(JNRDM) 2016
Transcription
(JNRDM) 2016
Imagerie en onde millimétrique avec un guide d'onde rectangulaire (JNRDM) 2016 Pierre Payet, Laurent Chusseau, Jérémy Raoult IES UMR 5214 CNRS Université de Montpellier 860, Rue de St-Priest 34095 MONTPELLIER Cedex 05, France E-mail : [email protected] Résumé Ce travail porte sur l'utilisation d'un guide d'onde rectangulaire à ondes millimétriques à des fins d'imagerie. Traditionnellement les guides d'ondes rectangulaires ont été utilisés comme sondes d'imagerie pour balayer la surface de matériaux afin d'en extraire des informations de topographie ou encore de constante diélectrique locale. Notre objectif est l'inspection de circuit intégré au travers de boitier non décapsulé. Ceux-ci présentent de forts contrastes topographiques et de conductivité, c'est ce qui en fait, de parfaits échantillons. Le guide offre un fort niveau de signal pouvant permettre une détection au travers du boitier. Nous avons monté un banc d'expérimentation mettant en œuvre une source modulable 60 GHz (λ = 5 mm), un guide d'onde rectangulaire et différents outils de détection et d'interaction avec la sonde. Ce sont ces outils qui nous permettent d'extraire une image de l'échantillon. Le guide d'onde est d’abord utilisé avec l’extrémité totalement ouverte, puis est ensuite masqué, ce qui en obstrue partiellement la sortie. Une comparaison de ces deux modes de guide ouvert a été faite pour déterminer l'évolution de la résolution. Intuitivement, nous nous attendons à une meilleure résolution spatiale avec la diminution de l'ouverture du guide d'onde. En modulant la source nous avons aussi obtenu un nouveau type d'image millimétrique pour les deux axes de polarisation du guide d'onde. Ces images viennent compléter les informations déjà extraites de celles obtenues sans modulation. 1. Introduction L’imagerie de surface par réflectométrie est une technique puissante de caractérisation de matériaux et très prometteuse en vue des avantages qu’elle apporte. C’est une technique qui a émergé avec l’apparition du radar. [1] Cette technique est totalement non-invasive, elle est également non-destructive pour l’échantillon et ne demande aucune préparation de celui-ci. Elle peut être mise en œuvre dans des milieux hostiles (haute température, humidité, poussière…). Bien que très attractive, elle présente néanmoins deux désavantages majeurs, celui d’être dépendante de la diffraction de l’onde électromagnétique (EM) notamment sur les bords du matériau, ainsi que celui de ne pas avoir de système unique de mesure associé, mais dédié à une application donnée. C’est ce qui va conditionner le choix de l’antenne émettrice/réceptrice, la fréquence usuelle et la puissance de travail [2]. Cette fréquence choisie, il est alors possible de faire de l’imagerie sous un boitier. En effet, certains matériaux sont transparents à certaines longueurs d’ondes. L’imagerie par réflectométrie a su trouver une large gamme d’application. Les informations de topographie permettent aisément de faire du contrôle de qualité des matériaux [3]. Avec l’extraction des propriétés des matériaux comme la permittivité électrique, la constante diélectrique, il devient possible de caractériser des semiconducteurs [4] ou encore en biologie [5-6], de faire de la détection de nature de composés chimiques. Notre étude quant à elle, a pour but de révéler une image sous la surface du boitier d’un circuit intégré (CI) non décapsulé via le relevé des informations de topographie. Nous étudions l’influence de la polarisation d’un guide d’onde rectangulaire sur la réponse du circuit, ainsi que l’influence des dimensions de l’ouverture de ce guide d’onde. Par la suite, nous révèlerons un nouveau type d’imagerie en phase. 3. Circuit sous test et polarisation L’objectif est de cartographier un circuit au travers de son boitier. Pour faciliter la compréhension des résultats, un circuit identique mais décapsulé a été passé préalablement sous test. Cela permet de rattacher chacun des éléments de notre image à la structure réelle sous la sonde. La Figure 2 présente l’échantillon avec et sans boitier. 2. Banc d’expérimentation Le guide d’onde WR-15 fait office de sonde d’imagerie et opère à 60 GHz (λ = 5 mm). L’extrémité du guide reste ouverte, ce qui a pour conséquence de privilégier la puissance du signal incident par rapport à la résolution de l’image obtenue. Un schéma du banc expérimental est donné en Figure 1. La source d’ondes millimétriques est une diode Gunn 20 mW modulable en tout ou rien par un signal TTL à 10 kHz. Elle est protégée des retours de puissance par un isolateur et est reliée à la voie directe d’un coupleur directionnel 20 dB. La détection du signal réfléchi se fait par une diode Schottky sur la voie couplée. Le chemin direct du coupleur vient alimenter la sonde et l’envoie sur le CI qui en réponse renvoie une onde réfléchie. Cette onde est enregistrée au travers d’une détection synchrone dont la référence est la fréquence du signal de modulation de la source. La puissance qui lui est transmise n’est pas directement celle du champ électrique mais celle de l’onde réfléchie détectée par la diode Schottky. La position de la sonde par rapport à l’échantillon est commandée par trois moteurs, chacun sur un axe X, Y et Z. Ces moteurs sont eux-mêmes contrôlés par un XPSQ8 de Newport et interfacés avec un programme Labview. Les dimensions d’ouverture du guide ont été modifiées à l’aide de lames d’aluminium, ce qui permet d’étudier l’influence de la réduction de l’ouverture selon les deux polarisations. Figure 2. Circuit sous test avec/sans son boitier. Epaisseur du boitier : 800 µm. Dimension du boitier : 13500x13500 µm. Dimension de la puce : 5700x3100 µm. La sonde parcourt la surface du boitier avec un pas de 200 µm. Elle injecte en continu une onde à 60 GHz. A chaque point de déplacement, elle vient relever la puissance de l’onde réfléchie. Cette puissance fluctue si la géométrie de l’objet est colinéaire au champ électrique ou si elle est perpendiculaire. C’est la conséquence de la polarisation du guide qui, par construction, voit ces vecteurs de champ E parallèles à la plus petite dimension du guide. Une représentation de ces vecteurs dans le guide est proposée sur la Figure 3. Figure 3. Guide d’onde mode TE10, répartition du champ E à l’ouverture du guide. Figure 1. Banc expérimental : La source 60 GHz, l’isolateur, le coupleur directionnel, le détecteur Schottky et le guide WR-15 ont été produits par Quinstar Inc., la détection synchrone est le modèle 7265 de Signal Recovery. Une cartographie pour chacune des polarisations qu’offre le guide est effectuée. Les résultats sont reportés sur la Figure 4. Par comparaison, il apparait que la cartographie la mieux résolue et qui corrèle le plus avec la réalité du positionnement de la puce se trouve être pour une polarisation y ⊥ E. Celle-ci permet de retrouver le bon emplacement et la bonne orientation de la puce dans son support, ainsi que les fils de bonding qui sont orientés parallèlement au champ électrique. En effet, les fils vont faire office de polariseur, ainsi, l’onde EM ne peut pas les traverser : ils sont visibles. A l’inverse, les fils orientés perpendiculairement au champ E deviennent transparents et n’apparaissent pas sur l’image. Ce phénomène se confirme pour les deux orientations de la sonde. (a) (b) y x Figure 4. Cartographie d’un CI encapsulé. (a) Le champ E est parallèle à l’axe x. (b) Le champ E est parallèle à l’axe y. 4. Diminution de l’ouverture du guide L’un des objectifs est d’évaluer l’influence de la réduction d’une des dimensions du guide ouvert (GO) qui fait office de sonde. La plus petite dimension du guide a donc été réduite. Pour ce faire, des lames d’aluminium sont utilisées pour venir obstruer l’ouverture du guide. C’est de cette manière que l’ouverture de 1880 µm est restreinte à 670 µm. La réduction sur une dimension devrait avoir pour effet d’améliorer la résolution, mais aussi de diminuer la puissance du signal incident en sortie du guide. Celle-ci devrait rester assez forte pour obtenir un signal suffisant pour voir au travers de l’échantillon. Cette opération n’a été faite que pour une seule polarisation. La détection a été améliorée sur certaines zones notamment sur les parties métalliques au détriment des zones avec un taux de réflexion plus faible comme la puce en silicium. Ces résultats sont présentés en Figure 5. Ici, nous observons une même image pour une seule polarisation. L’image présentée à gauche correspond à l’image en amplitude de l’onde réfléchie. L’image de droite correspond à une image de phase relevée sur la détection synchrone. Cette nouvelle mesure semble prometteuse puisqu’elle met en évidence des zones nonobservables avec la détection en amplitude. En effet, les zones à forts contrastes correspondent à l’emplacement des fils de bonding et des pattes de la puce. 6. Conclusion Nous proposons une étude d’imagerie sous-surfacique d’un CI encapsulé. Elle est réalisée avec une sonde en guide ouvert opérant à 60 GHz. L’orientation du guide vis-à-vis du CI est un élément primordial pour extraire une image la plus résolue du circuit physique. L’obstruction du guide par un iris symétrique permet d’améliorer cette résolution. Un compromis reste à faire entre la résolution et la puissance de l’onde incidente pour optimiser l’image acquise Une nouvelle approche est proposée par une détection en phase qui vient compléter l’imagerie en amplitude de l’onde réfléchie. Une analyse est en cours pour évaluer comment utiliser correctement cette nouvelle donnée par rapport à celle en amplitude. Références [1] D. M. Pozar, Microwave Engineering, 4th Ed., 2011, pp. 690-695. [2] O. Benzaim, "Techniques Multi-port pour la Conception et la Réalisation de systèmes Micro-ondes dédiés à l’Evaluation Non Destructive de matériaux", Thèse, Lille, JUILLET 2009. y x Figure 5. Imagerie du CI encapsulé. Accentuation des parties métalliques au détriment de la puce. 5. Nouveau type d’imagerie Notre source a été conçue par Quinstar Inc. Elle est parfaitement modulable. Moduler cette source permet d’améliorer le niveau de détection du signal réfléchi. Pour ce faire, un signal TTL 0-5V est injecté sur le port d’entrée de la source. La fréquence de ce signal est de 10 kHz. Le signal détecté par la diode Schottky est ensuite démodulé par la détection synchrone à la fréquence de 10 kHz. Ces résultats sont présentés dans la Figure 6. y x (a) (b) Figure 6. Cartographie du coin inférieur gauche du CI pour une seule polarisation. (a) Détection en phase de l’onde détecté par le Lock-In. (b) Détection en amplitude de puissance de l’onde réfléchie. [3] M. Ghasr, S. Kharkovsky and R. Zoughi, "Comparison of Near-Field Millimeter-Wave Probes for Detecting Corrosion Precursor Pitting Under Paint", IEEE TRANSACTIONS ON INSTRUMENTATION AND MEASUREMENT, VOL. 54, NO. 4, AUGUST 2005. [4] R. Omarouayache, L. Chusseau, P. Payet and J. Raoult, "60 GHz active microscopy with a bow-tie antenna as near-field probe", in IEEE International Instrumentation and Measurement Technology Conference, (Pisa, Italy, 2015). [5] T. Suzuki, S. Theerawisitpong, T. Negishi, Y. Watanabe, and N. Morita, "Microscopic Structure Imaging with Phase Analysis at 60GHz band", 33rd International Conference on Infrared, Millimeter and Terahertz Waves, 2008. [6] T. Tseng, S. Yang, Y. Shih, Y. Tsai, T. Wang and C. Sun, "Near-Field sub-THz transmission-type image system for vessel imaging in-vivo", Opt Express. 2015 Sep 21.