Monts : le CEA du Ripault fermera ses portes en 2019 - Arcea

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Monts : le CEA du Ripault fermera ses portes en 2019 - Arcea
Monts : le CEA du Ripault fermera ses
portes en 2019
28/04/2015 05:46
Le CEA du Ripault emploie 540 salariés en CDI mais aussi des intérimaires et beaucoup de sous-traitants. L'impact
risque d'être rude pour l'ensemble du bassin d'emploi. - (Photo archives NR)
La direction du Commissariat aux énergies alternatives a annoncé hier la fermeture
programmée du site tourangeau qui emploie près de 600 personnes.
Ce n'est pas totalement une surprise, mais il s'agit malgré tout d'un choc pour la Touraine. Hier, les
600 employés du CEA du Ripault à Monts (dont 540 CDI) ont appris la fermeture du site à l'horizon 2019.
Implanté depuis 1962 sur les bords de l'Indre, à l'emplacement d'une ancienne poudrerie militaire, le
Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives mettra ainsi un terme à 57 ans de présence dans
le département.
L'annonce officielle de cette fermeture programmée a été faite parallèlement devant le comité central d'entreprise
à Saclay. Dans un communiqué, la direction des applications militaires du CEA justifie sa décision par
une « nécessaire évolution de son organisation » et le renforcement de ses compétences sur le site du Cesta
(Centre d'études scientifiques et techniques d'Aquitaine), au Barp, en Gironde. « Le regroupement des équipes
permettra de tirer parti de synergies nouvelles et de créer une dynamique en se rapprochant des fournisseurs et
partenaires principaux très présents en région Aquitaine », explique le CEA.
Beaucoup d'emplois induits
Tout porte à croire que la décision de fermer le centre de Monts a aussi été dictée par les contraintes budgétaires
de la loi de programmation militaire. Déjà, au mois d'octobre dernier, des rumeurs de restructuration avaient
couru sur le site du Ripault à la suite d'un rapport alarmant de la Cour des comptes. Conseillère générale du
secteur, Marisol Touraine était alors intervenue en personne pour désamorcer (temporairement) la bombe.
Pour l'heure, le CEA n'a pas précisé le calendrier ni les modalités de mutation des salariés du Ripault vers le
Cesta (ou d'autres centres du groupe). « Chaque personne se verra proposer une nouvelle affectation », précise
la direction. Cependant, la CGT émet des inquiétudes. « On nous présente un projet bien ficelé mais nous voyons
les choses différemment. Pour les conjoints de salariés, la situation ne sera pas facile à vivre. Et nous sommes
aussi très inquiets pour les sous-traitants », commente la secrétaire nationale de la CGT, Claire De Pascale, en
citant le chiffre de cinq emplois induits par salarié au CEA.
Autre gros sujet de crispation pour les élus locaux : l'avenir des laboratoires de recherche du projet Lavoisier pour
lequel la Région a investi 10 M€ jusqu'en 2020. « Ce projet de fermeture du site est inacceptable. On ne fait pas
des économies au mépris de l'aménagement du territoire », tempête Jean-Marie Beffara, le député de la
circonscription, vice-président du conseil régional.
A ce propos, la direction du CEA a pris soin de préciser qu'elle tiendrait ses engagements contractuels et que les
équipes de recherche impliquées dans le projet seraient maintenues sur place. Cela pourrait concerner une
cinquantaine de personnes.
billet
Sauveur ?
Rien n'est jamais sûr en politique. Au mois d'octobre, alors que des menaces pesaient déjà sur le site du Ripault,
Marisol Touraine s'était posée en sauveur en intervenant au plus haut niveau de l'État. « Le CEA de Monts ne
fermera pas », affirmait-elle à l'époque, tout en prenant soin de glisser que « rien n'est jamais définitif dans la
vie ». A l'époque, les élections départementales se profilaient à l'horizon et l'ancienne conseillère générale de
Montbazon n'était pas encore fixée sur son destin. Depuis, la donne a changé. La ministre de la Santé n'a plus de
mandats locaux et le département est passé à droite. Bien sûr, Marisol Touraine ne se désintéresse pas pour
autant du sujet. Hier soir, son cabinet indiquait qu'elle avait rendez-vous dès aujourd'hui avec la direction du CEA.
Aura-t-elle le bras aussi long ?
la phrase
" Nous sommes aussi très inquiets pour les sous-traitants "
Secrétaire de la CFDT, premier syndicat représenté au CEA de Monts, Laurent Delnaud était encore sous le coup
de l'annonce de la fermeture du site hier soir. « On peut être surpris par rapport aux discours tenus au mois
d'octobre qui nous affirmaient que le centre du Ripault était hors de danger », commentait-il avec amertume.
Dans les semaines et les mois à venir, le délégué syndical a bien l'intention de jouer pleinement son rôle pour
veiller aux bonnes conditions de reclassement des salariés. « Les problèmes concerneront aussi les conjoints et
le logement », souligne-t-il. Laurent Delnaud se dit également très inquiet pour les sous-traitants du CEA. Selon
lui, le site du Ripault concerne des dizaines d'entreprises et peut-être un millier d'emplois extérieurs. « C'est tout
le bassin d'emploi qui va être touché », prévient-il.
Pascal Denis