extrait PDF 527 Ko - Observatoire de la psychiatrie
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1€ 126e année / N° 1043 Au sommaire Edition du 5 juin 2008 Prix Réservé aux filles /p.3 POLITIQUE / ACTUALITE DES ELUS / ECONOMIE / URBANISME / SOCIETE / CULTURE / LOISIRS L’oral de la semaine Raymond Charresson /p.4 Nogent-sur-Marne Chez l’ancêtre Merlin /p.5 Clamart Duo à déguster /p.6 La Défense Lois conto urn ées, élect rochocs banalisés, en fan ts « sou s camisole »... l e s t r av e r s d e l a p s y c h i a t r i e r e l è v e n t s o u v e n t d e l a f o l i e d e g e n s ce n s é s j u s t e m e n t l a g u é r i r . Un Signal fort /p.6 CCDH Fous en blouse blanche Clichy Le 13 ne répond plus /p.7 Ventes aux enchères page 8 Annonces légales page 9 LES COMMUNES DE LA SEMAINE Rungis, Nogent, Clamart, La Défense, Clichy... Une forte mobilisation a marqué la Journée nationale d'action contre les abus psychiatriques. Dans le 93, le 93 et le 94, ces manifestations ont voulu dénoncer les dérives d’un monde clos et souvent opaque, qui échappe aux lois, utilise des pratiques d’un autre âge et se montre de plus en plus violent envers ses patients. La folie n’est pas toujours du côté où on l’imagine… Lire “Abus”, p. 2 92 Le 92 93 HAUTS-DE-SEINE / Après la Chine et le Japon, le Conseil général des Hauts-de-Seine a choisi les Emirats pour ouvrir son troisième bureau économique permanent. Ce point de chute permettra aux PME alto-séquanaises d’exporter leurs produits vers ces pays en pleine expansion. SEINE-SAINT-DENIS / Une action dédiée à la sécurité des deuxroues à moteur est organisée jusqu’au 6 juin en Seine-Saint-Denis. Dans ce département, le nombre de tués est alarmant. Des accidents causés par un manque de prudence et l’oubli de certaines règles élémentaires. Lire “Economie”, page 7 Lire “Sécurité”, page 3 94 Des artisans Semaine contre les roues économique mire qui tuent les Emirats H A U T S - D E - S E I N E / du Val-de-Marne à Manhattan Des actions de sensibilisation et des opérations de contrôle sont au programme. S E I N E - S A I N T- D E N I S / VAL-DE-MARNE / Ils sont de Saint-Maur, d’Ivry-sur-Seine, de Sucy-en-Brie, de Charenton-lePont et de Vincennes. Six artisans qui fabriquent des oeuvres représentant la tradition française et l’innovation technologique. Et qui s’en vont les présenter à New York... Lire “CMA 94”, page 5 VA L - D E - M A R N E / 1 € I L E - D E - F R A N C E LE BILLET ABUS RENDEZ-NOUS DANIÈLE GILBERT ! / Lors de sa dernière conférence de presse du 8 janvier, le président avait dégainé à la surprise générale la suppression de la pub sur le service public. Devant tant d’impréparation et de manque de concertation, on créa aussi sec une de ces fameuses commissions qui ont émaillé la première année de la présidence Sarkozy. Après le bide du Mieux disant culturel, on allait voir ce qu’on allait voir : une télé haut de gamme libérée du carcan de l’argent roi. Mais voilà, après le retour programmé de Patrick Sabatier, Patrick de Carolis, un brin provoc, annonce l’arrivée de Julien Courbet... Une belle baffe dans le PAF qui se tordrait de rire si radios et télés publiques ne se sentaient si menacées. Car simultanément, on annonce un joli cadeau pour TF1 et M6, avec une 2e coupure publicitaire pendant les films, et une offensive contre l’AFP se dessine : certains, comme Claude Goasguen, voulant la privatiser… Alors, soit le président sait pertinemment où il veut aller, tuer le service public au profit de ses amis, et cette réforme serait liberticide. Soit il ne le sait pas, et on peut se demander si la France est gouvernée. Parallèlement, on a vu le premier mouvement de protestation européen, celui des marins pêcheurs. A contrario, celuici montre le phénoménal retard qu’ont accumulé les syndicats, incapables de se coordonner à l’échelle européenne alors que l’économie est largement mondialisée. Enfin, une dernière réforme en cours, celle de la Constitution, montre le très large déficit démocratique de notre vie politique. Alors que l’adoption du quinquennat avait fait l’objet d’un référendum, cette réforme dont nul ne sait sur quoi elle va déboucher demeure largement méconnue, donnant ainsi la déplorable impression que nos politiciens de tous bords s’arrangent entre eux sans consulter les Français, créant ainsi un nouveau et inutile divorce. Fous en blouse blanche Jean-Pierre Reymond ÉCHO D’ILE-DE-FRANCE DIRECTION Société éditrice: PUBLI-LOUVRE SARL au capital de 65000 euros Gérante: SYLVIE BOUETTE Directrice de la publication: SYLVIE BOUETTE - Tél.: 0142860508 Siège et rédaction: 95, avenue de la Résistance - 93440 Le Raincy Tél.: 0143818510 RÉDACTION ET ÉDITION Rédacteur en chef: SAMY ABTROUN Tél.: 0608861091 [email protected] Journalistes: SAMY ABTROUN, CHRISTOPHE BLAIS, CLAIRE CRISSEL, LUC MIELLE, JEAN-PIERRE REYMOND Hauts-de-Seine: [email protected] Seine-Saint-Denis: [email protected] Val-de-Marne: [email protected] Fabrication: MIP, 3 rue de l’Atlas 75019 Paris Directeur technique: DIDIER MORELLI Impression: Imprimerie RPN 36-40 bd Robert-Schuman 93190 Livry-Gargan ÉCHO D’ILE-DE-FRANCE est une publication hebdomadaire ISSN 1624 - 7868 COMMISSION PARITAIRE: 0311 I 80635 Dépôt légal: N°4305 2 E C H O MARCHE / Le 17 mai dernier, la journée nationale d’action contre les abus psychiatriques a été marquée par plusieurs manifestations en Seine-Saint-Denis, dans les Hauts-de-Seine et en Val-de-Marne. Les « fous », appellation galvaudée dans une société qui prend des psychotropes comme on avale des bonbons, ne sont pas toujours là où on le croit. Explications. Manifestation Place de la Bastille. Par Samy Abtroun i l’action contre les abus psychiatriques a cru bon avoir sa journée nationale, c’est bien que le problème est particulièrement grave. À preuve, la mobilisation que le 17 mai dernier a suscitée dans toute la France. Plus d’une vingtaine de manifestations organisées par la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme (CCDH) ont eu lieu à travers le pays. En Ile-de-France, même entrain, devant trois hôpitaux psychiatriques, Maison Blanche à Neuilly sur Marne, Esquirol à Saint Maurice et Corentin Celton à Issy les Moulineaux. Un grand rassemblement final a eu lieu Place de la Bastille à Paris. Mot d’ordre, la dénonciation de la recrudescence des violences et l’absence de contrôle dans les hôpitaux psychiatriques français. Aujourd’hui, la loi censée protéger les malades accuse quelques failles. Exemple révélateur, les hospitalisations à la demande d’un tiers (HDT) – qui ont lieu lorsque les troubles du patient rendent impossible son consentement. Ces HDT sont soumises à la production par un médecin d’un premier certificat médical confirmé par le certificat d’un deuxième médecin. Le Code de la Santé publique ajoute qu’« à titre exceptionnel, et en cas de péril imminent pour la santé du malade dûment constatée par le médecin, le directeur de l'établissement pourra prononcer l'admission au vu d'un seul certificat médical émanant éventuellement d'un médecin exerçant dans l'établissement d'accueil. » Aujourd’hui, l’exceptionnel semble s’être « démocratisé » et nombre de per- S D ’ I L E - D E - F R A N C E / N ° 1 0 4 3 sonnes sont internées sur la foi d’un seul docteur. Les HDT augmentent ainsi chaque année, atteignant des chiffres plus qu’alarmants, + 112 % depuis 1992. L’utilisation des hospitalisations d’urgence qui permettent là encore de simplifier la procédure d’internement sur présentation d’un seul certificat médical est sur utilisée – et a doublé en 7 ans. Les malades ne sont pas plus nombreux et pas plus dangereux : ce sont ceux qui les entourent qui ont une vision très sporadique de la loi. Inquiétude également relevée, la tendance à médicaliser tous les problèmes de l’enfance. L’enfant, un marché porteur pour la psychiatrie ? Indéniable ! Car la santé mentale en culottes courtes paye bien... Et les petits sont des cibles commodes. Des spécialistes ont même appelé à faire des dépistages de troubles mentaux dès l’âge de 3 ans. Au moindre comportement suspect, on conseille le psychiatre… Et il est à craindre que les grands, férus de psychotropes, n’engagent leurs petits dans cette voie où la camisole fait figure de déguisement. Autre sujet de préoccupation, ignoré sans doute par bon nombre de Français, le retour en force – bien que discret – de l’électrochoc. Ce traitement d’un autre âge qui créé volontairement un coma épileptique, est administré en cas de dépression et est pratiqué sur des personnes fragiles sans restriction aucune, pour les personnes âgées, les femmes enceintes, voire les adolescents. « L’hôpital Corentin-Celton à Issyles-Moulineaux a achevé la construction d’une salle spéciale destinée à l’administration de sismothérapie (autre terme pour désigner les électrochocs). Cette salle flambant neuve accueille ses premiers patients depuis l’été 2002 », rappelle la CCDH. Avec ce chiffre éloquent : plus de 70 000 électrochocs sont pratiqués chaque année en France. Toutes ces comportements “déviants” ont donné une espèce d’impunité aux équipes médicales qui tendent de plus en plus fréquemment à oublier que les patients ont aussi des droits. Les porteurs de blouses blanches arrivent ainsi à des extrêmes qui dépassent en tout point la folie qu’ils sont censées combattre. « Ces dernières semaines, plusieurs incidents ont eu lieu dans des hôpitaux psychiatriques mettant en cause des membres du personnel soignant qui se seraient livrés à des maltraitances sur des patients », indique ainsi la CCDH qui ne cesse d’alerter l’opinion. A l’hôpital SainteMarie à Nice, une aide-soignante a fortement giflé un patient. Ce patient a été mis en isolement et un médecin ayant souhaité le rencontrer s’est vu refuser l’accès, ce qui avait suscité la colère de la Présidente de la FNAPSY, la fédération nationale des associations de patients en psychiatrie. En avril, à Agen, une aide soignante exerçant dans l’hôpital psychiatrique du département a été mise en examen pour des sévices répétés sur personnes vulnérables. Très récemment, cinq aides soignants de l’hôpital Bon Sauveur d’Albi ont été soupçonnés de violences sur des patients. Dans une clinique psychiatrique de Haute Garonne, une patiente dont la hanche avait été fracturée par des coups, donnés cette fois-ci par un autre patient, s’est plainte de ne pas avoir reçu les moindres soins médicaux pendant 18 heures. Dans cette même clinique, un adolescent s’est suicidé par pendaison en février dernier et on y dénombre 4 suicides et plus de 40 fugues d’adolescents depuis septembre 2007. Une maltraitance encouragée par une cruelle absence de contrôle. Alors que, selon la loi, le Président du Tribunal de Grande Instance et le Préfet doivent effectuer 2 visites de contrôle chaque année dans ces hôpitaux psychiatriques et le Procureur de la République 4 par an, la CCDH constate que dans la grande majorité des cas, ces visites ne sont pas effectuées. Une enquête auprès de 118 établissements montre qu’il n’existe pas un seul département où ces visites sont réalisées selon les termes et la fréquence prévus dans la loi ! Alors que la France vient d’être épinglée par la Comité des droits de l’Homme de l’ONU pour l’état de ses prisons, il est clair que la succession de mauvais traitements et l’absence de contrôle dans les hôpitaux psychiatriques pourraient faire l’objet de remontrances au niveau international. Le 17 mai dernier, les manifestants de la CCDH ont demandé une intervention énergique de l’État pour rétablir la sécurité des patients en psychiatrie en mettant en place de vraies structures de contrôle de ces établissements qui restent trop souvent des zones de non droit. Des zones où les fous sont moins ceux qu’on soigne que ceux qui soignent. ❘◗ EDITION 5 JUIN 2008