Sommaire Editorial - Observatoire Zététique

Transcription

Sommaire Editorial - Observatoire Zététique
La POZ
La publication de
l’Observatoire Zététique
Février 2007 / Newsletter 020
AGENDA
è Lors de la journée de sensibilisation au phénomène sectaire,
organisée par le Cercle laïque
pour la prévention du sectarisme,
le 3 février, Richard Monvoisin
donnera une conférence intitulée
« Quelques techniques pseudo-scientifiques et pseudomédicales utilisées pour attirer le
chaland »
Samedi 3 février 2007
de 10 h à 17 h à L'URFOL
36, bld de Gaulle 69 000 Caluire
Entrée gratuite
www.actu-sectarisme.com
è Le 5 février, l’antenne lyonnaise de l’Union rationaliste organise une conférence publique
présentée par Frédéric Lequèvre
« L’astrologie : art, science ou
imposture ».
Lundi 5 février 2007 à 18h
Mairie du 3ème arrondissement
215, rue Duguesclin 69003 Lyon
Entrée : 5 euros
è Les 9 et 10 février aura lieu
le colloque annuel de l’Union rationaliste. Ces deux journées de
conférences sur le thème : « Débats scientifiques et choix
de société » se dérouleront au
Collège de France.
Vendredi 9 et samedi 10 février
Amphithéâtre Halbwachs
Collège de France
11, place Berthelot 75005 Paris
www.union-rationaliste.org
Entrée libre
è Le jeudi 22 mars, Jacques
Van Rillaer, invité de l’Observatoire Zététique, parlera des
« Bénéfices et préjudices de
la psychanalyse » lors d’une
conférence publique.
Jeudi 22 mars 2007 à 20h
Faculté de Médecine-Pharmacie
Domaine de la Merci
38000 La Tronche
tram B arrêt : Michallon
Entrée libre
Editorial
C
e vendredi 2 février, la chaîne de
télévision TF1 diffuse un nouveau numéro de son émission
Les 30 histoires les plus mystérieuses,
concept déjà éprouvé en mai dernier
lors d’un opus où figuraient quelques
bribes éparses d’une interview de notre
ami de l’OZ Nicolas Vivant, au sujet du
dernier des trente sujets abordés. Gageons que tous ceux qui, zététiciens,
sceptiques, rationalistes – si toutefois
la production a pensé à demander
leur avis – lui succèderont au soir de
ce vendredi, feront aussi bien pour
apporter aux téléspectateurs un petit
contrepoids d’esprit critique au milieu
du divertissement.
Car c’est bien de divertissement, voire
même de variété dont il s’agit. On ne
retrouverait même pas dans ce programme les oripeaux de l’émission de
débats ou de reportages dont de précédentes émissions aux thèmes similaires – Mystères, L’odyssée de l’étrange
ou bien Normal, paranormal ? – déjà
purs produits commerciaux, avaient
cherché à se revêtir à une époque où
la télé-réalité était encore un genre et
non la télé toute entière. Ici, le show est
parfaitement revendiqué et assumé,
comme en témoigne le choix du duo
Rousseau - Legros pour l’animation.
La place de l’esprit critique et du doute raisonnable dans tout cela ? Même
sans avoir vu le programme, on peut
sans trop de risques supposer qu’elle
sera faible. Audience et méthode zété-
tique font rarement bon ménage en prime time. En témoigne la présentation
faite sur le site de TF1, pour le moins
exagérée, de l’observation d’OVNI
du commandant Duboc, supposée
« correspond(re) à des données radar » alors que cette corrélation est au
mieux « capillotractée », au pire juste
inexistante. Pour rebondir sur l’actualité, au moins nous reste-t-il l’espoir que
l’ouverture des archives ufologiques du
CNES, annoncée comme imminente,
permettra enfin aux amoureux de l’objectivité d’avoir accès à des sources de
première main, que ce soit sur l’affaire
Duboc ou sur d’autres.
En attendant, ceux qui n’espèreront
pas trouver sur les ondes hertziennes
de quoi étancher leur soif d’analyse
critique pourront se consoler avec ce
vingtième numéro de la Newsletter de
l’Observatoire Zététique. Ils auront la
joie de constater que l’activité zététique
intéresse aussi bien le site Hoaxbusters
que la Radio Suisse Romande ou
encore Google News. Comme quoi…
si la zététique n’attire guère l’intérêt
des promoteurs de spectacles, elle a
au moins le mérite de susciter l’intérêt
de ceux qui sont à la recherche d’informations étayées. Rien que pour cette
raison, cela vaut le coup de continuer
dans cette voie.
Eric Déguillaurme,
nouveau président de l’OZ
Sommaire
> Les nouvelles de l'OZ
2
> Les actualités du Paranormal
4
> La leçon de chOZ
7
> Culture et Zététique
8
NL 020 - Février 2007
1
Actualités
Les nouvelles de l'OZ
L’
assemblée Générale
de l’Observatoire
zététique a eu lieu
le 8 janvier 2007 au barrestaurant le Terra Nova,
repaire habituel de nos rendez-vous. Elle a permis à la
trentaine de membres réunis
de faire le bilan de cette troisième année d’existence de
l’OZ avant de procéder au
renouvellement de son conseil d’administration.
Au cours de cette année,
les activités de l’OZ se sont
multipliées et diversifiées :
réunions internes, conférences publiques, formations universitaires, participations à des congrès, publications, investigations de
phénomènes paranormaux,
interviews, développement
de partenariats, etc. Ces activités ont bien sûr toujours
pour objectif de diffuser l’in-
Collaboration
avec l’ADFI
Le 27 janvier, Pierre Aldebert, Sandra Giupponi
et Richard Monvoisin se
sont rendus à Chambéry
pour participer à la réunion régionale Inter-ADFI
(Association de défense
de la famille et de l’Individu). Richard y a présenté son exposé « Introduction à la critique
des pseudo-médecines :
étude du cas des Fleurs
de Bach ». Les collaborations OZ-ADFI devraient
prendre prochainement la
forme d’autres interventions publiques, soulignant la complémentarité
de nos champs d’action.
2
formation sceptique,
promouvoir la démarche zététique et développer l’esprit critique.
Après un bilan d’activités chargé, cette
soirée associative a
été l’occasion d’une
réflexion sur nos objectifs pour 2007. Il
ressort de ces discussions que cette
nouvelle année devrait être axée sur le
travail collaboratif : les
enquêtes de terrain
(investigations et expérimentations) et la
formation interne de
AG de l’Observatoire zététique au Terra Nova.
nos 42 membres.
L’élection du nouveau
Conseil d’Administration a
Jean-Louis Racca (vice-préAldebert
(administrateur),
clos la réunion. Notre nousident), Ardéchir Pakfar (seEric Bévillard (adminstraveau président est Eric
crétaire), Nicolas Touzard
teur) et Géraldine Fabre (adDéguillaume. Il sera accom(trésorier), Florent Martin
minstratrice).
pagné dans sa tâche par :
(trésorier-adjoint), Pierre
G.F.
L'OZ sur HoaxBuster
boratoire, il étudie depuis plusieurs mois
l’impressionnante réaction coca-mentos, dont
les vidéos ne cessent
de circuler sur Internet. Il avait déjà publié
sur notre liste les premières conclusions de
ses expérimentations
(voir notre newsletter
n°16). Cet article est
aujourd’hui référencé
sur le site Hoaxbuster
(www.hoaxbuster.com),
Crédit : Florent Martin
qui répertorie et vérifie
légendes urbaines et
Expérimentation du geyser de cocamentos à la Fête de la Science
canulars électroniques.
Le phénomène a en
ierre Aldebert, tout
effet donné naissance à une
frais administrateur
rumeur se propageant par
de l’OZ, est aussi
mail sous diverses forme :
chimiste et médiateur du
des personnes seraient déCNRS. Du fond de son lacédées après avoir avalé un
P
NL 020 - Février 2007
mentos et bu du coca.
Mais rassurez-vous : même si les effets induits par
l’absorption de ces deux
produits sont plutôt désagréables, ils ne peuvent
causer la mort. Le dégazage
brutal du coca lors de l’introduction de mentos dans
la bouteille peut être reproduit avec d’autres boissons
gazeuses, allégée ou non,
l’aspartam n’ayant aucune
influence. Pierre a évidemment réalisé tous ces tests
et a ainsi pu mettre en évidence que la hauteur vertigineuse du geyser de coca est
avant tout liée à la pression
du gaz carbonique (6 bars).
G.F.
Photo : Florent Martin
Assemblée Générale de l'Observatoire Zététique
Actualités
Mordicus sur Radio Suisse Romande
L
e 16 janvier 2007, Henri
Broch était l’invité de
l’émission Mordicus,
animée
par
Madeleine
Caboche et Sarah Dirren,
diffusée sur la Radio Suisse
Romande. Son thème était :
« Les phénomènes surnaturels sont-ils explicables par
la science ? ».
Lors de cet entretien,
Henri Broch a souligné les
liens entre le laboratoire
zététique de Nice et l’OZ :
« On a des liens très forts
puisqu'on se connaît tous et
on travaille ensemble. L'Observatoire Zététique est une
association qui s'est créée à
l'initiative de physiciens sur
Grenoble en liaison avec
Nice. Richard Monvoisin,
par exemple, qui est un des
fondateurs de l'Observatoire
Zététique à Grenoble est un
doctorant en zététique en
co-tutelle entre Grenoble et
Nice. Donc il y a un travail
constant qui se fait en collaboration. ».
Au cours de l’émission, Sarah Dirren a également interviewé par téléphone Nicolas
Vivant, membre de l’OZ. Celui-ci a rappelé la base de la
démarche zététique : « Face
à tout phénomène dont on
ignore la nature, nous refusons de nous positionner
en terme de croyance. Nous
ne disons jamais « nous n’y
croyons pas » ou « nous y
croyons ». […] On part du
principe que le fait que l’on y
croit ou que l’on n’y croit pas
n’a pas à entrer en compte
dans l’expérience qu’on met
en place. ». En effet, comme
il le précise très clairement,
pour nous, « le positionnement en terme de croyance
est un frein au savoir, un
frein à l’étude sérieuse de
ces phénomènes. »
L'émission, expurgée des
nouvelles et des publicités,
dure un peu plus d’une
heure. Elle est disponible
sur http://zetetique.info.
G.F.
L’OZ : une nouvelle
référence sceptique
Le journal de l’OZ, blog
tenu par Nicolas Vivant et
accessible à l’adresse :
http://zetetique.info, sera
prochainement référencé
dans Google Actualités.
Après le site de l’AFIS,
Association française pour
l’information scientifique,
ce sera donc la deuxième
source sceptique intégrée
à ce moteur de recherche
de news.
ExpOZ traduite en arabe
tranduits en arabe dans le
but de créer des outils communs bilingues.
Une très bonne initiative qui
participera à la vulgarisation
de la méthodologie scientifique.
G.F.
Photo : Florent Martin
Zététique y a animé un
stand en 2004 et 2006 sur
les thèmes de la radiesthésie et du hasard.
Les panneaux de l’exposition « Démarche scientifique » préparée pour la kermesse 2004 viennent d’être
Kermesse de Petits Débrouillards en juin 2006 : Mais
où est le hérisson ?
T
ous les deux ans, l’association Les Petits
Débrouillards (www.l
espetitsdebrouillards-ra.org)
organise une kermesse des
Sciences qui a lieu place
Victor Hugo à Grenoble.
Durant cette journée, les
enfants présentent au public
leurs découvertes et leur
travail de l’année avec les
animateurs des petits débrouillards.
La manifestation est également ouverte à d’autres
partenaires. L’Observatoire
Panneau de l’expostion traduit en arabe
NL 020 - Février 2007
3
Actualités
Les actualités du Paranormal
Archives du GEIPAN en ligne
Nuage ou soucoupe volante ?
A
sa création en 1977,
au sein du CNES
(Centre national d'études spatiales), le GEPAN
(Groupe
d'Etudes
des
Phénomènes Aérospatiaux
Non identifiés) avait pour
mission d’étudier les phénomènes OVNI par la collecte et l’analyse de témoignages d’observations. En
2005, ses objectifs ont été
redéfinis lui ajoutant une
mission d’information sur
ses méthodes de travail et
les résultats de ses enquêtes. Le GEPAN devint alors
GEIPAN, Groupe d'Etudes et d’Information sur les
Phénomènes Aérospatiaux
Non identifiés.
Aujourd’hui, le CNES a annoncé la mise en ligne de archives du GEIPAN, qui com-
portent entre autres les 3000
procès-verbaux enregistrés
auprès des gendarmeries
françaises. Malgré les enquêtes réalisées, environ
15 % des témoignages restent inexpliqués… ce qui ne
veut pas dire inexplicables…
et ne prouve pas l’existence
des extraterrestres ! Les canulars semblent cependant
assez rares. Selon Jacques
Patenet, actuel responsable
du GEIPAN : « Le témoin
d'un tel phénomène est
souvent sincère même s'il
se trompe dans l'évaluation
de ce qu'il a vu ».
Ce n’est pas l’avis de
Jean-Jacques Vélasco, exdirecteur du GEPAN, qui
dans son livre intitulé OVNIS
l'évidence, n’hésitait pas à
affirmer : « Oui, les ovnis
existent. Oui, ils sont d'origine extraterrestre. », alimentant ainsi tous les fantasmes
et toutes les paranoïas.
Cette démarche de transparence est donc aussi de la
part du CNES une manière
de dissiper les rumeurs de
dissimulation d’informations
sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés, auxquelles il est confronté depuis la création du GEPAN.
Les archives du GEIPAN,
témoignages anonymisés et
informations diverses concernant les 1600 incidents
répertoriés au cours des
trois dernières décennies,
devraient être mises en ligne
sur le site du CNES aux mois
de février ou mars prochain.
Mais « Il ne faut pas s'attendre à des scoops », prévient
Jacques Patenet, les cas les
plus étranges ayant déjà fait
l’objet de publication.
G.F.
Prix sceptique du Québec
C
haque année, depuis
1989, les Sceptiques
du Québec - une
association canadienne dont
l’objectif est de promouvoir la
pensée critique et la rigueur
scientifique dans le cadre
de l'étude d'allégations de
nature pseudoscientifique,
religieuse, ésotérique ou paranormale – décerne, après
le vote de ses membres, un
Prix Sceptique et un Prix
Fosse Sceptique.
Attribués à une personne
ou un organisme, le premier récompense l’esprit
critique, le second une crédulité exceptionnelle. Le
palmarès des années précédentes est consultable
sur le site de l’association :
4
ww.sceptiques.qc.ca.
Cette année, le Prix
Sceptique a été attribué au
journaliste Luc Chartrand,
pour son travail d’enquête
sur certaines dérives des
médecines douces, présenté dans les émissions
La Facture et Zone Libre. Le
prix Fosse sceptique a été
décerné au Collège Vanier
pour ses cours sur le paranormal, intégrés dans son
programme de formation
continue.
Signalons également que
les Sceptiques du Québec
organisent chaque année
un concours de prédictions
(date limite de participation :
31 octobre). La lauréate pour
2006 est Sylvie Manseau,
NL 020 - Février 2007
du groupe des sceptiques.
Sa prédiction formulée le 18
août 2006, selon elle grâce
à une bonne imagination,
était « Les scientifiques découvriront quelque chose
de surprenant au sujet des
glaciers de l'Arctique ». Elle
s’est révélée exacte fin décembre, lorsque l’on apprit
qu’une plate-forme de glace
de 66 km2 s'était détachée
de l'île d'Ellesmere, dans
l'Arctique canadien.
Le tableau des prédictions
pour 2006 est consultable
sur le site des Sceptiques
du Québec. Il comporte les
90 prédictions des « sceptiques » et les 42 prédictions
de « devins ». G.F.
Pour le concours de
prédictions des Sceptiques
du Québec, tous les
moyens sont bons...
Actualités
Rapport de la MIVILUDES
L
e 4ème rapport de la
MIVILUDES, Mission
interministérielle de vigilance et de lutte contre les
dérives sectaires, a été rendu
public le 24 janvier 2007. Il
est téléchargeable au format
pdf : www.miviludes.gouv.fr/
IMG/pdf/Rapport_Miviludes_2006.pdf.
Dans ce rapport, la Miviludes pointe les dérives
sectaires qui se développent dans le domaine de la
formation professionnelle :
« La quête de la performance, du bien-être, le déni de
la maladie et l’angoisse que
font naître ces défis pour
l’individu, créent […] sur le
marché de la formation, une
offre croissante et diversifiée de divers concepts et
méthodes empruntant aux
domaines de la santé et de
la psychologie ainsi qu’à celui des sciences de l’éduca-
tion et de la communication.
[…] leur application dévoyée
et exclusive au sein de l’entreprise mais aussi de plus
en plus fréquemment dans
un cadre individuel, s’éloigne des finalités assignées
à la formation continue
pour aboutir à des pratiques
générant des dérives sectaires. » (p. 59-60)
Le marché des formations
professionnelles, étroitement
liées au développement personnel, est en pleine expansion et représenterait près
de 23 milliards d'euros par
an. Les dérives sont inquiétantes, les témoignages ne
manquent, hélas, pas. « Le
détournement des objectifs
de la formation professionnelle […] peut conduire, […],
à des actes ou des pratiques
illicites au regard du code
de la santé en particulier
et à des sanctions pénales
d’autant que le risque de
porter atteinte à l’intégrité
physique et psychique de la
personne est réel. » (p. 61)
Sans établir une liste
exhaustive des thérapies
potentiellement déviantes,
le rapport mentionne également le risque de dérives
sectaires dans le domaine
des psychothérapies comme
l’analyse transactionnelle (p.
145), le rebirth (p. 68) ou la
kinésiologie (p. 260).
La Miviludes estime que
les mouvements sectaires
sont de plus en plus difficiles
à identifier car ils se dissimulent aujourd’hui sous les
apparences
respectables
« de soins, de formation,
d’assistance, de compétences spécifiques, voire, de
spiritualité, bref, de tout ce
qui peut paraître sympathique et honorable. » (p. 289).
G.F.
A Savoir
9 caractéristiques
de la dérive sectaire
3⁄4 La déstabilisation
mentale
3⁄4 Le caractère exorbitant
des exigences financières
3⁄4 La rupture avec
l’environnement d’origine
3⁄4 L’existence d’atteintes à
l’intégrité physique
3⁄4 L’embrigadement des
enfants
3⁄4 Le discours anti-social
3⁄4 Les troubles à l’ordre
public
3⁄4 L’importance des
démêlés judiciaires
3⁄4 Les tentatives d’infiltration
des organisations
En Bref
Légion d'honneur
Certification des sites web médicaux
Mathieu
Cossu,
webmaster
de
www.prevensectes.com et bénévole de
l'UNADFI (Union nationale des associations
de défense de la famille et de l’individu) a
reçu le 19 janvier 2007, la distinction de
Chevalier de la Légion d’Honneur, des mains du Préfet JeanMichel Roulet, président de la MIVILUDES.
La Haute Autorité de Santé française
entreprend une campagne de certification des
sites médicaux « de qualité » pour permettre
aux internautes de faire le tri entre toutes les
informations disponibles sur le net.
Erratum
Dans la newsletter prédécente, j’avais parlé de Jon-Erick Beckjord en
précisant « membre de la Mensa (association de gens très intelligents
qui ont la bêtise de croire que leur QI le prouve). » Si l’utilisation abusive
du statut de membre de la Mensa existe, et si le caractère pseudoscientifique de l’emploi de la notion de QI est souvent manifeste, j’aurais évidemment dû en bon zététicien nuancer, n’ayant pas le privilège de connaître tous les gens de l’association en question. Il faudrait donc en toute
rigueur écrire - et lire désormais - « membre de la Mensa (association
de gens très intelligents dont certains ont la bêtise de croire que leur QI
le prouve). » Honte sur moi et sur ma descendance pour un amalgame
aussi grossier - et merci à la personne modeste et géniale qui m’a pointé
la chose. Qu’une gloire posthume lui soit rendue.
Richard Monvoisin
NL 020 - Février 2007
5
Actualités
Le Bazar du Bizarre
On trouve tout et n'importe quoi sur internet. Morceaux choisis.
La grotte aux cristaux géants
Crédit : Giovani Badino
Dans les cavités confinées d’une grotte à Naica, au Mexique,
des géologues viennent de découvrir de gigantesques cristaux
de gypse translucides. L’humidité
importante de la mine (90%) et sa
température élevée (60°C) pourraient
être à l’origine de ces dépôts de
sulfate de calcium hydraté et donc
de la croissance démesurée de ces
cristaux de gypse qui atteignent les
10 m…Toutes les photos sont là :
www.naica.com.mx/galeria.htm.
Chassez le (sur)naturel...
Uri Geller, le magicien psychokinète
des années 1970, se
cherche un successeur en Israël, par
l’intermédiaire d’un
show télévisé. Près
d'un million de téléspectateurs regardent
chaque semaine les
candidats s'affronter
dans des exercices
de psychokinése ou
de télépathie. Si les tours et astuces ne leur
ont pas échappé, la Société israélienne des
magiciens s’inquiète de l’impact que peut
avoir ce divertissement sur le public. « La Société des magiciens […] espère que le public
a compris […] que les actions réalisées dans
l'émission n'étaient pas le résultat de pouvoirs
surnaturels ». Uri quant à lui laisse planer le
doute… pour faire parler de lui.
Un bus contre la chute des
cheveux
Un fabricant de jouets vient de mettre en vente au Japon le modèle réduit
d’un autobus circulant dans les années
80 dans la petite ville Mashike, sur l’île
de Hokkaïdo. Mashike pouvant signifier
« cheveux qui poussent », le jouet semble avoir beaucoup de succès auprès
des hommes souffrant de calvitie, au
point que le fabricant vient de modifier
son immatriculation en « JE2323 » qui se
prononcerait
en japonais
comme « cheveux broussailleux ».
Diagnostic au pendule
En 2005, accusée d’exercer illégalement la médecine, Mme Ouellet, une guérisseuse homéppathe canadienne avait expliqué devant
le tribunal, qu'elle plaçait un
pendule au-dessus de la
signature manuscrite de ses
patients pour identifier leurs problèmes de santé
tels que la syphilis, la lèpre, le cancer du cerveau
et du sein. Condamnée à verser 48 000 dollars
d’amende, elle vient d’alourdir sa peine à 2 ans et
demi de prison pour avoir refusé de payer.
L’origine extraterrestre des diamants noirs
Les diamants noirs ou carbonados, seraient des cristaux d’origine
extraterrestre. C’est ce que pensent Ozsef Garai et le Stephen Haggerty
de l'université internationale de Floride, convaincus qu’ils ne se sont pas
formés sous les fortes pressions de la croûte terrestre mais dans un milieu
interstellaire riche en hydrogène. Ces diamants seraient donc arrivés sur Terre
sous forme d’astéroïdes de gros diamètre. (Astrophysical Journal Letters , 20
décembre 2006).
6
NL 020 - Février 2007
Actualités
La leçon de ChOZ du Professeur Z
Peut-on aiguiser le rasoir d'Occam sous une pyramide ?
U
n vrai zététicien énervé se reconnaît facilement : soit il vous
fait un zété-kick retourné,
soit il vous dit : « Je vais
te trancher la gorge avec le
Rasoir d’Occam. ».
Ce rasoir, qui ne coupe
que les fils de raisonnement biaisés, est en fait un
principe de raisonnement
dit « de parcimonie », ou
« d’économie », antérieur au
Franciscain Guillaume d’Occam mais énoncé par lui au
14ème siècle.
Ça dit en substance :
Pluralitas non est ponenda
sine necessitate. En moins
nébuleux : Entia non sunt
multiplicanda praeter necessitatem. En moderne : Les
entités ne doivent pas être
multipliées par delà ce qui
est nécessaire et en compréhensible : Pourquoi faire
compliqué quand on peut
faire simple ?
En gros, ce que dit ce rasoir, c’est que lorsqu’il y a
plusieurs hypothèses en
compétition, il vaut mieux
prendre les moins « coûteuses » cognitivement. Je
vous donne le meilleur
exemple que je connaisse,
proféré par le sage Stanislas
Baba Antczak : je mets un
chat et une souris dans une
boîte, je ferme, je secoue, et
j’ouvre : il ne reste plus que
le chat.
Hypothèse 1 : des extraterrestres de la planète Mû ont
voulu désintégrer la souris,
mais elle s’est transformée
en chat. Le chat, de frayeur,
est passé dans une autre dimension par effet Tunnel.
Hypothèse 2 : le chat a
mangé la souris (sans dire
bon appétit, ce qui est mal).
Vous m’accorderez que
l’hypothèse 2 est beaucoup
moins coûteuse intellectuellement que la n°1. Elle ne
postule rien d’autre que la
prédation de la souris par
le chat, qui est au moins
aussi connue que Johnny
Hallyday, tandis que la première postule une planète
Mû, des extraterrestres qui
viennent, qui savent désintégrer un chat ce qui n’est
pas donné à tout le monde,
une souris qui se transforme
en chat, une autre dimension, un chat qui sait y aller
et un effet tunnel pour objet macroscopique. Ca fait
beaucoup. Dans le doute,
on choisira la n°2.
Ce n’est pas autre chose
que ce que Henri Broch s’est
échiné à faire comprendre
avec la facette zététique :
la parcimonie est de règle,
qui mène d’ailleurs assez
rapidement à cette autre facette non moins puissante :
l’alternative est féconde,
qui consiste, devant un phénomène « hors-normes »,
« surnaturel », à se poser
la question : Existe-t-il une
autre explication possible,
une explication « naturelle »
qui - dans les mêmes conditions - donnerait un résultat
identique, avec toutes les
caractéristiques de ce phénomène « surnaturel » ?
L’hypothèse naturelle, moins
coûteuse, est alors préférée
et l’hypothèse surnaturelle,
coûteuse parce que trimballant en elle des entités non
connues, devient superflue.
C’est exactement cela qui
fait dire à H. Broch que les
caractéristiques du linge
de Turin, ou celles de la liquéfaction du liquide de St
Janvier à Naples n’outrepassent pas une explication
« naturelle », au sens de
physico-chimique.
C’est exactement ce qui
fait dire à James Randi que
les réalisations d’Uri Geller
n’ont pas besoin de chercher leur explication dans
un quelconque don « paranormal », puisqu’elles ne
dépassent pas les capacités
d’un prestidigitateur.
C’est exactement ce qui
fait dire à Nicolas Gaillard
que rien ne permet de penser que les sphères du
Costa Rica soient d’origine
extraterrestre, puisque Don
Mundo, artisan Costaricain,
Crédit : P. Masson
«- Pour l’année prochaine, pensez-vous devenir président de
l’Observatoire Zététique ?
- J’y pense et pas seulement le
matin, en me servant de mon rasoir d’Occam.»
Eric Déguillaume, président de
l’OZ 2007
Notre Maître ès Zététique Pat Masson, devant Stonehenge en 2006. Il a
l’air un peu crispé car il vient d’apprendre que le festival de musique néopaganiste de Stonhenge n’a plus lieu. Il ne verra donc pas ses idoles du
groupe Doctor & the medics, dont il venait faire dédicacer le single qu’il
cache dans sa main droite « The druids are here / The Goats are Trying
to Kill Me », Whaam Records, 1982.
refait exactement les mêmes.
C’est exactement ce qui
donne son piment au travail de Wally Wallington,
charpentier à la retraite et
« champion du moindre effort », qui parvient à reproduire son propre Stonehenge
par d’ingénieux systèmes
de leviers, sans aucun fluide mystique pour l’aider
(Building Stonehenge : This
Man can Move Anything.
- Merci à Cereal killer pour
avoir posté ce lien sur la liste
zététiciens)
J’aime beaucoup la métaphore des mots croisés
de l’épistémologue Susan
Haack. Elle suggère que la
science fonctionne à la manière d’un mot croisé, avec
la connaissance disponible
pour arrière-plan et les observations expérimentales
pour indices. Surtout elle
précise que « la validité
d’une entrée dépend non
seulement de la force des
indices, mais aussi de toutes les autres entrées déjà
écrites qui font intersection
avec elle ». En clair, si tu débarques un matin avec une
hypothèse qui bouscule toute la grille de mots croisés
que les savant se cassent le
coccyx à remplir depuis des
siècles, elle a intérêt à être
solidement étayée par des
preuves (et on retombe sur
la facette : Une prétention
extra-ordinaire nécessite
une preuve plus qu’ordinaire). Si tel n’est pas le
cas, le rasoir d’Occam, qui
ne s’émousse jamais et qui
a une triple lame, t’encourage à te retenir d’écrire ton
mot dans la grille, bref, à
être sceptique. Alors, comme le temps son vol, petit
scarabée, l’espace d’un instant suspends ton jugement.
Richard Monvoisin
NL 020 - Février 2007
7
Culture et Zététique
Livres
Entretien avec Jean Brissonnet
Les pseudo-médecines paru aux éditions Book-e-book
I
l vous faudra peut être
insister un peu auprès
de votre libraire si vous
souhaitez obtenir ce livre de Jean Brissonnet.
Les pseudo-médecines :
un serment d’hypocrites est
en effet édité par book-ebook.com, dans la collection
Zététique, et n’est donc pas
toujours disponible en librairie. Il constitue cependant
un ouvrage de référence
lorsque l’on s’intéresse aux
pseudo-médecines.
Jean Brissonnet est physicien appliqué et créateur du site www.pseudomedecines.org. Il est aussi
membre du Conseil d’Administration de l’Association
Française pour l’Information
Scientifique (AFIS) et du
comité de rédaction de leur
revue Science et pseudosciences.
Dans ce livre, paru en
2003, Jean Brissonnet décortique de façon méthodique ces diverses pratiques
pseudo-médicales qui vont
de l’homéopathie et l’ostéopathie à la psychanalyse
ou l’acupuncture. Il consacre un chapitre à chacune
de ces pseudo-médecines
et montre, dans un langage
simple et clair, qu’elles ne
reposent malheureusement
sur aucune base théorique
scientifique, l’évaluation rigoureuse de leur efficacité
ne les ayant de plus jamais
haussées au-dessus d’un
placebo…
Mais Jean Brissonnet ne
se limite pas à l’analyse
scientifique des fondements
de ces « médecines ». Il
évoque également le contexte relativiste, les arguments économiques, comme le remboursement de
l’homéopathie en France, et
les décisions politiques qui
ont favorisé et favorisent encore le développement des
« pseudo-médecines ». Il
appelle à une prise de conscience des risques que ces
médecines qui n’ont rien de
« douces », nous font tous
encourir (refus de soin ou de
vaccinations, etc.) avec leur
« diabolisation » de la médecine scientifique.
Les « médecines alternatives » ne sont en réalité ni
des médecines, ni des alternatives…
Citations
> « Dans les pseudo-médecines, la complexité de la pratique masque l’ascientificité de la méthode. » (p. 25).
> « Plus le travail d’investigation est mal fait, plus l’étude a de chance d’être favorable à l’homéopathie. » (p. 52).
> « Dans l’état actuel des connaissance, [l’acupuncture] est aussi efficace que l’homéopathie, la psychanalyse, les
fleurs de Bach et les queues de lézards bouillies, c’est-à-dire aussi efficace que tout placebo, pur, impur, psychologique,
rituel ou folklorique. » (p. 85).
> « Aux scientifiques qui s’étonnent qu’on puisse utiliser comme modélisation de la vie psychique un échafaudage aux
bases infalsifiables et à l’efficacité nulle, les freudiens répondent que leur dogme n’est pas accessible aux outils de la
science et du rationalisme. » (p. 112)
> « Si les pseudo-médecines ne sont que des placebos, un placebo n’est pas forcément une pseudo-médecine. » (p.
207)
> « La priorité des choix doit aller vers une médecine humaine, attentive au patient et surtout basée exclusivement sur
des faits prouvés. » (p. 218).
Interview
N
ous avons voulu
poursuivre la lecture
de cet ouvrage passionnant par une interview
de Jean Brissonnet. Nous le
remercions encore d’avoir si
gentiment répondu à toutes
nos questions.
8
OZ - Comment définissez
vous la (ou une) pseudomédecine ?
JB - Définir une pseudomédecine est assez délicat.
Pour définir clairement une
pseudo-médecine il faudrait
d’abord savoir ce qu’on
NL 020 - Février 2007
entend par médecine, ce
qu’est exactement la médecine. La médecine est-elle
une science, une technique
ou une pratique. Certains
disent même un art. En fait
la médecine est tout cela
à la fois, selon l’époque à
laquelle on se situe et selon
le cadre dans lequel on se
place.
Dans le passé, la médecine
n’était qu’une pratique dans
la mesure où on ne disposait
que d’une palette extrêmement limitée de traitements,
le plus souvent sans grande
efficacité. Chaque praticien
Culture et Zététique
pouvait donc inventer sa
propre pratique, et sa personnalité, son intuition, son
acharnement, sa volonté de
guérir, faisait la différence.
Le médecin qui face à une
pathologie dûment répertoriée effectue une prescription en s’appuyant sur le
résultat d’études contrôlées,
de protocoles évalués, peut
être considéré comme un
technicien. Il utilise en fait
les résultats de la science
médicale. Cette science
médicale, c’est celle que
pratiquent les chercheurs
qui participent à la mise
au point des traitements, à
leur expérimentation, à leur
évaluation.
Aujourd’hui, l’écart est
grand entre le médecin
généraliste de terrain et le
chercheur qui travaille au laboratoire ou le praticien qui
expérimente en service hospitalier. Dans son livre Nous
sommes tous des patients,
Martin Winckler écrit : « En
France, on a toujours pas
compris que 95% des gens
présentent des symptômes
qui ne correspondent pas
à une maladie répertoriée
mais à des choses bénignes, ou à des angoisses,
à des terreurs ». Pour ces
cas, que l’on regroupe sous
le nom discret de maladies
« fonctionnelles », les médecins, selon leurs options
personnelles et selon leur
éthique vont choisir des réponses, des pratiques, très
différentes. Pour beaucoup,
malheureusement, ce sera
la délivrance rapide d’une
ordonnance le plus souvent
superflue. D’autres choisiront de prendre le temps
d’expliquer à leur patient ce
qui lui arrive, de le comprendre, d’entendre parfois ce
qui se cache au-delà de la
plainte, de lui montrer qu’il
ne présente aucune pathologie justifiable d’un traitement
médical et d’accompagner
son explication d’une simple
prescription symptomatique
(antipyrétique, antalgique,
complément alimentaire...).
Certains enfin, pour gagner
du temps, verseront dans la
pseudo-médecine et prescriront granules ou huiles
essentielles.
OZ - Quelles sont selon
vous les caractéristiques
communes à toutes les
pseudo-médecines ?
JB - La caractéristique commune à toutes les pseudomédecines, c’est de n’avoir
jamais fait la preuve de leur
efficacité et d’être pourtant
pratiquées par d’authentiques médecins. En effet,
pour qu’il y ait médecine il
faut, à mes yeux, qu’il y ait
médecin.
Le sorcier berrichon qui «
panse » pour les brûlures,
où le pasteur qui prétend
guérir par la prière ne pratique pas la médecine. C’est
un guérisseur. Personne ne
fait la confusion.
La médecine, du moins telle
qu’elle devrait être, est celle
qui s’appuie sur les preuves.
La notion de médecine basée sur les preuves ou médecine factuelle – en anglais
« evidence based medicine
» (EBM) – est une notion qui
a pris naissance au Canada
dans les années 80, c’est un
processus systématique de
recherche, d’évaluation, et
d’utilisation des résultats de
la recherche pour prendre
des décisions cliniques.
OZ - Pourquoi et comment
avez-vous été amené à
vous intéresser aux pseudomédecines ?
JB - J’ai été amené à m’intéresser aux pseudo-médecines de manière un peu
accidentelle.
Il y a une quinzaine
d’années, je me suis brutalement retrouvé entouré
d’amis ou de connaissances
(psychiatres, homéopathes,
psychologues, psychanalystes, éducateurs, travailleurs
sociaux…), dont la caractéristique commune était une
croyance totale dans les
différentes pseudo-médecines. Certains en avaient
même fait leur pratique. Non
seulement mon scepticisme
vis-à-vis de ce genre de choses faisait tache parmi eux,
mais je devais régulièrement
faire face à des agressions
verbales, plus ou moins
voilées, contre les scientifiques, forcément bornés. Je
fus donc amené à compléter
mon information afin de pouvoir justifier ma position.
À la même époque, j’avais
participé, à l’initiative de
Laurent Puech à la création
du Cercle Zététique du Languedoc-Roussillon. Dans ce
cadre nous avions décidé de
créer des dossiers critiques
sur différents thèmes irrationnels. Certains se chargèrent du sarcophage d’Arles
sur Tech, des raëlliens ou
de l’astrologie. J’étais tout
désigné pour m’occuper des
pseudo-médecines,
dont
j’avais dû creuser l’argumentaire. Ainsi naquit mon
premier texte sur l’homéopathie. D’autres dossiers suivirent publiés successivement
par Enquêtes Z, Sciences
et pseudosciences, et sur
Internet, jusqu’au jour où
Henri Broch me suggéra de
faire un livre.
OZ - A qui s’adresse votre
livre ?
JB - Ce livre s’adresse en
premier lieu à tous ceux qui
sont soumis à l’activisme
des croyants. Il est destiné
à leur fournir des arguments
qui s’appuient sur de sérieuses références et il passe en
revue tous les thèmes qui
sont généralement évoqués
pour développer ce type de
croyance. C’est d’ailleurs
pourquoi les chapitres qui
traitent de chacune des
pseudo-médecines répertoriées peuvent être lus, ou
donnés à lire, séparément.
Il m’arrive fréquemment de
recevoir des courriels de
lecteurs qui se félicitent de
disposer ainsi d’un outil qui
leur permet de résister aux
pressions auxquelles ils sont
soumis de la part de leur environnement. Pour certains
lecteurs, cet ouvrage a servi
de révélateur et a déclenché
chez eux une approche
sceptique plus générale sur
l’ensemble des problèmes
qui relèvent de l’irrationnel.
Il est même arrivé que certains nous rejoignent dans
ce combat.
OZ - Comment expliquez
vous, malgré l’information
sceptique qui existe sur ces
pratiques, qu’elles perdurent ?
JB - La raison pour laquelle
ces pratiques perdurent
dans le système médical,
c’est tout simplement parce
que les médecins disposent
d’une liberté totale dans leur
pratique. L’argument d’autorité aidant, leur attitude tient
lieu de validation.
Il est parfaitement normal
qu’un praticien soit libre de
ses prescriptions, mais à
condition que celles-ci fassent partie de l’arsenal thérapeutique qui lui a été enseigné lors du cursus normal
des études médicales. Il est
totalement scandaleux qu’un
patient qui franchit la porte
d’un médecin après avoir lu
sur sa plaque qu’il se recommande de telle ou telle université se voie proposer de
la réflexologie plantaire ou
de l’auriculothérapie. Admettrait-on qu’un astrophysicien
pratique l’astrologie dans
le cadre de son travail ? Il
serait souhaitable que ne
soient considérés comme
médecins – avec les droits
de prise en charge afférents
par la collectivité – que les
praticiens qui utilisent des
méthodes
thérapeutiques
ayant fait leurs preuves et
admises par l’Académie de
médecine. Si un étudiant
en médecine, à la fin de ses
études, souhaite se consacrer à l’homéopathie ou
à l’acupuncture, libre à lui,
qu’il le fasse hors du cadre
médical officiel.
Si certains médecins et
certains patients restent
convaincus de l’efficacité
des pseudo-médecines c’est
parce que nous sommes
dans un domaine où il
manque un outil de mesure
simple et incontestable. Il
NL 020 - Février 2007
9
Culture et Zététique
n’existe pas de chimie «
parallèle », ni d’électronique
« douce ». Tout simplement
parce que le résultat d’une
réaction chimique est immédiatement testable et qu’on
sait de suite si un appareil
électronique
remplit
sa
fonction. Dans le domaine
médical les choses sont
beaucoup plus complexes et
on se heurte systématiquement à l’objection « ça marche ». D’un côté la science
médicale a mis au point,
afin de tester l’efficacité
des traitements, des essais
en double aveugle assortis
d’une méthodologie lourde
et précise et qui sont les
seuls à pouvoir dire si vraiment « ça marche », d’un
autre côté certains médecins, continuent à s’appuyer
sur leur expérience, acquise
sur un faible nombre de cas
cliniques, pour généraliser.
Comme l’écrivent Scabanek
et Mc Cormick dans Idée
folles, idées fausses en médecine : « les expériences
personnelles ne peuvent
jamais remplacer l’appréciation critique, de solides
données et des expérimentations adaptées. »
OZ - Votre livre est paru en
2003. Quel chapitre aimeriez vous ajouter dans une
prochaine édition ?
JB - Au cours des débats
auxquels j’ai été amené à
participer depuis la parution
de mon livre, je me suis
aperçu que le fait d’apporter
au public des éléments objectifs était fort peu efficace.
Il m’a semblé que l’important
était de réfléchir aux raisons
profondes pour lesquelles
les pseudo-médecines ont
de plus en plus de succès,
alors que, dans le même
temps, la science et la médecine font de remarquables
progrès.
La réponse, parfois évoquée par certains, selon
laquelle
ces
médecins
seraient des charlatans et
les patients des naïfs ne
me semble pas recevable.
Il existe incontestablement
des praticiens qui choisissent les pseudo-médecines
pour des raisons de clientélisme, de confort ou d’honoraires, mais l’expérience
m’a montré que nombre de
médecins le font de manière
tout à fait sincère. Ils sont
réellement persuadés de
l’efficacité de leur pratique.
De la même manière les
patients qui y croient sont
totalement certains du bienfondé de leur choix. Au point
de se livrer fréquemment
au prosélytisme. Il m’est
donc apparu indispensable
d’exposer les mythes, les erreurs de raisonnement et les
motifs psychologiques qui
font obstacle à la rationalité.
Ce chapitre est déjà en
grande partie écrit. Il vient
d’être publié sous le titre «
pseudo-médecines : pourquoi pareil succès » dans
la revue Science et pseudosciences
de
décembre
2006.
Propos recueillis par
Géraldine Fabre
Sortie
Histoire des philosophies matérialistes - Pascal Charbonnat
L
es éditions Syllepse
sortiront en mars prochain, dans leur collection « Matériologiques »,
Histoire des philosophies
matérialistes de Pascal
Charbonnat.
« Le matérialisme est l’un
des courants philosophiques
qui a suscité le plus de con-
troverses. Cet ouvrage se
propose donc de montrer
clairement le contenu réel
de ses concepts, d’en fournir une définition nouvelle
et de le relier à ses racines historiques et sociales.
Dans chaque période, il est
au cœur d’enjeux idéologiques de premier plan, parce
qu’il est à l’intersection des
progrès de la connaissance
et des préoccupations métaphysiques. »
620 pages - 31 euros
Editions Syllepse
Théâtre
Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens
L
e Petit traité de manipulation à l’usage
des honnêtes gens
de Robert-Vincent Joule et
Jean-Léon Beauvois vient
d’être adapté au théâtre.
Cette pièce, mise en scène
par Gérald Garutti, et interprétée entre autres par
Jean-Claude Dreyfus, sera
au programme du Vingtième
Théâtre (Paris XXème) du 24
mars au 12 mai 2007.
10
NL 020 - Février 2007
« Bien sûr, vous êtes totalement libres. Nous sommes
en démocratie. Vraiment ?
Votre patron vous manipule.
Vous manipulez vos collaborateurs. Mes commerçants
me manipulent. Je manipule
mes amis. Nos dirigeants
nous manipulent. Nous manipulons nos enfants. Bref,
la manipulation se conjugue
à 'omniprésent. Avec d'hilarants complices, un maestro
très singulier vous dévoile ici
les dessous de son art. Un
spectacle qui mêle comédie
truculente et démontage
critique, sketchs malins et
satire politique. »
Vingtième Théâtre
7, rue des Plâtrières
75020 Paris
Du mercredi au samedi à
20h, le dimanche à 15h
Réservations :
ww.vingtiemetheatre.com
Culture et Zététique
Chroniques zétético-musicales
de Richard Monvoisin
J’adore farfouiller l’histoire de la musique et de ses sources d’inspiration, surtout lorsqu’elles relèvent des croyances.
Aujourd’hui, je vais vous parler des incroyables The Who, de l’extraordinaire Sinead O’Connor et de feu Terence Trent
D’Arby.
The Who
« The exodus is here
The happy ones are near
Let’s get together
Before we get much older »
The Who, Baba O’Riley
T
he Who, groupe mythique des années
60-70, grande inspiration des punks par son coté
destroy, c’est aussi le groupe qui a crée l’opéra Rock
déjanté Tommy. J’en parle
parce que leur gratteux toujours actif Pete Townshend,
qui avait la sale manie de
mettre le feu à ses guitares, était fan d’un gourou
qui s’appelait Meher Baba.
Il a même enregistré à la
gloire du Yoga trois albums,
I Am, Happy Birthday et With
Love. Tommy est d’ailleurs
dédié à Meher Baba. Quant
à la chanson Baba O’Riley
c’est une sorte d’hommage
à l’avatar. Voir la version
live ici : www.youtube.com/
watch?v=hKUBTX9kKEo.
Bon, Meher Baba, il ne
vomit pas des oeufs d’or
comme Satya Saï Baba,
c’est vrai. Mais faut dire
qu’il n’a pas ouvert la bouche entre 1925 et 1969, à sa
mort. Il utilisait un alphabet
pour communiquer. Il vantait l’abstinence sur les dro-
gues, ce qui n’a semblé convaincre ni Townshend, ni les
autres membres du groupe,
dont le célèbre Keith Moon,
mort d’overdose en 1978.
Remarquez, Keith Moon
avait la fâcheuse manie de
détruire sa batterie : même
qu’un jour, il l’a détruite avec
des explosifs, juste à côté de
Townshend, qui, dit la légende, en serait resté dur de la
feuille. Est-ce pour ça que le
message de Baba est resté
lettre morte ? Bref, on s’en
fout. Au passage, la plus
profonde pensée de Meher
Baba fut : « Don’t Worry
Be happy », ce qui n’est
L’avatar Meher Baba
pas le kilimandjaro de la sagesse, mais permit à Bobby
McFerrin, dont je suis grand
fan, de faire une chanson
mythique en remuant ses
orteils.
R.M.
Sinead O’Connor
« There is no other Troy
For me to burn »
Sinéad O’Connor, Just like U
said it would B
D
’aucuns dont moi la
considèrent comme
l’une des chanteuses
majeures des 50 dernières
années. Pour s’en convaincre, il suffit d’aller regarder
cette vidéo de la chanson
Troy de 1988 au Pinkpop
festival, et celle-ci, du classique irlandais The Foggy
Dew, accompagnée par les
immenses Chieftains.
En 1992, pour des raisons
encore discutées, elle était
venue chanter la chanson
War, de Bob Marley, en y
glissant une diatribe contre
l’abus sexuel des enfants.
C’était dans le Saturday
Night Live, le 3 octobre. A la
fin, d’une manière presque
irréelle, la chanteuse à la
tête rasée prend la photo du
pape Jean-Paul II et la déchire en jetant à la caméra :
« Fight the real ennemy »,
ce qui reste pour moi l’incarnation du culot. Je me
rappelle les gorges chaudes
dans les médias, j’avais vu
ça par hasard, j’avais quinze
ans et j’étais devenu fan.
Récemment j’ai vu la séquence où, trois ou quatre
mois plus tard, elle vient
chanter en hommage à
Dylan au Madison Square
Garden. S’ensuit un brouhaha incroyable, et le Madison
se met à la huer. C’est impressionnant. Je vous encourage à voir comment elle
gère et fait taire l’immense
salle ici : /www.youtube.com/
watch?v=vA559KaUufw.
Bref, en 1997 elle part
s’excuser auprès du pape
pou son geste. Puis, on le
voit dans ses albums, elle
vire mystique. Le virage
n’a semble-t-il pas l’air fini
Le 3 octobre 1992, Sinead O’Connor déchire la photo du
pape Jean-Paul II à la télévision lors du Saturday Night
Live.
car je viens de découvrir
qu’elle est désormais ordonnée prêtre de la One
Holy Catholic Apostolic
and Palmarian Church, aux
ordres de Manuel Alonso
Corral dit Pierre II, antipape
de Benoît XVI. Pierre II qui
a pris soin de préciser qu’il
n’était pas Petrus Romanus,
le dernier pape annoncé par
la prophétie de St Malachie.
O’Connor en a été quitte
pour se faire excommunier
par Rome.
R.M.
NL 020 - Février 2007
11
Culture et Zététique
Terence Trent d'Arby
U
n soir, il y a peu,
juste avant de me
coucher, je fus pris
de panique : cornegidouille,
qu'est donc devenu Terence
Trent D'Arby ? - chanteur de
If you let me stay, wishing
Well, Delicate, etc, avec
cette voix proche de celle de
Sam Cooke en plus feutrée,
et hélas sa musique qui me
laisse souvent perplexe.
Je farfouille un peu et
hop, je vois qu'il a changé
son nom en... Sananda
Maitreya !!!!
Pour les habitués des
frasques de Gilbert Bourdin
alias Messie Cosmoplanétaire alias Meitreya (Mandarom), ça en bouche un coin,
et pas le moindre. Sauf que
Bourdin était le Hamsa Ma-
narah - Meitreya de synthèse, Il avait fait un Bouddha
Meitreya de 22 m de haut à
Castellane, vous vous rappelez peut être, qui a été
ensuite déboulonné avec
fracas en 2001.
Démollition de la statut du
Mandarom à Castellane
Sananda Maitreya, c’est
parfois le nom qu’on donne
à Jésus, et c'est aussi le
nom du Ashtar Command,
avatar de Jésus dans la Fraternité Blanche Universelle.
Ca tripe sévère New Age,
Extraterrestres, théosophie
(les fameux Maîtres Supérieurs de Mme Blavatsky et
son Colonel Olcott) et c’est
recensé dans divers rapports parlementaires contre les dérives sectaires.
Alors pourquoi a-t-il changé de nom, Terence ?
J'ai un peu regardé, il répond
sur
www.scoopor
ganisation.com/presse/
index.cfm?article=75.
Question : Que signifie votre nouveau nom Sananda
Maitreya ?
Réponse : Je ne le sais
pas, comme je ne sais
pas d'ailleurs ce que veut
dire Terence Trent d'Arby.
L'essentiel pour moi c'est
que cela sonne indien. Je
me ressens dans une âme
asiatique avec un corps
d'Occidental.
telle position politique visà-vis du communisme : ce
serait contraire aux buts de
notre association. Il s’agit
simplement de traduire ce
que l’auteur a dit et voulu
dire.
Mais quelle que soit l'image que l'on ait aujourd'hui
« du » communisme, il me
semble que la traduction
par « communisme épistémique » aurait été bien plus
juste et, de surcroît, fidèle
a ce qu'avait écrit Bunge (à
l'été 2006, rappelons-le, pas
en 1950), d'autant qu'il précise, immédiatement après,
ce que cela signifie pour
lui : un partage des méthodes et des résultats. Bunge
emploie clairement l’expression communisme dans son
sens étymologique de mise
en commun (qu’il serait
bien prétentieux de ma part
de qualifier de « naïf »…)
et c’est la seule chose qui
aurait dû compter.
Inversement, l'expression
« communautarisme épistémique » me semble vouloir
dire exactement le contraire de ce que voulait dire
Bunge. Il y a en effet dans le
mot « communautarisme »
les idées suivantes (entre
autres) :
- non acceptation de la
laïcité
- valeurs de référence
traditionnelles, construites
sur un passé mythique ou
idéalisé et accompagnant
d’une fermeture aux idées
nouvelles
- impossibilité de se détacher de son histoire et de sa
culture
- autoréférence
- argument d'autorité
Pas exactement les idées
philosophiques dont Bunge
voulait montrer qu’elles
sous-tendaient la démarche
scientifique !
Fichtre ! Maitreya signifiant
en sanskrit « compassion »,
il ne faut pas en manquer
pour Sananda.
R.M.
Traduction
Communisme ou communautarisme ?
M
ario Bunge est un
épistémologue de
réputation internationale. Né en Argentine
en 1919, il a été l'un des
piliers de l'Association des
Sceptiques du Québec.
Auteur de très nombreux
livres et articles, il collabore à la revue du CSICOP
The
Skeptical
Inquirer.
C'est dans le numéro de
juillet-août 2006 de cette
dernière que j'ai lu son article « Philosophy behind
Pseudoscience ».
La thèse développée était
la suivante : « Tout champ
d’activité intellectuelle, qu'il
soit valide ou mal fondé, a
une philosophie qui lui est
sous-jacente. La science
et les pseudosciences, par
exemple, impliquent des
idées philosophiques très
différentes. L'évaluation de
la philosophie fondamentale d'un tel champ aide à
avoir du discernement à son
12
sujet et permet de juger sa
valeur. »
Nos amis de l'AFIS en
ont proposé une très utile
traduction dans le n°275
de leur revue Science et
pseudosciences, p. 36. Si
je suis d'accord sur la quasi
totalité de la traduction, j'ai
cependant été surpris par
la façon dont a été traduite
l'expression « epistemic
communism », rendue par
« communautarisme épistémique »...
Rappelons le contexte : citant Robert K. Merton, Bunge précise que la méthode
scientifique ne peut être
employée dans un vide moral puisqu’elle nécessite des
fondamentaux éthiques qui
sont l’universalisme, le désintéressement, le scepticisme organisé et un quatrième
trait qu’il nomme « epistemic
communism ».
Je précise qu’il ne s’agit
pas ici de prendre telle ou
NL 020 - Février 2007
Jean-Louis Racca

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