Mémoire de Maîtrise ès lettres Option Littérature Tome II : ANNEXE
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Mémoire de Maîtrise ès lettres Option Littérature Tome II : ANNEXE
UNIVERSITE DE TOLIARA FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES DEPARTEMENT D’ETUDES FRANCAISES Mémoire de Maîtrise ès lettres Option Littérature Tome II : ANNEXE Présenté par RIEL Nomentsoa Sous la direction de Monsieur BEMIARANA Jean Marie Maître de Conférences Date de soutenance : 13 Janvier 2008 Année Universitaire 2006-2007 INTRODUCTION GENERALE Notre étude s’inscrit dans le domaine de la littérature malgache orale, parce que nous étudions les paroles des chansons d’un artiste malgache : il s’agit de RASOLOFONIAINA Samoela. Les œuvres que nous avons choisies s’inscrivent dans la littérature du troisième millénaire, plus précisément entre 1997-2007. Les chansons constituent un genre dans la littérature orale poétique. Ce genre diffère des autres genres par les techniques adoptées par l’écrivain comme Tahar BERKI1 qui le note en ces termes : « une innovation audacieuse dans le rythme de la phrase plus précisément dans les paroles des chansons de l’auteur, une écriture qui s’enrichit de ses propres aventures littéraires » Ce genre est particulièrement intéressant dans la mesure où il demeure la base du renouvellement ou du changement de la pensée malgache. L’organisation de la société malgache actuelle est très complexe. Nous avons choisi de travailler sur les paroles des chansons qui tiennent une place importante dans l’éducation d’un peuple. La musique attire le public d’aujourd’hui, la lecture n’est plus à la mode. Ainsi, les chanteurs décrivent la vie quotidienne: « on peut tout raconter sauf sa vraie vie »2, affirme Mohamed Dib dans Notre librairie. Aussi est-il nécessaire d’étudier leurs créations. Ils chantent les problèmes sociaux, la révolution sociale, la vie religieuse de la société, etc. En plus les genres s’inventent continuellement. Beaucoup d’artistes adoptent ce genre de style comme : Ratary, Ra-chi-chi, Princio, Rasolofoniaina Samoela, auteur qui nous intéresse. Leurs chansons n’ont presque pas de mélodie et donnent place au mot. Mais, c’est Samoela Rasolofoniaina qui a attiré notre attention, en ce sens que ses œuvres sont produites dans une liberté déconcertante : « affranchie des sentiers battus tant sur le plan de la forme que le contenu»3 selon la remarque de Tahar BERKI dans Notre librairie. . Samoela sort de l’habitude du comportement malgache. Très 1 Notre librairie, Revue des littératures du Sud, Littérature et morale. P61, 157pages Ibid. P62. 3 Ibid. P62. 2 5 souvent, on n’ose pas dire ou annoncer les réalités telles qu’elles sont. On dit indirectement une chose. Mais, Samoela dit la chose telle qu’elle est. « Agir autrement n’est que de l’hypocrisie » nous affirme t-il lors de notre rencontre. L’auteur qu’on a choisi est un observateur. Il observe la société, car il vit au sein de cette société. Ainsi, il voit et sait ce qui se passe à l’intérieur de la société .Et dans ses créations, il montre tout ce qui se passe sans modifier quoi que ce soit. Il s’écarte de la tradition (une tradition tendant à entretenir la relation avec autrui pour amener le public à prendre conscience de tout ce qui existe. La tradition devient un refuge pour cacher la réalité. Ainsi, il invite les Malgaches à se regarder dans un miroir « afin de voir surtout les vérités bien difficiles à admettre »1 comme Mohamed Dib le fait remarquer dans son article intitulé « littérature et morale » .C’est pour cette raison qu’on le prend pour un observateur. D’après le Dictionnaire de la langue française, le terme observateur : désigne « celui qui s’applique à observer les phénomènes de la nature, les mœurs et les actions de l’homme, les évènements de la société. »2. Toutes ces références, on les trouve à travers les œuvres de Samoela. Il ne donne ni interprétation ni jugement personnel. Mais le chanteur ne s’exclut pas, il est toujours présent en tant qu’observateur. Il perçoit et conçoit. Il essaie de rendre compte de données objectives et vérifiables de la vie quotidienne. Cela se voit dans l’une de ses chansons intitulée : « KOFA TIA ». Enfin, il fait appel à la réflexion, à l’auto réflexion. Même s’il est perturbé par la pression de la société qui agit en lui pour faire naître à la fois les paroles et la mélodie de ses chansons,il continue à être un observateur- concepteur. Cependant, il reste un critique : Il donne sa vision du monde sur la réalité sociale à la réalité sociale. Il critique sur tous les plans, c'est-à-dire qu’il sort de la société pour analyser. Cette façon d’écrire est jugée caduque aux yeux de la plupart du peuple malgache et surtout des personnes âgées. Ces dernières voient, pensent que Samoela 1 2 ne respecte pas les valeurs traditionnelles. On pense qu’il ne Notre librairie, Revus des littératures du Sud, littérature et morale.p63. ibid.p63. 6 reconnaît plus l’existence des diverses cultures comme le « fady » (tabou). Pourtant le » fady » est vraiment important pour les Malgaches. Samoela choque certains de ses auditeurs. C’est pourquoi certaines de ses chansons ne devraient pas être publiées. Ces œuvres dénoncent « la simplification exagérée de l’univers social »1selon Tahar BERKI dans Notre librairie. Il semble perturber l’habitude du public en ce sens qu’il porte un regard critique sur tout ce qui se passe. Et il le fait d’une façon gênante pour ses auditeurs. Ainsi, les œuvres de Samoela ont provoqué et provoquent encore des scandales et de l’incompréhension au sein de la société. Cela justifie bien le choix de notre thème intitulé : ETUDES SOCIOLOGIQUES, CULTURELLES ET EDUCATIVES DES CHANSONS DE SAMOELA Comme nous allons travailler sur les textes des chansons, il est nécessaire d’expliquer le mode de sélection de ses créations. Nous avons choisi les chansons suivant les observations et les critiques qu’on trouve dans les œuvres. L’auteur a cinq albums ; cela veut dire que nous avons une quarantaine de chansons constituant notre corpus. Mais tous les albums ne sont pas utilisés. Puis, nous avons séparé les textes, où nous l’avons qualifié en tant qu’observateur. Selon la place tenue par le chanteur vis-à-vis de la société, il observe et critique en même temps en usant des paroles perturbatrices, voire acerbes. . Le public n’a pas tort de le prendre pour un perturbateur dans la création littéraire traditionnel malgache en ce sens qu’il ne respecte pas les normes dans les usages des mots, des rimes. Mais sa façon de s’exprimer fait partie de la littérature .Il suit la trace de Mohamed Dib, un écrivain algérien, comme Berki le dit en ces termes : « il n’a cessé d’explorer la modernité littéraire»2. Le problème est de savoir en quoi les œuvres de Samoela sont éducatives ? Quelles valeurs sociologiques, politiques, religieuses et culturelles les véhiculent- 1 Notre librairie, Revus des littératures du Sud, Littérature et morale. P63. 7 elles ? L’objet de notre analyse vise à faire apparaître ce que la littérature peut pour la société. A partir de ces questions, notre objectif consiste à appliquer quelques approches : sociologique, thématique et historique pour pouvoir exploiter les chansons de Samoela sur le plan social, culturel et éducatif. Tout en nous référant à René Wellek et Austin Waren qui affirment que : « La littérature est une institution sociale, et son moyen d’expression, le langage, est une création sociale »1. Samoela raconte ce qui se passe dans la société. Il fait « la représentation sociale » selon l’expression de Elisabeth Ravoux Rallo, dans Méthodes de critique littéraire2 L’approche sociologique est faite pour analyser et interpréter par le truchement des créations des écrivains la situation d’une société. Cette analyse et cette interprétation dépendent de la société. Mais pour bien mettre en lumière l’environnement que Samoela décrit dans ses chansons, nous avons également fait appel aux approches thématique et historiographique qui permettent de saisir le fonctionnement de la société dans sa métamorphose. Dans la première partie de notre travail, nous allons étudier la relation qui existe entre l’art musical et la littérature. Nous nous attacherons ensuite à approfondir l’image actuelle de la société malgache vue à travers les œuvres de Samoela. Ce travail contribuera aussi à faire connaître les valeurs culturelles de notre pays. C’est ce que nous allons développer dans la deuxième partie. Comme, nous travaillons sur des chansons malgaches, les textes sont écrits en malgache. Force nous est de les traduire. La traduction est très difficile, Elle est difficile en ce sens qu’on doit transmettre le message selon la version originale. Il faut tenir compte de la langue du départ et de la langue cible, langue d’accueil. Il nous a fallu appliquer la traduction et la traduction sémantique et culturelle. Comme la plupart des œuvres de Samoela sont argotiques et ne suivent les structures lexicale et syntaxique, nous sommes obligés de faire le va et vient entre les différents procédés de la traduction pour garder la poétique de l’œuvre. Nous n’allons pas faire de la versification mais nous essaierons de suivre les 1 2 Wellek René et Warren René., La Théorie Littéraire. P RAVOUX Raollo, Elisabeth, .1993, Méthode de critique Littéraire. P. 8 normes pour traduire les textes. On emploie une traduction sémantique quand on est obligé de respecter les normes grammaticales des phrases et la traduction culturelle, car le chanteur se base sur cette culture pour faire passer ses messages. 9 PREMIERE PARTIE : DE L’ART MUSICAL A LA LITTERATURE 10 INTRODUCTION L’idée qui sous-tend cette première partie et ce travail en général, est qu’une littérature ne surgit jamais ex nihilo. Son apparition est préparée, conditionnée puis permise par un contexte historique et sociologique donné. Une œuvre littéraire prend sa source à la fois dans un contexte social (les conditions objectives) et dans une conscience individuelle (les conditions subjectives). Donc les contextes socio-historiques ne suffisent pas à expliquer l’éclosion des œuvres et leurs contenus. La connaissance de la personnalité et de la biographie de l’auteur peut être utile pour expliquer l’esthétique ; ainsi, nous n’avons pas négligé tout cela. Donc, dans cette première partie, notre travail vise avant tout à faire apparaître les relations que la littérature entretient avec la société et l’écrivain. L’analyse historique, sociologique et stylistique des œuvres nous permet de déterminer les valeurs scientifiques des créations de Samoela. Cette première partie est constituée de trois chapitres suivants : - La réalité et l’art. - L’éducation par le biais des chansons. - Les valeurs culturelles relatives à la littérature. 11 1.1: LA REALITE ET L’ART L’étude des phénomènes comme les chansons est considérée par certaines personnes comme sans valeurs et frivoles parce que les chansons font parties de ce que Blaise Pascal appelle divertissement mais l’écoute des paroles de ces chansons a crée en nous un vif intérêt. La science ne cherche t-elle pas la vérité à travers ce qui semble accessoire et superficiel ? En tant que science de la société, l’approche sociologique nous permet d’étudier ces paroles qui démythifient l’idée de ne jamais se pencher que sur ce qui est jugée noble et beau. 1.1. 1. Samoela et l’art de la chanson Dans l’éthique culturelle des intellectuels1, la chanson semble s’opposer à la mélodie : la mélodie relève de l’art mais la chanson c’est de la consommation. Toutes chansons jugées assez nobles de paroles et de musique se renferment dans la mélodie. Nous n’avons pas la faculté d’étudier la mélodie mais ceci ne nous empêche pas de fredonner la musique. Aussitôt, la parole revient automatiquement à nos lèvres. C’est pour cette raison que nous nous posons la question : pourquoi ne pas mener des études sur ces paroles ? Pour certains critiques, ces paroles relèvent du frivole et aussi du vulgaire, raison pour les ignorer et les condamner. Par contre, cet état de chose attire notre attention. Selon nous, la parole des chansons de Samoela est un art, porteur de richesses humaines et esthétiques. Aussi, le mouvement pédagogique culturel de ces chansons est-il essentiellement un mouvement de promotion pour l’artiste et un mouvement d’élucidation sociologique de sa vision de monde. Selon Lucien Goldman, cette vision des écrivains à propos de LA CREATION CULTURELLE DE LA SOCIETE MODERNE2, est une conscience possible, c'est-à-dire que les tendances virtuelles sont en train de se développer dans la société et qu’ elles sont tournées vers son dépassement. En d’autres termes, 1 2 les paroles traduisent les Edgar Morin, SOCIOLOGIE, Fayard, Paris, 1994, pp : 304-305. Lucien Goldman, LA CREATION DE LA SOCIETE MODERNE, p. 12 possibilités de variation et de transformation de la conscience et de la réalité sociale. C’est dans ce but que Samoela lutte pour préserver les chansons contre le travail de la piraterie. Il le dénonce ainsi : « Ny olo zay misy fanahy Zay mividy piraty tsy namako intsony. »1 « Ceux qui ont des mauvais caractères Ceux qui achètent des produits pirates ne sont plus mes amis » Composer et chanter ce qu’il a écrit sont chers au producteur-interprète. Une telle aptitude permet à Samoela de s’exprimer, d’expérimenter la vie, de prendre des risques. Cela fait partie de sa vie, de son jeu. Ecrire lui permet de s’affirmer et se rapprocher des autres. Ceux qui vont à l’encontre de cette ambition sont hais par le chanteur- compositeur. Avec tristesse, il est parfois tenté d’abandonner : « Nalaim-panahy aho indray alina izay Ho ajanona angamba ity mozika ity Fa sahala ny misasatra ho an’le Zafy Mitsemboka ho an’ny “pirate”.2 Chant Down Pirate “Je suis tenté une nuit D’abandonner cette musique 1 Chant Down Pirate in Efa sy Dimy.2002 2 Ibid. 13 Car je travaille vainement pour les autres Je me sue seulement pour les pirates. » L’artiste se sent menacé à cause des consommateurs profiteurs, la production libre sans contrôle, la démocratisation culturelle. Plus profondément encore, l’artiste ressent les carences de la société moderne, le mouvement sismique d’un monde emporté vers le laxisme. C’est pourquoi la volonté de rupture s’affirme en lui, dans l’attente ou la recherche d’un autre système plus sûr où on rencontre la vraie culture. Il voit que la société malgache souffre de l’exploitation de l’homme par l’homme, même si cela se présente d’une manière plus ou moins cachée. Dans cette société, le patrimoine culturel peut être le butin des profiteurs, alors que les artistes doivent l’existence de leurs œuvres à leurs propres efforts. Samoela nous offre son passeport de réalisme grâce à ses œuvres. Nous reconnaissons la dualité du système culturel qui s’aggrave actuellement. Cette dualité se constitue dans ce qu’on appelle anti-littérature ou littérature, anti-roman ou roman, etc. D’une part, il dénonce la politique de la vraie culture considérée uniquement par l’académie, d’autre part, il nous plonge dans un univers primordial chaotique qui n’est autre que la culture de masse : le « pop-art », qui est l’assaut contre la culture cultivée. Samoela combat contre la culture raffinée, contre l’erreur d’une culture séparée de la vraie réalité et de la vraie vie. C’est pourquoi, par le biais de ses chansons, il est parfois choquant pour certains esprits dans ses chansons. Et il n’hésite pas à se défendre : « …. Manao savaravina ry vava-jabora Dia tia esoeso sy tia manakora Ny bika tsy misy ny tarehy tavimandry Dia miesona daholo ny valala be mandry, 14 ...” Seraseran-drasaka1 «… Ceux qui ont la langue méchante font de l’interview, Ils se moquent des autres et les humilient Alors qu’ils ne sont ni beaux ni attirants Et le peuple croit.» Donc la parole des chansons de Samoela est bien explosive. Elle représente l’agressivité esthétique contre l’art traditionnel et l’agressivité éthique contre la culture. Cette révolte prend successivement un aspect idéologique, existentiel un aspect de révolution culturelle. L’aspect idéologique s’exprime à travers des langages militants ; l’aspect existentiel souligne l’individu et son épanouissement, car il se montre plus ou moins sage musicalement mais il peut être aussi corrosif verbalement. C’est dans ce sens que nous allons voir le langage utilisé dans les œuvres de Samoela. 1.1.2. Samoela et le langage Dans les chansons de Samoela, nous rencontrons des doses diverses : des mots parfois pacifistes, humanitaires, justiciers à des termes d’évasion d’une aspiration vagabonde qui passent pour des néo-folklore pot-pourri de chants populaires à la consommation de masse juvénile. Mais, c’est la poussée marginale, rebelle qui se manifeste le plus. Les fans sont constitués d’une classe d’âge adolescente en réaction contre la société adulte, mais en même temps cette classe d’age s’intègre dans l’ordre général de la société. C’est en majorité ces jeunes qui reconnaissent la valeur, l’originalité des chansons de Samoela. 1 In Manatosaka, mars 1999 15 Les œuvres de Samoela attestent le niveau élevé de sa prise de conscience politique et culturelle, c'est-à-dire les tendances virtuelles qui sont en train de se développer dans la société et qui sont tournées vers son dépassement. Samoela, en tant que chanteur-compositeur affirme que des transformations sont en train de se réaliser dans l’esprit des couches sociales, et ces transformations se font sentir dans leurs langages. Puis ce sont ces langages qui sont adoptés par le chanteur luimême. Donc, l’étude du langage est un des moyens les plus efficaces pour connaître « la structure de la conscience d’un groupe et le maximum d’adéquation à la réalité auquel cette conscience peut atteindre.»1 Langage ironique et humoristique Les chansons de Samoela dénoncent l’évolution de la situation politique. Comme dans un procès, il engage contre l’administration, un combat rude en utilisant des termes acerbes. Décidé à assumer pleinement ses responsabilités, on dirait qu’il déclare la guerre aux mauvais administrateurs. La cible peut être la mauvaise politique de l’administration locale comme le système lui-même. Dans « Président »2, il emprunte la langue française pour exprimer l’ironie à propos du rôle du président ; c’est un choix délibéré à la fois linguistique et politique pour manifester son engagement ; comme prise de position, il ose dire : «… Un président de passe, un président sans trace Un président qui crash A la une dans les magazine, et les journaux mondiaux. »3 Président Ce texte parait s’adresser en priorité à un public européen ou intellectuel comprenant la langue mais nous pensons qu’il s’agit à la fois d’informer de l’écart 1 MORIN, Edgar, Sociologie, p.247. in Efa sy folo.2006 3 ibid.. 2 16 grandissant entre les idéaux républicains et la réalité dans notre pays, et de nous convaincre de la nécessité de changement de mentalité. Privé de véritable moyen de communication un peuple, qui dans son immense majorité ne parle ni ne lit le français, n’est pas un problème pour un président de la république qui ne pense qu’à améliorer son standing. C’est pourquoi le chanteurcompositeur s’est vu contraint de parler en français dans le but de sensibiliser les intellectuels surtout. Ainsi, il continue : «… Et l’éthique politique : fric, fric, fric …»1 Président. parce que c’est l’amour de l’argent qui prime. En politique, à travers ce texte indulgent, Samoela prend principalement pour cible le chef de l’état et son équipe, en passant par des phénomènes plus concrets tels que les sons répétés du terme « fric », qui est synonyme de l’ « argent ». Nous avons aussi noté l’esprit d’indifférence et de mépris que Samoela évoque dans son texte « Poteau Be ». Les responsables communaux laissent le peuple dans la misère et dans l’obscurité, une obscurité palpable parce qu’il n’y a pas d’électricité : «… Efa maizina tanteraka ny tany aman-danitra Fa ny poteau ny JIRAMA no tsy mirehitra mazana Miha-maloto fo ny olona, miha-maloto loha ny olona Fa miaina anaty aizina tanteraka …»1 1 in Efa sy folo., 2006. 17 Poteau Be. « L’environnement entier se trouve dans une obscurité complète Car très souvent les poteaux de la Jirama ne sont pas allumés Les gens n’ont pas les cœurs nets, ils ont l’esprit malsain Car ils vivent dans l’obscurité totale. …» L’artiste est parfaitement intégré à sa communauté, au sein de laquelle il occupe une fonction très précise consistant à prononcer la parole efficace pour forger le fer. Il manifeste la relation étroite entre l’art et la vie, c’est pourquoi il joue le rôle de porte parole de la société. La voix de l’oralité empruntée par le chanteur compositeur favorise ce rôle sous des formes plus ou moins brutales. Samoela est véritablement « un touche à tout » de génie, mais il ne reste pas moins un critique sociologue : il analyse la vie politique et tout ce qui concerne la vie sociale Parfois, il lui arrive de destiner ses œuvres au public initié au langage poétique, car il mêle à la fois la peinture, la musique, la philosophie railleuse. La critique sociale est une des orientations dominantes dans les chants de l’auteur. Il dénonce les mépris qu’on fait subir aux pauvres. Il condamne avec vigueur le manque de conscience professionnelle et civique, la paresse des hauts fonctionnaires, leurs luxes qui contrastent avec la misère populaire. Les détournements du denier public, les punitions qu’on afflige aux petits larcins et biens d’autres sujets alimentent ses chansons. Donc, les paroles de ses chansons sont inspirées de l’actualité sociopolitique malgache. Dans « Richard le pop-man », le chanteur fait allusion aux nouveaux riches, des arrivistes au pouvoir qui jouissent de la vie par leurs compromissions et leurs turpitudes. 1.1.3. Samoela et son style 1 in Mampirevy, mars 1997 18 On n’est pas écrivain, dit Jean-Paul Sartre, « pour avoir choisi de dire certaines choses, mais pour choisir de les dire d’une certaine façon »1. C’est dire l’importance du style dans ses créations artistiques. L’originalité de l’écrivainchanteur réside plus dans sa manière d’écrire des thèmes que dans le talent d’arranger la mélodie. Son écriture révèle aussi bien l’originalité des paroles que les influences qu’il a subies : l’amour, la description de l’environnement, la foi, la femme, etc. Non seulement il critique mais il conseille aussi : « Monsieur Fivondronana oh ! Aloavy ny facture n’ny jirama Fa laharam-pahamehana ny fandriam-pahalemana »2 Poteau Be. « Monsieur le chef de District ! Payez les factures de la jirama Car la sécurité publique est primordiale. » Il ne mâche pas ses mots pour briser la glace des mauvaises habitudes. Dans « Ravoretra », des mots familiers sont liés comme des véritables cristaux verbaux qui s’agglutinent pour choquer les non initiés. Cependant cette technique est voulue pour attirer l’attention du public. « Ny ambadiky ny tranonay : maimbo ny maloto Iriariavan’ny makorela sy jiolahim-boto Ny mpivarotra fitombenana manao ny ataony Ny sasany izay miserana, eo koa no mamany, Ratsy taizan’ny ray sy reniny, hany ka ravoretra,...”3 1 2 3 SARTRE, Jean Paul,: Qu’est ce que la littérature ? Paris, Gallimard, 1948, in Mampirevy, 1997 ibid 19 Ravoretra. “Derrière notre maison, c’est puant et sale C’est là que les putes et les bandits circulent Les vendeurs de cu y font leurs affaires Et ceux qui ne font que passer y font leur pipi Des mal élevés par leurs parents, pour devenir des souillés » Des mots explosifs, inattendus prouvent que Samoela se sent mal dans sa peau. Il est choqué lui-même. C’est pour cette raison que le style est à la fois recherché, très familier voire vulgaire par endroit. Mais en même temps, il utilise aussi beaucoup de métaphore. Dans « TS-I- HAY TS-I-HAY », l’amour est comparé à des objets multiples. « Lamba zandina mandrakotra fanahy loko be miray, sy volon-chocolat Nasirasira nanaitra filana Araldite tsy laitra vahana. Fa lamoro, lamoro »1 Ts-i-hay ts-i-hay . « De l’étoffe indienne qui couvre l’âme Des teintes bigarrées et de la couleur du chocolat D’un goût salé qui réveille les vices «Araldite difficile à dénouer, c’est l’amour, l’amour,.. » De même dans « Fitia zisitoara », il parle encore de l’amour difficile en utilisant des répétitions sous diverses formes, caractéristique du style lyrique : la réduplication simple, l’anaphore : 1 in Mampirevy, 1997 20 « Fa fitiavako anao iny e ! zisitoara hoy aho zistoara N y fo sy fanahinao »1 Fitia Zisitoara. “Mais mon amour pour toi! Des histoires, oui des problèmes Pour Ton cœur et ton âme » Les métaphores et les répétitions donnent du relief et de la force aux idées. Elles permettent au public de deviner de quel amour il s’agit : est-ce de l’amour pour son pays, c’est à dire l’amour patriotique, ou de l’amour pour une personne ? Ses textes sont agrémentés de mots d’emprunts et de calques : « Pas besoin de parler that you stay with me tonight Pas besoin de parler That we can make love tonight »2 Des mots français, anglais résonnent dans les paroles parce qu’il ne faut pas oublier que les chansons se présentent comme une totalité : musique, parole. Ainsi, le style suit le rythme et l’arrangement musical. Mais le thème musical doit également tenir compte de son caractère de musique de divertissement, donc l’auteur crée et décrit selon le goût des consommateurs : la chanson est un goût de consommation. Le but du compositeur est premièrement de satisfaire ses fans, c'està-dire d’être en succès auprès des auditeurs et deuxièmement de gagner du temps et de l’espace. Mieux que tout autre produit de l’industrie culturelle, la chanson se diffuse dans tous les milieux, dans toutes les classes, et à tous les âges. C’est pourquoi Samoela utilise des mots familiers, des soutenus, des emprunts, des calques, des argots. Le grand succès est évidemment le succès qui touche toutes les couches de la société. 1 in Efa sy folo, 2006 2 Tandimerina in Bandy Akama, 2004. 21 1.2. LES VALEURS CULTURELLES DE LA LITTERATURE 1.2.1 Samoela et les valeurs culturelles Les Malgaches sont toujours jaloux de leur culture. En effet, la plus grande aspiration de la plupart des Malgaches est d’être malgache. C’est pourquoi, nous disons « Ny fanahy no maha olona », « c’est l’âme qui nous rend homme ». Et la valeur culturelle des Malgaches se mesure au comportement de l’homme dans la société. Comparer leurs mœurs et coutumes à ceux des pays étrangers, c’est comparer leur civilisation à d’autres. Par ailleurs, l’individu qui symbolise l’âme malgache représente l’homme lui-même. L’âme atteint donc une dimension supérieure, car elle signifie : « la civilisation ou les valeurs culturelles. » Samoela, par conséquent, jaloux des valeurs culturelles nationales, braque la lumière de son projecteur sur des individus qu’il isole, afin de mieux étudier l’évolution de leur état d’âme. On trouve bien cette attitude dans son œuvre « Richard le pop man », « Président ». Et une question se pose : « est-ce que ces individus respectent-ils les valeurs qui les rendent malgaches ? Le chanteur écrivain, dans sa mission, ses aspirations les plus profondes, et ses armes les plus autorisées, ne vise qu’une chose : l’authenticité du Malgache, la sauvegarde et le développement de sa culture. Par conséquent, l’appartenance à l’âme malgache est une idée fixe du chanteur, c'est-à-dire l’appartenance à soimême. Il y a chez Samoela, une crainte d’être frustré .Et une veille permanente s’impose, afin de ne pas être surpris hors de son entité propre. C’est ainsi que dans : « MIALANGALANA », « RESTER PASSIF » l’auteur parle des gens qui sont indifférents face à la culture malgache : « Misy ny akama rahefa sendra sampanana. Lazain’ny namany fa mialangalana. Ny olon-drehetra miankavanana. Izy mandeha ankavia. Fa na aizana aiza misy an’ity. Na Washintogn na hatrany Paris. ny dikan’izany dia gasy ihany ty 22 Adinon’ny akama fa isika anie gasy. Iray aina sy iray vatsy. Fady antsika ny miolankolana. Fady antsika ny miolonolona. Tsika rehetra dia miara-mitolona”1 Mialangalana. “Lorsque les camarades sont devant un croisement Ils sont considérés par Les uns comme des passifs Tout le monde passe à droite. Lui, il va à gauche. Mais n’importe où, où tu vas, De Washington à Paris. Tu restes toujours malgache. … Les camarades oublient que nous sommes malgaches. D’une même vie, et d’une même ressource. Il est interdit de tergiverser. Il nous est interdit de s’isoler. Nous tous, nous luttons ensemble. » Samoela s’est mis à apprendre assidûment la culture malgache afin de la mieux connaître et particulièrement la littérature malgache, qu’elle soit orale ou écrite : il revient aux sources, et c’est vital pour ses chansons. Il n’admet pas qu’on reste passif à ce sujet. Quand on ne veille pas sur sa nature, on risque fort de subir une métamorphose qui éloigne le lecteur de sa nature originelle. C’est ce qu’il dénonce dans « Sexy girl » : 1 In Ty, 2007. 23 « Zaza niaraka kely teny Ambondrona Niara nanary fako fony bodo Niara nisondrotra, niara-nitombo (…) Vao fito ambinifolo taona tsara indry Nanaraka andry zalahy tany Amnésia Nanaraka andry zalahy Indra Nanaraka andry zalahyCalédo Nanaraka andry lerony Caveau Dia niaraka taminao ny karana Niaraka taminao ny Sinoa Dia vazaha be koa ny tato aoriana Lasandry lerony ny akamako Lasandry lerony ny fananako. Novetavetaim-bazaha koa ny anjarako. … Tsy nahalala menatra intsony. F’efa babony vola ny fony.”1 Sexy girl. “Enfants, nous étions ensemble à Ambondrona. Nous jetons ensemble les ordures. On a grandi ensemble. (…). Tu n’avais que dix sept ans à ce moment là. Tu as suivi les gars à l’Amnésia. Tu les as suivi à l’Indra. Tu les as suivi à Calédo. Tu es allée seule chez papillon. Les indiens sont sortis avec toi. Les chinois aussi. Les étrangers suivent après. 1 In Mampirevy, 1997 24 Ils ont ma copine. Ils ont ma richesse. ….. Elle ne sait plus la honte. C’est l’argent qui prime en elle. » Son ancienne amie d’enfance l’a abandonné. Elle a oublié leurs habitudes ; elle a changé de camp. Elle a perdu sa virginité, valeur très respectée par les ancêtres ; elle a préféré être « vazaha», chinoise, « karana », c’est dire qu’elle a renoncé à être Malgache. La raison est certainement l’argent, mais dans la culture malgache, le « fihavanana », « l’amitié » ou « la parenté » est ennemie de l’argent. Le mal n’est pas de chercher de « l’argent ». C’est inévitable, en raison du coût de la vie, mais il faut revenir à la spiritualité et à la culture malgache. : le respect de soimême et la crainte du Zanahary. « Aleo very tsikalakalam-bola toy izay very tsikalakalam-pihavanana », « Mieux vaut perdre une somme d’argent que de perdre une amitié » et encore, « Aza ny lohasaha mangina no jerena, fa Zanahry antampon’ny loha », « Ne profitez pas du silence de la vallée, mais pensez au créateur au dessus de nos têtes. » 1.2.2. Samoela et les valeurs antithétiques Une autre idée directrice prime aussi dans les œuvres de Samoela. A travers les œuvres, il dénonce que la société malgache est composée de riches et de pauvres. L’intention satirique du chanteur se manifeste dans ses œuvres lorsqu’il décrit l’ambition et la haine qui partagent ces deux groupes. Les riches sont haïs, mais ils sont également désirés, car ils ont le pouvoir sur les pauvres. Ces derniers, malgré leurs droits confisqués et usurpés par les riches se trouvent dans l’impasse. Et ils espèrent retrouver l’issue dans la foi, parce qu’ils vivent dans une société profondément croyante. Telle est la société malgache actuelle. Le chanteur a particulièrement mis en lumière sa conviction dans « Kristy » : « Betsaka anefa ireo akama sasany Izay mpibizina tsy laitra Mpanambola be izay tsy izy 25 Investissement église”1 Kristy. « Ils sont pourtant nombreux, ces camarades qui se saoulent inlassablement. Des richissimes Investissement église. » « . Manao sava-ravina i vava jabora Dia mieboebo sy tia manakora Ny bika tsy misy tarehy tavimandry Miesona daholy valala be mandry”2 Seraseran-drasaka « Ceux qui ont la langue pendante font de l’interview, Ils se moquent des autres et les humilient Alors qu’ils ne sont ni beaux ni attirants Et le peuple croit…. » Samoela dénonce les pasteurs dans la première strophe, et les politiciens dans la seconde. La plupart des gens d’église profitent de ses adeptes pour s’enrichir. Et les politiciens tiennent des langages démagogiques pour impressionner le peuple et gagner leur choix pendant les votes. 1 2 in Kristy In Ty.2007. in Manatosaka, mars 1999 26 Samoela veut nous montrer ce qu’il y a de mauvais et de répréhensible dans la société malgache actuelle. La place considérable accordée à la critique des conditions sociales et religieuses prouve que Samoela est un chanteur attentif aux particularités culturelles de notre société. Mais même s’il se dit chrétien pratiquant, il n’en dénonce pas moins le caractère profiteur de certains officiants. Et « la raison du plus fort est toujours la meilleure » dans le discours des politiciens comme dans le sermon des pasteurs et prêtres. C’est ce qu’il nous fait toujours lire dans « Ty » : « …. Mikatsaka ny fanjakan’ny lanitra Dia amidy mora ny Andriamanitra. »1 KRISTY « Cherchant le royaume des cieux. Et on vend Dieu à bon marché. » Pour conclure ce chapitre, nous pouvons dire que les paroles des chansons se révèlent être un miroir dans lequel se reflètent la société dépravée dans laquelle le chanteur vit, même si ces images ne sont pas tout à fait conforme à la réalité. Mais chacune d’elles nous impressionne, car elle est à la fois subjective et objective: la connaissance plus ou moins complète que le chanteur a pu acquérir, lui permet de décrire la société malgache actuelle. Il a su mettre en valeur ce qu’il voit autour de lui, même si son regard vise souvent à souligner et déceler les points négatifs. 1.2.3 La solidarité malgache La solidarité c’est : « la dépendance mutuelle entre les hommes, sentiment qui pousse les hommes à s’accorder une aide mutuelle »2 d’après le Petit Larousse. Et si on part de cette définition, nous constatons que nos ancêtres ont vécu en appliquant 1 2 In Ty, 2007. Dictinnaire le Petit Larousse illustré 1996. 27 la solidarité dans la vie quotidienne. Pendant les travaux agricoles, tels que le sarclage, la moisson, les paysans accomplissent le travail à tour de rôle : si aujourd’hui on effectue le travail de Rabe, demain sera le tour de Rakoto. Et le tour continu jusqu’à ce que tout le travail mutuel soit accompli. Lors d’un évènement familial ou social comme le mariage, la mort, la circoncision, si quelqu’un ne participe pas au travail commun, il serait blâmé par la communauté parce que la participation de tout un chacun prime. En effet, le proverbe malgache l’affirme : « trano atsimo sy avaratra izay tsy mahalenkialofana. », « deux maisons bâties l’une après l’autre, c’est dans celle qui ne mouille pas qu’on habite ». Cette idée est à l’encontre de la conception étrangère, vue à travers ce proverbe : « chacun pour soi et Dieu pour tous. ». Donc la solidarité tient une place importante dans la culture malgache. C’est ce que Samoela chante dans « Rester Passif ». “Na itodika aty na itodik’ivoho. Ny tondro tokana tsy mahavoa. Fara faharatsiny miara-droa. Ratsana telo vao maisin-delo. Ny be sy ny maro tsy lanin’ny dahalo. Na rivodoza na koa fahavalo. Mbola hafa ihany ny mifankahita. Aleo mifampiandry vao miara-miampita” Mialangalana 1 «Où tu te tournes, devant ou derrière Un seul doigt ne réussit pas. Au moins deux pour être ensemble Car trois doigts arrivent à se moucher. Toute une société ne peut être vaincue ni par les brigands, ni par la tempête, ni par des ennemis. Contre un cyclone ou les ennemis. Il est mieux de se rencontrer. Vaut mieux attendre avant de traverser. » 1 In Ty.2007. 28 Au niveau de l’organisation sociale, il y a deux sortes d’aide : celle qui est matérielle et financière, et celle qui est physique, corporelle. Par exemple, l’aide matérielle qu’on apporte lors de la circoncision s’appelle : « kilalaon’ankizy », « jouets pour l’enfant », et l’apport pour l’exhumation s’appelle : « gaon-drazana », « un coup pour l’ancêtre ». Pendant les préparations de ces événements, les gens apportent des matériels, mais ils viennent aussi pour aider. Ils viennent de leur propre volonté, car l’union fait la force. Toutefois, la vie change et la mentalité aussi. Actuellement, la difficulté de la vie se fait sentir au niveau de la relation sociale : les gens font semblant d’oublier ce qu’on a fait pour eux. Ils ne viennent plus apporter leur part de soutien. C’est dans cette optique que Samoela a dit « Mialangalana », rester passif. L’union, la solidarité deviennent l’individualité ; Il n’y a plus de fihavanana, ni parenté, ni amitié. La culture occidentale a envahi la nôtre. Les gens ont oublié la valeur culturelle et sociale de nos ancêtres : « Adinon’ny akama fa isika anie gasy. Iray aina no iray vatsy. (...) Fady amintsika ny miolonolona.”1 Mialangalana. « Les camarades oublient que nous sommes Malgaches. D’une seule vie et d’une même ressource. (…) C’est interdit de vivre à part. » Samoela veut souligner le changement de la mentalité que subit la génération actuelle Il nous est interdit de vivre à part. Il n’y a pas de mal d’aller à l’étranger et de vivre chez le vazaha. Mais ce n’est pas une raison pour oublier le pays, le lieu originel. Samoela continue ainsi : 1 In Ty.2007. 29 “ Aleo mifampiandry vao miara-miampita. Fa raha miparitaka, tsy misy tafita.”1 Mialangalana. « Vaut mieux attendre avant de traverser. Personne ne réussira si on se disperse. » Si on veut que Madagascar se développe, il ne faut pas se rejeter les uns les autres. Au contraire, il faut s’entraider. Le développement du pays dépend de la participation de tout un chacun. 1 in Ty 2007. 30 1.3. L’EDUCATION PAR LE BIAIS DES CHANSONS 1.3.1. Rappel de l’éducation « L’éducation forme la personnalité de l’individu et le prépare à vivre la culture : c’est par l’éducation que la genèse de la culture s’opère dans l’individu. »1 Quand on parle d’éducation, on pense déjà au bien d’une société, c'est-à-dire on cherche à améliorer la façon de l’individu de vivre dans une société. L’éducation vise à former les citoyens. Tirer du latin, il a un double sens, « educare » qui veut dire nourrir ; « educere » cela veut dire : tirer hors de, conduire vers ; en un mot : nourrir et élever. Nourrir les citoyens par les us et coutumes du pays et les élever pour connaître les bonnes manières de vivre. Cela nous amène à dire que l’éducation existe depuis la nuit des temps. Il y a ceux qui éduquent, ils sont appelés : « EDUCATEURS ». Ce sont ceux qui enseignent les bonnes manières pour que ces derniers vivent convenablement selon la loi de la société. Ils apprennent les bonnes manières, car l’éducation tend : « à l’unification de l’homme, qui est à la fois un corps, un esprit, un caractère et en tant que membre d’une société. »2. Comme l’éducation fait partie de la base du développement social et intellectuel d’une société, les éducateurs font tout pour faire passer leur devoir. Mais, ils ne peuvent pas accomplir leur travail sans les éduqués. Ceux-ci apprennent comment vivre en société, car chacun a son caractère. Ainsi, l’éducation qu’on donne suit toujours un changement pour que les éducateurs arrivent à leurs fins. C’est pourquoi il y a des méthodes à suivre qui peuvent être constamment révisées. Si on analyse la démarche pour éduquer les gens on a le schéma suivant selon Gaston MIALARET dans Les Sciences de l’éducation : A représente les éducateurs : les enseignants, les parents, les grandes personnes, etc. 1 2 Agit sur : M, c’est l’action E : Quelqu’un ou un groupe de personne qui subit l’action : DUFRENNE, Mikel, La personnalité de base, p.116. Education et Ecoles nouvelle au 20ème siècle. P386 31 Ainsi, l’éducation dépend de ces deux camps : A et E. Le camp A est représenté par les parents, les grandes personnes en un mot les éducateurs. Ces personnes sont responsables de l’éducation. L’éducation vient d’eux. Au début, ce sont les parents qui s’occupent de l’éducation de leurs enfants, les grandes personnes de la famille prennent part également. En second lieu, si on analyse le cas de Madagascar le Malgache accepte les consignes données par les parents. L’éducation parentale est une tradition, et cette tradition repose sur une sorte de convention collective. De toutes les façons, l’éducation commence toujours à la maison. Mais dans la culture malgache, les enfants acceptent et vivent la discipline familiale. Ils n’ont pas droit à riposter ni à faire des reproches à leurs parents. On peut dire qu’au début l’éducation était orale à Madagascar, vu l’absence de l’écriture. Les enseignements reçus sont en rapport avec l’environnement physique, avec les réalités socio-économiques et directement liés à la vie quotidienne .Et enfants obéissent à leurs parents. Mais lorsque la religion étrangère commence à s’imposer, les éducateurs ont eu recours aux écritures saintes (la bible, le coran) pour l’éducation de leurs enfants. Ici, on parle de la foi chrétienne. La personnalité des Malgaches se forge dans ce contexte spirituel. Les Malgaches ont la tradition de vivre dans le respect des uns et des autres. Après avoir appliqué l’éducation parentale et l’éducation officielle prend le dessus : elle prend l’éducation religieuse, la responsabilité de donner la formation civique des citoyens. L’école occupe alors une grande partie de l’éducation. Les enfants passent presque leur temps à l’école où ils sont soumis aux directives des instituteurs. Ils ne font que leur obéir. Ils ont du mal à revendiquer leur droit. C’est une sorte de « gavage »1nous dit Illich Ivan dans son ouvrage intitulé, Une société sans école. Gavage en ce sens que les éducateurs ne font que donner les consignes et les obligations sans aucun souci de savoir si les messages sont bien transmis ou non. Les impacts ne sont pas étudiés. Ici on voit le camp M, c'est-à-dire la façon dont les éducateurs y prennent. Le camp A élabore le système de transmission pour éduquer. Ou plus précisément les objectifs à atteindre. Jusqu’ici on n’a analysé que le camp A et M, mais il est nécessaire de voir de près le camp E. Le camp E 1 Illich, Ivan, Une société sans école, 1971, p.8 32 représente les éduqués. On regarde le résultat de l’action et le système établis par le camp A. Le camp E est alors le fruit de A et M. Toute éducation devrait être efficace, elle va bien avec le mode de vie des personnes. Mais, comme le monde change, le système éducatif change aussi suivant la situation dans laquelle les gens vivent, car : « l’éducation consiste à favoriser le développement aussi complet que possible des aptitudes de chaque personne, à la fois comme individu et comme membre d’une société (…). L’éducation est inséparable de l’évolution sociale. » 1. Le monde vit dans une autre ère, le système éducatif change aussi, car la majorité des gens d’aujourd’hui ne lisent presque plus. Ils regardent les documentaires, les nouvelles à partir de plusieurs moyens comme le moyen visuel et auditif (télévision, radio), et Giroux Robert confirme bien cela quand il parle de l’utilité de la chanson pour la vie actuelle : « la musique agit, remplit des fonctions diverses »2. Comme l’éducation est un principe fait pour préparer les personnes à la vie future, on a toute les raisons de s’intéresser à la chanson pour prouver qu’ elle est un des moyens pour éduquer. Ainsi, nous avons vu que l’éducation change suivant l’évolution du monde. Il y avait l’éducation ancestrale et parentale Les principales techniques éducatives utilisées sont : les contes, les devinettes, les légendes, les proverbes, la peur, les consignes etc. Et ensuite l’éducation par le biais de la scolarisation. Les techniques de ce système sont le système de la lecture et des enseignements donnés par les maîtres. Et nous avons vu ensuite que les gens s’intéressent à la musique, donc les éducateurs ont utilisé la chanson pour éduquer les gens de nos jours. 1.3.2. L’interaction de la chanson et l’éducation Le chanteur a choisi cette démarche pour transmettre les messages qu’il juge utiles pour son public. Il éduque les gens en chantant. Il voit cela quand il chante. Voici ce qu’il dit dans « Matrobe »3 : « Adalan’ny tena ianao Ramatro ka tafin-damba Ary basy atifik’avana ka arangaranga» 1 Que sais-je, Les sciences de l’éducation, p.8 GIROUX, Robert, La chanson, p.5. 3 in Bandy akama,2005 2 33 Bandy akama. «Tu es le fou de la maison Ramatro, on doit te cacher Mais comme un fusil avec quoi je vais tirer sur un ami, je dois te montrer » Nous avons dit que l’auteur éduque le peuple par le truchement de ses chansons. Il suit des méthodes pour que les gens apprécient ses œuvres. Pour cela , le chanteur a recours à trois moyens qu’on nomme système de communication. La communication est la base de la réussite de toute chose. Il transmet les messages à travers ses créations. Il choisit les mots qui conviennent à ses auditeurs : quand il s’adresse aux jeunes, il emploie des mots argotiques. Il le fait pour attirer l’attention du public. On voit bien cela dans la chanson intitulée : « Havako mamomamo »1 , Mon ami un peu saoûl. Même le titre de son album suscite déjà la curiosité des gens : il a traduit littéralement « qui fait rêver » pour « Mampirevy ». Ce terme signifie : donner satisfaction, et au lieu de dire : omeko anao izay rehetra mahafinaritra, « je te donnerai une satisfaction totale », l’auteur a choisi le mot mampirevy. C’est une expression proche des jeunes. Ainsi, les jeunes sont intéressés par ses chansons. Rien que le titre de l’album et les gens sont attirés. Après le choix du titre, l’auteur a un style particulier pour se différencier des autres chanteurs. On peut nommer cette démarche, le système de l’ouille dans le système de l’éducation. On remplit jusqu’à ce que le récipient soit débordé Le rythme des chansons aussi joue un grand rôle quand il s’agit de l’éducation par le biais de la chanson. Le rythme joue un rôle non négligeable dans ce système d’éducation. Le rythme change suivant l’époque où on vit. Si l’auteur applique le kalony fahiny (ou chansons des années 60-70) dans ses œuvres (le rythme ancien d e Madagascar), c’est une minorité qui s’intéresse à ses œuvres, et le message ne passera pas car même les fans de kalony fahiny va le sous-estimer. Il plonge dans le vide. Ce n’est pas de sa génération. Mais l’auteur utilise les deux rythmes : le rythme traditionnel avec celui de notre temps comme le rap, la raga, etc. Et c’est ce qui attire les jeunes, et cela sort de l’ordinaire. 1 in Mampirevy 1997. 34 La façon de s’habiller compte aussi pour un artiste s’il veut être écouté par les spectateurs. Quand un chanteur est sur scène, il s’habille à sa manière. Cette façon de s’habiller fascine son public, c’est un look nouveau. Et cela suscite toujours la curiosité pour voir la nouveauté. Par ses habits, le chanteur transmet des messages. Quand Samoela chante « Kristy », il s’habille tout en blanc, et ses compagnons aussi, Princio et Ra-chi-chi. Et c’est pour dire que le sujet du thème en question est une personne exceptionnelle, un saint. La couleur blanche marque la sainteté. Et dans Fitia zisitoara, le chanteur s’habille autrement, il met une chemise couleur bigarrée, sans colle, dont les deux manches sont différentes : l’une est courte, l’autre est longue, avec une découpe qui descend jusqu’à la poitrine. Même la découpe de sa chemise montre la complexité de la chose qu’il chante En le voyant chanter, le message est déjà transmis, car les paroles et l’habillement se complètent. Il n’utilise pas de vocabulaire trop recherché. Il chante pour tout le mode, il s’adresse à tout le monde. Jusqu’ici nous avons analysé l’action de l’auteur pour transmettre les messages, et comme nous avons parlé de l’interaction de la chanson à l’éducation, il est nécessaire d’analyser maintenant le récepteur. Le récepteur ici est celui qui écoute les musiques du chanteur. Quand le public est attiré par la production de l’auteur, à ce stade là, c’est la forme qui l’intéresse. En ce qui concerne cela , l’auteur utilise une manière un peu particulière de dire les choses pour que son public ait envie d’écouter ce qu’il dit : n’est ce pas la consommation de la musique- littérature ? Consommation dans le sens de publication de la production du chanteur. Ainsi, nous avons vu deux systèmes qui nous montrons l’interaction qui existe entre l’écrivain-chanteur et le public. Une question se pose quand nous parlons de cette interaction : « quand estce qu’on peut dire qu’il a y une interaction entre ces deux mondes ? » On ne peut parler de l’existence de cette interaction que si la production de l’écrivain ne cesse d’être écouté. Nous savons cela par le truchement des moyens audio visuels qui ne cessent pas de les faire passer pour être écouté à la demande de leurs auditeurs. Mais, on peut voir aussi cela, à travers les mots que les lexiques utilisent. Des mots utilisés par l’auteur des ses chansons sont devenus courants à la bouche de 35 tout le monde comme « Sexy girl », « mampirevy », « mialangalana », « pelaka (homosexuel) », « zana-pokonolo » par exemple. Ce n’est pas l’auteur qui a inventé ces mots, mais il les met en vogue. Et lorsque les gens utilisent ces mots c’est ce qu’ils ont compris le sens de ces mots, ainsi que le contexte dans lequel l’auteur a employé. Les gens utilisent certains mots pour faire passer un message ou pour s’adresser à une personne. Par exemple s’il y a une fille qui porte un short très court et un body qui montre la nombril, les gens disent « sexy girl !!! », et la fille en personne sait qu’on lui fait des reproches concernant ses habits. Bref, on peut dire que la chanson tient une grande place dans l’éducation. 36 CONCLUSION Les chansons de Samoela font partie de l’art. Il est un artiste : il s’occupe à la fois de la musique, de la mélodie et les textes. Mais nous avons choisi uniquement de dégager le fond de ces derniers, à partir de ses styles et de ses langages. Forgé dans une culture malgache, il connaît les valeurs qui la spécifient. Il s’en réfère de temps en temps en chantant. Mais il est aussi éduqué dans une culture étrangère qui laisse des traces dans ses œuvres. Selon Samoela, l’éducation doit être le rôle important des parents, de la société et de l’Etat. Cette fois-ci, nous allons essayer de dégager les différents thèmes contenus dans les œuvres de RASOLOFONIAINA Samoela. 37 DEUXIEME PARTIE IMAGE DE LA SOCIETE MALGACHE ACTUELLE VUE A TRAVERS LES CHANSONS DE SAMOELA 38 INTRODUCTION L’organisation de la société malagasy actuelle est très complexe. Mais il importe de la définir avant de s’engager dans la présente partie. Une organisation sociale met en évidence l’homme ; plus l’homme y est développé, plus la différence et la diversité existent et on a tendance à souligner l’individualisme. Le milieu social présenté dans les œuvres de Samoela est présenté sous l’angle à la fois sociologique, anthropologique parce qu’un ensemble d’interactions économiques, culturelles, etc. fait mouvoir la société Or, Samoela signale l’importance de l’argent et du luxe. Il veut faire alors « œuvre littéraire » en démontant les rouages des passions et des conduites, à partir d’un milieu cible : le milieu familial 39 2.1. Une société désorganisé 2.1.1. Une Société acculturée Pour faire une représentation des choses de la vie, les écrivains utilisent des métaphores ou des exemples parallèles aux faits existants, mais pour Samoela, dans la grande partie de ses créations, il les montrent telles qu’elles sont, car les gens vivent déjà ce genre de situation .C’est à partir de cela qu’on va analyser cette société qui a pris une nouvelle allure. Ainsi, on va définir ce qu’on attend par société, et culture. Société : il s’agit d’un ensemble d’ individus qui vit dans un milieu, et ils ont à peu près une même tradition, culture, vision des choses. On va présenter la société en général à Madagascar. Avant de voir la société qui a changé, on va parler de l’ancienne société. CULTURE: Préservation de l’intimité Les ancêtres n’avaient pas l’habitude de parler de leur intimité ni de l’intimité des autres surtout devant les membres de la famille. C’est tabou pour la société malgache. On parle dans la plupart des cas, d’une manière indirecte, avec des termes imagés. Parler de sexe et tout ce qui touche l’intimité entre parents, frères et sœurs, est vraiment interdit. C’est une transgression de la morale. .Le Fady souligne ce est interdite dans une chose interdite par les coutumes. Si on veut parler, par exemple, du bassin d’un autre, les Malgaches disent « fitombenana : moyen pour s’asseoir ». Mais tel esprit a changé suivant l’évolution du temps et la relation avec les étrangers. Société actuelle L’écrivain vit dans la société. Ainsi, ses créations sont le reflet de la société dans laquelle il vit. Ce qui n’est pas étonnant si certains de ces chanteurs actuels ne sont pas gênés de dire la réalité telle qu’elle est. Ils disent tout ce qu’ils ont à dire 40 sans tenir compte des impacts psycho moraux sur les auditeurs. Certainement la religion prêche la vérité, mais il ne faut pas non plus oublier qu’il y a surtout les influences de la culture étrangère jugée bonne et enviée presque par tous les malgaches. Changement de la façon de s’exprimer De nos jours, on parle sans gêne les parties intimes. Le tabou n’est plus respecté. Nous avons dit plus haut que c’est interdit de parler des intimités des autres et de tout ce qui se rapporte au corps de son interlocuteur. Pour ce faire, on l’exprime par une autre tournure parce que les Malgache sont pudiques. Toutefois, depuis que l’Etat a sensibilisé les citoyens leur permettre de se parler au sein de la famille, entre parents et enfants, dans le but de se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles, des changements se font sentir. Samoela n’hésite pas à en parler dans « KAPAOTY » « Koa fa sur ny kapoty Vao adosy ny kiloty Koa misy mahataitra Ny kapoty tsy mafaika »1 Kapoty. « C’est seulement lorsque la capote est sûre Qu’on enlève la culotte Si tu as envie de faire quelque chose Le préservatif n’est pas amer. » 1 in Efa sy dimy,2002. 41 Ici, l’auteur va droit au but, sans mots imagés, ni tournures. Il vit dans ce changement, un changement de l’indirect au direct. Ainsi, on se demande s’il n’y a pas moyen de sensibiliser les gens sans transgresser la tradition, car on constate qu’à cause de cette sensibilisation, les gens osent parler de tout sans réserve. Mais, ce changement ne se manifeste pas uniquement à travers les moyens de sensibilisation, car il se fait sentir également dans d’autres domaines de la vie quotidienne. La culture malgache respecte bien l’individu. Par exemple, on n’appelle jamais une personne adulte par son prénom. On ajoute un Ra- (un préfixe) là où il n’y en a pas. Ainsi, Naivo devient Ranaivo. On ne se tient pas debout, non plus devant les personnes âgées. Dans certaines régions, chaque partie du corps a un terme spécifique pour le dire. Tout cela, c’est pour montrer le respect. Si on veut parler des yeux, on dit « ces moyens de voir », etc. Actuellement, les enfants ne respectent même plus ses propres parents. Probablement, à cause de la scolarisation dans laquelle entre en jeu les mass média. Ce sont les films, les clips qui attirent les jeunes. Ainsi, le respect diminue peu à peu. Les jeunes rejettent l’utilisation et la valeur de l’expression azafady tompoko, « Pardon Monsieur ou Madame ». Ils osent appeler leurs pères, « Rabaina », et leurs mères « Rabôfy », termes irrespectueux. « Tsy hoe faly handao anao Fa Rabofy kizitina sorena »1 V’loma « Ce n’est pas que je suis content de te quitter. Mais la vieille est grincheuse et agaçante.» 1 V’loma in Bandy akama.2005. 42 Les jeunes manquent d’amour pour les parents. Autrefois, ce sont les bandits et les voyous qui parlent argot. Actuellement, les jeunes s’en servent. Les vocabulaires obscènes font partie du quotidien : On n’évite plus de parler de la sexualité ouvertement. Dans « Rakoto », Samoela s’adresse à une personne âgée mais il prononce son nom sans gêne. On voit à travers ses paroles qu’il s’agit d’une grande personne Tout cela c’est l’influence de la culture étrangère. Changement de la façon de s’habiller Avant, les Malgaches plus précisément les femmes malgaches n’ont pas le droit de porter .de pantalon ou de short, car ces derniers sont réservés aux hommes. Tout a changé, les filles mettent des pantalons et des shorts, car cela marque l’évolution : ce qui n’est pas mal si on respecte soi-même, son corps. La crainte de manifester particulièrement ce qui touche à la sexualité et aux fonctions corporelles n’existe plus. C’est pourquoi Samoela appelle les femmes et les filles qui osent montrer ainsi leur corps : « Sexy girl ». Dans une minijupe, de deux épands, quelle est la joie d’une sexy girl de montrer ses cuisses ! Son short très court, au ras de ses fesses et son body qui montre le nombril fait détourner le regard. Autrefois, ces parties-là sont cachées et réservées pour l’intimité. C’est Samoela qui dénonce tout cela dans son texte en disant « Lasan’ny olona ny akamako, lasan’ny olona ny fananako », La majorité des garçons n’ose pas demander en mariage une sexy girl. Ces femmes là sont réservées aux étrangers, au vazaha. La société les considère comme des prostituées. L’idée soutenue par des sociologues que la femme répugne naturellement à l’expression grossière et obscène semble reposer sur une certaine image sociale de la femme. Les hommes ont le droit d’injurier leur entourage parce qu’ils pensent que ce monde leur appartient. Mais c’est un scandale, si le même juron sort de la bouche d’une femme ou d’un enfant. Et c’est pour cette raison que Samoela réserve les lieux de la prostitution d’Antananarivo aux femmes, aux sexy girls, pour les retrouver. « Sexy girl an’Anatananarivo ianao 43 Tsy mihoatra an’i Gasikara Tokotaninao dia tsy miala An’Antsaralalana dia Antaninarenina. » Sexy Girl,Havako mamomamo. 1995 « Tu es une sexy de Tananarivo Tu ne sortiras pas d’Antananarivo Ton lieu de travail se délimite Entre Antsaralalana et Antaninarenina » En somme, il est évident que les femmes qui ont mieux intériorisé les tabous linguistiques ou corporels sont surtout des femmes de la bonne société, qu’elles soient modernes ou traditionalistes. Si nous parlons de la tradition dans certaine tribu malgache comme celle de l’Atandroy, les femmes coupent leurs cheveux lors de certaines circonstances : Si on parle de la tradition dans certaine tribu malagasy comme la tribu Antandroy, les femmes coupent leurs cheveux quand elles sont en deuil. Cette coupe signifie que la famille ou la femme en question a perdu un des ses proches ; à part cela les femmes ne coupent jamais leurs cheveux, car ceux-ci les différencient des hommes. Mais maintenant, avoir les cheveux coupés est une mode. Parfois on n’arrive pas à faire la différance entre une fille et un garçon parce la coiffure est vraiment exagérée. Une association pour la promotion de la langue malgache nommée Malagasy Mahomby suscite la prise de conscience concernant tout cela. 2.1.2. L’égoïsme au sein de la famille. Les parents aiment leurs progénitures, leurs enfants. Ainsi, ils font tout leur mieux pour leur éviter le danger. En effet il s’agit de leur « aina », leur vie. Et pour les éduquer, les parents suivent des principes qu’ils pensent importants et efficaces : des principes de diligence, d’honnêteté, de tempérance et de pureté sont le secret du 44 véritable succès. Les enfants échappent à des ruines morales s’ils écoutent et suivent les sérieux avertissement de leurs parents. Et ce sont là des principes dont dépend le bien-être de l’enfant, de la famille et même de la société. Toutefois, il y a des parents qui exagèrent et profitent mal de leur autorité. C’est ce que Samoela dénonce dans « Martine » « Tsy avelan’i Bofy sy Baininy hono izy Fa ny zanany tsy idiran’angano”1 Martine, « Elle dit que son père et sa mère l’interdisent de sortir Pour que son enfant s’échappe aux dangers. » Par conséquent, privés de liberté, les enfants n’écoutent plus les parents. Selon Samoela, Martine ressemble à une carmélite, alors que ce n’est pas de sa volonté .Ses parents lui privent tout contact avec qui que ce soit. Ils n’ont pas confiance en elle, et ils n’ont pas confiance à la société, jugée dangereuse.. Elle n’est pas maîtrisée en ce sens que les jeunes imitent bêtement ce que les occidents font et qu’ils voient aux mass média, même si cela ne va pas avec la civilisation malagasy. Et les parents ne voient que cette face de la chose. Ils veulent que leur fille vive comme eux. Le père est un pasteur, Samoela énonce ainsi : « Iny indray i Martine Iny indray i Kala-adala Zanaka mpiandry izy iny » Martine, « La voici encore Martine C’est encore la chipie 1 Efa sy dimy.2005 45 Fille d’un pasteur. » Comme il est pasteur, il espère que sa fille imite sa mode de vie. Etre pasteur c’est être modèle pour les fidèles et aussi pour les gens, c’est prier pour les derniers, selon le commandement Jésus affirme ainsi « Aimez-vous les uns les autres comme, moi je vous aime. ». « Aimes ton prochain comme toi-même ». De la, le père fait tout pour que sa fille s’écarte de la vie du monde jugée médiocre et invivable pour les croyants. Il ne tient pas compte de l’ambition de Martine, de son désir, et surtout de sa liberté de vivre comme elle veut. Ils imposent l’avenir de son enfant. Même si elle veut savourer la vie, on l’interdit : « Tiany handramana daholo ny zavatra rehetra Tiany handramana daholo aza asianao fetra Tiany handramana daholo, sy akany fy »1 Martine “Elle veut goûter à tout ce qui existe Elle veut tout expérimenter donc ne lui interdit pas. Elle veut goûter tout et apprécier. » C’est ainsi que les parents emploient la dictature. Ils pensent sauvegarder leur enfant du danger. Cette geste suscite une révolte pour les enfants qui vivent cela. Cela arrive dans la plupart des cas dans la catastrophe pour l’individu en personne, la famille où ils appartiennent, et cela entraîne aussi pour la société. A cause de la religion la dictature réapparaît dans le sol malagasy. Les parents pensent que les enfants malagasy doivent suivre les instructions des parents car ajoutons à notre compte cette affirmation de la pensée malagasy : « ny tenin-dray aman-dreny dia toy ny tsipakom-balahy,mahavo mahafanina, tsy mahavoa mahafaty » : « Les consignes des parents ressemblent aux coups de pieds d’un taureau, vous avez le vertige, s’ils ne vous atteignent pas, mais vous mourrez, s’ils vous touchent.». Ainsi, les enfants Malgaches suivent ce que les adultes disent car 1 in Efa sy dimy 46 ils ont vécu avant eux et connaissent mieux la vie qu’eux. Mais cela a changé maintenant. Ce qu’on ne sait pas encore si les parents agissent ainsi seulement pour l’amour qu’ils portent pour les enfants ou pour son honneur et pour garder l’image des croyants vis-à-vis des autres. Ainsi, le respect du droit de l’homme n’a pas sa place pour ces parents autoritaires. Pourtant, les Nations Unis ont décrété en 1945 le droit de l’homme, pour que chacun a droit d’avoir une vie normale, paisible…, et comme le dit Samoela dans la même création :« Ao antranonao ao, ny rehetra dia voarara » : « Chez toi, tout est interdit ». Quand on est croyant, ce fait n’exclut pas qu’on est humain et vit dans une société. Vivre en société veut dire qu’on est avec des gens, ainsi on ne vit pas en solo. On apprend à vivre en vivant avec autrui. Les enfants ont le devoir d’obéir à leurs parents, ainsi, les parents s’imposent pour la correction de leurs enfants. Ils ne discutent pas et ne demandent pas les causes de l’acte de leurs enfants. En somme, l’autorité parentale ne doit pas dépasser les bornes. Mais vis-à-vis de cette autorité parentale, le droit de l’enfant et le respect du droit de l’homme est bafoués ; alors que selon le droit de l’homme, décrété en 1945 : « chacun a droit d’avoir une vie normale et paisible » 2.1.3. L’argent dans la société malgache actuelle Nous vivons actuellement au sein d’une société où les individus sont âprement attachés à leur passion. A entendre Samoela, les individus vertueux sont peu nombreux par rapport à d’autres. Le fétichisme de l’argent domine actuellement. Autrefois, les problèmes qui se passent au sein de la vie sociale peuvent se résoudre par l’amitié, « ny fihavanana », C’est ainsi qu’on se console dans le proverbe : « aleo very tsikalakalam-bola , toy izay very tsikalakalam-pihavanana », 47 « Plutôt perdre une monnaie d’argent que perdre le fihavanana »1. Par conséquent, les relations amicales se tissent, les gens s’aiment et s’entraident Ils ont constamment la crainte du « tody » et « tsiny », c’est pourquoi la loi qui régit la vie c’est « l’union ». Personne ne songe à amasser pour soi, mais pour la communauté. C’était le passé, et la vision des Malgaches concernant le monde change également. L’Argent et la famille Nous venons de suivre la détérioration de la société malgache. Les gens ne pensent plus aux intérêts communs. Personne n’a tort, car la vie devient de plus en plus difficile. A notre époque, c’est la fortune et la richesse qui sont les fondements de la considération sociale. Les possesseurs des capitaux orientent leur fortune dans un gain de profit pour s’assurer un revenu régulier et substantiel. De toute manière, il y a un proverbe malgache : « Ramalina aza mifehy hazo tokana », c'està-dire que celui qui est prudent attache le seul bois qu’il possède. Ainsi va le monde. Il ne faut pas tout simplement accuser la culture étrangère comme la seule responsable. C’est ce que Samoela veut nous communiquer dans la chanson intitulée : « Money ». Même le titre de cette chanson nous guide à réfléchir sur la valeur de l’argent et son rôle au sein de la société actuelle. Le souci majeur du chanteur est de révéler les tourments, les soucis de ceux qui ne trouvent pas d’argent, de changer d’air, d’amasser et d’avoir encore plus et plus que ce qu’on a déjà, c’est l’objectif de l’homme du troisième millénaire. C’est ce que Samoela affirme en disant : « Na hafoiny izay ananany, na atao ankeriny ny zanany, Si vous avez de money monsieur ça fait rien. »2 Money,Efa sy dimy, 2000 « Même s’il perd ses propriétés ou si on harcèle son enfant. 1 DUBOIS Robert, L’identité malgache. P35. 2 in Fa sy dimy,2002 48 Si vous avez de money monsieur ça fait rien. » Ce n’est plus l’amour de son frère ou de sa mère ou des enfants qui priment, mais l’amour de l’argent. C’est tout à fait le monde à l’envers : une société chaotique. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant si la famille est ébranlée sur ses bases : les couples ne pensent pas à la durée de leurs responsabilités. Chacun ne pense qu’à soi-même. Et Samoela le dit : « Dia tapenany ny sofiny ka ny tanany no atolony Si vous avez de money monsieur ça fait rien” Money. « Il bouche ses oreilles et il tend ses mains Si vous avez de money monsieur ça fait rien » Ainsi, le fihavanana n’a plus sa raison d’être. Les Malgaches ont perdu leur identité et leur sens du moral. Pourtant, Razafitsalama affirme que : « la vente était venue après le fihavanana »1 Ce qui veut dire que la vente ne doit pas remplacer le fihavanana , c’est à cause de cette dernière si nos aînés ont pu vivre dans le calme et l’harmonie. De ce qui précède, le fihavanana n’a plus sa raison d’être, les Malgaches ont perdu leur identité, et leur sens du moral : « Moral en tant qu’ensemble de règles des valeurs qui fonctionnent comme norme dans une société. »2 Ici encore, le chanteur-observateur dit vrai : le malgache d’aujourd’hui aime le plaisir et l’argent plus que tout. 1 2 RAZAFITSALAMA, Adolphe, Ny Fiaraha-monina Ntaolo, p13. Petit Larousse 2OO4. 49 2.2. La situation politique En continuant les études des œuvres de Samoela, nous remarquons que le chanteur dénigre d’autres aspects de notre monde actuel. Et ce que nous allons suivre maintenant, c’est l’aspect politique. Dans cette société en continuel mouvement, l’inventaire politique de l’œuvre de Samoela évoque aussi le problème politique. Et nous pensons que c’est la question la plus importante qui oblige le chanteur à composer ses œuvres. Evidemment, il parle de l’amour qui mobilise l’affectivité des individus qu’il décrit et qui servent de trame. : L’amour lié au désir physique, l’érotisme, le vice, l’amour de l’argent, mais il n’a pas oublié le rôle de l’Etat dans tout cela. 2.2.1. La politique de l’Etat Prenons d’abord la définition du terme Etat : ETAT : « il s’agit d’une entité politique constituée d’un territoire délimité par des frontières, d’une population et d’un pouvoir institutionnalisé »1. Cette définition nous permet d’étudier le pouvoir institutionnel. C’est la crise économique qui forme l’essor essentiel de l’action .Pour soutenir la politique du gouvernement et pour éventuellement la défendre en cas de crise , les dirigeants du pays font des accords internationaux avec les bailleurs de fonds ; seulement, leurs exigences ne correspondent pas aux besoins du peuple, car le caractère précaire de l’aide internationale rend impossible une prévision à long terme : aides bilatérales ou multilatérales, traités, accords de coopération selon les fluctuations politiques et la générosité des donateurs. Le but de ces assistances est souvent plus stratégique qu’humanitaire. L’inefficacité partielle de l’aide est due aux lourdes machines administratives qui assurent ces services et à la manière dont sont utilisées les sommes versées. Souvent la classe dirigeante est la principale bénéficiaire de cette manne internationale. C’est ce que Samoela essaie de faire passer dans New Bablylone. 1 ibid. 50 “Lay gasy varina manao ady sanina Ny sosy anefany any amin’ny banque mondiale”1 FMI in Manatosaka 1999 « Les Malagasy sont occupé à faire des calculs. L’argent est entre les mains de la banque mondiale » A vouloir imiter l’économie des pays riches, les Etats du tiers-Monde ne font que s’endetter. Donc le système de développement n’est pas adapté à la situation locale. La formation donnée aux jeunes est dispensée selon les besoins des pays donnateurs. Et Samoela le dénonce en ces termes : « Aleo hono ny gidro mba hana-taranaka, Arovy koa ny alanareo fa ny anay hoy izy efa may Mba hitsangatsangananay raha hatrizay. »2 Bekon-danitra . « Que les singes aient des descendants Protégez aussi vos forets car les notres sont brûlées. Pour que nous fassions du tourisme plutard. » Ces problèmes trahissent le fait que les dirigeants ne pensent qu’à remplir leurs poches. Et ce sont les bailleurs de fond qui en jouissent. « Misoratena ho zanak’anjely Hay ny pôzy no vonjo, fa ny aty voandelaka ‘Ty misolelaka sahala amin’ny pelaka.”1 1 2 in Efa sy folo.2005 in Manatosaka, 1999. 51 Seraseran-dresaka « Ils se comportent comme un ange C’est la vue de l’extérieur qui ressemble aux arachides. Mais à l’intérieur c’est comme les grains de lilas de Perse. Tu essaies d’amadouer comme font les gais. » Et pour calmer les peuples, ils font de la démagogie à la radio et à la télévision. Et Samoela affirme que tout cela n’est que parole dans l’air. De l’utopie, rien que de l’utopie: « Resaka fotsiny no bobaka Tabataba mankarenin-tsofina » Seraseran-dresaka in Efa sy dimy.2002. « Il n’y a que des paroles Des bruits qui font mal aux oreilles. » Les dirigeants crient qu’ils font tout pour développer le pays. Mais les investissements directs de capitaux étrangers souvent présentés comme un mécanisme de progrès, sont voués à l’échec pour le pays assisté. Même s’il y a des progrès, que représentent-ils, compte tenu de l’accroissement de la population ? Le revenu individuel n’améliore pas la situation financière du pays, quant aux taxes et impots, ils ne cessent d’augmenter et de se multiplier « Tsy maintsy hakarina koa hono izao ny hari-karena Angamba ho takian-ketra ihany koa ny MPIVAROTENA» New Babylone «Il parait que les économies doivent augmenter 1 In Efa sy dimy.2002 52 Probablement on va exiger des impôts aux putes. » Donc, il y a prise de conscience et engagement politique chez Samoela, bien qu’il se dise artiste non engagé. Samoela aime montrer les plaies sociales. Pour continuer, nous allons encore parler du problème de la religion. 2.2.2. Le politique de la religion Le temps change et en même temps la manière de vivre aussi change. Et dans un monde où les distances diminuent grâce aux moyens de communication, la foi occupe une place de plus en plus prépondérante dans la vie individuelle. Le matérialisme vis-à-vis de la foi Qu’est ce qui occupe l’esprit des gens actuellement ? La vie matérielle ou la foi ? Pourquoi pensent-ils à Dieu ? Nous ne sommes pas là pour juger la foi de qui que ce soit, mais il y a ceux qui fréquentent l’église parce qu’ils pensent que c’est un moyen pour eux de s’éloigner de la pauvreté. D’ailleurs, Jésus n’a-t-il pas dit : « Moi, je suis le pain de vie, celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; qui croit en moi n’aura jamais soif »1. Donc, c’est pour des raisons matérielles qu’ils viennent à l’église, Dieu seul le sait ! L’apôtre Paul dit clairement que les hommes ont « l’apparence de la piété, mais ils renient ce qui en est la force ». En effet, il est très facile de confondre piété réelle et piété apparente. Si les fidèles viennent à l’office, est-ce vraiment pour la piété ? Samoela répond à la question en composant la chanson intitulée Kristy « Ny investissement église fa feno hatreny Antanikatsaka Fa maro be no tafalatsaka Mikatsaka ny fanjakan’Andriamanitra 1 Bible de jérusalem,Evangile selon saint Jean, 6, 25-37. 53 Varo-boba, varo-boba Braderie tsy misy hoatr’ity. »1 « L’église est devenue un investisment Elle existe dans le champ de mais, Nombreux sont ceux qui sont attirés A chercher le royaume de Dieu. Vente à très bon marché, à très bon marché. Aucune Braderie n’est pareille. » Selon le Dictionnaire du Français contemporain, spécial enseignement2 le terme braderie signifie « liquidation de marchandise à bas prix par les commerçants d’une ville », tout le monde y va pour acheter, car le prix est abordable et on trouve des objets d’occasion. Samoela compare l’église à une braderie. Les adeptes y vont probablement par la curiosité, à la recherche du sensationnel ; ce qui est extraordinaire, ce qui est inédit. Or la religion n’est pas matière à curiosité : elle demande qu’on la comprenne. La religion demande de la réflexion, du discernement : plus même une conversion. Donc, ceux qui vont à l’église parce qu’un grand nombre y va comme le mouton de panurge, se trompe. La religion est même l’occasion de redescendre au fond de soi, d’y découvrir la vraie foi, d’y discerner l’appel divin. Ceux qui font le plus mal, sont ceux qui n’ont pas une minute pour réfléchir et pour prier. Donc le royaume de Dieu n’est pas comme une braderie, comme Samoela le compare. Il dit cela par ironie à ceux qui profitent de la naïveté des autres. Toujours par intérêt. Il y a ceux qui utilisent la religion par profit et pour s’enrichir. Comme il 1 2 In Ty, 2007. Larousse, librairie Larousse, 1971 54 s’agit d’une publicité ou une invitation à un spectacle, la tournure dont la phrase est employée fait entendre l’ironie, la raillerie même « Hanenina izay tsy tonga Fa Ho avy ao i Kristy. »1 KRISTY “Ceux qui n’arrivent pas vont regretter Car Jésus viendra là” On a trop tendance à considérer la religion comme une assurance sur la vie matérielle et l’on contente d’un minimum en élaborant une théologie à sa mesure. Ainsi, certains dirigeants des églises utilisent la quête pour se faire fortune et s’enrichir. « Eo koa anefa ireo akama sasany Izay mpi-bizina tsy laitra“2 „Mais il y a certains camarades Qui ne font que des affaires. » Enfin pour suppléer au manque de chaleur de l’église officielle, on ne fait que chanter et chanter. « Roa arivo taona aty aorina Mbola ireto isika mihirahira Mankasitraka ny anarany Mankalaza ny anarany “ 1 2 in ty, 2007. In Ty, 2007. 55 KRISTY. “Deux mille ans plus tard. Nous sommes encore entrain de chanter. Nous reconnaissons son nom. Nous louons son nom. » Ils attendent les mannes comme les Israéliens. Ils ne travaillent pas mais ils attendent la charité du bon Dieu. C’est un des facteurs qui causent la pauvreté des malagasy. Jusqu’ici, on a vu que les fidèles mais il y a aussi la part des dirigeants. Dans Les églises comme les églises Catholiques, Luthériennes, F.J.K.M (Fiangonany Jesoa Kristy eto Madagascar), leur spécialité c’est de faire des dons pour les gens, ils les aident en faisant cela. Ils appliquent ce que Dieu nous a ordonné : » Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés». Et Les gens viennent à l’Eglise pour être vu, et avoir sa part de don après. Ils n’attendent que cela, ils ne pensent pas à travailler. Comme le Seigneur a ordonné à ses disciples de lui donner un dixième de ce qu’ils ont, il a ordonné cela de rappeler aux gens que ces biens viennent de lui et c’est tout à fait normal si on le remercie. Ce remerciement se fait par le biais de cette quête qui sert à l’église plus précisément au bon fonctionnement de l’église (réhabilitation, aide pour ceux qui en ont besoin, les salaires des pasteurs). Ils favorisent cette façon de penser des fidèles, ici, il s’agit des dirigeants des églises surtout les sectes. Ainsi, il y a des dirigeants qui survivent avec cette quête, ils profitent de cette parole de Dieu pour en tirer profil. Ils profitent de leur métier pour vivre. A vrai dire, le but du métier est clair et net c’est de gagner de l’argent mais non pas de prêcher la parole du Dieu. Enfin, Samoela, dénonce ces foules soi-disant croyantes qui n’hésitent pas à s’enrichir Mais ils vivent selon les procédés du monde dissimulant la vérité, trompant leur prochain, réussissant dans les affaires ou dans les honneurs au prix de leur conscience. Dans la partie suivante, nous allons suivre un autre thème concernant la relation humaine et son environnement. 56 2.3. L’environnement humains et ses problèmes L’environnement c’est ce qui entoure le voisinage. « Ensemble des éléments physiques, chimiques ou biologiques, naturels et artificiels, qui entourent un être humain. » nous apprend le dictionnaire, LE PETIT LAROUSSE.2004. Ainsi, dans ce dernier chapitre, on analysera ceux qui touchent les malgaches de nos jours. Nous allons étudier alors la relation humaine, et ses environs. 2.3.1. L’émancipation de la femme Dès le début, la société a donné une valeur importante à l’homme. On lui a donné plus de valeur qu’aux femmes. Il occupe une place importante soit disant que Dieu a crée l’homme avant la femme et c’est grâce à lui si elle existe : alors « Yaveh fit tomber une torpeur sur l’homme, qui s’endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu’il avait tirée de l’homme, Yaveh Dieu façonna une femme »1. C’est une des raisons qui pousse la société à considérer l’homme supérieur à la femme. Cette dernière a l’obligation de se soumettre devant l’homme quoi qui se passe. Et la société traditionnelle malgache fait partie de cette société qui classe la femme comme inférieur à l’homme. Dans la société malgache la femme n’a aucun droit. Elle ne travaille pas. Elle ne fait que les tâches domestiques. Nuruddin FARAH a bien raison quand elle pose cette question, une question qui contient déjà une réponse : « Mais qu’est ce qu’une femme ? Quelqu’un qui tient compagnie l’homme, porte ses enfants, accomplit les taches domestiques. »2 . De là, on constate que la femme est faite pour servir ses enfants et son mari. Ce dernier travaille fort pour sa famille. La vie de cette dernière dépend de lui. Et comme il est en position de force, il se sent dans l’obligation de nourrir sa famille. Il mérite alors d’être servi, obéi et fait tout ce qu’il veut sans considérer le droit en tant que femme et enfant. C’est une tradition. Et la société respecte. C’’est vraiment honteux pour la 1 Génése II, 21-22, La bible de Jérusalem. Née de la côte d’Adam, in les attitudes des femmes africaines, mémoire de maîtrise de ANDRIAMAMPIANIANA Hanitra Sylvia. 2 57 société malgache et plus précisément pour l’homme de faire des tâches à la maison comme aider sa femme à arranger la maison ; on le juge comme lehilahy tindrin’ampela : « un homme dominé par sa femme ». Et comme il y a évolution du temps, tout le monde travail quel que soit son sexe. Mais ce changement n’exclut pas la tradition. Une tradition qui donne une valeur particulière et importante à l’homme. Et la femme d’aujourd’hui ne veut plus vivre cette situation. Une tradition qui opprime la femme. Les taches domestiques sont réservées à cette dernière. Elles sont considérées comme des taches inférieures, moins valeureuses. Les femmes d’aujourd’hui réclament alors l’égalité entre l’homme et la femme. Car le travail est toujours la même que ce soit à la maison ou ailleurs, le but est le même, c’est toujours pour le bien de la famille. Mais la société oublie que les taches domestiques sont aussi fatigantes que les travaux que le père exerce à l’extérieur. Il est donc normal si la femme réclame que son mari l’aide à faire les tâches domestiques ensemble. Samoela nous montre cela quand il a écrit « Malala » : « Malala, malalako Mba mandray kofafa kely enao androana Malala, malalako Dia rehefa vitanao ny sasa ny vilany sy ny vilia Dia mba atao ilay lakozia Malala, malalako Anio mba ataonao ny sasalamba Dia za avelanao hanorisory, aza asina lonilony fa fitiavana daholo izany. Fa reraky ny manompo anao oho Leo manao ny izao sy izao nao. Mba marary koa ny lohako.” Malala, Efa sy Dimy.2000. “Chéri, Mon chéri Tu vas prendre un peu le balai aujourd’hui.. Chéri, Mon chéri Quand tu auras fini la vaisselle Tu vas faire la cuisine. 58 Chéri, mon chéri Aujourd’hui, tu vas faire la lessive Ne t’agaces pas, et ne garde pas de rancune, tout cela fait parti de l’amour. Je suis lasse de te servir J’en ai marre de faire ceci et cela pour toi. La femme travaille aussi pour son mari et pour la famille. Comme les deux travaillent pour le bien de la famille. Si l’homme la demande de le servir avec amour, elle ne se sent pas négligée. Même l’intitulé de cette chanson, nous voyons que Samoela commence avec un mot qui montre de l’affection : chéri. On désigne et appelle la personne qu’on aime avec cet adjectif qui vient du verbe chérir. Cette dernière évoque l’amour, l’affection et la tendresse. C’est qu’il éprouve de l’amour pour sa femme. S’il déclare cet amour, il se sent humilier ou précisément rabaisser devant la personne qu’il aime car il est fort et la femme ne doit jamais savoir s’il a des sentiments pour elle. Il est donc fait pour être aimé et non l’inverse. Il se plaint quand la femme lui demande avec amour pour être plus précis. Ce sont les hommes qui savent qu’ils doivent aider les femmes qui se plaignent « Aiza no hahavitako izany rehetra rehetra izany » Fa reraky ny manompo anao aho Leo ny mamelona anao” Malala, Efa sy dimy.2001 « Je n’arriverai pas à faire tout cela. Je suis fatigué de te servir J’en ai marre de te nourrir. » Et tous pensent que la femme et toute la famille même, doivent lui obéir. Il lui arrive de frapper son épouse pour la raisonner : Izany no nahatonga ahy saika hilako an-dry nous raconte Samoela en ces termes dans sa création intitulée : « Kofa tia ». « C’est pour cette raison que j’ai failli te frapper ». Il règle alors le 59 problème par la force, mais non pas par la discussion. C’est évident parce que d’habitude, les femmes sont plus intelligentes que les hommes. Et quand il n’arrive pas à convaincre la femme, il emploie sa force physique. Dans cette perspective, la femme veut trouver un lien d’attente entre les deux camps. Car le temps évolue, c’est normal si la façon de vivre aussi évolue sans oublier ou effacer les us et coutumes, il faut savoir vivre avec. Ils peuvent faire ensemble les tâches sans réserve. La femme réclame cette égalité. Elle se sent opprimée par son mari et par la société. C’est pour cette raison que des nombreuses associations luttent pour ce droit. L’effort est louable mais il faut reconnaître que nous devons changer la mentalité de toutes les catégories d’âges et la mentalité des gens, car il y a aussi les enjeux entre cette évolution et les us et coutumes du pays pour arriver à l’adjectif attendu. 2.3.2. L’incertitude de l’avenir de la jeunesse L’avenir d’un pays dépend de l’éducation et des projets des dirigeants offerts au peuple. L’état joue alors un grand rôle dans la vie des citoyens. Mais la plupart des citoyens ne jouissent pas de cette politique. Cette situation est due à beaucoup de raisons, soit à cause de l’enclavement de l’endroit où la famille se trouve, ou à cause de la pauvreté qui frappe la majorité des Malgaches. Samoela a bien dit quand il chante comme suit : « Tsy zanak’alika io, tsy zanaka adala Fa zana-pokonolo Tsy nandalo ankanin-jaza, Tsy nandalo sekoly fa tonga dia olo. »1 Zanapokonolo in Bandy akama, 2004 “Ce n’est pas un chiot, ni l’enfant d’un fou Mais c’est l’enfant du peuple. Il n’est pas passé par la crèche, il n’a pas étudié, Mais il devient directement un homme” 1 in Bandy akama, 2005 60 Les parents doivent trouver tous les moyens pour donner aux enfants une éducation valable qui leur permet d’affronter la vie. Mais, il est plus important pour les jeunes d’entendre des paroles d’encouragement du père ou de la mère. Les adolescents ont besoin d’avoir la certitude que quelqu’un croit en eux et leur faire confiance. Sinon, ils deviendront des délinquants. Souvent, les causes des vols, les braquages, les attaques à mains armées sont l’incompréhension des parents vis-àvis des jeunes. Ces derniers poursuivent alors les gens qui ont l’argent, les devises : les Chinois, les Karana, les Vazaha ; très souvent des opérateurs économiques en sont victimes. Ils attaquent aussi les touristes. «… Tsy mahalala A,B, D, tsy mahay mamaky teny Nefa mahita vola. … Fa ny vahiny mandalo no ataony fahirano Hatreto aloha dia mamaky sinoa Rehefa tsy misy karama dia mandroba karana »1 Zana-pokonolo in Efa sy Folo 2004 Ils sont analphabètes Ils ne savent pas lire. Pourtant, ils trouvent de l’argent … Mais ce sont les touristes qu’ils harcèlent. Jusque là, ils détroussent les chinois S’ils ne trouvent pas de salaires 1 In Efa sy folo 2006 61 Ils pillent les pakistanais. » Mais, ces jeunes délinquants essaient de gagner leur vie. Lors de la crise de 2002, des barrages ont été instaurés dans certaines régions de l’île : à Brickaville, à Bevilany, et en d’autres lieux. La grève générale a pris son ampleur partout. Les jeunes, attirés par ces tours de force ont pris part aux barrages. Il manquait de vivre partout : pénurie de riz, de carburant, des produits de première nécessité, etc. Mais lorsque le calme est revenu, ce sont ces jeunes même qui ont subi des arrestations. L’Etat ne veut rien comprendre. Il reste indifférent aux problèmes des jeunes. C’est ce que Samoela dénonce dans « Zana-pokonolo », « Enfants de la société » «… Nisy andro nahaory an’io Fa tsy nisy na inona na inona Dia nisy nangala teto Fa hametraka barazy any barikavily Niakatra fitsarana io nisy fotoana Fa navotsotry ny mpanao lalàna fa hoe tsy ampy taona Dia nalefa teny aminy zaza maditra Fa vao maika nitrifana vao maika niridana, fa nahazo ekipa Tsy nandalo antanimora, tsy nandalo Nosilava Avy hatrany dia Tsiafahy Fa iaraha-mahalala”ty tany tan-dalana” Tsy te halalala izay miofefy”1 Zana-pokonolo Efa sy Folo 2004 «… 1 in Bandy Akama, 2005 62 Il y avait des temps de détresse qui t’ont fait souffrir. Car il n’y avait rien Puis quelqu’un est venu te chercher Pour mettre des barrages à Brickaville. Il y avait un moment que ce dossier est passé au tribunal. Mais les juges ont libéré car c’est un mineur. Puis, on t’a envoyé au centre de l’éducation pour les délinquants. Mais, tu deviens de plus en plus mauvais, car tu a rencontré une equuipe. Sans passer à Antanimora, ni Nosy lava Tu es envoyé directement à Tsiafahy. Parce que nous savons que le pays est régi par des lois. On ne veut rien comprendre de ceux qui dérapent. » La génération des jeunes d’aujourd’hui n’a aucun avenir vu les attitudes des différents responsables (les parents et les autorités de l’état). Les parents ne se soucient pas de leurs enfants à cause de la pauvreté inhérente à leur vie. Et l’Etat ne fait qu’appliquer les lois. 63 CONCLUSION La société malgache actuelle a pris une autre allure. Ce changement se manifeste à travers plusieurs domaines tels que la culture, la famille, la foi et les dirigeants. Vu l’évolution de la vie de nos jours, les Malgaches évoluent aussi dans la façon de penser que dans la façon de se comporter. Tout a changé. Ils suivent la modernité qu’ils jugent meilleure pour être civilisés. Ainsi, ils délaissent la tradition. La pudeur laisse à desirer. Tout le monde s’habille comme il veut. La société d’aujourd’hui est une société en quête d’argent. De là, toute action se rapporte à l’argent. Les membres de la famille cherchent tous les moyens pour gagner de l’argent. Et les dirigeants de l’Etat en ont fait autant. C’est ce que Samoela RASOLOFONIAINA veut faire connaître à travers toutes ses créations. 64 CONCLUSION GENERALE La chanson tient une place importante dans la vie humaine. Chaque chanteur a sa façon de chanter, de produire des créations. Et ces créations se rapportent à la littérature. Comme il s’agit de chanson, on assiste alors à un art musical. Cet art a un lien avec la littérature. Dans la chanson, il n’y pas que la note ou la mélodie qui compte. Il y a aussi les écritures, les styles de cette écriture, et le rythme de la mélodie. Et tout cela relève de la société. D’après notre étude, les œuvres de RASOLOFONIAINA Samoela nous montrent comment la société d’aujourd’hui vit. L’auteur a créé des innovations tant sur la forme, sur le contenu, que sur le style. Ces innovations traduisent le changement de la pensée malgache. L’auteur s’écarte de la création traditionnelle, une création qui suit les règles académiques, règles établies et acceptées par les initiés ou plus précisément les académiciens. Mais Rasolofoniaina Samoela a fait abstraction de ces règles, dans le but de bien accomplir sa mission. Il sort de l’abstrait pour dire la réalité telle qu’elle est. Et il suit l’évolution du monde sans pour autant laisser la culture malgache. Il évoque alors à travers ses œuvres les valeurs du pays. La chanson de Samoela éduque aussi le peuple par le truchement du message que l’auteur avance. Les auditeurs apprennent en chantant, en dansant, et en écoutant les chants. Une nouvelle facette de l’éducation voit le jour. La société malgache d’aujourd’hui a changé. Le temps change et la vie suit ce changement. La société prend une autre direction. Elle a changé de direction en ce sens que le public laisse la tradition ancestrale pour devenir des gens civilisés et pour sortir aussi de la misère dans laquelle le peuple se trouve. Les gens essaient de vivre la culture étrangère. L’argent tient une place non négligeable dans la société malgache d’aujourd’hui. Rien n’est plus important que l’argent. C’est l’argent qui donne de la valeur et du prestige à l’homme d’aujourd’hui. Ainsi, la famille n’a plus de valeur 65 socioculturelle comme avant. Selon le chanteur, les gens utilisent les membres de leur famille pour gagner de l’argent. Chercher de l’argent n’est pas un péché, vu la cherté de la vie mais c’est la façon dont le public le cherche qui n’est pas acceptable. A cause de la pauvreté, chacun fait tout pour gagner de l’argent. Et même les gens que nous pouvons qualifier de riches, cherchent à s’enrichir davantage. Samoela dénonce qu’ils profitent des pauvres pour s’enrichir. Même les dirigeants du pays en profitent pour remplir leurs poches. Toutes leurs démarches sont établies à leurs profits, mais jamais pour les biens du peuple. Et c’est aussi le cas des pays donateurs, ils donnent des aides mais derrière cette action louable, ils gagnent plus qu’ils donnent. Et le peuple se trouve toujours victime. Pour sortir de la misère, les gens se tournent vers Dieu c’est le seul espoir. Et il y a aussi des gens qui profitent de cette situation pour gagner de l’argent, vu la situation dans laquelle se trouvent le pays et la façon de penser des gens d’aujourd’hui. Les enfants n’ont pas d’avenir tracé. Car on s’en occupe à peine. Ainsi, d’après ces études menées à travers les œuvres de Samoela, l’innovation que cet auteur a apportée dans ses œuvres, permet aux auditeurs de prendre conscience de la réalité qui l’entoure. Samoela est sorti du terrain battu, évidemment il chante l’amour comme tous les chanteurs, il chante la vie quotidienne, mais il ne le fait pas pour plaire uniquement ses fans, au contraire, il observe et il critique. Il est conscient que nous vivons dans une société en crise, et dans un monde presque en dérive : plus de famille unie, plus de fihavananana, plus d’avenir pour les jeunes qui sont attirés par l’aspect matériel de la vie au détriment du spirituel. C’est dans cette optique que nous osons affirmer que Samoela est à la fois un sociologue engagé qui, par ses œuvres, ne craint pas de blesser son public; mais malgré cela il a ses admirateurs. Les mots qu’il utilise ont des sens inhabituels au point d’apporter un changement enrichissant au niveau du lexique. En effet, il utilise des mots français, anglais, italiens, des mots pèle mêle pour traduire ses pensées et transmettre ses réflexions, sans sortir de la culture malgache. Et c’est pour toutes 66 ces raisons que nous avons choisi d’étudier les œuvres de RASOLOFONIAINA Samoela pour mettre en exergue la valeur sociologique, culturelle et éducative de ses chansons. 67 BIBLIOGRAPHIE 68 OUVRAGES BERGEZ, Daniel., BARBERIS, Pierre., DE BIASI, Pierre-Marc., MARINI, Marcelle., Gisèle., 1990, Introduction aux méthodes critiques pour l’analyse. BORDAS, Paris, 189p. BOUILLON, Pierrette, Clas André., 1993, LA TRADUCTIQUE, Les Presses Universitaires, Québec, .507pp. CHEVRIER, Jacques., 1990, Littérature nègre. Aramand Colin, Paris, 282p. DUBOIS, Robert., 1978, Olombelona, essai sur l’existence personnelle et collective à Madagascar., L’Harmattan, Paris, 157p. DUBOIS, Robert., 2002, L’identité malgache : La tradition des Ancêtres. Karthala, Paris, ,165p. DURPHRNNE, Mikel, La Personnalité de base, 116p. EDGAR, Morin., 1994, Sociologie, FAYARD, Paris ERNY, Pierre, 1981, Ethnologie de l’éducation, PUF, Paris, 204p. 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