risques de transmettre les encéphalopathies spongiformes animales
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risques de transmettre les encéphalopathies spongiformes animales
55 Bull. Soc. Pharm. Bordeaux, 1998, 137, 55-69 RISQUES DE TRANSMETTRE LES ENCÉPHALOPATHIES SPONGIFORMES ANIMALES PAR LES MÉDICAMENTS (*) Pierre AUMONIER (1) Quand l’Encéphalopathie Spongiforme Bovine a frappé les troupeaux Britanniques notre souci a été de mesurer quel risque nous courons à consommer notre aloyau plutôt que de penser qu’elle menaçait la production des médicaments . Devant la prolifération des mesures prises par les Autorités Sanitaires la formulation et la fabrication de nombreux médicaments ou produits d’hygiène ou de cosmétique se trouvent pourtant mises en cause . INTRODUCTION En Juin 1996 le Docteur Dominique DORMONT [1], Président du Comité National d’Experts des Encéphalopathies Spongiformes Animales, ESA, nous a entretenu avec talent des maladies à agents transmissibles non conventionnels ou Prions. (*) Manuscrit reçu le 30 Juin 1998 (1) Professeur Emérite Université Victor-Segalen Bordeaux 2. Adresse : 51, route d’Yvrac 33310 LORMONT France 56 Nous avons alors, comme beaucoup de Français depuis, eu des soupçons sur l’innocuité de l’aloyau ou du hamburger, sans penser à l’incidence de cette pathologie sur les médicaments et les produits de santé d’hygiène ou de cosmétique. Nous souhaitons, après quelques mots sur l’agent causal et les produits concernés, rapporter quelques unes des mesures prises pour lutter contre le développement de ces maladies puis évoquer la prolifération des mesures réglementaires respectivement au Royaume Uni, aux U.S.A., à l’O.M.S., au Conseil de l’Europe et en France au risque de provoquer des situations conflictuelles de part et d’autre de l’Atlantique. Des incidences économiques importantes et la remise en cause de la composition de très nombreuses spécialités en découlent. L’AGENT de TRANSMISSION ? Les Encéphalopathies Subaiguës Spongiformes Transmissibles ou ESST frappent les ovins (“ scrapie ” ou tremblante du mouton ), les bovins et l’Homme au niveau du système nerveux central après une période d’incubation parfois très longue au regard de leur durée de vie. Une majorité d’auteurs pense actuellement que ces maladies sont induites par des Agents Transmissibles Non Conventionnels (A.T.N.C.) ou PRIONS, de nature protéique, très résistants aux agents chimiques physiques ou thermiques habituels de désinfection, susceptibles de franchir les “ barrières d’espèces ” de sorte qu’on reconnaît actuellement une relation entre l’Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB ou BSE) et une nouvelle variante de la Maladie de Creutzfeld-Jakob (nvMCJ) constatée en Grande Bretagne ( 24 cas) et en France (1 cas), frappant l’individu jeune. Une majorité mais pas l’unanimité ! • Bien que PRUSINER [2-4] leader de la notion de Prions ait été fait Prix Nobel en 1996 pour ses remarquables travaux, d’autres auteurs Américains comme Laura MANUELIDIS [5] affirment que la particule infectieuse a les caractères d’un virus en termes de taille et de contenu en acides nucléiques, qu’une certaine immunité peut être obtenue par vaccination contre cet agent. 57 • D’autres encore comme F.O. BASTIAN [6-9] pensent que cet agent causal est un spiroplasme. • Enfin R.H.KIMBERLIN [10] puis l’United State Department of Agriculture (U.S.D.A) [11], mentionnent l’hypothèse d’un “ virino ” ou virus incomplet composé d’acides nucléiques “ nus ” protégés par des protéines hôtes. PRODUITS CONCERNÉS Vétérinaires et Bouchers ont été les premiers impliqués. C’est le risque alimentaire entraîné par la consommation de viande bovine qui a fait la une des media. Mais le médicament est maintenant dans l’oeil du cyclône, tant au niveau du principe actif qu’en ce qui concerne son environnement. • Principes Actifs — Ayant une origine animale, notamment bovine ou porcine comme les dérivés du collagène, l’insuline, le glucagon, de nombreuses enzymes digestives, la hyaluronidase, la corticotrophine, les estrogènes, la testostérone, la calcitonine, des implants tissulaires. — Ayant une origine humaine [12] comme l’hormone de croissance ou la gonadotrophine hypophysaire extraites de cadavres, les greffes de duremère ou de cornée. • Autres constituants du médicament L’étude récente d’un dossier nous a montré qu’aux USA le candidat à l’équivalent de notre A.M.M. pour un produit présenté en gélules doit prouver : que le lactose excipient ubiquitaire est extrait du lait de vaches non contaminées par BSE ; 58 que le stéarate de magnésium lubrifiant couramment utilisé par les galénistes pour assurer un bon écoulement des poudres est tiré des graisses de bovins non contaminés ; que la gélatine des gélules est également dans ce cas ; Pour le fabricant des USA, la garantie est apportée par l’assurance que ces bovins ne proviennent pas des pays suivants [13] : France, Grande Bretagne, République d’Irlande, Irlande du Nord, Oman, Portugal et Suisse. Excipients et matériaux de conditionnement primaire sont donc concernés au même titre que le principe actif. Le domaine s’élargit encore si on considère au cours de la fabrication du médicament l’emploi d’intermédiaires ou de milieux par exemple de culture cellulaire. Tel vaccin a été suspecté car il contient du cholestérol habituellement extrait de lipides cérébraux bovins. De nombreux produits dont la production fait appel à des milieux contenant des hydrolysats de protéines, ou à base d’extraits de coeur ou de cervelle qui sont autant de Matériaux à Risque Spécifié ( SRM ) [14] sont concernés. C’est parce que ses cellules étaient cultivées sur un tel milieu, que les Autorités Italiennes ont interdit en Janvier 1997 la commercialisation sur leur territoire d’un vaccin anticoquelucheux [15]. La gélatine et ses dérivés sont également mis en cause en tant que principes actifs de certains “Plasma Expanders“ ou Succédanés du plasma. Un grand nombre de médicaments ou produits cosmétiques fait appel à des surfactifs comme les polysorbates, qui dérivent des graisses bovines ou animales, “ tallow derivatives ”, dès lors qu’ils contiennent un reste d’acide gras, oléique, palmitique ou stéarique. Les dispositifs de prothèse intéressant la chirurgie ou la stomatologie, les produits dermopharmaceutiques n’échappent pas à la contrainte. On a pu dire que 3 sur 4 des spécialités [16] appellent une remise en cause des formulations et conditions de production. 59 MESURES PRISES POUR L’ÉRADICATION DE LA MALADIE — La cause la plus communément admise pour cette maladie bovine est la consommation de farines alimentaires contenant des sous-produits issus de moutons atteints de la tremblante puis de bœufs ainsi contaminés, provoquant un “ cannibalisme industriel ”. Ces farines restent contaminantes même après stérilisation [17]. — Une seconde hypothèse causale fait intervenir une intoxication par les pesticides organophosphorés qui, selon PURDEY [18,19], pourraient être à l’origine d’une phosphorylation anormale de la protéine Prion. • Au Royaume Uni Les premiers cas de vaches folles sont apparus en Grande Bretagne en 1986. En 1988 les autorités de ce pays ont interdit l’usage du “ 5° quartier ” des bovins et ovins : cervelle, moelle, rate, thymus, intestins, farines d’os pour les aliments des ruminants. Malgré quelques problèmes de “ compliance ” des fabricants d’aliments, la diminution du nombre de cas a été spectaculaire. Cependant on en dénombrerait encore 200 par semaine selon les Services Vétérinaires Anglais [9]. Compte-tenu des campagnes d’abattage décidées par le Conseil de l’Europe et appliquées tant bien que mal, on estime que le risque de nouveaux cas deviendra nul à partir de 2001 et si selon Anderson [20] un plan d’abattage des sujets de plus de 30 mois était mis en oeuvre, l’élimination virtuelle pourrait être obtenue dès cette année 1998. En bonne logique, c’est en Grande Bretagne que les études scientifiques les plus poussées sont conduites. Des résultats significatifs sont publiés par un Comité Consultatif sur les Encéphalopathies Spongiformes (SEAC : Spongiform Encephalopathy Advisory Committee) : — sur les nouvelles formes de la maladie de Creutzfeld-Jakob et l’étude épidémiologique expérimentale et prédictive de ces variantes ; 60 — sur la transmission maternelle de l’ESB de la vache au veau ; — sur la structure de la protéine Prion ; — sur la recherche de marqueurs protéiques des E.S.T. dans le Liquide Céphalo Rachidien [21]. • Aux U.S.A. L’United States Department of Agriculture (USDA) et l’Animal & Plant Health Inspection Service (APHIS) ainsi que la Food & Drug Administration (FDA) ont pris des mesures de protection dès 1989. Sans entrer dans le dédale de ces mesures, les faits saillants sont les suivants : — L’importation de bétail en provenance des pays atteints de BSE est interdite. — Les USA sont considérés indemnes de BSE ; les quelques centaines d’animaux importés de Grande Bretagne avant l’interdiction ont été suivis de très près jusqu’à l’abattage et soumis à des contrôles histologiques cérébraux très complets. Il ne resterait actuellement que 17 survivants [22]. Une vache Anglaise importée au Canada et devenue “ folle ” a fait l’objet de son abattage et de celui de tout son environnement. La surveillance est très active et développée aux USA. Malgré de nombreux efforts et quelques résultats obtenus, il manque toujours un test valable pour détecter la maladie chez l’animal vivant [23,24] et les nouvelles variantes de la maladie de Creutzfeld-Jakob chez l’Homme [25,26]. Seul est disponible l’examen nécropsique du tissu cérébral. Aux États Unis, le simple transit des produits d’origine bovine par ce pays est sévèrement réglementé et doit être réalisé en conditionnements parfaitement étanches. 61 LA PROTECTION RÈGLEMENTAIRE EN MATIÈRE DE MÉDICAMENTS On est rapidement submergé par le nombre de mesures promulguées et plus encore par leurs modifications incessantes. Sans prétendre être exhaustif et tout à fait actualisé, je me bornerai à citer quelques documents me paraissant les plus intéressants concernant la lutte contre les risques au niveau de la chaîne alimentaire ou des produits de santé. • Aux U.S.A., la liste des pays initialement interdits déja citée appelle quelques commentaires. Le territoire d’Oman y figure car les bovins y sont importés de Grande Bretagne. Pourquoi les Pays Bas et l’Espagne n’y figuraient-t-ils pas ? Sans doute parce qu’aucun cas n’avait été signalé. Est-ce une question d’alimentation du bétail ou de vigilance moins grande à l’égard de BSE ? Comme on devait s’y attendre, de nombreux pays sont venus s’ajouter à cette liste qui est en perpétuel élargissement. Voici un passage tiré d’un document APHIS USDA en date du 12 Décembre 1997 [11] : Liste des Pays Européens desquels l’importation de ruminants vivants e t de la plupart de s produi t s i s s us de s rum i nant s e s t i nt e rdi t e j us qu’à m e i lle ure connai s s ance de s ri s que s Albanie Espagne Italie Slovaquie Allemagne Finlande Luxembourg Slovénie Autriche France Macédoine Suède Belgique Grande Bretagne Norvège Suisse Bosnie Herzégovine Grèce Pays Bas République Tchèque Bulgarie Hongrie Pologne Yougoslavie (Rep. Fed.) Croatie Irlande du Nord Portugal 62 (Selon l’O.M.S.) Dans le cadre d’une Consultation des Recommandations ont été formulées dès 1991 [27]. Lors d’une Consultation organisée à Genêve en Avril 1996 [28], une Recommandation déclare que le lait, les produits laitiers ou tirés du lait et la gélatine, même s’ils proviennent d’animaux infectés, sont jugés satisfaisants pour l’alimentation, mais pour les produits de santé qui peuvent être injectés, les mesures plus strictes déjà instituées en 1991 sont maintenues et les produits destinés à l’Industrie Pharmaceutique doivent provenir de pays où un Système de surveillance est mis en place et n’a détecté que peu ou pas de cas de BSE. Finalement, une Recommandation de Mars 1997 décrète que l’origine bovine doit être écartée pour la préparation de médicaments et de dispositifs médicaux. • Pour la Communauté Européenne * Décisions ou Directives de la Commission entre 1991 et 1997, venues de Bruxelles * Notes for Guidance, venues de Londres s’accumulent. Une Note for Guidance émise le 22 0ctobre 1997 par the European Agency for the Evaluation of Medicinal Products, Committee for Proprietary Medicinal Products (CPMP) ou Comité des Spécialités Pharmaceutiques [29], porte le titre de notre exposé. Elle s’applique aux matières premières issues des ruminants utilisées comme substances actives, excipients, constituants des produits et milieux utilisés au cours de la fabrication. Elle conseille : — d’éviter les produits issus des ruminants ; — de justifier leur emploi s’il est indispensable ; — de produire toutes précisions sur : l’origine géographique des animaux producteurs ; la nature des tissus ou organes utilisés ; les techniques de production. 63 1. Concernant l’origine des animaux, seront recherchés : • les pays ne signalant pas de cas de BSE selon des critères fixés par l’O.I.E., l’Office International des Epizooties et présentant des Certificats d’un modèle déterminé. • à défaut, ceux où un petit nombre de cas est signalé si : — les carcasses des animaux infectés sont détruites ; — la descendance des animaux infectés est écartée ; — l’utilisation alimentaire de protéines de mammifères est interdite. 2. Concernant la nature des tissus ou organes utilisés Une Décision de la Commission Européenne [14] condamne l’usage de matériaux à risque spécifié (SRM) : crâne, cervelle, yeux, amygdales, moelle épinière de bovins d’âge supérieur à 12 mois, d’ovins et caprins du même âge à incisive définitive, rate d’ovins et caprins. En se basant sur les observations réalisées sur la tremblante du mouton (scrapie) qui sévit depuis 200 ans, les tissus et organes sont classés en 4 catégories en fonction de leur potentiel infectieux, par injection intracérébrale à la Souris, dont la brève longévité est intéressante pour l’étude [1,29,30] : — CATÉGORIE I : grande infectiosité cervelle, moelle épinière, oeil — CATÉGORIE II : iléon, colon proximal, rate, dure mère, glande pinéale, placenta, liquide céphalorachidien, hypophyse, surrénales, ganglions lymphatiques. moyenne infectiosité — CATÉGORIE III : faible infectiosité — CATÉGORIE IV : infectiosité non décelable colon distal, muqueuse nasale, périphériques, moelle osseuse, poumon, thymus, pancréas nerfs foie, sang, fèces, coeur, rein, glande mammaire, lait, ovaire, glande salivaire, vésicule séminale, sérum, muscles du squelette, testicule, thyroïde, utérus, tissu foetal, bile, cartilage, tissu conjonctif, poil, peau, urine, os (sauf risque de contamination croisée ) 64 Il peut en effet exister un risque de contamination croisée de tissus d’infectiosités différentes : abattage par balle dans le cerveau ou sciage des vertèbres qui provoquent le mélange de tissus nerveux et osseux. Ce risque sera diminué par des conditions adéquates de recueil ( exemple : sang foetal recueilli à l’abri de contamination par tissus maternels ). 3. Concernant les techniques de production Cette Note for Guidance admet que les traitements d’extraction subis par certains dérivés (lanoline des laines, acides gras et glycérol des graisses), diminuent considérablement le risque infectieux, en particulier l’utilisation de milieux très alcalins à haute température (300°F soit 149°C) au cours de la saponification. Pour préparer la gélatine, les crânes ou vertèbres qui risquent d’être contaminés par du tissu nerveux, seront éliminés. Il est admis que les deux procédés d’obtention de la gélatine différant par un traitement acide ou alcalin des os ou des peaux offrent toutes garanties. C’était naguère encore un point de vue partagé par les Autorités Américaines. Mais outre Atlantique, l’attitude vient de se durcir. La FDA dans une “ Guidance ” [31] au sujet de la gélatine, datée de Septembre 1997, conclut que ni l’un ni l’autre de ces traitements n’inactivent complètement l’agent infectieux de la “ scrapie ”. À la question posée aux membres du Comité en Avril 1997 et formulée : “ Doit-on considérer que la gélatine peut continuer à être exemptée des interdits touchant les autres produits bovins ”, 10 sur 14 des votants on répondu non [31] ! A croire que les jours de la gélule sont comptés aux USA ! • En France L’Agence du Médicament a fait élaborer par un groupe d’Experts sur la sécurité virale un document de réflexion transmis à ses membres par le Syndicat National de l’Industrie Pharmaceutique [32]. La Direction des H™pitaux suit de près l’évolution réglementaire en ce domaine et a émis une lettre circulaire relative aux dispositifs médicaux et 65 produits incorporant des produits dérivés de tissus d’origine bovine le 7 octobre 1997 [33]. QUELLES PERSPECTIVES ? On peut se demander si les points de vue de part et d’autre de l’Atlantique sont sur la route du consensus ou du conflit [34,35]. Les conséquences économiques sont très importantes. Selon les USA, la préférence — pour ne pas dire la protection géographique — est la dominante. Il est vrai que la surveillance de la BSE est très sérieuse dans tous les États de l’Union et que ses exigences dépassent largement les critères requis par l’OIE. Pour autant peut-on vraiment croire que ce pays soit à l’abri de toute infection ? Pour les Autorités Européennes la protection est assurée par une même surveillance des produits bovins quelle qu’en soit l’origine y compris Américaine et par une certification d’une Autorité Vétérinaire compétente Les Américains rétorquent que cette non discrimination n’est pas fondée scientifiquement et qu’il est impossible d’imaginer partout dans le monde une même qualité des certifications requises par la CE, qu’avoir défini la notion de S.R.M. rend illégale l’exportation vers l’Europe de nombreux médicaments et cosmétiques Américains. Les Européens ont retardé la mise en application de ces mesures du 1 Janvier au 1er Avril 1998 puis décidé qu’elles ne s’appliquent pas pour le moment aux médicaments déjà commercialisés. er Mais ils s’inquiétent sur la notion de libre échange si l’exception Américaine doit être maintenue. Comment pouvez-vous croire, disent certains Européens aux Américains, être définitivement protégés aux U.S.A. où sévit la “ scrapie ”du mouton ? On pourrait espérer que la disparition réelle de l’épidémie aménera celle des risques au plus tard en 2001 ? Cet optimisme n’est pas partagé par une étude statistique britannique [36]. 66 À notre avis, le point faible est ailleurs, en l’occurence dans les produits commercialisés pour l’alimentation des animaux. À supposer que les bovins soient désormais protégés de tout cannibalisme, et partout dans le monde — vaste programme — ne peut-on craindre que les aliments réservés à nos animaux de compagnie (chats, chiens et autres), soient porteurs de prions même après stérilisation ? Les très sérieuses Autorités Britanniques se préoccupent d’ailleurs du nombre de nouveaux cas chaque année chez le Chat, dont le total atteignait 75 en 1996 [21]. Une chaîne de Télévision Française a lancé sur ses antennes le premier Avril dernier un “ poisson d’Avril ” selon lequel avaient été détectés des cas de Òsardine folle ”... C’était pour rire, disent-ils ! Il est vrai qu’aucun aliment pour sardines n’est, à ma connaissance, commercialisé. Mais pour les saumons et truites d’élevage qu’en est-il ? CONCLUSION Pour revenir au médicament et autres produits de santé, j’ai voulu vous transmettre ce message qu’il y aura certainement, sur leur composition et leur fabrication, des remaniements entraînés par le risque d’encéphalopathies spongiformes transmissibles, dans les deux années à venir. La modification des formules déjà commercialisées appellera bien des discussions. Quant à la création de nouveaux médicaments, elle évitera certainement les produits d’origine animale, ce qui fera le bonheur des produits de synthèse. * * * 67 BIBLIOGRAPHIE 1- Dormont (D.) - Les maladies à agents transmissibles non conventionnels ou Prions. - Bull. Soc. Pharm. 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