le patrimoine des templiers - osmth
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LE PATRIMOINE DES TEMPLIERS L'ordre du Temple possédait principalement deux types de patrimoines bâtis : des monastères appelés commanderies situés en Occident et des forteresses situées au Proche-Orient et dans la péninsule ibérique. La Maison du Temple de Jérusalem À la prise de Jérusalem étant prise lors de la 1ère croisade en 1099, la mosquée al-Aqsa n'est pas détruite, mais sert de palais appelé « temple de Salomon », pour le roi de Jérusalem Baudoin II. En 1119, elle devient le siège de l'ordre du Temple, sous le nom de Maison du Temple de Jérusalem, jusqu'en 1187, date de la chute de la ville sainte reprise par Saladin. Saladin Le siège central fut alors transféré à Acre, ville portuaire du royaume de Jérusalem. À la perte de la ville par les chrétiens en 1291, le siège de l'ordre fut à nouveau transféré dans la terre chrétienne la plus proche, l'île de Chypre. C'est à Chypre que vivait Jacques de Molay, le dernier maître de l'ordre avant son retour en France pour y être arrêté. Le siège de l'ordre n'a jamais été installé en Occident. Un tremblement de terre, en 1033, la détruit à nouveau. La mosquée est, une fois de plus, reconstruite. Une dernière reconstruction, en 1217-1218, donne à l'édifice son aspect actuel : une nef centrale, surmontée d'un dôme et bordée de part et d'autre de trois travées. La mosquée Al Aqsa Le Mur des Lamentations Seul vestige du second temple de Jérusalem 1 La mosquée al-Aqsa est située sur un lieu très symbolique, puisqu'il s'agit, selon la tradition juive, de l'emplacement du temple de Salomon Temple construit par Salomon en 960 avant Jésus Christ. Aujourd'hui, c'est l'emplacement de la Mosquée al Aqsa. Le Temple à Paris La maison de l'ordre du Temple à Paris était le chef-lieu de la province de France et la plus grande commanderie de France. Elle fut construite en dehors du rempart de la ville, sur d'anciens marécages, l'actuel quartier du Marais, que les Templiers firent assécher. Cette commanderie et ses abords furent appelés la « Villeneuve du Temple » en opposition avec le Vieux Temple, la toute première maison que les Templiers possédèrent dans Paris. L’Enclos constituait la maison chevetaine de l’ordre du Temple en France et le siège de la banque de l’ordre dans ce pays. Londres, avait la même fonction pour l'Angleterre. Elle comprenait un imposant donjon (la Tour du Temple), une chapelle, et divers bâtiments entourés de hautes murailles crénelées le ceinturaient, renforcées de distance en distance par des tourelles. Ce système défensif était complété par une tour carrée, dite tour de César, et par un fort donjon appelé Grande Tour (la Tour du Temple), qui avait été construite au XIIIe siècle. L’ensemble comprenait comme toutes les commanderies templières une église, des bâtiments conventuels pour loger les moines-soldats, de vastes écuries et des annexes. Les Templiers possédaient les rues entières et la totalité du quartier entourant l’enclos. La tour du Temple à Paris 2 Le Trésor Royal français fut conservé dès 1146 à la Tour du Temple, et donc gardé par les templiers. Philippe Auguste bâtit un système comptable et fiscal, ancêtre de la Chambre des Comptes, où les agents royaux venaient trois fois l’an déposer les revenus de la Couronne. Cette pratique prit vraisemblablement fin lors du règne de Philippe IV le Bel. En 1312, l’ordre des Templiers fut dissous et ses biens en France furent attribués aux chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (dits Hospitaliers). Ses bâtiments subirent de nombreuses modifications. L’enclos du Temple à paris vers 1450 En 1667, les murailles qui dessinent l’Enclos dans le territoire parisien sont abattues au profit d’hôtels particuliers et de maisons locatives occupées essentiellement par des artisans. Mansart construit un palais pour le grand prieur. L’ancien rempart avait été remplacé par une élégante muraille surmontée d’une galerie décorée de colonnes. Napoléon Bonaparte fit démolir la Tour du Temple en 1808. La démolition dura deux ans. Aujourd'hui, il ne reste rien de cet enclos et des bâtiments. Trois noms de rue évoquent la présence des Templiers à Paris : la rue du Temple, la rue Vieille-du-Temple et la rue des Blancs Manteaux (3e et 4e arrondissement pour les deux premières, 4e pour la troisième). De même le boulevard du Temple et la station de métro Temple contribuent à l'évocation du quartier toujours appelé du « Temple », ainsi que son marché couvert appelé « Carreau du Temple » et le square du Temple juste à côté. 3 Les forteresses orientales Pour pallier la faiblesse de leurs effectifs, les croisés entreprirent la construction de forteresses dans les États latins d'Orient. Les Templiers ont participé à cet élan en faisant édifier pour leur besoin de nouveaux châteaux forts. Ils entreprirent également de reconstruire ceux qui avaient été détruits par Saladin vers 1187 et acceptèrent d'occuper ceux que les seigneurs d'Orient (ou d'Espagne) leur donnaient faute de pouvoir les entretenir. Certains d'entre eux permettaient de sécuriser les routes fréquentées par les pèlerins chrétiens autour de Jérusalem. Servant d'établissement à la fois militaire, économique et politique de l'ordre, la place forte représentait pour les populations musulmanes un centre de domination chrétienne. Les Templiers occupèrent un nombre plus important de places fortes dans la péninsule ibérique afin de participer à la Reconquista. Au XIIe siècle, après la chute de la ville de Jérusalem devant les forces de Saladin en 1187, les Templiers parvinrent à résister quelques mois dans certaines de leurs places fortes mais, peu à peu, en perdirent la plus grande partie. Il fallut attendre l'issue de la troisième croisade, menée par les rois de France, d'Angleterre et l'empereur d'Allemagne, pour que les Templiers reconstituent leur dispositif militaire en Terre sainte. Au XIIIe siècle, dans le royaume de Jérusalem, les Templiers possédaient quatre forteresses. LA FORTERESSE D’ATHLIT (château Pèlerin). C’était une des plus grandes forteresses templières en Terre Sainte. Elle fut bâtie sur un éperon rocheux entouré d'eau qui se situait sur la côte méditerranéenne, à environ 25 km au nord de Césarée et à environ 12 km au sud d'Acre et du mont Carmel dans le royaume franc de Jérusalem et à l'est de la tour de Détroit, cette dernière étant déjà en possession des Templiers. Elle se trouve aujourd'hui en Israël. Château Pèlerin faisait 280 mètres sur 160 et trois de ses côtés étaient baignés par la Méditerranée. La maîtrise des mers restant du côté des croisés (ce qui permettait d'approvisionner la place forte par ce biais), il s'agissait surtout de se protéger du côté des terres. Par conséquent le côté Est, le seul rattaché au continent, se trouve pourvu d'un fossé et de deux murailles dotées de tours. Le rez-de-chaussée du donjon était occupé par une chapelle. De plus, la forteresse se situe au bord d'une petite plaine contenant des marais salants, particularité dont les templiers tirent profit en exploitant les salines. La forteresse d’Athlit « château Pèlerin ». Vue du ciel 4 En 1218, les Templiers, aidés des Teutoniques et de Gauthier d'Avesnes, un baron flamand, fortifient la position de la tour dite du "Détroit" ou de la Pierre « Encise ». Au cours de leurs travaux, ils découvrent les assises de murailles antiques sur lesquelles ils décident de monter les fortifications de leur nouveau château. Ils découvrent aussi plusieurs sources d'eau potable ainsi que d'autres débris de murailles dont ils vont récupérer les pierres pour leur propre usage. Après la première ligne défensive, les Templiers érigent une seconde muraille sur toute la largeur de l'isthme. Le plan Cette muraille est protégée par un fossé et renforcée de trois saillants carrés. A l'extrémité sud, la porte d'entrée au château s'ouvre dans un renfoncement qui fait face à la mer. Juste derrière cette seconde muraille, deux énormes tours barlongues, bâties avec de gigantesques blocs de pierre et reliées par une courtine, assurent la défense de la chaussée menant à la seconde porte, située celle-là au nord de l'isthme. Les fortifications Ces tours étaient constituées de salles voûtées sur deux étages, et surmontées d'une terrasse crénelée. Le sous-sol était quant à lui occupé par de vastes caves et des magasins. A l'arrière de ce système défensif, s'ouvre une grande esplanade entourée de plusieurs bâtiments défensifs, murailles, saillants. Le sous-sol de ces bâtiments renferme également divers magasins et entrepôts. Du côté sud de l'esplanade, vers la moitié de sa longueur, s'élevait la chapelle hexagonale, qui selon Jacques de Vitry, a dû être un des plus beaux spécimens de l'architecture gothique en Orient. Cette chapelle avait un plan de construction à peu près identique à celui de la chapelle templière de Laon. Tout à l'ouest du promontoire, se trouvaient les installations portuaires qui permettaient le ravitaillement du fort et le débarquement des marchandises. Des magasins et entrepôts étaient également construits autour de ces installations. Quant aux bâtiments réservés à l'usage des Templiers, ils étaient construits à côté de l'église, mais ont complètement disparu. En 1219, dès la fin de sa construction, le sultan Malek-Mohadam qui venait juste de conquérir la place forte de Césarée, tente en vain d'assiéger la forteresse que les arabes nomment aussi « Ateleyt ». 5 En 1229, l'empereur germanique Frédéric II, estimant que le Château Pèlerin conviendrait parfaitement à son usage pour en faire une de ses places fortes sur la côte, tente de s'emparer du château par surprise. Il pénètre avec sa suite dans l'enceinte et somme au commandeur du Temple de lui remettre la place sans tarder. Les Templiers, loin de se laisser intimider par l'arrogance de l'empereur, verrouillent les portes, s'arment et déclarent que si l'empereur ne quitte pas immédiatement les lieux, il sera emprisonné. Frédéric II, fulminant de rage contre l'Ordre doit obtempérer et quitter les lieux. À partir de 1260 le site devient strictement défensif dans le sens où plus aucune offensive n'est lancée depuis Château Pèlerin. Cette forteresse ne fut jamais prise et sera d'ailleurs la toute dernière place forte abandonnée en Terre Sainte le 14 août 1291, après la perte de Saint-JeanD’acre le 28 mai de la même année. Le Château Pèlerin a par la suite été démantelé par les forces musulmanes. LA FORTERESSE DE SAFED. Une première forteresse fut construite entre 1131 et 1141 par Foulques V d'Anjou, roi de Jérusalem avant d'être entièrement démantelée en 1210 par Saladin. Elle se situait à l'est de la ville d'Acre (actuellement en Israël), et au nord du lac de Tibériade. Elle fut donnée à l'ordre du Temple en 1168 par le roi de Jérusalem, Amaury Ier. Les templiers la reconstruisirent entre 1240 et 1243 grâce à l'aide de l'évêque de Marseille, Benoît d'Alignant, qui convainquit Armand de Périgord, maître de l'ordre du Temple, de la faire renaître. C'est d'ailleurs l'évêque qui les aida financièrement et demanda l'aide des pèlerins. Le coût de sa reconstruction fut énorme, puisqu'il se montait à un million cent mille besants sarrasinois ; mais le coût d'entretien annuel, de quarante mille besants, n'était pas négligeable non plus. La forteresse de Safed 6 Le coût de sa reconstruction fut énorme, puisqu'il se montait à un million cent mille besants sarrasinois ; mais le coût d'entretien annuel, de quarante mille besants, n'était pas négligeable non plus. À l'époque où elle dépendait de l'ordre du Temple, la forteresse de Safed était tenue par un certain nombre de personnes : Cinquante frères chevaliers (templiers issus de la noblesse et participant aux combats). Trente frères sergents (templiers chargés d'assister les frères chevaliers). Cinquante turcopoles. Huit cents archers. LE CHÂTEAU DE SIDON et la forteresse de Beaufort furent tous deux cédés par Julien, seigneur de Sidon en 1260. Le Château Saint-Louis à Sidon est une forteresse construite en 1253 à Sidon au Liban, par le roi Saint-Louis, lors d'une campagne de restauration des ouvrages militaires des Croisés, à 200 mètres de la mer. On l'appelle aussi le château de terre ou encore Qala't al Mu'izz. Son emplacement est l'ancien tell de Sidon sur lequel se trouvait auparavant une acropole antique, puis une fortification construite au Xe siècle par Al-Muizz li-Dîn Allah. Aujourd'hui délabré, il a toutefois subi de nombreuses restaurations, notamment de l'Émir Fakhr-al-Din II. A ses pieds gisent encore des colonnes romaines. Château de Sidon LE CHÂTEAU DE BEAUFORT a été nommé « Beau fort » par les croisés qui l'occupèrent pendant le XIIe siècle. Le nom Arabe Qala'at ash-Shqif signifie Château du Haut 7 Rocher, son nom complet étant Qala'at ash-Shqif Arnoun qui est une combinaison du mot arabe Qala'at (château) avec le mot syriaque Shqif Arnoun (Shqif voulant dire haut rocher). Vestiges du château de Beaufort Château de Beaufort LE CHÂTEAU DE TORTOSE, situé dans le comté de Tripoli, a été reconstruit en 1212. Durant la première croisade, les croisés firent le siège de Tortose (en 1099) qu'ils remportèrent en peu de temps. Mais continuant leur chemin sur Jérusalem, ils ne laissèrent pas assez de protection et le château fut repris par les troupes musulmanes. C'est Raymond IV de Toulouse, comte de Tripoli, qui reconquiert la ville et le château en février 1102 après deux semaines de siège. Il fut donné à la garde des chevaliers du Temple vers 1165. Il fut plusieurs fois assiégé dont une, en juin 1180, par la mer, mais sans effet car il résista. Du 3 juillet au 11 juillet 1188, Saladin assiégea également le château et dévasta la ville basse (qui avait été auparavant vidée de tous ses habitants), mais ne put accéder au donjon défendu par plusieurs frères-chevaliers et le maître de l'Ordre lui-même. Le 17 juin 1242, Roncelin de Fos est le maître de la maison templière de Tortose. Le château de Tortose fut abandonné le 3 août 1291 par les Templiers après la chute de SaintJean-D’acre le 28 mai de la même année. 8 Château de Tortose LE CHÂTEAU DU CHASTEL BLANC. Après s'en être emparés en 1110, les Templiers l’agrandirent et le consolidèrent le Chastel Blanc pour en faire l'une des places fortes quadrillant le comté de Tripoli. Le Château du Chastel Blanc LE CHÂTEAU D’ARIMA est situé sur un éperon entre deux cours d'eau, affluents du Nahr Abrash. En 1149 il appartenait à un seigneur toulousain, Bertrand fils du comte AlphonseJourdain et petit-fils de Raymond de Saint-Gilles. Bertrand fut enlevé par surprise à Arima et emmené en captivité ainsi que sa sœur. L'émir « Nour ed Din » aurait fait de celle-ci sa femme et elle en aurait eu un fils. 9 Château d’Arima Au nord, dans la principauté d'Antioche, les places fortes templières étaient Baghras (Gaston) récupérée en 1216, ainsi que Roche de Roissol et Roche-Guillaume qu'ils détenaient toujours, Saladin ayant renoncé à les conquérir en 1188. La roche Guillaume BAGHRAS, fut construite autour de 1153 par les templiers et occupée par ces derniers ou par la principauté d'Antioche jusqu'à ce que Baghras fût forcée de capituler devant Saladin le 26 août 1189. 10 La forteresse fut reprise par les Arméniens en 1191 et leur occupation créa un contentieux important entre eux et les Antiochains et Templiers. Après une longue négociation, Baghras revint finalement aux templiers en 1216. Elle continua de leur servir comme quartiers généraux du nord et fut le point de départ de l'expédition désastreuse conclue par une défaite à Darbsâk en 1236. Si on se réfère aux chroniques arméniennes, la forteresse résista à un siège des forces d'Alep à la même époque. Après la prise d'Antioche par le sultan Baybars en 1268, la garnison perdit toute motivation et un des frères déserta pour lui présenter les clés de la forteresse. Les défenseurs qui restaient dans la place décidèrent alors de détruire ce qu'ils pouvaient, avant de finalement livrer le château. Malgré la perte de ce dernier, Héthoum II et Léon IV, rois d'Arménie, battirent un raid mamelouk dans ses environs en 1305. Place forte de Baghras Château de Baghras LE CRAC DES CHEVALIERS. Alors qu'il descendait à la fin de janvier 1099 vers Jérusalem avec ses troupes toulousaines et provençales Raymond de Saint-Gilles s'était attaqué à un château de montagne tenu par des guerriers Kurdes à la solde de l'émir de Homs. Il les en avait chassés, puis après s'y être reposé une dizaine de jours reprit sa route. Ce château Kurde (Hosn el Akrad) devait devenir le Crac des Chevaliers. Tancrède s'en empare en 1110. La forteresse se dresse à 650 mètres d'altitude au-dessus d'une vaste vallée d'une vingtaine de kilomètres de large, la « trouée de Homs », qui sépare deux grands massifs montagneux, au Nord le Djebel Ansarieh et au Sud l'extrémité de la chaîne du Liban. Elle empêchait ainsi toute irruption des musulmans sur la côte. Celui qui occupe cette position maîtrise la Syrie entière car il isole l'arrière-pays de sa façade maritime. Les croisés en firent donc l'élément de base de leur système de places fortes sur la côte. 11 Le Crac des Chevaliers La forteresse couvre 3 hectares, compte 13 grandes tours et comprend de nombreuses salles, passages, ponts et étables. Elle pouvait contenir jusqu'à 2000 combattants avec leurs chevaux et dans ses magasins ou citernes, elle contenait suffisamment de provisions pour les faire vivre durant 5 ans ! Le réfectoire Elle est si vaste, tellement inexpugnable, si parfaitement construite et les combats livrés pour sa maîtrise ont été si violents, qu'elle est devenue le symbole des luttes entre les occidentaux qui voulaient se maintenir dans les colonies établies loin de leurs pays en Terre Sainte et les armées arabes et musulmanes prêtes au plus grand sacrifice pour récupérer leur terre. Un entrepôt Une enceinte 12 LE FORT D’AKKAR En face du Crac, droit vers le Sud, à 25 kilomètres de distance, par-delà la plaine et le fleuve, se trouve une autre position fortifiée, le petit château d'Akkar perché à 700 mètres sur un étroit piton formant l'ultime ressaut du Liban. Le fort d’Akkar De cette muraille tombent avec fracas deux torrents rapides, qui embrassent la base du rocher que couronne le château et se réunissent au Nord pour constituer le Nahr Akkar. Le plateau qui forme l'assiette du château à 210 mètres de long du Nord au Sud et 70 mètres dans sa plus grande largeur. Il est complètement enfermé par une enceinte de murs en partie détruits, renforcés par des tours carrées et des saillants rectangulaires. Le terrain s'incline du Sud au Nord, et est coupé à peu près au milieu de sa longueur par un fossé qui divise la place en une basse-cour au Nord, et une cour supérieure au Sud. On pénètre aujourd'hui dans l'enceinte par un sentier qui aboutit dans la basse-cour au NordEst. Dans la cour supérieure se trouve une citerne. L'ouvrage principal est la tour qui se dresse sur un haut rocher à la pointe Sud. Cette tour domine toute la place. Elle avait environ 13 mxl3 m. Sa face Ouest fut doublée, vraisemblablement après les Croisades. La porte de cette tour, sur la face Nord, se dresse à plus de 3 mètres du sol. Il fallait donc pour l'atteindre une échelle.» La salle de la tour est voûtée, deux archères y sont percées l'une au Sud, l'autre à l'Est. On trouve un couloir tournant à angle droit et un escalier qui monte à la terrasse. De cette terrasse on a une vue très étendue vers le Nord. Par une percée on aperçoit la vallée du Nahr el Kebir, les forteresses du Crac et le Chastel Blanc et plus loin le Djebel Ansarieh. On pouvait donc communiquer d'une forteresse aux autres par des feux qui signalaient les mouvements de l'ennemi. 13 Ainsi le Crac et le fort d'Akkar, plantés sur deux éminences, gardaient solidement ce large couloir qui aurait offert un accès facile à des armées musulmanes partant de Homs et de Hama. En 1170, un tremblement de terre ayant causé de graves dégâts à plusieurs châteaux du comté, le roi Amaury, qui le gouvernait pendant la captivité du comte Raymond III, donna à l'Hôpital les châteaux d'Akkar et d'Archas (situé à l'Ouest d'Akkar, près du littoral) à charge de les reconstruire. Les forteresses ibériques LE CHÂTEAU DE SOURE. Dès 1128, l'ordre reçoit une première donation au Portugal, des mains de la comtesse régnante du Portugal, Thérèse de León, veuve d'Henri de Bourgogne : le château de Soure et ses dépendances. Château de Soure PROPRIÉTÉES FONCIÈRES. .En 1130, l'ordre en reçoit 19. LE CHÂTEAU DE TOMAR. Vers 1159, Gualdim Pais maître de l’Ordre du Temple au Portugal reçoit du roi Afonso Henrique, le château en ruine de Ceras, ainsi que toutes les terres des alentours s’étendant entre les rivières Mondego, Zezere et le Tage. Gualdim Pais estimant que Tomar, situé à quelques kilomètres de là offrait une position stratégiquement mieux adaptée, cessa la reconstruction de Ceras pour y édifier une nouvelle forteresse, sur une colline dominant la rive droite de la rivière Nabão. Les travaux de construction de la forteresse débutèrent le 1er mars 1160, date à laquelle le développement du village de Tomar prit également son essor. En 1169, les Templiers se voient confirmer leurs domaines de Tomar ainsi qu’un tiers de tous les territoires situés au sud du Tage qu’ils aideront à conquérir. Tomar sera le siège de l'Ordre jusqu'en 1214, date à laquelle il sera transféré à Castelo Branco. 14 Tomar regagnera son statut de siège d'un ordre monastique en 1357, lorsque l'Ordre du Christ, créé officiellement en 1319, s'y installera jusqu'à sa dissolution en 1834. Les fortifications entourant, la ville, la forteresse templière, la cour du château Le donjon Templier Escalier menant à la chapelle Templière Ruines des bâtiments conventuels CHATEAU D’ALMOUROL. En 1170, sa construction sur une île du fleuve, quelques kilomètres au sud de Tomar, viendra compléter l’ensemble des forteresses défendant la ligne du Tage. Le donjon Le château 15 En 1143, Raimond-Bérenger IV, comte de Barcelone, demanda aux Templiers de défendre l'Église d'Occident en Espagne, de combattre les Maures et d'exalter la foi chrétienne. Les Templiers acceptèrent non sans réticence, mais se limitèrent à défendre et pacifier les frontières chrétiennes et à coloniser l'Espagne et le Portugal. Une nouvelle population chrétienne venait en effet de s'installer autour des châteaux donnés aux Templiers, la région étant pacifiée. La Reconquista fut une guerre royale. De ce fait, les ordres de chevalerie y étaient moins autonomes qu'en Orient. Ils devaient fournir à l'armée royale un nombre variable de combattants, proportionnel à l'ampleur de l'opération militaire en cours. Ainsi, les Templiers espagnols ont participé à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, à la prise de Valencia en 1238, de Tarifa en 1292, à la conquête de l'Andalousie et du royaume de Grenade. Au Portugal, les Templiers ont pris part à la prise de Santarém (1146) et à celle d'Alcácer do Sal (1217). L'action de l'ordre du Temple dans la péninsule ibérique fut donc secondaire, car l'ordre tenait à privilégier ses activités en Terre sainte. Cependant, il possédait bien plus de places fortes dans la péninsule ibérique qu'en Orient. En effet, on dénombre au moins soixante-douze sites rien que pour l'Espagne et au moins six pour le Portugal (on compte seulement une vingtaine de places fortes en Orient). C'est également dans cette zone que l'on trouve les édifices qui ont le mieux résisté au temps (ou qui ont bénéficié de restaurations), comme par exemple les châteaux d'Almourol, Miravet, Tomar et Peniscola. Les forteresses dans l'Europe de l'Est À la différence de l'Orient et de la péninsule ibérique où les Templiers faisaient face aux musulmans, l'Europe de l’Est, où les ordres religieux-militaires étaient également implantés, les a confrontés au paganisme. Chapelle templière à Rurka Pologne 16 Chapelle templière à Rurka Pologne Chapelle templière à Chwarszczany (Quartschen) en Pologne En effet, les territoires de Pologne, de Bohême, de Moravie, de Hongrie, mais aussi de Lituanie et de Livonie formaient un couloir de paganisme, constitué de terres sauvages, en grande partie non encore défrichées, pris en tenailles entre l'Occident catholique et la Russie orthodoxe. Borusses (Prussiens), Lituaniens, Lives ou Coumans, encore païens, y résistaient à l'avancée lente mais inexorable - du christianisme depuis plusieurs siècles. La christianisation catholique, qui nous intéresse ici, se faisait à l'initiative de la papauté, mais avec le soutien des princes germaniques convertis (qui y voyaient l'occasion d'agrandir leurs possessions terrestres en même temps que de renforcer les chances de salut pour leur âme) et avec l'appui des évêques, notamment celui de Riga, qui tenaient en quelque sorte des places fortes en territoire païen. Après la disparition en 1238 de l'ordre de Dobrin (officiellement reconnu par le pape Grégoire IX sous le nom « Chevaliers du Christ de Prusse »), qui avait procédé aux premières conversions, les Templiers se virent invités formellement à prendre pied en Europe orientale. À cet effet, furent octroyés à l'ordre trois villages le long de la rivière Bug ainsi que la forteresse de Łuków (qu'ils se virent confier en 1257, en même temps que la mission de défendre la présence chrétienne dans cette région). Tout au long du XIIIe siècle, la présence des Templiers en Europe orientale est allée en augmentant et on compta jusqu’à quatorze établissements et deux forteresses templières. Cependant, les Templiers (tout comme les Hospitaliers, qui furent également présents en Europe orientale) cédèrent rapidement la place à l’ordre Teutonique dans la lutte contre le paganisme dominant ces régions reculées. Les deux ordres hésitaient à ouvrir un troisième front venant s'ajouter à ceux de la Terre sainte et de la péninsule ibérique, alors que l'idée première de cette installation aux frontières du christianisme était surtout de diversifier les sources de revenus afin de financer la poursuite des activités principales de l'ordre en Terre sainte. Autre région d'Europe orientale, mais plus méridionale, la Hongrie dut faire face tout comme la Pologne aux invasions dévastatrices des Mongols aux alentours de 1240. Présents là aussi, les Templiers envoyaient des informations aux rois occidentaux sans pour autant arriver à les alerter suffisamment pour qu'une réaction volontaire et efficace fût déclenchée. 17 Les commanderies Une commanderie était un monastère dans lequel vivaient les frères de l'ordre en Occident. Elle servait de base arrière afin de financer les activités de l'ordre en Orient et d'assurer le recrutement et la formation militaire et spirituelle des frères de l'ordre. Elle s'est constituée à partir de donations foncières et immobilières. Le terme préceptorie, est à tort employé: « ...Il est donc absurde de parler de « préceptorie » alors que le mot français correct est commanderie et il est de plus ridicule de distinguer deux structures différentes, préceptorie et commanderie... ». La plupart des biens possédés par l'ordre du Temple provenaient de dons ou de legs. Dans les premières années de sa création, les dons fonciers ont permis à l'ordre de s'établir partout en Europe. Puis, il y a eu trois grandes vagues de donations de 1130 à 1140, de 1180 à 1190 et de 1210 à 1220. Tout d'abord, on peut noter que tous les hommes qui entraient dans l'ordre pouvaient faire le don d'une partie de leurs biens au Temple. Ensuite, les dons pouvaient provenir de toutes les catégories sociales, du roi au laïc. Par exemple, le roi Henri II d'Angleterre céda au Temple la maison forte de Sainte-Vaubourg et son droit de passage sur la Seine au Val-de-la-Haye, en Normandie. Un autre exemple que l'on peut citer est le don fait en 1255 par le chanoine Étienne Colomb de la cathédrale Saint-Étienne d'Auxerre d'un cens perçu dans le bourg de Saint-Amâtre. Même si les dons étaient en majorité composés de biens fonciers ou de revenus portant sur des terres, les dons de rentes ou revenus commerciaux n'étaient pas négligeables. Par exemple, Louis VII céda en 1143-1144 une rente de vingt-sept livres établies sur les étals des changeurs à Paris. Les dons pouvaient être de trois natures différentes : Donation pro anima : il pouvait s'agir d'une donation importante (qui était souvent à l'origine de la création d'une commanderie) ou alors d'un don foncier mineur ne portant que sur quelques parcelles. La motivation du donateur était d'invoquer le salut de son âme ou la rémission de ses pêchés. Donation in extremis : ce type de donation était réalisé en majeure partie par des pèlerins agissant par précaution. Ils effectuaient ce don avant de partir en Terre sainte. Peu nombreuses, ces donations ont été vite remplacées par le legs testamentaire. Donation rémunérée : le donateur agissait dans le but de percevoir un contre-don. Il ne s'agissait pas exactement d'une vente mais plutôt d'un don rémunéré, assurant le donateur d'un avoir lui permettant de recevoir de quoi vivre. Le bénéficiaire (à cette occasion l'ordre du Temple) était également gagnant dans ce type de don, le contre-don étant d'une valeur inférieure. Le but de ce type de donation était de faciliter le processus de don, sachant que la cession de tout ou partie d'un bien foncier pouvait sérieusement entamer le revenu du donateur ou celui de ses héritiers. Il n'était pas rare d'ailleurs que certains conflits entre l'ordre et des héritiers survinssent en de pareils cas, le litige se réglant parfois par le biais de la justice. Après la réception de ces dons, il restait à l'ordre du Temple d'organiser et de rassembler le tout en un ensemble cohérent. Pour ce faire, les Templiers ont procédé à nombre d'échanges ou de 18 ventes afin de structurer leurs commanderies et de rassembler les terres pour optimiser le revenu qui pouvait en être tiré. On peut prendre le processus de remembrement comme parallèle, tout au moins à propos du regroupement des terres autour ou dépendant d'une commanderie. Par essence, on peut citer tous les pays de l'Occident chrétien du Moyen Âge comme terres d'établissement de l'ordre du Temple. Ainsi, il y eut des commanderies templières dans les pays actuels suivants : France, Angleterre, Espagne, Portugal, Écosse, Irlande, Pologne, Hongrie, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas. De même, il existait des commanderies en Orient. Selon Georges Bordonove, on peut estimer le nombre de commanderies templières en France à 700. La qualité de ces vestiges est très diverse aujourd'hui. Très peu ont pu garder intégralement leurs bâtiments. Certaines commanderies ont été totalement détruites et n'existent plus qu'à l'état archéologique, ce qui est le cas par exemple de la commanderie de Payns dans le fief du fondateur de l'ordre. En France, trois commanderies ouvertes au public présentent un ensemble complet. Au sud Commanderie de La Couvertoirade Commanderie de La Couvertoirade Département de l'Aveyron En région centre Commanderie d'Arville Commanderie d’Arville Département de Loir-et-Cher 19 En région nord Commanderie de Coulommiers Vue aèrienne de la Commanderie La commanderie fut fondée entre 1172 et 1173 sur des terres offertes par Henri, comte palatin de Troyes en Champagne. Elle est en effet mentionnée dans un acte de confirmation de donation du comte Henri écrit à une date comprise entre le 8 avril 1173 et le 23 mars 1174. Par contre cette maison du Temple n'est pas mentionnée dans les rôles des fiefs du comté de Champagne vers 1172. La fondation a eu lieu entre ces dates. La Commanderie aujourd’hui Sa principale activité était la culture des céréales, froment, avoine. La vie au sein de la communauté de Coulommiers était secouée par des contentieux avec le comte Thibaud IV (comte de Champagne de 1201 à 1253). En effet, celui-ci s'inquiétait fortement de la montée en puissance de l'Ordre et notamment de sa richesse. Il en vint à adresser une requête au roi Louis IX, afin d'interdire aux Templiers d'acheter des biens sans autorisation du comte. Ce qui fut accepté. 20 Plan de la Commanderie Lors de l'arrestation des Templiers en octobre 1307, il n'y avait plus que quatre frères dans la commanderie. Parmi eux, Jacques le Verjus de Rebais en Brie, âgé de 70 ans, Lambert de Cormelles, âgé de 45 ans et le frère sergent Rémi qui était le précepteur. La commanderie fut cédée aux Hospitaliers sur ordre du pape. Ils y entreprirent de nombreux travaux de rénovation au XVIe siècle. À la Révolution française, elle fut vendue comme bien national à un fermier du nom de Pierre Josse. La chapelle fut désacralisée et transformée en grange à paille et à foin. La commanderie changea de nom et fut appelée la ferme de l'Hôpital. On s'aperçoit que le nom des Templiers disparaît et avec lui la connaissance de l'origine du lieu. Cette ferme fut en activité pendant 172 ans avant d'être achetée par la commune de Coulommiers qui fit bâtir ses terres à partir de 1964. Menacée de démolition, cette ancienne commanderie templière fut sauvée de justesse par une association locale qui entreprit bénévolement sa restauration et la fondation d'un projet de réutilisation culturelle et pédagogique. Elle comprenait une chapelle datant du début du XIIIème, un corps de logis assez caractéristique comprenant réfectoire et dortoirs (intérieur en restauration actuellement), une maison du Chapitre dans le prolongement ouest de la chapelle, un colombier (ou pigeonnier) 21 datant probablement de l’époque des Hospitaliers abritant un élevage de volatiles voyageurs, une grange, des bâtiments communs et un jardin médiéval récréé dans les années 1990. La chapelle La chapelle, de style gothique, date du début du XIIIe siècle. Elle était placée sous le vocable de sainte Anne. Mais il se peut qu'elle fut construite tout d'abord au 12ème siècle de style roman puis reconstruite au 13ème siècle de style gothique, peut-être suite à un incendie d'après le récit d'historiens locaux. La chapelle et le colombier C'est un bâtiment de plan rectangulaire orienté vers l'est. Le mur du chevet est plat et percé de trois fenêtres en arc brisé. Les murs construits en moellons sont enduits à l'intérieur comme à l'extérieur. À l'intérieur, il persiste des faux joints peints au lait de chaux qui donnent l'impression que le mur est en pierre de taille. Des peintures templières sont encore visibles au chevet et autour de la clé de voûte du chœur. Elles sont blanches (lait de chaux) ornées d'un trait ocre). Il y a un Saint-Georges terrassant le Dragon, une scène de l'Annonciation, un Christ en Gloire, et quatre anges. Dix chapiteaux sculptés soutiennent les arcs de la voûte. Six représentent des motifs végétaux, quatre figurent des têtes humaines. La voûte culmine à onze mètres de hauteur. La chapelle 22 Au-dessus de la voûte, fait exceptionnellement rare, se trouve encore la charpente d'origine de construction soit du début du XIIIe siècle. C'est une charpente en chêne à chevrons formant ferme. Il a existé au XVIe siècle un clocher en bois qui fut démonté à la Révolution. Le toit est couvert avec de grandes tuiles plates qui étaient à l’origine vernissées de couleur verte. Le sol actuellement en terre battue était recouvert d'un carrelage en terre cuite vernissé de couleur verte. La chapelle possède toujours ses quatre portes : la porte des moines vers le logis au nord, la porte des morts vers le cimetière au sud, la porte principale vers la salle du chapitre à l'ouest au-dessus de laquelle se trouve la porte dite du commandeur donnant accès à l'étage du bâtiment du chapitre Vue intérieure de la chapelle Peinture murale de l'Annonciation. Partie supérieure droite du mur du chevet Saint Georges terrassant le dragon Peinture murale de l'Adoration des Mages. Partie supérieure du mur ouest de la chapelle 23 Le logis Vue extérieure du logis Le logis, construit à l'époque Templière, est situé à l'est de la cour. Son état actuel est issu de nombreuses transformations au fil des siècles. La maçonnerie en pierre meulière ainsi que des traces d'anciennes portes et fenêtres nous donnent une idée de son état d'origine. C'est un vaste bâtiment constitué de trois niveaux, un rez-de-chaussée, un étage et des combles sous charpente. L'accès aux étages se faisait par un ou deux escaliers dont nous avons encore la trace à l'angle Sud-est. Les portes et les fenêtres étaient en arc brisé et se disposaient sur les façades Est et ouest. Nous n'avons aucune trace de la structure interne d'origine. Cependant, la disposition des anciennes portes nous laisse supposer que la façade principale du logis était à l'Est à l'époque Templière. Il comprenait un cellier, une cuisine équipée d'une cheminée monumentale, un réfectoire au rez-de-chaussée, et probablement deux dortoirs à l'étage, séparé par une cloison. Deux tours octogonales d'escalier servaient d'accès dans les angles est. Le bâtiment templier a été remanié par les Hospitaliers dans la première moitié du XVe siècle, selon un compte-rendu de visite de 1456. Tout d'abord, le bâtiment a été amputé de sa partie nord (cellier, escalier et cuisine). Les portes et certaines fenêtres d’époque templière bouchées et reconstruites dans le style renaissant. Une tour d'escalier octogonale sur plan carré a été plaquée à la façade ouest, côté cour. Ce bâtiment contraste avec les autres en raison de ses maçonneries en rangs alternés de briques et de pierres. L'intérieur présente six pièces qui étaient toutes équipées de cheminées et séparées par des cloisons à pan de bois avec remplissage de briques. La charpente traditionnelle en chêne est constituée de vingt-et-une fermes de chevrons et d'un double sous-faîtage. Cette charpente dont les parties basses sont en mauvais état est en cours de restauration. Tout le bâtiment a nécessité des étaiements intérieurs comme extérieurs par la pose de tirants métalliques intérieurs et de contrefiche en bois sur la façade est. (Données 2006) 24 La maison du chapitre Salle du chapitre Ce bâtiment à un étage, prolonge la chapelle à l'ouest. La salle du chapitre, telle qu'elle est baptisée actuellement, date du 12ème siècle. De plan carré est couverte d'une voûte romane enduite au plâtre qui s'appuie sur quatre colonnes. Les deux colonnes est sont d'origine. Les enduits des murs ont disparu ainsi que le carrelage probablement vernissé vert. La salle était ouverte par deux portes barrées, l'une donnant vers la cour, l'autre vers la chapelle. L'absence de fenêtre, ou de trace de fenêtre, renforce le huis clos nécessaire à la réunion des frères. Elle était certainement plus grande à l'origine et s'étendait sur tout le bâtiment. On trouve encore un montant de l'ancienne porte d'accès dans la maçonnerie à proximité de la tour du pigeonnier. Nous supposons que cette salle servait à la réunion hebdomadaire de la communauté des Templiers de la commanderie, réunion durant laquelle étaient jugées les affaires concernant la communauté ou les fautes des frères. Il n'existe pas de texte décrivant l'agencement de cette salle au Moyen Âge et le mobilier templier ou hospitalier a totalement disparu. Les bancs actuels installés entre les colonnes (cf. photo) sont les anciens bancs du chapitre de l'abbaye bénédictine de Jouarre situées à douze km au nord de Coulommiers. L'étage du bâtiment est constitué d'une grande pièce. On y accède par l'escalier du colombier. Une première porte donne accès à la tour de la chapelle. Une deuxième porte donnait accès à la chapelle par un escalier aujourd'hui disparu. On peut supposer qu'il s'agissait de l'appartement du commandeur templier. 25 Le colombier ou pigeonnier L'actuel colombier, situé au milieu de la façade nord de la maison du chapitre en saillie côté cour, a été construit par les Hospitaliers après 1640. Il servait à l'élevage de pigeons. Il comporte 393 nichoirs en plâtre destinés à accueillir les pigeons du domaine de la commanderie. L’intérieur du colombier. Il s'agit d'une tour cylindrique avec une corniche en plâtre, une toiture conique en tuiles plates posées sur une charpente à enrayure. L'établissement d'un pigeonnier marque surtout une période d'aisance économique de la commanderie puisque tout pigeonnier possède autant de nichoirs que le domaine dispose d'arpents de terres, ce qui correspond pour la commanderie à un domaine d'environ 400 arpents, soit 200 hectares. Un pigeonnier reste surtout une marque de prestige que les hospitaliers ont placée ici afin de démontrer l'importance acquise par leur commanderie. Ayant été posé à l'emplacement de l'ancienne porte d'accès Templière, au milieu de la façade du bâtiment, le pigeonnier semble être à l'origine de la division de la salle du chapitre en deux pièces désormais distinctes. Ces maçonneries en moellons sont minces, environ 50 cm d'épaisseur. La tour servait à deux usages avec un escalier en bois en partie basse qui permettait d'accéder à l'étage de la maison, et le colombier en partie haute. Un plancher de séparation en chêne existait encore en 1970. La partie supérieure comporte deux étages de nichoirs construits en chaux sur encorbellement de bois. Deux fenêtres permettaient le passage ou l'enfermement des pigeons. On compte 993 nichoirs qui correspondent à cinq cent hectares, surfaces estimées des terres de la commanderie avant la Révolution. On ne sait rien du colombier que les Templiers devaient posséder dans cette commanderie. 26 La grange aux dîmes Refermant la cour à l'ouest, cette grange d'origine templière était bâtie initialement à l'extérieur de la cour en face de la porte primitive de la commanderie. Il s'agissait d'un vaste grenier de 33 mètres de long qui permettait de remiser la récolte de céréales de l'année. Les maçonneries en pierre des champs sont renforcées aux pignons par cinq contreforts en grès. La moitié supérieure du bâtiment restait vide afin d'assurer l'aération nécessaire au stockage des grains. Très sombre, cette grange ne possédait à l’origine qu’une seule ouverture à l'est, vers la cour, c’est-à-dire une large porte à deux battants pour entrer les charrettes. Le sol primitif était en terre battue. La charpente traditionnelle en chêne est posée sur des dés en grès taillé. Elle a été reconstruite par les Hospitaliers au XVIe siècle. La toiture à deux pans, en tuiles plates était à l'origine en chaume comme tous les autres bâtiments, hormis la chapelle. La Grange aux Dîmes L’intérieur de la Grange aux Dîmes. Détails de la charpente. 27 Les communs On compte quatre bâtiments annexes : La porcherie. La petite grange et charreterie. Écuries et étables, refermant la cour au nord, ce bâtiment a perdu tout son intérêt architectural, suite à une rénovation dans les années 1970. La cour, la grange aux dîmes et les communs On peut supposer que la plupart des granges furent construites dans le courant du 19e Siècle afin de bâtir en dur tout l'ensemble du corps de ferme qui devait auparavant mêler les constructions en pierre et les constructions en bois. La porcherie, construite à la même époque marque bien la nouvelle fonction donnée à la commanderie, car elle est placée précisément du côté des anciens bâtiments conventuels, désormais utilisés à des vocations agricoles. Deux de ces murs attestent par leur épaisseur de la réutilisation de bâtiments plus anciens La porcherie 28 Les caves et souterrains La cave templière est constituée de deux salles construites en moellons maçonnées au mortier de chaux à gros grain. Son accès se fait par un escalier en marches de grès. La première salle longitudinale est voûtée en berceau. La deuxième salle est carrée. En son centre, une grosse colonne soutient la voûte. Le chapiteau est décoré de quatre crochets d'angle en forme de boule. Dans le mur ouest, une cavité pourrait être l'entrée d'un souterrain, aujourd'hui désaffecté. Il semble qu'un souterrain prolongeait la cave à l'ouest. Son entrée large de 1 mètre 55 a été écroulée et bouchée par les fermiers vers 1850 et ce pour des raisons de sécurité (absence d'oxygène). Ce souterrain servait d'accès discret et de sécurité pour les frères de la Commanderie. Il est probable qu'il débouchait à une centaine de mètres plus loin dans un champ ou un bois qui appartenait à la Commanderie. Les caves Templières Le jardin médiéval Ce jardin d’inspiration médiévale, clos d’un mur, situé au sud des bâtiments des communs de la Commanderie, a été créé en 1993, par l'association ATAGRIF, sous la direction du paysagiste Joël Chatain. A l'emplacement d'un ancien jardin disparu, il présente différents espaces thématiques, s'étend sur 4000 m² et présente une collection de 250 plantes sauvages ou cultivées, connues au Moyen Âge. Quatre carrés de 100 m2 entourés de fascines en osier tressé : potager, plantes à usage technique, ornementales à bouquets et plantes médicinales. Un carré courtois autour du puits. Une collection de saules têtards pour la production d’osier. 29 Des plates-bandes de culture. L’enclos des fruits rouges. Un verger de pommiers et poiriers de variétés anciennes. Un fruticetum: espace d’arbres à fruits secs. Les plantes et fleurs étaient à la base de la vie quotidienne des Templiers : ils s’en servaient pour se nourrir, se soigner, décorer les autels et comme outil technique. En plus d’être historique, ce jardin médiéval a fait pousser des graines de poésie entre ses plantations de fruits rouges, de vergers et de vignes. En hommage au Roman de la Rose, écrit par Guillaume de Lorris et de Jean de Meung au Moyen-âge, ce jardin est une véritable ode à l’amour courtois. Vue des bâtiments depuis le jardin médiéval Le jardin médiéval 30