Compteur rajeuni : quel recours
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Compteur rajeuni : quel recours
avec Compteur rajeuni : quel recours ? Je viens d’acheter une voiture avec 72 000 km au compteur. Selon la valise diagnostic du concessionnaire, elle en a parcouru 109 000. Comment me retourner contre le particulier qui me l’a vendue ? orsque le vendeur est un particulier, l’acheteur ne peut pas se prévaloir des nombreux textes prévus par le Code de la consommation qui s’appliquent aux vendeurs professionnels. En revanche, il peut bénéficier d’une disposition du Code civil engageant le vendeur à la délivrance d’une chose conforme aux spécifications convenues par les parties. Dès le 4 octobre 1978, le décret n° 78-993 expose qu’il est interdit de modifier le kilométrage inscrit au compteur d’un véhicule automobile ou de le ramener à zéro. Par ailleurs, il précise qu’en cas de changement de compteur, le kilométrage inscrit sur l’ancien appareil doit être reporté sur le nouveau. De plus, il prévoit que dans les transactions portant sur des véhicules d’occasion, la dénomination de vente est complétée par l’indication du kilométrage total parcouru depuis la mise en circulation s’il s’agit d’un véhicule acquis neuf par le vendeur, ou d’un véhicule dont le kilométrage réel peut être justifié par le vendeur. A défaut, celui-ci doit remplacer cette indication par celle du kilométrage inscrit au compteur, suivi de la mention “non garanti”. Une mesure rarement prise par le vendeur tant elle s’avère handicapante pour la vente et qui ne le déresponsabilise pas intégralement. Si le kilométrage réel est très supérieur à celui indiqué lors de la vente et s’il est possible de démontrer la mauvaise foi du vendeur (véhicule de première main, copie de facture d’entretien délivrée par le réseau mentionnant un kilométrage supérieur...), il est toujours possible de dénoncer la vente en justice. Il faudra alors saisir la juridiction de proximité si votre demande ne dépasse pas 4 000 €, le tribunal d’instance de 4 001 à 10 000 €, ou le tribunal de grande instance au-delà. Attention, pour ce dernier, il est obligatoire de se faire représenter par un avocat. Conforme à la vente L’article 1604 du Code civil prévoit en effet que le vendeur a une obligation de délivrance d’une chose conforme aux prévisions des parties. Et si un kilométrage supérieur à celui annoncé par le vendeur ne constitue pas un vice caché, il représente bien un défaut de conformité (Cassation, 1re chambre civile, 15 mai 2007). Dès lors, l’acheteur peut agir contre le vendeur en se prévalant de la non-conformité du véhicule aux spécifica- Article paru dans auto moto n° 195, décembre 2011 tions prévues par les parties lors de la vente (Cassation, 1re chambre civile, 15 mars 2005). C’est à l’acheteur de prouver que le véhicule qu’il a acquis n’est pas conforme à ce qui était convenu lors de la vente. Cette preuve est généralement apportée par une expertise contradictoire et la production du certificat de vente, voire de l’annonce publiée. L’acheteur peut alors demander la résolution de la vente (il rend le véhicule en échange de la restitution du prix de vente) ou préférer conserver le véhicule et réclamer la baisse du prix de vente. Cette dernière solution permet de limiter le montant sur lequel porte le préjudice à moins de 10 000 €, et d’éviter le tribunal de grande instance, donc les frais d’avocat. Si la mauvaise foi du vendeur est établie par le juge, il peut en sus être condamné au paiement de dommages et intérêts. L’acheteur devra alors justifier de ses demandes auprès du tribunal, par exemple à la suite de frais de réparation ou d’entretien anormaux pour le kilométrage annoncé. l Par Matthieu Lesage, avocat, membre de la commission juridique de 40 Millions d’automobilistes. Comment éviter la fraude ? Il faut réclamer au vendeur toutes les factures d’entretien, devis... concernant le véhicule. En effet, le décret n° 78-993 énonce : “Lors de toute intervention d’ordre mécanique ou de tôlerie sur un véhicule, le kilométrage figurant au compteur devra être inscrit sur les devis, ordres de réparation, factures ou tous autres documents techniques, comptables ou commerciaux en tenant lieu.” Ces documents permettent donc d’attester du bon suivi mécanique du véhicule, mais aussi du kilométrage affiché à chaque étape. Une moyenne kilométrique annuelle fortement à la baisse (notamment l’année qui précède la vente) peut être un signe.