Clermont-Ferrand, France, le 12 Septembre 2014. Clermont
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Une revue publiée par NecPlus avec le concours de l’Université Paris Descartes Clermont-Ferrand, France, le 12 Septembre 2014. Clermont Ferrand, France, 12th September 2014. A l’attention de Catherine Verniers To Catherine Verniers Chère Catherine Verniers, Par la présente lettre, je confirme que votre texte, intitulé « L’EJSAG, une Echelle de Justification du système Spécifique Au Genre : validation auprès d’une population d’adolescents et d’adultes » (écrit en collaboration avec Delphine Martinot) a été accepté pour publication par notre Comité de Lecture dans L’Année Psychologique. Croyez, chère collègue, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs. Dear Catherine Verniers, I have the pleasure to inform you that your manuscript entitled "L’EJSAG, une Echelle de Justification du système Spécifique Au Genre : validation auprès d’une population d’adolescents et d’adultes " (with Delphine Martinot) has been accepted for publication in L'Année Psychologique. Sincerely, Ludovic FERRAND Directeur scientifique de L’Année Psychologique Editor-in-Chief of L'Année Psychologique Directeur scientifique : Ludovic FERRAND 34, Avenue Carnot – 63037 Clermont-Ferrand, FRANCE Tél : (33-1) 04 73 40 62 87 – Fax : (33-1) 04 73 40 61 14 e-mail : [email protected] L’EJSAG(:(étude(de(validation(( L’EJSAG, une Echelle de Justification du système Spécifique Au Genre : Validation auprès d’une population d’adolescents et d’adultes Catherine Verniers et Delphine Martinot1 Nombre de mots (excl. résumés et annexe): 10 925 1 Note des auteures Catherine Verniers et Delphine Martinot, Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive UMR CNRS 6024, Clermont Université, Université Blaise Pascal, ClermontFerrand, France Cette recherche a bénéficié du financement GENIM – ANR 11 INEG 002 01. Les correspondances relatives à cet article doivent être adressées à Catherine Verniers ou à Delphine Martinot, LAPSCO, 34 avenue Carnot, 63000 Clermont-Ferrand, France. E-mail: [email protected] or Delphine Martinot, E-mail: [email protected], Téléphone: +33 473 406 460; Fax: +33 473 406 482. ( 1( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( Résumé L’objectif de la présente étude est de proposer une échelle de justification du système spécifique au genre en langue française, l’EJSAG, validée auprès d’une population de 662 participants, adolescents et adultes. Dans les études 1 et 2, des analyses factorielles exploratoires puis confirmatoires ont permis de retenir une échelle unifactorielle en huit items. Dans l’étude 3, les validités convergentes et discriminantes de l’EJSAG ont été établies. Des différences de sexe conformes aux résultats régulièrement observés dans la littérature ont également été mises en évidence : les participants présentant des scores moyens plus élevés que les participantes sur cette échelle. Enfin, les alpha de Cronbach sont satisfaisants dans l’ensemble des échantillons. Cet outil est susceptible de contribuer à la compréhension des mécanismes sous-tendant le maintien des inégalités de genre chez les adolescents et les adultes, et de faciliter l’étude de la justification du système de genre d’un point de vue développemental. Mots clés : échelle, justification du système, genre. ( 2( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( Abstract The aim of the present research is to provide a French version of the gender specific justification scale (EJSAG) validated among adolescents and adults. A total of 662 participants, adolescents and adults, took part in three studies intended to validate EJSAG. In Studies 1 and 2, exploratory and confirmatory factor analyses led to retain an 8-items unifactorial scale. In Study 3, the convergent/discriminant validity test for EJSAG was satisfactory. Moreover, as in previous research, results highlighted significant mean differences between participants as a function of their gender: the male participants’ mean scores on EJSAG were higher than the females’ ones. Finally, Cronbach’s alpha indicated good internal reliability across all samples. EJSAG is likely to contribute to a better understanding of the mechanisms underlying the perpetuation of gender inequalities among adolescents and adults, and to facilitate the study of the gender system justification from a developmental perspective. Keywords : scale, system justification, gender, adolescents, adults. ( 3( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( L’EJSAG, une Echelle de Justification du système Spécifique Au Genre : Validation auprès d’une population d’adolescents et d’adultes 1- La justification du système Depuis la première présentation de la théorie de la justification du système par Jost et Banaji (1994) et la formalisation de ses principes fondamentaux (Jost & Hunyady, 2002), la popularité de cette perspective dans le champ de la psychologie sociale ne s'est pas démentie (e.g., Jost, Kay, & Thorisdottir, 2009). La justification du système consiste à défendre, soutenir, et justifier les structures sociales, économiques et politiques telles qu’elles sont (Jost, Banaji, & Nosek, 2004). Les recherches dans ce domaine ont contribué à accroître notre connaissance des causes (Jost et al., 2004; Jost & Hunyady, 2002; Kay et al., 2009; Laurin, Shepherd, & Kay, 2010) et des conséquences (e.g., Jost & Burgess, 2000; Jost et al., 2012; Kay, Jost, & Young, 2005) de la motivation à la justification du système. Plus spécifiquement, les auteurs ont mis en évidence un lien entre la tendance à la justification du système et certaines caractéristiques dispositionnelles parmi lesquelles l’orientation à la dominance sociale, le conservatisme politique ou encore l’adhésion à l’idéologie méritocratique (e.g., Jost & Hunyady, 2002, 2005). De nombreuses recherches ont également souligné le rôle des variables contextuelles dans l’augmentation de la motivation à la justification du système. Elles ont mis en évidence, en particulier, que l’exposition à des situations d’injustice ou d’inégalité réduisait la perception de justice du système et, par conséquent, augmentait la motivation, consciente et inconsciente, à restaurer la croyance en un système juste (e.g., Hafer, 2000; Jost & Burgess, 2000; Kay & Jost, 2003; Kay et al., 2009). Les auteurs se sont initialement intéressés aux conséquences de la motivation à la justification du système en termes de régulations psychologiques et ont suggéré que ( 4( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( le favoritisme pro-exogroupe, la stigmatisation des victimes d’agression, ou encore la rationalisation des écarts de statuts entre les groupes par le biais des stéréotypes pouvaient être attribués, au moins en partie, à la motivation à la justification du système (Jost et al., 2004). De tels effets ont été mis en évidence dans des groupes naturels tels que les minorités ethniques et les femmes (Ashburn-Nardo & Johnson, 2008; Jost & Kay, 2005; Major et al., 2002; O’Brien & Major, 2005; Ståhl, Eek, & Kazemi, 2010), mais aussi dans des groupes artificiels dont le statut a été expérimentalement dégradé (Haines & Jost, 2000; Jost & Burgess, 2000). Très récemment, quelques auteurs ont étudié les possibles conséquences comportementales de la motivation à justifier le système (Becker & Wright, 2011; Jost et al., 2012). Jost et ses collaborateurs (Jost et al., 2012) ont ainsi montré, en milieu naturel, que la motivation à justifier le système était reliée négativement aux intentions de protestations collectives dirigées contre les politiques inéquitables. Dans le cadre spécifique des inégalités de genre, la justification du système est définie de la façon suivante : lorsque le système de genre ayant cours est perçu équitable, légitime, et justifié (Kay & Jost, 2003). Les principales recherches sur la justification du système spécifique au genre ont été conduites dans le but d’explorer la fonction justificatrice des stéréotypes de genre et idéologies sexistes. Parmi ces idéologies sexistes et légitimatrices se trouve le sexisme bienveillant (e.g., Rudman & Glick, 2008; Sibley, Overall, & Duckitt, 2007; Silván-Ferrero & López, 2007) qui consiste à percevoir les femmes de manière positive mais stéréotypée (Glick & Fiske, 1996). Jost et Kay (2005) ont pu montrer que la simple exposition au sexisme bienveillant, ou à des traits stéréotypiquement féminins (e.g., prévenante, chaleureuse), conduisaient les femmes à davantage soutenir le statu quo social. D’autres études ont complété ces résultats en indiquant que l’adhésion aux stéréotypes de genre, de même que l’auto- ( 5( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( stéréotypie, renforçaient la justification du système chez les femmes exposées à une situation d’inégalité défavorable à leur propre groupe de genre (Laurin, Kay, & Shepherd, 2011) et réciproquement, que la motivation à justifier le système conduisait les femmes à se décrire de manière conforme au stéréotype (McCoy & Major, 2007). Récemment, Becker et Wright (2011) ont montré que les femmes justifiant fortement le système spécifique au genre étaient également moins enclines à agir collectivement pour améliorer le statut de leur propre groupe de genre. Cependant, relativement peu d’études se sont intéressées à la justification du système d’un point de vue développemental (Baron & Banaji, 2009 pour une revue ; Henry & Saul, 2006) et plus rares encore sont les recherches portant sur la justification du système spécifique au genre chez les adolescents (Silván-Ferrero & López, 2007). L’objectif de la présente étude est de contribuer au développement de ce domaine de recherche en fournissant un outil de mesure de la justification du système spécifique au genre validé auprès d’une population adolescente. Une telle mesure est en effet indispensable à l’étude précoce, c’est-à-dire auprès de jeunes filles et de jeunes garçons, des processus psychologiques et sociaux permettant une légitimation de la hiérarchie entre les hommes et les femmes, aux dépens même des intérêts personnels et groupaux du groupe dominé (e.g., Jost & Hunyady, 2002). En dépit de nombreuses améliorations dans leur réussite académique et professionnelle, les femmes demeurent en effet dans une position de dominées par rapport aux hommes comme en témoignent les inégalités salariales, leur sous-représentation dans les postes de pouvoir, la répartition inéquitable des tâches domestiques ou encore la violence conjugale (Haut Conseil à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes (HCEFH), 2013). 2- La justification du système est présente chez les adolescents ( 6( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( Plusieurs études ont fourni des preuves d’une tendance à la justification du système social en général chez les enfants dès l’âge de cinq ans, sur des mesures implicites comme explicites (Baron & Banaji, 2009). Baron et ses collaborateurs (Baron, Shusterman, Bordeaux, & Banaji, 2004, cités dans Baron & Banaji, 2009) ont par exemple exploré le biais de favoritisme pro-endogroupe chez de jeunes afro-américains de cinq à 12 ans. Les résultats ont mis en évidence chez ces enfants et jeunes adolescents une absence de préférence pour l’endogroupe, suggérant une internalisation précoce de la hiérarchie entre les groupes ethniques. De la même façon, dans l’un des pays les plus pauvres au monde, la Bolivie, Henry et Saul (2006) ont évalué l’adhésion aux croyances justifiant le système social chez des adolescents de 10 à 15 ans, en mesurant les attitudes envers l’action du gouvernement (e.g., « Les individus en charge de notre pays le gouvernent de manière satisfaisante »). Les résultats ont mis en évidence que les adolescents indigènes, les pauvres parmi les pauvres comparés aux adolescents métisses ou hispaniques, soutenaient l’action du gouvernement plus que leurs pairs issus de groupes de statut moins désavantagés. L’ensemble de ces résultats suggère que les enfants et adolescents issus de minorités de faible statut social non seulement internalisent le statut désavantagé de leur endogroupe, mais de surcroît adhèrent aux croyances justifiant le statu quo, croyances qui contribuent à maintenir une hiérarchie sociale qui leur est défavorable. Des résultats comparables ont été mis en évidence en France, dans une étude menée auprès d’adolescents et de jeunes adultes. Elcheroth et Spini (2007) ont en effet constaté que les jeunes d’origine sociale modeste, ancrés dans un contexte marqué par l’exclusion sociale, justifiaient davantage le système en place, et notamment le système économique, que les jeunes issus de groupes privilégiés. En dehors de ces quelques études sur la justification du système social diffus et du ( 7( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( système économique, à notre connaissance, aucune recherche n’a directement exploré l’existence, sur une population adolescente, d’une justification des inégalités entre les femmes et les hommes. Aussi l’objectif principal de la présente étude est-il de faciliter le développement des recherches sur la justification du système spécifique au genre auprès des adolescents francophones, en proposant une mesure de la justification de ce système adaptée à cette population spécifique. 3- Une probable justification du système de genre chez les adolescents Il est étonnant de constater qu’aucune étude n’a examiné l’existence chez les adolescents d’une justification des inégalités entre les femmes et les hommes. Pourtant, nombre d’éléments suggèrent que les adolescents pourraient être motivés à justifier le système de genre. En effet, les adolescents sont conscients des inégalités de genre (Neff, Cooper, & Woodruff, 2007; Spears Brown & Bigler, 2004), et la connaissance d’une inégalité entre les groupes et/ou les individus, parce qu’elle menace la croyance selon laquelle le système est équitable, favorise la manifestation de la motivation à la justification (e.g., Hafer, 2000; Jost & Hunyady, 2002; Kay et al., 2009, 2005). Neff et ses collègues (2007) ont étudié le développement de la perception des inégalités de genre auprès d’enfants et d’adolescents américains âgés de 7 à 15 ans. Ils ont observé en premier lieu une augmentation linéaire de la perception des inégalités de genre, dans le sens d’une connaissance accrue de la domination masculine. De plus, les auteurs ont mis en évidence des variations dans la perception des inégalités de genre en fonction des domaines pris en compte, les adolescents percevant les domaines de la politique et du travail plus inégalitaires que celui du foyer. Les auteurs en ont conclu que la perception des inégalités de genre était dépendante des inégalités manifestes. Le corollaire de cette observation est que les adolescents américains devraient percevoir ( 8( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( plus ou moins d’inégalités selon le contexte géographique et social dans lequel ils évoluent, ces contextes étant eux-mêmes caractérisés par des relations de genre plus ou moins égalitaires (Neff et al., 2007). Par conséquent, peut-on s’attendre à cette même prise de conscience des inégalités de genre chez les jeunes Français et Françaises ? En France, si les droits des femmes ont progressivement évolué depuis quelques décennies (Centre National d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles CNIDFF, 2013), il n’en demeure pas moins que les femmes restent désavantagées dans les sphères publiques autant que privées. Ainsi par exemple, dans la sphère professionnelle, les femmes sont sous-représentées dans les postes de direction et leurs salaires restent globalement inférieurs à ceux des hommes (Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE), 2011) ; dans la sphère politique, le taux de participation et la visibilité des femmes demeurent plus faibles que celui des hommes (HCEFH, 2013) ; dans la sphère familiale enfin, les femmes participent plus aux tâches domestiques, et sont plus fréquemment victimes de violences au sein du couple que les hommes (HCEFH, 2013). De plus, les inégalités entre femmes et hommes font régulièrement l’objet de campagnes de communication nationales et les notions de sexisme et d’inégalités de genre sont inscrites au socle commun des compétences en fin d’école primaire (Ministère de l’Education Nationale (MEN), 2013). Dés lors, et en accord avec les travaux de Neff et ses collègues (2007), les adolescents français doivent avoir connaissance de ces disparités persistantes entre femmes et hommes. Par ailleurs, si la théorie de la justification du système postule l’existence d’une motivation fondamentale à justifier le système (Jost et al., 2004), cette motivation est accrue dans des contextes d’inégalités manifestes. En effet, la perception d’inégalités entre les groupes est propre à menacer la légitimité et l’équité du système. La théorie de la justification du système postule qu’une telle menace accroît la motivation à défendre ( 9( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( le statu quo (Kay et al., 2005). Par conséquent, si les adolescents français ont conscience des inégalités de genre à l’œuvre dans notre société, alors il est probable qu’ils et elles soient également motivés à justifier ces inégalités. Un autre argument en faveur de la présence d’une justification du système de genre chez les adolescents provient du fait que ces derniers adhèrent à des croyances reliées au sexisme bienveillant, considéré comme une idéologie légitimatrice (Rudman & Glick, 2008; Sarlet & Dardenne, 2012; Sibley et al., 2007; Silván-Ferrero & López, 2007). Enfin, les adolescents ont tendance à justifier les inégalités entre groupes, même au détriment de leur propre groupe comme l’ont montré Henry et Saul (2006) chez les adolescents boliviens ou Elcheroth et Spini (2007) en France. Malgré ces fortes présomptions, des preuves directes de la justification des inégalités de genre par les adolescents font défaut. Pourtant, de telles connaissances s’avèrent cruciales dans une perspective d’amélioration du statut des femmes. En effet, les adolescents et jeunes adultes sont confrontés à des choix qui, au-delà de leurs conséquences strictement personnelles, ont nécessairement des implications au niveau social. Les orientations scolaires des filles, par exemple, peuvent être considérées comme problématiques dès lors que les filles restent sous-représentées dans les filières d’études les plus prestigieuses, contribuant ainsi au maintien du faible statut des femmes (Meece, Glienke, & Burg, 2006) en dépit de plusieurs décennies de progrès constant en terme de réussite académique (e.g., Eurydice, 2010 ; OCDE, 2011). Par conséquent, étudier la justification du système spécifique au genre à la fois comme cause et comme conséquence des attitudes et comportements des adolescents est une étape décisive « pour comprendre les suppositions et croyances sous-jacentes qui [les] conduisent à répondre d’une façon qui perpétue, plutôt qu’elle ne rectifie, les inégalités qu’ils observent » (Olson, Dweck, Spelke, & Banaji, 2011, p. 284). ( 10( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( 4- Adapter la mesure de justification du système spécifique au genre pour des adolescents français Jost et Kay, dans leur étude de 2005 qui fait dorénavant référence, ont fourni des preuves directes de la fonction justificatrice des stéréotypes de genre, au moyen d’une échelle de justification du système ciblant spécifiquement les inégalités entre les femmes et les hommes. Il s’agit d’une échelle en huit items issus d’une adaptation d’items précédemment développés pour mesurer la justification du système social en général (i.e., échelle de justification du système diffus) (Kay & Jost, 2003). L’échelle de justification du système de genre est destinée à mesurer à quel point les individus défendent, soutiennent et justifient l’état actuel des relations entre les hommes et les femmes, et la division des rôles de genre. Toutefois, un premier problème est lié au fait que cette échelle de justification du système spécifique au genre (Jost & Kay, 2005) n’a fait l’objet d’aucune procédure de validation comme nous la proposons dans la présente recherche. De plus, dans cette échelle, un certain nombre des items proposés présentent des limites dans l’optique d’une utilisation auprès d’un public jeune d’une part, et d’une culture européenne d’autre part, interdisant de ce fait une simple traduction des items originaux. En effet, la version originale de l’échelle de justification du système spécifique au genre inclut des items inversés et, comme l’ont souligné plusieurs recherches (e.g., Marsh, 1986, 1996; Swain, Weathers, & Niedrich, 2008; Wong, Rindfleisch, & Burroughs, 2003), les items ordinaires et les items inversés ne mesurent pas nécessairement les mêmes construits sous-jacents. Ce problème est particulièrement prononcé quand les items inversés sont utilisés auprès d’enfants (Marsh, 1986), mais a également été mis en évidence auprès des lycéens et étudiants à l’université (Marsh, 1996). Qui plus est, l’utilisation d’items inversés peut conduire à des erreurs systématiques de mesure, conséquences de réponses incorrectes ou confuses, une limite ( 11( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( qui peut passer inaperçue en raison de son faible impact sur les indices de consistance interne (Hughes, 2009). Par conséquent, conformément aux recommandations de Marsh (1996), nous avons fait le choix de ne pas utiliser d’items inversés dans la présente étude. Une autre difficulté réside dans la pertinence de certains items pour des participants non américains. En particulier, la proposition selon laquelle « La France [Les Etats-Unis] est pour les femmes, le meilleur pays du monde où vivre » implique une comparaison entre nations, allant même jusqu’à suggérer un certain patriotisme. Or, il apparaît que la signification d’une telle proposition peut différer assez largement entre des participants américains et des participants européens dans la mesure où le patriotisme reste une valeur moins prépondérante dans les pays européens comparés aux Etats-Unis. Ainsi, selon le Programme International d’Enquêtes Sociales (Smith & Kim, 2006) mené dans 33 pays, alors que les Etats-Unis dominent le classement sur la dimension de la fierté nationale, le premier pays européen – le Danemark – apparaît seulement à la 11e place, tandis que la France n’atteint que la 26e place. Cet exemple pose la question de la pertinence des items de l’échelle originale pour des populations non-américaines. Becker et Wright (2011) ont été confrontés à ce même problème dans une recherche menée en Allemagne. Dans leur étude sur les conséquences des idéologies sexistes sur la participation à des actions collectives, les auteurs se sont vus contraints de n’utiliser que quatre des huit items de l’échelle de justification du système spécifique au genre, et ce, parce que les scores concernant la moitié des items originaux présentaient une fiabilité insuffisante avec des participants allemands. Ainsi, Becker et Wright (2011) ont écarté les items suivants : « Les rôles de genre doivent être radicalement restructurés », « L’Allemagne [Les Etats-Unis] est pour les femmes, le meilleur pays du monde où vivre », « La plupart des politiques touchant au genre et à la ( 12( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( division du travail servent l’intérêt général », « Le sexisme dans la société empire chaque année ». Dans la présente recherche, nous nous sommes efforcées de répondre à ces limites, afin de proposer un instrument de mesure de la justification du système spécifique au genre à la fois adapté à une population d’adolescents, d’adultes, et au contexte français. 5- Enjeu d’une échelle de justification du système spécifique au genre adaptée de l’adolescence à l’âge adulte Au niveau intra-individuel, une échelle de justification du système spécifique au genre aura pour intérêt de permettre l’étude du niveau de justification en fonction de variables individuelles (e.g., adhésion à des croyances justificatrices) et contextuelles (e.g., saillance des inégalités) pour prédire à plus ou moins long terme les attitudes et les comportements à l’égard des femmes et des hommes ou pour examiner son rôle dans la formulation des choix de carrière. Au niveau sociétal, cette échelle faciliterait l’étude des déterminants précoces du maintien des inégalités sociales, mais aussi l’évaluation des effets sur la justification du système à court et à long terme des programmes d’éducation à l’égalité entre les filles et les garçons prônés par le Ministère de l’Education Nationale. Pour répondre à ces enjeux scientifiques, une perspective développementale adossée à des études longitudinales permettrait d’accroître la connaissance des conséquences à long terme, d’une part, d’une justification précoce du système, et d’autre part, des actions menées pour favoriser l’égalité entre les genres. Dans cette optique, l’échelle envisagée doit permettre la mesure de la justification du système spécifique au genre de manière fiable à la fois chez les adolescents et chez les adultes. Elle permettrait dès lors d’examiner les différences de scores de justification spécifique au genre en fonction de l’âge des participants. Considérant que la ( 13( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( connaissance des inégalités de genre s’accentue au cours du développement (Neff et al., 2007), et que l’exposition aux inégalités accroît la motivation à justifier le statu quo (Kay et al., 2005) nous pouvons faire l’hypothèse d’une accentuation de la justification du système avec l’âge. Trois études ont dès lors été réalisées, incluant des adolescents et des adultes et impliquant un total de 662 participants. La première étude avait pour objectif la construction de l’échelle de justification du système spécifique au genre, la deuxième étude était destinée à en déterminer la structure factorielle, enfin la troisième étude a permis d’en examiner les propriétés métrologiques. 6- Étude 1 : Construction de l’échelle de justification du système spécifique au genre 6.1- Participants Pour cette première étude consacrée à la construction de l’échelle, nous avons choisi un échantillon d’élèves de 3e. En effet, dans une perspective de compréhension des liens entre la justification du système et les attitudes et comportements des adolescents, il semble pertinent de se focaliser sur cette étape charnière que constitue la dernière année de collège, puisque les filles et garçons sont amenés à formuler des choix d’orientation, choix qui potentiellement peuvent contribuer à maintenir les inégalités de genre. Cet échantillon (Échantillon adolescent 1) est composé de 190 adolescents (94 filles et 96 garçons), l’âge moyen des participants est de 14.17 ans (écart-type = .52) (cf. Tableau 1). Ces participants ont été recrutés dans deux collèges publics (que nous nommerons collège A et collège B) situés dans l’aire urbaine d’une capitale régionale. Ces collèges sont considérés comme favorisés ou plutôt favorisés (Beaurenaut, 2011). Le consentement parental a été obtenu pour tous les participants qui ont, de surcroît, ( 14( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( participé volontairement à l’étude. Tableau 1 Caractéristiques des échantillons adolescents et adultes Characteristics of adolescents’ and adults’ samples Échantillon adolescents 1 (étude 1) Collège Échantillon Échantillon Échantillon adolescents 2 adultes 1 adultes 2 (étude 2) (étude 2) (étude 3) A B C D - - 91 99 77 95 - - Féminin 44 50 36 42 70 188 Masculin 47 49 40 52 12 29 Effectif Sexe Âge Mesures complétées 14.17 14.4 19.01 20.28 (ET = .52) (ET = .79) (ET = 1.2) (ET = 1.98) - 17 items de 17 items de 17 items de - 8 items de construction de construction construction l’EJSAG l’EJSAG de l’EJSAG de l’EJSAG - Croyance en - Croyance en un monde un monde juste juste - Équilibre et - Sexisme complémentarité ambivalent 6.2- Mesures Le but dans cette première étude est d’établir le contenu de l’échelle. En raison des limites mentionnées précédemment, nous avons fait le choix de ne pas traduire ( 15( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( strictement l’échelle de Jost et Kay (2005), mais plutôt de reformuler certains des items originaux et d’en générer de nouveaux. Concernant les items issus de l’échelle de Jost et Kay (2005), nous nous sommes référées à la littérature pour écarter les items inversés et les items ayant démontré une fiabilité insuffisante dans des études européennes (Becker & Wright, 2011 ; Marsh, 1996). Nous avons conservé quatre items de l’échelle originale mais en les reformulant pour faciliter leur compréhension par des élèves de troisième. Ces items, qui se réfèrent aux sphères publique et privée, sont les suivants : « Dans notre société, les hommes et les femmes sont traités de manière équitable », « Un homme et une femme peuvent devenir riches et heureux autant l’un que l’autre », « En général, notre société permet autant aux hommes qu’aux femmes d’avoir ce qu’ils méritent », « Dans une famille, il y a beaucoup de choses à faire. En général, l’homme et la femme font ces choses autant l’un que l’autre ». Ces items ont été complétés par trois items apparentés mais formulés différemment, toujours dans le but d’en maximiser la compréhension par les adolescents (« Les hommes et les femmes partent avec les mêmes chances dans la vie », « Un homme et une femme se complètent bien car chacun a ses propres qualités », « Dans une famille, l’homme et la femme ont chacun leur rôle »). Nous avons également choisi d’intégrer des items faisant explicitement référence à la justification du système de genre dans la sphère professionnelle. Dans l’échelle originale, un seul item fait référence au marché du travail (i.e., « La plupart des politiques touchant au genre et à la division du travail servent l’intérêt général »), alors que les inégalités de genre sont tout particulièrement prégnantes dans ce domaine (HCEFH, 2013) et sont donc à même de contribuer fortement aux jugements quant à l’équité du système de genre. D’ailleurs, les chercheurs manipulent régulièrement des contextes d’inégalités professionnelles entre femmes et hommes pour en étudier les effets sur le niveau de justification du système (e.g., Jost & Kay, 2005; McCoy & Major, ( 16( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( 2007). Par conséquent, nous avons choisi d’intégrer les cinq items suivants à notre construction d’échelle : « Le monde professionnel donne les mêmes chances aux femmes qu’aux hommes », « Les femmes et les hommes ont des personalités différentes, donc leurs carrières sont différentes », « En travaillant dur, les hommes et les femmes obtiennent autant ce qu’ils veulent », « En général, les salaires des hommes et des femmes correspondent à leurs compétences », « Au travail, les hommes et les femmes ont les mêmes chances de devenir chef ». Enfin, nous avons également choisi d’ajouter plusieurs items relatifs aux relations de genre, et plus spécifiquement au sexisme. Ce choix se justifie par l’importance des travaux ayant théorisé le sexisme comme une idéologie justificatrice, et ayant utilisé les mesures de sexisme comme des indicateurs de justification (e.g., Becker & Wright, 2011; Calogero & Jost, 2011; Glick & Fiske, 1996; Sarlet & Dardenne, 2012; Sibley et al., 2007; Ståhl et al., 2010). Nous avons généré plus spécifiquement des items relatifs au déni du sexisme, pour correspondre au mieux à la signification de l’item original formulé par Jost et Kay (2005) (i.e., « Le sexisme dans la société empire chaque année », item inversé). Ainsi, nous avons introduit les cinq items suivants : « Les vrais cas de harcèlement sexuel sont rares », « Les femmes peuvent éviter de subir des comportements machos si elles le veulent », « Les femmes exagèrent quand elles se plaignent du comportement que certains hommes ont envers elles », « Si les femmes et les hommes restent à leur place, alors la société est plus harmonieuse », « Les gens exagèrent quand ils disent que notre société donne plus de pouvoir aux hommes qu’aux femmes ». En plus des 17 items destinés à la construction de l’échelle de justification du système de genre, les participants ont complété l’échelle de croyance en un monde juste (Dalbert, 1999) et l’échelle d’équilibre et complémentarité (Kay & Jost, 2003), ces mesures étant destinées, dans l’étude 3, à tester les validités convergente et ( 17( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( discriminante de l’outil. L’ordre de présentation des mesures a été contrebalancé entre les participants. 6.3- Procédure Les données ont été recueillies lors de passations collectives d’une durée approximative de 30 minutes. Pour les trois mesures, les participants devaient indiquer leur degré d’accord ou de désaccord avec chacun des items, sur des échelles de type Likert en 7 points allant de 1 (Je ne suis pas du tout d’accord) à 7 (Je suis tout à fait d’accord). Avant chaque passation, les participants étaient assurés de l’anonymat de leurs réponses. 6.4- Résultats Une analyse factorielle avec rotation oblique (SPSS 20) a été conduite sur les 17 items initiaux complétés par les participants. Un examen préalable de la distribution des variables ayant mis en évidence une déviation à la normale notable pour tous les items, nous avons choisi d’utiliser la méthode d’extraction des moindres carrés non pondérés, méthode qui ne fait pas de postulat sur la distribution des variables observées (Flora, LaBrish, & Chalmers, 2012). Un facteur fort et quatre facteurs plus faibles avec une valeur propre supérieure à 1 ont émergé des analyses. Trois des cinq facteurs ne faisant pas sens d’un point de vue théorique, une solution retenant uniquement deux facteurs a été examinée (cf. Tableau 2). Le premier facteur (valeur propre = 4.46) rendait compte de 26.22% de la variance et était composé de 8 items relevant de la perception d’égalité entre femmes et hommes dans la société, le milieu professionnel et la sphère privée. Le second facteur (valeur propre = 1.59) rendait compte de 9.33% de la variance et les quatre items le composant reflétaient exclusivement le déni du sexisme. La corrélation entre les deux facteurs retenus est de .45. ( 18( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( Tableau 2 Coefficients de saturation de l'analyse factorielle exploratoire avec rotation Oblimin Factor loadings of the exploratory factor analysis with Oblimin rotation Item Coefficient de saturation Facteur 1 1. Les hommes et les femmes partent avec les mêmes Facteur 2 .72 chances dans la vie. 2. En général, notre société permet autant aux hommes .69 qu’aux femmes d’avoir ce qu’ils méritent. 3. Au travail, les hommes et les femmes ont les mêmes .59 chances de devenir chef. 4. En travaillant dur, les hommes et les femmes obtiennent .52 autant ce qu’ils veulent. 5. Dans une famille, il y a beaucoup de choses à faire. En .52 général, l’homme et la femme font ces choses autant l’un que l’autre. 6. Un homme et une femme peuvent devenir riches et .52 heureux autant l’un que l’autre. 7. En général, les salaires des hommes et des femmes .50 correspondent à leurs compétences. 8. Le monde professionnel donne les mêmes chances aux .48 femmes qu’aux hommes. 9. Les vrais cas de harcèlement sexuel .62 sont rares. 10. Les femmes exagèrent quand elles se plaignent du ( .56 19( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( comportement que certains hommes ont envers elles. 11. Si les femmes et les hommes restent à leur place, .48 alors la société est plus harmonieuse. 12. Les gens exagèrent quand ils disent que notre société .47 donne plus de pouvoir aux hommes qu’aux femmes. Note. Seuls les coefficients de saturation supérieurs à .45 sont indiqués dans le tableau. Note. Only the factor loadings greater than .45 are indicated. 6.5- Discussion La structure factorielle mise en évidence par cette analyse se distingue de la structure de l’échelle proposée (mais non analysée) par Jost et Kay (2005). En effet, tandis que les items mesurant le déni du sexisme émergent comme facteur à part entière dans notre analyse, l’échelle originale inclut un item spécifiquement relié à cette croyance (i.e., « le sexisme dans la société empire chaque année », item inversé), suggérant que le déni du sexisme n’est pas indépendant des autres croyances soutenant la justification du système à l’égard des hommes et des femmes. Cependant, les résultats de la présente étude sont consistants avec d’autres travaux utilisant le déni du sexisme comme indicateur spécifique et indépendant de la justification du système (e.g., McCoy & Major, 2007; Son Hing et al., 2011; Ståhl et al., 2010). Afin de prendre en compte ces résultats apparemment contradictoires, et ainsi de tester si le déni du sexisme doit être considéré comme partie intégrante de l’échelle de justification du système de genre ou comme un indicateur indépendant, nous avons examiné dans l’étude suivante l’adéquation aux données de chaque alternative : une structure unifactorielle, incluant uniquement les items relatifs à la perception de l’égalité entre les femmes et les hommes, et une structure à deux facteurs, combinant les items relatifs à la perception de l’égalité du système de genre sur le premier facteur, et les items relevant ( 20( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( du déni du sexisme sur le deuxième facteur. 7- Étude 2 : Validation et contre-validation de la structure factorielle de l’échelle Cette deuxième étude destinée à valider la structure factorielle de l’échelle donne l’opportunité, à l’aide d’analyses factorielles confirmatoires (AFC), de comparer la pertinence d’une mesure unifactorielle de la justification du système de genre basée sur la perception de l’égalité entre les femmes et les hommes, et celle d’une mesure bifactorielle y associant des items relevant du déni du sexisme. De plus, conformément à notre objectif de validation d’un outil à visée développementale, nous avons conduit cette étude auprès de participants adolescents et adultes. 7.1- Participants L’échantillon d’adolescents (Échantillon adolescents 2) est composé de 172 élèves de 3e (78 filles et 92 garçons, deux participants n’ont pas précisé leur sexe), l’âge moyen des participants est de 14.4 ans (écart-type = .79) (cf. Tableau 1). Afin de diversifier nos populations d’étude, ces participants ont été recrutés dans deux collèges (C et D) différents de ceux de l’étude 1 mais toujours situés dans l’aire urbaine de la même capitale régionale. Le collège C est un établissement considéré comme favorisé alors que le collège D est pour sa part un établissement dit défavorisé. A ce titre, il est inclus dans un dispositif « Ambition Réussite », destiné à lutter contre les inégalités sociales et économiques dans les établissements du secondaire. Le consentement parental a été obtenu pour tous les participants qui ont, de surcroît, participé volontairement à l’étude. L’échantillon d’adultes (Échantillon adultes 1) est composé de 82 étudiants de psychologie (70 femmes et 12 hommes, âge moyen = 19.01, écart-type = 1.2) (cf. Tableau 1). Les étudiants, tous volontaires, ont reçu des heures expérimentales en échange de leur participation. ( 21( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( 7.2- Mesure et procédure Les participants des deux groupes d’âge ont tous répondu aux 17 items de départ de l’échelle de justification du système de genre, à l’aide d’échelles de type Likert en 7 points, allant de 1 (Je ne suis pas du tout d’accord) à 7 (Je suis tout à fait d’accord). Le recueil des données a eu lieu pour les élèves de 3e dans leur classe habituelle, au cours de passations collectives d’une durée approximative de 20 minutes. Le recueil des données a eu lieu pour les étudiants au cours de passations individuelles d’une durée de 15 minutes environ. Avant chaque passation, les participants étaient assurés de l’anonymat de leurs réponses. 7.3- Résultats Nous avons conduit les premières AFC (R 2.15.2) sur l’échantillon d’adolescents. L’ajustement aux données de chaque modèle (i.e., unifactorielle vs bifactorielle) a été estimé à l’aide des indices chi carré de Satorra-Bentler (S-B X) : CFI (Comparative Fit Index) et TLI (Tucker-Lewis Index), pour lesquels une valeur supérieure à .90 indique un ajustement acceptable et une valeur supérieure à .95 un ajustement excellent (Hu & Bentler, 1999; Marsh, Hau, & Wen, 2004); SRMR (Standardized Root Mean square Residual), pour lequel une valeur de .08 ou moins est recommandée et RMSEA (Root Mean Square Error of Approximation) assorti de son intervalle de confiance, pour lequel la valeur la plus faible doit inclure ou être proche de zéro et la valeur la plus élevée doit être inférieure à .08 (Kenny, 2012). Comme décrit précédemment, la distribution des variables s’écarte notablement d’une distribution normale, par conséquent nous avons utilisé une correction de Satorra-Bentler comme recommandé dans la littérature (Hu & Bentler, 1999; Powell, Stern, Krohn, & Ardoin, 2011; Satorra & Bentler, 1994). L’examen des indices indique que les deux modèles diffèrent sensiblement dans leur ajustement aux données (cf., Tableau 3, échantillon ( 22( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( adolescents 2). Plus précisément, le modèle incluant uniquement les items relatifs à la perception d’égalité entre femmes et hommes rend compte des données de manière légèrement plus satisfaisante que le modèle incluant ces mêmes items et les items de déni du sexisme. En complément des AFC obtenues sur l’échantillon composé d’adolescents, deux AFC ont également été conduites sur l’échantillon composé d’étudiants (cf. Tableau 3, échantillon adultes 1). Cette fois encore, les résultats mettent en évidence des indices d’ajustement un peu plus satisfaisants pour le modèle unifactoriel que pour le modèle bi-factoriel. L’examen du test chi-carré de différence entre les deux modèles (Tableau 3) confirme la supériorité du modèle unifactoriel sur le modèle bi-factoriel. Tableau 3 Indices d'ajustement des modèles d'analyses factorielles confirmatoires Goodness of fit of confirmatory factor analyses Échantillon adolescent 2 Échantillon adulte 1 Modèle à un Modèle à deux Modèle à un Modèle à deux facteur facteurs facteur facteurs 25.64 68.88 28.12 86.79 ddl 20 53 20 53 CFI .955 .927 .977 .926 TLI .938 .909 .968 .908 SRMR .047 .057 .048 .073 .041 (.000, .080) .042 (.000, .067) .070 (.000, .125) .088 (.054, .120) S-B χ2 RMSEAa ∆ S-B χ2 ∆ S-B χ2(33) = 43.24, p = .10 ∆ S-B χ2(33) = 58.67, p < .005 Note. a intervalle de confiance de 90% autour de RMSEA. Note. a 90% confidence interval around the RMSEA. ( 23( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( 7.4- Discussion Les recherches antérieures qui se sont intéressées à la justification du système spécifique au genre ont adopté différentes pratiques concernant les outils de mesure. Plus précisément, tandis que certains auteurs ont utilisé dans une même échelle à la fois des items mesurant les croyances en l’égalité entre les femmes et les hommes et des items mesurant le déni du sexisme (Jost & Kay, 2005), d’autres auteurs ont utilisé le déni du sexisme comme une mesure à part entière (Becker & Wright, 2011; Sarlet & Dardenne, 2012). Les résultats de la présente étude semblent appuyer cette dernière approche. Par ailleurs, conformément à notre objectif de double-validation auprès d’une population adolescente et d’une population adulte, nous avons comparé les modèles unifactoriel et bi-factoriel sur deux échantillons indépendants composé l’un d’élèves de 3e, et l’autre d’étudiants. Les résultats confirment qu’une solution unifactorielle est satisfaisante dans les deux échantillons. Par conséquent, nous avons retenu les huit items relatifs à la perception d’égalité entre femmes et hommes comme base de l’Echelle de Justification du système Spécifique Au Genre dont l’acronyme est : EJSAG (cf. Annexe). Dans une troisième et dernière étude, nous avons examiné les qualités métrologiques de cet outil. 8- Étude 3 : Examen des qualités métrologiques de l’EJSAG Les deux études conduites précédemment ont permis de construire une échelle de justification du système spécifique au genre, et de la valider auprès d’adolescents et d’adultes. L’objectif de la présente étude est de déterminer les qualités métrologiques de cette échelle. Pour cela, nous avons procédé à l’examen de ses validités convergentes et divergentes. Puis, nous avons examiné la fiabilité des scores de l’échelle sur chaque échantillon indépendant, enfin nous avons procédé à des comparaisons de moyennes ( 24( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( selon le sexe et l’âge des participants. En premier lieu, nous présentons les résultats des analyses de validités convergentes et divergentes de l’EJSAG. Nous avons pour cela examiné les relations entre l’échelle EJSAG d’une part, et des outils mesurant des concepts théoriquement liés à la justification du système d’autre part. Dans cette étude, nous nous sommes une nouvelle fois attachées à conduire nos analyses sur des populations adolescente et adulte. 8.1- Participants Nous avons utilisé pour cette étude les données recueillies auprès des adolescents de l’échantillon 1 ayant participé à l’étude 1 de construction de l’échelle. En effet, pour rappel, les participants à l’étude 1 ont complété lors de la même passation les items de justification du système, ainsi que les échelles de croyance en un monde juste, et d’équilibre et complémentarité. A cet échantillon de 190 élèves de 3e déjà présenté dans le cadre de l’étude 1 (Échantillon adolescents 1) (cf. Tableau 1), nous avons ajouté un nouvel échantillon d’adultes (Échantillon adultes 2). Ainsi, nous avons recruté 218 étudiants de psychologie (188 femmes et 29 hommes, un participant n’a pas précisé son sexe, âge moyen = 20.28, écart-type = 1.98) en échange de crédits expérimentaux (cf. Tableau 1). 8.2- Mesures 8.2.1- La croyance en un monde juste La croyance en un monde juste, qui suggère que « les individus ont besoin de croire qu’ils vivent dans un monde où les gens ont généralement ce qu’ils méritent » (Lerner & Miller, 1978) a été qualifiée d’idéologie justificatrice (Jost & Hunyady, 2005). Elle a ainsi été utilisée comme mesure dispositionnelle de justification du système (Jost & Burgess, 2000). Bien que corrélées, la croyance en un monde juste et la justification du système se distinguent sur le plan de la motivation sous-jacente. En effet, ( 25( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( si la croyance en un monde juste est liée au besoin de contrôle, la justification du système elle, résulte d’une motivation à défendre les structures sociales, économiques et politiques telles qu’elles sont (Jost & Hunyady, 2002). Kay et Jost (2003) ont établi la validité convergente et discriminante de l’échelle originale de justification du système diffus en utilisant une mesure de croyance en un monde juste. Leurs analyses ont confirmé une corrélation positive et significative entre les scores de ces deux échelles (r = .67). Dans la lignée de ces résultats, nous attendions une corrélation positive et significative entre les scores de croyance en un monde juste et les scores de justification du système spécifique au genre. L’échelle de croyance générale en un monde juste (Dalbert, 1999) que nous avons traduite en français est composée de six items (e.g., « Je pense que les gens essaient d’être justes lorsqu’ils prennent des décisions importantes »). L’intérêt de cette échelle est d’avoir déjà été utilisée dans une étude auprès d’adolescents européens (Correia & Dalbert, 2007). La fiabilité des scores de l’échelle traduite est proche de celle de la version originale (alpha de Cronbach = .69 dans l’échantillon composé d’adolescents et alpha de Cronbach = .72 dans l’échantillon composé d’adultes, pour des alpha de Cronbach allant de .65 à .78 dans l’étude de validation de Dalbert, 1999). 8.2.2- L’équilibre et la complémentarité dans le monde social Kay et Jost (2003) ont développé un ensemble d’items destinés à mesurer « le besoin d’équilibre et de complémentarité dans le monde social » et ont utilisé ces items pour évaluer la validité convergente et discriminante de l’échelle originale de justification du système diffus. Contrairement à l’échelle de justification du système, cette mesure ne concerne pas un système, mais se veut plus générale. Ainsi, elle inclut des items tels que « Si quelqu’un vient de vivre plusieurs mauvaises expériences à la suite, il y a des chances pour que de bonnes choses lui arrivent bientôt » ou encore « Je ( 26( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( pense que tout finit toujours par s’arranger ». Les auteurs ont mis en évidence une corrélation positive et significative entre les scores sur l’échelle d’équilibre et complémentarité et les scores de justification du système diffus (r = .37). L’échelle d’équilibre et complémentarité inclut neuf items dont trois sont inversés. En raison des limites associées à l’utilisation de tels items, notamment chez les jeunes répondants (Hughes, 2009 ; Marsh, 1986, 1996), seuls les six items formulés positivement ont été retenus et traduits en français (e.g., « La plupart des gens ont à la fois des qualités et des défauts »). Si la fiabilité des scores de notre échelle traduite est modeste (alpha de Cronbach = .57 dans l’échantillon adolescent), elle est comparable à la fiabilité des scores de l’échelle originale telle que rapportée par ses auteurs (alpha de Cronbach = .56, Kay & Jost, 2003). Nous avons fait l’hypothèse d’une corrélation positive et significative entre les scores d’équilibre et complémentarité et les scores de justification du système spécifique au genre. 8.2.3- Le sexisme bienveillant Le sexisme bienveillant a été défini comme « un ensemble d’attitudes à l’encontre des femmes, attitudes qui sont sexistes en ce qu’elles voient les femmes de manière stéréotypée (...) mais qui, d’un point de vue subjectif, ont une tonalité positive» (Glick & Fiske, 1996). Ce dernier aspect donne au sexisme bienveillant ses propriétés justificatrices (e.g., Becker & Wright, 2011; Calogero & Jost, 2011; Sarlet & Dardenne, 2012; Sibley et al., 2007). Par exemple, Becker et Wright (2011) ont montré que l’exposition au sexisme bienveillant était liée à une augmentation de la justification du système spécifique au genre, ce qui en retour réduit l’intention de s’engager dans des actions collectives. Par conséquent, nous attendions une corrélation positive et significative entre les scores de sexisme bienveillant et les scores de justification du système spécifique au genre. Nous avons utilisé la sous-échelle de sexisme bienveillant ( 27( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( issue de la version française de l’Ambivalent Sexism Inventory (Dardenne, Delacollette, Grégoire, & Lecocq, 2006) uniquement auprès de l’échantillon 2 d’adultes. Cette souséchelle de sexisme bienveillant est composée de 11 items (e.g., « Tout homme devrait avoir une femme qu’il adore », alpha de Cronbach = .87 dans l’échantillon adulte). 8.3- Procédure Les collégiens ont complété les mesures de croyance en un monde juste et d’équilibre et complémentarité, avec les 17 items ayant servi à l’étude de construction de l’échelle de justification du système spécifique au genre. Les étudiants ont complété les mesures de croyance en un monde juste et de sexisme ambivalent, avec les 8 items de l’EJSAG. Pour toutes les mesures, les participants devaient indiquer leur degré d’accord ou de désaccord avec chacun des items, sur des échelles de type Likert en 7 points allant de 1 (Je ne suis pas du tout d’accord) à 7 (Je suis tout à fait d’accord). L’ordre des mesures a été contrebalancé entre les participants. Le recueil des données s’est déroulé lors de passations collectives, d’une durée approximative de 30 minutes, dans les salles habituelles de classe (pour les collégiens) et de travaux dirigés (pour les étudiants). Après avoir reçu les consignes orales, les participants ont été assurés de l’anonymat de leurs réponses. 8.4- Résultats 8.4.1-Validités convergente et discriminante Les moyennes et écarts-types sur les quatre mesures sont présentés dans le tableau 4. Tableau 4 Moyennes et écarts-types sur les quatre mesures utilisées dans l’étude 3, en fonction de l’âge et du sexe des participants, et de l’établissement d’origine des adolescents ( 28( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( Means and standard deviations on the four measures used in Study 3, as a function of participants’ age and sex, and adolescents’ school EJSAG CMJ EC SB Féminin 2.87 (1.0)a 2.99 (.82)a 3.61 (1.11)a Masculin 3.41 (1.24)b 3.03 (1.08)a 3.76 (1.21)a Féminin 4.61 (1.12)c 3.82 (1.04)b 4.23 (.94)a Masculin 4.91 (1.07)d 3.68 (1.06)b 4.7 (.77)b A 4.55 (1.17)1 3.7 (1.13)1 4.42 (.79)1 B 4.49 (1.18)1 3.79 (.98)1 4.5 (.97)1 C 4.87 (.99)12 D 5.18 (.92)2 Adultes Adolescents Collège Notes. EJSAG = Echelle de Justification du Système spécifique Au Genre. CMJ = Croyance en un Monde Juste. EC = Equilibre et Complémentarité. SB = Sexisme Bienveillant. Dans les colonnes, les moyennes pour les catégories « Adultes » et « Adolescents » avec des indices différents (a, b, c et d) diffèrent au seuil p < .05. Les moyennes pour la catégorie « Collège » avec des exposants différents (1 et 2) diffèrent au seuil p < .05. Notes. EJSAG = Gender specific system justification scale. CMJ = Belief in a just world. EC = Balance and complementarity. SB = Benevolent sexism. Within columns, means for the category « Adultes » and « Adolescents » with different subscripts (a, b, c and d) differ significantly at p < .05 level. Within columns, means for the category « College ( 29( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( (secondary school) » with different superscripts (1 and 2) differ significantly at p < .05 level.( Les analyses de corrélation qui suivent visent à tester les validités convergente et discriminante de l’EJSAG. Les analyses de corrélations bivariées sur l’échantillon d’adolescents indiquent que les scores sur l’EJSAG sont corrélés significativement et positivement aux scores d’équilibre et complémentarité d’une part, r(190) = .37, p < .001, et aux scores de croyance en un monde juste d’autre part, r(190) = .41, p < .001. En termes de corrélations partielles, les scores sur l’EJSAG restent significativement corrélés aux scores d’équilibre et complémentarité, après contrôle des scores sur la croyance en un monde juste, r(187) = .23, p < .005, ainsi qu’aux scores de croyance en un monde juste après contrôle des scores d’équilibre et complémentarité, r(187) = .30, p < .001. Enfin, la corrélation bivariée entre les scores de croyance en un monde juste d’une part, et d’équilibre et complémentarité d’autre part, reste significative après contrôle des scores sur l’EJSAG, r(187) = .35, p < .001 (cf. Tableau 5). Comme attendu, ces résultats indiquent que l’EJSAG est reliée à d’autres outils de mesure des idéologies légitimatrices, sans pour autant être un outil redondant. Les analyses suivantes visent à tester les validités convergente et discriminante de l’EJSAG en intégrant cette fois une mesure d’idéologie spécifique au genre (i.e., le sexisme bienveillant) en complément des mesures d’idéologies légitimatrices générales utilisées avec l’échantillon d’adolescents. Les corrélations bivariées conduites sur l’échantillon composé de participants adultes indiquent que les scores à l’EJSAG sont corrélés modestement mais significativement au sexisme bienveillant d’une part, r(218) = .19, p < .005, et un peu plus fortement à la croyance en un monde juste, r(218) = .33, p < .001. En terme de corrélations partielles, la relation entre l’EJSAG et la croyance en un monde juste reste significative en contrôlant les scores de sexisme bienveillant, ( 30( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( r(215) = .30, p < .001, et la relation entre l’EJSAG et le sexisme bienveillant reste positive, bien que de manière tendancielle, en contrôlant les scores de croyance en un monde juste, r(215) = .13, p = .06. Enfin, la corrélation entre croyance en un monde juste et sexisme bienveillant reste significative, quoique modeste, en contrôlant les scores sur l’EJSAG, r(215) = .17, p < .05 (cf. Tableau 5). Tableau 5 Corrélations entre l’EJSAG et d’autres idéologies justificatrices Correlations between EJSAG and other justifying ideologies Échantillons Croyance en un monde juste Équilibre et complémentarité Adolescents 1 Adultes 2 (N = 190) (N = 218) .41*** .33*** (.30***) (.30***) .37*** (.23**) Sexisme bienveillant .19** (.13t) Note. Dans chaque colonne, les premiers coefficients sont les coefficients de corrélations bivariées. Les coefficients entre parenthèses sont les coefficients de corrélations partielles. Note. Within each column, the first coefficients are the coefficients for the bivariate correlations. Coefficients in brackets are coefficients for the partial correlations. *** p < .001 ; ** p < .01, t p < .1. 8.4.2- Fiabilité Les analyses de fiabilité conduites sur les huit items retenus pour l’EJSAG indiquent une fiabilité des scores raisonnable dans les quatre échantillons étudiés (cf. ( 31( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( Tableau 6), avec des alpha de Cronbach s’échelonnant de .65 chez les adolescents à .90 chez les adultes (alpha de Cronbach de la version originale = .65 ; Jost & Kay, 2005). Tableau 6 Indice de fiabilité des scores de l’EJSAG dans les quatre échantillons EJSAG reliabilities across the four samples Alpha de Échantillon Échantillon Échantillon Échantillon adolescents 1 adolescents 2 adultes 1 adultes 2 (N = 190) (N = 172) (N = 82) (N = 218) .80 .65 .90 .81 Cronbach 8.4.3- Comparaisons de moyennes L’objectif dans cette dernière phase de l’étude est de tester si l’EJSAG permet de mettre en évidence les différences de genre attestées par la littérature, et ce, en utilisant la méthode des groupes contrastés. Il s’agit d’une procédure appliquée dans le cadre de l'évaluation de la validité de construit d'un outil (Becker, 1999). Ainsi, un instrument valide est supposé mettre en évidence les différences entre deux groupes de participants pour lesquels on attend des scores distincts (Trochim, 2006). Concernant la justification du système, les études ont régulièrement souligné le fait que les hommes ont tendance à adhérer aux idéologies de légitimation plus que les femmes (e.g., Glick et al., 2000; Jost & Kay, 2005; Laurin et al., 2011; Napier, Thorisdottir, & Jost, 2010; Ståhl et al., 2010). Ce résultat peut sembler inattendu considérant que les membres des groupes désavantagés sont, selon la théorie de la justification du système, les plus motivés à justifier et maintenir le système en place (e.g., Henry & Saul, 2006; Jost, Pelham, Sheldon, & Sullivan, 2003). Comment expliquer dès lors que les femmes, en ( 32( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( tant que membres d’un groupe de faible statut, n’obtiennent pas des scores au moins aussi élevés que ceux des hommes sur les mesures de justification du système spécifiques au genre ? Jost et Kay (2005) avancent, à titre d’hypothèse explicative, que les femmes pourraient être plus ambivalentes que les hommes envers le statu quo. En effet, il a été démontré que dans un contexte inégalitaire, les femmes, comparées aux hommes, avaient tendance à montrer des attitudes à la fois favorables et défavorables, envers le système et envers les membres de leur propre groupe (Jost & Burgess, 2000). Cette ambivalence s’explique par le fait que les femmes doivent concilier deux motivations antagonistes dans ce contexte : la motivation à justifier le groupe, c’est-àdire préserver une image favorable de l’endogroupe, et la motivation à justifier le système, c’est-à-dire maintenir l’image d’un statu quo légitime. Les hommes, en tant que membres d’un groupe dominant, ne rencontrent pas un tel conflit motivationnel et sont par conséquent moins ambivalents envers un système qui leur est favorable (Jost, Burgess, & Mosso, 2001). Dans la lignée de ces travaux, nous avons fait l'hypothèse que les scores des participantes sur l'EJSAG seraient inférieurs aux scores des participants. Par ailleurs, comme évoqué en introduction, nous avons souhaité explorer les différences de scores sur l’EJSAG en fonction de l’âge des participants pour tester l’hypothèse selon laquelle les adultes, plus exposés aux inégalités de genre et, par conséquent, plus motivés à défendre le statu quo, devraient davantage justifier le système que les adolescents. Afin de tester ces hypothèses, nous avons groupé les quatre échantillons de participants ayant complété les items de l’échelle de justification du système spécifique au genre au cours des trois études (i.e., étude 1 : échantillon adolescents 1, étude 2 : échantillon adolescents 2 et échantillon adultes 1, étude 3 : échantillon adultes 2) et ( 33( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( soumis les données ainsi obtenues à une analyse de variance (ANOVA) 2 (sexe du participant : féminin vs masculin) X 5 (groupes : adolescents « collège A », adolescents « collège B », adolescents « collège C », adolescents « collège D », adultes). Ce plan expérimental permet de tester les hypothèses tout en contrôlant l’effet de l’établissement d’origine des adolescents. Les analyses mettent en évidence un effet principal du sexe des participants sur le score de justification du système spécifique au genre, F(1, 649) = 11.58, p < .005, η2p = .02. Comme attendu, les participants de sexe masculin ont justifié le système spécifique au genre (M = 4.64, ET = 1.24) plus que les participantes (M = 3.56, ET = 1.36). Par ailleurs, les analyses indiquent un effet principal du groupe statistiquement significatif, F(4, 649) = 66.02, p < .001, η2p = .29. Afin de tester notre hypothèse d’une différence de scores selon l’âge des participants, nous avons testé, au moyen d’un contraste (-1 -1 -1 -1 4), la différence entre la moyenne des scores obtenus par les adolescents et la moyenne des scores obtenus par les adultes sur l’échelle EJSAG. Contrairement à notre hypothèse, ce contraste révèle que la moyenne des scores des participants adultes (M = 3.14) est inférieure à la moyenne des scores des participants adolescents (M = 4.77), t(649) = -6.52, p < .001. Nous avons de plus contrôlé l’effet de l’établissement d’origine des adolescents à l’aide des trois contrastes restants. Le contraste testant la tendance linéaire (-3 -1 1 3 0) s’avère statistiquement significatif, t(649) = 2.23, p < .001, tandis que les contrastes quadratique (-1 1 -1 1 0) et cubique (1 3 3 -1 0) n’atteignent pas la significativité (tous les p > .10). Ces trois contrastes, pris dans leur ensemble, indiquent que les moyennes des scores des adolescents suivent une tendance linéaire. Afin d’explorer plus spécifiquement les différences de moyennes entre les établissements scolaires, des comparaisons par paires (avec correction de Bonferroni) ont été réalisées. Les résultats indiquent que seule la moyenne des ( 34( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( participants issus du collège D, reconnu comme défavorisé et inclus dans un programme spécifique de lutte contre les inégalités sociales et économiques dans les établissements du secondaire, (M = 5.18) diffère significativement des moyennes des participants des collèges A (M = 4.55, t(649) = 4.08, p < .001) et B (M = 4.49), t(649) = 4.53, p < .001) plus favorisés. Aucune autre comparaison n’atteint le seuil de significativité (tous les p > .10) (cf. Tableau 4). Enfin, l’effet d’interaction entre le sexe et le groupe n’est pas statistiquement significatif (F < 1). 8.5- Discussion Cette troisième et dernière étude avait pour objectif de tester la capacité de l’EJSAG à mettre en évidence les différences de genre attestées par la littérature, par la méthode des groupes contrastés. Comme attendu, les résultats indiquent que les scores des participantes sont significativement inférieurs à ceux des participants. La taille de cet effet est modeste, mais demeure conforme aux tailles d’effet rapportées précédemment (e.g., η2p = . 08 et η2p = .03 dans l’étude de Jost & Kay, 2005). Une hypothèse explicative de la faible différence observée entre les scores des femmes et des hommes sur les mesures de justification du système réside dans la possible ambivalence des femmes à l’égard du système de genre (Jost & Burgess, 2000). En effet, comme mentionné précédemment les femmes, plus que les hommes, ont des attitudes à la fois négatives et positives à l’égard d’un système qui les dessert. Par conséquent, les différences de scores, modestes mais constantes, entre les participantes et les participants pourraient refléter l’ambivalence des femmes plus qu’une attitude simplement défavorable envers le système. Des études complémentaires sont nécessaires pour tester cette éventualité. En revanche, contrairement à notre hypothèse, les scores de justification des participants adultes sont inférieurs aux scores des participants adolescents. Un effet de socialisation lié aux études menées par les ( 35( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( participants adultes pourrait expliquer cet résultat inattendu. En effet, nos échantillons d’adultes sont composés exclusivement d’étudiants et d’étudiantes en psychologie. Des travaux antérieurs ont mis en évidence une réduction des idéologies anti-égalitaires chez les étudiants poursuivant des études en sciences sociales, et en psychologie en particulier (Dambrun, Kamiejski, Haddadi, & Duarte, 2009). Dès lors, nous ne pouvons exclure la possibilité que les faibles scores de justification du système de genre obtenus auprès des adultes soient spécifiques à notre échantillon. Les recherches futures devront s’efforcer de répliquer ce résultat avec des échantillons plus variés. Par exemple, on peut s’attendre à des scores de justification du système plus élevés chez des étudiants en commerce ou en droit, en raison d’une socialisation favorisant l’adhésion aux idéologies légitimatrices (Guimond, Dambrun, Michinov, & Duarte, 2003; Guimond & Palmer, 1996). Enfin, un effet inattendu de l’établissement d’origine des adolescents sur les scores de justification du système spécifique au genre est apparu. Plus précisément, on observe que la moyenne des scores des élèves du collège D est significativement supérieure à celle de deux autres collèges de l’échantillon. La typologie des établissements peut apporter un élément d’explication à ces résultats. Pour rappel, le collège D est le seul parmi les quatre établissements de notre recherche à être considéré comme défavorisé, et à ce titre à être inscrit dans le dispositif ECLAIR destiné à corriger les effets des inégalités économiques et sociales sur la réussite scolaire. Les études conduites sur la justification du système auprès des adolescents issus de groupes sociaux de bas statut ont mis en évidence une tendance chez ces populations à justifier le système plus encore que les adolescents issus de groupes sociaux plus favorisés (e.g., Henry et Saul, 2006; Elcheroth & Spini, 2007). Bien que ces résultats aient été mis en évidence sur des mesures de justification du système économique et/ou diffus, la ( 36( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( présente étude semble indiquer que les adolescents membres de groupes de faible statut tendent également à justifier le système spécifique au genre plus que les adolescents de statut plus avantagé (ou moins désavantagé). Toutefois, la question de la généralisation de la motivation à la justification de systèmes spécifiques à la motivation à la justification du système diffus mérite d’être explorée dans les recherches futures (Wakslak, Jost, & Bauer, 2011). Finalement, les résultats obtenus dans cette troisième étude, tant auprès des adolescents que des jeunes adultes, sont conformes à ceux mis en évidence dans la littérature. Ils fournissent une preuve directe de la validité et de la sensibilité de l'EJSAG. 9- Discussion générale Comme nous l’avons souligné, en dépit de l’essor qu’ont connu les recherches sur la justification du système depuis une dizaine d’années (e.g., Jost & Burgess, 2000; Jost & Hunyady, 2005; Jost et al., 2012, 2004; Kay et al., 2009, 2005; Laurin et al., 2010), très rares sont celles portant sur la justification du système spécifique au genre chez les adolescents (Silván-Ferrero & López, 2007). L’objectif de la présente étude est de fournir un outil de mesure de la justification du système spécifique au genre validé auprès d’une population adolescente, mais aussi auprès de jeunes adultes, susceptible de permettre aux chercheurs francophones d’étudier, dans une perspective développementale, les processus psychologiques et sociaux légitimateurs de la hiérarchie entre les hommes et les femmes. Les analyses exploratoires et confirmatoires ont permis de retenir une échelle en 8 items, l’EJSAG, dont les scores présentent des indices de fiabilité satisfaisants dans quatre échantillons indépendants. De plus, l’analyse des corrélations bivariées et partielles indiquent que l’EJSAG est corrélée, ( 37( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( modestement mais de manière significative, aux mesures de construits approchants (i.e., sexisme bienveillant, croyance en un monde juste, et équilibre et complémentarité), sans pour autant être redondante. Les analyses additionnelles conduites sur deux populations d’étudiants soulignent la validité de l’outil auprès d’une population adulte. Enfin, les comparaisons de moyennes entre les participants en fonction de leur sexe confirment la validité de l’échelle, et sa capacité à détecter les différences habituellement observées dans la littérature anglo-saxonne entre les hommes et les femmes. La validation de l’EJSAG sur une population adolescente, doublée d’une vérification de la fiabilité de ses scores et de sa validité sur une population adulte, permet d’envisager l’utilisation de cet outil dans le cadre d’études longitudinales et dans une perspective développementale. 10- Limites et perspectives L’EJSAG a été testée et validée auprès d’une population d’élèves de 3e. Ce choix a été motivé par la nécessité de disposer d’outils validés pour les adolescents situés à une étape charnière dans leur parcours d’élève, ceux-ci étant amenés à formuler leurs premiers choix d’orientation, des choix potentiellement stéréotypés et propres à maintenir les inégalités de genre. Par conséquent, les chercheurs qui souhaiteraient étendre l’exploration de la justification du système spécifique au genre aux adolescents plus jeunes devraient au préalable vérifier la bonne compréhension des items auprès de cette population. Cependant, l’absence d’items inversés est d’ores et déjà propre à limiter les difficultés de compréhension chez de plus jeunes participants (moins de 14 ans). Comme mentionné précédemment, les corrélations entre notre échelle et les outils mesurant des construits théoriquement proches sont moyennement fortes, tout en étant significatives, pour les mesures de croyance en un monde juste et d’équilibre et ( 38( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( complémentarité. La corrélation entre notre outil et le sexisme bienveillant est quant à elle faible, bien que significative. Ce résultat peut cependant être rapproché de ceux obtenus par Jost et Kay (2005) qui rapportent des corrélations faibles entre adhésion au stéréotype de genre et justification du système, et en France, de ceux de De Oliveira et Dambrun (2007) qui font aussi état de corrélations faibles entre, d’une part, l’adhésion au sexisme bienveillant et aux stéréotypes de genre positifs à l’égard des femmes et, d’autre part, la justification du système. Dans la lignée de ces auteurs, nous suggérons que ces faibles corrélations entre justification du système et adhésion explicite au sexisme bienveillant peuvent résulter du fait que les croyances justificatrices opèrent plus à un niveau implicite qu’explicite. La justification des inégalités de genre chez les adolescents est un domaine d’étude encore largement inexploré alors même qu’une meilleure connaissance de ce phénomène pourrait s’avérer cruciale pour la compréhension des processus à l’œuvre dans le maintien des inégalités de statut entre femmes et hommes. Ainsi, nous suggérons d’étendre les recherches menées dans le champ de la justification du système des populations adultes aux populations adolescentes, et ce, afin d’étudier la justification du système spécifique au genre comme cause et conséquence des attitudes et comportements des adolescents. Plus spécifiquement, nous avançons l’hypothèse que l’école, de même que la famille, sont des lieux de socialisation susceptibles d’accroître la justification des inégalités de genre chez les adolescents. A l’appui de cette hypothèse, les travaux dans le champ de la justification du système diffus ont mis en évidence d’une part, que l’exposition à des situations d’inégalité contribuait à accroître la motivation à justifier le système (e.g., Hafer, 2000; Jost & Hunyady, 2002; Kay et al., 2009, 2005), d’autre part, que cette motivation était liée à une utilisation accrue des stéréotypes dans la description de soi et d’autrui (e.g., Haines & Jost, 2000; Laurin et al., ( 39( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( 2011; McCoy & Major, 2007), enfin, que cette motivation était liée à l’adoption de comportements contribuant au maintien du statu quo (Becker & Wright, 2011; Jost et al., 2012). Or l’école, tout comme la famille, apparaissent comme autant de lieux de confrontation aux inégalités de genre. Dans le cadre de l’école d’abord, si les filles surpassent les garçons sur de nombreux indicateurs objectifs (e.g., taux de redoublement, nombre de mentions au baccalauréat, accès aux études supérieures, etc.), elles restent paradoxalement sous-représentées dans les filières les plus prestigieuses et les niveaux d’études les plus élevés (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP), 2013). Au sein de la famille ensuite, l’arrivée massive des femmes sur le marché du travail depuis les années 1960 ne s’est pas traduit par une répartition équitable des tâches domestiques au sein du foyer, les chiffres les plus récents indiquant que les femmes assurent encore près de 80% du travail domestique (Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS), 2012). L’exposition quotidienne à ces situations est à même d’augmenter chez les adolescents la motivation à la justification du système. Dans cette optique, l’EJSAG pourrait être un outil utile pour évaluer l’effet de ces expositions systématiques aux inégalités sur le niveau de justification du système de genre. Par ailleurs, et comme mentionné précédemment, la justification du système est liée à l’adoption de comportements susceptibles de renforcer le statu quo. Dès lors, on peut supposer que les choix d’orientation stéréotypés, de même que la participation aux tâches ménagères pourraient découler, au moins en partie, du besoin de rationaliser les écarts de statut entre femmes et hommes. Là encore, l’outil que nous proposons pourrait s’avérer utile pour explorer les liens possibles entre le niveau de justification du système de genre des adolescents et l’adoption de comportements stéréotypés. Enfin, étudier l’impact de ces choix et comportements euxmêmes sur la justification du système spécifique au genre semble être un enjeu ( 40( L’EJSAG(:(étude(de(validation(( prometteur. En effet, si les études ont montré que les personnes se décrivant conformes au stéréotypes de leur groupe de genre justifiaient le système général plus que celles se décrivant de manière contre-stéréotypique (Laurin et al., 2011), aucune étude, à notre connaissance, n’a testé l’effet de l’adoption de comportements stéréotypiques sur la justification du système spécifique au genre. Là encore, l’EJSAG trouverait sa place dans une étude longitudinale sur les effets à long terme des choix d’orientation ou encore de la participations aux tâches domestiques des adolescents sur leur niveau de justification du système. Pour conclure, bien que les travaux sur la justification du système de genre aient trouvé un écho particulier dans les pays anglo-saxons, la France n’est pas pour autant épargnée par la question du maintien des inégalités entre femmes et hommes. En effet, malgré les avancées obtenues par les mouvements féministes dans le cadre des droits civiques ou encore les progrès continus dans les performances académiques des filles et des jeunes femmes, les femmes restent dans une position de dominées par rapport aux hommes sur de nombreuses dimensions (HCEFH, 2013). Comprendre les mécanismes qui sous-tendent la justification du système spécifique au genre et par là même le maintien des inégalités de genre, en particulier chez les adultes en devenir, semble être un enjeu majeur. L’outil développé dans la présente étude est susceptible de contribuer au développement de ce domaine d’investigation auprès de populations francophones. 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En général, les salaires des hommes et des femmes correspondent à leurs compétences. 4. Dans une famille, il y a beaucoup de choses à faire. En général, l’homme et la femme font ces choses autant l’un que l’autre. 5. Au travail, les hommes et les femmes ont les mêmes chances de devenir chef. 6. En travaillant dur, les hommes et les femmes obtiennent autant ce qu’ils veulent. 7. Un homme et une femme peuvent devenir riches et heureux autant l’un que l’autre. 8. Le monde professionnel donne les mêmes chances aux femmes qu’aux hommes. Les participants indiquent leurs réponses sur une échelle en 7 points de type Likert allant de 1 (Je ne suis pas du tout d’accord) à 7 (Je suis tout à fait d’accord). ( 52(