«Mon coup d`audace? L`achat de mon premier hôtel»
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«Mon coup d`audace? L`achat de mon premier hôtel»
Entreprises coup d’audace «Mon coup d’audace? L’achat de mon premier hôtel» Avec son frère, Eric Fassbind est à la tête de la chaîne hôtelière familiale Fassbind Hotels. Son objectif: continuer tranquillement de croître et être à terme actif dans les cinq villes les plus importantes de Suisse. Par Anne-Marie Philippe Après cinq ans, il a certainement renégocié le prix à la hausse? Je lui avais fait une offre au départ et nous sommes restés à ce prix. Nous avons pris simplement rendez-vous pour signer toutes les clauses du contrat. A midi, nous avons été déjeunés à la Kronenhalle, un restaurant historique de Zurich. Je lui ai montré sur mon smartphone le versement fait par e-banking, il m’a remis ses actions et le bouchon de champagne a sauté. Après le repas, j’ai convoqué les collaborateurs de l’hôtel pour leur dire simplement: «Je me réjouis de travailler avec vous.» Je l’ai vécu comme un conte de fées. Quel rôle a joué la banque dans votre transaction? Mon grand-père disait, les banquiers te prêtent un parapluie puis te le retirent quand il pleut. Avec mon frère, nous évitons de trop les solliciter. Pour les banques, l’hôtellerie est une industrie à risque. Ils exigent des intérêts plus élevés que pour d’autres industries. Quand la conjoncture touristique est mauvaise, il peut arriver 70 PME Magazine - mars 2013 Eric Fassbind «J’évite de trop solliciter les banques. Elles considèrent l’hôtellerie comme une industrie à risques.» que les banques, sans crier gare, vous demandent de rembourser vos crédits dans les six mois. C’est pour cela que mon frère et moi maintenons un endettement minimal. Comment faites-vous pour friser un taux d’occupation de 70% dans vos hôtels? J’ai mis au point un système qui permet de réactualiser les prix des chambres toutes les trois minutes en fonction de l’état des ventes. Et nous n’avons pas peur d’investir dans des projets audacieux, comme le changement radical de l’hôtel Agora que j’ai rebaptisé l’Agora Swiss Night. Un produit 4 étoiles où nous avons joué la carte suisse très design, un décor helvétique, des montagnes, des grottes, un chalet d’alpage, une collection de coucous à la réception… tout en évitant le kitch type chalet. L’hôtel compte à présent 147 chambres et les affaires marchent très bien. Comment voyez-vous cette aventure les dix prochaines années? Continuer tranquillement notre croissance. L’hôtellerie est une industrie lente. J’aimerais que nous soyons actifs dans les cinq villes les plus importantes de Suisse. J’aime ce métier et je tiens à garder le contact. Je suis très actif dans la gestion opérationnelle des établissements. Je prends en charge les projets de développement et je suis l’interlocuteur privilégié sur tous nos chantiers. Mes trois forces? La curiosité – qui débouche souvent sur l’audace –, le raisonnement – je prends la mesure de la situation – et surtout l’enthousiasme. Photo: F. Merz / Rezo Eric Fassbind, racontez-nous votre coup d’audace. C’était l’achat de notre premier hôtel à Zurich. La première fois, lorsque j’ai rencontré le propriétaire, l’homme avait des soucis de santé et il souhaitait vendre. Heureusement pour lui, sa santé s’est améliorée et son désir de vendre n’était plus présent. Je ne me suis pas découragé. Je lui ai dit: «Je ne suis pas pressé, je passerai vous voir tous les ans, histoire de partager un petit café.» Au bout de cinq ans, il m’a fait un petit clin d’œil. «C’est mûr, je suis d’accord!» On s’est serré la main et l’affaire était conclue.