Marcia Hessecréation

Transcription

Marcia Hessecréation
Marcia Hesse
création
FABRICE MELQUIOT
EMMANUEL DEMARCY-MOTA
DU 9 AU 26 NOVEMBRE
mise en scène Emmanuel Demarcy-Mota
assistant à la mise en scène
Christophe Lemaire
collaboration artistique François Regnault
scénographie Yves Collet
avec la collaboration de Michel Bruguière
création sonore Jefferson Lembeye
costumes Corinne Baudelot
maquillages Catherine Nicolas
environnement image Alain Paul Mallard
avec Alain Libolt, Philippe Demarle,
Benjamin Egner, Louis Arene,
Marie Armelle Deguy…
(distribution en cours)
La quatrième pièce de Fabrice Melquiot que
monte Emmanuel Demarcy-Mota (après Le
Diable en partage, L’Inattendu et Ma vie de
chandelle présenté en 2004 aux Abbesses)
porte un nom de femme : Marcia Hesse. Et
cette femme encore toute jeune est morte.
Son fantôme parcourt la villa au bord de la
mer où, pour célébrer à la fois ce qui aurait dû
être son anniversaire et les fêtes de fin d’année, se réunit sa famille. Une famille d’aujourd’hui, au sens large du terme. Plutôt une tribu,
composée des parents proches et collatéraux, plus quelques amis. Treize en tout.
Histoire de conjurer le sort, à table il y aura
son chapeau à elle, Marcia.
L’histoire du théâtre est faite d’histoires de
familles, et celle-ci ne faillit pas à la tradition.
Elle arrive dispersée, et dans le temps compté
de ce rituel factice, essaie à toute force de se
sentir unie. Et puis bien entendu, elle se
déchire à belles dents, mais sans haine, avec
une réjouissante vitalité. Comme souvent chez
Fabrice Melquiot, la famille se trouve en butte
à la violence extérieure : la guerre dans Le
Diable en partage ; la mainmise des regards
virtuels sur la vie privée dans Ma vie de chandelle ; ici, une tempête qui isole la villa du
monde. Le genre de huis clos qu’aime le
théâtre, mais bousculé par l’intrusion du fantastique, par l’invisible présence de Marcia.
Elle est là dans leurs pensées à tous, ils ne
peuvent s’en détacher.
Alors, il ne s’agit plus d’un souvenir supplémentaire des Atrides ou de La Noce chez les
petits-bourgeois, chef-d’œuvre burlesque de
Brecht tant imité, mais d’une écriture qui, dans
sa construction même, définit le caractère
singulier de la famille, et de chacun de ses
membres.
Les répliques sont brèves, comme si tous se
connaissaient suffisamment pour ne pas avoir
besoin de préciser les arrière-plans. Chacun
sait de quoi l’autre parle. Ce qui ne les empêche pas de glisser sur la pente de ces mensonges dont personne n’est vraiment dupe. Et
c’est l’un des points qui touchent Emmanuel
Demarcy-Mota (voir sa mise en scène des Six
Personnages en quête d’auteur de Pirandello
en 2001).
« C’est dans le mensonge, dans la reconstruction des vérités particulières que le théâtre
devient intéressant. Pendant toute la représentation, cette famille, lourde de ses secrets,
de ses non-dits, tente de se reconnaître, de
trouver son identité pour parvenir à “faire son
deuil”. Mais est-ce possible, en groupe ? Estce que le deuil peut être partagé ?
« Tous s’agitent autour de la table, se
comportant le plus banalement du monde.
Mais le fantastique, le fantasme s’insinue. Dès
le début, ils se préparent à déguster des
coquillages, qui deviennent des “êtres entre la
vie et la mort”, à dévorer. Et la femme qui est
là, que personne ne peut, ne veut voir, et qui
les hante, c’est la Mort.
« “La Mort n’a pas de phrase”, ils ne peuvent
pas en parler, ne peuvent pas dire l’essentiel.
Ils tournent autour du pot, ils se tiennent là,
comme autour d’un grand trou. Comme lorsqu’on creuse un puits. On creuse la terre, on
guette, on regarde l’eau monter, on reste là,
attentifs, pour tout de suite construire la paroi
de briques, ce doit être immédiat, sinon l’eau
s’échappe. Et comme ça, en attendant, on
parle de tout et de rien.
« Ils sont là, réunis pour un souper en souvenir de Marcia, et vont s’en aller. Ils n’en ont pas
envie, n’en ont pas vraiment la force, ne
peuvent pas faire autrement, c’est elle qui les
oblige. Elle l’a écrit avant de mourir, et la mère
va transmettre son vœu, ses ordres. »
Ils s’en vont dans la tempête. Ce n’est pas une
fin, c’est un commencement peut-être. L’adieu
au deuil.
Fabrice Melquiot
C’est à la Compagnie des Millefontaines
qu’Emmanuel
Demarcy-Mota
rencontre
Fabrice Melquiot, alors comédien. Il a vingtdeux ans (il est né en 1972) et déjà il écrit, en
direction des jeunes publics : Les Petites
Mélancoliques, Les Jardins de Beamon. Peu à
peu, l’écriture occupe tout son temps. Il retrouve Emmanuel Demarcy-Mota qui monte Le
Diable en partage (prix du Nouveau Talent de la
SACD, prix Jean-Jacques Gautier du Figaro,
révélation de l’année pour le Syndicat de la
Critique) et L’Inattendu au Théâtre de la Bastille
puis à la Comédie de Reims dont il vient d’être
nommé directeur, où il fait venir Fabrice
Melquiot comme auteur associé, où il crée
Marcia Hesse. Il n’est pas le seul à s’intéresser
à cette écriture, traduite en allemand, en espagnol, en italien. En 2003, pour la première fois
la Comédie-Française présente un spectacle
pour jeunes publics, et c’est Bouli Miro de
Fabrice Melquiot.
Emmanuel Demarcy-Mota
En 1989, naît au lycée Rodin, par la volonté
d’Emmanuel Demarcy-Mota, fils de metteur en
scène et de comédienne, la Compagnie
Millefontaines. Après avoir affronté Ionesco,
Pirandello, Wedekind, elle poursuit avec
Léonce et Lena de Büchner au TCA d’Aubervilliers. En 1997, en résidence au Forum culturel du Blanc-Mesnil, elle crée Peine d’amour
perdue de Shakespeare dans une traduction
de François Regnault avec qui travaille alors
Emmanuel Demarcy-Mota, notamment sur Six
Personnages en quête d’auteur, créé en 2001
au Théâtre de la Ville. En 2002, nommé à la
Comédie de Reims, il y fait venir, en tant qu’auteur associé, Fabrice Melquiot dont il monte Le
Diable en partage et L’Inattendu, Ma vie de
chandelle (présenté aux Abbesses) et trois
monologues. En 2004, il retrouve Ionesco,
Rhinocéros, et le Théâtre de la Ville.

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