Siam la combattante - Rageot Livre Attitude

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Siam la combattante - Rageot Livre Attitude
Siam la combattante
« Mais où vas-tu, Siam ? Tu ne devrais pas être au lit ?
- Si, mais je veux voir les combats d’épées ! Je veux pas faire la sieste ! dit la petite fille de 3
ans à son père (celui-ci étant seigneur des Marches du Nord). Je pourrai essayer, s’il te
plaît ? » La fillette, plutôt avancée pour son âge, était terriblement têtue et rêvait de manier les
armes aussi bien que le meilleur des Frontaliers de la Citadelle. Ceux-ci surveillaient les
Frontières de glace, empêchaient les raïs (des guerriers à tête de cochons verdâtres pleine de
pustules et très féroces) et géraient le peu d’aller-retour entre Gwendalavir et les royaumes
raÏs. « Les armes sont trop lourdes pour toi, voyons ! Attends encore quelques années.
- Ca fait combien de temps ? Moi, je veux essayer tout de suite ! dit Siam, impatiente.
Donne- moi une seule raison de ne pas le faire si on trouve une épée à ma taille.
- Et bien, c’est simple : si tu commences tout de suite, tu ne pourras pas te concentrer sur autre
chose. C’est normal à ton âge. Tu apprendras plus vite si tu attends. »
Convaincue, Siam alla voir les combats sans tenter de soulever une arme.
Les années passèrent et la fillette fêta ses 8 ans. A cette occasion, on lui offrit une épée
à sa taille (elle était plutôt grande). Au comble du bonheur, elle alla la montrer à son
frère Edwin. Celui-ci proposa de lui donner sa première leçon. En effet, Edwin était
commandant de la légion noir, troupe d’élite de l’empire, maître d’armes de l’empereur et
héritier des Marches du Nord. Quand ils passèrent à la pratique, quelque temps plus tard,
Edwin sourit : à première vue, sa sœur n’était qu’une gamine, avec ses deux tresses blondes et
son joli minois. A première vue seulement, car dans ses yeux brillait une telle détermination
qu’elle en était presque impressionnante. En quelques leçons, Siam devint une redoutable
combattante. Par exemple, alors qu’elle se promenait seule dans les bois, 20 brigands
l’attaquèrent. Avec une rapidité surprenante, elle esquiva un premier coup fatal et le renvoya à
son porteur, qui s’écroula. Tous subirent le même sort, à part le dernier, un grand homme brun
aux yeux verts brillants d’une lueur mauvaise, particulièrement coriace.
« Viens par là, tronche de raïs, que je m’amuse un peu !
- C’est ce qu’on va voir, gamine ! cria le mercenaire, hors de lui.
- Tu sais quoi ? dit Siam en esquivant son attaque, te tuer tout de suite ne serait pas drôle du
tout, alors on va jouer. »
Sur ses mots, elle donna un coup de sabre. Au début, le mercenaire croyait qu’elle
l’avait manqué mais, dans la seconde qui suivit, il perdit son pantalon. Il cria de surprise et
courut à toute vitesse, rouge de colère et de honte. Surtout de honte. Siam, qui avait pensé à
prendre son arc, (elle y était d’ailleurs très douée) encocha une flèche et visa les taillis. On
entendit un cri de surprise et une course effrénée dans le bois. Siam avait fait exprès de le
rater pour s’amuser. Toute fière d’elle, elle rentra à la Citadelle pour son entraînement avec
Edwin. Elle lui raconta tout et se vit chaudement félicitée. Les yeux gris acier de son frère
brillaient de fierté. Il devait bientôt partir en mission ; il proposa à sa sœur de l’accompagner.
Elle accepta avec joie.
Autour du feu de camp, la deuxième nuit, Edwin lança :
« Je vais chercher du bois pour le feu. »
Mais cinq minutes plus tard, une goule avec une tunique familière à Siam sortit des
fourrés. Les goules sont des créatures ressemblant à de vieilles dames à la peau verdâtre, qui,
quand elles vous touchent, produisent un froid mortel. Siam avait entendu beaucoup
d’histoires sur ces créatures malfaisantes et commença à paniquer mais reprit très vite ses
esprits. Le monstre se jeta sur elle ; la jeune fille dégaina son sabre et l’esquiva puis le
transperça. Mais l’arme passa à travers comme si la chose n’avait pas existé. Siam, prise au
dépourvu, se demanda ce qu’elle allait faire maintenant qu’elle savait que son sabre était
inutile. Elle tenta un deuxième coup qui n’eut pas plus de succès. La goule serra Siam contre
elle et commença à l’envelopper de son froid mortel. Juste avant que la Frontalière ne sente la
fin arriver, en désespoir de cause, elle saisit un bâton qui était à portée de main et le lui planta
dans la poitrine. La bête s’effondra et, après un dernier sursaut, mourut. C’est à cet instant
qu’Edwin choisit d’apparaître.
« J’ai entendu du... »
Il se tut devant le corps sans vie de la goule. Puis pris un air intrigué :
« Que s’est-il passé ?
- Et bien tu venais de partir et cette goule m’a attaquée. J’ai bien cru que j’allais y rester...
- Les goules ne vivent que dans les plateaux d’Astariul. Elles n’en sortent jamais. Nous
sommes beaucoup trop à l’est pour en croiser une... A moins que quelqu’un n’ait voulu se
débarrasser de toi. La question est : qui a bien pu faire une chose pareille ? Qui que ce soit, ce
quelqu’un va passer un sale quart d’heure ! »
Ils firent des recherches sur le chemin mais ne trouvèrent rien. Le reste du voyage se
termina sans encombre. Quand ils furent revenus à la Citadelle, ils racontèrent tout à leur
père, qui mena une enquête minutieuse. Siam trouva un morceau de tissu qu’elle était sûre
d’avoir déjà vu quelque part. Dans les couloirs de la Citadelle, elle croisa un Frontalier à l’air
préoccupé. Siam, qui était fatiguée, pensa que c’était parce qu’un traître rôdait dans les
environs. Quand elle se réveilla le lendemain, elle comprit tout. Elle demanda à son père de
réunir tout le monde dans la salle de conférence sur le champ.
« Je sais qui a essayé de se débarrasser de moi, dit-elle. J’ai trouvé un bout de tissu dans les
couloirs et une seule personne porte un tel tissu hormis la goule qui m’a attaquée. Le
coupable, c’est lui, dit-elle en désignant celui qu’elle avait croisé dans le couloir.
- Je suis désolé mais j’étais jaloux de toi, Siam.
- Tu seras puni pour ce crime, répondit le père de Siam. Bravo, ma fille. Tu t’es très bien
débrouillée. Nous rendons hommage à ton sens de la déduction et à ton courage. »
Depuis, Siam fut respectée par tous et plus personne ne tenta de se débarrasser d’elle.
Quelques années plus tard, autour de ses 20 ans, elle rencontrera Salim Condo, Ewilan
Gil’ Sayan, Ellana Caldin, Bjorn Wil’ Wayard et beaucoup d’autres personnes merveilleuses
avec qui elle vivrait de grandes aventures.
Elle n’allait pas s’ennuyer...

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