomènes géologiques et les risques associés, mais aussi développer et mettre à la disposition les outils nécessaires à la gestion du sol, du sous-sol et des ressources. Contact : [email protected] Les moyens expérimentaux de PPRIME (UPR CNRS 3346) à Poitiers se sont renforcés La formule moléculaire en routine La Fédération Physique et Chimie du Vivant (FR2708 - CNRS/Université d’Orléans) s’est équipée d’un Spectromètre de Masse Haute Résolution (HRMS) MaXis-ETD dont le pouvoir résolutif est supérieur à 50 000 en mode MS et MS/MS. Saut technologique pour l’analyse de petites molécules, de macromolécules biologiques et de complexes entre molécules, il permet la détermination de formule moléculaire en routine. L’instrument HRMS constitue le fer de lance analytique de projets de recherche en cancérologie et cosmétologie, en collaboration avec des équipes françaises et internationales. Cet équipement a été financé par les fonds européens FEDER, la Région Centre, l’Université d’Orléans et le CNRS. Le banc MAATRE, unique en Europe, vient de rentrer en conditions opérationnelles. Il sollicite mécaniquement les matériaux dans un écoulement gazeux en reproduisant des chargements thermomécaniques complexes proches des conditions rencontrées dans les parties chaudes des turbomachines aéronautiques. Il reproduit des conditions extrêmes à 1750 ° de cinétiques thermiques en y associant une métrologie dédiée. Sa vocation est triple : caractériser le comportement mécanique et la durabilité des matériaux, reproduire des historiques de chargements complexes afin de valider les outils numériques de dimensionnement et réduire les cycles de développement des composants des nouvelles turbomachines. Contact : [email protected] Du vert à l’infrarouge L’équipe d’exobiologie du Centre de Biophysique Moléculaire d’Orléans (UPR4301) vient d’acquérir un nouveau laser proche infrarouge (de longueur d’onde 785 nm) pour son spectromètre Raman confocal WITec Alpha 500RA. Financée par le CNES, l’ANR et l’OSUC, cette extension vient en complément du laser vert (de longueur 532 nm) déjà disponible sur le système. Pour rappel, la spectroscopie Raman réalise l’analyse compositionnelle d’un échantillon du point de vue cristallin ou moléculaire. Au laboratoire, il sert principalement à l’étude de plus anciennes traces de vie et des minéraux associés dans les roches. L’arrivée de ce second laser facilitera l’analyse des échantillons d’intérêt biologique. Contact : [email protected] Compter, caractériser, photographier A La Rochelle, au Laboratoire Littoral, Environnement et Sociétés (LIENSs – UMR 7266 CNRS/ Université de La Rochelle), les microbiologistes, biochimistes, toxicologistes et écologues disposent depuis 2010 d’une plateforme de cytométrie-imagerie pour l’analyse de virus, bactéries, phytoplancton, zooplancton et cellules animales. Le cytomètre en flux permet de compter des cellules de 0,2-50µM en les caractérisant individuellement selon leur taille, leur complexité ainsi que leur fluorescence naturelle ou induite. Ces méthodes sont utilisées pour suivre les variations, selon les saisons, des populations de microorganismes planctoniques Le cytomètre en flux à imagerie portable, second appareil adjoint à la plateforme ces derniers mois, offre la possibilité supplémentaire de compter et caractériser des cellules entre 3µm et 3mm. Il présente les caractéristiques d’un cytomètre en flux et d’un microscope puisqu’il possède une caméra permettant de photographier et de réaliser des banques d’images utilisées ensuite pour l’identification des cellules. 18 équipements Contact : [email protected] MAATRE est un moyen d’essai intermédiaire entre les essais classiques de laboratoire et les essais moteurs en milieu industriel. Depuis un an, un Microscope électronique à Balayage (MEB) analytique 7001F-TTLS, destiné à l’étude de matériaux très divers (métaux, semi-conducteurs, céramiques, polymères, composites etc), est en service. Cet équipement unique en Poitou-Charentes réalise l’imagerie de structures nanométriques en haute résolution grâce à son canon à émission de champ (FEG). Il rend également possible des cartographies et des analyses chimiques en haute résolution (quelques eV) grâce à un spectromètre de rayons X par dispersion de longueur d’onde (WDS) - couplé à un spectromètre de rayons X par dispersion d’énergie (EDS) - avec des limites de détection de quelques ppm. Implanté au SP2MI (Technopole du Futuroscope), ce MEB s’est rapidement révélé incontournable, aussi bien pour les acteurs de la recherche en sciences des matériaux que pour des expertises scientifiques destinées à l’industrie. Contact : [email protected] MATV2L < Orléans - Tours - Limoges La fédération Matériaux Val de Loire - Limousin (FR 3469) regroupe cinq laboratoires dédiés à la recherche en science des matériaux (CEMHTI - UPR 3079 et CRMD - FRE 3520 à Orléans, SPCTS - UMR 7315 et GEMH - EA 3178 à Limoges, GREMAN - UMR 7347 à Tours). L’ensemble représente près de 500 personnes. Les objectifs sont de contribuer à la cohérence et à la visibilité des actions des laboratoires, notamment par des projets communs, et d’apparaitre comme une force commune. Les principaux domaines concernent les matériaux pour les technologies de l’information et de la communication, le nucléaire, l’énergie, les hautes températures, les biomatériaux, les interfaces, et la modélisation numérique. Site web en construction. 19 Contact : [email protected] Microscoop, le magazine de la délégation CNRS Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 Un regard sur les laboratoires en Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 Informatique Informatique Mélange turbulent d’un jet transsonique (M=0.89) d’hydrogène dans un co-courant d’air supersonique (M=1.32), typique d’un moteur aéronautique aérobie de type stato- ou superstatoréacteur. © Thinkstock® © E. Olive/Y. Lansac < GREMAN © I.Molina/A.Burgisser/C.Oppenheimmer < ISTO Autres exemples de simulation ayant eu recours au centre de calcul : Nombreuses sont les disciplines qui font appel à la modélisation et aux simulations dans les programmes de recherche. Pour répondre aux besoins en calcul haute performance des laboratoires de la région Centre, la fédération CaSciModOT a impulsé la création d’un mésocentre de calcul. Cette structure met à la disposition des laboratoires de recherche académiques et industriels, un plateau technique de qualité et un lieu d’échanges et d’expériences dans le domaine du calcul intensif. Une fois posées les équations régissant le comportement d’un système, il faut pouvoir les résoudre. La plupart du temps, il n’est pas possible d’obtenir une solution analytique ou alors, dans des cas très simplifiés. Aussi on a recours à l’ordinateur pour résoudre la version numérique du modèle. Pour simuler des systèmes complexes ou possédant un grand nombre de degrés de liberté, il faut faire appel non seulement à des super-ordinateurs puissants mais aussi à des méthodes numériques adaptées. Ces dernières demandent d’avoir de bonnes connaissances en calcul scientifique, en méthodes de programmation et de connaître l’architecture des super-calculateurs. sature. La puissance d’un ordinateur se compte en nombre d’opérations comportant des nombres réels par seconde (unité le Flop) réalisées par ses processeurs. Un processeur actuel affiche de l’ordre de 150 Gflops*. Pour bénéficier d’une puissance de calculs croissante, l’idée est de faire travailler plusieurs processeurs sur le même code pour réaliser un calcul dit « parallèle ». Les super-ordinateurs agrègent la puissance de calcul de nombreuses machines connectées entre-elles par des réseaux rapides. Les plus puissantes atteignent déjà le petaflop et l’exaflop est en perspective. Une organisation pyramidale La France s’est dotée d’un certain nombre de structures pour mettre à la disposition des chercheurs ces moyens de calculs dits hautes performances. Ainsi, l’année 2007 a vu la naissance du Grand équipement National de Calcul Intensif (GENCI) qui organise l’offre de calcul nationale et intervient au niveau européen. Pour GENCI, la structure du calcul est pyramidale, avec à son sommet les machines européennes, les plus puissantes. Au CEMHTI : spectres RMN de différents éléments constituant une argile Ainsi le super-ordinade synthèse (la montmorillonite), qui permettent, en combinaison avec la modélisation, de décrire sa structure moléculaire. teur Curie, installé au Si jusqu’aux années 2005 la puissance des processeurs a augmenté grâce à l’élévation de leur fréquence et au nombre de transistors par processeur, cette évolution depuis 20 Microscoop, le magazine de la délégation CNRS Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 très Grand Centre de Calcul (TGCC) du CEA affiche 105 teraflops et se place au 11e rang du top 500 des machines les plus performantes du moment. Au second niveau des machines nationales sont réparties entre trois grands centres, l’IDRISS, le CINES et le CCRT. Pour avoir accès soit aux machines nationales, soit à celles de l’échelon européen, les porteurs de projets scientifiques doivent répondre à des appels d’offre et montrer que les codes ont été pensés pour fonctionner efficacement sur ces machines parallèles. Viennent ensuite les méso-centres régionaux et les calculateurs propres aux laboratoires. Si les machines européennes sont sans conteste les plus puissantes de la pyramide, il n’y a pas de hiérarchie aussi tranchée pour les méso-centres. Un outil pour la communauté scientifique Le Centre de Calcul Scientifique en région Centre (CCSC) est la brique régionale de cette pyramide. Il est né en 2007 de la conjugaison des efforts des membres du projet Cascimodot - Calcul Scientifique Modélisation Orléans-Tours, du MAPMO, de l’OSUC, de l’ISTO, ainsi que de la Région Centre, via son appel à projet de 2007. Le centre de calcul était initialement au service de 5 projets communs liés à l’environnement entre l’ISTO, le LPCEE, le BRGM, le MAPMO, l’INRA et la société GéoHyd. La machine a rapidement été utilisée par d’autres laboratoires pour des domaines scientifiques allant des sciences des matériaux (voir illustrations), à la microfluidique, en passant par les écoulements réactifs complexes pour l’étude des lanceurs spaciaux ou l’impact du changement climatique sur les vagues et leur influence sur la morphologie des côtes. « au service de la multidisciplinarité scientifique » Les ressources du CCSC sont aussi mises au service de la recherche reproductible, c’està-dire de la possibilité donnée au chercheur d’accéder aux codes publiés dans les revues. RunMyCode est le nom de ce projet né au Laboratoire d’Economie d’Orléans en partenariat avec le TGE Adonis (CNRS), HEC Paris et le soutien de la fondation Alfred P. Sloan. Le Centre de Calcul Scientifique est ainsi au service de la multidisciplinarité scientifique. Le CCSC propose de mutualiser les moyens de calcul pour avoir en région, un Centre d’une puissance de calcul suffisante et nécessaire aux équipes faisant appel au calcul scientifique. Cette ressource locale est facilement et rapidement mobilisable. Il n’y a pas de procédure d’appel d’offre, ni de sélection, seulement un rapport d’utilisation a posteriori. Le CCSC répond aux besoins locaux et permet de faire les tests montrant que les codes sont réellement adaptés aux machines nationales ou européennes. Enfin, le CCSC est ouvert à tous les projets des chercheurs de la région Centre (Université de Tours, d’Orléans, CNRS, INRA, BRGM, CEA). Un atelier « formation » spécifique Comportement dynamique d’un système de vortex lors de l’application d’un courant électrique dans un matériau supraconducteur présentant des défauts structuraux. Les vortex peuvent soit être mis en mouvement par le courant (générant de la dissipation dans le matériau), soit rester piégés par les défauts (préservant ainsi la propriété supraconductrice de résistivité nulle). les «développeurs de codes», intéressés non seulement par les langages mais aussi par les architectures et l’évolution des machines. Des sujets tels que l’initiation aux méthodes de calcul parallèle, les outils de gestion de versions ou la virtualisation y sont abordés. Ce groupe favorise les échanges entre les chercheurs et ingénieurs, souvent isolés dans leurs laboratoires, qui développent des logiciels scientifiques. Il permet ainsi de partager des informations sur l’évolution des outils et des nouvelles technologies. Le CCSC dispose actuellement d’une machine de 112 processeurs pour 504 cœurs répartis sur 56 machines de calcul liées par un réseau rapide (infiniband). Elle a été financée à 42% par l’ ERC-Starting GRANT, 32% par la Région Centre, 24% par CaSciModOT et 2% par le MAPMO. La mise en commun de ces financements a permis de bénéficier d’une machine d’environ 6.6 Tflops. Elle est installée à l’Institut des Sciences de la Terre d’Orléans, laboratoire rattaché à l’Observatoire des Sciences de l’Univers en région Centre dont un ingénieur en assure l’administration. Volcan : séquences de l’évolution de la convection dans un domaine représentant une chambre magmatique. Expérience analogue (à gauche) et modèle numérique (à droite) à des temps différés. D’autres apports permettront de regrouper en un même lieu des moyens de calcul haute performance. Pour ces projets de renouvellements, l’équipe du CCSC sera particulièrement attentive à l’impact environnemental de la machine et de son infrastructure afin de s ‘inscrire dans une démarche de « green-computing ». Jean-Louis ROUET < ISTO [email protected] Laurent CATHERINE < OSUC [email protected] http://cascimodot.fdpoisson.fr/ *G pour Giga : 1 milliard d’opérations en virgule flottante par seconde, tera : 1000 giga, peta : 1000 tera, exa :1000 peta. Pour continuer à disposer d’un Centre de Calcul en phase avec des besoins croissants, une nouvelle infrastructure (climatisation, sécurité, alimentation …) sera mise en place en 2013. Cet aménagement permettra d’accueillir, en 2014, une nouvelle machine capable de répondre aux enjeux du calcul scientifique de demain. Un projet d’initiative académique permet la réalisation de l’aménagement. Le labex Voltaire financera en partie la nouvelle machine. La formation à l’utilisation de telles machines est un enjeu important. Ces aspects sont pris en compte par l’Atelier-développeur. Cet atelier, ouvert aux chercheurs, doctorants ou étudiants, a vocation à réunir 21 Un regard sur les laboratoires en Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 Astrophysique Astrophysique Premier mini-réseau prototype de la LSS à Nançay précurseur de NéNUFAR. à gauche : Agencement des 19 dipôles croisés au sein de chaque mini-réseau. à droite : Agencement optimal des 96 mini-réseaux autour de la station FR606 et diagramme des connections entre les mini-réseaux et les récepteurs situés en (0,0), totalisant ~4 km de tranchées et ~21 km de câbles. La rotation aléatoire des mini-réseaux (les dipôles restant à 45° du méridien dans tous les cas) améliore la réponse globale de l’instrument. © Bertrand FLOURET < NANçAY Des antennes tournées vers l’origine de l’Univers Tout en commençant l’exploitation scientifique de LOFAR, la communauté radio basse fréquence européenne réfléchit à diverses extensions de ses capacités. En France, cette réflexion a conduit au concept de « super-station LOFAR » (LSS) qui ajoutera à la station FR606 existante sur le site de la Station de Radioastronomie de Nançay, un 3ème groupe d’antennes. Tout en étant compatible avec les antennes 30-80 MHz des autres stations (leurs signaux pourront être combinés ensemble), il accroîtra considérablement sa sensibilité instantanée et sa couverture en fréquence. Techniquement, l’électronique de la station FR606 autorise la connexion d’une telle extension. Une étude est menée à Nançay depuis fin 2009 pour définir les caractéristiques optimales de cette extension. La LSS sera constituée de 96 « mini-réseaux » hexagonaux de 19 dipôles croisés couvrant la gamme ~15 à 85 MHz, la bande passante instantanée d’observation est bien plus importante que celle des antennes basses fréquences de la station LOFAR. Au sein de chaque mini-ré- seau, les signaux des 19 antennes seront combinés via des câbles coaxiaux commutables électroniquement pour assurer le pointage du faisceau du mini-réseau dans la direction choisie. Chaque mini-réseau fournira ainsi un signal (polarisé) à l’un des 96 récepteurs de la station FR606, qui le numérisera et le traitera comme le signal venant des antennes standard de la station LOFAR. La géométrie des antennes et leur préamplificateur intégré, leur agencement, espacement et phasage (combinaison des signaux) au sein d’un mini-réseau, la distribution, l’orientation et le câblage des mini-réseaux autour de la station FR606, leur télécommande, et le dialogue informatique LSS-LOFAR, ont été définis et optimisés via des études menées à la Station de radioastronomie de Nançay1, au LESIA2, au LPC2E3 Orléans et à SUBATECH4, en collaboration avec l’Institut de RadioAstronomie de Kharkov (Ukraine) et l’Institut ASTRON (Pays-Bas). De nombreux chercheurs ont en outre contribué à préparer le programme scientifique de la LSS. « un instrument gigantesque » Les 1824 antennes (96x19) de la LSS, réparties dans un disque de ~400 m de diamètre, en feront un instrument gigantesque, comparable (mais à plus basse fréquence) au radiotélescope plus grand radiotélescope du monde qu’est Arecibo à Porto Rico (Nouveaux Mexique). Avec un faisceau d’observation de l’ordre de 1° de large, la LSS ne réalisera pas seule des images fines, mais elle aura une énorme sensibilité instantanée. Combinée à LOFAR (mode dit « international »), elle améliorera notablement la mesure des détails fins des images. Elle permettra d’imager les structures étendues sur >10°, doublera presque la sensibilité de LOFAR en imagerie aux basses fréquences, et pourra mener en parallèle des études cosmologiques à basse résolution angulaire et imagerie à haute résolution. Mais la LSS sera aussi un très grand instrument indépendant (mode dit « autonome ») : avec une grande surface de captation, donc elle aura une sensibilité 19 fois supérieure à celle de la station FR606, elle rassemblera l’équivalent de 70 à 85% de la surface collectrice totale de LOFAR dans la gamme 30-80 MHz en un seul lieu, autorisant l’exploitation maximale de cette sensibilité (par exemple en étant moins gêné par l’ionosphère terrestre). Les performances de la LSS en termes de détection de radiosources très faibles seront de ce fait 1.6 à 2 fois supérieures à celles de LOFAR tout entier (et encore renforcées par des détections en coïncidence LSS-LOFAR), et s’étendront sur une gamme spectrale beaucoup plus large, notamment vers les plus basses fréquences (10-15 MHz). Pour tirer le meilleur parti de ce grand instrument autonome, un récepteur dédié est prévu pour utiliser la LSS simultanément en mode international et en mode autonome. Une seule contrainte : le pointage électronique du faisceau des mini-réseaux (de 10°–50° de large selon la fréquence) sera dans une direction donnée à un instant donné et sera défini par les observations du mode international. En mode autonome, la LSS ira au-delà des possibilités de LOFAR notamment pour la détection et l’étude des étoiles éruptives, des exoplanètes et de leur interaction avec leur étoile-hôte, le recensement et l’étude des pulsars (physique de l’objet émetteur et effets de propagation interstellaires), et plus généralement de toutes les radiosources transitoires (rotateurs radio, contreparties de sursauts Gamma, rayons cosmiques, neutrinos énergétiques, éclairs atmosphériques, etc.) constituant l’ « Univers impulsionnel ». La LSS aura également une sensibilité extrême pour rechercher la signature spectrale subtile des premiers âges de l’Univers. Trois mini-réseaux prototypes ont été construits à l’été 2012 et sont testés sur le ciel à l’aide d’un récepteur spécialement conçu dans ce but. En parallèle, les financements pour la construction de la version opérationnelle de l’instrument NENUFAR - New Extension in Nançay Upgrading LOFAR - sont en cours. La réalisation de NENUFAR renforcera considérablement la place de la communauté radio basses fréquences française parmi les différents pays du consortium LOFAR. De même, s’en trouve consolidée cette même communauté dans la préparation du radiotélescope géant SKA - le Square Kilometer Arra. Issu d’une collaboration mondiale, il sera construit en Afrique du Sud et en Australie à l’horizon 2024. Philippe ZARKA < LESIA [email protected] Michel TAGGER < LPC2E [email protected] Laurent DENIS < STATION DE RADIOASTRONOMIE DE NANCAY [email protected] Julien GIRARD < LESIA [email protected] http://www.obs-nancay.fr/ 1 Station de Radioastronomie de Nançay – USR 704 CNRS/ Observatoire de Paris/Université d’Orléans. 2 LESIA – UMR 8109 CNRS/Observatoire de Paris/Université Paris Diderot – Paris 7/Université Pierre et Marie Curie – Paris 6. LPC2E – UMR 7328 CNRS/Université d’Orléans. 3 SUBATECH – UMR 6457 CNRS/Université de Nantes/école des Mines de Nantes. 4 LOFAR, interféromètre radio géant européen observe, dans la gamme de fréquences 30-250 MHz, des sujets tels que la naissance des grandes structures cosmologiques (galaxies, amas), la cartographie du ciel radio, les champs magnétiques cosmiques, et les radiosources variables (pulsars, étoiles éruptives, Soleil, planètes, peut-être exoplanètes...). Il est formé d’une cinquantaine de réseaux d’antennes (les « stations ») mutuellement distants de 50 m à 1000 km. L’observatoire de Nançay abrite une de ces stations (FR606), constituée de 96 antennes (dipôles croisés) couvrant la gamme 30-80 MHz, 96 groupes de dipôles couvrant la gamme 110-250 MHz, et une électronique de contrôle et de traitement incluant 96 récepteurs numériques. Les signaux, combinés localement pour former un ou plusieurs faisceaux de réception, sont envoyés par fibre optique à l’ordinateur central (aux Pays-Bas) qui recombine les signaux de toutes les stations pour former les images les plus détaillées jamais obtenues dans cette gamme spectrale. 22 23 Microscoop, le magazine de la délégation CNRS Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 Un regard sur les laboratoires en Centre Limousin Poitou-Charentes - n°67 - Février 2013 2nd International Symposium on Green Chemistry Renewable carbon and Eco-Efficient Processes May 21-24th, 2013 - La Rochelle - FRANCE www.isgc2013.com [email protected] Partners & Sponsors