04-Dossier Digestion

Transcription

04-Dossier Digestion
r
e
i
s
s
o
d
L
a
i
c
é
sp
Stop aux douleurs
d’estomac
(et autres problèmes digestifs)
chapitre 1
Traiter les brûlures d’estomac_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 2
• Ce qui se passe dans l’estomac et l’œsophage_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 2
• Les médicaments : prudence à long terme_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 3
• Ce qu’on peut faire… sans garantie que ça marche ! _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 5
• Ce qu’on peut faire pour diminuer réellement les symptômes_ _ _ _ _ _ _ _ 5
• Ce qu’on peut faire à plus long terme _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 6
• Le régime Atkins : comment ça marche ? _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 7
–– Les principales règles à suivre _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 8
–– Qu’en dit la recherche scientifique ? _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 8
–– Bon à savoir sur la mélatonine_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 9
chapitre 2
Traiter le colon irritable_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 10
• L’alimentation et le syndrome du côlon irritable_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 11
–– Le cas du lactose et des laitages_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _11
–– Le cas du blé et du gluten_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 12
–– Lait PLUS céréales à gluten _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 12
–– Les autres aliments en cause_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _13
–– Les principales sources de FODMAP_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 14
–– Les médicaments qui aggravent le SII_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 14
• Faut-il faire un test pour rechercher des « intolérances alimentaires » ?_ 14
• Les autres approches qui soulagent_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 16
–– Le rôle du stress _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 16
–– Le Psyllium_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 16
–– L’huile essentielle de menthe_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 16
–– Le curcuma_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _17
–– L’artichaud_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _17
–– Les probiotiques _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _17
Les dossiers de JEAN-marc dupuis et son équipe
digestion
Chapitre 1 - traiter les brûlures d’estomac
chapitre 1
Traiter les brûlures d’estomac
s a n t é n at u r e i n n o vat i o n
Presque tout le monde a connu des brûlures d’estomac après un repas consistant.
Pour la plupart d’entre nous, ces sensations désagréables disparaissent en
une heure ou deux, avec ou sans l’aide d’antiacides.
2
Mais les millions de personnes qui souffrent
de brûlures d’estomac récurrentes ont peutêtre une maladie chronique appelée reflux
gastro-œsophagien ou RGO. Lorsqu’elle n’est
pas traitée, elle peut endommager l’œsophage
et dans certains cas (rares heureusement)
conduire au cancer de l’œsophage.
de l’acide pour aider à la décomposer afin
qu’elle soit digérée. L’acide gastrique est un liquide composé d’acide chlorhydrique (0,5 %),
de chlorure de potassium et de chlorure de
sodium (sel). Cet acide nous permet de digérer
les protéines et de les préparer à être séparées
en acides aminés par des enzymes.
Une enquête française sur 8 000 adultes a trouvé que 31,3 % des Français souffrent occasionnellement ou régulièrement de RGO. Parmi
eux, 7,8 % auraient un RGO fréquent, avec des
symptômes au moins une fois par semaine 1.
Votre sphincter œsophagien, un anneau de
fibres musculaires à l’entrée de l’estomac, est
censé se refermer comme une valve une fois
la nourriture passée, pour empêcher les acides
gastriques de migrer dans l’œsophage. Mais
si ce n’est pas le cas, de l’acide gagne l’œsophage (avec de la nourriture) et vous ressentez
une brûlure. Elle débute généralement juste
en dessous du sternum et peut aller jusqu’à la
gorge. Elle s’accompagne aussi d’un goût aigre
ou amer dans la bouche ou la gorge.
La maladie a un coût. Une personne souffrant de RGO consacrerait 200 euros par mois
en médicaments et autres traitements pour
contrôler les symptômes.
Les personnes obèses, les fumeurs et les
femmes enceintes sont plus susceptibles que
les autres de souffrir de RGO, mais cette maladie peut frapper les hommes et les femmes en
bonne santé à tout âge.
Ce qui se passe dans
l’estomac et l’œsophage
Les brûlures d’estomac occasionnelles ne sont
ni inquiétantes ni dangereuses, et peuvent
être soulagées avec les changements dans le
régime alimentaire et le mode de vie. Si nécessaire, des antiacides ou d’autres substances
peuvent vous aider. Mais si vous avez des brûlures d’estomac deux fois par semaine ou plus,
et que le phénomène se reproduit pendant des
semaines ou des mois, ou si vous régurgitez
souvent la nourriture (avec ou sans douleur),
il est nécessaire de consulter votre médecin.
Dans tous les cas, des conseils simples peuvent
réduire le recours aux médicaments.
Lorsque vous avalez de la nourriture, elle
passe de l’œsophage à l’estomac, qui produit
Contrairement aux brûlures d’estomac occasionnelles, le RGO peut être dangereux. Au fil
La plupart du temps, les médicaments en
vente libre procurent un soulagement, mais
si vos symptômes sont marqués et fréquents
nous vous encourageons à rendre visite à votre
médecin et à lire ce qui suit.
.1. . Bretagne
. . . J.F.
. et. al.. Le. Reflux
. . .Gastro-Osophagien
. . . . . . dans
. . la. population
. . . . générale
. .sujets.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
toutes
les -solutions
française
résultats d’unenaturelles
enquête sur 8 000
digestion
du temps, le reflux acide peut enflammer et
éroder la paroi de l’œsophage, entraînant une
œsophagite. Vous pourriez ressentir une douleur chronique dans l’œsophage ou la poitrine.
La plupart des œsophagites sont relativement
bénignes, mais quand l’œsophagite n’est pas
traitée, des saignements, des cicatrices et
Chapitre 1 - traiter les brûlures d’estomac
un rétrécissement de l’œsophage peuvent se
produire, rendant la déglutition douloureuse
et difficile. Les gens qui ont souffert de RGO
pendant des années sans être traités ont un
risque plus élevé de développer un cancer de
l’œsophage, mais il s’agit tout de même d’une
conséquence rare.
Le reflux gastro-oesophagien chez le nourrisson
Il est d’autant plus fréquent que l’enfant tête
trop vite et en mauvaise position. Il ne s’agit
plus du classique ”rot” mais d’un vomissement car l’enfant régurgite tout ce qu’il a mis
trop vite dans son estomac. L’enfant souffre
tellement de ses brûlures œsophagiennes
qu’il peut refuser de téter. On considère que
près d’un quart des nourrissons connaissent
ce type de souffrance, responsable de pleurs
incessants, réveils nocturnes qui fatiguent
l’enfant et ses parents. Le stress de l’enfant
retarde l’ouverture du pylore qui empêche le
liquide gastrique de partir dans le bon sens
vers le duodénum et l’intestin grêle.
L’allaitement maternel (30 mg de calcium/
100 g) est bien meilleur que le lait de vache
qui apporte quatre fois trop de calcium
(125 mg/100 g). Si l’enfant est nourri au lait
de vache, le premier réflexe est de l’arrêter
pour passer à des laits végétaux en poudre et
BIO : le matin en le diluant de moitié par rapport aux doses adultes : amandes (200 mg de
Ca/100 g), noisettes (160-200 mg/100 g) ou
quinoa (80 mg/100 g), ou noix (70 mg/100 g)
et le soir châtaignes (40 mg/100 g) car le plus
facile à digérer.
Pas de lait de soja car il ne contient pas de calcium, contient trop de phyto-hormones qui
à la longue peuvent déclencher une puberté
précoce, chez le petit garçon ou la petite fille.
Si un bébé nourri au sein a des signes d’intolérances : reflux, diarrhée, fesses rouges,
croûtes de lait sur la tête.., la maman doit arrêter de consommer des produits laitiers en
particulier de vache. C’est le traitement en
première intention, autrement dit le traitement par lequel il faut commencer.
Traiter le reflux du nourrisson
Il faut imposer à l’enfant des pauses pendant la
tétée au sein ou au biberon, le laisser respirer,
bien le positionner demi-assis dans les bras de
sa maman. Ce sont les clés de la réussite. Si
l’enfant a déjà eu du reflux et qu’il en souffre,
ce qui se traduit par des pleurs et plaintes avant
de téter, il faut alors soulager son œsophage
en diluant la poudre de ”propolis ultra” vendue
en vrac. On la mélange au biberon avec du
miel ou même dans la soupe. A noter que le
liquide ”gaviscon” contient de l’aluminium qui
n’est pas nécessaire chez le nourrisson et peut
être dangereux consommé trop longtemps.
Les médicaments : prudence à long terme
Les médecins (et les laboratoires pharmaceutiques) partent du principe qu’en faisant
baisser l’acidité de l’estomac, on soulagera
les patients qui souffrent de RGO. Et en effet
le raisonnement se tient : s’il y a peu ou pas
d’acide dans l’estomac, alors il en passera encore moins dans l’œsophage et l’état de santé
du patient sera amélioré. Le problème, comme
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . toutes les solutions naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3
digestion
s a n t é n at u r e i n n o vat i o n
on va le voir, c’est que cet acide qu’on fait baisser ou qu’on supprime avec les médicaments a
quand même une vraie fonction !
4
Les antiacides, comme Maalox, Rennie, renferment une association de minéraux alcalinisants, qui tamponnent l’acidité régionale.
Ainsi Rennie associe du carbonate de magnésium à du carbonate de calcium. Maalox est
une association d’hydroxyde d’aluminium et
d’hydroxyde de magnésium. D’une manière
générale, les sels minéraux de potassium, de
sodium, de magnésium, de calcium lorsqu’ils
ne sont pas à base de chlorure sont basifiants
(ou alcalinisants, ce qui est la même chose).
Ils n’empêchent pas l’estomac de fabriquer de
l’acide, mais « tamponnent » ou neutralisent
en partie cet acide.
Lorsque les symptômes sont plus marqués
ou plus fréquents, le médecin peut prescrire
un antihistaminique H2 comme la ranitidine.
Ces médicaments inhibent les récepteurs
d’une substance appelée histamine qui stimule (entre autres propriétés) la sécrétion
gastrique d’acide chlorhydrique. La principale
conséquence est la diminution de la sécrétion
gastrique acide.
Ces médicaments apportent un soulagement
dans la moitié des cas environ.
Mais votre médecin vous prescrira plus probablement un IPP (inhibateurs de la pompe à
protons), tels l’ésoméprazole, le lansoprazole,
ou l’oméprazole. Ces médicaments très populaires réduisent considérablement la quantité
d’acide gastrique produite dans l’estomac. Ils
agissent en bloquant une pompe cellulaire qui
sécrète des ions hydrogènes (H+), c’est-à-dire
des atomes d’hydrogène ayant perdu un électron. Ces ions sont normalement associés à
des ions chlorures pour former l’acide chlorhydrique (HCl). En inhibant la sécrétion des ions
H+, les IPP diminuent très fortement l’acidité
gastrique (jusqu’à 99%).
Chapitre 1 - traiter les brûlures d’estomac
Les antihistaminiques et les inhibiteurs de la
pompe à protons agissent donc directement
en empêchant l’estomac de sécréter de l’acide.
Ils sont bien tolérés lorsqu’ils sont prescrits
pour des durées courtes.
Mais s’il s’agit de les prendre régulièrement,
vous devez être informé de ce qui suit.
D’abord, l’acide est là pour permettre la digestion. Lorsqu’il y a moins d’acide, la digestion se
fait moins bien, avec le risque que cette digestion compromise… aggrave en réalité la maladie !
L’acide de l’estomac a une autre fonction cruciale : il détruit les bactéries et les organismes
pathogènes. Des études ont trouvé que les
personnes qui prennent des IPP ou des antihistaminiques H2 ont un risque plus élevé de
pneumonie, probablement parce que les micro-organismes responsables de cette maladie ne sont pas éliminés dans l’estomac. On
conseille d’ailleurs aux personnes à risque
de pneumonie d’éviter ces médicaments ou
de n’en prendre que ponctuellement et à des
doses faibles. Les IPP ont également été associés à un risque d’infection digestive par une
bactérie qui provoque colite et diarrhées, appelée Clostridium difficile.
L’estomac sécrète enfin de l’acide pour libérer
la vitamine B12 et dissoudre le calcium des aliments. Une diminution importante de l’acide
de l’estomac peut entraîner un déficit en B12
et en calcium 2. Par exemple, dans une étude,
la prise d’antihistaminiques H2 a réduit de 53%
l’absorption de vitamine B12 liée aux protéines
alimentaires 3. D’autres études ont rapporté
une diminution de l’absorption de vitamine B9,
de fer et de zinc. Par ailleurs il a été trouvé un
risque de fracture augmenté avec l’usage de
doses élevées d’IPP.
Pour résumer, on peut sans risque faire appel
ponctuellement à des médicaments qui dimi-
2. Ghishan FK, Walker F, Meneely R, et al. Intestinal calcium transport: Effect of cimetidine. J Nutr. 1981;111:2157–2161.
.3. . Salom
. . IL,
. Silvis
. . SE,
. .Doscherholmen
. . . . . A.. Effect
. . of. cimetidine
. . . .on. the. absorption
. toutes
. . . . . .
les solutions
naturelles1982;17:129–131.
of vitamin
B12. Scand J Gastroenterol.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
digestion
Chapitre 1 - traiter les brûlures d’estomac
nuent l’acidité de l’estomac, mais cela ne réglera pas le problème sous-jacent. Poursuivre
trop longtemps ce type de traitement, c’est
prendre des risques pour sa santé. Il faut être
particulièrement vigilant après 65 ans car la
capacité naturelle à absorber et retenir les vitamines et les minéraux est diminuée à ce moment. Heureusement il existe à cet âge une
alternative à ces médicaments, que vous découvrirez à la fin de cet article.
consommaient un peu d’alcool, du chocolat
ou des graisses n’ont généralement pas été
plus importunés que ceux qui évitaient ces aliments. Par exemple, ceux qui ont renoncé à
boire de l’alcool n’ont souvent pas vu d’amélioration 4. Bien sûr, rien ne vous empêche
d’expérimenter sur vos propres symptômes
un régime alimentaire excluant ces aliments…
Notez bien vos réactions lorsque vous réintroduisez tel ou tel aliment.
Ce qu’on peut faire…
sans garantie que ça
marche !
Ce qu’on peut faire pour
diminuer réellement
les symptômes
Certains médecins conseillent de faire de petits repas et d’éviter toute une variété d’aliments acides ou d’excitants comme les agrumes, le chocolat, le café et la caféine, l’alcool,
l’ail et l’oignon, les épices forts, la tomate et les
aliments à base de tomate (sauce spaghetti,
pizza…).
Une mesure de simple bon sens consiste à attendre deux à trois heures après un repas pour
se coucher. On conseille aussi de surélever le
haut du lit de 10 à 20 cm avec des cales, pour
créer une pente entre œsophage et estomac et
faire en sorte que le contenu de l’estomac reste
où il est. Attention : n’utilisez pas d’oreiller pour
cela, car la flexion du corps au niveau de l’abdomen ne ferait qu’aggraver la situation. Autre
mesure simple, mais qui peut réellement vous
soulager : dormir sur le côté gauche. L’équipe
du Dr Lauren Gerson, à l’université de Stanford
a étudié l’influence de la position pendant le
sommeil sur les symptômes du RGO. Conclusions : évitez de dormir sur le ventre, c’est ce
qui aggrave le plus les symptômes. Quand on
dort sur le côté droit, c’est à peine mieux. La
bonne attitude, disent ces gastro-entérologues, c’est de dormir sur le côté gauche.
Ces recommandations reposent plus sur des
hypothèses que des preuves très solides (par
exemple, le fait que les aliments acides pourraient augmenter l’acidité), sur quelques éléments de physiologie et sur les témoignages de
rares patients. Si les épices forts et les fritures
ne sont certes pas recommandés, on sera plus
circonspect pour ce qui est d’éliminer les agrumes, le chocolat, l’ail et l’oignon, la tomate qui
apportent des nutriments extrêmement intéressants pour la prévention des maladies chroniques. Même l’alcool (à petite dose) diminue
la mortalité par infarctus.
Du reste, les chercheurs de Stanford, aux ÉtatsUnis, admettent qu’il existe quelques données
expérimentales pour dire que le chocolat, les
repas gras, l’alcool, diminuent théoriquement
la pression au niveau du sphincter de l’œsophage (ce qui pourrait favoriser les remontées
acides), mais dans les études, les patients qui
C’est dans cette position que l’on tire vraiment
parti de l’anatomie et des effets de la gravité.
Les personnes qui ont essayé ont vraiment vu
un changement.
Enfin, plusieurs études ont trouvé que l’on peut
réduire les symptômes de reflux en mâchant un
chewing-gum (sans sucre) après un repas, pendant 30 minutes environ. On l’explique par le fait
4. Kaltenbach T, Crockett S, Gerson LB. Are lifestyle measures effective in patients with gastroesophageal reflux disease? An evidence-based approach. Arch Intern Med. 2006 May 8;166(9):965-71.
. . Review.
. . . PubMed
. . . PMID:
. . 16682569.
. . . . . . . . . . . . . . . toutes les solutions naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5
digestion
s a n t é n at u r e i n n o vat i o n
que le chewing-gum fait saliver et que cette salive alcaline tamponne l’acidité de l’œsophage 5. Pour des raisons similaires, on recommande
aux patients qui souffrent de RGO d’éviter le
sel qui apporte un excès de chlorures (acidifiants). Il est d’ailleurs en cause dans plusieurs
études 6. D’une manière générale, les compléments alimentaires à base de chlorure (par
exemple chlorure de magnésium) sont à manier avec précaution quand on a un RGO.
Ce qu’on peut faire à
plus long terme
Si vous avez des kilos en trop, c’est le moment
d’envisager de les perdre. Beaucoup de chercheurs relèvent que l’incidence du RGO dans
la population mondiale (estimée à 20 %) augmente au même rythme que celle de l’obésité.
Les personnes en surpoids souffrent en effet
plus souvent que les autres d’un RGO.
Comment l’expliquer ?
La graisse abdominale en excès (qui se manifeste par un tour de taille important) pourrait
selon certains chercheurs augmenter la pression au niveau de l’estomac et de l’œsophage.
Dans certains cas, cette pression intragastrique
pourrait aboutir à une hernie hiatale 7. On peut
aussi penser que chez les personnes obèses
ou en surpoids, l’estomac a tendance à se
distendre, ce qui entraîne un relâchement du
sphincter œsophagien.
Il existe un moyen très efficace de maigrir, c’est
ce qu’on appelle le régime cétogène. Ce type
de régime est pauvre en glucides.
Comme les choses sont bien faites, il se trouve
que ce régime cétogène non seulement fait
maigrir, mais représente un espoir réel pour en
finir avec le RGO !
6
Chapitre 1 - traiter les brûlures d’estomac
En fait, les patients en surpoids souffrant de
RGO qui réduisent leur consommation de glucides (notamment sucres et féculents) à hauteur de 20 grammes (ou moins) par jour, voient
leur condition s’améliorer très nettement
en moins d’une semaine, selon une étude
conduite par des chercheurs de l’université
de Caroline du Nord à Chapel Hill 8. Ce régime
diminue l’acidité mesurée dans la partie inférieure de l’œsophage.
Le régime testé dans cette étude est le plus
célèbre des régimes cétogènes. C’est celui du
médecin américain Robert Atkins.
De nombreux médecins américains commencent à proposer systématiquement à leurs
patients d’essayer le régime Atkins. Selon le
Dr Eric Westman, qui est l’un des auteurs de
l’étude en question, le régime Atkins est efficace sur le RGO chez plus d’un patient sur
deux, en surpoids ou pas. Dans tous les cas, il
conseille d’essayer Atkins pendant deux à trois
semaines. Si l’on n’a pas besoin de maigrir et
qu’on ne constate aucune amélioration, les
glucides ne sont pas en cause et on peut reprendre son régime habituel. En revanche si
on a des kilos à perdre, on peut poursuivre le
régime car il est très efficace pour maigrir.
Bien sûr, des preuves complémentaires sont
nécessaires. En 2011, une étude coréenne a
cherché à savoir quels aliments aggravent les
symptômes du RGO chez des patients. Cette
étude est notamment basée sur un questionnaire alimentaire rempli par les patients, il faut
donc en interpréter les résultats avec précaution. Les chercheurs relèvent d’abord que ce
sont les personnes obèses ou en surpoids qui
sont les plus gênées par leurs symptômes. Ensuite, selon les patients interrogés, ce sont les
sodas, les boissons caféinées, les confiseries
qui seraient responsables des symptômes les
plus gênants. Mais les nouilles (un féculent)
5. Moazzez R, Bartlett D, Anggiansah A. The effect of chewing sugarfree gum on gastro-esophageal reflux. J Dent Res. 2005;84:1062–1065.
6. Nilsson M, Johnsen R, Ye W, Hveem K, Lagergren J. Lifestyle related risk factors in the aetiology of gastro-oesophageal reflux. Gut 2004;53:1730-1735.
Falk GW. Obesity and gastroesophageal reflux disease: another piece of the puzzle. Gastroenterology. 2008 May;134(5):1620-2. PubMed PMID: 18471535
.7.
. . GL,
. .Thiny
. .MT,. Westman
. . . .EC,. et.al..A .very. low–carbohydrate
. . . . . . diet
. toutes
. . Dig
. .Dis. Sci.
. .2006;51:1307–1312.
. . . . . . .
les solutionsreflux
naturelles
8. . Austin
improves gastroesophageal
and its symptoms.
. . . . . . . . . . . .
digestion
sont les aliments qui aggravent le plus les
symptômes du RGO, et parmi elles les nouilles
instantanées 9. Les nouilles sont un des aliments préférés des Coréens. Pour les auteurs
de l’étude, c’est peut-être parce qu’elles sont
riches en glucides que les nouilles sont si mal
tolérées par les patients. Une autre explication
est que les nouilles sont généralement fabriquées à partir de blé ; or le blé semble plus favoriser le reflux que le riz (qui est aussi un glucide) 10. Si vous voulez faire l’essai du régime Atkins,
sachez qu’il exclut totalement les glucides de
l’alimentation durant une à deux semaines,
puis les réintroduit progressivement jusqu’à
un certain seuil que chacun doit définir par
rapport à son organisme. Le régime Atkins repose sur trois fondements : pas de sensation
de faim, pas de comptage des calories, pas
de pilule miracle.
Le régime Atkins :
comment ça marche ?
Le Dr Robert Atkins est parti de trois constats :
• Compter les calories, réduire les graisses,
n’aide pas à perdre du poids. Il faut donc
trouver un autre moyen pour maigrir.
• Pendant deux siècles, les médecins ont éliminé les féculents pour faire maigrir efficacement leurs patients et ils avaient probablement raison
• La majorité des personnes en surpoids présentent des problèmes d’assimilation des
glucides, une histoire familiale de diabète
ou sont pré-diabétiques. Éliminer les glucides permettrait donc de contrer ce déséquilibre métabolique.
En 1972, pour se distinguer des autres régimes
pauvres en glucides, pas suffisamment efficaces selon lui, il a mis au point un programme
Chapitre 1 - traiter les brûlures d’estomac
basé sur l’élimination (par les urines et la respiration) des cétones, qui sont des composés
carbonés produits par la combustion incomplète des graisses. Selon les recommandations
initiales du Dr Atkins, une personne suivant le
régime doit réaliser quotidiennement un test
urinaire pour mesurer le taux de cétones, vérifier qu’elle maigrit toujours et mesurer ainsi
son seuil de tolérance aux glucides pendant
la phase de réintroduction des glucides. Mais
pour éliminer des cétones, il faut d’abord commencer par supprimer tous les glucides de l’alimentation, de telle sorte que ce soit la graisse
stockée qui serve de combustible à l’organisme
et non plus les sucres ingérés.
Basé sur une forte réduction des glucides, ce
régime était particulièrement efficace mais
souffrait jusqu’ici d’une mauvaise réputation,
souvent jugé trop restrictif, donc difficile à
suivre sur le long terme, déséquilibré (trop
de graisses saturées, pas assez de fruits et légumes) et s’accompagnant en plus d’effets
secondaires gênants (au début fatigue, migraines…).
En 2011, trois professeurs de médecine universitaires (dont Eric Westman), ont mis au point
une nouvelle version du Régime Atkins qui se
fait l’écho des réflexions les plus récentes en
matière de nutrition et présente des modifications significatives rendant le programme plus
facile à suivre et plus souple.
Le Nouveau Régime Atkins est un régime
pauvre en glucides, sans limitation de calories. Il favorise une consommation d’aliments
à densité nutritionnelle élevée – des protéines
maigres, une grande variété de fruits et légumes riches en fibres et des bonnes graisses –
tout en limitant les sucres et glucides raffinés.
Inutile aujourd’hui de mesurer le taux de
cétones dans les urines. Grâce à ces choix nutritionnels, l’organisme devient une véritable
« machine à brûler les graisses ».
9. Song JH, Chung SJ, Lee JH, Kim YH, Chang DK, Son HJ, Kim JJ, Rhee JC, Rhee PL. Relationship between gastroesophageal reflux symptoms and dietary factors in Korea. J Neurogastroenterol Motil.
2011 Jan;17(1):54-60. Epub 2011 Jan 26. PubMed PMID: 21369492; PubMed Central PMCID: PMC3042219.
.10.. Sohn
. . SM,
. Song
. . CW,
. . Koo
. .JS, .et al.
. [Gastroesophageal
. . . . . . . acid
. .reflux
. .according
. toutes
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
les meals:
solutions
naturelles
to different
flour cake
vs rice cake.] Korean J Gastrointest Motil 2001;7:181-187.
7
digestion
s a n t é n at u r e i n n o vat i o n
Les principales règles à suivre :
8
• Ne comptez plus les calories.
• Mangez autant d’aliments autorisés qu’il est
nécessaire pour arriver à satiété. Ne mangez pas si vous n’avez pas faim.
• Ne vous sentez pas obligé de finir votre assiette parce qu’il reste de la nourriture dedans.
• Buvez autant d’eau que votre organisme le
réclame. Ne restreignez pas les liquides…
mais n’en abusez pas non plus.
• Des petits repas fréquents sont à privilégier.
• Si vous vous sentez faible à cause de la rapidité de la perte de poids, c’est que vous
manquez peut-être de sel.
• Prenez tous les jours un complément de
multivitamines.
Qu’en dit la recherche
scientifique ?
Le régime Atkins est très efficace lorsqu’il
s’agit de maigrir et ne pas regrossir. On dispose
aujourd’hui de nombreuses études ayant évalué les effets à court terme et à long terme du
régime Atkins 11.
L’une des plus récentes, publiée en juillet
2008, a comparé l’efficacité sur le poids corporel de trois types de régimes : un régime de
type Atkins, pauvre en féculents et en sucres,
sans restriction des calories consommées,
un régime de type méditerranéen pauvre en
calories, et finalement un régime pauvre en
graisses et en calories. Résultat après deux
ans : ce sont les personnes qui suivaient le régime pauvre en féculents qui ont perdu le plus
de poids. Ce sont aussi elles qui ont vu leur
santé s’améliorer le plus. L’étude portait sur
322 personnes modérément obèses. Parmi les
272 participants qui sont allés jusqu’au bout de
Chapitre 1 - traiter les brûlures d’estomac
l’expérience, les pertes moyennes de poids ont
été de 3,3 kg pour le régime pauvre en graisses,
4,6 kg pour le régime méditerranéen et 5,5 kg
pour le régime de type Atkins.
Une autre étude parue dans le Journal of the
American Medical Association en mars 2007
suggère que le régime Atkins est plus efficace
que trois autres régimes préconisés par les nutritionnistes pour perdre du poids. Des chercheurs de la faculté de médecine de l’Université de Stanford ont comparé pendant un an les
mérites des régimes Atkins, Zone, LEARN et
Ornish chez 311 femmes obèses ou en surpoids.
Les régimes LEARN et Ornish se rapprochent
des recommandations traditionnelles des
nutritionnistes (plus de céréales, moins de
graisses), alors que Atkins et Zone préconisent
de diminuer les glucides. Résultat : c’est avec
le régime Atkins que ces femmes ont perdu
le plus de poids : en moyenne deux fois plus
que les autres. Au bout d’un an, les femmes du
groupe Atkins avaient perdu en moyenne, 4,7
kg contre 2,6 kg, 2,2 kg et 1,6 kg, respectivement pour les groupes LEARN, Ornish et Zone.
Leur tension artérielle a aussi davantage diminué qu’avec les autres régimes et leurs taux
sanguins de triglycérides étaient plus bas 12.
En 2006, une étude britannique a comparé
le régime Atkins, pauvre en glucides aux programmes Slim-Fast (hyperprotéiné), Weight
Watchers (pauvre en calories, avec un accompagnement psychologique sous la forme de
réunions de groupe) Rosemary Conley (pauvre
en graisses, avec soutien de type Weight Watchers). Les résultats à 6 mois montrent que
tous les programmes permettent à peu près la
même perte de poids, qui s’est accompagnée
d’une diminution du tour de taille. Le régime
Atkins semble plus efficace au cours des quatre
premières semaines.
11. Shai I, Schwarzfuchs D, Henkin Y, Shahar DR, Witkow S, Greenberg I, Golan R, Fraser D, Bolotin A, Vardi H, Tangi-Rozental O, Zuk-Ramot R, Sarusi B, Brickner D, Schwartz Z, Sheiner E, Marko
R, Katorza E, Thiery J, Fiedler GM, Blüher M, Stumvoll M, Stampfer MJ; Dietary Intervention Randomized Controlled Trial(DIRECT) Group. Weight loss with a low-carbohydrate, Mediterranean, or
low-fat diet. N Engl J Med. 2008 Jul 17;359(3):229-41.
12. Gardner CD, Kiazand A et al. Comparison of the Atkins, Zone, Ornish, and LEARN diets for change in weight and related risk factors among overweight premenopausal women: the A TO Z Weight
. . Loss
. .Study:
. . a .randomized
. . . .trial.
. .JAMA.
. . 2007
. . Mar
. 7;297(9):969-77.
. . . . . . . toutes les solutions naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
digestion
Ces résultats tranchent avec les recommandations classiques des nutritionnistes pour
perdre du poids. Les recommandations officielles préconisent une alimentation riche en
céréales et pommes de terre, et pauvre en
matières grasses – l’exact inverse du régime
Atkins. Mais aujourd’hui d’éminents chercheurs reconnaissent qu’Atkins, a été décrié à
tort. Ainsi, Pr Walter Willet qui dirige à Harvard
la plus importante unité de recherche en nutrition au monde, estime qu’ « Atkins avait vu
juste ».
Bon à savoir sur la mélatonine
Impossible de conclure sans mentionner une
piste intéressante, en particulier pour les plus
âgés.
La mélatonine est une hormone fabriquée
par une petite structure qui se tient au centre
même du cerveau, la glande pinéale. Sa production est orchestrée par l’alternance de la
lumière et de l’obscurité. La nuit, le taux sanguin de mélatonine est 5 à 15 fois plus élevé
que le jour, mais l’exposition à la lumière le fait
rapidement chuter (on peut donc considérer la
lumière comme un « médicament »). La mélatonine existe aussi sous une forme synthétique
(pilule, liquide) en vue d’être administrée par
voie orale. Or la mélatonine est sécrétée à tous
les niveaux de la muqueuse digestive.
La mélatonine a été testée dans un petit
nombre d’études contre le RGO et les résultats
sont très encourageants 13, notamment lorsqu’elle est associée à son précurseur, l’acide
aminé tryptophane, des vitamines (B6, B9,
B12), un autre acide aminé (méthionine) et de
la bétaïne. Dans une étude, cette association
s’est révélée plus efficace que l’oméprazole, un
des IPP les plus prescrits 14. La mélatonine diminue l’acidité gastrique mais bien moins que
les médicaments. Elle respecterait mieux notre
Chapitre 1 - traiter les brûlures d’estomac
physiologie. Des travaux récents montrent
qu’elle protège les muqueuses de l’estomac et
de l’œsophage. Un supplément de mélatonine
peut aider à la guérison des stomatites, des
oesophagites, des gastrites et des ulcères de
l’estomac. La mélatonine pourrait agir aussi
sur le sphincter œsophagien.
L’étude sur le RGO a utilisé la mélatonine à
la dose de 2 mg/j mais il est possible que des
doses plus faibles (1 mg/j) soient tout aussi efficaces. La mélatonine est globalement sûre,
mais il est conseillé de consulter un médecin
avant de démarrer un traitement.
Certains patients ont rapporté une baisse de la
libido avec la prise de mélatonine.
La mélatonine est une option intéressante
pour celles et ceux qui ont des difficultés à dormir. Les études montrent que chez les insomniaques l’administration de mélatonine facilite
le sommeil : elle recale l’horloge biologique,
réduit la période de veille avant l’apparition
du sommeil et favorise son maintien. Cependant, les effets les plus nets sont obtenus chez
les personnes âgées, en particulier lorsque leur
taux naturel de mélatonine est bas.
La mélatonine est plus efficace sur le sommeil
lorsqu’on a tendance à s’endormir trop tôt dans
la soirée et se réveiller au petit matin, lorsqu’on
se réveille souvent la nuit, qu’on somnole ou
qu’on fait des siestes dans la journée, et enfin
lorsqu’on met du temps à s’endormir. Si c’est
votre cas, et que vous souffrez aussi de RGO,
vous pourriez avec la mélatonine faire d’une
pierre deux coups en échappant aussi aux somnifères de synthèse dont les effets indésirables
sont nombreux, et le coût bien supérieur.
On trouve de la mélatonie en pharmacie Circadin) et sous forme de complément alimentaire
(Laboratoires D-Plantes).
13. de Oliveira Torres JD, de Souza Pereira R. Which is the best choice for gastroesophageal disorders: Melatonin or proton pump inhibitors? World J Gastrointest Pharmacol Ther. 2010 Oct 6;1(5):1026. PubMed PMID: 21577303; PubMed Central PMCID: PMC3091156.
14. Pereira Rde S. Regression of gastroesophageal reflux disease symptoms using dietary supplementation with melatonin, vitamins and aminoacids: comparison with omeprazole J Pineal Res.
. . 2006;41:195–200.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . toutes les solutions naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
9
digestion
Chapitre 2 - Le côlon irritable
s a n t é n at u r e i n n o vat i o n
chapitre 2
Le côlon irritable
Le syndrome du côlon irritable touche 10 à 15 % de la population européenne.
Peut-être plus, dans la mesure où une bonne partie de celles et ceux qui en
souffrent ne consultent pas. Ce syndrome ne met pas la vie en danger ; il n’est
associé ni à un risque de cancer intestinal, ni de maladie inflammatoire, ni de
mortalité. En revanche, c’est un trouble qui nuit à la qualité de vie.
Il peut perturber le travail, les relations sociales, le sommeil. Beaucoup de ceux qui
en souffrent doivent rester à proximité d’un cabinet de toilettes.
Dans ce dossier, nous ferons référence au syndrome du côlon irritable en utilisant l’acronyme SII (syndrome de l’intestin irritable) ou
IBS en anglais (pour irritable bowel syndrom).
Cela vous permettra de consulter les références d’études que nous proposons, ou d’en
chercher d’autres sur Internet.
Comment diagnostique-t-on
le SII ? On utilise les critères
dits « de Rome »
• Symptômes présents depuis plus de 6 mois,
• Douleur abdominale récurrente ou inconfort plus de trois jours par mois au cours des
trois derniers mois,
Au moins deux des caractéristiques
suivantes :
• Amélioration avec la défécation,
• Symptômes associés à un changement dans
la fréquence des défécations,
• Symptômes associés à un changement dans
la forme des selles.
D’autres symptômes sont souvent associés
et peuvent aider à faire le diagnostic :
• Ballonnements,
• Selles anormales (trop liquides ou trop dures),
10
• Fréquence anormale (moins de 3 fois par semaine ou plus de 3 fois par jour),
• Difficultés pour déféquer,
• Sensation d’urgence,
• Sensation d’élimination incomplète,
• Élimination de mucus par le rectum,
• Aggravation après les repas,
• Dyspepsie - rapportée par 42 à 87 % des patients,
• Nausée,
• Brûlures d’estomac,
• Léthargie,
• Douleurs dorsales et autres douleurs musculaires ou articulaires,
• Maux de tête,
• Symptômes urinaires :
- Nocturie,
- Mictions fréquentes et urgentes,
- Vessie incomplètement vidée.
• Chez la femme, douleurs pendant l’acte
sexuel,
• Insomnies,
• Tolérance faible aux médicaments.
En plus, les patients qui souffrent du SII ont souvent un profil psychologique particulier. Leurs
symptômes sont aggravés par le stress. Ils ont
fréquemment un tempérament anxieux ou
peuvent souffrir de dépression. Il est intéres-
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . toutes les solutions naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
digestion
sant de noter qu’ils ont consulté dans le passé
pour des symptômes extra-gastrointestinaux
et d’autres symptômes qui n’ont pas trouvé
d’explication médicale, ce qui donne un éclairage sur la facette psychologique du trouble,
qui est pourtant bien réel. Environ 20 à 50 % des
patients SII souffrent de fibromyalgie. Près de
la moitié des personnes avec une fatigue chronique ont aussi un SII, ainsi que la moitié des
personnes se plaignant de douleurs pelviennes.
Les médecins aguerris font rapidement le diagnostic de SII. Il ne faut bien sûr pas passer
à côté de quelque chose de plus de sérieux,
comme :
• La maladie cœliaque qui touche 1 % de la population et se manifeste par diarrhée chronique, retards de croissance chez l’enfant,
fatigue…
• Une maladie intestinale inflammatoire
(Crohn, rectocolite hémorragique…): diarrhée de plus de 2 semaines, saignements,
perte de poids, fièvre…
• Cancer colorectal: selles sanglantes, perte
de poids, douleur de type obstructif, anémie
ou déficit en fer,
• Infection intestinale: diarrhée d’apparition
brutale.
L’alimentation et
le syndrome du côlon
irritable
Beaucoup de patients rapportent que leurs
symptômes sont modulés par l’alimentation.
Certains aliments soulageraient, d’autres exacerberaient leur état. Pendant longtemps,
le corps médical a ignoré ces témoignages,
préférant proposer des médicaments. Aujourd’hui, de nouvelles recherches montrent
que l’alimentation est bien impliquée dans ce
syndrome, même s’il reste beaucoup à découvrir. Voici un état des lieux.
Chapitre 2 - Le côlon irritable
Le cas du lactose et
des laitages
Le lactose est le sucre du lait. Une partie importante de la population (plus de 40 % en
France), surtout les personnes d’ascendance
méridionale, asiatique, africaine ne peuvent
pas digérer le lactose après l’âge de 3 ans. La
raison en est que pendant des millions d’années l’espèce humaine n’a connu que le seul
lait maternel. Donc, après l’âge moyen du sevrage, l’enzyme qui permet de digérer le sucre
du lait maternel s’éteint puisqu’elle est inutile.
Ce mécanisme est la règle dans l’espèce humaine et il concerne encore 75 % des habitants
de la planète. Lorsque ces personnes boivent
du lait après 3 ans, son lactose est métabolisé par les bactéries intestinales pour donner
naissance à des produits de fermentation et
des agents toxiques. Ces toxines peuvent agir
selon un mécanisme analogue à celui d’autres
entérotoxines responsables de gastro-entérites. Les symptômes les plus courants de l’intolérance au lactose peuvent évoquer le SII :
douleurs abdominales, ballonnements, flatulences, diarrhée, nausée, vomissements, et
dans une moindre mesure, constipation. Mais
aussi maux de tête, vertiges, difficultés de
concentration, douleurs musculaires, eczéma,
rhinite, sinusite.
Un quart environ des habitants de la planète,
qui sont les descendants de peuples d’éleveurs (Caucase, nord de l’Europe, Amérique du
Nord, etc…) ont une mutation qui leur permet
de continuer à digérer le lactose après 3 ans.
Certaines études ont trouvé qu’il y a autant d’intolérants au lactose chez les personnes souffrant de SII, que chez celles qui n’en souffrent
pas 15. Mais d’autres études au contraire rapportent qu’il y a plus d’intolérance au lactose
dans le SII (40 % des patients). L’intolérance au
lactose se diagnostique très facilement par un
test qui mesure l’hydrogène expiré après in-
15. Farup PG, Monsbakken KW, Vandvik PO. Lactose malabsorption in a population with irritable bowel syndrome: prevalence and symptoms. A case-control study. Scand J Gastroente. . rol.2004;12:645–649.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . toutes les solutions naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
11
s a n t é n at u r e i n n o vat i o n
digestion
gestion de 50 g de lactose. Si le test est positif,
tout rentre dans l’ordre une fois qu’on a éliminé le lait liquide, les yaourts enrichis en crème
ou lait en poudre, les crèmes glacées, yaourts
glacés, certains fromages et les produits
contenant du lactose (lire attentivement les
étiquettes : charcuteries, produits de boulangerie, gâteaux industriels, préparations pour
gâteaux, chips et pommes de terre frites, hamburgers, viande de poulet, confiseries, sodas,
bière, médicaments…). Certaines personnes
peuvent cependant tolérer quotidiennement
de petites quantités de lactose.
Si le lactose n’est pas en cause dans le SII, cela
ne signifie pas que les laitages eux-mêmes ne
le sont pas. Les laitages apportent des protéines comme la caséine ; celle-ci coagule dans
l’estomac et elle est difficile à digérer 16. Une
étude a trouvé que les personnes qui ne tolèrent pas la caséine souffrent plus souvent de
SII avec diarrhée, ou diarrhée et constipation
en alternance 17. L’histamine, que l’on trouve
dans les fromages, peut aussi provoquer des
symptômes de type SII, comme des diarrhées
et des flatulences 18. Le cas du blé et du gluten
Le gluten est un ensemble de protéines du
blé, de l’orge, du seigle et de leurs dérivés
(épeautre, kamut, triticale). Une fraction de
la population, peut-être comprise entre 6 et
10 %, est sensible au gluten ou à certaines
substances anti-nutritionnelles présentes dans
les céréales à gluten.
Ces personnes n’ont pas de maladie cœliaque,
la maladie auto-immune grave déclenchée
par le gluten (voir plus haut). Elles n’ont pas
nécessairement d’anticorps, pas d’atteinte
intestinale, mais chez elles, l’immunité innée
répond à l’ingestion de gluten (ou d’autres
12
Chapitre 2 - Le côlon irritable
constituants) par une réaction inflammatoire.
Les symptômes de la sensibilité au gluten sont
proches de ceux de la maladie cœliaque, mais
ils peuvent aussi inclure des maux de tête, des
troubles de la concentration, des douleurs articulaires, une perte de sensibilité.
Il y a de plus en plus de preuves de l’implication des céréales à gluten dans le SII. Dans une
étude, 34 patients souffrant de SII qui avaient
été améliorés après 6 mois d’un régime sans
gluten ont reçu chaque jour pendant six semaines soit du pain et un muffin apportant 16 g
de gluten, soit du pain et un muffin sans gluten.
A l’issue de l’étude, les chercheurs ont...
constaté que 68 % des membres du groupe
«gluten» avaient rapporté des troubles liés au
SII par rapport à 40 % des membres du groupe
«sans gluten». 19 ATTENTION : il n’existe pas de test diagnostique sérieux de la sensibilité au gluten. Si
vous soupçonnez une sensibilité au gluten,
il faut faire l’essai d’un régime sans gluten de
quelques semaines ou plus ; c’est le seul moyen
de savoir si les céréales à gluten sont vraiment
à l’origine de vos troubles.
Lait PLUS céréales à gluten
La gliadine (une composante du gluten) est capable de moduler la perméabilité intestinale. Il
est possible que chez une partie des personnes
souffrant du SII, peut-être celles qui sont sensibles aux céréales à gluten, la perméabilité de
l’intestin grêle soit augmentée 20. Quand c’est
le cas, l’intestin ne joue plus le rôle de barrière
sélective et laisse passer dans l’organisme des
fragments de protéines qui peuvent activer le
système immunitaire ou une réponse inflammatoire à bas bruit. Ce qui expliquerait les
symptômes extra-intestinaux qu’on observe
16. Boirie Y, Dangin M, Gachon P, Vasson MP, Maubois JL, Beaufrere B. Slow and fast dietary proteins diff erently modulate postprandial protein accretion. Proc Natl Acad Sci USA.1997;12:14930–
14935.
17. Liden M, Kristjansson G, Valtysdottir S, Venge P, Hallgren R. Cow’s milk protein sensitivity assessed by the mucosal patch technique is related to irritable bowel syndrome in patients with primary
Sjogren’s syndrome. Clin Exp Allergy. 2008;12:929–935.
18. Wohrl S, Hemmer W, Focke M, Rappersberger K, Jarisch R. Histamine intolerance-like symptoms in healthy volunteers after oral provocation with liquid histamine. Allergy Asthma Proc.
2004;12:305–311.
Biesiekierski JR, Newnham ED, Irving PM, et al. Gluten causes gastrointestinal symptoms in subjects without celiac disease: a double-blind randomized placebo-controlled trial. Am J Gastroenterol.
.19.. 2011;106:508-514;
. . . . . . .quiz
. 515.
. . . . . . . . . . . . . . . toutes les solutions naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
digestion
parfois dans le syndrome du côlon irritable.
Parmi les plus puissants antigènes alimentaires figurent les protéines laitières. Des chercheurs ont donc eu l’idée de regarder ce qui se
passe chez des personnes souffrant d’IBS lorsqu’on élimine de leur alimentation blé et laitages ou au contraire lorsqu’on les réintroduit.
Résultats : 20 % des patients ont été améliorés par un régime sans blé ou sans laitages ou
sans blé ni laitages. Ce qui est intéressant, c’est
qu’une fois réintroduit, le lait seul a entraîné
des symptômes chez 3 % des patients, et le blé
seul chez 2 % d’entre eux. Mais lorsque lait et
céréales ont été pris ensemble, c’est 16 % des
patients qui ont développé des symptômes SII.
Les symptômes sont apparus dans les 3 jours
qui ont suivi l’introduction de ces aliments 21.
Donc l’association laitages-céréales à gluten
peut être plus problématique que l’un ou
l’autre de ces groupes d’aliments.
Les autres aliments en cause
Les aliments les plus fréquemment mis en cause
par les patients sont, outre les laitages et les
céréales à gluten, le café, les graisses, l’alcool,
les solanacées (tomate, aubergine, pomme de
terre). Mais on n’est absolument pas sûr qu’en
évitant ces aliments on sera en meilleure santé,
car les données scientifiques sont soit contradictoires, soit totalement absentes.
Les preuves sont plus consistantes pour les glucides à chaînes courtes : sorbitol, fructose et
lactose comme on l’a vu, ainsi que les fructo-oligosaccharides (fructanes) qu’on trouve par
exemple dans les endives mais aussi les céréales, et les galacto-oligosaccharides (GOS)
des légumes secs. Le polyol et le mannitol, qui
sont des sucres utilisés par l’industrie agro-alimentaire, mais que l’on peut aussi trouver à
l’état naturel dans l’alimentation seraient aussi
en cause. Tous ces glucides à chaînes courtes,
mal absorbés par l’intestin grêle, sont regroupés
Chapitre 2 - Le côlon irritable
sous l’acronyme FODMAP (pour « Fermentable,
Oligo-, Di-, Mono-saccharides and Polyols »).
Un régime alimentaire pauvre en FODMAP réduit la fermentation et la production de gaz, ce
qui minimise la distension intestinale et donc
la sévérité des symptômes.
Tous les FODMAP ne provoquent pas de
symptômes chez tous les patients, c’est seulement le cas de ceux qui sont mal absorbés.
Les fructanes et les GOS sont toujours mal
absorbés et fermentés par la flore intestinale.
Les autres FODMAP ne provoquent de symptômes que chez les patients qui les absorbent
mal. Les polyols, sorbitol et mannitol sont
certes incomplètement absorbés, mais on en
trouve des quantités faibles à l’état naturel et
ces doses sont généralement bien tolérées.
Attention cependant à ne pas trop consommer
d’aliments sans sucre comme les chewinggums et les bonbons. Il y en a aussi dans certains médicaments.
Les régimes pauvres en glucides semblent
assez efficaces dans le SII à dominante de
diarrhée, peut-être parce qu’ils conduisent à
minorer les FODMAP, mais aussi les produits
céréaliers. Ces régimes visent dans un premier temps à diminuer fortement les sources
de glucides, en particulier produits céréaliers,
pommes de terre et fruits. En général, les légumes verts ne sont pas interdits. Dans une
petite étude, 13 volontaires souffrant de SII ont
suivi pendant 2 semaines un régime classique
(55 % de glucides, 15 % de protéines, 30 % de
graisses) avant de basculer sur un régime très
pauvre en glucides (4 % de glucides, 45 % de
protéines, 51 % de graisses). Après 4 semaines
de ce régime strict, 10 volontaires sur 13 ont
été améliorés. 22
Ils ont aussi perdu plus de 3 kilos en moyenne,
ce qui n’est pas étonnant car ces régimes sont à
la base proposés à des personnes en surpoids.
20. Schmulson M, Chey WD. Abnormal immune regulation and low-grade infl ammation in IBS: does one size fi t all? Am J Gastroenterol. 2012;107:273-275.
21. Carroccio A, Brusca I, Mansueto P, et al. A cytologic assay for diagnosis of food hypersensitivity in patients with irritable bowel syndrome. Clin Gastroenterol Hepatol. 2010;8:254-260.
22. Austin GL, Dalton CB, Hu Y, Morris CB, Hankins J, Weinland SR, Westman EC,Yancy WS Jr, Drossman DA. A very low-carbohydrate diet improves symptoms and quality of life in diarrhea-predo. . minant
. . .irritable
. . bowel
. . .syndrome.
. . . Clin
. . Gastroenterol
. . . . .Hepatol.
. . . 2009
. . Jun;7(6):706-708.
toutes les solutions naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13
digestion
Chapitre 2 - Le côlon irritable
Ces régimes pauvres en glucides peuvent être difficiles à suivre sur le long terme. La dernière
version du régime Atkins présente l’intérêt d’être pauvre en glucides tout en ayant le souci de
rester équilibré.
s a n t é n at u r e i n n o vat i o n
Les principales sources de FODMAP
Famille de sucres
Sucres visés
Sources
Oligosaccharides
FOS (fructo-oligosaccharides), GOS
(galacto-oligosaccharides)
Blé, seigle, orge, oignons, poireaux, ail,
échalote, artichaut, betterave, fenouil,
petits pois, chicorée, pistache, noix de
cajou, légumineuses (lentilles, haricots
secs, pois chiches)
Disaccharides
Lactose
Lait et produits laitiers
Monosaccharides
Fructose (lorsqu’il est en excès par
rapport au glucose)
Pomme, poire, mangue, cerise, pastèque, asperge, sucre, miel,
Sorbitol, mannitol, maltitol et xylitol
Pomme, poire, abricot, cerise, nectarine, pêche, prune, pastèque, champignon, chou-fleur, chewing-gums et
sucreries sans sucre
sirop de glucose-fructose
Polyols
Les médicaments qui aggravent le SII
Certains médicaments sont reconnus pour contribuer à l’apparition ou amplifier le SII :
• Les inhibiteurs de la pompe à proton prescrits pour soulager les brûlures d’estomac. 23
• Certains antalgiques comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens. 24
• Certains antibiotiques comme les tétracyclines. 25
Faut-il faire un test pour rechercher
des « intolérances alimentaires » ?
Depuis quelques années, des sociétés et des
laboratoires ont introduit des tests qui proposent de mesurer la présence de certains anticorps dans le sérum pour déterminer si vous
êtes «intolérant» à tel ou tel aliment. Ces «intolérances alimentaires» sont un terme fourretout qui désigne en fait des hypersensibilités
alimentaires non-allergiques.
Pour comprendre le principe de ces tests, il faut
dire un mot sur les allergies et les anticorps.
14
Le système immunitaire nous défend contre
les micro-organismes (virus, champignons, parasites, bactéries). L’intrusion dans l’organisme
d’une molécule étrangère, qu’on appelle aussi
antigène, déclenche la fabrication de protéines
qui peuvent se lier à l’antigène à l’origine de leur
synthèse. On les appelle des anticorps. Les anticorps ont pour mission de reconnaître les intrus
et les détruire. Le système immunitaire conserve
la mémoire des antigènes; s’ils réapparaissent,
les anticorps les reconnaissent et les éliminent.
23. Keszthelyi D, Dackus GH, Masclee GM, Kruimel JW, Masclee AA. Increased proton pump inhibitor and NSAID exposure in irritable bowel syndrome: results from a case-control study. BMC
Gastroenterol. Sep 5 2012;12(1):121.
Kerckhoffs AP, Akkermans LM, de Smet MB, et al. Intestinal permeability in irritable bowel syndrome patients: effects of NSAIDs. Dig Dis Sci. Mar 2010;55(3):716-723.
.24.
. . . AA,
. .Aberger
. . .FJ, .Benrud
. . R,. Gundrum
. . . .JD.. Use
. of
. broad-spectrum
. . . . toutes
. . .syndrome.
. . . WMJ.
. . Feb
. .2012;111(1):17-20.
. . . . . . . . . . . . . . . .
lesandsolutions
naturelles
25.. Villarreal
antibiotics
the development
of irritable bowel
digestion
Les lymphocytes B produisent des anticorps
appelés immunoglobulines, qui sont divisées
en 5 classes (IgA, IgG, IgM, IgD et IgE). Chaque
classe d’anticorps a une structure unique et
remplit une fonction spécifique. Par exemple,
IgG veut dire immunoglobuline G ou anticorps G, et ainsi de suite. Chaque classe comprend des milliers d’anticorps différents correspondant chacun aux divers micro-organismes,
aliments et produits chimiques rencontrés par
l’organisme.
Les allergies alimentaires sont des réactions
disproportionnées du système immunitaire
à des protéines de l’alimentation, qu’il considère comme des intrus. La réaction allergique
est toujours d’ordre immunologique contrairement à ce qui se passe pour les intolérances
alimentaires. Dans la plupart des cas (mais pas
tous), l’allergie alimentaire est une réaction
qui fait intervenir des IgE. L’interaction entre
les allergènes de l’aliment et les IgE provoque
la libération de médiateurs de l’inflammation
comme l’histamine et les leucotriènes, ce qui
entraîne des symptômes connus des allergiques: rougeurs, démangeaisons, difficultés
pour respirer. Les réactions non-IgE peuvent
provoquer des réactions localisées comme l’eczéma, ou généralisées comme des diarrhées.
Comme on l’a vu, les deux tiers des personnes
souffrant de SII relient leurs symptômes à
l’ingestion de certains aliments. Des études
montrent que lorsqu’ils éliminent des aliments
(comme le lait ou d’autres...), les patients sont
soulagés. Mais il ne s’agit pas d’allergies alimentaires au sens strict. Ces patients sont négatifs pour ce qui est des IgE.
Le principe derrière les tests qui promettent
de dépister des « intolérances alimentaires»,
est que certaines classes d’IgG ont été associées à des mécanismes biologiques que l’on
retrouve dans l’allergie vraie. Par ailleurs, il
est vrai que dans quelques études, sur la base
Chapitre 2 - Le côlon irritable
de ces tests à IgG, des chercheurs ont éliminé certains aliments du régime de personnes
souffrant d’IBS, et constaté une amélioration.
Le problème, c’est que ces études ont été critiquées par d’autres chercheurs car leur protocole n’était pas adéquat.
En fait, si les intolérances sont bien réelles, les
tests pour les identifier à partir des IgG (et
des sous-classes d’IgG, par exemple IgG4)
sont chers et ne sont à l’heure actuelle pas
considérés comme fiables. 26, 27
Toutes les organisations internationales qui
font autorité dans le domaine de l’immunologie, de l’allergie ou des troubles intestinaux déconseillent actuellement l’usage des IgG pour
identifier des réactions d’hypersensibilité aux
aliments. En effet, dans de très nombreux cas,
des IgG sériques élevés ne sont pas associés à
des symptômes cliniques correspondants. Les
IgG4 dirigés contre certains aliments, qui sont
mesurés par certains de ces tests, sont vraisemblablement le signe que cette personne
a été exposée à de multiples reprises à des
composés de cet aliment, qui ont été identifiés
comme protéines étrangères par le système
immunitaire. La présence des ces IgG ne devrait pas être systématiquement vue comme
un facteur d’hypersensibilité, mais plutôt
comme un indicateur de tolérance alimentaire. Ainsi, la résolution (disparition) d’une allergie au lait de vache est associée à des taux
plus élevés d’IgG.
Donc à notre sens les tests à IgG ne sont pas
fiables. Très souvent, ils conduisent à éliminer
de nombreux aliments de son régime. Outre la
difficulté qu’il y a à composer des repas sans
une trentaine ou une quarantaine d’aliments
courants (qui ne présentent pourtant aucun
danger pour le patient), il faut prendre en
considération les déficits nutritionnels que ce
type de régime d’éviction élargie peut entraîner.
26. Beyer K, Teuber SS. Food allergy diagnostics: scientifi c and unproven procedures. Curr Opin Allergy Clin Immunol. 2005 Jun;5(3):261-6. Review.
27. (10) Antico A, Pagani M, Vescovi PP, Bonadonna P, Senna G. Food-specifi c IgG4 lack diagnostic value in adult patients with chronic urticaria and other suspected allergy skin symptoms. Int Arch
. . Allergy
. . .Immunol.
. . . 2011;155(1):52-6.
. . . . . . . . . . . . . . . . . toutes les solutions naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
15
digestion
Les autres approches
qui soulagent
soulager les douleurs, au moins à court terme 32.
L’acupuncture semblerait aussi représenter un
traitement complémentaire efficace33.
En plus des techniques de gestion du stress
certains aliments ou substances peuvent apporter un soulagement durable au SII.
Le psyllium
s a n t é n at u r e i n n o vat i o n
Le rôle du stress
« C’est dans la tête ! » Après avoir fait culpabiliser les malades pendant de nombreuses
années, la médecine officielle reconnaît enfin
aujourd’hui que le syndrome du côlon irritable
n’est pas une maladie psychologique car ni la
psychothérapie, ni les thérapies cognitives 28 ni les médicaments antidépresseurs 29 ou anxiolytiques ne sont capables de la guérir.
Néanmoins, le microbiote intestinal est en interaction directe avec le cerveau grâce à ses 200
millions de neurones qui lui envoient en permanence des données. On comprend dès lors
comment le stress peut déclencher un orage
neurologique expliquant en partie l’apparition
ou l’entretien des symptômes, d’autant que la
maladie est en elle-même une source de stress
non négligeable.
L’hypnose 30 ou la méditation de pleine
conscience 31 sont reconnues comme des outils
thérapeutiques valides et simples permettant
de rééquilibrer le système nerveux et d’atténuer les symptômes gênants. D’autres techniques antistress peuvent aider de la même
manière : cohérence cardiaque, relaxation, qi
gong, etc. Sans oublier le sport !
Le recours à l’ostéopathie est un traitement encore mal documenté mais qui, au cours de petites
études, montre des résultats encourageants pour
16
Chapitre 2 - Le côlon irritable
Dans le SII, les graines de psyllium (ispaghul)
ont montré leur efficacité. Les cosses de ces
graines sont constituées de 20 à 30 % de fibres
solubles capables de retenir l’eau. Ces mucilages soulagent la diarrhée (en ralentissant le
transit des aliments) mais aussi la constipation
(en ramollissant les selles). Les doses habituelles sont de l’ordre de 5 à 30g par jour 34.
Le psyllium ne semble pas diminuer les douleurs. On trouve du psyllium sous diverses
formes galéniques, en pharmacie ou ailleurs. Il
faut les ingérer avec beaucoup d’eau. Il y a des
contre-indications.
A noter que le son de blé ne semble pas efficace.
L’huile essentielle de menthe
L’huile essentielle de menthe (Mentha piperita)
a un effet anti-spasmodique sur les muscles
du tube digestif. Elle a été évaluée avec succès
dans au moins deux études contrôlées contre
placebo chez des personnes souffrant de SII.
Qu’il s’agisse de ballonnements, diarrhée,
constipation, douleurs, de nombreux symptômes ont été améliorés. Il s’agissait de capsules gastro-résistantes. Les doses utilisées
étaient respectivement de 225 mg deux fois
par jour et 187 mg trois fois par jour. L’huile essentielle de menthe est approuvée dans le SII
de l’enfant aux États-Unis, mais il peut y avoir
des effets indésirables (brûlures d’estomac).
28. Kennedy T, Jones R, Darnley S, Seed P, Wessely S, Chalder T. Cognitive behaviour therapy in addition to antispasmodic treatment for irritable bowel syndrome in primary care: randomised
controlled trial. BMJ. 2005 Aug 20;331(7514):435.
29. Vahedi H, Merat S, Rashidioon A, Ghoddoosi A, Malekzadeh R. The effect of fluoxetine in patients with pain and constipation-predominant irritable bowel syndrome: a double-blind randomized-controlled study. Aliment Pharmacol Ther. 2005 Sep 1;22(5):381-5.
30. Wilson S, Maddison T, Roberts L, Greenfield S, Singh S. Systematic review: the effectiveness of hypnotherapy in the management of irritable bowel syndrome. Aliment Pharmacol Ther 2006;24:769-780.
31. Zernicke KA, Campbell TS, Blustein PK, et al. Mindfulness-Based Stress Reduction for the Treatment of Irritable Bowel Syndrome Symptoms: A Randomized Wait-list Controlled Trial. Int J Behav
Med. May 23 2012
32. Hundscheid, H. W.C. (2007). Treatment of irritable bowel syndrome with osteopathy: Results of a randomized controlled pilot study. Journal of Gastroenterology and Hepatology, Vol. 22, Issue 9,
Septembre, p. 1394–1398.
33. Macpherson H, Tilbrook H, Bland MJ, Bloor K, Brabyn S, Cox H, Kang’ombe AR, Man MS, Stuardi T, Torgerson D, Watt I, Whorwell P. Acupuncture for irritable bowel syndrome: primary care based
pragmatic randomised controlled trial. BMC Gastroenterol. 2012 Oct 24;12(1):150.
34. (11) Bijkerk CJ, de Wit NJ, Muris JW, Whorwell PJ, Knottnerus JA, Hoes AW. Soluble or insoluble fi bre in irritable bowel syndrome in primary care? Randomised placebo controlled trial. BMJ. 2009
. . Aug
. .27;339:b3154.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . toutes les solutions naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
digestion
Chapitre 2 - Le côlon irritable
A notre connaissance, le curcuma naturel n’a
pas été évalué (seulement l’extrait), mais rien
ne vous empêche de faire l’essai chez vous, en
l’incorporant à vos plats.
Ces bactéries sont potentiellement intéressantes dans les colites, les diarrhées dues aux
antibiotiques, les maladies intestinales inflammatoires et le SII. On pense que les probiotiques ont un effet bénéfique sur la muqueuse
intestinale parce que ces bactéries s’opposeraient à la croissance et la prolifération de
bactéries pathogènes, qu’elles renforceraient
l’intégrité de la barrière intestinale et qu’elles
stimuleraient l’immunité. Malheureusement,
on manque encore d’études scientifiques de
bonne qualité, et surtout indépendantes des
industriels (comme l’industrie laitière). En plus,
il existe des dizaines de souches différentes, et
très peu ont été correctement testées, sans
parler des doses hautement variables.
L’artichaut
Les résultats des études sur les probiotiques et
le SII sont prometteurs mais pas
Le curcuma
Le curcuma (Curcuma longa) est utilisé traditionnellement pour les indigestions, les douleurs abdominales, les flatulences. Une étude
sur 207 personnes souffrant d’IBS rapporte
une amélioration après 8 semaines d’un régime alimentaire enrichi en extrait standardisé de curcuma. Deux doses étaient testées : 72
et 144 mg/j. Les auteurs de l’étude n’ont pas
constaté de bénéfice supplémentaire avec les
doses les plus élevées 35. L’extrait de feuille d’artichaut (Cynara scolymus) a
montré une certaine efficacité sur des symptômes
SII dans deux études, en particulier pour soulager les douleurs, les crampes, les flatulences, la
constipation. Il ne s’agissait pas d’études contrôlées. Les doses utilisées étaient respectivement
de 320 mg d’extrait 3 fois par jour aux repas,
320 mg par jour et 320 mg 2 fois par jour. 36, 37
Les probiotiques
Les probiotiques sont des micro-organismes
vivants, de « bonnes » bactéries. On en trouve
dans tous les aliments fermentés comme les
yaourts, la choucroute ; on en trouve aussi
sous forme de compléments alimentaires.
complètement convaincants. Les souches les
plus fréquemment employées étaient des lactobacilles, des bifidobactéries et des streptocoques. La souche Bifidobacterium infantis apparaît bénéfique lorsqu’on considère un score
composite de l’ensemble des symptômes,
qu’elle soit donnée seule ou en association
avec d’autres souches. D’une manière générale les bifidobactéries seraient plus intéressantes que les lactobacilles. 38
Dans ces études, les dosages sont vraiment
très variables. Il est également possible de faire
un essai avec les produits du commerce, en visant les souches que nous avons signalées.
Infusion spéciale digestion
Faites infuser dans une tasse d’eau chaude, pendant 10 minutes, 1 cuillère à soupe d’une ou
plusieurs plantes choisies parmi celles-ci :
Menthe feuilles, artichaut feuilles, camomille matricaire fleurs, fenouil graines, gingembre rhizome, mélisse feuilles.
Boire 3 tasses par jour entre les repas ou en fin de repas.
35. Bundy R, Walker AF, Middleton RW, Booth J. Turmeric extract may improve irritable bowel syndrome symptomology in otherwise healthy adults: a pilot study. J Altern Complement Med
2004;10:1015-1018. 36. Walker AF, Middleton RW, Petrowicz O. Artichoke leaf extract reduces symptoms of irritable bowel syndrome in a post-marketing surveillance study. Phytother Res 2001;15:58-61.
37. Bundy R, Walker AF, Middleton RW, et al. Artichoke leaf extract reduces symptoms of irritable bowel syndrome and improves quality of life in otherwise healthy volunteers suff ering from concomitant dyspepsia: a subset analysis. J Altern Complement Med 2004;10:667-669.
.38.. (15)
. .Drossman
. . . DA,
. .Camilleri
. . . M,. Mayer
. . EA,
. .Whitehead
. . . .WE.. AGA
. . technical
. toutes
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
solutions
naturelles
reviewles
on irritable
bowel syndrome.
Gastroenterology 2002;123:2108-2131.
17
digestion
Chapitre 2 - Le côlon irritable
s a n t é n at u r e i n n o vat i o n
Les bienfaits de la… transplantation fécale
18
Il existe un traitement prometteur pour
soigner le SII, qui paraît délicat de prime
abord : la transplantation fécale. Il s’agit de
prélever des matières fécales chez une personne en bonne santé pour les introduire
dans le tube digestif d’un malade. Une fois
en place dans les intestins malades, les bactéries protectrices du donneur prolifèrent et
se multiplient rapidement. Cela permet de
régénérer la flore intestinale (microbiote)
de la personne malade, qui se reconstitue
et reprend le dessus pour éradiquer naturellement les bactéries pathogènes. Les
résultats des essais ont montré une efficacité spectaculaire de la transplantation fécale dans le cas particulier des infections à
39. Els van Nood, Anne Vrieze, Max Nieuwdorp, et al. N Engl J Med 2013; Duodenal Infusion of Donor Feces for Recurrent Clostridium difficile 368:407-415 January 31, 2013DOI:
10.1056/NEJMoa1205037
40. Borody, T.J., et al., Bowel-flora alteration: a potential cure for inflammatory bowel disease
. .and.irritable
. . bowel
. .syndrome?
. . Med
. . J Aust,
. .1989.
. 150(10):
. . p.. 604.
. . . . . . . .
clostridium 39 (une bactérie virulente qui est
la principale cause des diarrhées). Les infections à clostridium sont habituellement traitées par des antibiotiques, mais ils créent
souvent un cercle vicieux : ils chamboulent
le microbiote intestinal, enflamment le côlon
et conduisent à des récidives.
Une petite étude australienne 40 a testé la
transplantation fécale en cas de côlon irritable : la moitié des patients ont montré au
moins une amélioration et certains ont même
guéri. Si ces premiers résultats viennent à être
confirmés par d’autres études, il se pourrait
bien que l’on propose bientôt cette solution.
Les dossiers de Jean-Marc Dupuis et son équipe
Dossier spécial Digestion
Directeur de la publication : Vincent Laarman
Rédaction : Jean-Marc Dupuis
Conseil rédactionnel : Julien Venesson
Mise en page : Isabelle Pillet
Santé Nature Innovation - SNI Éditions SA
Adresse : rue Faucigny 5, 1700 Fribourg – Suisse
Registre journalier No 4835 du 16 octobre 2013
CH-217-3553876-1
Capital : 100.000 CHF

Documents pareils

nutri_digest_1 (2660 ko)

nutri_digest_1 (2660 ko) ingrédients à leur sensibilité digestive. L’apport d’acides gras essentiels étant intéressant, proposez d’ajouter un peu d’huile (colza, olive, sésame) ou des noix, noisettes, amandes… De manière g...

Plus en détail