Epitre N°3
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Epitre N°3
De part et d’autre du Caucase Depuis l’écurie du Club du Cheval Blanc, où j’écris ces lignes, une idée jaillit dans mon esprit. Cette chaîne du Caucase qui me fait face est une image presque parfaite des gens qui la côtoient, à la fois âpre par ses falaises apparentes et grande, tel le mont Elbrouz qui culmine à 5 642 mètres. EN ARMENIE C’est l’âpreté du froid qui nous a tout d’abord saisi en arrivant le 22 décembre à Gyumri, ville appelée la « Sibérie du Caucase ». C’est ensuite l’âpreté de la vie dans cette deuxième ville d’Arménie qui nous surpris ; ville où l’on trouve un homme pour quatre femmes, les autres étant en Russie ou au front face à l’Azerbaïdjan. Apreté aussi de l’histoire pour ces orphelins avec qui nous avons passé Noël. C’est la grandeur de ce peuple d’Arménie, première nation devenue chrétienne en 301 et qui parle la même langue depuis quasiment dix-sept siècles qui nous a également marquée. Pourtant aujourd’hui l’Arménie garde les stigmates du communisme qui lui laisse comme souvenir l’alcoolisme et une certaine impuissance face au travail. C’est dans ce contexte et à la suite du tremblement de terre dévastateur de 1988 que Sœur Arousiag, sœur de la communauté de l’Immaculée Conception d’Arménie, est venue fonder un orphelinat à Gyumri ainsi qu’un lycée professionnel. L’orphelinat Du travail, elle et ses sœurs n’en manquent pas. Mais quelle récompense que d’entendre les rires de ces enfants et leurs chants qui s’élèvent la nuit de Noël ! Soeur Arousiag, la fondatrice de l’orphelinat. Le soir de Noël avec une partie des enfants. Un tour de vélo avec les enfants. le site de l’orphelinat : http://www.notrearmenie.org EN RUSSIE De l’autre côté du Caucase, en Russie, dans cette petite république autonome de Kabardino-Balkarie on retrouve la même âpreté. Le chômage et l’alcoolisme font des ravages et ici aussi le père est peu présent. Mais la grandeur existe et son meilleur représentant en est le cheval. C’est ainsi qu’en arrivant ici il y a dix ans, le frère Laurent a trouvé un langage commun avec tous ces peuples cavaliers que sont les Balkars, les Kabardes et les Tcherkesses à majorité musulmane. Aujourd’hui à Blagovechenka, un petit prieuré rassemble donc trois frères de la Communauté Saint Jean qui proposent une véritable éducation à tous les jeunes désœuvrés des alentours. L’église en torchis bâtie par les frères. La balade du dimanche après-midi à Blagovenchenka Ici, Andreï, Sergueï et leurs amis apprennent que la grandeur passe par la douceur. C’est ainsi qu’ils apprennent à être attentifs à leur monture et que, par le respect et la confiance, ils entrent en relation avec leur cheval. Le frère Karl Emmanuel apprend aux jeunes à tanner une peau de Lapin. Frère Laurent Frère Baudouin-Marie et Benoît Le site du prieuré de http://catholiquescaucase.wordpress.com Ainsi, de part et d’autre du Caucase, au milieu de déserts affectifs, culturels et économiques, ces deux communautés ouvrent un puit d’espérance pour ces peuples. En apprenant la cuisine au lycée professionnel ou en soignant les chevaux à l’écurie du Cheval Blanc, les jeunes redécouvrent leur dignité. C’est dans la persévérance et l’amour des petites choses bien faites qu’un horizon se dessine devant eux.