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ETUDE DETAILLEE DE LA DRAMATURGIE
AMAZONIA est un documentaire entièrement fictionnalisé, qui nous entraîne sur les traces d’un petit singe venu de la
civilisation dans l’immensité de la forêt amazonienne. Tout est nouveau pour lui, comme pour le spectateur qui découvre à
travers ses yeux un monde inconnu. L’immersion est totale. Sensorielle. Etrange et fascinante.
Tout comme dans son précèdent documentaire Thierry Ragobert, le réalisateur, ne souhaitait aucun dialogue et presque
aucune présence humaine, « afin de brosser le portrait le plus juste et le plus pertinent de la forêt amazonienne ».
L’histoire fait la part grande à la beauté sauvage – et REELLE (il est utile de le noter à l’ère du « tout numérique ») – des
paysages et des animaux.
L’histoire d’AMAZONIA peut se lire comme un conte en trois parties où le héros démuni fait l’expérience sans cesse
renouvelée d’un milieu auquel il doit s’adapter en trouvant en lui les ressources de sa survie.
L’accident. Rio de Janeiro. Notre petit singe apprivoisé quitte sa jeune maîtresse pour un voyage en avion. Mais un accident
vient vite hypothéquer les chances de retrouvailles des deux amis et met en place une situation totalement inconnue de
notre héros, habitué à la société des hommes. Le premier contact avec le monde sauvage n’est pourtant pas hostile
puisqu’un couple de coatis curieux vient le libérer de sa cage. Une nuée de moustiques se chargent ensuite de le sortir des
débris de l’avion.
Commence alors une première exploration des lieux. De nombreux bruits alentours inquiètent d’abord le petit rescapé. Des
insectes nouveaux (fourmis, katydide) l’intriguent. Des toucans, qui se nourrissent de fruits dans les arbres, lui offrent enfin
une première occasion de se restaurer. Mais la rencontre avec une tarentule, suivie d’un violent orage le poussent à
rebrousser chemin et à regagner la carcasse de l’avion comme unique repère.
La descente du fleuve. Dans cet environnement peuplé de prédateurs, le petit singe est faible et sans défense. Alors quand
il rencontre un anaconda, sa meilleure défense (comme la veille avec l’araignée), c’est la fuite. Une fuite instinctive, car sans
les connaître, le capucin agit comme s’il en pressentait la dangerosité.
Son inexpérience à se nourrir le fait ensuite tomber à l’eau, au milieu des crocodiles et des serpents, alors que d’autres
dangers invisibles rôdent encore dans les environs (le vautour pape). La descente du fleuve est le moment d’une séquence
fantasmatique, citant à l’envi La nuit du chasseur et sa fameuse scène de la barque (Charles Laughton, 1955). Installé sur un
radeau naturel, notre héros semble fuir la mort, et son voyage sur l’eau s’apparente à un chemin vers une nouvelle
existence. L’eau est symboliquement source de nouvelle vie. Ici, de renaissance. Mais les épreuves se multiplient, et aucun
adjuvant ne vient au secours du capucin. Un tapir l’effraie (à tort) ; le tronc d’un palmier, hérissé d’épines, le prive de
nourriture ; des champignons vénéneux le plongent dans un état comateux…
Une place parmi les siens. Enfin, notre petit compagnon rencontre l’un des siens, qui bientôt lui apprend à vivre dans les
arbres, à mieux se nourrir (œufs d’aras, fruits à écorce, sauterelles) et à se soigner quand il est victime de la mauvaise
humeur du mâle dominant de la communauté. C’est aussi le temps du jeu, qui constitue une étape importante
d’expérimentation et de socialisation.
Grâce à ce nouvel entourage, il n’a plus peur des gros animaux (inoffensifs) comme le tamanoir ou le paresseux. Cependant,
l’attaque d’un aigle harpie parmi les siens agit comme un nouvel avertissement. Dans ce milieu sauvage, tout peut arriver, y
compris un violent orage qui change la géographie du paysage et brouille les repères. Il faut donc être à l’écoute des bruits
de la forêt qui signalent notamment la présence d’un jaguar auquel notre héros désormais aguerri parvient à échapper en
sautant dans les airs entre deux arbres.
Epilogue. Une confrontation attend encore le capucin quand, attiré par des engins de déforestation, il croise le regard
d’une petite fille semblable à son ancienne maîtresse. Le cercle va-t-il se refermer, la dramaturgie se clore sur elle-même ?
Le singe fait finalement le choix du retour à la vie primitive (certes plus hostile que la vie en captivité) auprès de ses
congénères, de sa famille d’adoption, de ses origines. Dans un geste ultime d’affranchissement, il arrache son collier rouge.

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