AFAS Infos n° 2013-5 (nov.

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AFAS Infos n° 2013-5 (nov.
Lettre d’information bimestrielle de l’Association française pour l’avancement des sciences
 NOUS CONTACTER |  SITE INTERNET |  AIDE
N° 2013-5 (nov.-déc. 2013)
SOMMAIRE
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EDITORIAL
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ACTUALITES DE L’AFAS
Visite du Musée des arts et métiers
Programmation 2014
Actes du colloque Femmes & Sciences 2013
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AGENDA DE L’AFAS
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BREVES
Gaz de schiste, toujours d’actualité
Le véhicule du futur – Rapport de l’Académie des technologies
Tsunami technologique

ANALYSES D’OUVRAGES
Moi, Benjamin Franklin (présenté par Jean Audouze)
L’événement anthropocène (Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz)
A quoi servent les dinosaures ? (Eric Buffetaut)
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AUTRES EVENEMENTS A PARIS ET EN REGIONS
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EDITORIAL
Chers membres de l’AFAS,
L’année s’achève déjà et les préparatifs des fêtes de fin d’année mobilisent beaucoup d’entre vous. Mais c’est aussi le moment de dresser le bilan des
activités menées tout au long de cette année écoulée et d’en prévoir de nouvelles pour l’avenir. Nous venons de le faire en conseil d’administration et
les réponses reçues au questionnaire que nous vous avons adressé le mois dernier nous y ont aidés. Merci à tous ceux qui ont répondu en apportant
leurs appréciations et leurs suggestions concernant notamment les différentes rubriques de notre lettre bimestrielle. Et merci aussi à tous ceux qui
contribuent à enrichir celle-ci et nous aident pour la réalisation des événements proposés, que nous les organisions seuls ou en partenariat avec
d’autres, à Paris ou en région. Cette lettre est pour vous l’occasion d’en prendre connaissance et de les noter déjà sur vos agendas 2014 (voir nos
pages « Agenda de l’AFAS »).
Notre dernier conseil d’administration fut aussi l’occasion d’enregistrer l’adhésion de nouveaux membres individuels et nous nous en réjouissons.
Souhaitons que leur nombre continue à croître l’an prochain. En revanche, la désaffection cette année de quelques partenaires institutionnels dont les
budgets sont plus contraints qu’auparavant est préoccupante pour les finances de notre association. Souhaitons que ceci ne soit que passager et que
d’autres prennent la relève. Et pour cela aussi nous avons besoin de chacun d’entre vous pour susciter des adhésions nouvelles individuelles ou
collectives et convaincre des responsables d’organismes, d’établissements, de laboratoires ou d’institutions de toute nature que nous faisons œuvre
utile et que nous avons besoin de leur soutien. Sans soutien financier pérenne, bien remplir nos missions sera de plus en plus difficile.
Mais l’heure n’est pas au pessimisme. Souhaitons que nos projets puissent se concrétiser au cours de l’année nouvelle pour toujours mieux susciter
votre intérêt et votre participation.
Joyeuses fêtes à tous et bonne année.
Laurence Paye-Jeanneney
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ACTUALITES DE L’AFAS
(Photos M. Courtois)
Visite du Musée des arts et métiers
(coorganisée par l’AFAS et l’association Chercheurs Toujours, le 4 décembre 2013, et commentée par Alain Delacroix, professeur émérite, chaire
« Chimie industrielle - Génie des procédés » du Conservatoire national des arts et métiers)
Après avoir rappelé l’histoire du lieu depuis saint Martin et
l’église mérovingienne, en passant par la création de l’abbaye
par Henri Ier et celle du Conservatoire par l’abbé Grégoire, nous
avons commencé la visite par l’instrumentation scientifique : la
machine à calculer de Pascal, le laboratoire de l’abbé Nollet et
Charles puis le laboratoire de Lavoisier. Après être rapidement
passés devant l’atelier de l’horloger Berthoud et le magnifique
microscope du duc de Chaulnes, nous avons traversé la zone des
matériaux, avec la vitrine et les vases de Gallé et l’incroyable
lion de verre cité par Umberto Eco dans Le pendule de Foucault.
La machine à graver de Conté a permis de parler de l’expédition
d’Egypte et des premiers démonstrateurs du Conservatoire, puis
nous avons passé un peu de temps dans la zone « communication », avec la première caméra des frères Lumière, les phonographes, la télévision et le micral, premier micro-ordinateur au monde. La salle
des moteurs a été l’occasion de discuter des différents cycles thermodynamiques et de Diesel, qui errait en ces lieux dans sa jeunesse. Puis nous
avons traversé la zone « mécanique » pour entrer dans la sacro-sainte salle des automates, avec la célèbre joueuse de tympanon de MarieAntoinette.
Dans le grandiose escalier XVIIIe siècle de l’abbaye, on a pu voir la chauve-souris de Clément Ader puis, en bas de l’escalier, le fardier de Cugnot,
premier véhicule automoteur. Les vélocipèdes nous ont permis d’étudier l’évolution d’une technique, depuis la draisienne jusqu’au vélo moderne.
Nous sommes entrés, pour terminer la visite, dans la somptueuse chapelle qui a succédé à la basilique mérovingienne et dans le sous-sol de
laquelle se trouvent toujours les sarcophages. Cette chapelle abrite maintenant le célèbre pendule de Foucault, qui nous permet de voir la Terre
tourner, la non moins célèbre Obéissante à vapeur d’Amédée Bollée, premier autocar, et enfin et entre autres, l’avion de Blériot, l’original qui a
traversé la Manche. La visite s’est terminée devant la maquette de la statue de la Liberté.
Alain Delacroix
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Programmation 2014
Vous retrouverez en 2014 nos deux rendez-vous mensuels du « Café des techniques » (13e saison) et de « Paroles d’auteurs » (8e saison), en
partenariat avec le Musée des arts et métiers. Nous rappelons à ceux qui n’ont pas toujours la possibilité d’y assister que les vidéos de ces
rencontres sont en ligne sur le site du Musée des arts et métiers (vous pouvez y accéder à partir de la page « Archives des activités » de notre site).
Deux nouveaux rendez-vous réguliers seront créés en 2014, en partenariat avec l’Association des anciens et amis du CNRS (A3) et la Société
d’encouragement pour l’industrie nationale (SEIN) ; ils se tiendront à l’Hôtel de l’Industrie (place Saint-Germain-des-Prés, Paris 6e) :

Cycles de conférences-débats grand public, dans l’esprit des rencontres de « Sciences en débats » que nous avions organisées en
partenariat avec Universcience en 2011 et 2012. Leur programmation devrait démarrer en septembre.

« Petits-déjeuners de l’innovation », destinés aux acteurs économiques, aux parlementaires et politiques, aux think tanks, à la haute
fonction publique, aux journalistes. Ils prendront le relais des Rencontres européennes de la technologie (RET) qui étaient coorganisées depuis
2004 avec l’Agence régionale de Paris Ile-de-France et qui se sont arrêtées courant 2013. Notre premier « Petit-déjeuner de l’innovation » est
prévu en février sur « Les imprimantes 3D, une révolution pour la production et les échanges ».
Nous espérons pouvoir publier dans AFAS Infos et sur notre site les comptes rendus de ces rencontres qui ne seront accessibles, sur invitation,
qu’à un nombre limité de participants.
Pour nos membres franciliens, les visites commentées de musées ou de sites scientifiques, que nous avons relancées avec succès en 2013 en
partenariat avec l’association Chercheurs Toujours, se poursuivront en 2014.
Enfin, nos membres provinciaux ne seront pas oubliés avec quelques conférences en régions, organisées avec le concours de l’AFAS par des
acteurs locaux de la diffusion des sciences (voir « Agenda »). Cette programmation en régions est encore très modeste mais nous espérons l’étoffer
en cours d’année.
Actes du colloque Femmes & Sciences 2013
Les actes du colloque Femmes & Sciences 2013, soutenu par l'AFAS, « Nouveaux parcours, doubles cursus et passerelles à l’Université - Sont-ils
favorables aux femmes scientifiques dans l’entreprise et la recherche ? » sont disponibles sur le site de l’association Femmes & Sciences :
http://www.femmesetsciences.fr/actualites/colloques/colloque-femmes-sciences-2013-paris-12-avril/
Le prochain colloque se tiendra, avec le soutien de l’AFAS, le 4 octobre 2014 à Paris sur le thème : « L’égalité en question : de la formation
scientifique et technique aux métiers de la recherche et de l’entreprise ».
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AGENDA DE L’AFAS
Jeudi 16 janvier 2014, 18h30 à 20h au Musée des arts et métiers (Paris 3e)
Partenariat Musée des arts et métiers / AFAS / Association des amis du Musée des arts et métiers
Entrée libre dans la limite des places disponibles. Inscriptions : [email protected]
CAFE DES TECHNIQUES
Perturbateurs endocriniens : alerte à la pollution hormonale
Vaste ensemble de substances chimiques susceptibles de modifier l’action des hormones, les perturbateurs endocriniens sont présents dans un
grand nombre de produits de consommation (cosmétiques, plastiques, détergents…) mais aussi dans l’environnement (eau, air, sol). Seuls ou
combinés, ils sont soupçonnés de jouer un rôle dans la survenue de malformations congénitales et maladies chroniques comme les troubles de la
fertilité, l’obésité mais aussi certains cancers.
Les perturbateurs endocriniens agissent comme des leurres qui, en usurpant l’identité des hormones, dérèglent notre métabolisme ainsi que celui de
la faune sauvage. Les études expérimentales chez l’animal ont démontré de nombreux effets nocifs attribués à ces molécules. L’extrapolation des
résultats à l’homme soulève de nombreuses questions : exposition aux faibles doses, effet « cocktail », toxicité à long terme, sensibilité selon les
périodes de la vie… Les chercheurs ont même développé des têtards, véritables sentinelles de la pollution environnementale, qui deviennent
fluorescents au contact de perturbateurs endocriniens !
Comment les perturbateurs endocriniens interfèrent-ils avec les fonctions hormonales naturelles ? Quelles sont les méthodes de détection de leurs
effets biologiques ? Quels sont les effets sanitaires induits dans un organisme mais aussi dans celui de sa descendance ? Peut-on évaluer, voire
prédire, les propriétés hormonales des substances chimiques ?
Avec Robert Barouki, directeur de l'unité INSERM UMR-S 747 Pharmacologie, toxicologie et signalisation cellulaire, université Paris-Descartes –
Barbara Demeneix, directeur CNRS UMR 7221 /MNHN, directeur du département Régulations développement et diversité moléculaire - évolution
des régulations endocriniennes, Muséum national d'histoire naturelle  Olivier Perceval, chargé de mission écotoxicologie, direction de l'action
scientifique et technique, Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema)
Rencontre animée par Daniel Fiévet, journaliste scientifique et producteur à France Inter
Jeudi 28 janvier 2014, 14h30 à Saint-Nazaire (Cinéville, 5 boulevard de la Légion d’Honneur, 44600 Saint-Nazaire)
Partenariat Université inter-âges de Saint-Nazaire / AFAS
CONFERENCE EN REGION
La chimie industrielle : mal aimée ... et pourtant
par Alain Delacroix, professeur émérite, chaire « Chimie industrielle - Génie des procédés », Conservatoire national des arts et métiers
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La chimie est à la fois une science et une industrie. On considère que l'une et l'autre ont débuté à la fin du XVIII e siècle avec les recherches de
Lavoisier et la fabrication industrielle de la « soude » par Nicolas Leblanc. Et pourtant, cela fait des milliers d'années que l'Homme transforme la
matière depuis sa maîtrise du feu. D'abord en cuisant ses aliments, puis en obtenant les métaux, entre autres le fer qui n'existe pratiquement pas à
l'état naturel, puis le verre, etc. Plus tard viennent la chaux, le ciment, les colorants... Au début de notre ère, l'alchimie a tenté de théoriser toutes
ces recettes avec un objectif non atteignable : la transmutation des métaux. Elle a permis cependant de nombreuses découvertes, dont le vitriol et
l'eau forte. Au Siècle des lumières, les laboratoires se multiplient et la vieille alchimie laisse place à la science et à l'industrialisation. L'industrie
chimique, en fournissant les nouvelles matières, se place en amont des autres industries.
Au moyen d'anecdotes historiques et de faits récents, on montrera l'importance de la chimie industrielle dans notre vie quotidienne, ses avancées,
ses crises, et comment la résolution d'un problème souvent immédiat conduit à un autre à plus long terme.
On prendra des exemples parmi :
 les engrais, avec la solution pour les famines, mais les explosions d'ammoniac et de nitrates d'ammonium ;
 les matériaux, avec le bisphénol A qui fournit d'excellents plastiques pour nos phares et nos CD, mais dont certaines applications présentent des
risques biologiques importants ;
 les tissus, depuis la soie artificielle du comte de Chardonnet qui enflammait les belles dames sous le Second Empire en passant par la rayonne
jusqu'au Lycra ;
 les médicaments, avec l'aspirine, dont les premières molécules, malgré leurs propriétés bienfaisantes, ont conduit entre autres à de nombreux
ulcères de l'estomac ;
 les toxiques alimentaires, malheureusement encore d'actualité, mais aussi précurseurs de médicaments ;
 et tout autre sujet d'actualité.
Jeudi 6 février 2014, 18h30 à 20h au Musée des arts et métiers (Paris 3e)
Partenariat Musée des arts et métiers / AFAS
Entrée libre dans la limite des places disponibles. Inscriptions : [email protected]
PAROLES D’AUTEURS
Voyager dans le temps. La physique moderne et la temporalité
avec Marc Lachièze-Rey, physicien, directeur de recherche au CNRS, laboratoire AstroParticule et Cosmologie de l’université
Paris Diderot, auteur de l’ouvrage Voyager dans le temps. La physique moderne et la temporalité (Seuil).
Peut-on voyager dans le temps ? Cette idée, l’une des plus séduisantes que nous propose la littérature de science-fiction, se
heurte à de nombreuses difficultés si l’on se contente de la notion du temps que nous croyons bien connaître. En remettant en
cause le concept du temps et de son existence, la théorie de la relativité générale a ouvert de nouvelles perspectives. En 1949,
le mathématicien et logicien Kurt Gödel est le premier à montrer l’existence de configurations de l’espace-temps qui pourraient
théoriquement permettre à un voyageur de revenir avant son départ. D’autres solutions de ce type ont été trouvées depuis. Si
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le voyage temporel est compatible avec la conception du monde issue de la physique d’aujourd’hui, est-il physiquement réaliste ? La réponse divise
les physiciens.
Certains font l’hypothèse qu’il doit exister des lois physiques, qui restent à découvrir, interdisant une telle monstruosité. D’autres, plus aventureux,
suggèrent que la présence de certaines substances exotiques pourrait déformer l’espace-temps de manière à l’autoriser. Ensuite, l’idée est-elle
vraiment indemne de tout paradoxe ? Qu’arrive-t-il par exemple si je me rends dans mon passé et que j’occis mon grand-père avant même qu’il ait
donné naissance à mon père ? Je ne puis alors exister et donc me rendre dans le passé pour accomplir ce grand-parricide…
Au-delà de la seule physique, cette question concerne bien d’autres disciplines comme la biologie, la théorie de l’information ou encore la
philosophie… Sans oublier les multiples développements historiques, littéraires et cinématographiques qui continueront à nous faire rêver !
Rencontre animée par Daniel Fiévet, journaliste scientifique et producteur à France Inter
Jeudi 20 février 2014, 18h30 à 20h au Musée des arts et métiers (Paris 3e)
Partenariat Musée des arts et métiers / AFAS / Association des amis du Musée des arts et métiers
Entrée libre dans la limite des places disponibles. Inscriptions : [email protected]
CAFE DES TECHNIQUES
Intelligence collective, vers une matière grise 2.0 ?
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BREVES
Gaz de schiste, toujours d’actualité
Les problèmes soulevés autour des « gaz de schiste »1 ont donné lieu, le 15 novembre 2013, à la publication d’un avis de l’Académie des sciences.
Rappelons en quelques mots ce que sont les gaz de schiste. Au fond des mers, se déposent des sédiments constitués principalement de boues et de
sables, mais aussi de restes d’organismes vivants. La matière organique de ceux-ci disparaît bien souvent, oxydée par l’oxygène dissous dans les
eaux. Mais si cet oxygène vient à manquer, par exemple par un faible renouvellement des eaux de fond (on dit qu’il y a anoxie), cette matière
organique est conservée au sein des sédiments. Après une longue histoire géologique, on peut retrouver ces sédiments dans des bassins
sédimentaires, comme le Bassin de Paris, et le sort de la matière organique qui y est contenue dépend de la profondeur à laquelle elle a été enfouie.
En effet, la température à laquelle elle a été portée dépend de la profondeur de son enfouissement qui, entre certaines limites, l’a transformée en
divers types d’hydrocarbures, liquides ou gazeux. Si la roche qui les contenait (on l’appelle roche-mère) était perméable, ces liquides et ces gaz ont
pu migrer, parfois jusqu’à la surface du sol (on connaît des lacs d’asphalte) ou bien être retenue par des couches imperméables dans des pièges
géologiques où, par sondage, on peut récupérer pétrole et gaz. Mais si la roche-mère est imperméable, ces hydrocarbures (gaz ou huile de schiste
ou, mieux dit, hydrocarbures de roche-mère) y ont été conservés, et ce sont eux qu’aujourd’hui les progrès des techniques permettent de
récupérer. Mais, comme on sait, cette récupération pose des questions de tous ordres, scientifiques, technologiques, économiques,
environnementaux, sociaux et politiques.
C’est l’aspect scientifique de ces questions qu’aborde l’avis de l’Académie des sciences (on le trouvera sur internet à l’adresse
http://www.academie-sciences.fr/activite/rapport/avis151113.pdf). Il s’appuie sur les éléments présentés dans le cadre d’une conférence-débat
organisée à l’Académie le 26 février 2013 (visible à l’adresse http://www.academie-sciences.fr/video/v260213.htm) venant elle-même après un
rapport plus large de la même académie sur les défis de l’énergie (à l’adresse http://www.bibsciences.org/bibsup/acad-sc/common/articles/rapportdefis-energie.pdf).
Cet avis ne peut être résumé en quelques lignes, mais on pourra en méditer les neuf recommandations qui en sont la conclusion :
1. Lancer un effort de recherche, impliquant aussi bien les laboratoires universitaires que ceux des grands organismes, sur toutes les questions
scientifiques posées par l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste.
2. Préparer l’exploration en utilisant les connaissances géologiques, géophysiques et géochimiques déjà acquises ou archivées et solliciter les
géologues pour travailler à une évaluation des réserves.
1 On a souvent fait la remarque que l’expression « gaz de schiste » n’était pas recommandable du fait que le terme de « schiste », employé dans un sens large,
désigne plusieurs types de roches, en particulier métamorphiques, lesquelles n’ont aucune chance de contenir des hydrocarbures. Les roches auxquelles cette
expression fait allusion sont des argiles feuilletées contenant parfois une proportion variable de fin débris, désignées en anglais par le terme de « shale », terme
que l’on pourrait parfaitement utiliser dans notre langue comme chaque fois qu’une notion y manque d’une désignation. Ainsi, on pourrait dire gaz de shale ou
huile de shale. Alternativement, et de façon plus explicite, l’emploi des expressions fort correctes d’hydrocarbure, huile, ou gaz de roche-mère semble faire son
chemin.
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3. Réaliser des études et des expériences visant à évaluer et réduire l’impact environnemental d’une éventuelle exploitation.
4. Mettre en place une autorité scientifique, indépendante et pluridisciplinaire de suivi des actions engagées pour l’évaluation des ressources et des
méthodes d’exploitation.
5. Traiter des problèmes de gestion des eaux, qui est un aspect majeur de l’exploitation des gaz de schiste.
6. Prévoir un suivi environnemental (monitoring) avant, pendant et après l’exploitation.
7. Travailler sur les méthodes qui pourraient remplacer la fracturation hydraulique mais aussi sur les procédés permettant d’améliorer celle-ci.
8. Traiter des problèmes d’étanchéité à long terme des forages d’exploitation en initiant un programme de recherche qui devrait conduire à
l’élaboration d’une réglementation adaptée.
9. Procéder à des tests en vraie grandeur dans des conditions respectant la décision en vigueur, c’est-à-dire sans fracturation hydraulique, dans
des zones déjà fracturées de vieux bassins charbonniers, pour mieux évaluer la ressource et maximiser le rendement de son exploitation.
Concernant la fracturation hydraulique, quelques jours après l’avis de l’Académie, le 27 novembre, était publié le rapport final de l’Office
parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques se penchant sur les techniques alternatives (http://www.assembleenationale.fr/14/pdf/rap-off/i1581.pdf), dont il apparaît qu’elles ne sont encore que peu opérationnelles (Rappelons que la fracturation hydraulique
pour les hydrocarbures a été interdite par la loi n° 2011-835 du 13 juillet 2011). Ce rapport va cependant bien au-delà de ce que son objectif
annonçait, puisqu’il préconise des explorations que, justement, la loi ne permet pas.
Mais si l’on tente d’appréhender dans son ensemble le problème de l’exploitation de ces hydrocarbures en France, on en mesure la complication. A
ce titre, il y a lieu de se référer à l’excellent rapport de la Mission d’information sur les gaz et huile de schiste de l'Assemblée nationale du 8 juin
2011 qui fait le tour de la question (http://www.assemblee-nationale.fr/13/pdf/rap-info/i3517.pdf). Du fait de son caractère quasi exhaustif, on
aurait pu s’attendre à ce que ses deux rapporteurs tombent d’accord sur une même conclusion. Il n’en est rien, ce qui peut faire penser que, si l’on
postule que leurs opinions sont dictées par la raison, ils ont pris en considération des arguments non contenus dans le rapport.
Un autre document, plus récent, à prendre en compte dans ces réflexions est le double rapport, très complet sur « les hydrocarbures de roche-mère
en France », CGEIET et CGEDD (http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/007612-01_et_007612-03_rapports.pdf).
On le voit, ce ne sont pas les textes qui manquent pour celui qui veut s’informer !
En tout état de cause, et si l’on s’en tient à l’aspect scientifique, vocation de l’AFAS, un fait fondamental apparaît dans tous les rapports : la
connaissance que l’on a de notre sous-sol est très insuffisante, en particulier au sujet des hydrocarbures de roche-mère. On ne doute pas de leur
présence dans les domaines sédimentaires que sont le Bassin de Paris et la bordure sud-est des Cévennes. En ce qui concerne le Bassin de Paris, si
l’on en connaît assez bien la structure, alors que quelque 600 forages ont traversé les couches du Jurassique inférieur renfermant ces
hydrocarbures, celles-ci n’ont que peu été étudiées, le but visé étant des réservoirs d’hydrocarbures situés plus bas. Quant à la bordure cévenole, si
dire qu’on ne sait rien serait exagéré, force est de constater que notre connaissance géologique du sous-sol de ces régions, par ailleurs traversé de
failles, est très lacunaire.
Dans ces conditions, il n’est guère possible de savoir ce que contient notre sous-sol en termes d’hydrocarbures de roche-mère ni de savoir s’il est
possible de les exploiter. C’est au point que notre potentiel dans ce domaine s’appuie sur des évaluation d’organismes extérieurs et que le rapport
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sur les hydrocarbures de roche-mère en France cité plus haut déclare que l’ampleur de ce potentiel est attesté par « l’intérêt que portent à notre
pays les grands opérateurs pétroliers et gaziers et les compagnies nord-américaines spécialisées dans l’exploitation des hydrocarbures de rochemère, ainsi que les investissements qu’ils se proposent de consentir ».
Ainsi, tous ces rapports s’accordent sur la nécessité d’une recherche intense sur les structures et les compositions du sous-sol, base indispensable
d’une réflexion sur l’avenir de ces hydrocarbures de roche-mère. Dans cette recherche, il est clair que les acteurs publics et particulièrement le
BRGM, l’IFPEN et les laboratoires universitaires doivent avoir un rôle particulier afin que les résultats de ces recherches restent accessibles, les
acteurs privés étant, dans un domaine concurrentiel, tenus à la confidentialité.
Encore une fois, c’est au moment où elles nous font défaut pour agir que l’on mesure l’intérêt des connaissances qu’aurait pu nous apporter une
recherche fondamentale préalable.
Alain Foucault
Le véhicule du futur – Rapport de l’Académie des technologies
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Curieusement, la voiture électrique semble avoir précédé sa rivale thermique peut-être dès 1830. Mais c’est avec la batterie rechargeable de Gaston
Planté en 1859, puis ses perfectionnements par Camille Faure en 1881, que le véhicule électrique va se développer tout au début du XX e siècle.
C’est d’ailleurs en 1899 que la première voiture électrique La Jamais contente va dépasser les 100 km/h.
Le moteur à allumage commandé n’apparaît qu’en 1860 avec Etienne Lenoir, puis Nikolaus Otto en 1872. Le moteur Diesel ne sera mis au point que
vers 1893-1897.
Ces deux dernières technologies vont dépasser le véhicule électrique juste avant la première guerre mondiale et vont rapidement se développer. Si
vite qu’un journaliste écrivait au début du XXe siècle que, compte tenu des avancées technologiques de l’époque, l’automobile était arrivée à son
optimum et qu’on ne pouvait espérer pour elle beaucoup d’améliorations.
Et pourtant, 100 ans plus tard, l’automobile et son moteur thermique ont progressé de façon très importante. Les deux moteurs thermiques sont en
concurrence et la voiture électrique revient à la mode. Le rapport de l’Académie des technologies sur le véhicule du futur arrive au bon moment
pour faire le point sur les évolutions prévisibles de l’automobile.
L’automobile a été créée en Europe et la production de masse aux Etats-Unis, mais le marché s’est complètement déplacé vers l’Asie. Les
statistiques montrent maintenant que le plus gros marché au monde est la Chine, qui est aussi le plus gros producteur. Malgré sa consommation
stagnante, la France possède deux des plus grands constructeurs mondiaux, Renault et PSA. Plus de deux millions de Français travaillent
directement ou indirectement pour cette industrie. Malheureusement, le déficit dans cette branche se creuse, en particulier avec l’Allemagne.
L’industrie automobile correspond à une technologie complexe qui fait intervenir la mécanique, la thermique, les matériaux, l’électronique, et elle
implique de nombreux sous-traitants internationaux interconnectés. Elle ne peut donc effectuer des changements de direction trop rapides. Il est
1 EDP Sciences, 2013, 83 p.
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probable que son évolution sera relativement lente car le moteur thermique n’a pas fini d’évoluer. Trois types de motorisation vont probablement se
développer :


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les véhicules hybrides à bimotorisation thermique et électrique,
les véhicules électriques à batterie,
les véhicules à pile à combustible.
L’évolution entre ces différents types de motorisation va dépendre :


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
du prix d’achat, y compris l’aide gouvernementale,
du prix du carburant,
du coût de l’entretien,
de l’autonomie,
des limitations réglementaires de la circulation,
de la mise en place de réseaux d’alimentation.
D’autres facteurs vont jouer aussi : la notion de propriété du véhicule, le développement des transports publics, le développement du libre-service
et du covoiturage.
La provenance de l’électricité n’est pas neutre. Si l’électricité nécessaire au véhicule électrique provient de centrales thermiques, le bilan carbone
n’est pas excellent. De même pour la pile à combustible où l’hydrogène nécessaire implique la libération massive de CO 2. Il est probable que les
différents types de motorisation vont cohabiter, en occupant chacun le créneau où ils sont optimum.
Quoi qu’il en soit, il est nécessaire que cette évolution ne conduise pas à la délocalisation d’une industrie de haute technologie qui occupe autour de
10 % des salariés français. Il faut donc favoriser la capacité à anticiper les évolutions des sources d’énergie, des facteurs environnementaux et des
besoins de mobilité.
Au moment où les constructeurs sont de plus en plus nombreux à faire le pari du véhicule électrique, toutes les personnes con cernées par
l’automobile sous tous ses aspects seront intéressées à prendre connaissance du rapport de l’Académie des technologies qui fait le point sur
l’industrie automobile et sa prospective.
Alain Delacroix
Tsunami technologique
Dans une brève parue dans le numéro précédent, « Google, le transhumanisme, la convergence NBIC, la vie et la mort», je faisais référence à un
article du Dr Laurent Alexandre paru quelque temps plus tôt dans le supplément Science et Médecine du Monde. Le 2 décembre, à l'occasion d'une
conférence organisée par l'association « La Chaîne de l'Espoir », je suis allé l’écouter. Toujours sur ce même sujet, la conférence était intitulée
« Vivre 1 000 ans ? ». Nous sommes, suivant le terme utilisé par le D r Alexandre, emportés par un tsunami. On connaît la progression
exponentielle, et même explosive, des capacités des ordinateurs, du mégaflops au pétaflops et un jour prochain au zettaflops et au yottaflops (10 24
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opérations par seconde), et ensuite au-delà... Le développement des technologies N (nano-), B (bio-) et C (comme cognitives) est à l’avenant :
séquençage du génome, puces ou nanorobots introduits dans l’organisme, greffe de neurones, intelligence artificielle, etc. Tout cela, principalement
dans la région de San Diego en Californie, grâce à des moyens financiers considérables, va de plus en plus vite, vertigineusement vite. On peut se
réjouir de ces progrès, ou de certains d’entre eux, pourquoi parler de tsunami ? Parce que les digues de bioéthique édifiées afin de sauvegarder
disons la différence entre vivant et matière inanimée vont être, sont déjà, balayées les unes après les autres…
Il semble légitime de s’interroger.
La science repose sur le doute, elle a permis de sortir de l’obscurantisme. Quelle place reste-t-il au doute dans un tel déferlement ? La foi aveugle
dans la toute-puissance des technologies n’était-elle pas, tout en se réclamant de la science, une nouvelle forme d’obscurantisme ? Etrange
renversement.
On trouve sur Internet bien sûr (grâce à Google, on n’y échappe pas…) tous les renseignements qu’on veut sur le transhumanisme, le rôle de
Google et de ses principaux dirigeants, sur la convergence NBIC, etc. On peut lire aussi, par exemple, du D r Laurent Alexandre, La mort de la mort
chez J.-C. Lattès.
Le sujet est d’importance, c’est le moins qu’on puisse dire. Or l’ignorance, que ce soit chez les politiques, les intellectuels, les médias, les médecins
même…, est quasi générale. Cela est en soi très préoccupant.
Denis Monod-Broca
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ANALYSES D’OUVRAGES
Moi, Benjamin Franklin, citoyen du monde, homme des Lumières
Présenté par Jean Audouze
(352 pages. Dunod, collection IDEM, 2013. Prix : 16 €)
Les éditions Dunod viennent de publier une nouvelle version, sous le titre Moi, Benjamin Franklin, citoyen du monde, homme
des Lumières, une autobiographie et des textes scientifiques réunis et commentés par Jean Audouze. En lisant ou relisant ces
extraits de l’œuvre considérable de celui qui fut à la fois l’un des fondateurs des Etats-Unis d’Amérique et un brillant
inventeur, comme le dit très justement Jean Audouze dans son introduction, on est naturellement incité à réfléchir sur la
place actuelle de la science dans notre société, sur les rapports entre la politique, la recherche et l’innovation, sans oublier de
les replacer dans une perspective internationale. Nous voilà donc bien au cœur de ce qui peut intéresser, me semble-t-il, tous
ceux qui se sentent concernés par les missions de notre association et partagent les ambitions de l’AFAS.
Ce livre comprend deux parties : la première relate la biographie de Franklin et illustre l’ensemble de sa vie. On y découvre
avec bonheur une personnalité romanesque, attachante par son courage, sa joie de vivre et son pragmatisme. On mesure
bien comment son appartenance à une grande famille d’origine modeste et dont il était l’un des plus jeunes, sa culture
protestante, son goût de l’effort physique et intellectuel, sa détermination à ne compter que sur lui-même ont contribué à sa
réussite personnelle dans des domaines aussi variés que le journalisme, les affaires, la politique et la science. Cela montre
aussi comment une démarche individualiste peut être bénéfique pour une société ou une nation et explique l’engouement des Américains pour cet
archétype de la méritocratie individuelle. On y découvre l’intérêt de ce savant pour les questions d’éducation, notamment des jeunes travailleurs
manuels et on apprend qu’il a contribué à la création de bibliothèques publiques.
La deuxième partie du livre est une sélection d’écrits scientifiques accessibles à tous et qui révèlent l’intérêt et l’apport de Benjamin Franklin dans
des domaines scientifiques qui dépassent largement ses travaux bien connus sur l’électricité et la foudre, comme la météorologie ou la propagation
de la chaleur. On y apprend que, toujours soucieux, lors de ses travaux scientifiques, des conséquences pratiques autant que théoriques, il inventa
notamment les lunettes à double foyer ou un poêle qui fut utilisé par de nombreux Américains.
Ce recueil se lit avec bonheur, inspire pleins de questions encore actuelles et contient de belles pages pour mieux comprendre l’histoire de la pensée
scientifique.
Laurence Paye-Jeanneney
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L’événement anthropocène
Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz
(320 pages. Seuil, 2013. Prix : 18 €)
Le mot a une dizaine d’années, l’âge géologique qu’il désigne deux siècles et demi. La terre vit désormais l'âge de l'homme,
nos moyens techniques sont tels que l'avenir de Gaïa est entre nos mains. En apprenant à transformer la chaleur en énergie,
l’homme a multiplié son pouvoir. L’« anthropocène » commence avec la machine à vapeur mise au point par Watt dans les
années 1770. Il y eut ensuite le développement de l’industrie et la première mondialisation, au XIXe siècle, celle de l’empire
britannique. Et depuis 1945, c’est la grande accélération.
Tout cela, nous le savons. La croissance sans fin dans un monde fini, le pic pétrolier, l’épuisement des ressources naturelles, le
réchauffement climatique… tout cela est sur la place publique.
Ce que montrent Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, tous les deux historiens au CNRS, dans leur ouvrage,
L’événement anthropocène, c’est que la connaissance de l’envers de la médaille n’est en aucune façon récente. Les alertes sur
ce qui, dans le progrès, n’est pas progrès, sont aussi anciennes que le progrès. Parmi ces alertes il y eut bien sûr des
manifestations de peurs irrationnelles, souvent citées et moquées jusqu’à aujourd’hui, mais il y eut aussi des mises en garde
argumentées, émises par des savants et autres penseurs qui n’avaient rien d’obscurantistes apeurés, et dont les dires se trouvent confirmés par la
situation présente. Le livre en donne de multiples exemples. Depuis 250 ans, nous nous sommes avancés dans l’anthropocène les yeux grand
ouverts. Et c’est très exactement ce que nous continuons à faire.
Ceux qui prétendent que nous modernes, sommes les premiers à avoir pris conscience des dangers qui nous guettent et les premiers capables par
conséquent de leur trouver des parades font très exactement la même erreur de jugement que les « modernes » des générations passées. C’est de
cela qu’il nous faut prendre conscience, de cette perpétuation du même aveuglement.
La technique, fille de la science, nous rend tout-puissants. Et nous sommes tentés de nous dire que, grâce à la science, nous nous en tirerons
toujours. Bonneuil et Fressoz appellent à déjouer ce qu’ils appellent « le grand récit géocratique des anthropocénologues ». Scientifiques mais aussi
militants, attachés à la liberté, ils ne veulent pas d’une caste qui, sous couvert de science, prétendrait parler au nom de la terre et guider
l’humanité.
Leur livre est extrêmement intéressant, il offre un angle de vue pertinent, stimulant. Il nous invite « à savoir ce que nous faisons ». Il est aussi
pessimiste, inquiétant, déprimant. Ils le reconnaissent. Ils concluent cependant sur « une note d’espoir », comme on dit : « Vivre dans
l’anthropocène, c’est donc se libérer d’institutions répressives, de dominations et d’imaginaires aliénants, ce peut être une expérience
extraordinairement émancipatrice ».
Denis Monod-Broca
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A quoi servent les dinosaures ?
Eric Buffetaut
(96 pages. Le Pommier, 2013. Prix : 12 €)
L'idée de ce livre écrit par un paléontologue renommé fut la question d'une dame perplexe lors d'une conférence : « Mais
Monsieur, à quoi cela sert, ce que vous faites ? ». Surpris par cette question, Eric Buffetaut a cherché dans ce petit livre à
répondre et à expliquer ainsi que la science des fossiles n'était ni sénile ni inutile. Alors que le monde des dinosaures semble
plus connu des enfants que des adultes (en particulier leurs noms), il faut noter que l'étude de ces fossiles disparus représente
tout d'abord un outil de datation précieux pour les géologues. De même, on peut mieux comprendre l'évolution des espèces
dans le temps, en particulier l'importance de la découverte de l'Archaeopteryx (s'agissait-il d'un reptile ou d'un oiseau ?) dans
cette paléontologie évolutionniste. Nous découvrons que, relativement récemment, de remarquables gisements chinois ont
montré que beaucoup d'oiseaux archaïques possèdent encore un plumage bien développé aux pattes postérieures alors qu'il
est fortement réduit (et remplacé par des écailles) chez les oiseaux modernes. L'auteur souligne aussi que « nul n'est éternel »
avec les exemples relativement récents (pour un paléontologue) des disparitions du dernier pigeon migrateur mort en 1914
dans un zoo ou du dodo de l'île Maurice. De même, est-ce l'homme ou les changements climatiques qui sont à l'origine de la
disparition des grands mammifères qui peuplaient l'Amérique ou l'Australie ? « La mise en évidence de ces extinctions en
masse nous rappelle que l'histoire des êtres vivants est tout sauf un long fleuve tranquille ». Ainsi la disparition des dinosaures
a rendu possible l'énorme diversification des mammifères par la suite. L'auteur souligne aussi la valse des géographies et des climats permettant
d'expliquer la présence de coquilles marines dans les roches retrouvées dans des régions à des milliers de kilomètres des océans. Ainsi les
dinosaures ne vivaient pas obligatoirement dans un climat tropical : il y a eu des dinosaures polaires en Alaska. Enfin l'auteur conclut que « les
dinosaures ne servent pas à grand'chose mais quand même... Ils nous aident à comprendre ce que nous sommes et comment nous en sommes
arrivés là. »
On ne peut que conseiller la lecture de ce livre destiné à tous, enfants et adultes.
Jeanne Brugère-Picoux
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AUTRES EVENEMENTS A PARIS ET EN REGIONS
Retrouvez sur notre site www.afas.fr, dans la rubrique, « Autres évènements », des annonces régulièrement actualisées :
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de conférences, débats, colloques, en accès libre et gratuit ;

d’expositions temporaires.
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AIDE
P o ur pl us d e fa cilité , no us vo us reco mm a ndo ns de tél éc harg er l a lett re et de l a lire gr âce à Ac roba t Re ade r (en c liq uant s ur le no m d u fi c hier
q ue vo us a ve z e nr egist ré) .
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● af fic h er A FA S I nf os e n p lei n é c ra n : ma i nte ne z e nfo nc ée la to uc he « C t rl » et p res sez s ur la to uc he «L » .
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