L`espérance, c`est maintenant - Eglise protestante unie de Passy
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L`espérance, c`est maintenant - Eglise protestante unie de Passy
EGLISE PROTESTANTE UNIE DE L'ANNONCIATION 4éme prédication de la série sur « L'espérance, c'est maintenant » le 28-4 -2013 « La foi , l'espérance et l'amour » 1 Corinthiens 13 v13 Pasteur Denis Heller 1 Corinthiens 13 v 1 à 13 « 1Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis du bronze qui résonne ou une cymbale qui retentit. 2Et quand j'aurais (le don) de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurais même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien. 3Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture (des pauvres), quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas l'amour, cela ne me sert de rien. 4L'amour est patient, l'amour est serviable, il n'est pas envieux ; l'amour ne se vante pas, il ne s'enfle pas d'orgueil, 5il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s'irrite pas, il ne médite pas le mal, 6il ne se réjouit pas de l'injustice, mais il se réjouit de la vérité ; 7il pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. 8L'amour ne succombe jamais. Que ce soient les prophéties, elles seront abolies ; les langues, elles cesseront ; la connaissance, elle sera abolie. 9Car c'est partiellement que nous connaissons ; c'est partiellement que nous prophétisons ; 10mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel sera aboli. 11Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j'ai aboli ce qui était de l'enfant. 12Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière confuse, mais alors, nous verrons face à face ; aujourd'hui je connais partiellement, mais alors, je connaîtrai comme j'ai été connu. 13Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance, l'amour ; mais la plus grande, c'est l'amour. » Nous concluons ce matin notre cycle sur l'espérance . Après« l'ancre de l'espérance » , « le casque de l'espérance du salut » et « l'espérance contre toute espérance » , voici la belle triade de la foi , l'espérance et l'amour située en final du chapitre 13 de l’Épître de Paul aux Corinthiens. Nous ne faisons que conclure notre série et nous ne mettons pas un point final à l'espérance. Car s'il y a une définition de l'espérance, c'est bien qu'il n' y a pas justement de point final mais toujours un après , un ailleurs , un au delà à toutes nos réalités humaines , à nos horizons bassement humains . Une espérance en Dieu qui vient toujours dépasser nos perspectives à vue humaine , limitées, réduites parfois fermées comme celle de la mort. Même s'il s'agit du final ce que l'on a l'habitude d'appeler l'hymne à l'amour , l'apôtre Paul lui aussi, n'a pas la prétention de clore le débat. Il ouvre au contraire largement les horizons , les perspectives. « Maintenant ces trois choses demeurent, la foi, l'espérance et l'amour mais la plus grande c'est l'amour ». On ne pouvait pas rêver mieux comme conclusion à notre série de prédications sur « l'espérance c'est maintenant ». L'apôtre Paul a l'art d’entrelacer foi, espérance et amour l'un dans l'autre , l'un avec l'autre . L'espérance est ici enchâssée entre la foi et l'amour ; mais quel lien y-a-t-il entre ces trois réalités et de quelle espérance s'agit-il ? Déjà dans sa lettre aux Thessaloniciens plus ancienne que celle aux Corinthiens , il les associe . S'adressant à ces premiers chrétiens et rendant grâce à Dieu il leur dit « Nous nous souvenons sans cesse devant Dieu notre Père de l’œuvre de la foi, du travail de votre amour, et de la fermeté de votre espérance en notre Seigneur Jésus-Christ. » Puis quelques versets plus loin il les exhorte « à revêtir la cuirasse de la foi et de l'amour ainsi que le casque de l'espérance du salut » De même aux Colossiens cette fois -ci, il écrit : « nous avons entendu parler de votre foi en Christ Jésus, de l'amour que que vous avez pour tous les saints , à cause de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux ». Toujours ce trio, toujours cette triade ; vous l'aurez remarqué peut-être dans un ordre légèrement différent de celui de notre passage de ce matin. Toujours en premier, la foi, puis l'amour et enfin l'espérance . Trois réalités qui viennent qualifier la vie chrétienne . Ces aspects de la foi, l'amour, l'espérance habitent le cœur et l'esprit des premiers chrétiens, Autrement dit ,ils sont sujets de ces verbes croire, aimer, espérer. Et ils sont toujours appelés à davantage croire, aimer, espérer. Vous aurez constaté que l'objet de la foi, de l'espérance de l'amour, varie. Il peut s'agir tout aussi bien du Seigneur Jésus , des saints c'est à dire des autres chrétiens, du salut. Presque toutes les combinaisons sont possibles et on peut passer de l’une à l'autre comme si foi, espérance et amour se confondaient, se chevauchaient dans le même élan, dans le même mouvement. Et c'est bien là, la difficulté de cette belle et célèbre envolée de l'apôtre Paul « Maintenant ces trois choses demeurent, la foi, l'espérance et l'amour mais la plus grande c'est l'amour» . On a du mal à percevoir tout à fois qui est le sujet de la foi , de l’espérance et de l’amour, en même temps que l'objet de cette foi, de cette espérance , de cet amour . C'est pourquoi à la triade de Paul , on a parfois accolé d'autres triades pour la rendre plus compréhensible : à la foi ,le passé pour un regard de reconnaissance sur ce qui a été donné ; à l'amour , le présent ; à l'espérance , l'avenir. Ou encore une autre triade : à la foi , la relation à Dieu ; à l'amour la relation au prochain ; à l'espérance la relation à la vie et au monde. Ou encore la triade a été mise en parallèle avec la réalité de la trinité : la foi au Dieu Père ; l'amour à vivre par le Christ notre frère ; et l'espérance insufflée par le St-Esprit . Des rapprochements qui chacun d'eux viennent éclairer partiellement l'affirmation de Paul et tisser des liens entre ces 3 réalités qui caractérisent la vie chrétienne. Dans la tradition ancienne de l’Église catholique , elles ont été présentées comme les trois vertus théologales de la vie chrétienne, car ayant comme objet Dieu. La théologie protestante a peu repris cette approche car elle a vu dans cette notion de vertu un risque de salut par les œuvres. , comme si les vertus étaient réalisation de bonnes oeuvres par la seule volonté des humains. Pour approfondir ce lien qui unit foi, espérance et amour , il nous faut voir le contexte immédiat du chapitre 13 de l’Épître aux Corinthiens, si souvent choisi pour des célébrations de mariages !! , voire d’obsèques. Premier point . Paul passe en revue au chapitre 12 les différents dons spirituels présents dans la communauté chrétienne de Corinthe . Il s'arrête tout particulièrement sur les dons surnaturels que sont par exemple le parler en langues , la glossolalie, le don de guérison, le don des miracles . Et face à ces dons qu'il n'ignore pas et qui sont sur-valorisés , estime-t-il, par certains chrétiens, trop enthousiastes cherchant toujours plus de spectaculaire , de sensationnel, d'émotionnel, avec extase et miracles, il rappelle l'importance de la foi, de l'espérance , de l'amour . Ils sont aussi dons de Dieu, dons spirituels , œuvres de l'Esprit de Dieu dans le cœur des croyants. « Maintenant donc ces trois choses demeurent la foi, l'espérance et l'amour » Voilà les trois dons par excellence à rechercher, à demander, à vivre . Eux demeurent, , eux constituent du solide par rapport aux autres dons peut-être plus spectaculaires mais plus secondaires. Ils sont œuvres de l'Esprit de Dieu en nous. Deuxième point. Paul dans cet hymne à l'amour , plus précisément à l'agape montre sa fougue et son souffle. Il appelle les Corinthiens à l'amour fraternel, à l'entente , eux qui sont divisés et il termine son exhortation en évoquant « le jour de la perfection », le jour du face à face avec Dieu. Nous ne serons plus alors des enfants , dit-il mais des adultes . Nous ne verrons plus de manière indirecte comme dans un miroir mais nous verrons face )à face . Alors nous connaîtrons et comprendrons comment nous avons été connus , c'est à dire aimés. En attendant ce jour de gloire, ce jour de perfection, ce rendez vous final « maintenant ces trois chose demeurent , la foi, l'espérance et l'amour« c'est à dire la foi en Dieu, l'espérance en Dieu , l'amour pour Dieu ; telle est notre condition de chrétiens. Dieu est bien l'objet de notre foi, de notre espérance , de notre amour , dans l'attente de la venue de ce qui est parfait , de son Royaume. Alors lorsque ce qui est parfait sera venu, nous n'aurons plus à croire , ni à espérer puisque nous serons face à face . Nous verrons Celui est amour, tout amour . Nous serons dans son amour « Maintenant ces trois choses demeurent, la foi, l'espérance et l'amour mais la plus grande c'est l'amour »... Oui, c'est bien Dieu , ici qui est l'objet de notre foi, de notre espérance , de notre amour car foi,espérance et amour pour lui se confondent. Troisième point. Dans cet hymne à l'amour , à l’agape dans cette force et effervescence de l’agape qui rayonne, inonde triomphe , Paul en bon théologien et pasteur tisse des liens non seulement entre la foi, l'espérance et l'amour , tous les trois dons spirituels , insufflés par Dieu et aussi orientés vers Dieu. Il tisse des liens aussi entre cette vie nouvelle accordée par Dieu et la vie concrète de ces premiers chrétiens. C'est encore là l'occasion pour lui de dénoncer « les enthousiastes » trop spirituels qui cherchent les dons spirituels pour eux mêmes, qui recherchent des expériences spirituelles fortes comme la transe, l'extase et qui y voient déjà un avant goût de ce qui est parfait. Non , cet avant goût est dans ce que vous vivez les uns avec les autres ,dans vos relations fraternelles. « L'amour , écrit-il, pardonne tout, ,il croit tout, il espère tout ». Nous retrouvons à nouveau notre triade mais cette fois ci dans le cadre de l’amour fraternel ,de l'agape qui « pardonne tout , croit tout, espère tout ». Là aussi foi, espérance et amour demeurent. En ce sens l'amour-agape est fondamentalement comme le dit l’apôtre Paul, pardon, Il ne s’arrête pas à la faute de l'autre, autre traduction, il couvre tout. C'est parce qu'il est capable de pardon , de voir au delà du péché de l'autre qu'il croit tout, qu'il espère tout. Non pas qu'il accepte tout , non pas qu'il soit crédule , naïf, béat ou lâche . Non , ce « tout » qui est cru et espéré , c'est l'autre, le prochain même quand il est alourdi , obscurci par les pires cassures, blessures , erreurs, terreurs. L'aimer c'est croire en lui , espérer en lui malgré tout. L'aimer , c'est croire qu'il est plus que ses cassures , ses blessures , ses erreurs. L'aimer , c'est espérer pour lui et voir pour lui un chemin au delà de qui aujourd'hui le brise, l'enfonce , le fige. L'aimer , c'est croire en lui , c’est lui accorder notre confiance . L'aimer, c’est espérer pour lui , croire qu'il y a un au delà à un présent difficile . Foi, espérance et amour alors se confondent. Car c'est bien l'amour, don de l'Esprit qui nous fait regarder ce prochain avec foi et espérance. C'est bien encore l'amour qui est le plus grand ! Enfin quatrième et dernier point. L'apôtre Paul dans cet hymne à l'amour commence par une exhortation à l'amour fraternel au sein de la communauté chrétienne . Il poursuit par une description très précise et concrète de cet amour-agape. Il termine en évoquant ce qui est parfait et conclue alors par l'amour de Dieu , sa grâce inconditionnelle qui nous le ferons voir face à face et qui permettront de comprendre la hauteur, la profondeur, la largeur de sa miséricorde infinie. Alors nous réalisons que si trois choses demeurent la foi, l’espérance et l'amour, c'est que Dieu est Celui qui croit, espère et aime. En Jésus-Christ , Dieu croit en nous ; en Jésus-Christ, Dieu espère en nous ; en Jésus-Christ Dieu nous aime .Son amour est plus grand que tout. La vie chrétienne qu'il insuffle en nous par le StEsprit peut être habitée par la foi, l’espérance et l'amour car il nous précède. Foi , espérance et amour pour Lui, pour les autres comme un tout indissociable. La foi en serait la racine, l'espérance la tige et l'amour le fruit . Amen