l`itineraire de vie

Transcription

l`itineraire de vie
L’ITINERAIRE DE VIE
Jocelyne GABRIEL, infirmière et Françoise PINSON, aide-soignante
Centre Gilbert RABY
SERVICE QUALITE
Elément de référence/communication présenté lors de la journée organisée à
l’attention des médecins du travail le jeudi 11 juin 2009
L’itinéraire de vie et d’alcoolisation est un outil que nous proposons aux patients de cure
et de postcure, s’il n’y a pas de contre-indication médicale.
Après accord du patient, il consiste à écrire de façon concise, son histoire de vie, dans
l’ordre chronologique, avec ses faits marquants heureux et malheureux, de la naissance à
aujourd’hui, en tenant compte aussi des évènements de vie marquants de ses parents avant
sa naissance.
L’infirmière le fait s’interroger par des questions ouvertes et une écoute active sur son passé,
avec respect de ce qu’il dit et ne dit pas.
Il arrive que certains patients ne puissent l’écrire, alors nous leur proposons :
‐
soit, de l’écrire pour eux,
‐
soit, qu’ils l’expriment verbalement.
Nous les orientons vers la psychologue et le médecin référent, soit en cours d’itinéraire, soit
à la fin, sachant qu’il doit être fini quelques jours avant sa sortie.
Bien sûr il est confidentiel.
C’est le docteur Jean RAYNAUD de l’AREAT (Association pour la Recherche et
l’Enseignement en Alcoologie et sur la Toxicologie) qui est à l’origine de cet itinéraire de vie
et d’alcoolisation.
Lorsqu’il est écrit, l’infirmière aide le patient à distinguer différentes périodes :
‐
de solitudes,
‐
de dépendances psychologique et physique et à tracer sa courbe d’alcoolisation et
éventuellement sa courbe de cannabis ou de benzodiazépines.
Objectif :
Il permet :
‐
De se réapproprier son passé pour mieux construire son avenir ;
‐
De mettre des mots sur les maux ;
‐
De faire le lien entre évènements de vie et prises d’alcool et, ou autres produits
psychotropes ;
‐
De prendre conscience de la fonction du produit ;
‐
De faire émerger des ressources ;
‐
Eventuellement avec des membres de sa famille, de communiquer dans sa
recherche du passé ;
‐
De favoriser un lien de confiance avec le soignant référent.
Page 1 sur 4
L’ITINERAIRE DE VIE
Jocelyne GABRIEL, infirmière et Françoise PINSON, aide-soignante
Centre Gilbert RABY
SERVICE QUALITE
Elément de référence/communication présenté lors de la journée organisée à
l’attention des médecins du travail le jeudi 11 juin 2009
L’OUTIL ITINERAIRE
L’idée est de représenter, de façon très schématique, un parcours de vie et d’y superposer une
courbe représentant la consommation alcoolique. Les évènements de vie sont donc notés sur
une échelle graduée par âge.
Il nous a semblé pertinent de commencer le travail d’« itinéraire » en inscrivant dans un premier
temps l’histoire de vie car cela permet ainsi au patient de ne pas rester centré sur son problème
d’alcool et de se livrer de façon plus authentique. Des souvenirs, non empreints d’alcool peuvent
alors émerger.
Le risque, lorsque cette étape n’est en effet pas effectuée en premier, est que le patient ne place
dans son itinéraire que des évènements liés à la consommation et à ses problèmes dus à ses
alcoolisations.
Ceci ne permettrait pas un travail sur les ressources de la personne que l’on ne peut déterminer
qu’en puisant dans les bons souvenirs et les bonnes expériences que le malade a vécus.
Ces ressources trouvées dans son passé lui montrent qu’il est possible de repérer des points
forts et de vivre des choses positives pour ensuite rechercher « les recettes d’un mieux-être » et
d’un confort dans une vie d’alcool.
Que faut-il noter ?
Sont à noter les évènements qui, dans la vie de la personne, ont été importants à ses yeux.
Ces évènements concernent bien entendu la personne mais peuvent également être liés à sa
famille.
Vie professionnelle :
• Formations, études, internat
• 1er emploi et suivants
• Périodes de chômage ou d’arrêt maladie importantes
• Congé parental, invalidité
• Mutation, changements de poste
• Préretraite, retraite
Vie sentimentale :
• Périodes importantes de concubinage, vie maritale
• Mariage, séparation, divorce, veuvage
Vie familiale :
• Naissance des enfants
• Autres évènements importants dans la famille (parents, DC…)
Évènements de santé :
• Maladies
• Accidents
Autres repères :
• Service militaire
• Départ du domicile parental, achat de domicile
• Déménagements
• Voyages
Page 2 sur 4
L’ITINERAIRE DE VIE
Jocelyne GABRIEL, infirmière et Françoise PINSON, aide-soignante
Centre Gilbert RABY
SERVICE QUALITE
Elément de référence/communication présenté lors de la journée organisée à
l’attention des médecins du travail le jeudi 11 juin 2009
Tous ces repères permettent ainsi de retracer une histoire de vie propre à chacun. La
personne évoque une histoire, de nombreux souvenirs (bons et mauvais) et les émotions qui
les accompagnent.
L’HISTOIRE AVEC L’ALCOOL :
‐
‐
Le premier contact avec l’alcool et ses circonstances ;
Le moment où une dépendance psychologique a été ressentie = le moment où la
personne ne peut plus se passer d’alcool quand elle a à gérer des situations
émotionnelles fortes, heureuses ou malheureuses.
Situer ce moment, c’est aussi demander quel type de rapport existe entre la personne et le
produit.
Quel effet psychotrope attendait-elle de l’alcool ?
• Effet désinhibiteur
• Effet anxiolytique
• Effet anti- dépresseur
• Effet psycho- stimulant
‐ Le moment où une dépendance physique a pu être repérée ;
‐ La prise de conscience ;
‐ La première démarche de soins et les autres.
QUANTIFICATION : LA COURBE
L’idée est de repérer, en premier, à quelle période de sa vie l’alcoolo-dépendant pense
avoir consommé le plus.
Ceci permet de fixer un seuil maximal et permet de comparer ensuite, la consommation aux
différents âges de sa vie.
Il n’est pas nécessaire de fixer une échelle en litres ou degrés d’alcoolisation, mais de la
quantifier proportionnellement à cette consommation maximale grâce à une échelle de
valeur de 0 à 10.
LES PERIODES DECRITES PAR LE DOCTEUR RAINAUT
Les patients peuvent décrire ces périodes :
1) La solitude dorée : où l’alcool apportait des effets positifs. L’effet psychotrope
recherché était efficace.
2) La solitude anxieuse : malgré l’augmentation des quantités bues, l’alcool ne remplit
pas toujours sa fonction. Cet alcool commence à poser des problèmes. La
dépendance s’installe.
3) la solitude marastique : son point de départ est souvent déterminé par le fameux
« déclic » !
Le patient se rend compte de sa dépendance.
Page 3 sur 4
L’ITINERAIRE DE VIE
Jocelyne GABRIEL, infirmière et Françoise PINSON, aide-soignante
Centre Gilbert RABY
SERVICE QUALITE
Elément de référence/communication présenté lors de la journée organisée à
l’attention des médecins du travail le jeudi 11 juin 2009
L’alcool des autres
Cette partie de l’itinéraire rappelle ce que l’alcool représentait pour la personne.
•
•
•
Comment l’alcool était-il perçu par la famille ?
Comment l’alcool était-il utilisé ?
Quelle image la famille avait-elle des alcoolisations d’un alcoolo-dépendant ?
Cela permet de travailler sur les souvenirs de la personne et ses représentations par rapport
à l’alcool.
‐
Repérage des moments ressources et repérage des difficultés :
Pour aider la personne à mieux comprendre son histoire, il est possible de l’aider
à repérer les situations qui la mettent en difficulté.
‐
Contextes qui la mettent en danger, car lui rappellent des situations où l’alcool
avait un effet psychotrope efficace (fêtes, situations familiales ou conjugales
difficiles, problèmes de travail).
‐
Conduite de répétition : la personne utilise de manière inconsciente et répétitive
des stratégies de vie inefficaces (ex : instabilité affective car difficultés dans la vie
de couple, mais recherche du même « type » de partenaire induisant ces
difficultés…).
‐
Les moments ressources sont également importants à souligner : « quand et
comment j’allais bien ? ».
Montrant qu’il n’y a pas eu que des évènements douloureux dans la vie, cette étape permet
de chercher des points positifs, des orientations pour les choix du projet, sans, puis hors
alcool.
CONCLUSION :
L’itinéraire de vie est un outil pratique, synthétique et visuel.
Il est un outil utilisable dans la durée car il peut se compléter. Il ne reste pas figé dans le
temps, l’histoire de la personne ne se finit pas au moment de sa construction. Elle peut la
compléter au fur et à mesure du temps.
L’itinéraire appartient au patient ; il pourra l’utiliser à l’extérieur lors de son suivi auprès d’un
alcoologue, un psychologue, un psychiatre.
Page 4 sur 4