Les chercheurs bretons militent à Londres pour l`avenir européen de

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Les chercheurs bretons militent à Londres pour l`avenir européen de
Les chercheurs bretons militent à Londres pour l’avenir européen
de la recherche en Sciences Humaines et Sociales
Le 6 décembre 2012, un forum international sur l’avenir de la recherche dans les SHS à l’aube de Horizons 2020 et
de l’Espace Européen de la Recherche (European Research Area - ERA) a été organisé à Londres, dans le cadre du
projet DisValHum, labellisé par le pôle « Gouvernance » de la MSHB. Réalisé avec le concours de la British Academy
et hébergé par cette institution, le Forum a réuni des acteurs de la recherche dans les SHS avec des responsables
politiques des organismes de programmation, de financement et d’évaluation de la recherche, représentant la
Commission Européenne, la France, la Grande Bretagne et l’Allemagne.
Le public, formé par des
chercheurs
dans
les
humanités et les sciences
sociales, des responsables
« projets européens », des
présidents d’universités et
vice-présidents recherche,
des
journalistes,
a
longuement échangé avec Geoffrey WILLIAMS (UBS) et Ioanna
(UBS) présentent à leurs
les conférenciers sur la GALLERON
collègues européens leurs réflexions sur
place que la recherche dans l'évaluation des SHS, Londres, Décembre
les SHS - et surtout dans 2012.
les disciplines relevant des humanités (études de langue
et littérature, linguistique, théologie, philosophie, histoire
et droit) - occupera dans une Europe de mieux en mieux
structurée par les grands programmes cadre lancés par la
Commission Européenne et dans le contexte d’accélération
de la mobilité des chercheurs. Les inquiétudes prégnantes au
sujet du futur budget de Horizons 2020 ont été longuement
exprimées, tout comme les interrogations liées aux effets de
l’ERA sur une Europe de la recherche déjà à deux vitesses,
potentiellement partagée demain entre les « mobility winners
» et les « mobility losers », où l’effet « drainage de cerveaux
» risque de s’intensifier.
Un des enseignements majeurs de la journée a été la
nécessité, pour les chercheurs européens dans les SHS, de
s’organiser afin de faire entendre leur voix. Réunis le plus
souvent dans des associations nationales, peu coordonnées
entre elles, les chercheurs dans les SHS manquent de
structures efficaces pour l’organisation d’un véritable
lobbying au niveau pan-européen. Par ailleurs, les difficultés
liées à l’évaluation de leur travail (impossibilité de mener des
études bibliométriques, qualité inégale du système de peer
review, impact social rarement mesuré...) se traduisent par
un manque chronique de visibilité auprès des décideurs, des
financeurs et du grand public. Une université avec une forte
composante SHS a d’emblée moins de chances de se trouver
dans des palmarès internationaux du type « Shanghai »,
car aucun des critères de sélection ne prend en compte la
recherche dans ces domaines. Le manque de disponibilité
et la piètre qualité des données freinent également des
initiatives plus généreuses envers les humanités, comme
U-Multirank, qui n’annonce une implémentation pour les SHS
qu’à partir de 2015-2016.
Cependant, la vitalité du système britannique et autres
success stories de la
Ligue Européenne des
Universités de Recherche
intensive (LERU) montrent
que l’avenir des SHS n’est
pas inéluctablement noir.
En effet, les universités
britanniques
et
des
universités comme Leiden Le point de vue de la Commission
continuent d’attirer de Européenne: Philippe KERAUDREN,
nombreux
étudiants Chef d’Unité SHS de la DG Recherche
internationaux dans les SHS et captent, dans ces domaines,
des fonds de recherche comparables à ceux des sciences
« dures ». La clé de leur réussite est clairement liée à des
options politiques fortes. Au niveau national, des budgets
considérables sont investis dans la recherche en général et
dans les SHS en particulier. Par ailleurs, ces pays s’engagent
pleinement dans les ERA-NETs (HERA, NORFACE), ouvrant
ainsi de très intéressantes possibilités de financement
pour des groupes entiers de chercheurs qui ne peuvent pas
répondre aux thématiques du PCRD. Au niveau institutionnel,
la recherche, mise au cœur de l’université, fait l’objet d’un
soutien indéfectible de la part des équipes dirigeantes, oriente
le recrutement, s’appuie sur un personnel administratif de
très haute qualité et se fonde sur une évaluation périodique,
transparente, formative et régulièrement en progrès quant à
ses méthodes et principes.
Pour conclure, il a été proposé que toute une série de
rencontres soit organisée, afin de montrer ce que les SHS et
plus particulièrement les humanités peuvent apporter aux
« grands défis » qui structurent Horizons 2020. L’objectif de
ces rencontres serait ainsi à la fois d’apporter une impulsion
pour une véritable politique européenne en faveur des SHS,
et d’ouvrir les communautés de chercheurs, qui sont parfois,
dans ces domaines, trop enclines à se replier sur ellesmêmes.
Le programme de la rencontre, les présentations, tout comme
des informations complémentaires à propos du projet de
recherche dans lequel s’insère cet événement peuvent être
consultés sur le site www.evalhum.eu.
Auteure : Ioanna GALLERON,
Maître de conférences,
Université de Bretagne Sud, Lorient.