Les facteurs de réussite des projets de tourisme solidaire
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Les facteurs de réussite des projets de tourisme solidaire
UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II – LE MIRAIL INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER TOURISME ET HÔTELLERIE Parcours « Tourisme et Développement» MÉMOIRE DE DEUXIÈME ANNÉE Les facteurs de réussite des projets de tourisme solidaire dans les pays en voie de développement : exemple d’une agence de voyages solidaire au Pérou Présenté par : Elsa SANTIAGO Année universitaire : 2012 – 2013 Sous la direction de : Jacinthe BESSIERE 1 2 UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II – LE MIRAIL INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER TOURISME ET HÔTELLERIE Parcours « Tourisme et Développement» MÉMOIRE DE DEUXIÈME ANNÉE Les facteurs de réussite des projets de tourisme solidaire dans les pays en voie de développement : exemple d’une agence de voyages solidaire au Pérou Présenté par : Elsa SANTIAGO Année universitaire : 2012 – 2013 Sous la direction de : Jacinthe BESSIERE 3 « L’ISTHIA de l’Université de Toulouse Le Mirail n’entend donner aucune approbation, ni improbation dans les projets tutorés et mémoires de recherche. Les opinions qui y sont développées doivent être considérées comme propres à leur auteur(e) » 4 REMERCIEMENTS Pour commencer, je souhaite remercier Jacinthe Bessière, ma responsable de mémoire qui a été présente pour moi dans les moments difficiles, qui m’a soutenue et qui m’a fourni de précieux conseils tout au long de la préparation et de la rédaction de ce mémoire. Merci également à Madame Rostand, qui a elle aussi été présente dans les moments de doutes. Mes remerciements vont aussi à Christophe Poulain de Solidaile qui m’a donné l’opportunité de faire ce stage et m’a fait confiance au moment de faire des choix importants. Un grand merci aussi à ma famille et tout particulièrement à ma mère pour sa patience et ses heures de travail et à mes amis notamment Adrien et Anaïs qui m’ont soutenue pendant ces derniers jours difficiles. Enfin, j’ai une grande pensée pour tous ceux restés au Pérou et qui ont fait de ces cinq mois une expérience humaine et professionnelle très enrichissante, merci à Alberto, Nancy, José, Samuel, Alex, Daniel et Aldo. 5 SOMMAIRE REMERCIEMENTS .......................................................................................................... 5 INTRODUCTION GENERALE .......................................................................................... 7 PARTIE 1 :.......................................................................................................................10 Les projets de tourisme solidaire dans les pays en développement : Exemple du projet Cielo Azul au Pérou .........................................................................................................10 Chapitre 1 : Le projet Cielo Azul, un projet de tourisme solidaire s’inscrivant dans un contexte touristique et socio-économique particulier ....................................................12 Chapitre 2 : Le passage d’un tourisme de masse à un tourisme alternatif : le besoin des territoires, des populations mais aussi des touristes .....................................................30 Chapitre 3 : Pistes de réflexion sur les facteurs de réussite des projets alternatifs et solidaires ......................................................................................................................47 PARTIE 2 :.......................................................................................................................61 L’analyse du projet et de son environnement, une étape préliminaire essentielle à la mise en place d’actions pour le développement du projet touristique .......................................61 Chapitre 1 : Présentation du travail effectué sur le terrain au sein de l’agence de voyage solidaire Cielo Azul .......................................................................................................63 Chapitre 2 : Un environnement national et local majoritairement favorable pour le développement du projet ..............................................................................................76 Chapitre 3 : Complément d’étude : le projet d’éco-camping de CaralTambo ................98 PARTIE 3 :.....................................................................................................................116 Chapitre 1 : Un plan de communication pour l’agence Cielo Azul ...............................118 Chapitre 2 : La mise en place de nouveaux outils pour développer l’activité de l’agence de voyages et de l’association Pukullawa ...................................................................130 Chapitre 3 : Analyse des pistes de réflexions établies en début d’étude par leur confrontation aux expériences terrains .......................................................................143 CONCLUSION GENERALE ..........................................................................................157 BIBLIOGRAPHIE ...........................................................................................................160 TABLE DES ANNEXES .................................................................................................162 TABLE DES SIGLES ET DES ABREVIATIONS ...........................................................172 TABLE DES FIGURES..................................................................................................173 LISTE DES TABLEAUX ................................................................................................174 TABLE DES MATIERES ...............................................................................................175 6 INTRODUCTION GENERALE Le tourisme fait aujourd’hui partie intégrante de la culture occidentale, il est ancré dans les habitudes des gens et ceux-ci lui consacrent une partie importante de leur budget. Le secteur touristique est aujourd’hui clairement un des principaux secteurs économiques internationaux et participe à la richesse nationale de nombreux pays dans le monde. En effet, il correspond à 9% du PIB mondial et offre un emploi à une personne sur onze dans le monde. Le nombre de touristes dans le monde a dépassé cette année le stade des 1 000 millions et selon les chiffres de l’OMT il continue à progresser et atteindra les 1 400 millions en 2020 et les 1 800 millions en 2030. Pour ces raisons, de nombreux pays en développement se tournent aujourd’hui vers ce secteur d’activité afin d’améliorer leur développement économique. Une des grandes régions misant sur ce secteur est l’Amérique Latine. L’Amérique du Sud en quelques chiffres sur le plan touristique c’est 23,6 millions de touristes en 2012, soit 4,8% de plus que l’année précédente et surtout un taux moyen de croissance de 5% depuis les années 1990. Au sein de cet espace, parmi les pays misant sur le tourisme, on retrouve le Pérou un taux de croissance touristique d’environ 10% entre 2011 et 2012 qui le situe comme le 4e pays le plus visité d’Amérique du Sud après l’Argentine, le Brésil et le Chili et parmi les 10 premiers pays d’Amérique. C’est donc un pays avec un potentiel touristique important qui montre des taux de fréquentation en constante augmentation au fil des années. Comme pour de nombreux pays dans son cas, le Pérou souhaite répondre à la tendance actuelle qui veut que les touristes soient à la recherche d’un autre tourisme, qui soit différent du tourisme de masse, un tourisme dit plus alternatif. Cependant, à l’heure actuelle, c’est un pays où le tourisme est principalement industrialisé et concentré sur ses grands sites touristiques comme le Machu Picchu, surtout depuis que celui-ci a été élevé au rang de merveille du monde en 2007. On voit pourtant fleurir de plus en plus des initiatives locales de projets touristiques alternatifs pour sortir de ce schéma touristique en place actuellement. 7 C’est à ce type de projet que s’intéresse la structure que nous avons choisie pour réaliser notre stage. En effet, l’association française Solidaile soutien des projets d’initiative locale à l’étranger dans plusieurs domaines dont celui du tourisme solidaire. Et c’est donc à ce type de projet que nous avons décidé de nous intéresser cette année et ainsi nous sommes partis cinq mois sur le terrain au Pérou, dans le cadre de notre stage de fin d’année de Master 2 Tourisme et Développement, dans le but de participer au développement d’un de ces projets que soutien Solidaile. Dans un premier temps nous avions choisi un projet d’éco-camping dans la zone de Caral au nord de Lima mais pour des raisons personnelles et professionnelles nous avons changé de projet au bout de deux mois et nous avons travaillé sur un projet d’agence de voyages solidaire à Huancavelica. Ce projet nommé Cielo Azul, du nom de l’agence, est une association à but non lucratif qui a pour objectif de proposer des voyages aux touristes visitant la région. Les bénéfices issus de la vente de ces voyages sont destinés à financer le travail de l’association Pukullawa qui propose des activités éducatives et culturelles aux enfants défavorisés de la région de Huancavelica. C’est dans ce contexte que nous avons choisi de nous poser la question de savoir comment développer des projets touristiques plus alternatifs dans un pays comme le Pérou où le tourisme est majoritairement industrialisé et concentré sur quelques sites majeurs. Puis à partir de notre terrain d’étude nous avons affiné notre question de recherche afin de nous concentrer désormais sur la question suivante : Comment réussir à pérenniser et développer l’activité d’un projet touristique solidaire dans une zone très peu touristique afin que celui-ci puisse aider au développement socio-économique de sa région ? Afin de répondre à cette question et de présenter le travail effectué pendant ces cinq mois de stage, nous diviserons ce mémoire en trois parties. Dans un premier temps, nous présenterons le cadre général pratique et théorique dans lequel nous inscrivons notre étude. Nous commencerons par faire une rapide présentation générale du Pérou, de la région de Huancavelica puis du projet Cielo Azul. Nous nous pencherons ensuite sur une partie plus théorique dans laquelle nous définirons les termes clés de notre étude : le tourisme de masse, le tourisme alternatif et le tourisme solidaire. 8 Nous finirons cette première partie par une présentation des premières pistes de réflexion qui pourraient répondre à la problématique citée ci-dessus. Dans une deuxième partie nous commencerons à traiter de façon plus précise de notre stage et du travail effectué durant celui-ci. Nous définirons tout d’abord le contexte de coopération internationale dans lequel il s’inscrit, puis nos missions de stage et enfin la méthodologie utilisée pour répondre à ces missions. Nous présenterons ensuite la première étape de notre travail, c'est-à-dire un diagnostic de type de SWOT du projet et de son environnement à savoir le Pérou et la région de Huancavelica. Nous compléterons cette partie par une étude réalisée à partir du premier projet sur lequel nous avons travaillé pendant deux mois. Nous présenterons une première analyse du projet et les actions réalisées ou pensées en conséquence. Enfin dans une dernière partie nous présenterons de façon plus précise le travail réalisé lors du stage. Nous commencerons par le travail effectué sur l’axe de la promotion et de la communication, puis nous traiterons des améliorations apportées au fonctionnement et à la gestion de l’agence. Enfin nous terminerons par une analyse de nos premières pistes de réflexion à partir de nos expériences sur les terrains d’études et nous tenterons ainsi de donner une première réponse à notre problématique. 9 PARTIE 1 : Les projets de tourisme solidaire dans les pays en développement : Exemple du projet Cielo Azul au Pérou 10 INTRODUCTION PARTIE 1 Comme nous l’avons évoqué dans l’introduction générale de ce mémoire, le tourisme de masse n’est aujourd’hui plus le type de tourisme recherché par les touristes et notamment par la clientèle particulière qui visite les pays d’Amérique Latine. En effet, si l’on sort de la Caraïbe, ce n’est plus le tourisme balnéaire qui prédomine mais plutôt des formes de tourisme culturel ou de nature. Cette clientèle est par ailleurs de plus en plus sensible aux nouvelles formes de tourisme dites alternatives qui mettent en avant la protection de l’environnement et des cultures locales. C’est entre autres la raison pour laquelle on voit depuis une vingtaine d’années se développer un grand nombre d’initiatives de projets touristiques se tournant vers ces nouvelles formes de tourisme. David Dumoulin Kervran et Sébastien Velut précisent d’ailleurs que la dichotomie tourisme de masse/tourisme alternatif n’est plus suffisante pour rendre compte de cette diversité de projets. (p.226/227 – 2010). C’est donc à ces nouvelles formes de tourisme et plus spécialement au tourisme solidaire que nous avons décidé de nous intéresser. Pour cela nous diviserons cette première partie en trois chapitres. Le premier présentera notre terrain d’étude. Nous y parlerons de la situation géographique, socio-économique et touristique du Pérou et de la région de Huancavelica et des caractéristiques principales du projet Cielo Azul sur lequel se base notre étude. Dans le deuxième chapitre nous étudierons le contexte théorique de notre étude en tentant de définir de façon plus précise les notions de tourisme de masse, tourisme alternatif et tourisme solidaire. Enfin, dans un troisième chapitre nous évoquerons les premières pistes de réflexions que nous possédons pour répondre à la problématique de notre mémoire autour des facteurs clés de succès des projets touristiques solidaires. 11 Chapitre 1 : Le projet Cielo Azul, un projet de tourisme solidaire s’inscrivant dans un contexte touristique et socioéconomique particulier Dans ce premier chapitre, nous présenterons donc le contexte pratique dans lequel s’inscrit notre étude. Pour cela, nous utiliserons la méthode de l’entonnoir en présentant d’abord le Pérou dans ces aspects les plus généraux, puis nous nous concentrerons sur la région de Huancavelica et enfin plus particulièrement sur le projet d’agence de voyage solidaire Cielo Azul. 1. Le Pérou, une nouvelle destination touristique en Amérique Latine 1.1. Présentation générale du Pérou 1.1.1. Sa situation géographique et ses paysages Le Pérou, avec environ 1 285 200 km² est le 3e plus grand pays d’Amérique du Sud après le Brésil et l’Argentine. Il est situé dans la partie nord-ouest de ce continent avec pour voisin, dans le sens des aiguilles d’une montre en partant du Nord : L’Equateur, la Colombie, le Brésil, la Bolivie et le Chili. Toute sa partie ouest est bordée par l’océan Pacifique1. Sur le plan administratif, le pays se divise en 24 départements, eux-mêmes divisés en 164 provinces. En termes de paysages le Pérou est divisé en trois grandes régions avec chacune ses caractéristiques naturelles et sociodémographiques : la côte, la sierra et la selva2. Sur la partie ouest, on trouve la bande de côte tout le long de l’océan Pacifique qui mesure environ 2 000 km. Comme on peut s’en douter les paysages sont principalement constitués par des plages mais on y trouve aussi beaucoup de zones désertiques et rocailleuses et plusieurs oasis comme celle de Huacachina dans la région d’Ica qui est aujourd’hui une des plus célèbres. Cette région ne représente qu’environ 10% du territoire 1 2 Voir Annexe A : Cartes du Pérou : Situation géographique et paysages Voir Annexe A : Cartes du Pérou : Situation géographique et paysages 12 péruvien mais elle rassemble plus de la moitié de la population du pays notamment grâce à la présence de Lima, la capitale. On trouve ensuite au centre ce que l’on va appeler la sierra : qui correspond en fait à une partie de la cordillère des Andes avec des sommets culminant à plus de 6 000m d’altitude. On y trouve des reliefs accidentés souvent inhospitaliers. Cette région représente environ 30% du territoire et 30% de la population péruvienne. Enfin toute la partie Est du pays est recouverte par la jungle, une partie de la forêt amazonienne caractérisée par de fortes chaleurs, beaucoup de pluies et une faune et une flore typiques de ce type de paysages. Cette forêt représente environ 60% du territoire péruvien mais est très peu peuplée. 1.1.2. Son histoire millénaire Nous ne présenterons pas ici toute l’histoire du Pérou mais nous nous contenterons des faits les plus marquants ayant un effet ensuite sur le tourisme que ce soit grâce aux vestiges historiques laissés ou à un renforcement de la stabilité politique et de la sécurité dans le pays. La civilisation antique la plus connu au Pérou est bien évidemment l’empire inca qui a régné d’environ 1300 à l’arrivée des espagnols en 1531. Cependant, il faut savoir qu’avant les incas, il existait au Pérou plusieurs empires plus ou moins importants dispersés dans tout le pays comme par exemple les Chavins, les Nazcas, les Moches ou encore les Chimus. Chacune de ces civilisations a laissé des traces de son passage dans les différentes régions du Pérou comme les ruines de ChanChan de l’époque Chimu dans le Nord du pays. Les populations incas sont originaires de la sierra et fondent leur capitale à Cuzco entre 1100 et 1300. Ce peuple guerrier commence son extension aux alentours de 1400 et envahit petit à petit tout le territoire péruvien en enchainant les victoires face aux autres tribus. Dans les années 1500, au moment ou les espagnols vont arriver, l’empire inca s’étend sur les actuels territoires péruviens, équatoriens, boliviens et sur une partie de la Colombie et du Nord du Chili. En 1531, l’espagnol Fransisco Pizarro débarque au Pérou et, profitant de la guerre civile ayant lieu chez les incas, envahit en 5 ans le territoire péruvien pour le compte de la couronne espagnole. Commence alors l’occupation du pays qui va laisser beaucoup de 13 traces sur tous les plans (architectural, économique, social, etc.). En 1542 est créé la vice-royauté du Pérou englobant l’ensemble des possessions espagnoles sur le continent, ce qui entraine une grande immigration des espagnols vers le Pérou. En 1780 éclate une première révolution indienne mais qui fut rapidement réprimée par les espagnols. Au début du 19e siècle commence alors à monter un peu partout en Amérique latine un mouvement d’indépendance face à la couronne espagnole et en 1821, le général San Martin, aidé par Simon Bolivar déclare l’indépendance du Pérou. Suite à l’indépendance, une dictature militaire suivie de différentes présidences et coups d’états vont s’instaurer au fur et à mesure des années au Pérou entrainant chacune son lot de réformes, de lois socioéconomiques et politiques et surtout une instabilité politique importante. En 1980, un mouvement de révolte proche du terrorisme voit le jour : le sentier lumineux. Ce mouvement protestataire va entrainer la mort d’environ 18 000 personnes dans tout le pays et l’immigration de près d’un million d’autres à l’étranger. En Juin 1990, Alberto Fujimori devient président et met en place de grandes réformes pour redresser économiquement le pays alors dans une situation d’hyperinflation encore jamais vue (+ 1 000% en 1 an). En 1992, il met fin au mouvement terroriste du sentier lumineux en arrêtant son chef Abimaël Guzman et instaurant ainsi de nouveau une certaine sécurité dans le pays. Par la suite plusieurs présidences vont se succéder apportant une certaine stabilité économique et politique favorable au tourisme au Pérou. 1.1.3. La situation socio-économique du pays En 2011, le pays comptait un peu moins de 30 millions d’habitants et se positionne ainsi comme le 5e pays le plus peuplé d’Amérique latine et des Caraïbes3. Cette population étant constituée à 45% d’amérindiens descendants directs des incas, principalement des quechuas ou des aymaras, à 37% de personnes issues de « mélanges » entre indiens et européens, à 15% de personnes d’origines européennes notamment espagnoles et à 3% de personnes issues d’autres immigrations notamment asiatiques. 3 Source INEI [en ligne]. Disponible sur http://www.inei.gob.pe/ (Consulté le 23.08.2013) 14 Sur le plan économique, le PIB du Pérou relevé en 2009 était d’environ 85 030 millions de dollars ce qui place le pays en 7e position par rapport aux pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Cependant en ramenant ce PIB par habitant on remarque que celui-ci (2 916 dollars) reste très loin de la moyenne de la région Amérique latine qui est de 4 776,44. En effet, selon l’institut national de statistiques du Pérou, en 2012, 25,8% de la population est considérée en situation de pauvreté sur le plan économique soit environ 7,8 millions de personnes. Les régions les plus touchées étant les régions de montagnes et de forêts qui sont les régions les plus rurales. Enfin, pour terminer sur cette partie de présentation économique, il faut noter que les principales activités économiques du pays sont l’agriculture, la pêche et l’activité minière. En effet, pour l’agriculture, on trouve sur la côte de grandes exploitations agricoles notamment de maïs destiné à l’exportation. Pour ce qui est de la pêche, le Pérou est le deuxième pays au niveau mondial pour ses activités halieutiques notamment la pêche aux anchois et le premier dans l’exportation de farine de poisson. Enfin, pour ce qui est de l’exploitation minière le pays se classait en 2010 au 1er rang mondial en termes de production d’argent, au 2e rang pour le cuivre et le zinc, au 3e rang pour l’étain et au 6e rang pour l’exploitation d’or5. Le tourisme arrive loin derrière malgré les nombreux attraits que possède le pays. 1.2. Les principaux attraits touristiques du Pérou « El Perú es un país hermoso y variado, de una vasta riqueza natural y paisajes que abarcan todas las manifestaciones de la naturaleza americana. De otro lado, su historia milenaria esta aun viva en monumentos tan deslumbrantes como Machu Picchu. Venga a visitarnos y a disfrutar de la hospitalidad de los peruanos ». Mario Varga Llosas - Auteur6 Ainsi, comme le dit le célèbre auteur péruvien Mario Vargas Llosas, le Pérou est un pays très riche tant sur le plan naturel que culturel. 4 Source INEI disponible sur http://www.inei.gob.pe/ (Consulté le 23.08.2013) EITI (Extractives Industries Transparency Initiative. Pérou – Industries extractives [en ligne]. Disponible sur http://eiti.org/fr/perou (Consulté le 23.08.2012) 6 Portail de l’Etat Péruvien. Descubre el Perú [en ligne]. Disponible sur http://www.peru.gob.pe/areas/pep_areas_descubre_peru.asp (Consulté le 29.08.2013) 5 15 En effet, sur le plan naturel pour commencer, le Pérou possède une diversité de paysages incroyable : de la plage de sable à la jungle amazonienne en passant par le désert et ses oasis, la montagne et ses glaciers ou encore les canyons de la région centrale. Chaque région ressemble à un pays différent de par le changement de décor auquel on assiste en passant d’un endroit à l’autre. Par ailleurs, en lien avec ces paysages, le pays possède une faune et une flore très diversifiées spécifiques au pays et à chaque région. On y trouve notamment des lamas, emblème du pays mais aussi des caïmans dans la jungle ou des otaries sur la côte ainsi qu’une variété importante d’oiseaux. Enfin, le pays possède plusieurs « merveilles naturelles » comme par exemple le Lac Titicaca, le lac navigable le plus haut du monde ou le canyon de Colca ou de Cotahuasi. Sur le plan culturel, comme on a pu le voir dans la partie précédente, le pays possède une histoire très riche qui a laissé des traces importantes encore visibles aujourd’hui tant des époques incas et pré-incas à travers les vestiges archéologiques, il en existe plus de 700 utilisés par le tourisme, que de l’époque coloniale espagnole dans l’architecture des principales villes du pays notamment. Le Pérou est par ailleurs considéré comme un des sept premiers foyers de civilisation au monde. Enfin, il possède dix lieux inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO dont font parti le Machu Picchu ou les lignes de Nazca. Enfin, en termes de patrimoine culturel immatériel, le Pérou possède une culture et des traditions très riches. On retiendra par exemple l’artisanat en laine d’alpaga ou en céramique, la musique andine ou les danses traditionnelles avec de magnifiques costumes propres à chaque région. Enfin, la population péruvienne est en général très accueillante et crée au Pérou une atmosphère chaleureuse qui donne envie de rester et de partager. 1.3. Les chiffres clés du tourisme au Pérou Le tourisme au Pérou en 2012 correspond à près de 2 846 000 touristes pour une entrée d’argent de 2 657 millions de dollars. Entre 2009 et 2010, le nombre d’arrivées de touristes a augmenté de 7,4%, entre 2010 et 2011 de 13% puis entre 2011 et 2012 de 9,5%, ce qui montre que l’activité touristique est en hausse depuis déjà plusieurs années et continue de progresser7. 7 Source : Panorama OMT du tourisme international – Edition 2013 16 Cependant elle ne représente encore qu’une petite partie de l’économie péruvienne puisque qu’elle ne représente que 3,7% du PIB du Pérou. En termes de répartition, les touristes sont majoritairement présents dans le circuit du Sud du pays où se concentrent les principaux attraits touristiques : Lignes de Nazca, Arequipa, Lac Titicaca, Cuzco, Machu Picchu, etc. L’attraction principale du Pérou étant encore aujourd’hui et depuis plus de 50 ans, comme le dit Otto Regalado-Pezua (p.110 – 2007), le Machu Picchu et la Vallée sacrée. On voit se développer dans un second temps la région du Nord notamment autour des ruines de Chachan ou des vestiges de la civilisation Chavin. La région centre, qui nous intéresse dans cette partie est quant à elle encore très peu touristique si on ne compte pas la ville de Lima qui sert de destination transit pour aller dans n’importe quelle autre région du pays. Image 1 : Carte des principales destinations touristiques au Pérou Source : PENTUR - 2008 17 2. Huancavelica, une région économiquement pauvre mais riche de son histoire et de son territoire 2.1. Situation géographique Huancavelica est en premier lieu un département d’environ 22 000km² situé dans la région Centre-Sud du Pérou. Il est entouré par les régions de Lima et Ica à l’Ouest, Junin au Nord, Ayacucho à l’Est et Ica et Ayacucho de nouveau au Sud. Ce département se compose de sept provinces plus ou moins grandes : Acobamba, Angaraes, Castrovirreyna, Churcampa, Huancavelica, Huaytará et Tayacaja réparties de la façon suivante : Image 2 : Situation géographique du département et de la province de Huancavelica Source : DIRCETUR - 2012 Cette région est traversée par la cordillère des Andes et se retrouve notamment enclavée entre la chaîne occidentale et la chaîne centrale. Dans sa partie nord, elle possède une partie de forêt amazonienne dans la province de Tayacaja. La ville de Huancavelica quant à elle, est la capitale de la province et se trouve enclavée en pleine chaîne de montagnes à une altitude de 3680m. 18 En termes de climat, Huancavelica est partagée entre deux saisons, la saison des pluies entre Novembre et Avril et la saison sèche entre Mai et Octobre. Cependant, toute l’année il fait relativement froid avec des températures moyennes comprises entre 14°C et 16°C, ce qui peut parfois être un frein important au tourisme. 2.2. Histoire de Huancavelica L’histoire de Huancavelica se divise principalement en trois périodes : la période inca et pré-inca, la période de la colonisation et l’époque républicaine et contemporaine. 2.2.1. L’époque inca et pré-inca Les traces des premiers habitants à Huancavelica remontent à une époque très ancienne, cependant nous commencerons notre présentation à l’époque pré-inca car, parmi les principaux éléments patrimoniaux exploités par le tourisme, les plus anciens datent de cette époque. Avant les incas, la région de Huancavelica était occupée par une civilisation appelée Chancas. Leur territoire s’étendait sur les régions d’Ayacucho, d’Apurimac et bien sur de Huancavelica. C’était un peuple qui vivait essentiellement de l’agriculture et de l’élevage de lamas et d’alpagas mais c’était aussi et avant tout, comme les incas, un peuple très guerrier. C’est pourquoi, il semblerait qu’il y ait eu de nombreux affrontements entre les chancas et les incas jusqu’à finalement une victoire des incas qui envahirent le territoire de Huancavelica. Les chancas y vécurent d’environ 1200 à 1470 après J.C. La région restera inca jusqu’à l’arrivée des espagnols dans les années 1560/70. 2.2.2. L’époque de la colonisation L’arrivée et l’installation définitive des espagnols qui fondèrent la ville actuelle de Huancavelica est étroitement liée à la découverte de la mine de mercure de Santa Barabara. 19 En effet, il faut savoir que la région de Huancavelica possédait et possède toujours de nombreuses ressources minières. A l’époque inca et pré-inca déjà, les populations utilisaient les pierres dont on extrait le mercure pour se peindre le visage notamment pour effrayer leurs ennemis au moment de partir à la guerre. Cependant, la vraie découverte de la mine par Amador de Cabrera date seulement de 1563-64 selon les sources et cette découverte va changer l’avenir de la région. En effet, il faut savoir que le mercure est un métal qui sert à séparer l’or et l’argent des autres métaux. A cette époque, les espagnols exploitaient plusieurs mines d’or en Amérique du Sud et notamment celle de Potosi dans l’actuelle Bolivie or pour pouvoir purifier l’or ils devaient importer le mercure depuis l’Espagne ce qui leur coûtait cher, prenait beaucoup de temps et faisait courir beaucoup de risques. On imagine alors facilement que les espagnols ne vont pas laisser passer cette chance d’avoir une mine immense de mercure à proximité. C’est ainsi qu’en 1571, ils viennent s’installer dans la région et fondent la ville de Huancavelica, à l’époque appelée « Villa Rica de Oropesa » afin de pouvoir avoir un meilleur contrôle de l’exploitation de la mine et des impôts qui en découlent pour la couronne espagnole. La mine de mercure de Santa Barbara devient alors la plus grande exploitation minière de mercure de toute l’Amérique latine et va fonctionner pendant environ 500 ans. Son importance fut telle pour la vice-royauté instaurée au Pérou et pour l’Espagne que le viceroi Theodore la Croix la qualifia de « merveille la plus grande du monde ». Pour mieux comprendre il faut aussi savoir que la mine était immense. Selon certains plans de l’époque, il se serait créé une ville souterraine avec ses avenues, son église et même des arènes. 2.2.3. L’époque républicaine et contemporaine En 1882, José San Martin déclare officiellement Huancavelica comme département à part entière du Pérou. Cependant, cette désignation lui est enlevée puis redonnée en 1839. A partir de cette époque et jusqu’en 1975, la mine de Santa Barbara continue de fonctionner et d’apporter des richesses importantes à la ville de Huancavelica, richesses qui restent cependant entre les mains de certaines personnes. 20 En 1975, à la fermeture de la mine, Huancavelica perd sa source principale de richesse et depuis cette époque elle a du mal à retrouver une économie prospère comme nous le verrons dans la partie suivante. A cette fermeture de la mine, il faut ajouter un phénomène important qui a plongé Huancavelica encore plus dans la pauvreté et a entrainé des migrations massives de populations vers Lima ou la côte. Ce phénomène correspond aux violences terroristes extrêmes des années 80 dues notamment au mouvement du « Sentier lumineux ». Ce mouvement ayant son origine dans la ville voisine d’Ayacucho, il s’étend rapidement de manière plus ou moins forcée dans les campagnes de Huancavelica entrainant son lot d’exécutions et de violences. Ce qui explique en grande partie la désertion des régions entourant la ville de Huancavelica dans ces années, désertion qui a encore aujourd’hui des conséquences importantes car le repeuplement de ces zones rurales se fait de manière très ponctuelle. L’histoire de Huancavelica fait partie intégrante de son patrimoine culturel. En effet, comme nous le verrons dans la deuxième partie de ce mémoire, une grande partie de l’attractivité touristique de la région est due à cette histoire. 2.3. La situation socio-économique et touristique de la province de Huancavelica Les derniers recensements montrent une augmentation de la population de la province de Huancavelica d’environ 1-1,5% depuis plusieurs années atteignant en 2012 environ 483 580 habitants selon l’INEI (Institut National de Statistiques et de l’Informatique). En 2013, la population prévue est de 487 472 habitants soit une augmentation de 0,8%. Mais cela ne représente que 1,6% de la population totale du Pérou8. Sur ce nombre total d’habitants, 43,9% vivent avec au moins une nécessité basique insatisfaite en 2010. L’INEI entend par là, que les habitants satisfassent au moins un de ces critères : - habitant vivant dans un logement matériellement inadéquat ; - habitant vivant dans un logement sans salle de bain ou salle d’eau ; - foyer ayant au moins un enfant en âge d’aller à l’école et n’y allant pas ; - les ressources économiques du foyer sont insuffisantes pour entretenir les membres vivant dans le foyer. 8 Pérou : Population prévue par département 2012-2013 [en ligne]. Disponible sur : http://www.inei.gob.pe/ (Consulté le 23.08.2013) 21 Cependant, ce pourcentage était de 77,5% en 2005 soit quasiment un tiers de plus. On peut donc imaginer que la situation est en train de s’améliorer. Par ailleurs, toujours selon l’INEI, 72,6% de la population est considérée comme pauvre en 2010 dont 40,6% en pauvreté extrême, ce chiffre passe à 54,6% en 2011 et 49,5% en 2012. Ainsi, on voit une nette amélioration de ce pourcentage, cependant, il reste très important puisque près de la moitié de la population vit dans des conditions de pauvreté et Huancavelica continue de faire partie du groupe des départements les plus pauvres du Pérou9. Cette situation s’explique notamment par le pourcentage important de personnes vivant et travaillant dans les zones rurales. En termes d’emploi, en 2010, 75,7% de la population travaille dans le secteur primaire (Pêche, agriculture et activités minières), 4,4% dans le secondaire (Manufacture et construction) et 19,9% dans le domaine tertiaire soit dans les services. Lorsque l’on met en parallèle ces deux types de données, selon l’INEI, 83,9% des personnes considérées comme pauvres travaillent dans le secteur primaire et c’est le cas aussi pour 63,7 % des gens considérés en situation de pauvreté extrême. Sur le plan économique, bien que le PIB de Huancavelica soit en augmentation en moyenne de 5% depuis les années 2 000, il reste très bas puisqu’il ne représentait en 2009 que 0,9% du PIB total du Pérou. Pour ce qui est de l’activité touristique à Huancavelica, il est très difficile d’obtenir des chiffres précis sur l’importance de cette activité dans l’économie de la région car le tourisme n’est pas considéré comme un secteur à part entière. De cette façon, on ne peut savoir la part du PIB due au tourisme, les rentrées d’argent pour le territoire ou encore le nombre de personnes travaillant directement ou indirectement pour ce secteur. Le seul chiffre disponible est le nombre de touristes venus à Huancavelica, chiffre calculé par la DIRCETUR (Direction Régionale du Commerce Extérieur et du Tourisme) à partir des informations données par les hôtels. En 2012, ce chiffre était de 76 913 avec une amélioration de 1% par rapport à l’année précédente. 9 Indice de pauvreté monétaire par groupe de département, 2011-2012 [en ligne]. Disponible sur : http://www.inei.gob.pe/ (consulté le 23.08.2013) 22 3. Le projet d’agence de voyage solidaire Cielo Azul 3.1. L’association Pukullawa 3.1.1. Qu’est ce que l’association Pukkulawa ? Pukullawa est un acronyme pour Purisunchik Kuska Llapayanchik Warma Kuna, qui signifie en quechua: « Caminaremos juntos todos los niños y adolescentes de Huancavelica, Perú » qui se traduit par : nous marcherons tous ensemble, les enfants et adolescents de Huancavelica, Pérou. L’association Pukullawa est une association sans but lucratif de Huancavelica qui organise des activités culturelles et de soutien scolaire pour les enfants des quartiers défavorisés de Huancavelica. 3.1.2. Son origine Cette association naît à la base de l’initiative d’un homme, José Antonio De la Cruz Hualla. Cette personne est originaire de Huancavelica et a vécu toute son enfance avec très peu de ressources économiques, parfois dans la rue devant travailler pour aider sa famille. C’est pourquoi, il a depuis toujours dans un coin de son esprit, le projet de créer une association pour aider les enfants qui, comme lui, ont eu une enfance difficile. Lorsqu’il est étudiant, José rencontre par hasard un membre de l’association française Solidaile à Huancayo, dans une auberge de jeunesse où ils donnaient tous les deux des cours bénévolement. Une amitié se crée entre les deux personnes qui restent en contact malgré le retour en France de l’une d’elles. Six mois plus tard, le responsable de Solidaile, qui est une association française qui a pour vocation de soutenir et accompagner des projets de développement à l’étranger portés par des acteurs locaux, revient à Huancavelica et le 18 Décembre 2006 est créée officiellement l’association Pukullawa sous la présidence de José. Pendant 5 ans, l’association propose des activités de renforcement scolaire aux enfants de la ville en leur proposant des cours de mathématique, d’histoire-géographie, d’anglais voire parfois de musique en fonction des différents volontaires qui viennent l’aider. 23 En parallèle, elle organise des activités culturelles et des spectacles de poésie, théâtre, danse, musique qu’elle présente aux touristes ou simplement aux populations locales. En 2011, l’association souhaite trouver un nouveau local pour ses activités et fait appel à Solidaile pour l’aider à financer le projet. C’est ainsi que Pukullawa a aujourd’hui un nouveau local construit sur un terrain lui appartenant financé entièrement par l’association Solidaile. 3.1.3. L’association aujourd’hui Malheureusement, aujourd’hui l’association fonctionne très peu principalement à cause du manque de temps et de moyens humains. En effet, à ses débuts, des activités étaient menées toute la semaine, principalement animées par José et des volontaires. Aujourd’hui José a une autre occupation pour des raisons économiques et ne peut être disponible que les week-ends. Par ailleurs, les volontaires animant les classes sont souvent des volontaires étrangers, envoyés notamment par Solidaile, qui ne sont présents que sur de courtes périodes et pas toujours de façon régulière. Cependant, l’idée de José est de pouvoir de nouveau s’investir dans l’association pour lui redonner une « nouvelle vie ». Il serait intéressant pour cela de pouvoir recruter des volontaires locaux afin que les activités puissent être menées de façon continues toute l’année. Par ailleurs, un des objectifs de José est aussi de terminer la construction du local de l’association et pourquoi pas d’en faire un hôtel voire un restaurant pour pouvoir, d’une part, proposer un hébergement à prix intéressant pour les volontaires étrangers, les touristes et les locaux et d’autre part, permettre aux personnes travaillant pour l’association d’avoir un revenu plus important et plus régulier et pour ne plus dépendre de Solidaile au niveau des finances de l’association. 24 3.2. L’agence de voyage Cielo Azul 3.2.1. La création de l’agence Dans les premières années d’existence de l’association Pukullawa, celle-ci organisait des voyages avec les enfants de l’association et les volontaires notamment étrangers afin de leur faire découvrir la région de Huancavelica. C’est ainsi que naît l’idée de la part d’un volontaire français, de créer une agence de voyage dans la ville. En effet, à cette époque, le tourisme était encore moins développé qu’aujourd’hui et il n’existait aucun office de tourisme ou agence de voyages pour renseigner de potentiels touristes et leur faire découvrir la région. En 2009, commence avec un premier volontaire le travail de diagnostic terrain pour identifier le potentiel touristique de la zone et préparer les circuits à proposer aux touristes. Puis le 01 Février 2009, est officiellement créée l’agence de voyage solidaire Cielo Azul sous la forme d’une association sans but lucratif. S’en suit la signature de diverses conventions avec différents partenaires telles que les communautés rurales locales, la DIRCETUR et la mairie. C’est d’ailleurs celle-ci qui prête actuellement les locaux à l’agence de voyages en échange d’un soutien aux actions de la mairie allant dans le sens d’un développement du tourisme à Huancavelica. 3.2.2. Présentation de l’agence aujourd’hui L’équipe de travail Afin de présenter l’équipe de travail, il faut distinguer deux types de personnes. Premièrement il y a le responsable d’agence. Celui-ci travaille à l’agence quotidiennement, c’est lui qui gère le fonctionnement de l’agence dans tous ses aspects, de l’accueil des touristes à la promotion en passant par la comptabilité et la gestion administrative. Il reçoit un salaire fixe mensuel payé actuellement par Solidaile pour ce travail en attendant que l’agence gagne en autonomie. Les autres personnes travaillant à l’agence sont comme assimilés à des volontaires. En effet, ils viennent travailler à l’agence ponctuellement pour des missions de guidage ou pour aider à l’accueil des touristes mais seulement quand ils sont disponibles. En effet, toutes ces personnes ont une occupation principale autre que le travail à l’agence que ce 25 soit des études ou un emploi. C’est pourquoi ils ne dédient pas la majorité de leur temps à l’agence de voyage. Enfin, on trouve aussi à l’agence, des personnes avec le statut officiel de volontaire venant principalement de l’étranger et notamment de France via Solidaile pour aider à son développement. Les services proposés L’agence de voyages Cielo Azul, propose donc, comme on peut l’imaginer, l’organisation de circuits touristiques dans la région de Huancavelica. Actuellement, elle a à sa disposition quatre circuits et une expérience chez l’habitant. Le premier circuit est un tour d’une demi-journée pour découvrir la ville de Huancavelica. Cette visite, à dominante culturelle, permet d’apprécier l’architecture coloniale de la ville, ses églises et sa cathédrale mais aussi les piscines thermales et le complexe écologique. Le deuxième circuit, d’une demi-journée lui aussi, propose de découvrir la zone de Santa Barbara et notamment la mine historique de mercure, élément incontournable du patrimoine culturel de la ville comme on a pu le voir précédemment. Cette option, elle aussi à dominante culturelle est complétée par des arrêts pour profiter des paysages et de la vue panoramique sur la ville de Huancavelica. Le troisième circuit est lui à dominante naturelle puisqu’il propose d’aller voir la « forêt de pierre » de Sachapite, qui correspond à des formations rocheuses représentant des animaux ou des personnages. Cette visite est complétée par le site archéologique d’Uchkus Icañan datant de l’époque pré-inca. Enfin, le dernier circuit est un circuit d’une journée entière proposant d’aller découvrir les paysages de montagnes et les nombreuses lagunes de la région de Huancavelica. L’expérience chez l’habitant consiste à passer une demi-journée dans une communauté Antacocha afin de partager leur mode de vie et de découvrir l’élevage des animaux par exemple. En plus de ces circuits, l’agence peut aussi proposer simplement certaines prestations à la carte, comme par exemple un service de guidage si le touriste a déjà un moyen de transport, ou encore mettre en relation des touristes avec des prestataires selon leurs besoins (transport ou restauration notamment). Enfin, on notera que l’agence de voyages prend aussi en charge la partie office de tourisme car il n’y en a pas à Huancavelica. Dans ce sens, elle est aussi là pour fournir 26 des informations pratiques sur la ville (hébergement, transports, restauration par exemple). 3.3. Son implication dans le développement local 3.3.1. Les liens avec l’association Pukullawa De par le fait que Cielo Azul a été créé par l’association Pukullawa, ces deux associations sont étroitement liées. En effet, une grande partie des bénéfices engendrés par la vente des circuits touristiques vont directement à l’association Pukullawa pour les aider dans l’organisation de leurs activités par l’achat de matériel par exemple (cahiers, stylos, costumes, etc.). Dans ce sens on peut donc dire que l’agence de voyages participe au développement socioculturel de la jeunesse de Huancavelica et donc au développement du territoire car comme on le sait, les enfants sont les nouvelles générations qui vont ensuite permettre de faire vivre le territoire. 3.3.2. Le travail avec les populations locales Apports sur le plan économique Il faut savoir que l’agence travaille toujours avec des prestataires locaux tant au niveau des transports, que du guide, que des différents prestataires auxquels elle peut avoir recours. De cette façon l’argent va directement aux personnes vivant à Huancavelica et leur permet, certes à une petite échelle, d’améliorer leur situation économique. De même, l’agence essaie de toujours donner une rémunération juste à ces prestataires. Par ailleurs, grâce en partie à la création et à l’activité de l’agence, le tourisme se développe petit à petit à Huancavelica. Ce qui permet un apport financier en plus à plusieurs types de structures et personnes de façon directe ou indirecte comme les hôtels, les restaurants, les petits commerces et l’artisanat. En nous basant sur ces deux plans, on peut dire que d’une certaine manière plus ou moins directe, l’agence de voyages contribue à l’amélioration et au développement économique de la région de Huancavelica. 27 Apports sur le plan socioculturel Sur le plan socioculturel aussi, l’agence a un impact intéressant. Premièrement, par le biais du tourisme, l’agence mène des campagnes de sensibilisation auprès des communautés rurales notamment sur le plan de l’environnement. En effet, il faut savoir qu’à Huancavelica et dans sa région, malgré les efforts des institutions publiques, la plupart des habitants ne font pas vraiment d’efforts quant à la gestion des déchets et à la propreté des lieux. Par exemple, il n’est pas étonnant de les voir jeter papier, emballage ou tout autre déchet par terre dans la rue. De la même façon certains sites touristiques proposés à la visite comme le mirador naturel de Huancavelica ou la ville fantôme de Santa Barbara sont parfois couverts de déchets. C’est pourquoi, l’agence essaie de sensibiliser les communautés dans cette zone afin qu’elles prennent conscience de l’importance d’avoir un site propre à la fois pour les touristes mais aussi simplement pour eux. De plus, l’arrivée du tourisme à Huancavelica permet à la ville encore très traditionnelle et très renfermée sur elle-même de s’ouvrir au monde. Ainsi, les populations locales regardent souvent les touristes avec curiosité mais une curiosité positive. Ils sont curieux d’en apprendre d’avantage sur eux et d’où ils viennent. Cela leur permet donc de s’ouvrir aux autres, de découvrir d’autres cultures et d’enrichir leurs connaissances et leur expérience humaine. Enfin, la mise en valeur de certains sites par le tourisme et les différents contacts que peuvent avoir les locaux avec les touristes leur permet de prendre conscience de leur propre culture et de la richesse patrimoniale qu’ils possèdent. Ainsi, on peut aussi dire que l’agence de voyages Cielo Azul de par son action en faveur du développement du tourisme, permet un développement socioculturel de la région de Huancavelica. 28 CONCLUSION CHAPITRE 1 Dans ce chapitre, nous avons donc fait une présentation générale du projet sur lequel va s’appuyer notre étude et de son contexte géographique et socioéconomique. Nous avons vu dans un premier temps que le Pérou est un pays en voie de développement possédant de nombreux attraits et dans lequel l’activité touristique bien qu’encore très faible est en forte augmentation. Nous avons ensuite étudié le cas de Huancavelica. Cette région est une région très pauvre se trouvant dans une situation économique relativement difficile due notamment à la prédominance du milieu rural. L’activité touristique y est encore rare mais elle possède un potentiel intéressant sur lequel nous reviendrons avec plus de précision plus tard. Enfin, nous avons présenté le projet touristique solidaire sur lequel nous allons travailler, le projet Cielo Azul qui lui aussi possède un très fort potentiel de développement. C’est donc à partir de l’étude de ce projet que nous nous poserons la question de savoir comment on peut développer des projets touristiques plus alternatifs dans un pays comme le Pérou où le tourisme est majoritairement industrialisé et concentré sur quelques sites majeurs. Avant de tenter d’avoir des réponses nous allons étudier plus largement le concept de tourisme solidaire. 29 Chapitre 2 : Le passage d’un tourisme de masse à un tourisme alternatif : le besoin des territoires, des populations mais aussi des touristes Dans ce deuxième chapitre, nous allons donc étudier le contexte théorique dans lequel s’inscrit notre étude. En effet, il aura pour but d’apporter un éclairage sur les différentes notions relatives aux nouvelles formes de tourisme dites alternatives et d’en comprendre les enjeux principaux. 1. Pourquoi a-t-on besoin d’un tourisme alternatif : le tourisme industrialisé et ses dérives 1.1. La démocratisation du tourisme et l’arrivée du tourisme de masse 1.1.1. Les origines du tourisme Bien que l’on puisse imaginer que dès l’antiquité certains voyages des classes sociales les plus élevées puissent s’apparenter à du tourisme, le terme en lui-même et les premiers voyages officiellement représentatifs de l’activité touristique ne datent que du 18e siècle. En effet, à cette époque, les jeunes garçons aristocrates anglais devaient parfaire leur éducation par un voyage culturel en Europe appelé le « Grand Tour ». Ce voyage, comme un rite initiatique pour le passage à l’âge adulte, consistait à visiter les grandes capitales européennes comme Paris, Rome ou Berlin afin d’améliorer leurs connaissances historiques et culturelles, d’avoir une plus grande ouverture au monde et de gagner en maturité. C’est ainsi que commencèrent les premiers voyages touristiques tels que nous les connaissons aujourd’hui même si ceux- ci vont fortement évoluer par la suite et c’est aussi à partir de là que naît le mot « Tourisme » qui est un dérivé de ce « Tour » fait par les anglais. Par la suite, vers la fin du 18e siècle, début du 19e, se développent les premières stations balnéaires sur les côtes anglaises et françaises. C’est le début de la démocratisation du tourisme bien qu’il reste encore réservé à une élite économique et sociale. 30 Aujourd’hui, le tourisme est défini comme tel par l’OMT (l’Organisation Mondiale du Tourisme) : « le tourisme est un déplacement hors de son lieu de résidence habituel pour plus de 24 heures mais moins de 4 mois, dans un but de loisirs, un but professionnel ou un but sanitaire» 1.1.2. Le 20e siècle : le rêve d’un tourisme pour tous Il faut cependant attendre le 20e siècle pour voir apparaître une réelle démocratisation du tourisme et l’accès pour le plus grand nombre aux loisirs et aux vacances. En étudiant les chiffres de l’OMT on remarque en effet que le nombre de touristes internationaux voyageant dans le monde n’a quasiment pas cessé d’augmenter passant de 25 millions en 1950 à 1 035 millions en 2012 avec un taux de croissance d’environ 3,6% par an ces dernières années (de 2005 à 2012). Par ailleurs, l’OMT prévoit pour 2030 un nombre d’arrivées de touristes internationaux de près de 1 800 millions. Comme l’explique Marie-Andrée Delisle et Louis Jolin, plusieurs facteurs expliquent cette explosion du tourisme lors du 20e siècle (p.25 – 2007). Premièrement, une généralisation des congés payés dans les différents pays industrialisés. Bien que le nombre et la durée varient selon les pays, aujourd’hui, la plupart de ces états accordent des congés payés aux employés. Le deuxième facteur qui peut être considéré est la modification des valeurs et des habitudes de vies. En effet, aujourd’hui les loisirs et les vacances occupent une place importante dans le quotidien des gens qui ont besoin de ce moment hors du travail pour profiter. Ce besoin est à l’heure actuelle ancré dans les mentalités et dans les habitudes des populations qui n’hésitent pas à réserver une part importante de leur budget aux loisirs. Ensuite, on peut aussi évoquer l’essor de la société de consommation et de la publicité qui incite toujours plus à dépenser et à acheter en nous faisant rêver. Enfin, on peut citer le développement important des moyens de transport. D’une part de l’automobile et d’autre part de l’avion. En effet, aujourd’hui il y a quasiment au moins une voiture par foyer, ce qui facilite les départs en vacances, en témoigne par exemple les nombreux bouchons sur les autoroutes de France en été. Du côté de l’aérien aussi, le développement exponentiel des Low Cost a permis de rendre accessible à un nombre plus important de personnes les destinations plus lointaines. 31 Ceci, n’est qu’un aperçu des principaux facteurs ayant permis une plus grande démocratisation des départs en vacances. En effet, on pourrait en trouver d’autres comme la mondialisation, le développement important des médias au niveau international, etc. Ainsi, aujourd’hui, bien qu’étant encore loin d’être accessible à tous, le tourisme est accessible au plus grand nombre surtout dans les pays du Nord dits développés. Cette démocratisation de l’activité touristique a alors entrainé ce que l’on va appeler le phénomène de tourisme de masse qui va concentrer les flux de touristes dans certains types de destination. 1.2. Les caractéristiques d’un tourisme dit de masse A partir des propos de Géraldine Froger, Mehdi Marzouki, Jérôme Ballet (p.54 - 2010), d’Otto Regalado-Pezua (p.115 – 2007), de Marie-Andrée Delisle et Louis Jolin (p.40 – 2007) et de nos connaissances nous avons relevés les caractéristiques suivantes pour définir le tourisme de masse. 1.2.1. Les touristes Le tourisme de masse se caractérise d’abord par un flux très élevé de touristes concentrés dans un lieu précis. Ces lieux qui attirent ce type de touristes correspondent principalement à des stations balnéaires en été, ou des stations de ski en hiver, et à des lieux artificiels comme Disney (REGALADO-PEZUA, p.115, 2007), ou à des grands lieux touristiques comme par exemple le Machu Picchu au Pérou. Les touristes pratiquant ce type de tourisme correspondent à environ 75% des voyageurs dans le monde et ils recherchent en général le repos. Ils vont éventuellement réaliser des excursions culturelles mais ne sont pas motivés par la découverte de nouvelles choses. Ils vont être attirés par les prix avantageux, les services proposés sur place ou encore la destination qui va être attractive par son climat ou parce qu’elle est à la mode. La clientèle est principalement est quasiment exclusivement internationale et c’est pourquoi ce tourisme est marqué par une forte saisonnalité. 32 1.2.2. Les services proposés et les prestataires La principale caractéristique à relever sur le plan des prestations proposées est que ce sont des prestations « tout-inclus ». En effet, quel que soit le type de voyage (séjour en hôtel-resort ou voyage de groupe en circuit), les produits vendus proposent à leurs clients tous les services dont ils pourraient avoir besoin dans un même package. Par ailleurs, le tourisme de masse se caractérise principalement par des infrastructures d’hébergement à grande échelle pouvant accueillir un nombre important de touristes. Ces hôtels-resort offrent aux clients tous les services possibles concentrés dans un même lieu : l’hébergement, la restauration, les activités en tout genre, les boutiques, etc. C’est ce qui fait que parfois les touristes ne sortent pas de l’hôtel pendant la durée entière de leur séjour. Ces hôtels se caractérisent aussi souvent par une architecture que nous appellerons « internationale », c'est-à-dire qui ne respecte pas l’architecture locale et n’est que rarement intégrée de façon correcte dans les paysages. C’est par exemple cette forme de tourisme qui entraine la « bétonisation » des plages comme celles de la côte est espagnole. Enfin, il est important de noter que la majorité des infrastructures et des grands prestataires touristiques dans ces régions, que ce soit les hôtels, les Tour Opérateurs ou les compagnies aériennes, sont des prestataires internationaux venant essentiellement des pays du Nord industrialisés, qui vont s’installer notamment dans les pays en voie de développement. 1.3. Les problèmes engendrés sur les trois plans du développement durable 1.3.1. Sur le plan environnemental Pour commencer, le tourisme de masse, de part la concentration d’un nombre très important de personnes sur un site donné, abime les milieux naturels où il se développe. A force de passages et de visites sans faire attention à ce qu’ils font, la nature se dégrade petit à petit et les écosystèmes sont détériorés voire disparaissent comme par exemple les récifs coralliens dans les océans indien et pacifique. 33 De plus, ce tourisme a un impact important sur les ressources naturelles. En effet, le tourisme entraine une surconsommation de ces ressources qui petit à petit disparaissent elles aussi ou entrainent des pollutions diverses. Par ailleurs, certaines ressources deviennent exploitées par le tourisme essentiellement au détriment des populations locales, c’est le cas notamment pour l’utilisation de l’eau. Les complexes touristiques utilisent par exemple, les ressources en eau dans les zones désertiques pour le confort des clients, les piscines ou les jardins. Les habitants n’ont alors plus accès à cette ressource pour leur bien-être, leur survie ou pour l’agriculture. Enfin, le tourisme de masse entraine des pollutions multiples en tout genre comme par exemple les émissions importantes de CO2 à cause du transport aérien ou la pollution sonore et visuelle des grands complexes hôteliers. Le tourisme entraine aussi une surproduction de déchets dans des destinations qui ne sont pas toujours prêtes pour les traiter. 1.3.2. Sur le plan économique Sur le plan économique on dit souvent que le tourisme est bénéfique car il apporte des richesses et crée des emplois, c’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle de nombreux pays en développement misent sur cette activité pour se développer. Cependant il faut faire attention et très souvent nuancer ces propos. En effet, comme on l’a vu précédemment, dans le cadre d’un tourisme de masse, les principaux prestataires impliqués sont des grands groupes étrangers, ce qui entraine une fuite importante des revenus du tourisme vers leur pays d’origine et au final très peu d’argent reste sur le territoire d’accueil. Par ailleurs, le fait que ce soit des entreprises étrangères qui viennent investir dans le tourisme fait qu’il y a souvent peu de contrôle de l’activité afin de favoriser la venue de ces investissements étrangers. Par ailleurs, ces entreprises importent en général la plupart des ressources dont elles ont besoin, ce qui fait que l’effet multiplicateur sur les autres activités est très faible tout comme le développement économique du territoire. Enfin, les emplois créés par ce type de tourisme pour les locaux sont souvent des emplois précaires, sans qualifications, avec des salaires très bas et ce sont des étrangers qui occupent les postes à responsabilités. 34 Par ailleurs, comme le dit Bernard Schéou, le tourisme peut être aussi facteur aggravant de l’appauvrissement des locaux par son caractère inflationniste notamment dans les pays en développement. En effet, le tourisme de masse entraine souvent une hausse des prix des produits, une augmentation de la valeur du foncier, etc. (p.20 – 2007). 1.3.3. Sur le plan socioculturel Le premier impact négatif que l’on relèvera sur le plan socioculturel est la dégradation des patrimoines culturels de la destination d’accueil. En effet, que ce soit sur le plan matériel ou immatériel, le tourisme de masse a, la plupart du temps, des effets dévastateurs. Sur le plan matériel, les sites culturels, archéologiques sont souvent fragiles et s’abiment facilement avec le passage répété des visiteurs qui ne font pas toujours attention à leurs attitudes. C’est par exemple, une des raisons pour lesquelles a été recréée la grotte de Lascaux, afin de ne pas abimer l’original riche en histoire. Sur le plan immatériel aussi la rencontre entre touristes et locaux peut entrainer diverses formes d’altération. Pour commencer, le tourisme de masse entraine souvent un phénomène de folklorisation des cultures. Des populations locales vont par exemple s’habiller de façon traditionnelle ou danser pour les touristes alors que ce n’est plus dans leurs habitudes ou en les sortant de leur contexte culturel. Ainsi, ces éléments qui constituaient l’identité des locaux deviennent de simples objets de commercialisation et perdent toute leur authenticité. Certaines populations locales s’ouvrent aussi à la mondialisation par le tourisme. Ce qui en soit pourrait être une bonne chose devient souvent un facteur de perte de culture et de patrimoine pour les locaux. En effet, ils vont vouloir imiter les touristes dans leur façon de s’habiller ou de vivre et ainsi perdre petit à petit leurs traditions et les habitudes locales. Par exemple, la cuisine peut dans certains endroits, petit à petit disparaître au profil des frites, des steaks et autres nourritures occidentales. Enfin, le tourisme qui devrait normalement être facteur d’échanges et d’ouverture au monde, entraine souvent, dans le cadre de tourisme de masse, des situations d’intolérance voire même parfois de mépris notamment dans le sens des populations locales envers les touristes. En effet, le déséquilibre économique qui existe souvent entre ces deux types de populations entraine de la jalousie de la part des locaux ou parfois du ressentiment voire de la haine lorsqu’un touriste ne respecte pas une coutume ou une norme culturelle ou religieuse locale. 35 Les différents problèmes que soulèvent le tourisme de masse présentés ci-dessus, n’en sont que les principaux exemples. En effet, chaque projet touristique, chaque destination ou chaque situation fait apparaître de nouveaux problèmes qui sont propres aux caractéristiques des territoires. 2. L’apparition des nouvelles formes de tourisme dites alternatives en réponse aux dangers représentés par le tourisme de masse 2.1. L’apparition de la notion de tourisme durable Face aux problèmes engendrés par le tourisme de masse majoritaire dans le monde, la communauté internationale se met à repenser le modèle de développement de cette activité en allant dans le sens d’une plus grande durabilité. Cependant, avant d’arriver à la notion de tourisme durable et alternatif, il nous faut revenir rapidement sur ses origines, et donc la notion de développement durable. 2.1.1. La notion de développement durable Dans les années 70, la population internationale commence à réaliser que la situation économique et environnementale dans laquelle elle se trouve ne durera pas éternellement et qu’il faut commencer à réfléchir sur une nouvelle façon d’utiliser les ressources naturelles et l’environnement. C’est ainsi que commencent les différentes études qui vont amener à la création de la notion du développement durable. C’est en 1972 qu’un premier rapport : le Rapport Meadows va faire remarquer à la communauté internationale l’urgence de la situation quant à l’utilisation abusive des ressources naturelles. La même année, la conférence des Nations Unies sur l’environnement humain de Stockholm, donne naissance au Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et lance pour la première fois le terme d’écodéveloppement. En 1987, c’est ensuite le Rapport Brundtland qui définit de façon précise le concept de développement durable comme « Le développement […] qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Il fait aussi référence pour la première fois aux trois piliers du développement durable : l’environnement, le social et l’économie. 36 Enfin, la troisième date importante à relever est celle de 1992, date à laquelle a eu lieu le Sommet de la Terre à Rio pendant lequel a été créé l’Agenda 21 qui définit les objectifs du développement durable et un plan d’actions pour le 21e siècle. 2.1.2. La notion de tourisme durable Le terme de tourisme durable apparaît pour la première fois en 1993 dans un guide publié par l’OMT et le PNUE : Guide à l’intention des autorités locales – développement durable du tourisme. Dans cet ouvrage il est dit que « l’environnement est la base des ressources naturelles et culturelles qui attirent les touristes. Par conséquent, la protection de l’environnement est essentielle pour un succès à long terme du tourisme. » Vient ensuite en 1995, lors de la conférence mondiale du tourisme durable à Lanzarote en Espagne la création de la Charte du tourisme durable. Cette charte constituée de 18 points, traite de l’intégration du développement durable dans le domaine du tourisme face à ses effets néfastes. L’OMT y explique que le tourisme « doit être supportable à long terme sur le plan écologique, viable sur le plan économique et équitable sur le plan éthique et social pour les populations locales ». En 1999 est édité le Code mondial d’éthique du tourisme durable. Ce code fait la promotion d’un tourisme responsable et durable qui devra bénéficier à tous les intervenants et surtout minimiser ses impacts négatifs sur les territoires et populations locales. Enfin, en 2004, la Charte du tourisme durable est révisée et définit ce tourisme comme : « Un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil.10 » 2.2. Une prise de conscience aussi de la part des touristes Au-delà des organisations internationales, des politiques et des prestataires de tourisme, c’est aussi les touristes qui prennent conscience de leur impact sur les populations et les territoires d’accueil et qui veulent changer ça. 10 OMT [en ligne]. Disponible sur http://sdt.unwto.org/fr/content/definition (Consulté le 01.09.2013) 37 Par ailleurs, les touristes sont de moins en moins attirés par les voyages « tout-compris » et standardisés que propose le tourisme de masse. Ils veulent vivre une autre expérience, aller à la rencontre des populations locales et voyager autrement. Marie-Andrée Delisle et Louis Jolin, expliquent d’ailleurs que « le qualificatif alternatif désigne surtout le choix du voyageur de s’éloigner du tourisme traditionnel de masse. […] On chercha plutôt des formes alternatives de faire du tourisme en choisissant un produit ou un service touristique qui n’entre pas dans la chaîne touristique traditionnelle. » (p.41 – 2007) 2.3. Caractéristiques générales du tourisme alternatif Selon l’OMT, les trois principales caractéristiques qui permettent de définir le tourisme durable ou alternatif sont : « a) Faire un usage optimal des ressources environnementales qui sont un élément clé du développement du tourisme, en préservant les processus écologiques essentiels et en contribuant à la conservation des ressources naturelles et de la biodiversité; b) Respecter l’authenticité socioculturelle des communautés d’accueil, conserver leur patrimoine culturel bâti et vivant, ainsi que leurs valeurs traditionnelles, et contribuer à la tolérance et à la compréhension interculturelles ; c) Garantir des activités économiques viables à long terme en apportant à tous les acteurs des retombées socio-économiques équitablement réparties, notamment des possibilités d’emploi et de revenus stables, des services sociaux aux communautés d’accueil, et en contribuant à la lutte contre la pauvreté.11 » Ces trois caractéristiques résument bien les différents éléments que doit prendre en compte le tourisme pour un développement allant dans le sens des territoires. Par ailleurs, on peut ajouter qu’il est nécessaire que les populations locales soient investies dans le projet dans toutes les étapes de sa création à son exploitation en passant par sa mise en place. Ces projets doivent émaner d’initiatives locales et travailler en relation avec les acteurs locaux. Ainsi, il y a plus de chances que les revenus reviennent directement aux populations locales. Comme l’explique Bernard Schéou, 11 OMT [en ligne]. Disponible sur http://sdt.unwto.org/fr/content/definition (Consulté le 01.09.2013) 38 réduire les fuites d’argent n’est possible qu’à partir du moment où il existe une alternative locale aux produits d’importation ou alors si le tourisme incite à la mise en place de cette alternative locale (p.22 – 2007). Par ailleurs, cela permet que leurs besoins et attentes soient pris en compte de façon plus complète afin de créer un développement qui leur soit profitable. Les projets touristiques alternatifs doivent par ailleurs s’intégrer dans une dynamique générale de développement du territoire qui peut certes s’appuyer sur l’activité touristique mais qui ne doit pas en dépendre. « L’offre touristique émise par la communauté locale doit être conçue en synergie avec les autres secteurs d’activité de cette communauté, comme les productions agricoles, la pêche, la foresterie, l’artisanat, etc. dans le cadre d’un programme de développement global du territoire et non uniquement sectoriel » (DEHORNE & MURAT, p.396, 2011) Ainsi de nombreux acteurs sont impliqués dans la mise en place de projets de tourisme alternatif. D’une part les communautés locales dont le rôle doit être primordial comme on l’a vu précédemment mais aussi l’Etat et les différents pouvoirs publics qui doivent « prendre part activement au développement de ces formes de tourisme » (FROGER, p.28, 2010). On trouve aussi de nombreux acteurs, principalement internationaux, de type ONG ou associations qui viennent apporter aux projets des aides financières, humaines ou matérielles. Et enfin, on trouve bien sûr les touristes. Selon Marie-Andrée Delisle et Louis Jolin, le tourisme alternatif pose la question de la « relation contractuelle » qui existe entre les différents acteurs notamment sous l’angle de l’équité qu’ils définissent comme le respect des droits de chacun. Ils résument la question du tourisme alternatif par la question suivante : « Chacun trouve-t-il son compte dans la pratique touristique ? » (p.2 – 2007) 2.4. Les différentes formes de tourisme alternatif Aujourd’hui, le terme de tourisme alternatif englobe tout un ensemble d’autres formes de tourisme ayant chacune un nom qui lui est propre. Selon Bernard Schéou, « cette abondance sémantique témoigne autant du développement récent d’une offre reposant sur des principes différents de ceux du tourisme industriel standardisé que de l’imagination de certains responsables de marketing qui cherchent à étendre le marché à travers de simples opérations de communication. » (FROGER, p.23, 2010) 39 Cependant, ces différentes expressions s’appuient sur un socle de valeurs communes qui se déclinent différemment selon les continents et les pays, selon les cultures et les ressources. (DELISLE & JOLIN, p.39, 2007). Certaines faisant référence à une motivation ou à une pratique particulière comme l’écotourisme, d’autres faisant référence explicitement à des valeurs comme le tourisme solidaire. Dans cette sous-partie nous n’imaginons pas pouvoir faire une présentation exhaustive de tous les termes utilisés pour désigner des formes de tourisme alternatif mais nous tenterons de présenter un panorama des principales expressions utilisées de nos jours en présentant les caractéristiques principales auxquelles chacune fait référence. Tourisme responsable Ce tourisme fait particulièrement référence aux attitudes, aux pratiques et aux comportements des touristes. Dans ce type de tourisme, les voyageurs sont conscients de ce qu’ils peuvent apporter de bon et de mauvais aux lieux et aux populations visitées. Ils voyagent en respectant l’autre et étant responsable de leur comportement. Cette forme de tourisme est donc plus centrée sur le touriste. Tourisme social Cette forme de tourisme est un peu différente car la valeur qu’elle prône n’est pas en relation directe avec le territoire ou les populations locales. En effet, le tourisme social correspond au tourisme pour tous, faire en sorte que toute personne puisse voyager en général quelque soit ses ressources économiques ou sa santé. Tourisme équitable La caractéristique principale de cette forme de tourisme est le juste paiement des fournisseurs locaux pour assurer leur pérennité, sur le modèle du commerce équitable. Elle implique une organisation cohérente et maîtrisée de toute la chaîne de production en réduisant le nombre d’intermédiaires et une équitable répartition des revenus au sein de la population. Tourisme communautaire Ce type de tourisme place une communauté au cœur du développement d’un projet. En effet, la communauté est pleinement intégrée dans la création et la mise en place du projet, c’est entre autres elle qui décide quels visiteurs elle souhaite recevoir, en quelle quantité et selon quelles modalités d’intégration dans la communauté. L’objectif est que le 40 tourisme soit bénéfique à la communauté sur tous les plans et notamment sur le plan économique avec des revenus qui restent directement dans la communauté. Ecotourisme L’écotourisme est une forme de tourisme centrée principalement sur des activités de découverte d’un milieu naturel. Elle met l’accent sur le milieu dans lequel se déroule l’activité plus que sur une valeur en particulier. Cependant, il y a aussi dans l’écotourisme une notion forte d’apprentissage. Tourisme culturel Le tourisme culturel est lui aussi centré principalement sur un type d’activité ou sur un type de découverte. Comme son nom l’indique, le tourisme culturel consiste à découvrir le patrimoine culturel d’une destination qu’il soit matériel par la visite de sites touristiques ou immatériel par la participation à des fêtes traditionnelles par exemple. Nous ne présenterons pas ici le tourisme solidaire car nous y reviendrons plus longuement dans la partie suivante. Comme le dit Géraldine Froger, il n’est pas évident de séparer nettement les différentes formes de tourisme évoquées précédemment car elles sont liées entre elles à la fois par les valeurs communes auxquelles elles renvoient et par les pratiques touristiques qu’elles induisent. Mais leurs liens avec les exigences de développement durable s’expriment de manière différente et chacune a finalement des caractéristiques qui lui sont propres (p.27 – 2010). 3. Focus sur le tourisme solidaire 3.1. Définition générale du tourisme solidaire Selon le dictionnaire, « solidaire » se définit entre autres comme : « qui est ou s'estime lié à quelqu'un d'autre ou à un groupe par une responsabilité commune, des intérêts communs 12» C’est sur ce principe que se base la mise en place d’une nouvelle forme de tourisme dite de tourisme solidaire. En 2004, un comité de pilotage formé par l’UNAT (l’Union Nationale 12 Dictionnaire Larousse [en ligne]. Disponible sur http://www.larousse.fr (Consulté le 30.08.2019) 41 des Associations de Tourisme), des associations de tourisme solidaire et des partenaires, donnent la définition suivante : « Le tourisme solidaire regroupe les formes de tourisme « alternatif » qui mettent au centre du voyage l’homme et la rencontre et qui s’inscrivent dans une logique de développement des territoires. L’implication des populations locales dans les différentes phases du projet touristique, le respect de la personne, des cultures et de la nature et une répartition plus équitable des ressources générées sont les fondements de ce type de tourisme.13 » Ainsi, cette forme de tourisme met l’accent sur la relation entre visiteurs et visités et sur la notion de partage et de solidarité par laquelle les touristes contribuent à améliorer les conditions de vie des communautés visitées. Il implique « un objectif d’utilité collective qui s’exprime par la volonté de contribuer au développement des destinations, et avant tout des pays les plus défavorisés ». (DELISLE & JOLIN, p.46, 2007) 3.2. Caractéristiques du tourisme solidaire 3.2.1. Des caractéristiques spécifiques à cette forme de tourisme Le mot clé que Marie-Andrée Delisle et Louis Jolin font correspondre avec le tourisme solidaire est le mot Coopération (p.64 – 2007). En effet, la principale caractéristique du tourisme solidaire est que lors de son voyage, le touriste participe à des projets bien précis ou à des actions spécifiques de développement de la communauté ou du territoire. Ces actions ou projets sont définis bien en amont du voyage et le touriste sait qu’il va aider pour tel projet précis. Cette aide se présente généralement sous deux formes. Soit une partie de la somme du prix du voyage va directement à ce projet, soit, le touriste participe bénévolement à l’avancée de ce projet. En général, ces projets sont axés sur les domaines de la santé, de l’éducation ou de l’agriculture comme par exemple la création d’une école, d’un hôpital, l’amélioration de l’accès à l’eau par la construction d’un puits ou encore l’acquisition de matériel en tout genre. Ce sont principalement des projets qui vont servir à l’ensemble de la population vivant sur le territoire. 13 Tourisme Solidaire. ATES (Association pour le Tourisme Equitable et Solidaire) [en ligne]. Disponible sur http://www.tourismesolidaire.org/tourisme-equitable-et-solidaire/definitions/tourisme-solidaire/le-tourismesolidaire.html (Consulté le 30.08.2013) 42 Enfin, ce type de voyage insiste particulièrement sur : - la sensibilisation des voyageurs et la préparation au voyage ; - les possibilités de contact avec la population locale : rencontres, activités culturelles, logement chez l’habitant, etc. ; - les problématiques environnementales : sensibilisation et responsabilisation des voyageurs sur les thèmes des déchets et des ressources notamment ; - l’implication dans un ou plusieurs projets de développement local déterminés par les populations d’accueil ; - les retombées économiques locales, qu’elles soient justes et bien réparties14. 3.2.2. Des caractéristiques communes aux formes de tourisme alternatif Le tourisme solidaire est aussi une forme de tourisme alternative et il possède donc certaines caractéristiques qui peuvent être valables pour les autres formes de tourisme. Pour commencer, il se base sur le principe des 4R cités par Jean-M. Collombon Coordinateur général du FITS (Forum International du Tourisme Solidaire et Développement Durable) : - R de Répartition équitable de l’argent du tourisme ; - R de Responsabilité du voyageur, de l'hôte et de l'intermédiaire ; - R de Respect de l'environnement et du patrimoine ; - R de Rencontre avec l'Autre15. Par ailleurs, ce type de tourisme implique une participation totale de la population locale dans le projet touristique et dans le développement de cette activité sur le territoire. C’est ce qu’explique Bernard Schéou en disant que : « C’’est l’autochtone qui doit être à l’origine du développement du tourisme, en avoir la maîtrise et en tirer les bénéfices. Si la démocratie participative est nécessaire au développement, c’est aussi parce que le développement ne se décrète pas, ne s’impose pas, c’est un processus, une dynamique, un mouvement qui doit venir de l’intérieur même des sociétés». (LADET, p.18, 2013) 14 Tourisme Solidaire. RITIMO [en ligne]. Disponible sur http://www.ritimo.org/article211.html (Consulté le 30.08.2013) 15 Jean-M. Collombon. Présentation [en ligne]. Disponible sur http://www.tourismesolidaire.org/presentation.htm (Consulté le 30.08.2013) 43 3.3. Les difficultés rencontrées par les projets de tourisme solidaire On recense principalement quatre grandes difficultés auxquelles doivent faire face les projets touristiques solidaires. 3.3.1. La qualité des produits et des services proposés La première difficulté rencontrée est une qualité insuffisante des produits et des services proposés dans le cadre d’un tourisme solidaire. En effet, comme on a pu le voir avant, ce tourisme se développe souvent dans des zones rurales ou dans des pays en voie de développement dans lesquels les populations locales n’ont pas toujours les moyens d’accueillir les touristes avec le minimum de qualité requis. Or, comme le disent Marie-Andrée Delisle et Louis Jolin, une communauté ne peut pas s’improviser dans l’accueil touristique sans assurer un minimum de confort, d’hygiène, de propreté et d’ordre à ses visiteurs (p.86 – 2007). De plus, on sait que la qualité des infrastructures et du service rendu reste un élément essentiel expliquant l’achat de voyages et produits touristiques (FROGER & LAPEYRE, p.297, 2010). Même dans le cadre de voyages solidaires, bien que les touristes soient un peu moins exigeants, un minimum de qualité reste obligatoire. Enfin, le tourisme solidaire a aussi cette image d’une moins bonne qualité de confort notamment, ce qui n’aide pas forcément à le promouvoir. 3.3.2. La qualification des ressources humaines La deuxième difficulté que l’on peut rencontrer est le manque de formation et de compétences des acteurs locaux qui souhaitent monter des projets de tourisme solidaire. D’une part, il y a un manque de connaissances et de compétences dans le domaine spécifique du tourisme. Les locaux n’ont pas toujours un niveau d’étude élevé, n’ont pour la plupart jamais fait d’études dans ce domaine et n’ont même aucune expérience car ils n’ont jamais voyagé. Ainsi, on voit parfois un manque de professionnalisme et de qualité vis-à-vis des touristes mais surtout des problèmes de gestion des projets notamment sur le plan économique. D’autre part, il y a un manque de compétences dans le domaine du montage et de la gestion de projet. Or la mise en place de projets touristiques solidaires nécessite des études de préparation (marketing ; études de marché, budget, etc.) et des outils d’aide à la décision. C’est aussi souvent pour cette raison, que les communautés font appel à des 44 ONG ou des associations qui viennent leur apporter ce soutien technique pour le montage de leur projet. 3.3.3. La difficile intégration au marché Il est difficile pour les projets de tourisme solidaire d’intégrer le marché touristique. En effet, celui-ci est saturé à l’heure actuelle par la multitude de produits touristiques disponibles partout dans le monde. Les plateformes de communication et de marketing spécialisées dans ces formes de tourisme plus alternatives sont encore très limitées et le plus souvent sont méconnues du grand public. Ainsi, ce tourisme est encore un marché de niche qui ne correspond qu’à une clientèle très peu nombreuse. Par ailleurs, l’autre difficulté liée à ce thème est aussi le manque de moyens financiers et de connaissances en marketing et communication des communautés locales qui n’ont donc pas les moyens de mener des campagnes de promotion efficaces pour attirer les touristes et vendre leurs produits. De cette façon, on peut aussi dire que les projets de tourisme solidaire rencontrent souvent de grands problèmes de rentabilité économique. Ils ne cherchent certes pas à faire des bénéfices très importants mais il leur est quand même nécessaire de gagner un peu d’argent pour rentabiliser le projet et pour que celui-ci puisse bénéficier à la communauté, ce qui est son but premier. 3.3.4. Les conflits territoriaux Les projets, principalement lorsqu’ils sont portés par des acteurs extérieurs à la communauté, manque souvent d’ancrage territorial. Ils ne sont pas adaptés aux besoins et attentes des locaux et des territoires et ne sont donc pas en mesure d’aider au développement de ces derniers. Par ailleurs, comme le disent David Dumoulin Kervran et Sébastien Velut, les projets touristiques n’entrainent pas seulement des conflits entre touristes et locaux mais ils sont parfois à l’origine de conflits au sein même des communautés. En effet, la mise en place de ces projets peut entrainer le retour d’anciennes rivalités dans les populations ou encore des quêtes de pouvoir. A l’échelle locale, les acteurs sont inégalement préparés à s’insérer dans la dynamique du tourisme auxquels ils participent avec leurs ressources, leurs réseaux et leurs histoires (p.235 – 2010). 45 Ainsi, les projets touristiques peuvent entrainer des conflits sur les territoires entre acteurs extérieurs et internes au territoire et entre membres d’une même communauté. Malheureusement, au-delà de ces quatre principales difficultés que nous avons évoquées, les projets touristiques solidaires rencontrent encore de nombreux problèmes spécifiques à chaque territoire et à chaque situation mais il nous serait impossible d’en faire une liste exhaustive. CONCLUSION CHAPITRE 2 Dans ce chapitre nous avons donc pu définir le cadre théorique dans lequel s’intègre notre étude. Nous avons vu dans un premier temps que le tourisme s’est aujourd’hui démocratisé et qu’il est accessible au plus grand nombre dans les pays industrialisés. Cependant, nous avons aussi vu que cette démocratisation a entrainé des phénomènes de massification du tourisme qui lui même a des effets environnementaux et socioéconomiques dévastateurs sur les territoires et les populations locales touchés par ce type de tourisme. C’est pourquoi, en réaction sont apparues de nouvelles formes de tourisme dites alternatives qui, en se basant sur les trois piliers du développement durable, mettent en avant la protection des patrimoines naturels et culturels, la prise en compte des populations locales et leur pleine intégration dans le développement de projets touristiques afin que celles-ci puissent avoir de meilleures retombées grâce au tourisme. Enfin, nous avons fait un focus plus particulier sur le thème du tourisme solidaire qui s’appuie sur une participation directe du voyageur dans des projets de développement local notamment dans les domaines de la santé, l’éducation ou l’agriculture. Nous avons pour terminer, vu que les projets touristiques solidaires rencontrent souvent de nombreuses difficultés qui les empêchent de se développer et de participer pleinement à l’amélioration des conditions de vie des populations locales. C’est pourquoi, face à ces difficultés et à la complexité de mettre en place des projets de tourisme solidaire, nous nous sommes posé la question de savoir quels pourraient être les outils ou éléments clés de réussite de ce type de projets. 46 Chapitre 3 : Pistes de réflexion sur les facteurs de réussite des projets alternatifs et solidaires Dans ce troisième et dernier chapitre de cette partie nous allons donc tenter de donner une première réponse à la question de savoir quels pourraient être les facteurs de réussite des projets touristiques de type alternatif et solidaire. Pour cela nous évoquerons trois pistes possibles de réflexion qui formeront nos trois hypothèses de travail pour la suite de notre étude. 1. L’utilisation du patrimoine culturel et naturel 1.1. L’exploitation touristique du patrimoine et les risques encourus Comme on le sait, le patrimoine joue un rôle clé dans le développement de projets touristiques. En effet, c’est souvent ce dernier qui est utilisé comme atout majeur pour attirer les touristes et monter des offres touristiques. Qu’il soit naturel ou culturel, le patrimoine est au centre de la plupart des activités touristiques quel que soit le type de tourisme. Cependant, si on ne fait pas attention à la façon dont on l’exploite, ce patrimoine court de grands risques de dégradation et de disparition. Comme le dit Hervé Barré, spécialiste du programme culture, tourisme et développement à l’UNESCO : « Le tourisme est très paradoxal : c’est à la fois un prédateur et un sauveteur du patrimoine ». En effet, pour ce qui est du patrimoine naturel ou culturel matériel, le principal danger est tout simplement, comme on l’a évoqué dans le chapitre précédent, une possible dégradation pouvant aller jusqu’à la disparition du site touristique. Pour ce qui est du patrimoine culturel immatériel, les risques sont liés à une folklorisation ou à l’acculturation des populations. En effet, le tourisme entraîne chez les populations locales une perte de leur culture remplacée petit à petit par la culture occidentale ou une mise en scène de leur culture qui perd peu à peu toutes ses valeurs. Par exemple des changements structurels peuvent intervenir dans ces sociétés qui délaissent leurs activités traditionnelles pour les métiers du tourisme. 47 Si on ne fait pas attention, les communautés locales perdent peu à peu la possession de leur patrimoine même immatériel qui devient possession des touristes. Pour illustrer ce fait on peut donner l’exemple au Pérou du Machu Picchu qui, selon Alexandra Arellano et Stephen A.Stuart, : « n’est plus en réalité le patrimoine des communautés sud-andines, des populations de Santa Teresa ou même des porteurs. Par son érection en site du Patrimoine Mondial, le sanctuaire a été consacré comme patrimoine de l’élite péruvienne et de la communauté internationale, de ceux en l’occurrence qui y ont effectivement accès et peuvent s’offrir le luxe de traverser le monde pour s’y rendre, le comprendre et se l’approprier » (p.285 – 2011) 1.2. Une valorisation basée sur une réflexion approfondie Ainsi, l’exploitation du patrimoine par le tourisme ne peut se faire de façon aléatoire et sans prendre en compte la nécessité de le protéger. C’est pourquoi, afin de pouvoir créer un projet touristique alternatif ou solidaire, il faut mettre en place une réelle valorisation issue d’une réflexion importante sur la façon de faire. La valorisation du patrimoine est, comme son nom l’indique, le fait de mettre en valeur les richesses patrimoniales d’un territoire ou d’un peuple dans le but, principalement, de sauvegarder ce patrimoine, de le protéger ou encore de le faire connaître au plus grand nombre16. Afin que celle-ci puisse se faire de la manière la plus efficace possible, la démarche touristique patrimoniale et culturelle doit « procéder d’une approche consciente, évaluée, raisonnée, dynamique et participative du patrimoine » (Breton, 2009, p.378). 1.2.1. La prise en compte des populations locales dans le processus décisionnel Les premiers acteurs à prendre en compte semblent être les populations locales qui doivent être les principaux décideurs de la mise en tourisme de leur patrimoine. Cette étape est importante car ce patrimoine est leur possession, il fait partie de leur culture, de leur histoire, de leur identité, en bref de ce qu’ils sont et c’est pourquoi c’est à eux de décider avant tout de ce qui est le mieux pour eux et pour leur patrimoine. On peut citer ici l’exemple de la région de la Quebrada de Humahuaca en Argentine dans laquelle le gouvernement a lancé une étude participative afin que les populations fassent des 16 Source : Mémoire de Master 1 Elsa Santiago - Comment le tourisme peut être facteur d’évolution pour les populations indiennes et notamment intervenir dans leur valorisation identitaire ? - 2012 48 propositions sur les modalités de protection et de valorisation du patrimoine. Emilie Wolff explique alors que cette étude a été « un enjeu clé du classement de la Quebrada par l’UNESCO démontrant [ainsi] l’importance d’un processus de protection et de valorisation partant de la base. » (Wolff, 2010, p.246) « C’est en guidant les habitants par des consultations et en incitant la création de programmes favorisant la participation locale à la mise en tourisme que des solutions durables pourront être envisagées » (ARELLANO, p.432, 2011) Enfin, on ajoutera qu’il est important que les populations locales participent à cette démarche de valorisation de leur patrimoine afin de lui donner un sens et d’éviter le phénomène de folklorisation notamment dans le cas de patrimoine immatériel car, comme le disent Alexandra Arellano et Stephen A.Stuart, « Il est […] toujours pertinent de chercher à savoir comment les authenticités sont « authentifiées », définies, expérimentés ou simplement négociées par les différents acteurs, organisations, gestionnaires, etc. » (p.276 – 2011). 1.2.2. La prise en compte des caractéristiques du patrimoine Le second élément important à prendre en compte correspond aux caractéristiques des différents types de patrimoine. En effet, il faut identifier au mieux le patrimoine afin d’être sûr de mettre en place une valorisation et une mise en tourisme adaptée qui permettent d’utiliser ce patrimoine dans le cadre d’un projet touristique sans pour autant lui nuire. Plus clairement, il faut par exemple dans le cas d’un site naturel ou culturel prendre en compte la taille du lieu et sa fragilité notamment afin de déterminer sa capacité de charge et de mettre en place une certaine limite quant à la fréquentation du site pour ne pas risquer de le dégrader. De la même façon, dans le cas d’un patrimoine immatériel, il faut par exemple réfléchir aux origines et à la signification de ce patrimoine afin de savoir s’il peut être montré au public et sous quelle forme afin que celui-ci ne soit pas dénaturé ou folklorisé. 49 1.3. Les enjeux liés à la mise en tourisme d’un patrimoine 1.3.1. Les enjeux économiques Le premier enjeu lié à l’utilisation raisonnée du patrimoine est le fait que celui-ci peut être un vecteur important de production de richesses et d’attractivité du territoire et ainsi être un instrument favorisant le développement économique et touristique. En effet, comme on l’a dit précédemment, de nombreux projets touristiques sont montés autour d’un patrimoine qui sert de point d’ancrage pour attirer les touristes comme par exemple le Machu Picchu ou le Lac Titicaca au Pérou. Si à cause d’une surexploitation ces patrimoines venaient à disparaître, ces régions perdraient leur atout majeur et verrait leur chiffre de fréquentation touristique baisser de façon vertigineuse. Ainsi, elles perdraient une grande source de revenus et de nombreuses structures et emplois seraient supprimés créant de cette façon une chute de l’économie et du développement régional. A l’inverse, une valorisation réfléchie du patrimoine permet de mettre celui-ci en avant et de le promouvoir, attirant ainsi des clients sur un territoire, ce qui lui apportera une source de revenus supplémentaires et pourra améliorer son développement socioéconomique et culturel. 1.3.2. Les enjeux socioculturels On peut définir principalement trois enjeux socioculturels qui méritent que l’on mène une réflexion approfondie sur la valorisation et l’utilisation du patrimoine par le tourisme. Premièrement, la mise en tourisme d’un patrimoine est souvent facteur de construction ou de reconstruction identitaire. En effet, pour qu’il y ait tourisme il faut qu’il y ait, entre autres, quelque chose à voir. De ce fait, les populations locales vont réfléchir à ce qui constitue les marqueurs importants de leur culture afin de pouvoir les mettre en valeur, les montrer et les expliquer aux touristes. Grâce à cette réflexion, ils vont se rendre compte de leurs propres caractéristiques identitaires. Les discussions entre les différentes générations peuvent permettre de mettre à jour de nouveaux éléments oubliés par les plus jeunes et ainsi renforcer le sentiment d’appartenance des locaux. 50 De la même façon, comme l’explique Olivier Dehorne et Christelle Murat, les formes de tourisme de type solidaire ou communautaire crée une « opportunité de réappropriation de leur milieu de vie par les populations autochtones » (p.397 – 2011). Le deuxième enjeu que l’on peut relever est que le tourisme permet aux populations locales de prendre conscience de leur richesse patrimoniale. Comme le dit par exemple Alexandra Arellano, la mise en valeur du patrimoine de Cholula au Mexique ne peut pas passer simplement par la restauration et l’élaboration de systèmes d’interprétation ; elle doit passer par un exercice de prise de conscience de la richesse culturelle locale et de sa valeur politique et commerciale. (p.432 – 2011). Ainsi, les populations locales étant conscientes de leur richesse, elles vont être plus disposées à protéger leur patrimoine et à vouloir le valoriser. Par ailleurs, cela peut faire naître un sentiment de fierté et ainsi pourquoi pas réduire ce sentiment de jalousie qui existe souvent envers les touristes. Enfin, le tourisme permet d’autre part de diffuser la culture d’un territoire pour la faire connaître et découvrir au plus grand nombre. Ainsi, le patrimoine est un élément clé à utiliser pour le développement de projet touristique. Cependant une question importante est à se poser si on veut pouvoir l’utiliser dans le cadre de projets solidaires : Comment utiliser ce patrimoine pour que celui-ci serve au projet sans être détérioré ? Avec quelle valorisation et quelle protection ? 2. Les enjeux de la création de réseaux d’acteurs 2.1. Travailler avec les communautés locales Pour commencer, le premier aspect que nous souhaitions aborder correspond aux différentes raisons qui font qu’il est important et intéressant de travailler sur un projet avec les différentes communautés locales que ce soit celles porteuses du projet ou celles aux alentours. Selon Géraldine Froger, Mehdi Marzouki, Jérôme Ballet, il y a 4 types de participation des populations locales : - le partage d’informations : les concepteurs de projet informent la population de ce qui va se passer dans le but de faciliter la mise en œuvre du projet ; 51 - la consultation : consulter réellement la population, lui demander son avis mais sans lui donner de pouvoir de décision ; - la prise de décision : les populations participent aux décisions concernant le projet ; - les populations comme parties prenantes du projet et participant à son fonctionnement. Ces différentes formes de participation impliquent trois stades de comportement : la sensibilisation, l’implication et la responsabilisation (p.63 – 2010). Pour que le projet soit efficace et qu’il puisse fonctionner, il faut que les populations locales soient responsabilisées or, le stade de responsabilisation ne sera probablement atteint que si les communautés ou populations locales sont de vrais acteurs du projet, autrement dit qu’elles perçoivent le projet comme étant aussi le leur (Froger, Marzouki & Ballet, p.63, 2010). Ainsi les populations locales doivent s’impliquer au maximum dans les projets touristiques. A partir des propos d’Anne-Marie D’Hautserre, on peut ajouter que ce n’est qu’à la condition d’une participation volontariste et d’un investissement des habitants que le tourisme leur permettra de maintenir leur style de vie et non de le marchander en faveur d’investisseurs étrangers, dont les intérêts divergeront ce ceux de cette localité (p.52 – 2011). Par ailleurs, l’implication de toute la population et la mise en réseau entre les communautés permet une meilleure concertation ce qui permet de prendre des décisions de façon plus rapides et efficaces pour la mise en place des projets, cela permet aussi de créer une « cohérence sociale et culturelle » et d’avoir une plus grande diffusion de la manne économique à la population (D’HAUTSERRE, p.40, 2011). 2.2. Travailler avec les organismes internationaux Le partenariat avec des institutions et organismes internationaux apporte en général des bénéfices aux projets touristiques sur deux plans. Premièrement, on a vu précédemment que les populations locales manquent souvent de compétences et de connaissances quant à l’étude des marchés touristiques, au montage de projet, à la commercialisation et à la compétitivité entre autres. 52 Ainsi, les ONG ou associations viennent en général combler ce manque afin d’aider les locaux à monter des projets viables et opérationnels. Cette aide peut être directe en gérant par eux-mêmes, mais toujours en relation étroite avec les locaux, le montage de projet, ou indirecte en dispensant des formations aux porteurs potentiels de projets afin que ceux-ci soient en capacité de les mener par eux-mêmes. Le second apport et c’est souvent le plus rependu correspond à un apport financier. En effet, les projets vont souvent chercher des partenaires financiers car les populations locales n’ont pas les moyens de les développer avec leurs propres ressources financières. Ce sont alors généralement des infrastructures étrangères qui leur viennent en aide à ce niveau, à la fois des ONG ou des associations comme précédemment, mais aussi des banques ou des collectivités publiques dans le cadre notamment de coopération décentralisée. Pa exemple, David Dumoulin Kervran et Sébastien Velut expliquent qu’en Amérique Latine, « la construction de nouvelles modalités de tourisme est toujours portée par des acteurs intermédiaires nationaux dotés d’une capacité d’expertise » qui « mobilisent leurs contacts internationaux » (p.228 – 2010). Ils ajoutent que, « portées à l’origine par des acteurs privés avec de bons contacts internationaux, les initiatives se développent à plus grande échelle lorsque la puissance publique est capable de réguler et de canaliser les investissements » (p.228 – 2010). 2.3. Travailler avec les autorités locales Cette phrase de David Dumoulin Kervran et Sébastien Velut citée précédemment met en avant un autre acteur qui jour un rôle important dans la mise en place de projets touristiques : les institutions publiques. Il est important de travailler avec les institutions publiques premièrement sur le plan administratif. En effet, ce sont elles qui donnent les autorisations, les licences de fonctionnement et qui définissent les cadres légaux dans lesquels les projets peuvent évoluer et ce quelque soit le type de projet. Par ailleurs, elles peuvent apporter un soutien pour la promotion et la communication autour du projet. En effet, les institutions publiques possèdent le plus souvent un service 53 chargé de la promotion aux différentes échelles de territoire, du local à l’international. Elles peuvent donc promouvoir les projets de tourisme alternatif par le biais de publications, sur internet, à travers des offices de tourisme ou encore grâce à des foires ou festivals. Ce moyen de promotion n’étant pas négligeable quand on sait, comme on l’a vu précédemment, que les projets de tourisme alternatif et solidaire rencontraient souvent des difficultés pour intégrer les marchés touristiques notamment internationaux. Par exemple, le Pérou a bien compris cet aspect. Pour preuve, on peut lire dans le Plan Stratégique National de développement du tourisme que « pour que l’industrie du tourisme arrive à être compétitive à l’échelle mondiale, des actions conjointes entre les entreprises privées et les différents niveaux de gouvernement sont nécessaires. 17». 2.4. Travailler avec les autres secteurs d’activité Enfin, et pour que le projet touristique puisse servir au plus grand nombre et être réellement un facteur de développement socioéconomique du territoire, il est important d’impliquer les différents secteurs qui peuvent être touchés indirectement par le tourisme. Emilie Wolff en fait un « facteur favorisant le développement » des formes de tourisme alternatives. Ainsi elle explique que de par « son aspect personnalisé » par opposition aux produits standardisés du tourisme de masse, le tourisme alternatif permet d’offrir « une gamme infinie de produits et d’innover dans les projets ». De cette façon, chaque projet peut s’adapter aux différentes possibilités qu’offrent son territoire et sa population et ainsi par exemple les secteurs comme la gastronomie, l’artisanat ou encore les propriétaires d’animaux comme les chevaux peuvent être intégrés au produit touristique, le rendant ainsi différent donc plus compétitif et permettant un « élargissement des retombées possibles des revenus » (p.258 – 2010). Pour terminer cette sous-partie nous pouvons citer les propos de Géraldine Froger et Renaud Lapeyre qui résument bien la situation. Selon eux, un des facteurs clés de succès en matière de tourisme alternatif est la possibilité d’alliances entre les communautés. En effet, ils expliquent que pour eux les alliances et partenariats sont une condition nécessaire au succès des expériences de tourisme durable car elles permettent : 17 Traduction d’un extrait p.24 du PENTUR 2008-2018 (Programa Estratégico Nacional de Turismo) 54 - l’accès aux financements importants nécessaires au développement d’infrastructures de qualité ; - l’accès au savoir-faire d’opérateurs expérimentés ; - l’accès aux marchés déjà connus et contrôlés par les opérateurs ; - la diversification de l’offre et la facilitation pour la vente du produit touristique. (p.297 – 2010). Cependant, il faut faire attention aux types et aux nombres d’alliances que l’on réalise car il y a un risque de développement d’un tourisme qui échappe au contrôle et à la planification des autorités et populations locales. Ainsi, il est intéressant à tous les niveaux de travailler en réseau avec les différents acteurs impliqués directement ou non dans l’activité touristique. Cependant pour que cette coopération soit efficace il faut se poser certaines questions : Avec quels acteurs je m’associe ? Comment travailler avec ces différents acteurs ? Quelles sont les contreparties de chaque coopération ? 3. La création du projet, sa mise en place et son développement : trois étapes clés avec des besoins importants 3.1. L’importance de la planification et de l’organisation en aval du projet. La mise en place d’un projet de tourisme solidaire ne se fait pas à la légère car souvent les porteurs de projet, que ce soit des individuels ou des collectifs, comptent énormément sur lui pour pouvoir améliorer leur conditions de vie et parfois développer de façon plus large le territoire. Par ailleurs, beaucoup d’entre eux investissent une grande partie de leurs ressources financières et de leur temps dans ces projets afin de les mener à bien. Or, il y a souvent de nombreux décalages entre « le tourisme durable conçu comme un « idéal type » et les pratiques effectives sur les terrains dans les pays du Sud » (FROGER, p.28, 2010). Selon Bernard Schéou, il existe une différence importante entre les discours des institutions internationales et la réalité du terrain, ce qui crée des faux espoirs voire de la frustration et du rejet chez les populations locales (p.20 – 2007). 55 Par ailleurs, comme le dit Anne-Marie D’Hautserre en parlant de Wallis et Futuna mais ceci pourrait être valable dans n’importe quel pays, développer des projets de tourisme nécessite un investissement personnel et un suivi continu sur le long terme. Ainsi, afin que les projets ne deviennent pas de simples ébauches qui finissent à la poubelle avec les rêves et les espoirs des populations locales, il faut bien les préparer avant de se lancer. Par exemple, Anne-Marie D’Hautserre explique qu’à Wallis et Futuna, il n’existe encore que très peu d’entreprises touristiques, que cette activité n’est pas encore développée et que c’est pour ça qu’une « planification bien programmée [est] encore possible ». (p.39 – 2011). A travers les propos de différents auteurs on se rend compte que plusieurs projets ne fonctionnent pas car il n’y a pas eu d’étude menée au préalable afin de connaître le marché et ainsi mettre en adéquation l’offre avec la demande. Par ailleurs, il revient souvent que toute stratégie de développement d’un projet doit passer d’abord par une identification des objectifs à atteindre afin de monter un projet adapté à la situation. L’idée est de réussir avant tout à trouver un juste milieu entre les objectifs de développement sociaux et environnementaux et les objectifs de rentabilité économique et de compétitivité pour que le projet puisse survivre. Ainsi, ces projets touristiques solidaires sont souvent des projets importants pour les populations locales et les porteurs de projet. Or on a pu voir dans cette partie et précédemment que ces projets pouvaient rencontrer de nombreuses difficultés qui les rendent fragiles. C’est pourquoi il semblerait qu’ils nécessitent une préparation et une planification importante en amont afin de pouvoir se maintenir, se développer et être préparés. 3.2. Les difficultés face à la rentabilité du projet pour que celui-ci aide au développement. Pour qu’un projet puisse servir au développement local d’un territoire de façon général, il doit d’abord être économiquement viable et rentable. 56 En effet, c’est ce qu’explique Anne-Marie D’Hautserre quand elle dit que l’utilisation des fonds utilisés par les projets touristiques « doit être justifiée par l’expectative d’un minimum de bénéfices sans quoi le but d’une telle intervention (la possibilité d’améliorer le niveau de vie) n’aurait plus de raison d’être » (p.53 – 2011). De la même façon, Oliver Dehorne et Christelle Murat précisent que bien que le tourisme communautaire (dans leur étude), s’ancre dans un contexte territorial local spécifique, il ne doit pas perdre de vue que son offre doit trouver une certaine résonance sur le plan international pour qu’elle soit économiquement viable. (p.407 – 2011). De leur côté, Géraldine Froger et Renaud Lapeyre expliquent que les responsables de projets de tourisme ne doivent pas se focaliser sur le seul marché des touristes internationaux car les touristes locaux et régionaux permettent d’éviter la saisonnalité et donc d’avoir une certaine stabilité des revenus toute l’année. Ainsi, on peut voir à travers les divers propos des auteurs cités que la rentabilité économique d’un projet touristique solidaire est bel et bien nécessaire comme pour n’importe quel projet bien que leurs objectifs finaux ne soient pas de nature économique. Elle est indispensable à la fois au porteur de projet qui s’investit dans le projet mais aussi au territoire de façon plus général car si le projet n’est pas rentable, il ne peut pas participer au développement de celui-ci. Cependant, on a pu voir dans le chapitre précédent que ce type de projets rencontrait souvent des difficultés pour être rentable. On peut alors se poser la question de savoir comment faire en sorte d’améliorer la rentabilité et la viabilité des projets touristiques solidaires. Une réponse possible pourrait être de penser un renforcement des campagnes de communication et de promotion. 57 CONCLUSION CHAPITRE 3 Ce chapitre avait donc pour objet de déterminer des premières pistes de réflexion quant aux facteurs pouvant permettre à un projet touristique solidaire de maintenir son activité et de la développer. Nous avons donc exploré trois pistes potentielles. Premièrement, il semblerait que l’exploitation du patrimoine soit un bon facteur de développement. Cependant, ces projets se réalisant dans le cadre d’un tourisme alternatif et solidaire, cette exploitation doit se faire de façon réfléchie en impliquant les populations locales. Dans un deuxième temps, nous avons pu voir que la mise en réseau des différents types d’acteurs étant impliqués plus ou moins directement dans le tourisme et la création de partenariats et d’alliances avec eux pouvaient présenter de nombreux avantages pour les projets. Enfin, dans un troisième temps, il apparaît vraiment important de déterminer à l’avance des objectifs précis et des plans de développement du projet afin de le préparer et de pouvoir le mener à bien. 58 CONCLUSION PARTIE 1 Dans cette première partie nous avons donc présenté de façon plus précise notre étude en l’intégrant dans son contexte pratique et théorique en formulant nos premières hypothèses de travail. Nous nous sommes tout d’abord concentrés sur le terrain d’étude sur lequel va s’appuyer notre travail. En effet, nous avons présenté le projet d’agence de voyages solidaire Cielo Azul se situant dans la région de Huancavelica au Pérou. Nous avons défini ses principales caractéristiques et nous avons montré que, de par son engagement auprès d’une association pour les enfants et son intégration dans le tissu économique local, il participait de façon claire au développement socio-économique de la région. Nous avons par ailleurs fait un premier exposé général du contexte géographique, social et économique dans lequel il s’intègre en présentant les situations du Pérou et de la région de Huancavelica qui sont tous les deux des destinations avec un potentiel touristique important mais qui est encore sous-exploité. A partir de là nous nous sommes posé la question du développement de projets touristiques alternatifs dans un pays où le tourisme est principalement industrialisé et concentré. Afin de commencer à répondre à cette question nous avons donc étudié de façon plus précise les différentes notions qui vont nous être utiles lors de cette étude à savoir le tourisme de masse ou industrialisé, le tourisme alternatif et plus précisément le tourisme solidaire. Dans ce deuxième chapitre nous avons donc vu l’évolution du tourisme et son passage d’un tourisme d’élite à un tourisme de masse puis d’un tourisme de masse à un tourisme dit alternatif en réponse aux effets négatifs et dévastateurs sur les plans environnementaux, sociaux et économiques dus à la massification de l’activité. Nous nous sommes ensuite concentrés sur la notion de tourisme solidaire et les difficultés que rencontraient les projets dans ce secteur d’activité. A partir de là nous avons réfléchi dans un troisième temps à des facteurs clés potentiels de réussite de ce type de projets afin de faire face à ces difficultés. Premièrement nous avons abordé la possibilité de s’appuyer de façon durable sur le patrimoine car c’est souvent lui qui permet d’attirer les touristes et de différencier les produits touristiques entre eux dans une période ou la compétitivité entre les destinations est très forte. Nous avons ensuite mis en avant les intérêts que présente la création d’alliances et de partenariats avec les différents acteurs ayant un rôle à jouer dans le tourisme 59 (Communautés locales, organismes internationaux, autorités locales et autres secteurs d’activités). Enfin, nous avons tenté de montrer qu’il est important de bien préparer les projets et de mener des actions sur le long terme afin de maintenir sa rentabilité économique et ainsi son rôle positif sur le développement des territoires. Après avoir présenté le cadre dans lequel s’intègre notre étude, nous allons maintenant présenter de façon plus précise notre terrain d’étude et le travail réalisé sur ce terrain. 60 PARTIE 2 : L’analyse du projet et de son environnement, une étape préliminaire essentielle à la mise en place d’actions pour le développement du projet touristique 61 INTRODUCTION PARTIE 2 Ainsi, afin de pouvoir réfléchir de façon plus précise à notre sujet d’étude concernant les projets touristiques solidaires et les éléments permettant leur réussite et leur implication de façon positive dans le développement territorial local, nous allons nous appuyer sur deux terrains d’étude pratiques. Comme on a pu le voir dans l’introduction générale de ce mémoire, le premier terrain d’étude et celui sur lequel nous allons le plus nous attarder est le projet d’agence de voyages solidaire de Cielo Azul. C’est l’analyse de ce projet qui va faire l’objet de nos deux premiers chapitres. Dans le premier nous reviendrons sur le contexte dans lequel va se dérouler notre étude, celui d’un stage dans le cadre d’une coopération internationale, puis nous présenterons la méthodologie appliquée sur le terrain afin d’effectuer notre travail. A la fin de ce chapitre nous commencerons à étudier de façon plus précise le projet sur lequel nous travaillons en analysant ces forces et ces faiblesses. Dans le deuxième chapitre nous étudierons de façon plus large l’environnement dans lequel s’intègre ce projet afin d’en déterminer les opportunités et les menaces sur le modèle de l’analyse SWOT. Enfin, dans un troisième temps, nous reviendrons en complément d’étude sur le projet de l’écocamping de Caraltambo afin de compléter notre travail sur le premier projet. Nous présenterons là aussi une première analyse SWOT du projet et de son environnement. 62 Chapitre 1 : Présentation du travail effectué sur le terrain au sein de l’agence de voyage solidaire Cielo Azul Dans ce premier chapitre, nous ferons donc une présentation du travail réalisé lors de ce stage au sein de l’agence de voyage Cielo Azul. Pour cela, nous présenterons dans un premier temps le contexte dans lequel s’est déroulé ce stage, puis nous reviendrons sur les missions proposées et sur la méthodologie utilisée pour répondre aux attentes des structures concernées par ce stage, à savoir, l’association Solidaile et l’agence de voyage. Enfin, nous terminerons par l’analyse du projet, première étape clé de notre travail. 1. Contexte et missions de stage 1.1. Contexte du stage : l’implication de l’association Solidaile dans le projet Cielo Azul Comme nous avons pu le voir dans la première partie de ce mémoire l’association française Solidaile est fortement liée à l’association Pukullawa et plus particulièrement au projet de l’agence de voyage solidaire de Cielo Azul. En effet, depuis la création de l’agence de voyage en 2009, les membres de l’association apportent des moyens humains et financiers afin de l’aider à atteindre ces objectifs. Le souhait de Solidaile est de trouver des moyens d’aider l’agence de voyage et l’association Pukullawa à construire leur autonomie petit à petit tant au niveau des moyens de gérer leur structure que de la recherche de différentes pistes de ressources (Solidaile, participation des parents, recherche de subventions, redistribution d’une partie des bénéfices de l’agence de tourisme alternatif Cielo Azul, etc.)18. C’est pourquoi, depuis de nombreuses années, Solidaile envoie des stagiaires sur ses différents projets et notamment à Huancavelica. Comme l’agence travaille principalement avec des volontaires qui ne sont pas toujours disponibles, la présence des stagiaires permet d’avoir plus de moyens humains et de temps pour travailler sur des projets ou des actions permettant de développer l’activité de l’agence. Par ailleurs, ils apportent un regard neuf sur le fonctionnement et le travail de 18 Extrait de la convention de mission signée avec l’association Solidaile. 63 celle-ci, grâce à leur formation, pour la plupart dans les domaines du tourisme, de la solidarité, de la communication, ou du montage de projet mais aussi grâce au fait qu’ils soient étrangers au projet mais aussi au pays. Enfin, les stagiaires envoyés à Huancavelica permettent à Solidaile d’avoir un suivi plus précis sur les avancées du projet et sur le travail réalisé. C’est donc dans ce contexte de coopération internationale que c’est déroulé le stage au sein de l’agence de voyage Cielo Azul à Huancavelica afin d’aider au développement de l’activité de l’agence. Par ailleurs, pour que le contexte dans lequel s’est déroulé ce stage soit complet, il faut préciser que lors des mois de Juin et Juillet, il y avait un autre stagiaire français présent qui a travaillé avec moi sur les différentes thématiques de travail au sein de l’agence. La répartition du travail s’est faite de la façon suivante : il travaillait sur la partie amélioration de l’organisation et du fonctionnement de l’agence et sur la partie activités éducatives au sein de l’association Pukullawa tandis que je travaillais sur la partie communication/promotion. Une fois parti, j’ai pris le relais de son travail au mois d’Août pour l’approfondir. 1.2. Les objectifs et missions du stage Dans le contexte de coopération tel que décrit précédemment, nous pouvons relever 2 objectifs principaux. Le premier concerne le travail directement au sein de l’agence de voyage : Appuyer le responsable de l’agence de voyage dans la gestion au quotidien de la structure et aider au développement de l’activité de cette dernière pour qu’elle puisse gagner en autonomie vis-à-vis de Solidaile et participer de manière plus remarquable au développement socioéconomique de la ville de Huancavelica et de sa région. Le second concerne le travail auprès de l’association Pukullawa et consiste à soutenir les activités éducatives et culturelles que propose l’association aux enfants de la ville et à promouvoir ses actions afin que le plus d’enfants possible puissent en bénéficier. Pour attendre ces objectifs, les missions étaient les suivantes : a. Au sein de l’agence de voyage : participer à l’accueil, au renseignement et à l’orientation des touristes venant à l’agence ; accompagner l'équipe locale quant aux aspects organisationnels ; 64 entamer une réflexion sur la politique de promotion et de communication de l’agence et, proposer et mettre en place des actions en conséquence afin d’améliorer la visibilité de l’agence tant sur le plan national qu’international ; rechercher de nouveaux partenaires tant sur le plan de la commercialisation que sur le plan des prestataires de services afin, d’une part d’améliorer la promotion et la vente de voyages et, d’autres part, de permettre que l’activité touristique bénéficie au maximum de personnes ; sensibiliser la population locale en ville et les communautés environnantes sur le potentiel du tourisme et les bénéfices possibles. b. Au sein de l’association Pukullawa : soutenir l’association dans les activités éducatives et culturelles mises en place notamment par le biais de la réalisation de cours ; proposer et mettre en place des actions de promotion du travail de l’association et des activités proposées. 2. Méthodologie utilisée pour la réalisation d’une analyse du projet et de son environnement et pour la mise en place des actions 2.1. Analyse du projet et de son environnement Afin de répondre à ces objectifs et d’être en accord avec les missions de stage proposées, il nous a semblé pertinent et essentiel de commencer notre travail par une analyse complète du projet de l’agence de voyage Cielo Azul et de son environnement afin de pouvoir cerner au mieux l’ensemble du projet, de son fonctionnement et du cadre dans lequel il évolue. Grace à cela nous pourrons trouver des axes de développement spécifiques et adaptés. Notre domaine de compétence étant le tourisme et ayant effectué notre stage au sein de l’agence de voyage nous avons choisi de concentrer notre analyse sur cette structure. C’est pourquoi nous n’avons pas mené de réflexion poussée sur l’association Pukullawa et son fonctionnement. 65 Afin de mener à bien cette analyse nous avons utilisé divers outils : L’observation terrain Le premier outil, et peut être le plus important, a été l’observation terrain. En effet, nous avons travaillé au sein de l’agence quotidiennement à la fois au niveau de l’accueil des touristes et de leur information et au niveau du guidage sur les différents circuits proposés. Cette observation terrain est essentielle car elle permet d’être au cœur du projet. D’une part, elle permet d’être auprès des touristes et ainsi de voir leurs réactions, leurs attentes, leur satisfaction, etc. Grâce à cela, on peut cerner un profil de la demande, utile pour la mise en place des circuits ou des actions de promotion par exemple. D’autre part, l’observation terrain au sein de l’agence permet de comprendre son fonctionnement, ou encore les différentes relations qu’elle crée avec les acteurs du territoire, mais elle permet aussi de cerner les difficultés rencontrées, les problèmes de fonctionnement, etc. Ainsi, nous serons plus efficaces quand il s’agira de proposer des solutions ou des axes de développement. Les entretiens exploratoires Le deuxième outil utilisé correspond aux entretiens exploratoires. Dans cette phase d’analyse, nous avons décidé d’interroger divers acteurs en relation plus moins directe avec le projet mais impliqués de façon différente. Premièrement, il nous a semblé pertinent de discuter avec les diverses personnes travaillant dans l’agence de voyage afin de recueillir leurs opinions sur la structure, son fonctionnement, ses atouts, ses faiblesses, les opportunités dont elle dispose, etc. De la même façon, nous avons interrogé les personnes plus particulièrement impliquées dans le travail de l’association Pukullawa. Bien que ces personnes travaillent aussi à l’agence, leur implication en priorité dans l’association leur permet d’avoir un regard un peu différent sur l’agence que ceux qui y travaillent. Ensuite, nous nous sommes entretenus avec un membre du DIRCETUR : la direction régionale du commerce extérieur et du tourisme, entité publique qui travaille en étroite collaboration avec l’agence de voyage, nous y reviendrons dans le chapitre suivant. Cet entretien fut très intéressant car il nous a permis d’avoir un regard extérieur sur l’agence 66 mais aussi d’avoir des informations sur le tourisme en général et son développement dans la région de Huancavelica mais aussi au niveau national. Enfin, cet entretien nous a aussi permis de mieux comprendre certaines relations entre les différents acteurs présents sur le territoire et intervenant dans le développement de l’activité touristique. Enfin, nous avons interrogé le responsable de la section tourisme au sein de la municipalité de Huancavelica. Grâce à cet entretien nous avons pu, obtenir des informations sur la ville et la province de Huancavelica de façon plus générale (son histoire, l’économie, la population, etc.). Il nous a également permis de comprendre les actions et le travail menés par la mairie et leur articulation avec les autres politiques locales. Ces entretiens ont tous été très enrichissants car ils permettent d’avoir des regards différents sur le développement du tourisme à Huancavelica et sur l’agence de voyage et ainsi d’avoir une vision d’ensemble qui nous permettra de mieux cerner les opportunités de développement et les solutions à apporter aux problèmes rencontrés. Pour chaque entretien des guides d’entretien ont été réalisés avec une base de questions communes afin de pouvoir comparer plus facilement les réponses des différents interlocuteurs. L’expérience humaine de la vie à Huancavelica Ayant été en stage pendant 3 mois, nous avons pu expérimenter la vie quotidienne au cœur de la ville de Huancavelica et être en contact direct avec la population locale. Cette expérience, en plus d’être très enrichissante sur le plan humain, a été très intéressante pour notre analyse. En effet, pour commencer, en tant « qu’étrangère » j’ai pu regarder la ville, la découvrir et l’expérimenter avec des yeux de touristes et ainsi me rendre compte de ces atouts et de ces inconvénients, ce qui est nécessaire pour pouvoir analyser l’environnement dans lequel évolue le projet de l’agence de voyage. Par ailleurs, vivre au sein de la ville permet d’être en contact direct avec la population locale, ce qui apporte un tout autre regard sur la ville, le tourisme et les difficultés socioéconomiques rencontrées que celui des institutionnels. Ces discutions ont beaucoup apporté à notre analyse car elles sont souvent objectives et permettent de compléter les entretiens exploratoires cités précédemment et ainsi d’avoir une vision d’ensemble du territoire. 67 Les recherches documentaires Enfin, afin de compléter toutes les informations recueillies avec les différents outils cités précédemment, nous avons effectué des recherches documentaires sur les différentes thématiques qui nous intéressaient. A savoir : le tourisme au niveau national (Chiffres, types de tourisme, fonctionnement institutionnel, place du tourisme dans l’économie nationale, évolution, etc.), le tourisme au niveau local (idem), des généralités sur le territoire (population, économie, histoire, etc.), les attraits touristiques de la zone, etc. Pour faire ces recherches nous avons essentiellement utilisé internet et les différents sites officiels des institutions publiques, des instituts de sondage et statistiques. Mais nous nous sommes aussi intéressés aux différents plans de développement touristique ou encore de communication réalisés aux différentes échelles institutionnelles et à certains ouvrages présents dans la bibliothèque de la ville. A partir de l’ensemble des informations recueillies grâce à ces différents outils nous avons pu réaliser une analyse SWOT du projet de l’agence de voyage Cielo Azul et ainsi nous avons identifié les forces et les faiblesses du projet mais aussi les opportunités et menaces liées à son environnement aux différentes échelles, du local au national. Nous reviendrons sur ce diagnostic dans le deuxième chapitre de cette partie. 2.2. Les outils et actions mis en places à la suite de cette analyse et le travail au sein de l’association Pukullawa Suite à cette analyse SWOT, nous avons pu mettre en place des outils et des actions qui pourront faciliter un meilleur développement de l’activité de l’agence de voyage et ainsi lui permettre de grandir, de gagner en autonomie et grâce à cela de maintenir et améliorer le travail de l’association Pukullawa. 2.2.1. La création d’un plan de communication Suite à l’analyse présentée précédemment, le premier axe de travail s’est porté sur la mise en place d’un plan de communication/promotion afin de mieux valoriser le travail de l’agence de voyage. Nous reviendrons plus en détail sur ce plan dans la troisième partie de ce mémoire, nous ne nous attarderons ici que sur la méthodologie utilisée pour créer ce plan. 68 Pour commencer, il a fallut entamer un travail de réflexion afin de déterminer les cibles vers lesquelles allaient se diriger nos actions. Pour cela, nous avons utilisé le registre des touristes venant à l’agence, les informations fournies par la DIRCETUR mais aussi les informations recueillies sur le tourisme en général au niveau national. A partir de toutes ces informations, nous avons identifié le profil des clients actuels de l’agence sur lesquels il faut continuer à mener des actions de promotion mais aussi de nouvelles clientèles potentielles telles que les scolaires ou encore les agences de voyages au niveau national. Nous reviendrons plus précisément sur le choix de ces cibles plus tard dans ce mémoire. Une fois les cibles déterminées, il nous a fallu déterminer les ressources humaines, matérielles et financières de l’agence de voyage et de l’association afin de prévoir des actions réalisables et efficaces avec les moyens dont elles disposent. Par la suite, plusieurs réunions et discussions ont été menées avec les différents membres de l’équipe afin que chacun puisse faire part de ces idées et ainsi pouvoir exploiter au maximum l’imagination et les connaissances de chacun en matière de promotion et de communication. Enfin, une fois les idées et les ressources mises en parallèle, nous avons créé un plan d’actions de communication/promotion qui a commencé à être mis en place pendant ce stage et qui continuera bien après. 2.2.2. L’amélioration du fonctionnement de l’agence Face aux difficultés d’organisation et de fonctionnement rencontrées par l’agence de voyage, nous avons proposé la mise en place de certains outils et l’amélioration d’autres afin que le travail au sein de l’agence puisse être plus efficace et accessible à de nouveaux arrivants. Le premier outil proposé et mis en place a été la création d’une comptabilité claire et précise afin d’avoir un suivi efficace des rentrées et sorties d’argent et des bénéfices effectués par l’agence. Cette nouvelle comptabilité permettra un meilleur suivi pour Solidaile depuis la France mais aussi au niveau même de l’agence pour que les différents responsables puissent y voir clair. Pour pouvoir mettre en place cette nouvelle comptabilité, il a fallu commencer par retrouver et comprendre le fonctionnement de l’ancienne comptabilité. Puis, la nouvelle a été créée suivie d’une petite formation pour le personnel de l’agence étant en contact directement avec les flux monétaires afin que celui-ci puisse la maitriser. 69 Ensuite, il a été décidé de mettre en place d’une nouvelle forme d’organisation au sein de l’agence. Nous reviendrons sur cette idée plus précisément plus tard dans ce mémoire, mais il s’agit essentiellement de petites actions simples mais qui permettront de regrouper et d’avoir de façon plus précise toutes les informations nécessaires au bon fonctionnement de l’agence et permettant de renseigner de façon complète et efficace les touristes. Enfin, il a été décidé de retravailler sur les circuits proposés afin d’améliorer les circuits existants et de proposer de nouvelle routes potentielles. Pour cela, une réunion a été organisée là aussi afin que chacun puisse partager son opinion et soit au courant des nouveaux changements. Cette réunion avait aussi pour but d’améliorer la cohésion et la communication interne au sein de l’équipe travaillant à l’agence de voyage. 2.2.3. Le travail au sein de l’association Pukullawa En parallèle au travail effectué pour développer l’activité touristique au sein de l’agence de voyage, une réflexion s’est engagée sur les possibilités d’appui aux activités proposées par l’association Pukullawa que pouvaient apporter les stagiaires présents. Le premier travail a été de réfléchir à ce qui serait le plus pertinent d’enseigner aux enfants et de comparer les thématiques choisies aux différentes connaissances et capacités des stagiaires. Suite à cela, un programme des classes a été organisé sur les 3 mois de stage pendant lesquels seraient présents les volontaires français. L’étape suivante a été de déterminer les modalités pratiques pour l’organisation des cours et l’accès aux classes pour les enfants. Une fois tout cela réglé, il a été mis en place différentes actions de promotion afin de faire connaitre au plus grand nombre possible l’existence et le travail de l’association mais surtout de donner accès aux cours au maximum d’enfants quel que soit leur statut économique et social. 70 3. Analyse plus particulière du projet de l’agence de voyage solidaire Cielo Azul 3.1. L’équipe de travail Pour commencer nous présenterons les atouts et les faiblesses de l’équipe de travail. Premièrement on peut dire que les personnes qui travaillent à l’agence constituent une équipe dynamique qui souhaite vraiment voir progresser l’agence et qui pour cela ont beaucoup d’idées et sont très impliqués. Par ailleurs, ce sont des habitants de la région de Huancavelica. Ils ont donc une très bonne connaissance du territoire, des entreprises qui y sont établies et sont donc capables de répondre à des questions ne concernant pas toujours le tourisme. De plus, cela permet de créer plus facilement un réseau car, étant originaires de la ville, ils ont plus de contacts que quelqu’un qui viendrait d’arriver et de cette façon, l’agence peut travailler avec des personnes locales pour le transport par exemple et ainsi participer au développement de l’économie locale. Les personnes travaillant à l’agence venant de divers horizons et ayant des formations différentes, chacune apporte des idées et des compétences variées et complémentaires. Ainsi, par exemple, l’agence compte dans ses rangs, quelqu’un ayant fait des études de design et d’infographie, ce qui lui permet de faire ses affiches et dépliants promotionnels par elle-même, ce qui évite à l’agence de dépenser de l’argent pour cela. Par ailleurs, les guides sont tous « testés » avant d’être envoyés en visite, ce qui permet de proposer aux touristes des accompagnements de qualité. De la même façon, les chauffeurs sont des gens de confiance avec qui l’agence à l’habitude de travailler. Cependant, certains éléments négatifs sont à déplorer. Par exemple, le fait que la plupart des gens travaillant à l’agence sont des volontaires ayant une autre occupation (études, emploi, etc.) fait qu’ils ne sont pas toujours disponibles, ce qui pose problème lorsqu’il s’agit d’avancer certains projets impliquant plusieurs personnes. Enfin, le responsable manque parfois de professionnalisme. En effet, il ne respecte pas toujours les horaires de l’agence, manque d’organisation dans le travail et a du mal à se fixer des priorités. Cependant, après quelques discussions sur ces thèmes, il semblerait que les choses soient en train de changer. 71 3.2. Le fonctionnement de l’agence Dans le fonctionnement de l’agence, plusieurs problèmes sont à signaler. Pour commencer, le fait qu’il y a clairement un manque de communication interne entre les différents membres de l’équipe. Ainsi, lorsque certains changements sont apportés aux circuits proposés, tous les guides ne sont pas au courant, ce qui crée des malentendus parfois devant les touristes. De plus, des problèmes de gestion sont à noter. Pour commencer, la comptabilité n’est pas vraiment précise et il n’y a pas de réel suivi des entrées et sorties d’argent. Ce qui pose problème au moment de faire des investissements importants par exemple dans une campagne de communication. De plus, le suivi de l’activité de l’agence n’est pas vraiment précis. On a du mal à savoir combien de tours ont été fait, pour combien de personnes, à quel prix, etc. Certaines de ces informations sont notées dans un cahier, d’autres non, d’autres dans un autre cahier. De la même façon, les contacts des prestataires sont disséminés dans différents endroits et certains ne sont même que dans le téléphone du responsable d’agence. Ainsi, il est finalement le seul qui s’y retrouve et lorsque de nouvelles personnes intègrent l’agence, il est difficile pour elles de trouver toutes les informations nécessaires à son bon fonctionnement Enfin, il y a clairement un manque d’organisation qui fait que les différentes tâches en cours (montage de circuit, actions de communication, réponse à un client, etc.) ne sont pas clairement définies et ne sont pas menées à bien comme il le faudrait. Par exemple, une tâche qui pourrait être réglée en 1 journée se retrouve parfois faite au bout d’une semaine ou alors faite dans la précipitation et donc pas de la meilleure des façons. 3.3. Les produits proposés L’agence de voyage Cielo Azul offre une gamme très variée de circuits. En effet, chaque circuit permet de profiter à la fois des attraits culturels et naturels de la région tout en ayant chacun une spécialité pour mieux s’adapter aux touristes. De plus, ces circuits ont aussi des durées différentes allant de 3h à une journée pour que les touristes trouvent toujours l’option qui leur correspond le mieux. Enfin, les guides ayant une très grande connaissance des lieux visités et de la région, les tours peuvent être personnalisés et s’adapter à des demandes particulières des clients. Ainsi, les produits proposés par l’agence permettent de découvrir les principaux attraits de la région. 72 Par ailleurs, le fait que l’agence travaille avec les populations et communautés locales permet de créer des rencontres entre touristes et locaux. Ces rencontres sont importantes car elles permettent aux touristes de découvrir la culture locale mais aussi d’apprendre d’une autre façon l’histoire et les coutumes de la région. Les informations données par les locaux sont souvent complémentaires des informations données par les guides ou permettent de répondre à certaines questions que se pose le voyageur et à laquelle le guide ne sait pas répondre. On précisera quand même que le point négatif de ces circuits est leur prix. En effet, les prix pratiqués sont relativement élevés notamment pour les gens voyageant « en sac à dos » avec un budget restreint. Cependant, ce prix s’explique par la juste rémunération des prestataires notamment de transport qui représente plus de 50% du prix des circuits et la volonté et le besoin de la part de l’agence d’obtenir quelques bénéfices pour aider l’association Pukullawa, ce qui est le but premier de la création de l’agence. On ajoutera pour finir cette partie que l’agence est le seul endroit où l’on peut acheter des cartes postales à Huancavelica, ce qui lui apporte un revenu supplémentaire. 3.4. La promotion Pour ce qui est de la promotion/communication nous commencerons notre analyse par les points positifs et les avantages de l’agence Cielo Azul. Premièrement, l’agence est située dans les locaux de l’office de tourisme et surtout sur la place principale de la ville, ce qui lui permet d’avoir une place stratégique pour être bien vue et repérée par les touristes arrivant en ville. Elle est aussi la seule agence reconnue par PROMPERU, ce qui lui permet de participer aux évènements touristiques organisés au Pérou, de recevoir du matériel promotionnel mais aussi et surtout d’être promu par cette institution que ce soit sur internet ou lors des campagnes de communication sur la macro-région centre. De plus, Huancavelica mais aussi l’agence Cielo Azul sont mentionnés dans les dernières éditions des guides touristiques les plus utilisés : Le guide du Routard et le Lonely Planet. Nous avons pu remarquer que de nombreux touristes, notamment français, ont été incités à venir à Huancavelica et sont passés par l’agence de voyage grâce au guide du Routard. En effet, ces deux guides font beaucoup d’éloges sur la région de Huancavelica et invitent 73 vraiment les gens à s’y rendre : « cette petite ville à voir si on veut sortir des chemins des gringos et partager la vie des habitants »19. Nous allons maintenant passer aux éléments négatifs. La principale chose à noter est que l’agence n’a pas de plan de communication et ne met en place que très rarement des actions de promotion pour permettre d’attirer plus de touristes. Au niveau d’internet par exemple, qui est un outil essentiel pour toucher une clientèle étrangère, l’agence a un site web mais qui n’a plus fonctionné pendant plus de 2 mois (Mai et Juin) faute de paiement des hébergeurs. De ce fait, le domaine a été perdu et il a fallu en changer. Ainsi au lieu de « .com », le site est maintenant avec « .org », ce qui fait que tous les supports de communication (flyer, brochure, carte de visite) ne sont plus corrects mais l’agence n’a pas les moyens de tout recommencer. Enfin, on notera aussi que l’agence n’a pas de page facebook. CONCLUSION CHAPITRE 1 Dans ce chapitre nous avons donc pu voir que ce stage s’inscrivait dans une coopération internationale entre deux associations, l’une française, l’autre péruvienne, la première soutenant financièrement et humainement la seconde dans le but de l’accompagner vers une autonomie totale. Pour cela, nous avons mis en place une méthodologie qui peut se résumer de la façon suivante : Observation terrain Entretiens exploratoires Vie quotidienne sur place Recherches documentaires ANALYSE SWOT DU PROJET 19 Plan de Amélioration de Nouvelle Révision communication l’organisation Comptabilité des circuits Extrait du Lonely Planet édition 2013 au sujet de Huancavelica. 74 A partir de cette méthodologie, nous avons commencé notre travail par une analyse du projet résumé dans le tableau Force/Faiblesse suivant : Forces - Dynamisme et volonté de progrès de l’équipe Faiblesses - de travail ; - Equipe de locaux de Huancavelica avec une Volontaires avec une autre occupation principale donc manque de disponibilité ; - Professionnalisme pas toujours présent chez forte connaissance du territoire ; le responsable de l’agence dans le Complémentarité des compétences de fonctionnement interne de celle-ci ; chacun dans l’équipe ; - Manque de communication interne ; - Produits variés et adaptables ; - Pas de comptabilité viable ; - Contact avec les locaux pour permettre des - Manque d’organisation dans le travail pour le bon fonctionnement de l’agence ; rencontres entre les populations et les - touristes ; - Prix élevé bien que justifié des circuits ; Vente de cartes postales permettant un - Pas de plan de communication et peu d’actions de promotion ; revenu additionnel ; - Situation dans le local de l’office de tourisme - Pas de page facebook. et sur la place principale ; - Reconnaissance par PROMPERU ; - Présence de l’agence dans le guide du Routard et le Lonely Planet. 75 Chapitre 2 : Un environnement national et local majoritairement favorable pour le développement du projet Dans ce chapitre nous présenterons le résultat de notre travail de recherche afin de mener une analyse de l’environnement dans lequel s’intègre le projet. Pour cela nous utiliserons la méthode de « l’entonnoir » : nous commencerons par une étude du tourisme au Pérou, puis nous étudierons le tourisme au niveau local. Avant de commencer, il nous faut préciser qu’il est difficile à l’heure actuelle de trouver des chiffres complets et surtout actualisés car il n’existe pas d’indicateurs, ni d’outils mis en place, pour mesurer avec précision les différents éléments ayant trait au tourisme à Huancavelica, c’est d’ailleurs un des points faibles de la région. 1. Le projet face au développement du tourisme au Pérou 1.1. L’évolution du tourisme au Pérou 1.1.1. Chiffres clés et tendances du tourisme Selon Monsieur X, responsable de la section tourisme à la DIRCETUR (Direction régionale du commerce extérieur et du tourisme) de Huancavelica, le Pérou n’est une destination touristique à part entière que depuis quelques années. Avant cela, il n’était qu’une composante d’un tour plus général en Amérique du Sud et les visites se résumaient essentiellement au Machu Picchu. C’est pourquoi les chiffres du tourisme sont en augmentation plus ou moins constante depuis de nombreuses années. En effet, depuis 1988, le taux d’augmentation annuel du tourisme est de 7,85%20 passant de 359 000 touristes en 1988 à un total de 2 845 623 touristes en 2012. Depuis que le nombre de touristes reçus a dépassé les 2 millions en 2008, il augmente de 8,5% par an. Enfin, pour ce début d’année 2013, de janvier à juin, le nombre de touristes est en augmentation de 11% par rapport à la même époque l’année dernière21. 20 BADATUR (Base de datos de turismo de Perú). Crecimiento del turismo receptor [en ligne]. Disponible sur: http://www.badaturperu.com.pe/mapas/ctrtotal.htm (Consulté le 22.08.2013). 21 Voir Annexe B : Arrivée mensuel des touristes internationaux au Pérou de Janvier 2002 à Juin 2013. 76 En termes d’arrivée de touristes, le Pérou est passé de la 79e place mondiale en 1997 (EXPINOZA ALFARO, 2000) à la 56e en 201222. Par ailleurs, le PIB du secteur touristique de ces 20 dernières années a fluctué entre 3,5% et 4,10% du PIB général du Pérou puis stagne aujourd’hui, depuis 2009 aux alentours de 3,70%.23 Cependant, les dépenses des touristes est en hausse quasiment continue des années 90 à 2009 avec un taux d’augmentation moyen de 12,44 % par an passant de 217 millions de dollars en 1990 à plus de 2 milliards de dollars en 2009.24 Au niveau des grandes tendances qui affectent le tourisme en Amérique Latine et notamment au Pérou on voit émerger de façon importante le tourisme national et intercontinental. Ainsi, par exemple, parmi les 15 premiers pays émetteurs de tourisme vers le Pérou en 2009 on retrouve 6 pays d’Amérique du Sud (1er Chili, 3e Equateur, 4e Argentine, 5e Bolivie, 7e Brésil, 9e Colombie)25. Enfin, selon PROMPERU, l’institution responsable de la promotion du Pérou, 39% des touristes recherchent des activités en relation avec des marchés de niches ou des circuits multithématiques liés à des expériences humaines fortes chez l’habitant. De la même façon, la tendance aujourd’hui dans le type de destination comme le Pérou est à la recherche d’authenticité, de rencontres et de nouvelles expériences. 1.1.2. Un développement chaotique et non contrôlé Malheureusement, dans ces premières années, le développement touristique au Pérou s’est fait de manière non planifiée ni contrôlée. Alexandra Arellano et Stephen A. Stuart, parlent même de « développement dramatique et chaotique » s’agissant de la ville d’Aguas Calientes lorsque dans les années 90, la destination « Machu Picchu » a connu un immense succès entrainant une croissance « rapide et non contrôlée » du nombre d’hébergements (2011, p.272). 22 Calculé à partir du « Panorama OMT du Tourisme international – Edition 2013 » Observatoire du tourisme du Pérou. PBI del sector turismo [en ligne]. Disponible sur: http://www.observatorioturisticodelperu.com/mapas/pbisturi.pdf (Consulté le 22.08.2013). 24 BADATUR (Base de datos de turismo de Perú). Ingresos monetarios del turismo receptor [en ligne]. Disponible sur: http://www.badaturperu.com.pe/mapas/ingresos.htm (Consulté le 22.08.2013). 25 BADATUR (Base de datos de turismo de Perú). Los quince primeros países generadores de turismo emisor hacia el Peru [en ligne]. Disponible sur: http://www.badaturperu.com.pe/mapas/doce.htm (Consulté le 22.08.2013). 23 77 Par ailleurs, de nombreuses régions au Pérou sont sous le contrôle de grandes firmes et d’investisseurs étrangers ce qui favorise, toujours selon Alexandra Arellano et Stephen.A. Stuart, la pérennisation des niveaux de pauvreté des locaux qui ne sont donc pas impliqués dans le développement touristique (2011, p.273). On doit alors faire face à de nombreuses fuites d’argent vers l’étranger. David Dumoulin Kervran et Sébastien Velut, expliquent qu’en Amérique Latine, et cela vaut aussi pour le Pérou, l’offre résulte avant tout d’initiatives en tout genre à la fois privées et publiques, avec des investissements à plusieurs échelles territoriales mais surtout souvent spontanées. C’est pour cela qu’ils précisent, et c’est la partie qui nous semble la plus importante, que « la planification et les régulations ne viennent qu’ensuite ou, au mieux, en accompagnement ». (2010, p.225) Ainsi, le développement de l’activité touristique au Pérou s’est fait de façon relativement anarchique en ne prenant pas en compte les effets négatifs du tourisme ni les attentes ni les besoins des territoires et populations locales. Alexandra Arellano et Stephen A. Stuart expliquent que « la complexité de la gestion du tourisme et de l’impact des visiteurs, au Pérou est souvent sous-estimée, et ce d’autant plus qu’il s’agit d’un pays où l’instabilité politique et les politiques relatives à l’économie nationale et au foncier peuvent aisément faire obstacle à toute tentative d’assurer la durabilité ». (2011, p.277/278) Cependant, l’état péruvien et les institutions publiques se sont rendu compte que le développement actuel n’était pas souhaitable. En effet, dans le plan de développement touristique du Pérou sur lequel nous reviendrons plus tard, il est mentionné qu’on observe aujourd’hui une insuffisance dans la régulation en matière de tourisme et d’environnement. C’est pourquoi, l’Etat a décidé de reprendre les choses en mains et veut essayer de mettre en place un nouveau développement touristique. 1.2. Une volonté de reprendre en main le développement touristique Pour introduire cette partie nous reviendrons sur ce que dit Otto Regalado-Pezua : selon lui, le Pérou doit se détourner d’un tourisme de masse dont les coûts en investissement dépassent la capacité du pays et se focaliser sur un tourisme de niche en relation avec l’environnement naturel favorable dont bénéficie le pays. Ainsi, il montre que le Pérou offre diverses alternatives pour sortir de ce schéma comme par exemple l’ornithologie, la gastronomie, le tourisme d’aventure, le tourisme « vivencial » soit chez l’habitant, 78 l’archéologie, la nature, etc. Il explique de plus que ces formes de tourisme de niche permettent la participation de la population locale, le développement des services annexes, et par conséquent, créent une dynamique dans l’économie de la région. De plus, il ne requiert pas de gros investissements, d’équipements et d’infrastructures touristiques. (2007 p.115). C’est aussi de cette manière qu’a choisi de penser l’Etat péruvien. Cette volonté de changement dans la façon de développer le tourisme s’illustre par la mise en place de plusieurs démarches et la création de plans. Premièrement, on peut noter la volonté de sensibiliser les populations et les professionnels du tourisme à ce que le ministère appelle la « culture touristique » et qu’il définit de la manière suivante : Il faut reconnaitre le tourisme comme un mécanisme de développement du pays, recevoir le touriste avec amabilité et cordialité et valoriser, aimer et protéger notre patrimoine culturel, naturel et historique. Pour cela, les objectifs spécifiques proposés sont : - le renforcement de l’identité locale, régionale et nationale de la population réceptive ; - générer une conscience sur la complexité et la transversalité de l’activité touristique ; - générer une culture de planification conjointe entre les gestionnaires locaux et nationaux pour réussir le développement de la culture touristique.26 On retrouve bien dans cette description et ces objectifs les éléments définissant un tourisme plus responsable et alternatif (prise en compte des populations locales, protection de l’identité et des patrimoines, planification, etc.). Sur le même modèle, il a été mis en place le programme « Al turista, lo nuestro » (Ce qui est à nous pour le touriste) qui fait la promotion du fait que les prestataires de services touristiques se fournissent directement chez des locaux notamment dans les domaines de l’agriculture, de la pisciculture ou encore de l’artisanat. Le gouvernement a aussi fait éditer et distribuer gratuitement aux prestataires touristiques des manuels de bonnes pratiques en termes de qualité d’accueil des touristes, de respect de l’environnement, et de développement d’un tourisme plus durable. 26 Traduction des informations disponible sur la page internet du ministère du commerce extérieur et du tourisme du Pérou [en ligne]. Disponible sur : http://www.mincetur.gob.pe/newweb/Default.aspx?tabid=4739 (Consulté le 19.08.2013). 79 Par ailleurs, il souhaite mettre l’accent sur la qualité. C’est pourquoi un Plan National de Qualité Touristique du Pérou (CALTUR) a été mis en place dans lequel on donne la priorité à la normalisation des services touristiques mais aussi et surtout au développement d’un programme de conscience touristique. Un autre axe de développement sur lequel le ministère souhaite insister est la promotion des formations et des actions de sensibilisation auprès des acteurs des différentes échelles de gouvernement, du secteur des entreprises et des populations en général, sur l’importance de la conservation de l’environnement, naturel et culturel, dans les destinations touristiques. Enfin, sur le plan de l’impact social du tourisme, l’Etat travaille principalement sur deux projets : lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants et adolescents et le développement du tourisme communautaire. Mais l’action la plus importante dans le sens du développement d’une nouvelle forme de tourisme est la mise en place du PENTUR : Plan Estrategico Nacional de Turismo (Plan Stratégique National de Tourisme). Monsieur X27 nous explique d’ailleurs que l’objectif du PENTUR est de développer de nouvelles formes de tourisme et de nouvelles destinations touristiques en s’éloignant du modèle non planifié actuellement utilisé dans le Sud du pays qui est la zone la plus touristique. 1.3. Le PENTUR : Plan Stratégique National de Tourisme En 2004 commence donc le travail d’étude pour la rédaction du plan de tourisme du Pérou. Nous verrons dans cette partie les éléments essentiels résumant ce plan dans sa version finale 2008-2018 et notamment ce qui en fait un outil pour un développement touristique plus durable28. Selon la définition officielle, le plan stratégique national de tourisme est un outil qui oriente le pays vers une meilleure compétitivité économique, un meilleur équilibre et le développement durable dans un territoire accessible et bien connecté. Son objectif principal est : atteindre un tourisme durable au Pérou comme outil de développement socio-économique du pays. 27 Responsable de la section tourisme à la DIRCETUR de Huancavelica interrogé le 04.07.2013 PENTUR. Onglet Turismo del MINCETUR [en ligne]. Disponible sur : http://www.mincetur.gob.pe/newweb/Default.aspx?tabid=137 (Consulté le 14.08.2013) 28 80 La première chose définie dans le plan est la création de destinations touristiques au sein du Pérou qui devront suivre un modèle qui comprend les éléments suivants : a) Un développement régional : le développement touristique n’est pas une fin en soit, sinon un processus sur lequel s’appuie le développement général d’une société ou d’un territoire. b) La durabilité touristique : le développement touristique durable est naturellement et socio-culturellement responsable et économiquement viable. c) De nouveaux produits : Il faut s’appuyer sur des produits thématiques avec des possibilités de différentiation et de se faire un espace durable dans l’imaginaire des consommateurs d) Une communication intégrale ; tant interne dirigée vers la sensibilisation des agents publics et privés, comme externe dirigée vers la création et le développement d’une marque […]. e) Un système de qualité : il s’agit d’outils de gestion, de retro alimentation et d’amélioration de la destination dans tous les aspects et phases des prestations de service. Par ailleurs, pour aider à la création de ces destinations touristiques, le plan propose un outil constitué de questions simples mais essentielles afin que chaque destination puisse créer des projets de développement adaptés.29 Enfin, le plan propose un nombre d’actions à mettre en place avec notamment plusieurs actions en faveur d’un développement touristique plus durable comme par exemple la promotion du programme national de conscience touristique ou encore le développement et la promotion du tourisme rural communautaire. Ainsi on peut voir que dès la définition et les objectifs, le développement touristique souhaité est clairement défini comme durable et responsable. Par ailleurs, à travers diverses démarches et outils proposés, ce plan touristique met en avant ces autres formes de tourismes et évoque de nombreux éléments qui caractérisent un tourisme plus alternatif comme on a pu le voir précédemment : le développement socio-économique comme finalité et pas seulement le développement touristique, la durabilité dans l’utilisation des ressources, la communication en réseau entre les divers acteurs, adaptabilité des modèles aux territoires, etc. 29 Voir Annexe C : Résumé des contenus du modèle 81 Cependant, malgré ces efforts évoqués, on remarque aussi que les destinations mises en avant restent les destinations du Sud et Nord Pérou tant sur le plan des projets soutenus financièrement et humainement que sur le plan du développement futur. Lorsque la région Centre à laquelle appartient Huancavelica est mentionnée, il n’est question que de la jungle centrale ou des destinations déjà connues à l’échelle nationale. 1.4. L’organisation institutionnelle du tourisme au Pérou Afin de terminer cette analyse du tourisme à l’échelle nationale du Pérou, il nous a paru pertinent de présenter en quelques mots les différentes structures en charge du tourisme aux différentes échelles territoriales afin de mieux cerner le fonctionnement de l’activité. 1.4.1. Le MINCETUR : Ministère du commerce extérieur et du tourisme Le MINCETUR fut créé en 2002 est correspond au ministère du commerce extérieur et du tourisme. Son rôle est de définir, diriger, exécuter, coordonner et superviser la politique de commerce extérieur et de tourisme. Plus particulièrement en matière de tourisme, à travers le vice ministère créé en 1998, son rôle est de promouvoir, orienter et réguler l’activité touristique dans le but d’impulser son développement durable, en incluant la promotion, l’orientation et la régulation de l’artisanat. Plus spécifiquement, le MINCETUR est en charge: - d’analyser les variables du comportement touristique tant réceptif qu’interne ; - d’encourager et de promouvoir l’investissement dans le tourisme ; - d’améliorer la qualité des services touristiques ; - de protéger le touriste ; - de générer une conscience touristique chez les populations ; - de favoriser la diversification de l’offre de produits touristiques conjointement avec les régions et en harmonie avec les principes du tourisme durable. Depuis la loi n°29408 dite loi générale de tourisme de 2009, le MINCETUR effectue un transfert de compétence auprès des DIRCETUR : Direction Régionale du Commerce Extérieur et du Tourisme. 82 1.4.2. Les DIRCETUR : Direction régionale du commerce extérieur et du tourisme La DIRCETUR est l’équivalent de notre Conseil régional du tourisme. Il y en a une dans chaque région du Pérou et celle-ci se charge du développement du tourisme dans cette zone. Selon Monsieur X30, le rôle de la DIRCETUR est d’être le leader de l’activité touristique, elle doit être le pilote du développement touristique régional. Pour cela, le MINCETUR lui a attribué 17 fonctions particulières par lesquelles il lui transfert ses compétences en matière de tourisme31. Monsieur X les résume de la façon qui suit : « La DIRCETUR doit encourager, promouvoir, exécuter et développer les activités qui contribuent au développement touristique de la région » Cependant, bien que dépendant officiellement du MINCETUR, les DIRCETUR sont subventionnées quasiment entièrement par les gouvernements régionaux. C’est pourquoi malgré les directives du ministère, c’est souvent la région qui détermine les priorités et les axes de développement. 1.4.3. Les autres organismes jouant un rôle dans le développement du tourisme En plus de ces deux organes principaux, d’autres acteurs institutionnels sont impliqués dans le développement du tourisme. Le principal acteur à citer est la commission de promotion du Pérou pour l’exportation et le tourisme plus connue sous le nom de PROMPERU. Cette institution est en charge de toute la partie promotion du pays et des régions tant au niveau national qu’international. C’est elle qui gère et décide de l’image du Pérou en travaillant notamment sur la notion de qualité et sur la marque Pérou. Elle possède des antennes relais appelées IPerú dans toutes les grandes villes péruviennes qui correspondent à nos offices de tourisme et qui sont donc chargées de donner des informations aux touristes et de faire des statistiques notamment de fréquentation et satisfaction. Cette institution joue donc un rôle très important dans la promotion des différentes régions du Pérou. Cependant, il faut savoir que les campagnes de promotion à l’international vendent encore essentiellement les zones déjà très touristiques telles que le Machu Picchu, le Lac Titicaca, le canyon de Colca, etc. Lorsqu’on pose la question à Monsieur X, 30 31 Responsable de la section tourisme à la DIRCETUR de Huancavelica interrogé le 04.07.2013 Voir Annexe D : Les 17 fonctions d’une DIRCETUR 83 celui-ci nous explique que si les campagnes sont ainsi orientées c’est principalement pour que le touriste ne soit pas déçu. En effet, si on lui « vend » Huancavelica par exemple, il risque d’associer la ville au Pérou dans son ensemble et de dire que « le Pérou a beaucoup de potentiel mais que ce n’est pas encore ça au niveau des services et de la qualité par exemple ». Cependant, sur le plan du tourisme national, les campagnes de promotion sont bien plus diversifiées. Nous ne reviendrons pas en profondeur sur les autres organisations institutionnelles liées au tourisme car celles-ci ne présentent pas un intérêt très important pour notre étude. Cependant, on peut citer le Centre de Formation du Tourisme qui, comme son nom l’indique, est en charge de planifier et d’exécuter les politiques d’éducation et de formation dans le domaine du tourisme ou encore la commission spéciale pour la coordination et la supervision du plan touristique et culturel Pérou-UNESCO (COPESCO) qui soutient des projets de développement touristique à différentes échelles au Pérou. 2. Le projet dans son environnement local : la région de Huancavelica Afin que notre analyse corresponde au mieux au sujet qui nous intéresse à savoir l’étude de l’environnement du projet Cielo Azul, nous nous concentrerons dans cette sous-partie, notamment dans la partie statistique, uniquement sur la province de Huancavelica appartenant à la région de Huancavelica. 2.1. Le potentiel touristique de Huancavelica Dans la région de Huancavelica, près de 572 ressources touristiques ont été identifiées dont 60% de manifestations culturelles, 25% de sites naturels, 5% de « folklore », 5% d’évènements programmés et 5% de réalisations techniques scientifiques et contemporaines. Dans cette région, c’est la province de Huancavelica qui possède le plus de ressources touristiques (23% du total) et on remarque grâce au graphique suivant que la répartition en termes de types de ressource est quasiment identique à celle de la région. 84 Figure 3 : Ressources touristiques identifiées dans la province de Huancavelica Source : PERTUR - 2005 2.1.1. Le patrimoine naturel Les paysages : la montagne et les lagunes Situé au cœur des Andes péruviennes à une altitude allant de 2000m à 4500m, les paysages montagneux qu’offre la province de Huancavelica sont impressionnants et révèle une nature encore sauvage. Le territoire de Huancavelica est traversé par différentes chaines de montagnes la principale étant la Chaîne occidentale andine plus connue comme la « Cordillera de Chonta » qui offre plusieurs sommets à plus de 4000m d’altitude et de nombreux névés et glaciers comme par exemple celui de Sitaq situé à 5300m ou celui de Chonta situé à 4900m Par ailleurs, on trouve dans ces hauteurs plus de 200 lagunes, réparties sur le territoire qui offre un spectacle impressionnant pour les voyageurs. Les plus connues sont celles de la cordillère de Chonta : La lagune de Chocloccocha, les lagunes de Pultocc, etc. Ces reliefs, lagunes et autres caractéristiques du territoire comme le type de terre offrent au touriste des paysages grandioses avec énormément de couleurs : du vert et jaune de la végétation au bleu des lagunes en passant par le rouge de la terre et le blanc des glaciers. Enfin, la région de Huancavelica possède une des routes les plus hautes du Pérou passant à 5000m d’altitude pour pouvoir apprécier tous ces paysages décrits précédemment. 85 La faune et la flore La région de Huancavelica offre une diversité de faune et de flore locale typique de la région qui ravira les touristes intéressés par la nature. Du côté de la faune, on trouve de grands élevages de camélidés : lamas et alpagas qui peuplent les montagnes et sont facilement approchables. On peut aussi croiser des troupeaux de vigognes, un autre type de camélidé ressemblant plus à des biches, qui vit à l’état sauvage dans les montagnes ou encore des « vizcacha » une sorte de croisement entre une marmotte et un écureuil, ou des renards. Dans les lagunes on pourra observer des truites élevées dans des granges de pisciculture ou encore des flamants, des poules d’eau ou des canards. Au niveau de la flore, on trouvera dans les montagnes de Huancavelica beaucoup de plantes aromatiques utilisées dans la cuisine ou pour se soigner, certaines formes de cactus, ou encore l’ « Ichu » une plante typique de la zone qui sert de nourriture aux animaux, de combustible ou de matériel de construction pour les communautés vivant dans les montagnes. Mais la plante là plus célèbre de la région est la « Puya de Raymondi ». Cette plante est une des plus rares de la planète. Sa durée de vie est d’environ 100 ans pendant lesquels elle ne fleurit qu’une fois. Au moment de la floraison, la plante atteint plus de 10m de hauteur. Huancavelica a la chance d’avoir une zone où l’on trouve plus de 500 plantes de ce type. Les eaux thermales Enfin, la région de Huancavelica possède différentes sources d’eaux thermales chauffées par les anciens volcans de la zone, exploitées dans diverses piscines plus ou moins chaudes. Rien que la ville de Huancavelica possède 3 piscines différentes : celles de San Cristobal, los Baños del Inca et celles du complexe écologique de Seccsachaca. 2.1.2. Le patrimoine culturel matériel La ville de Huancavelica La ville de Huancavelica offre une architecture coloniale encore très visible et bien conservée notamment au niveau des différentes places comme la place principale : plaza de armas, des ponts de ville ou encore des églises. Une des caractéristiques principales de la ville reste cependant la présence des 6 églises et de la cathédrale. Ces différents monuments furent construits entre le 16e et le 17e siècle avec des matériaux de la zone dont notamment le « churruguresco » qui 86 correspond à un mélange de terre et de paille, et offre des architectures principalement de type baroque. Quand celles-ci sont ouvertes au public on peut y apprécier des peintures de l’école cusqueña, un courant artistique péruvien du 17e siècle. Cependant face au nombre important de vols, il s‘avère que les églises et la cathédrale sont aujourd’hui ouvertes uniquement lors des messes ou d’évènements particuliers. La mine de Santa Barbara Le deuxième élément important du patrimoine culturel de Huancavelica est bien entendu l’ancienne mine de mercure de Santa Barbara. Comme on l’a vu au début de ce mémoire, la mine est l’essence même de l’histoire de la ville puisque qu’elle fût construite grâce à la découverte de la mine. Depuis 1975, date à laquelle la mine a cessé de fonctionner, les infrastructures ont été laissées à l’abandon et rien n’a bougé à part les dégradations dues au passage des années. C’est pourquoi aujourd’hui on peut visiter ce patrimoine important de l’histoire de la région et comprendre comment cette industrie fonctionnait aux différentes époques pendant lesquelles la mine a été exploitée : de l’époque inca à l’époque contemporaine. Malheureusement, ce patrimoine est aujourd’hui en danger car les années passant, le site et les infrastructures se dégradent et aucunes actions de protection et de mise en valeur ne peuvent être mises en place car ils appartiennent à une société privée d’exploitation minière. Associé à la mine, se trouve le village aujourd’hui abandonné de Santa Barbara datant de l’époque coloniale. On peut y voir l’architecture traditionnelle des maisons de l’époque et surtout une église quasiment identique à la cathédrale de Huancavelica de style baroque. Le patrimoine archéologique et historique Enfin, on peut noter que Huancavelica possède un certains nombreux de lieux historiques qui peuvent se visiter. Le premier site archéologique remarquable est le complexe archéologique de Uchkus Incañan. Cependant, ce site n’offre que très peu de vestiges de son époque, les communautés locales ayant pendant longtemps utilisé les pierres pour construire leur propres bâtiments, ne sachant pas l’importance patrimoniale et historique du lieu. On peut aussi visiter la ville de Sacsamarca, ville à l’architecture remarquable toute en pierre. Enfin, Huancavelica possède aussi un petit musée dans lequel on pourra observer des objets et poteries de différentes époques de la préhistoire à l’époque préinca et des momies de l’époque incas. Nous nous arrêterons ici dans la description des différentes ressources du patrimoine culturel matériel que possèdent la province de 87 Huancavelica car celles-ci sont les plus remarquables mais il faut préciser que ce ne sont pas seules. 2.1.3. Les coutumes et traditions Les fêtes traditionnelles La population de Huancavelica est restée très attachée à toutes les fêtes traditionnelles remontant pour la plupart à l’époque coloniale. De nombreuses célébrations sont organisées tout au long de l’année avec bien sûr musique et costumes traditionnels32 et c’est ce qui constitue peut être le patrimoine culturel le plus important de Huancavelica. Parmi les fêtes les plus célèbres et les plus emblématiques de la province on retrouve la semaine sainte qui attire beaucoup de personnes étrangères à la ville, la fête des croix de la pentecôte ou encore la fête des « negritos » en janvier qui sont des fêtes très importantes pour la population locale. Ce qui a retenu notre attention, au-delà du côté encore très authentique de ces fêtes qui ont encore tout leur sens et ne sont pas « folklorisées » pour les touristes, est le mélange des cultures. En effet, de nombreuses fêtes mélangent culture catholique transmise par les espagnols et culture traditionnelle quechua faisant écho à l’époque inca. Un exemple remarquable est le fait que les montagnes entourant la ville de Huancavelica porte chacune une croix pour protéger la ville. La culture inca considère la montagne ( « Apu ») comme un de leur dieux et leur rend souvent hommage en échange de leur protection et bénédiction. Ainsi, lorsque les espagnols sont arrivés ils ont combiné cette croyance avec celle catholique de la protection par les croix et les chapelles. De la même façon, lors des fêtes de la croix à la Pentecôte, les croix chrétiennes sont « habillées » et décorées avec des vêtements typiques et des plantes et fruits sacrés ayant une signification particulière dans la culture quechua. Les danses traditionnelles Toutes ces fêtes sont accompagnées de danses traditionnelles qui font encore partie intégrante de la vie des habitants de Huancavelica. Nous citerons ici quelques exemples qui nous on marqués de la place importante des danses dans la vie quotidienne. Premièrement, chaque évènement est accompagné de danses. Deuxièmement lors de l’organisation de compétitions entre les universités de Huancavelica, en plus des concours habituels de sports, se déroule un concours de danse traditionnelle en costume 32 Voir annexe E : Calendrier des fêtes de la province de Huancavelica 88 qui suscite un très grand engouement chez la population. Enfin, et c’est surement l’exemple le plus marquant, on peut observer tous les jours des groupes de personnes de tout âge s’entrainer et danser sur les différentes places de la ville. Parmi toutes les danses nous ne retiendrons ici que la plus emblématique de la région : la “Danza de Tijeras” ou « danse des ciseaux » déclarée patrimoine mondial immatériel par l’UNESCO en 2010. Cette danse est une danse ancestrale à caractère magique et religieux qui a su se maintenir de façon importante tout en s’adaptant à la culture espagnole. Ainsi, cette danse s’exécute lors des fêtes religieuses catholiques tout en gardant ces relations ancestrales avec la vision et la culture andine33. Elle tire son nom de la paire de lames en métal poli semblables à des lames de ciseaux que chaque danseur brandit dans sa main droite. Les danseurs doivent entrechoquer ces lames en rythme avec les musiciens qui les accompagnent (un violon et une harpe), tout en exécutant une chorégraphie aux mouvements de difficulté croissante. Le costume traditionnel est brodé avec des franges dorées, des sequins multicolores et des petits miroirs34. Les traditions et la vie quotidienne Enfin le dernier élément que nous mettrons en avant et qui peut être considéré comme un atout culturel pour la ville est son authenticité. En effet, la population locale a su conserver ses traditions culturelles de vie. Par exemple, il n’est pas rare de voir des femmes habillées de façon traditionnelle en ville sans que cela soit pour se montrer, pour des touristes. C’est simplement leur façon quotidienne de s’habiller. D’autre part, les activités traditionnelles d’agriculture et d’élevage sont encore très présentes et on trouve donc de nombreux élevages en tout genre dans les montagnes environnantes de la ville. Le tourisme n’étant que très peu développé, il n’a pas eu encore les impacts négatifs de folklorisation et d’exploitation commerciale des cultures locales. On peut ajouter à cela l’existence encore très importante dans la mémoire des gens des légendes de la ville et de la région comme la légende de la sirène de San Cristobal ou celle de la lagune de Chocclococha. En plus de les connaître encore très bien, les locaux les partagent avec plaisir avec les visiteurs. Enfin, on peut aussi mentionner la gastronomie typique à base de viande d’alpaga, de truite ou encore de « cuy » (cochon d’inde). 33 Traduction extrait du PERTUR UNESCO. La danse des ciseaux [en ligne]. Disponible sur : http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00011&RL=00391 (consulté le 23.08.2013). 34 89 Huancavelica possède donc de nombreuses ressources touristiques variées cependant il lui manque la mise en valeur de ces ressources. Comme le dit Monsieur X : Huancavelica a des ressources touristiques, il faut maintenant en faire des attraits. 2.2. Le tourisme aujourd’hui 2.2.1. Les chiffres du tourisme et leur évolution Le nombre de touristes venant à Huancavelica est en augmentation depuis les prémices du tourisme dans cette zone il y a environ 20 ans. Aujourd’hui il atteint le nombre de 76 913 suivant un taux d’augmentation moyen de 6,3% par an depuis le début des années 2000. Bien que ce chiffre soit en augmentation il ne représente encore que 2,7% des 2 846 000 touristes visitant le Pérou. Tableau 1 : Nombre de touristes à Huancavelica de 2000 à 2012 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 NATIONAL 37 425 42 360 40 294 47 086 47 503 47 595 59 041 62490 63817 69680 74583 75823 76248 ETRANGER 679 959 928 768 772 660 495 372 449 506 422 331 665 TOTAL 38 104 43 319 41 222 47 854 48 275 48 255 59 536 62 862 64 266 70 186 75 005 76 154 Source : DIRCETUR Huancavelica – 2013 2.2.2. Le profil des touristes Pour décrire le profil des touristes qui viennent à Huancavelica, nous mettrons en avant trois caractéristiques principales. Premièrement, les touristes sont essentiellement des touristes nationaux, comme on peu le voir dans le tableau 1 précédent : la répartition est d’environ 98% de nationaux contre 2% d’étrangers. Ces touristes nationaux viennent principalement des régions les plus proches à savoir Huancayo en premier lieu, puis Lima et Ayacucho, et enfin la côte au sud de Lima (Ica) ou plus généralement la région de Junin. Ce marché est très intéressant car il permet d’éviter une trop forte saisonnalité. Pour ce qui est des étrangers, les principaux touristes viennent des Etats-Unis (21% en 2011), puis d’Europe (57,2% en 2011) avec une majorité de français (14,5% en 2011), enfin viennent ensuite les pays latino américains (11,4% en 2011)35. 35 Source : document annuel de statistiques fournit par la DIRCETUR Huancavelica . 90 2012 76 913 La deuxième caractéristique est que les touristes sont à la recherche de « quelque chose d’autre ». Ils viennent à Huancavelica pour éviter les lieux ultra-fréquentés par les touristes. Ils viennent chercher de l’authentique, du Pérou traditionnel et ne sont en général pas déçus voire même ils sont souvent surpris par ce qu’ils découvrent et souhaitent rester plus longtemps dans la ville. Enfin, la troisième caractéristique est que nous recevons à l’agence et dans la ville tous les types de profils que l’on peut imaginer en termes de sexe, d’âge ou de catégorie socioprofessionnelle bien qu’il y ait une prédominance pour les backpackers car c’est tout de même une des formes de voyage les plus pratiquées au Pérou. 2.2.3. Les infrastructures de service disponibles Il est difficile d’avoir les chiffres exacts des différentes infrastructures disponibles car la circulation et la récolte d’informations ont du mal à se faire de façon exhaustive dans la province. Cependant, on peut tout de même se baser sur les chiffres fournis par la DIRCETUR Huancavelica qui sont au plus prêt de la réalité du terrain. En termes d’hébergement on trouve à Huancavelica 27 hôtels soit 621 chambres dont 2 hôtels classés un 2* et un 3*. Au niveau de la restauration, la DIRCETUR a recensé 123 restaurants de différents types dont la plupart sont des petites entités avec moins de 20 tables36. Ce que l’on peut dire sur ces deux types d’infrastructures est que la qualité de service proposé n’est pas toujours adaptée aux attentes que peuvent avoir des touristes. Pour ce qui est des restaurants, les normes d’hygiène ne sont pas toujours respectées cependant la qualité de la nourriture est très correcte. L’autre défaut que l’on pourrait noter et le manque de diversité, la plupart des restaurants proposent les mêmes plats à savoir des plats à base de poulet, de riz ou de pommes de terre. Les plats typiques à base notamment d’alpaga ne sont pas facilement trouvable. Cependant, un ou deux restaurants sont remarquables et offrent une qualité de service adaptée au tourisme. Du côté des hôtels, c’est un peu la même chose. En effet, 2 ou 3 hôtels offrent une qualité de service idéale pour les touristes mais la plupart ont encore des efforts à faire. En effet, de par notre expérience nous pouvons dire que la propreté n’est pas toujours au rendezvous dans les salles de bain partagées ou encore que les hôtels sont généralement très bruyants. 36 Voir annexe F : Nombre de restaurants dans la province de Huancavelica en fonction du type de restaurant. 91 A ce sujet, nous pouvons ajouter que plusieurs infrastructures, hôtels notamment, ne sont pas recensées par la DIRCETUR car elles ne correspondent pas aux normes minimales de qualité exigées par la cette institution. Cependant, comme elles ont pu obtenir une licence de la part de la mairie, elles peuvent fonctionner. C’est pourquoi, la qualité de service est encore difficile à maîtriser. Il y a aujourd’hui 7 entreprises de transports qui font les liaisons quotidiennement entre la ville de Huancavelica et les principales villes péruviennes aux alentours (Lima, Ica, Huancayo, Ayacucho). Par ailleurs, plusieurs lignes existent, elles aussi, quotidiennement entre les principales villes de la région. Le moyen de transport souvent utilisé par les touristes pour venir à Huancavelica est le train « Macho ». Cette ligne de train fait la liaison entre la ville de Huancayo et la ville de Huancavelica et propose aux touristes des paysages incroyables dans la montagne, ce qui en fait plus une attractivité touristique qu’un simple moyen de transport. Enfin, dans ce paragraphe sur les transports on peut mentionner le fait que les principaux sites touristiques de la région ne sont pas accessibles très facilement pour une personne souhaitant se débrouiller par elle-même. En effet, il n’existe pas de bus ou de navette quotidienne qui passent par les sites, il faut forcement prendre une mobilité privé, ce qui coûte relativement cher dans la région. Ainsi, cela bénéficie à l’agence qui propose aux touristes un moyen de se rendre sur ces sites, en leur apportant un service en plus : celui du guidage. Enfin, il existe à Huancavelica deux agences de voyages. La première est bien sur l’agence de voyage Cielo Azul que nous étudions. L’autre est l’agence de voyage Paccari Tours qui s’est créé en 2010. Cependant, celle-ci ne fonctionne pas encore très bien, c’est pourquoi un partenariat a été mis en place entre les deux agences. Cielo Azul propose des circuits différents de ceux de l’agence Paccari Tours. En contre partie, le responsable de l’agence Paccari, aide l’agence Cielo Azul pour l’organisation de guidage sur des circuits lorsque les volontaires travaillant généralement ne sont pas disponibles. 2.3. L’implication des différentes institutions publiques 2.3.1. Le rôle de la mairie Cela ne fait que très peu de temps que la mairie s’est rendu compte du potentiel que peut représenter le tourisme dans le développement de la région. C’est pourquoi, il y a 10 ans 92 ont commencé les actions en faveur du tourisme comme par exemple la construction de routes, la reconnaissance de sites touristiques ou encore la restauration de bâtiments d’architecture coloniale. La mairie a ouvert il y a quelques années un office de tourisme situé dans les mêmes locaux que l’agence de voyage mais celui-ci ne fonctionne pas. En effet, il n’y a personne formé pour ce travail et au final, le bureau de l’office de tourisme n’est jamais occupé. C’est pourquoi, en plus de jouer son rôle d’agence de voyage et de vendre des circuits, Cielo Azul joue le rôle d’office de tourisme et fournit aux visiteurs toutes les informations nécessaires sur la ville et la région. Cependant, ces efforts pour développer le tourisme sont encore très minces, Monsieur Y, responsable à la mairie du département dans lequel s’intègre le tourisme37, explique que le budget pour le tourisme n’est que de 30 000 soles par an soit environ 8 000 € qui couvrent à peine le paiement des employés et permettent de faire quelques réparations de sites touristiques. Il explique cela par le manque d’intérêts de la part des autorités supérieures, elles n’ont pas la « mentalité tournée vers le tourisme » et ne voit pas le tourisme comme une activité de progrès. Monsieur X38, lui, pense que, comme il n’y a pas d’indicateur précis montrant ce que le tourisme apporte à la ville et à la région, les autorités n’ont pas de preuves des bénéfices et ne conçoivent donc pas ce secteur comme une priorité. De plus, il semble que les membres de la mairie ne soient pas informés ni formés au développement de projet touristique. Lors de notre entretien avec Monsieur Y, celui-ci n’a pas arrêté de demander des conseils et de dire « Comment est le tourisme en Europe ? Comment sont les hôtels en Europe ? Comment peut-on développer le tourisme ici ? Etc. » 2.3.2. Le rôle de la DIRCETUR L’autre acteur institutionnel important ayant un rôle dans le développement du tourisme à Huancavelica est la DIRCETUR. Comme on a pu le voir dans la sous-partie précédente le rôle de la DIRCETUR est de mettre en place et de soutenir les actions de développement touristique dans la région. Pour cela, le premier outil créé a été le PERTUR ou Plan Stratégique de développement touristique du département de Huancavelica 2006-2015. 37 Vice-président du département développement économique de la mairie de Huancavelica, interrogé le 25.06.2013 38 Responsable de la section tourisme à la DIRCETUR de Huancavelica, interrogé le 04.07.2013 93 Ce plan, s’inscrit dans la continuité du plan national. Il suit ses directives en les adaptant à chaque région, ici à celle de Huancavelica. La mission décrite dans ce document est la suivante : « Revaloriser, développer et promouvoir les différentes ressources touristiques et créer des produits touristiques durables par le biais de processus intégrés, concertés et décentralisés sur le tourisme «chez l’habitant », archéologique, culturel, l’agrotourisme, l’écotourisme et le thermalisme. Ceci en usant de manière rationnelle et durable les ressources touristiques, en faisant la promotion de la mise en valeur du patrimoine et en priorisant l’intégration viable et la participation organisée de la population, des entreprises et des autorités. »39 Malheureusement, les directives et conseils du PERTUR ne sont pas vraiment suivis. Monsieur X explique que cela est dû au manque de budget, de moyens humains ou pour des raisons politiques. En effet, comme la DIRCETUR est financée par le gouvernement régional et que celui-ci n’a pas comme priorité le tourisme, il n’est pas toujours possible de faire ce qui devrait être fait. Par exemple, la DIRCETUR a un budget de 65 000 soles par an soit environ 17 000, plus éventuellement des budgets additionnels en fonction de certains projets particuliers. Par ailleurs, Monsieur X ajoute que selon lui, les gens qui travaillent à la DIRCETUR sont souvent des gens qui ne sont pas de terrain, et donc ils n’ont pas toujours les compétences pour monter un projet. De plus, toujours selon lui, ils n’osent pas engager des gens de terrain car ils ont peur que ceux-ci prennent leur place au sein de la DIRCETUR. 2.3.3. Des relations difficiles entre ces deux acteurs Malheureusement, ces deux entités qui devraient travailler ensemble pour un développement efficace du tourisme à Huancavelica sont souvent en rivalité ou ont du mal à travailler ensemble. Du côté de la DIRCETUR, Monsieur X40 explique le problème de la façon suivante : La mairie et la région sont autonomes l’une envers l’autre et envers l’Etat. Ainsi, il existe une forte concurrence pour savoir qui sera le « personnage principal » dans chaque projet. Ainsi avant de lancer chaque projet, chacun voit les bénéfices qu’il pourrait en 39 Traduction d’un extrait intitulé mission du PERTUR (p.65) Responsable de la section tourisme à la DIRCETUR de Huancavelica, interrogé le 04.07.2013 40 94 retirer avant de donner son accord. Monsieur X donne l’exemple suivant : si un projet touristique doit se faire sur le long terme, les responsables institutionnels ont le plus souvent la réaction suivante : si le projet est sur le long terme, je n’en retirerais pas de bénéfices, c’est mon successeur qui les aura alors pourquoi devrais-je accepter. En effet, il faut savoir que, bien que cela paraisse surprenant, il y a un grand « turnover » dans les postes à responsabilité ou de direction. Monsieur X, reproche aussi à la DIRC, la direction régionale de la culture, de ne pas jouer son rôle de mise en valeur et de promotion de la culture. En effet, selon lui, ils ne prennent pas assez d’initiatives et ne travaillent pas assez à la mise en place de projets. De son côté Monsieur Y41, affirme que les institutions qui doivent normalement développer le tourisme ne fonctionnent pas et ne font pas leur travail, pour cause notamment d’une complexité des démarches administratives. De plus, il ajoute que lorsqu’elles ont un budget elles font leur travail mais que cela n’a lieu qu’une ou deux fois par an. Ainsi, il est difficile à Huancavelica de compter sur les institutions publiques pour mettre en place des projets importants de développement touristique. Cependant, on voit chez ces deux acteurs la mise en place de petites actions et surtout une volonté de faire grandir l’activité touristique à Huancavelica. 2.4. Le tourisme dans le contexte socioculturel de la ville : la réaction des populations locales 2.4.1. La nécessité d’une plus grande sensibilisation de la population Le principal problème quant aux relations entre tourisme et population locale est le regard que ces derniers portent sur l’activité touristique. En effet, les locaux ne voient pas l’intérêt du développement du tourisme. De fortes campagnes de sensibilisation seraient nécessaires pour convaincre la population des bienfaits que pourraient apporter le tourisme à la région. Leur faire comprendre que cette activité pourrait être une source de développement économique et social. Monsieur Y explique qu’il faut inculquer au locaux une culture touristique pour que le touriste ne soit pas vu comme une personne dont on peut profiter. 41 Vice-président du département développement économique de la mairie de Huancavelica, interrogé le 25.06.2013 95 Par ailleurs, une sensibilisation serait aussi nécessaire auprès de la population sur la nécessité de la protection de son patrimoine notamment culturel. Ainsi Monsieur Y explique que les habitants de Huancavelica n’apportent pas toujours de valeur ajoutée à leur patrimoine, ils se demandent souvent ce qu’un touriste peut bien trouver à la mine de Santa Barbara par exemple. Même les personnes directement concernées par le tourisme telles que les hôteliers ou les restaurateurs ne croient pas vraiment au potentiel du tourisme. En effet, Monsieur Y donne l’exemple des formations qui sont dispensées de temps en temps à ces structures. Il explique que les responsables ne viennent pas et envoient des employés qui n’ont ensuite aucune capacité de décision ou d’influence. 2.4.2. Le comportement des populations face aux touristes Cependant bien que les locaux ne soient pas encore très ouverts au tourisme, notamment par manque d’habitude, ils ne sont pas hostiles aux touristes. Bien sûr, il arrive souvent que les touristes soient dévisagés des pieds à la tête mais ce n’est généralement pas avec de mauvaises intentions mais plutôt avec curiosité. Par ailleurs, lorsque vous engagez la conversation avec eux, ils sont au contraire très heureux de pouvoir partager leur culture, leur histoire et pose énormément de questions pour savoir comment c’est « chez nous » ou ce que l’on pense de Huancavelica. 96 CONCLUSION CHAPITRE 2 Pour conclure ce chapitre nous présenterons simplement la deuxième partie du tableau de diagnostic SWOT du projet Cielo Azul qui résume notre analyse. Opportunités Menaces - - Nombre de touristes en augmentation au Pérou mais aussi à Huancavelica ; - Tendance à la recherche de nouveauté et d’authenticité ; - Tourisme national pour palier à la saisonnalité ; - plus durable et dans de nouveaux territoires ; - Organisation touristique donnant aux régions les compétences pour le développement du tourisme à l’échelle locale ; - tourisme à Huancavelica et ses bienfaits ; - Ressources touristiques nombreuses et - Beaucoup de services pour la taille de la ville et le tourisme ; - Ville bien desservie par les transports ; - Seule agence fonctionnant à Huancavelica ; - Actions de la part de la DIRCETUR et de la - Pas d’office de tourisme à Huancavelica ; - Population curieuse de partager leur culture. Peu de tourisme, région peu connue alors qu’il y a une forte concurrence entre les régions au Pérou ; - Qualité des services proposés pas toujours au niveau ; - Rivalité entre la mairie, la région et les institutions qui freine les projets ; - Peu de compétences aux niveaux institutionnels quant à la mise en place de projets touristiques ; - La population de Huancavelica ne croit pas au potentiel du tourisme même les hébergeurs et les restaurateurs ; - Conscience encore faible de l’intérêt de la protection et de la valorisation des mairie pour le développement du tourisme ; - Manque de valorisation des ressources touristiques de la zone ; variées ; - Promotion internationale centrée sur les hauts lieux touristiques du Pérou ; Volonté politique au niveau de l’Etat de développer le tourisme de façon encadré, Manque de données et de statistiques sur le patrimoines ; - Ouverture au tourisme de la population encore faible et premiers contacts pas toujours faciles. 97 Chapitre 3 : Complément d’étude : le projet d’éco-camping de CaralTambo Dans le cadre du stage de Master 2 en Tourisme et Développement, nous avons eu l’opportunité de travailler sur un autre projet de tourisme alternatif au Pérou. C’est pourquoi, il nous semble intéressant dans ce chapitre de présenter cette autre expérience afin de pouvoir l’utiliser dans notre étude sur le développement de projet touristique alternatif au Pérou. Cependant, suite à certaines complications des relations avec le responsable du projet et à une mésentente sur le travail à réaliser, je n’ai pu mener à bien les différentes démarches et actions entreprises. C’est pourquoi, cette partie peut paraître incomplète mais nous tenterons tout de même d’exploiter au maximum les informations obtenues et le travail accompli. 1. Présentation du projet 1.1. Situation géographique Le projet d’éco-camping de Caraltambo se situe dans la région de Lima, dans la province de Barranca et plus précisément dans le district de Supe. Figure 4 : Carte de la province de Barranca. Source : http://turismo-huacho.blogspot.com - 2012 98 De manière plus précise, le camping de CaralTambo se trouve dans la localité de Caral, dans la vallée de la rivière Supe et à 3km seulement du site archéologique de Caral sur lequel nous reviendrons plus tard42. Cette zone est un territoire très rural. Les activités principales y sont l’agriculture, la pêche et l’élevage. 1.2. Le projet d’éco-camping de Caraltambo 1.2.1. Naissance du projet Le projet de Caraltambo naît de trois éléments : a) Le constat du fait que les touristes venant sur le site archéologique de Caral font en général une visite du site puis s’en vont dans d’autres vallées voire d’autres régions pour se loger ; b) La volonté du porteur de projet de quitter la ville pour habiter dans une zone plus rurale ; c) La volonté du porteur de projet, déjà responsable d’un hébergement à Lima, de continuer à travailler dans le domaine du tourisme. C’est donc à partir de ces trois éléments et d’une aide principalement financière de Solidaile que se crée l’éco-camping de Caraltambo en 2010. 1.2.2. Descriptif du camping Le camping s’étend sur un terrain de 2 hectares situés au bord de la rivière, en plein cœur de la nature et à 200m seulement de la route d’accès à Caral et à la Panaméricaine Nord, grande autoroute traversant le Pérou. Au niveau des installations, le camping dispose à l’heure actuelle de nombreux emplacements de tentes, d’un dortoir d’environ 10 places et de plusieurs salles pouvant être converties en chambre mais qui ne sont à l’heure actuelle pas aménagées. Plusieurs salles de bains ont été construites mais elles ne sont pas encore toutes opérationnelles nous y reviendrons. Il dispose aussi d’une cuisine équipée que les touristes peuvent utiliser pour se préparer à manger ou simplement pour se reposer à l’ombre. 42 Voir Annexe G : Carte de la localisation de l’éco-camping Caraltambo 99 Afin de rendre le cadre et les séjours des touristes plus agréables des hamacs sont installés sous les arbres. 1.2.3. La volonté d’en faire plus qu’un simple camping En plus de ces infrastructures basiques nécessaires à la création d’un camping, le porteur de projet a souhaité mettre en place d’autres aménagements afin de faire de son camping un lieu de découverte de la culture et de la nature locale. Pour commencer, depuis environ 1 an, une bibliothèque a été construite au sein du camping. L’idée est de pouvoir en faire un centre culturel pour les touristes mais aussi et surtout pour les populations locales. Le responsable souhaite que les gens puissent venir s’y distraire, se cultiver, ou même proposer des ateliers d’artisanat. Cependant, à l’heure actuelle ce bâtiment n’est pas tout à fait terminé, n’est pas ouvert et les livres qui s’y trouvent sont en train de se dégrader à cause notamment d’insectes. L’autre souhait émis par le porteur de projet est un projet d’apiculture. C’est pourquoi trois ruches sont actuellement en place dans le camping depuis quelques mois. Enfin, l’idée est de faire de ce camping un éco-camping. Pour cela, le porteur de projet à fait de ce lieu un lieu de protection de la nature locale et notamment de la flore. En effet, le camping est une aire de protection des Huarango, des arbres locaux en danger à cause de leur surexploitation, mais aussi un endroit où la végétation est protégée, entretenue et aidée dans son développement. 1.3. Mon travail en tant que stagiaire sur le projet Aujourd’hui, à cause notamment de la situation personnelle du porteur de projet, l’écocamping de Caraltambo est au point mort au niveau de l’avancée dans les aménagements et au niveau de l’accueil des touristes. En effet, très peu de touristes viennent au camping et ceux qui viennent sont le plus souvent des amis ou de la famille du responsable. C’est pourquoi, l’objectif défini pour ce stage était d’assister le chef de projet dans la gestion de l’éco-camping Caraltambo et pour cela la première mission a été de mettre au clair les nécessités et les priorités sur lesquelles se pencher pour développer le camping et augmenter le nombre de touristes. Les missions étaient plus particulièrement les suivantes : - mettre en place des services susceptibles d’améliorer le confort des campeurs ; 100 - identifier et proposer des activités potentielles et les intégrer dans l’offre que propose l’éco-camping ; - promouvoir le site de Caral et l’éco-camping, fédérer et animer les acteurs locaux du développement touristique. 2. Méthodologie utilisée pour répondre aux missions de stage 2.1. L’analyse du projet Comme lors de la présentation du travail effectué sur le projet de l’agence de voyage Cielo Azul, il nous a semblé pertinent et obligatoire de commencer notre travail par une analyse de la situation dans laquelle se trouvait le projet à l’heure actuelle. Pour cela, la première étape a été une observation terrain importante. Nous avons expérimenté la vie dans l’éco-camping afin de mieux comprendre la situation des touristes et de nous rendre compte de l’état actuel de l’avancement des aménagements effectués. Ensuite, nous avons eu un entretien important avec le porteur de projet sur sa vision du projet, les actions futures qu’il souhaitait entreprendre, ses attentes et besoins, etc. A partir de ces deux éléments, nous avons fait un peu préciser et évoluer les missions de stage afin de les rendre plus précises et plus opérationnelles. Une fois ce recentrage effectué, la situation étant plus précise, nous avons continué notre travail d’investigation afin d’approfondir notre analyse du projet et d’y ajouter l’analyse de son environnement. Pour cela, comme pour notre travail sur le projet Cielo Azul, nous avons choisi d’utiliser les outils suivants : la recherche documentaire, les entretiens exploratoires et l’observation sur le terrain, mais nous n’avons pas eu le temps de mener à bien de façon complète notre travail de recherche. Pour commencer, nous avons effectué trois entretiens : Une personne travaillant sur le site archéologique de Caral et étant en charge des relations avec les communautés et des statistiques ; La coordinatrice de l’office de tourisme travaillant à la mairie provinciale de Barranca ; Une personne de PROMPERU travaillant à Supe sur le développement touristique de la zone. 101 En plus de ces trois entretiens, nous avions rendez-vous avec le responsable de la communication et des relations extérieur et nous souhaitions interroger des habitants de la zone de Caral. Cependant, grâce à ces trois entretiens nous avons eu un premier aperçu de la situation du tourisme actuellement dans la zone et de son fonctionnement. Nous avons compléter ces entretiens par des recherches documentaires notamment via internet sur les différentes pages officielles de la zone archéologique de Caral, de la municipalité de Supe, de la province de Barranca et plus généralement sur des pages donnant des informations au niveau national. A partir des informations recueillies, nous avions commencé à préparer un diagnostic du projet sous le format SWOT que nous présenterons dans la troisième sous-partie de ce chapitre mais qui ne sera malheureusement pas approfondi. Par ailleurs, nous avons aussi commencé à préparer ou à mettre en place certaines actions pour le développement du projet d’éco-camping. 2.2. Un inventaire des potentialités de développement d’activités La première chose que nous avons créée est un plan d’actions matérielles à réaliser afin d’améliorer les infrastructures et les aménagements du camping afin que celui-ci puisse offrir une qualité de service minimum pour les touristes. Cependant, ces actions nécessitant principalement de réaliser des travaux, il nous a paru pertinent de travailler ensuite sur un autre axe de développement possible du projet. C’est pourquoi, nous avons décidé de réfléchir aux différentes activités complémentaires à l’hébergement que pourrait offrir le camping. Pour commencer, nous avons choisi de faire un inventaire des différents atouts culturels et naturels que possède la région et qui pourraient être utilisés pour créer des circuits ou simplement pour avoir à disposition ces informations afin de pouvoir les proposer aux touristes pour qu’ils restent plus longtemps sur le territoire. Afin de réaliser cet inventaire nous avons là aussi utilisé les trois outils précédents : les entretiens exploratoires, la recherche documentaire et l’observation terrain. L’observation terrain a consisté notamment en la visite des différents sites culturels et naturels afin de pouvoir tester leur accessibilité et de relever des informations actualisées sur ces lieux. Nous avons par ailleurs visité l’office de tourisme de Barranca et discuté 102 avec les populations locales et les guides sur place pour obtenir d’autres informations. Pour ce qui est des entretiens, nous avons utilisé les entretiens précédents pour obtenir des informations sur les différents attraits de la région. Enfin, nous avons complété toutes ces informations par des recherches documentaires plus particulières sur chaque site. Suite au recueil de toutes ces informations nous avons créé des fiches produits pour chaque attractivité dans lesquelles sont précisées les informations nécessaires pour découvrir ces atouts. En plus de cet inventaire, nous avons réfléchi à d’autres activités qui pourraient être mises en place au sein même du camping ou dans ces environs mais qui ne nécessitent pas de se rendre dans un lieu précis. Cependant, ces réflexions sont restées à l’état de pistes possibles de développement et n’ont pas été approfondies. 2.3. La mise en place d’un plan de communication Le deuxième axe de développement sur lequel nous souhaitions travailler était la promotion et la communication. C’est pourquoi nous avons commencé à mettre en place un plan de communication. Pour cela, nous avons là aussi eu recours à l’observation terrain qui nous a permis de nous rendre compte de la non-existence de promotion de l’éco-camping sur place et des actions potentielles qui pourraient être mise en place. Nous avons aussi réalisé des recherches documentaires notamment sur le profil des touristes visitant la région et sur ce que faisaient d’autres campings et nous nous sommes servis de nos expériences professionnelles passées. Enfin, notre idée était de pouvoir mettre en place un questionnaire auprès des touristes visitant le site archéologique afin de connaître notamment leur profil, de savoir s’ils seraient prêts à rester plus longtemps sur le territoire, ce qu’ils attendent d’un hébergement de type camping et surtout comment ils ont connu la région et le site de Caral, le tout afin de pouvoir adapter les actions de promotion du camping. Cependant, le temps nous a manqué, lorsque notre collaboration avec le projet a cessé, nous étions en train de d’obtenir les autorisations pour réaliser ce questionnaire. 103 3. Premier diagnostic préliminaire et actions proposées en conséquence 3.1. Informations principales identifiées sur la région de Caral-Supe 3.1.1. Le potentiel touristique de la région Le principal attrait touristique de la région et pas des moindres est le site archéologique de Caral. Ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2009 est reconnu comme étant le berceau des civilisations américaines. En effet, avec plus de 5000 ans d’ancienneté ce site est officiellement le plus vieux que l’on ait découvert sur l’ensemble du continent américain. Par ailleurs, les vestiges sont encore très bien conservés et l’on peut apprécier les architectures de l’époque de façon très claire. C’est pourquoi depuis son ouverture au public en 2003, le site connait une augmentation de son taux de visite d’environ 26% par an. De plus, la région a décidé de centrer sa promotion sur ce site et même au niveau international, Caral devient de plus en plus célèbre et sert d’attractivité pour le Pérou. En plus du site principal de la ville sacrée de Caral, on trouve différentes zones archéologiques datant de la même époque et appartenant à la civilisation Caral dans la vallée de la rivière Supe et sur la côte. A l’heure actuelle, les sites de Vichama et Aspero sont aussi exploités par le tourisme dans la continuité de la visite de Caral mais il existe aussi environ 16 sites archéologiques dans la vallée qui ne sont pas encore ouverts au public et où sont actuellement effectué des fouilles. Figure 5 : Carte des sites archéologiques de la civilisation Caral Source : PeruTrip - 2013 104 En plus de ces sites archéologiques, la région de Caral possède deux autres sites historiques. Premièrement, la forteresse de Paramonga dans le district de Barranca datant de l’époque Chimu et enfin le musée de Bolivar situé dans le district de Pativilca dans une des anciennes demeure de Simon Bolivar et retraçant son histoire et notamment la fin de sa vie qu’il passa dans cette maison. En plus de ces ressources culturelles, la région offre des paysages très intéressants, tant au niveau des reliefs que de la végétation formée notamment par les champs d’agriculture de canne à sucre, de maïs ou encore de bananiers. Par ailleurs, la région offre un circuit de plages variées allant de la plage aménagée et très fréquentée en été aux petites plages sauvages difficiles d’accès. Enfin, au niveau du patrimoine naturel il faut aussi noter la présence d’une lagune de plus de 7km offrant un paysage particulier avec ses forêts de roseaux et un lieu d’observation des oiseaux très intéressant. En termes de patrimoine immatériel on relèvera la gastronomie typique de la zone notamment à base de poissons et fruits de mer comme attrait possible pour les touristes. 3.1.2. Le tourisme actuel dans la zone Il n’est pas facile de trouver les chiffres exacts du tourisme dans cette zone car la plupart des districts n’ont mis en place aucun système de comptage des touristes. Cependant, il aurait été intéressant de se procurer les chiffres de la fréquentation des différents lieux touristiques mais le temps nous a manqué pour recueillir ces données. C’est pourquoi nous nous contenterons ici de donner les chiffres de fréquentation du site de Caral qui donne cependant un bon aperçu du nombre de touristes fréquentant la région, ce site étant le principal attrait de la zone. Depuis 2003, le nombre d’arrivée de touristes est en très forte augmentation passant de 7338 en 2003 à presque 60 000 en 2011 soit plus de 700% en moins de 10 ans et le site n’est qu’à ces débuts. Pour ce qui est du profil des touristes, là aussi une étude plus poussée aurait été nécessaire, cependant on peut déjà noter que la plupart des touristes sont, comme à Huancavelica, des nationaux environ 90% contre 10% d’étrangers. Les touristes nationaux viennent majoritairement des principales grandes villes aux alentours comme Huacho, ou encore Lima qui ne se situe qu’à 200km. Cette proximité est à la fois positive et négative pour la région. En effet, elle permet d’avoir une zone 105 émettrice de touristes conséquente à portée de main mais elle entraine aussi un phénomène important d’excursionnisme. Les touristes partent tôt le matin de Lima, visite Caral et rentre le soir à Lima. Du côté des étrangers, les touristes viennent principalement des Etats-Unis ou d’Europe (France, Allemagne, Suisse, Angleterre). On notera par ailleurs que le tourisme est principalement concentré sur le site archéologique de Caral et on rencontrera très peu de touristes dans les autres endroits. Cependant, au-delà du fait que ce site soit celui qui bénéficie de la plus grande promotion et renommée, ce manque de tourisme dans les autres sites touristiques peut s’expliquer par la difficulté d’accès à ces lieux. En effet, ils ne sont pas très bien indiqués, pas toujours accessibles directement en taxi et les zones où ils se trouvent sont parfois dangereuses notamment pour une personne seule. Nous n’avons pas pu obtenir à l’heure actuelle des informations très précises et vérifiables sur le nombre d’infrastructures touristiques disponibles dans la région (hébergements et restauration notamment). Cependant on peut affirmer sans se tromper que les principaux services sont concentrés dans les villes capitales de district et notamment dans la ville de Barranca. 3.1.3. Le travail des institutions publiques A partir des premières informations obtenues on peut relever les éléments suivants quant à l’implication des institutions publiques dans le développement du tourisme dans la région. Pour commencer, ces institutions ont réellement commencé à s’impliquer dans l’activité touristique avec la découverte et la mise en tourisme du site de Caral. Par exemple, elles ont aménagé les routes pour faciliter l’accès au site et ont commencé à prendre conscience du potentiel de développement du tourisme et à mettre en place certaines actions. Avec l’aide de la DIRCETUR Lima, des formations ont été mises en place pour les hôteliers et les restaurateurs notamment sur la qualité de service et sur la promotion. Cependant, le porteur de projet de l’éco-camping de Caral n’a jamais participé à ces formations pour des raisons pas toujours très claires. 106 Un projet de développement du tourisme « vivencial », chez l’habitant, est en cours mais se cantonne pour l’instant au district de Barranca comme région pilote. Enfin on notera la rédaction en 2009 du Plan Intégral de Développement de la Destination Touristique de Barranca fournissant une analyse détaillée de la situation touristique actuelle au niveau local et national et des recommandations et axes stratégiques de développement de l’activité touristique. Ce qui montre une réelle volonté de la part de la province de développer cette activité et pas seulement autour du site de Caral mais aussi dans toute la région. « Les ressources nous les avons, maintenant il nous faut développer l’activité touristique », Madame X, responsable de la section tourisme à la mairie provinciale de Barranca. Cependant, pour terminer cette partie on notera que, comme pour Huancavelica, le budget dédié au tourisme est encore très faible. Il ne représente par exemple que le 5e poste de dépenses au niveau de la province derrière notamment la santé et les transports43. 3.2. Première analyse du projet 3.2.1. Le potentiel du projet De par sa situation géographique au plus prêt du site archéologique de Caral, le camping a ici un avantage concurrentiel énorme. En effet, comme on a pu le voir précédemment, le site de Caral offre un vrai potentiel touristique puisque ses taux de fréquentation croissent chaque année de manière impressionnante. De plus, le camping est le seul hébergement aussi près qui peut se permettre de proposer l’accès au site à pied, les autres étant situés au mieux dans la ville de Supe soit à 23km du site. Par ailleurs, la situation du camping au bord de la rivière et au milieu de la nature offre un cadre très avantageux pour passer ces vacances. En effet, grâce au canal qui passe au milieu du camping, on peut observer de nombreux oiseaux qui viennent pêcher ou se rafraîchir comme la grue ou le martin pécheur. De plus, la végétation et les paysages environnants sont caractéristiques de la zone et proposent donc un dépaysement total 43 Madame X, responsable de la section tourisme à la mairie provinciale de Barranca. Entretien réalisé le 24.05.2013 107 pour le visiteur. Enfin, le cadre offre une très grande tranquillité au touriste qui cherche du repos et ne sera troublé que par le bruit de l’eau et des animaux. Enfin, les différents « sous-projets » entamés, que sont l’apiculture et la bibliothèque, offrent chacun un potentiel intéressant. Le premier permettra de diversifier l’activité du camping, d’avoir un revenu additionnel grâce à la vente de miel et de proposer une forme de tourisme différente telle que l’ « api-tourisme ». Le second permettra de faire découvrir la culture locale aux touristes et participera au développement socioculturel de la population locale. 3.2.2. Un projet encore loin d’être opérationnel Bien que disposant d’infrastructures déjà en place et de matériel tel que des lits ou des meubles, celles-ci sont encore loin d’être prêtes pour l’accueil d’un nombre important de touristes s’attendant à un minimum de services. En effet, seul un des espaces est aménagé avec des lits et cette chambre est actuellement occupée par un membre de la famille du porteur de projet. Ainsi, si des touristes viennent, ils doivent à l’heure actuelle partager leur chambre avec lui ce qui peut poser problème quand on connait le rythme de vie bien différent de cette personne. Le camping dispose d’au moins cinq salles de bains mais seulement deux ont accès à l’eau et même l’aménagement de celles-ci n’est pas encore complètement terminé. Le site en lui-même mériterait aussi d’être un peu mieux organisé et rangé. En effet, il n’est pas rare de trouver des seaux en plastiques qui trainent, des bâches ou encore des bouteilles en plastique. Bien que certains de ces éléments donnent un charme « rustique » au lieu, d’autres devraient être remis à leur place. Cependant, au cours des deux mois passés sur place, un grand effort a été fait de ce côté-là. L’autre problème que l’on peut soulever est le fait qu’un membre de la famille vit sur le site au quotidien. Cela pourrait être un avantage seulement cette personne aurait plutôt tendance à rejeter le tourisme et ne pas vouloir partager sa maison avec des visiteurs. De plus, les relations entre le porteur de projet et cette personne sont parfois houleuses et posent problème quand il s’agit de faire des aménagements dans le camping. Cependant, il reste d’une grande aide pour le responsable du projet et lui permet d’avancer dans le développement des infrastructures du camping. Par ailleurs, il sert de gardien afin d’éviter des vols ou des dégradations car le porteur de projet ne peut être actuellement sur place. 108 Il faut aussi noter qu’au sein du camping il n’y a pas de réseau mobile pour les téléphones portables. Cela peut paraitre anodin ou au contraire passer pour un avantage pour le type de touristes venant au camping. Cependant, il faut aussi savoir que le camping n’a actuellement pas de téléphone fixe non plus ce qui fait que lorsque le responsable du projet est sur place il est injoignable. On comprend rapidement que cela peut poser problème pour faire des réservations par exemple ou s’il y a le moindre problème. Le porteur de projet ne dispose pas non plus d’un véhicule ni du permis, ce qui peut poser problème sur le long terme si le camping souhaite mettre en place des circuits touristiques. Enfin, aucunes actions de promotions ne sont aujourd’hui mises en place par le porteur de projet et cela ne semble pas être sa priorité. Il n’est d’ailleurs pas encore déclaré à PROMPERU, ce qui fait qu’il n’est pas présent dans les diverses actions que celle-ci peut mettre en place. 3.2.3. Les difficultés rencontrées pour le développement du projet Pour terminer cette analyse du projet nous présenterons d’autres aspects indirectement liés au camping qui font que le projet a du mal à avancer. Premièrement de par sa situation familiale et économique, le responsable du projet ne peut se dédier à plein temps au projet de Caraltambo ce qui fait que l’avancée dans l’aménagement et l’amélioration des infrastructures est très lente. Cela joue aussi un rôle dans le fait qu’il ne peut être sur place au quotidien et ainsi accueillir des touristes qui viendraient par hasard sur le site. C’est aussi pour cette raison qu’il ne veut pas mettre en place d’actions de promotion. Selon lui : il sait déjà ce qu’il a à faire pour que les touristes viennent mais tant qu’il n’ait pas sur place, il ne veut pas le faire. Ainsi, il avait mis en place ses propres priorités et il disait souvent chaque chose en son temps. Cela explique aussi la raison de l’arrêt de notre collaboration : ce que je pouvais proposer pour le futur ne l’intéressait pas vraiment car ce n’était pas sa priorité. Enfin, on notera que le porteur de projet semble réticent à l’idée de travailler en partenariat avec d’autres structures ou avec les institutions publiques. Il attend qu’on lui écrive ou le prend mal si on ne lui répond pas tout de suite. La mise en réseau d’acteurs ne semble pas être pour lui un élément important dans la réussite de son projet. 109 3.3. Travail effectué et proposé 3.3.1. Tableau de bord des actions matérielles à réaliser en priorité Au vu de l’état actuel du projet, ma première action a été de définir avec le porteur de projet les différentes actions matérielles à faire en priorité pour que le camping puisse être fonctionnel et accueillir les touristes de façon adéquate. Ces actions ont été regroupées dans le tableau de bord suivant : Tableau 2 : Plan d’actions à réaliser pour l’amélioration du camping Priorité Action à réaliser Terminer la clôture autour du camping pour empêcher les Forte animaux et les gens non autorisés à entrer : protection contre les vols. Forte Régler l’accès à l’eau des différentes salles de bains et terminer leur aménagement, au moins pour deux d’entre elles. Organisation et aménagement de l’espace : - Quelle partie pour vivre, quelle partie pour les touristes ? Forte - Organisation des infrastructures en conséquence et notamment aménagement des chambres ; - Création d’un hangar ou prévoir un lieu de stockage pour les meubles et le matériel non utilisé. Moyenne Moyenne Signalisation pour arriver au camping en voiture ou à pied depuis la piste. Installer l’électricité au moins dans les salles de bain et dans la cuisine. Aménagement de la bibliothèque : Faible - Finir les travaux notamment le toit - Faire un nettoyage et un entretien des livres - Organiser et ranger la bibliothèque - Créer un espace exposition pour les objets culturels disponibles Faible Création d’un mirador ou de nouvelles infrastructures. Source : Elsa Santiago – 2013 110 Nous préciserons ici que si aucune date ou période n’ont été définies c’est parce que cela n’était pas possible. En effet, comme on a pu le voir précédemment, les avancées dans les travaux dépendent essentiellement de la situation économique du porteur de projet. C’est pourquoi, seul le degré de priorité est mentionné ici. 3.3.2. Proposition de nouvelles activités pour compléter l’offre de camping La deuxième étape dans le travail réalisé a été la réflexion sur les activités que pourraient développer le camping. Comme nous l’avons expliqué précédemment nous avons commencé par effectuer un inventaire des attraits touristiques de la zone en précisant pour chacun comment l’utiliser dans le sens du développement de l’activité du camping. Cet inventaire est disponible dans le tableau en annexe G. Suite à cet inventaire nous avons réalisé une fiche par attrait proposant toutes les informations nécessaires pour les découvrir : situation, description, comment y aller, horaires, prix et conseil au voyageur44. Après avoir réalisé cet inventaire et ces fiches nous avons réfléchi à de nouvelles pistes possibles de développement d’activité : 44 Voir annexe H : Exemple de fiche atout touristique 111 Tableau 3 : Activités potentielles à développer par le camping Activités au sein du camping Développement de l’activité apicole pour en faire une source de revenu complémentaire et développer un tourisme autour de l’apiculture : participation à la récolte du miel, découverte du fonctionnement d’une ruche, etc. Proposer des activités autour de la gastronomie : - Service de restauration proposant cuisine et boisson typiques - Cours de cuisine ou préparation avec les touristes - Ouverture d’un restaurant peut être sur le long terme Cours d’astronomie grâce au ciel très étoilé au dessus du camping Proposer des circuits pédagogiques pour des scolaires : découverte de la faune et la flore locale, utilisation de la bibliothèque, etc. Proposer des ateliers d’artisanat animés par des locaux Activités hors camping Création de circuits thématiques ou à la carte pour visiter les lieux touristiques identifiés précédemment. Activités pour découvrir l’agriculture locale : promenade dans les champs avec guidage pourquoi pas par des locaux, sur les différentes plantes cultivées ; dégustation de plantes locales, etc. Trekking, randonnée ou simple balade dans les montagnes environnantes permettant d’avoir un panorama intéressant sur la vallée. Source : Elsa Santiago - 2013 Nous avions aussi entamé avec le porteur de projet une réflexion sur une forme de valorisation possible de la faune et la flore locale. Pour cela nous avions commencé à récolter des informations sur les différents types de plante et d’animaux que nous pensions exploiter sous forme de fiches, de panneaux explicatifs dans le camping ou sur le site internet de Caraltambo. Cependant, ce projet est lui aussi resté en suspens, seul la fiche sur les Huarango ayant été effectuée. 3.3.3. Première ébauche d’un plan de communication Enfin, le troisième axe de travail sur lequel nous nous étions penchés est la mise en place d’un plan de communication, malheureusement celui-ci n’a été qu’entamé, faute de temps. 112 Les premières idées que nous avions eues sont regroupées dans le tableau suivant : Tableau 4 : Premières pistes d’actions de promotion possibles pour le projet Caraltambo Mise en place de panneaux promotionnels et de signalisation dans les endroits stratégiques d’accès au site archéologique de Caral. Stratégie Web: - Modification et réorganisation de la page internet de Caraltambo o Revoir la description d’accueil pour présenter plus le camping que le site de Caral o Réorganisation au niveau des onglets o Ajouter un onglet « Service et activité » (type d’hébergement, circuits et activités touristiques proposées, etc.) o Ajouter un onglet « la vallée de Caral-Supe » (La faune et la flore, l’agriculture, la rivière, etc.) o Ajouter des photos o Ajouter « Nos engagements/ bonnes pratiques » o Régler les problèmes de traduction des pages - Faire le lien entre la page web de Tambopacaya (hôtel à Lima) et la page web de Caraltambo - Créer une localisation Google Maps Création de partenariats avec des Tour Opérateurs et agences de voyages à Lima, Huacho et dans les principales villes alentours. Source : Elsa Santiago - 2013 Suite à ces premières idées, nous avions commencé à travailler sur la création de partenariat avec des TO ou agences de voyages. Pour cela nous avons utilisé notre entretien avec le personnel de Caral pour obtenir des informations sur les entreprises avec lesquelles il travaillait et qui envoyait des touristes sur le site archéologique. Nous avons ensuite utilisé leur registre et recensé les principales entreprises qui pourraient nous intéresser et nous en avons cherché les contacts. Cependant ce travail s’est arrêté là, nous n’avons pas eu l’occasion d’entrer en contact avec elles. Afin de terminer cette présentation du travail effectué, nous mentionnerons la réalisation d’un document de présentation du projet d’éco-camping de Caraltambo qui pourrait être utilisé pour la présentation aux entreprises partenaires ou pour une utilisation promotionnelle. 113 CONCLUSION CHAPITRE 3 A travers ce chapitre, nous avons donc pu étudier un autre projet et ainsi avoir un aperçu un peu plus large des différentes situations dans lesquelles peuvent se trouver des projets de tourisme alternatif. Son analyse met en avant le fait qu’au-delà des difficultés de développement du projet dues au peu d’activité touristique dans la zone, celui-ci peu rapidement être freiné par des contraintes personnelles et économiques lorsque le projet est porté par une seule personne privée. Par ailleurs, ce chapitre nous a aussi permis de montrer une première ébauche de méthodologie et d’actions qui peuvent être mises en place afin de contribuer au développement de projets qui se trouvent dans de telles situations. Pour cela nous nous sommes basés notamment sur une analyse des besoins spécifiques du projet et nous avons dû développer des axes de réflexion autour des activités proposées par le camping et de sa promotion. 114 CONCLUSION PARTIE 2 Dans cette partie nous avons donc pu étudier deux exemples de projets touristiques alternatifs et voir dans quel contexte chacun s’insère. Pour cela, dans un premier temps nous avons proposé une méthodologie d’étude du projet d’agence de voyage solidaire de Cielo Azul. Nous avons ainsi rappelé le contexte de coopération internationale dans lequel s’inscrit le projet puis nous avons défini les différentes étapes nécessaires pour mener à bien notre travail. Il nous a paru essentiel de débuter par une analyse approfondie du projet et de son environnement. Puis, à partir de cette analyse, nous avons imaginé différentes actions possibles pour participer au développement du projet. De l’analyse du projet il ressort les éléments suivants : l’équipe de travail est jeune, dynamique et motivée, et a de nombreuses compétences et idées pour faire en sorte que l’activité de l’agence de voyage puisse se développer. De plus, on notera que les produits proposés sont complets et adaptables aux attentes des touristes ce qui leur permet de découvrir les principaux attraits de la région de la meilleure façon possible. Cependant, on a pu remarquer des problèmes importants au niveau du fonctionnement de l’agence, de sa gestion et de sa promotion. Dans un second temps, nous avons analysé l’environnement dans lequel s’intègre le projet et il apparaît que celui-ci est favorable tant sur le plan national que local. En effet, le tourisme au Pérou est en augmentation et notamment sur les formes de tourisme plus solidaires et alternatives. L’Etat péruvien a, par ailleurs, décidé de soutenir le développement de cette activité et ce, pas seulement dans les destinations phares actuelles du Pérou. De plus, on peut dire que la tendance actuelle au niveau des attentes des touristes favorise la destination Huancavelica « Route de l’authentique ». Sur le plan local maintenant bien que le tourisme soit encore très peu développé, il est en augmentation depuis plusieurs années et on voit de plus en plus de démarches émanant des institutions publiques allant dans le sens d’un développement de l’activité. Enfin, nous avons pu voir dans la troisième sous-partie, grâce à une première étude du projet d’éco-camping de Caraltambo que le développement d’un projet touristique dans une zone où il y a peu de tourisme est rarement facile. En effet, le porteur de projet doit souvent faire face à de nombreuses difficultés d’ordre techniques et matérielles notamment lorsqu’il s’agit d’une initiative privée. 115 PARTIE 3 : La mise en place d’actions et d’outils afin de favoriser le développement de l’agence de voyages et ainsi son impact positif sur le développement territorial local 116 INTRODUCTION PARTIE 3 A partir de la méthodologie décrite dans la partie précédente et du diagnostic effectué et présenté précédemment, nous avons effectué sur le terrain un travail de mise en place d’outils et d’actions afin d’améliorer le développement de l’agence de voyages Cielo Azul. C’est ce travail réalisé pendant 3 mois que nous allons maintenant présenter dans les deux premiers chapitres de cette partie. Nous commencerons par montrer dans un premier temps le travail effectué autour de la promotion et de la communication avec notamment la mise en place d’un plan de communication. Dans un second temps, nous verrons que plusieurs outils ont été mis en place afin d’améliorer le fonctionnement et la gestion de l’agence de voyages. Nous présenterons par ailleurs le travail éducatif effectué au sein de l’association Pukullawa allant dans le sens d’une amélioration du développement socioculturel local. Enfin, dans un troisième chapitre nous reviendrons de façon plus théorique sur nos premières réflexions présentées en début de ce mémoire en relation avec notre sujet d’étude : les facteurs de succès potentiels des projets touristiques solidaires et nous en donnerons une première critique en nous basant sur les deux projets qui ont formé notre terrain d’étude. 117 Chapitre 1 : Un plan de communication pour l’agence Cielo Azul Dans ce premier chapitre nous nous concentrerons sur un premier aspect de développement qui nous a semblé important pour que l’agence puisse progresser : la communication et la promotion. Nous verrons ainsi les différentes actions mises en places ou prévues afin d’améliorer la promotion de l’agence de voyage. 1. Réflexions sur la stratégie internet 1.1. La page internet de l’agence de voyages Actuellement l’agence de voyages Cielo Azul possède une page internet sous l’adresse : www.turismocieloazul.org qui présente les différents circuits proposés par l’agence et les valeurs et missions de l’agence vis-à-vis de l’association Pukullawa et du territoire de Huancavelica. Cependant, lors de notre arrivée sur le projet, cela faisait bientôt 2 mois que la page n’existait plus faute de paiement à l’hébergeur. C’est pourquoi notre première suggestion (transformée en action et menée) a été de récupérer la page car celle-ci nous paraît à l’heure actuelle essentielle pour communiquer sur l’agence tant sur le plan national, qu’international. C’est alors que s’est posé un second problème. Le délai de paiement étant dépassé depuis trop longtemps, le site tel qu’il existait avant avec la terminaison « .com », venait d’être mis en vente et l’agence était dans l’incapacité de le racheter à cause de son prix trop élevé. La page internet étant un outil presque obligatoire, nous avons alors engagé une réflexion sur les différentes possibilités qui s’offraient à nous, à savoir, refaire un site avec le même contenu mais une adresse différente ou atteindre le délai de 6 mois en espérant que le site n’ait pas été vendu. De façon évidente, nous avons préféré choisir la première option. C’est pourquoi, nous avons réfléchi avec les différents membres de l’équipe à la terminaison la mieux adaptée entre « .net ; .org ; .comp.pe ; .pe ». Nous avons évalué les avantages et inconvénients de chacun et avons réduit nos choix à deux possibilités « .org ; .pe ». « .pe » avait 118 l’avantage de situer automatique le lien au Pérou et donnait au site une spécialisation. Cependant, lors du référencement google, depuis l’étranger notamment, ce sont les pages internationales (.com ; .net ; .org ; etc.) qui viennent en premier, suivies par les pages nationales puis les pages d’un autre pays. Si des recherches sont faites depuis la France par exemple, les pages péruviennes ne sortiront qu’en 3e position ce qui est donc beaucoup trop loin. C’est pourquoi, au final il a été fait le choix de « .org ». A partir de là, il a donc fallu modifier les informations sur les documents promotionnels que nous avions à notre disposition et prendre note de ce changement pour les prochains documents pour que ceux-ci soient à jour. Par ailleurs, il faudra dans les mois qui viennent, surveiller la vente de l’ancienne adresse pour éventuellement la récupérer une fois le délai dépassé si elle n’a pas été vendue et ainsi être sûr que même les personnes ayant encore l’ancienne adresse puissent avoir accès aux informations. Enfin, nous avons émis quelques idées pour une amélioration de la page internet mais qui sont encore en cours de réflexion et en attente car la personne ayant les compétences nécessaires à l’agence n’est actuellement pas disponible. Ces idées sont les suivantes : a) Proposer aux touristes la possibilité de donner leur avis sous la forme d’un « livre d’or ». Il y a actuellement une rubrique témoignage mais qui ne permet pas de laisser de commentaires, seulement de lire ceux des autres. b) Mettre à jour les circuits disponibles sur le site qui ne correspondent plus exactement aux circuits proposés par l’agence. c) Ajouter des informations plus générales sur Huancavelica et sa région. Ainsi, on peut d’une part donner plus envie aux touristes de venir visiter la région et d’autre part on peut attirer sur la page web des personnes faisant des recherches sur la région qui vont ensuite découvrir l’agence de voyage. 1.2. La création d’une page Facebook La deuxième action menée en termes de stratégie web a été la création d’une page Facebook pour l’agence. En effet, on sait qu’aujourd’hui les réseaux sociaux occupent une place importante dans la vie des gens et plus seulement des jeunes. C’est pourquoi, c’est devenu un outil très important de communication et de promotion auprès de diverses clientèles. 119 Nous avons donc créé la page Facebook Turismo Cielo Azul pour pouvoir communiquer via ce réseau sur l’agence de voyage. A l’heure actuelle, les premiers articles ont été consacrés à des albums photos présentant les différents circuits que propose l’agence. Par la suite, l’idée est de partager les actualités du projet Cielo Azul mais aussi de Huancavelica à travers des photos, des vidéos, des liens vers des articles de presse, des entreprises ou des projets partenaires, etc. Il faut rendre la page interactive pour que les gens s’y intéressent. Les débuts sont très timides et il n’y a encore que très peu de gens qui ont aimé la page Facebook. C’est pourquoi, une fois la page créée, il faut la promouvoir de façon importante. Il faut que la page Facebook devienne un automatisme dans l’esprit du porteur de projet lorsque celui-ci mène des actions de promotion ou dans son travail au quotidien à l’agence. En effet, il faut inviter les touristes faisant un tour à l’agence à aller sur la page Facebook pour laisser un commentaire et donner leur avis. Par ailleurs, il faut penser à mettre le logo de Facebook, indiquant l’existence d’un page, sur tous les documents promotionnels et inviter là aussi les gens à s’y rendre pour qu’il découvre l’agence et aient envie de venir à Huancavelica. Toujours dans la même idée de connecter les supports de communication, il faut ajouter une possibilité d’aimer la page Facebook de l’agence directement sur la page internet officielle de Cielo Azul. Enfin, un autre axe de diffusion de la page est la création de liens vers d’autres agences de voyages, Tour Opérateurs, projets ou institutions partenaires qui ont eux aussi une page Facebook et ainsi permettre aux gens aimant une page de naviguer vers d’autres. A l’avenir, le plus important est surtout de continuer à mettre du contenu régulièrement sur la page pour que celle-ci reste attractive et que les gens qui l’ont aimée ne l’oublie pas, garde toujours l’agence de voyage dans un coin de leur tête et aient envie de venir ou revenir visiter Huancavelica et sa région. 1.3. Etre présent à travers d’autres sites internet Le troisième axe de travail au niveau de la stratégie internet est d’être présent sur d’autres sites internet de promotion du tourisme au Pérou et à Huancavelica. 120 Pour commencer, il est essentiel que l’agence soit présente dans les registres de services disponibles sur le site internet officiel du tourisme au Pérou que propose PROMPERU. Par ailleurs, il est important de participer aux différentes campagnes de promotion que mène cette institution tant au niveau national qu’international. Par exemple, depuis le 26 Août est lancée sur internet une campagne de promotion sur la région centre dont fait partie Huancavelica avec parmi les articles principaux les produits proposés par l’agence de voyage Cielo Azul45. En quelques jours, l’agence a reçu de nombreux appels et réservations et elle est ainsi en train de préparer des circuits pour les mois de Septembre et Octobre. Par ailleurs, l’agence de voyage est présente sur différents sites internet de promotion du tourisme à Huancavelica comme www.turismohuancavelica.com qui est le premier site à être référencé lorsque l’on cherche les mots « Turismo » et « Huancavelica » dans Google. Elle est aussi référencée au niveau des sites institutionnels comme sur le site de la DIRCETUR et on la trouve aussi par exemple sur le site d’ « Echoways » qui propose aux touristes des façons de voyager de manière plus alternatives. Cependant, sur certains sites les informations ne sont plus à jour et il est donc souvent nécessaire de faire un suivi afin d’être sûr que les touristes potentiels aient les bonnes informations notamment au niveau des contacts. 2. Des actions à destinations des clientèles locales, nationales et étrangères Nous avons choisi de diviser les actions en fonction du type de clientèle auquel elles s’adressent en nous basant sur le critère géographique. Cependant, il faut noter que les actions en direction des clientèles locales et nationales peuvent tout de même toucher une clientèle internationale mais de façon très mince. 2.1. Des actions en direction de la clientèle locale et nationale Pour commencer, plusieurs actions de communication ont été menées en direction des clientèles locales et nationales. Tout d’abord, le responsable de l’agence de voyage a servi de guide pendant les 3 jours de tournage d’un reportage sur la ville de Huancavelica et sa région. Ce reportage est 45 Campagne de communication région centre Pérou de PROMPERU [en ligne]. Disponible sur : http://www.turismoperu.info/centropone/oferta_de_viajes_huancavelica.html (Consulté le 27.08.2013) 121 présenté par une personnalité très célèbre au Pérou et il est diffusé sur la chaîne de télévision nationale TVPerú. Intitulé « Huancavelica belleza andina » (« Huancavelica beauté andine »), ce reportage a amené de nombreux touristes à l’agence de voyage. En effet, bien que le nombre ne soit pas exactement connu car aucun questionnaire n’a été mis en place pour savoir comment les touristes ont connu l’agence, plusieurs personnes sont arrivées à l’agence de voyage en nous disant qu’ils avaient vu Huancavelica dans le reportage ou qu’ils avaient vu le responsable de l’agence à la télévision et souhaitaient eux aussi pouvoir découvrir ces paysages et cette région. Par ailleurs, ce reportage disponible sur internet, va continuer à promouvoir la région de Huancavelica et va nous servir dans notre campagne de promotion web notamment via sa diffusion sur Facebook par exemple. La deuxième action mise en place est la création et la promotion de tours promotionnels à des prix très intéressants pour les fêtes nationales péruviennes. En effet, nous sommes partis de plusieurs constats : premièrement la principale clientèle venant à Huancavelica est nationale et deuxièmement, il y a au Pérou énormément de « week-ends longs » fériés dus à des festivités (la semaine sainte, le 28 Juillet fête nationale, le week-end du 30 Août pour une fête religieuse, etc.). Or c’est pendant ces périodes là que les péruviens voyagent le plus. Nous avons donc décidé que pour chaque période fériée au Pérou, nous organiserions des tours à des prix très avantageux pour les touristes. Ces nouveaux tarifs sont alors affichés de façon très voyante à l’extérieur de l’agence afin d’attirer à la fois les locaux et les touristes de passage à Huancavelica. Par ailleurs, ces circuits et tarifs sont aussi envoyés aux agences de voyages partenaires mais nous y reviendrons ultérieurement. C’est ainsi que pour chaque week-end férié, l’agence arrive à créer des groupes importants de touristes sur certains circuits et récolte ainsi des bénéfices importants dus à la quantité de voyageurs. Enfin, l’agence de voyages Cielo Azul a participé à la Feria Agro-industrielle de la région de Huancavelica du 27 Juin au 02 Juillet. Cette foire est un grand évènement à Huancavelica qui attire énormément de visiteurs locaux mais aussi nationaux, venant principalement des régions voisines. La participation à ce salon avait deux objectifs principaux. Premièrement, l’idée était de faire connaître l’agence de voyage à un maximum de personnes car il faut savoir que même à Huancavelica, certains ne savent pas qu’il existe une agence de voyages. Pour 122 cela nous avons distribué des flyers « à la volée » à tous les visiteurs en nous déplaçant dans toutes les allées du salon en les invitant à venir nous rendre visite sur notre stand situé à l’entrée du salon. Le second objectif était de faire connaître nos produits et de réaliser des ventes de circuits. Pour cela nous disposions donc d’un stand avec toute la documentation nécessaire pour offrir un maximum d’informations aux visiteurs sur les attraits de la région et les circuits proposés. Afin de rendre nos produits encore plus attractifs, des promotions spéciales Féria avaient été mises en place. Enfin, en complément de cela, nous vendions sur le stand des cartes postales et des stylos décorés de façon artisanale afin d’attirer les visiteurs vers le stand et de rapporter un revenu supplémentaire à l’agence et à l’association. Le salon a été visité par de nombreuses personnes (les chiffres officiels n’étant pas encore disponibles), cependant les retombées pour l’agence, bien que difficilement mesurables avec précision, n’ont pas été très importantes. 2.2. Des actions en direction de tout type de clientèle Différentes actions ont ensuite été menées visant cette fois-ci tant une clientèle nationale qu’internationale. Dans un premier temps, il a été décidé de mettre en place une campagne d’affichage afin de promouvoir l’agence de voyage. La première étape a donc été la création du poster. Suite à une réunion avec les principaux responsables de l’équipe, il a été décidé des éléments clés importants à mettre sur l’affiche pour que celle-ci représente au mieux l’agence et attire de potentiels clients. Les éléments choisis ont été les suivants : - mettre avant tout des photos car c’est ce qui attire le plus l’œil ; - par conséquent, mettre peu de texte mais les mots clés représentant au mieux les attraits de la région et les produits proposés par l’agence ; - faire mention du travail de solidarité avec le territoire et les enfants car c’est aussi ce qui représente l’essence même de l’agence. Nous avons donc réalisé une première ébauche de ce que pourrait être l’affiche promotionnelle de l’agence Cielo Azul. Pour cela nous avons fait une sélection des photos les plus représentatives et attractives, nous avons utilisé la charte graphique de l’agence (les couleurs orange et bleu ciel) puis nous les avons associés aux éléments sélectionnés précédemment. 123 Une fois cette première affiche effectuée et validée par les principaux responsables de l’agence et de l’association, celle-ci est passée dans les mains d’un des membres de l’équipe ayant des compétences en matière de design et graphisme. En parallèle de cette création graphique, un travail de réflexion a été mené autour de la diffusion que l’agence souhaitait faire de ces affiches. Premièrement, il a fallu évaluer le budget disponible pour cette campagne d’affichage. Il a ensuite été décidé de la taille idéale à donner à l’affiche en fonction de la visibilité souhaitée et du prix effectué par les différents imprimeurs. Puis la réflexion s’est portée sur les endroits où seraient affichés ces posters afin là aussi d’avoir une estimation du nombre de posters nécessaires, nombre qui sera ensuite mis en parallèle avec les prix proposés afin d’obtenir le nombre final qui allait être imprimé. Il a été décidé de sélectionner les endroits stratégiques permettant de toucher à la fois les touristes potentiels en visite à Huancavelica et les locaux : les hôtels de la ville, les principaux restaurants, la station de train, le terminal et les agences des différentes lignes de bus, les lieux touristiques et de loisirs (Bains thermaux, musée, complexe écologique, etc.) mais aussi la mairie et l’université. Par ailleurs, l’idée est aussi de poser ces affiches dans les principales villes émettrices de touristes nationaux comme Huancayo et Lima en ciblant notamment les offices de tourisme, les agences de voyages et les stations de bus. Cependant, cela nécessite un voyage dans ces destinations, ce qui nécessite du temps et de l’argent, c’est pourquoi cela n’apparait qu’en deuxième étape. A l’heure actuelle, le choix d’un imprimeur a été fait en choisissant la proposition la plus concurrentielle et les affiches sont en cours d’impression46. Dans un deuxième temps, il a été décidé de distribuer des flyers de l’agence de voyages à tous les hôtels et restaurants de la ville. Dans un premier temps, pour qu’ils prennent connaissance de l’existence de l’agence pour tous ceux qui ne la connaissait pas encore et dans un second temps pour que les touristes se rendant dans ces lieux puissent avoir à leur disposition les informations sur l’agence et les produits proposés. Enfin, nous avons commencé à créer une base de données des touristes venant à l’agence avec comme informations principales leur lieu d’origine et leur contact mail. Pour constituer cette base de données nous nous sommes appuyés sur le registre des visiteurs que doivent normalement remplir chaque personne qui passe à l’agence. Malheureusement cet enregistrement est encore loin d’être systématique ce qui ne permet pas d’avoir une vue réellement précise des touristes qui visitent Huancavelica et 46 Voir annexe I : Affiche promotionnelle de l’agence de voyage solidaire Cielo Azul 124 ceux qui utilisent les services de l’agence. L’idée est que cette base de données puisse servir par la suite pour faire des statistiques. C'est-à-dire, connaître le nombre de touristes passés par l’agence, les origines de ces touristes, etc. et ainsi avoir une vision plus précise du public de l’agence. Mais aussi et surtout, cette base de données doit servir pour pouvoir faire du mailing pour promouvoir l’agence par exemple lors de la sortie de nouveaux produits ou lors des différentes fêtes organisées à Huancavelica. 2.3. De nouvelles idées à exploiter Enfin, certaines idées sont restées à l’état de suggestion et d’actions potentielles à développer pour cause d’un manque de temps, de moyens ou tout simplement car elles n’étaient pas prioritaires. Pour commencer, il avait été émis l’idée de réaliser des mini-vidéos de type reportage sur l’agence et les différents circuits qu’elle propose. Cette action avait été entamée par l’autre volontaire présent sur la même période que la nôtre, avec notamment la réalisation d’une vidéo de présentation avec des photos des tours. Lorsqu’il est parti, nous n’avons pas eu l’occasion de continuer ce projet. Cependant, il nous semble que l’idée ne doit pas être abandonnée totalement car comme on dit « une image vaut mieux qu’un long discours ». En effet, ces vidéos pourraient être utilisées au sein même de l’agence pour donner envie aux clients de faire le circuit, ou être diffusées sur un écran à l’entrée de l’agence pour attirer les touristes et les inciter à rentrer dans l’agence pour prendre des informations ou enfin, elles devraient être utilisées pour la promotion de l’agence sur internet que ce soit via la page Facebook, sur la page internet de l’agence ou directement sur une chaîne Youtube. Cependant, le problème qui se pose pourrait être le manque de matériel et de compétences de la part de l’agence actuellement pour mener à bien cette action. En termes de documents promotionnels, il faut savoir que l’agence utilise actuellement des dépliants édités par la DIRCETUR présentant quatre circuits touristiques quasiment identiques à ceux que propose l’agence. Cependant, il n’est pas fait mention de Cielo Azul sur ces dépliants, il n’y a que les contacts de la DIRCETUR Huancavelica sachant que celle-ci ne peut proposer et vendre des circuits, cela lui est interdit par l’état. De plus, certains circuits de l’agence ont été modifiés depuis l’édition de ces dépliants et les personnes travaillant à l’agence se trouvent parfois dans l’obligation de dire aux clients qu’en fait ces circuits ne sont pas les bons. 125 C’est pourquoi, bien que ces dépliants soient pratiques, il nous semble pertinent de créer des documents promotionnels propres à l’agence proposant ses circuits comme elle les réalise et donnant les informations exactes quant aux personnes à contacter pour réaliser des tours. Cependant, l’agence n’a actuellement pas le budget pour se permettre de faire imprimer un nombre suffisant de documents, c’est pourquoi, elle utilisera encore pendant longtemps ceux de la DIRCETUR, jusqu’à ce qu’elle puisse se développer assez pour avoir un budget promotion suffisant. Enfin, la troisième idée émise est celle d’annonces radios pour promouvoir l’agence auprès de la population locale. En effet, les habitants de Huancavelica écoutent énormément la radio. Ainsi, il pourrait être intéressant de communiquer sur l’agence de voyages et l’association par ce média là. Par ailleurs, une annonce sur les radios locales ne coûte actuellement pas très cher. Jusque-là cette action ne s’est pas réalisée par manque de temps et de moyen humain, les personnes travaillant à l’agence n’ayant pas été disponibles aux bons moments. 3. De nouvelles cibles spécifiques : les scolaires et les agences de voyages En plus de ces différentes actions, il a été décidé au sein de l’agence de mener des actions vers des clientèles plus spécifiques. 3.1. Toucher les scolaires locaux et de la région Le 8 Juin 2013, l’agence de voyages a organisé, suite à la demande d’un professeur, une visite dans la ville pour un groupe de 23 scolaires âgés de 9/10 ans. Le tour correspondait au « City Tour » vendu normalement aux touristes mais modifié pour s’adapter à ce type de clientèle. Pour cela, moins de monuments étaient visités, le guidage était plus simple et pédagogique et nous avions ajouté des jeux pour distraire les enfants entre les visites. Il s’est avéré que le professeur, les enfants et les parents accompagnateurs étaient très contents et avaient apprécié leur journée. C’est pourquoi, suite à ce tour, l’agence a commencé à réfléchir sur les possibilités d’attirer une nouvelle clientèle. En effet, proposer des voyages aux scolaires offre plusieurs opportunités. 126 Pour commencer, on comptait, rien que dans la province de Huancavelica en 2011, en niveau primaire et secondaire, 359 écoles publiques et 31 écoles privées soit un total de 37 530 élèves. Ce qui fait un nombre potentiel de clients très important. De plus, chaque classe organise chaque année au moins deux voyages scolaires de plusieurs jours et des sorties les week-ends pendant toute l’année. Ce qui peut être intéressant pour l’agence, à la fois pour proposer des tours à la journée dans la région et des voyages plus éloignés en partenariat avec d’autres agences de voyages. En termes de développement socioculturel, il nous a semblé important que les enfants, à travers des circuits qui leurs sont proposés, puisse connaître leur ville, leur histoire et leur région. Cela leur permet d’avoir une meilleure connaissance de leur identité et une plus grande culture et une ouverture d’esprit grâce à la découverte de nouvelles choses. Enfin, participer à ces circuits leur permet de découvrir l’activité touristique et pourquoi pas de leur donner envie de s’investir à leur tour dans le développement touristique de la région en grandissant ou tout simplement de diffuser et promouvoir leur culture dans leur vie future. Une fois cette orientation décidée, nous avons adapté pour cette clientèle les différents circuits actuellement proposés par l’agence et nous avons créé des circuits spéciaux qui leur sont dédiés avec des activités ludiques et des jeux pour qu’ils puissent rester attentifs toute la journée. Par ailleurs, nous avons aussi adapté les gammes de prix de l’agence à cette clientèle. Une fois ces nouveaux circuits mis en place, avec le responsable d’agence, nous sommes allés rendre visite aux directeurs d’écoles à Huancavelica afin de présenter l’agence de voyages et les produits que nous pouvions leur proposer à Huancavelica et en dehors de la région. Pour cela, nous avons dans un premier temps ciblé les écoles privées car ce sont principalement elles qui ont les budgets les plus importants pour l’organisation de leurs voyages et sorties. Suite à ces visites nous avons eu plusieurs demandes de circuits à l’extérieur de la région sur lesquelles nous avons travaillé avec les partenaires de l’agence Cielo Azul. Malheureusement, ces propositions n’ont pas reçu de suite et l’on peut dire que cette première campagne de promotion auprès des écoles n’a pas eu un grand succès. Cependant, la clientèle des scolaires est une clientèle intéressante avec un fort potentiel qu’il ne faut pas laisser tomber. Il faudrait se pencher de façon plus approfondie sur les actions qui pourraient être mises en place pour la toucher. Nous pensons notamment à retravailler la gamme de prix. 127 Par ailleurs, il pourrait aussi être intéressant de se pencher sur le cas des écoles publiques qui n’ont certes pas le même budget que les écoles privées mais qui seraient surement plus intéressées par des voyages à la journée dans la région que par des voyages de plusieurs jours en dehors. Or les voyages à Huancavelica sont entièrement organisés par l’agence de voyage Cielo Azul et donc les bénéfices vont directement à l’agence et à l’association tandis que les voyages plus lointains doivent passer par une agence de voyages intermédiaire. Enfin, il pourrait aussi être intéressant de se pencher sur la clientèle des universitaires très nombreux à Huancavelica, environ 4 500 en 2011, et qui pourrait être intéressée par des voyages thématiques spécifiques sur l’histoire de la région par exemple. 3.2. Créer des relations avec des agences de voyages et TO péruviens Enfin, la deuxième clientèle cible correspond aux agences de voyages et Tour Opérateurs du Pérou. En effet, il est très important pour l’agence Cielo Azul de créer des partenariats avec d’autres agences et ainsi de pouvoir travailler en réseau. En effet, Cielo Azul étant une agence spécialisée sur la destination Huancavelica, elle doit pouvoir faire appel à d’autres agences si des clients locaux lui demandent des informations ou l’organisation d’un voyage dans une autre région. De la même façon, créer un partenariat permet à des agences d’autres villes comme Lima, de faire appel à l’agence Cielo Azul pour l’organisation de voyages à Huancavelica. Ainsi, se créer un réseau d’agences partenaires permet à Cielo Azul d’améliorer sa promotion et sa commercialisation. Pour aller dans ce sens, l’agence participe systématiquement aux différents salons de rencontres d’agences et TO organisés par PROMPERU. Par exemple, à Huancayo a eu lieu en Juin un salon spécialisé sur le tourisme scolaire dont nous parlions justement précédemment ou encore en Août a eu lieu une rencontre entre différents prestataires travaillant dans la région Centre du Pérou à laquelle appartient Huancavelica. Suite à ces différents salons et aux collaborations effectuées auparavant, il nous a paru intéressant de réaliser une base de données des agences de voyages avec lesquelles l’agence pourrait travailler. Cette base de données présentant principalement les contacts des partenaires potentiels a été triée en fonction des destinations de chacun afin de pouvoir contacter directement les agences concernées par nos demandes et ne pas perdre de temps à écrire à des agences de travaillant pas sur telle ou telle destination. 128 Par ailleurs, comme on a pu le voir précédemment, chaque année, des circuits sont mis en place spécialement pour les différentes fêtes organisées à Huancavelica et au niveau national. Ces produits sont alors envoyés par mail avec des tarifs spéciaux à chaque agence de voyage susceptible d’avoir des clients intéressés, principalement dans les grandes villes environnantes comme Lima ou Huancayo. Ainsi, ces agences ont à leur disposition les informations nécessaires pour vendre les circuits de Cielo Azul et participent à leur promotion. CONCLUSION CHAPITRE 1 Afin de conclure ce chapitre, nous présenterons un schéma résumant les différentes actions de communication et promotion mises en place au sein de l’agence de voyages Cielo Azul. Stratégie internet • Page internet de Cielo Azul • Création page Facebook de Cielo Azul • Présence sur d'autres sites internet Clientèle habituelle de l'agence • Reportage TVPerú • Tours promotionnels fêtes • Foire agro-industrielle de Huancavelica • Campagne d'affichage • Distribution de flyers dans les hôtels et restaurants • Base de données clients • Nouvelles idées (vidéo; radio; documents promotionnels) Cible des scolaires • Tours adaptés en contenu et prix • Promotion auprés des directeurs d'écoles • Potentiel encore à exploiter Cible des TO et agences de voyages • Participation aux salons spécialisés • Création d'une base de données agence de voyages • Création de partenariats • Echange d'offres des agences 129 Chapitre 2 : La mise en place de nouveaux outils pour développer l’activité de l’agence de voyages et de l’association Pukullawa En parallèle aux actions de communication menées, nous avons souhaité travailler sur le second axe de développement qui nous paraissait important : l’amélioration du fonctionnement et de la gestion de l’agence. C’est pourquoi dans ce chapitre nous verrons les outils mis en place et ceux en préparation ou en cours de réflexion. 1. Des outils pour améliorer la gestion et le fonctionnement de l’agence A partir du diagnostic établi présenté dans la partie précédente, il nous est clairement apparu qu’un des problèmes principaux de l’agence était lié à son fonctionnement et à sa gestion. Nous avons donc décidé de mettre en place une série d’outils pratiques pour les améliorer. 1.1. Comptabilité 1.1.1. Le problème rencontré Comme on a pu le voir dans la première partie de ce mémoire, la rentabilité économique d’un projet est très importante pour que celui-ci puisse continuer à fonctionner correctement et à agir sur le développement socio-économique local. Or, pour pouvoir avoir un suivi de cette rentabilité il faut avoir mis en place une comptabilité au sein du projet, ici de l’agence et que cette comptabilité soit mise à jour et actualisée. Ce qui n’était pas le cas à l’agence pour deux raisons. Premièrement, la comptabilité n’était que rarement mise à jour. Les informations n’y étaient inscrites que lorsque le responsable d’agence y pensait et par conséquent il manquait souvent des informations. Par ailleurs, comme nous l’avons évoqué précédemment, il y a aussi un manque de suivi dans l’activité de l’agence. Nous reviendrons plus longuement sur ce problème plus tard mais il y a ici aussi une incidence car ce manque de suivi joue aussi sur le fait que la comptabilité soit incomplète. 130 De plus, les documents utilisés pour tenir la comptabilité n’était pas adaptés à une comptabilité claire et précise. En effet, il était très basique, ne mentionnait aucuns détails et n’était pas vraiment organisé. 1.1.2. Les solutions apportées Afin de remédier à ces problèmes posés par la comptabilité, nous avons mis en place, avec l’autre stagiaire présent pendant le mois de juin, trois outils : un document comptable, un protocole d’utilisation et de suivi de la comptabilité et une formation à la comptabilité pour le responsable d’agence. Pour commencer nous avons donc créé un document comptable plus adapté afin d’avoir un meilleur suivi. Ce document bien que plus détaillé reste un document simple facile d’utilisation pour les personnes n’ayant que les bases en comptabilité. Ce document prend comme modèle le « Livre journal » de la comptabilité classique et permet d’enregistrer de façon précise les entrées et sorties d’argent pour chaque action réalisée par l’agence : vente et organisation d’un circuit, vente de cartes postales, déplacement pour un salon, etc. Ce document se présente de la façon suivante, les montants ayant été enlevés pour garder ces données confidentielles : Tableau 5 : Modèle de document comptable utilisé par l’agence de voyages Cielo Azul AGOSTO 2013 Compras Intitulado FECHA Ventas Precio Unidad Precio Unidad DISPONIBLE EN CAJA AL INICIO Total Intitulado FECHA Total X TOUR 1 : CIRCUITO MERCURIO TRANSPORTE 01/08/2013 01/08/2013 OTRAS COMPRAS RECARGA TEL 01/08/2013 GUIA SUB TOTAL BENEFICIOS INGRESO DE 01/08/2013 X DINERO X OTRAS VENTAS 2 postales 06/08/2013 X X SUB TOTAL EGRESOS DISPONIBLE EN CAJA AL FINAL Source : Kevin Trellu et Elsa Santiago - 2013 X X X X 131 Avec l’aide de la nouvelle présidente de l’association Pukkulawa, association dont dépend l’agence de voyages, nous avons ensuite réfléchi à la mise en place d’un protocole pour avoir un meilleur suivi de l’activité de l’agence et surtout de la comptabilité. Ce protocole se décline de la façon suivante. Pour commencer, le responsable d’agence devra noter chaque jour dans un cahier les informations relatives aux circuits effectués et vendus dans la journée. Ces informations serviront aussi au suivi de l’activité sur lequel nous reviendrons plus tard. A la fin de chaque journée il doit reporter dans le document comptable présenté ci-dessus toute les entrées et sorties d’argent de la journée puis compter l’argent à sa disposition afin de vérifier la correspondance entre les deux montants. Toutes ces informations devront ensuite être transmises de façon hebdomadaire à la présidente afin que celle-ci puisse en avoir un suivi régulier. Enfin, l’idée est de pouvoir ouvrir à la banque un compte spécialement pour l’agence de voyages sur lequel les recettes devront être versées de façon journalière ou hebdomadaire en fonction de la fréquentation et de l’activité enregistrée. Enfin, nous avons réalisé une formation de plusieurs heures afin que le responsable d’agence qui gère la comptabilité soit apte à utiliser ce nouveau document et à réaliser un meilleur suivi de la comptabilité de l’agence. 1.2. Regroupement des informations essentielles Notre second constat a été qu’il y avait premièrement, un manque de suivi dans l’activité de l’agence certaines informations étant notées, d’autres non et le tout dans plusieurs endroits différents et deuxièmement qu’il y avait un problème de fonctionnement de façon plus générale qui posait problèmes notamment quand le responsable d’agence n’était pas présent. 1.2.1. Un outil de suivi de l’activité Afin de palier aux problèmes de suivi de l’activité nous avons mis en place un outil très simple mais efficace. En effet, nous avons acheté un cahier pour noter toutes les informations et nous avons défini la façon de l’utiliser. L’idée était que chaque circuit vendu doit y être noté avec les informations suivantes : - nom du circuit ; 132 - date ; - nombre de personnes ; - Nom et contact téléphonique de la personne ; - Hôtel dans lequel la personne est logée ; - Somme payée en accompte et au total ; - Sommes payées aux différents prestataires. Ainsi, toutes les informations nécessaires pour avoir un suivi correct sont réunies dans un même endroit. Ce qui permet par la suite un enregistrement plus complet dans la comptabilité et de calculer des statistiques sur le nombre de produits vendus par mois et par année. Bien que cet outil ait été facile à mettre en place, il a fallu un peu de temps pour que le responsable de l’agence prenne le réflexe de l’utiliser systématiquement pour noter les informations au lieu de les noter sur des feuilles volantes comme à son habitude. 1.2.2. Un outil pour le fonctionnement au quotidien Le second problème constaté était le suivant : les informations nécessaires au quotidien comme les contacts des prestataires ou les informations pratiques sur les transports, étaient dispersées, sur des feuilles volantes, dans des cahiers, dans un ordinateur. Cela ne posait pas de problème au responsable d’agence qui connaissait la plupart ou avait les contacts directement dans son téléphone, cependant lorsqu’il était absent cela posait problème car il n’était pas toujours facile de trouver la bonne information au bon moment et il était souvent nécessaire de téléphoner finalement au responsable d’agence en faisant patienter les touristes. Pour remédier à cela, nous avons décidé que toutes les informations devaient être recensées dans un même endroit : un classeur bien rangé. Là aussi cet outil est finalement facile à mettre en place mais est très efficace pour permettre une plus grande opérationnalité des personnes travaillant à l’agence, autres que le responsable. Pour constituer ce classeur nous avons commencé par recenser toutes les informations qui nous étaient nécessaires tant pour la partie agence de voyages que pour la partie office de tourisme dont l’agence assume aussi le rôle. Puis nous les avons concentrées et rangées dans le classeur évoqué précédemment. Ainsi ce classeur était organisé de la façon suivante : 133 - une première partie avec les informations pratiques sur les circuits de l’agence : programmes et différents prix en fonction du nombre de personnes ; - une deuxième partie avec les contacts des différents prestataires : mobilité, guides et prestataires en tout genre (restaurant, loueur de bateau sur les lagunes, imprimeur, etc.) - une troisième partie avec les informations pratiques identifiées à partir des questions des touristes : horaires et destinations des compagnies de bus sortant de Huancavelica, horaires et prix de visite des sites touristiques de la ville et des églises, contact des hôtels et restaurants de la ville, etc. Ce classeur a rapidement été mis en place et permettra une prise en main plus facile de l’agence par les nouvelles personnes venant y travailler comme par exemple les volontaires étrangers envoyés par Solidaile. 1.3. Création d’un modèle de présentation des circuits Enfin, nous nous sommes rendu compte lors de la présentation de l’offre de l’agence de voyages aux différents clients tels que les écoles ou les agences de voyages, qu’il n’y avait pas de modèle de présentation des circuits attractif. En effet, à chaque fois que l’agence transmettait ses circuits à un client pour en faire la promotion ou pour répondre à une demande de devis, les circuits étaient présentés comme un bloc de texte présentant le programme du circuit. Or cette présentation n’est en aucun cas attractive et ne permet pas d’attirer le client. Nous avons donc décidé de mettre en place un modèle de présentation des circuits. N’ayant pas de grandes connaissances en graphisme, cette présentation reste simple mais nous la pensons efficace. Dans ce modèle nous avons mis l’accent sur les images qui sont les premiers éléments qui vont attirer les touristes et qui leur donneront envie de venir faire le circuit pour voir ce qu’il y a sur la photo. La deuxième caractéristique était de mettre en avant les points importants : le nom du circuit, les éléments clés à visiter, le prix et les éléments inclus. Ainsi, ce modèle a servi de base jusqu’à aujourd’hui pour toutes les présentations de circuits effectuées en l’adaptant à chaque fois aux besoins47. 47 Voir Annexe X : Modèle de présentation d’un circuit proposé par l’agence de voyages 134 2. Des outils et actions en cours de développement En plus de ces actions déjà menées et mises en place, un travail de réflexion a été entamé sur d’autres actions envisageables pour continuer à améliorer le fonctionnement de l’agence et ainsi lui permettre de se développer. 2.1. Modification des circuits et création de nouveaux Pour commencer, il a émergé lors d’une réunion avec l’équipe des guides travaillant à l’agence, l’idée que certains circuits devaient être modifiés car ils n’étaient plus adaptés aux attentes des clients et aux prestataires disponibles ou alors parce qu’ils avaient trouvé d’autres sites touristiques intéressants sur la route qui pourraient être ajoutés aux circuits. Ces modifications ont donc été débattues entre les guides puis certaines ont été validées. Cependant, sur le plan pratique ces modifications n’ont pas encore été mises en place. En effet, certains nouveaux lieux doivent être visités dans un premier temps par l’ensemble des guides concernés par le circuit afin de le connaître, d’en mesurer l’accessibilité et de préparer la visite. C’est pourquoi avant de pouvoir vendre le circuit dans sa nouvelle version, des « circuits d’exploration » vont être menés par les guides. Ce qui n’a pas pu encore être fait par manque de temps et de disponibilité des guides. En plus de ces modifications, il a été décidé de mener une réflexion sur des nouveautés qui pourraient être proposées aux touristes. En effet, nous avons vu que la majorité de la clientèle de l’agence et des personnes visitant la région sont des locaux ou des nationaux venant des principales villes les plus proches. Ainsi, cette clientèle pourrait très bien revenir si on leur propose de nouvelles choses à découvrir. C’est pourquoi l’agence de voyages est en train de réfléchir à de nouveaux circuits potentiels à proposer aux touristes dans la région. Ils peuvent se concentrer autour de sites touristiques qui ne sont pas encore vendus par l’agence ou autour de nouvelles activités. Par exemple, une des idées serait de proposer une randonnée à cheval dans les montagnes pour découvrir les paysages de la région autrement. Ces nouveautés sont donc pour certaines en cours de réflexion et pour d’autres en cours d’exploration. En effet, comme pour les modifications apportées évoquées 135 précédemment, ces nouveaux circuits doivent être premièrement explorés par des guides et le responsable d’agence afin de faire une reconnaissance des lieux, de déterminer les endroits les plus intéressants à visiter et de prendre contact avec différents prestataires avec qui ils seraient susceptibles de travailler. Une fois cette première exploration effectuée, le produit doit être monté, un prix doit être défini puis l’ensemble des guides doivent ensuite aller explorer le circuit afin de le reconnaître pour pouvoir ensuite effectuer les visites. Ainsi, c’est un processus qui est long car il faut trouver le temps d’aller réaliser le circuit ce qui n’est pas facile car, comme on l’a vu précédemment, les guides travaillant à l’agence sont des volontaires qui ne sont pas toujours disponibles et le responsable d’agence travaille seul au quotidien à l’agence. Il peut donc rarement se permettre de partir toute une journée en reconnaissance sur un circuit en fermant l’agence de voyages et par la même, l’office de tourisme. 2.2. Aménagement de l’espace de travail Le deuxième thème de réflexion a été autour de l’aménagement de l’espace de travail. En effet, il faut savoir que le local dans lequel se trouve actuellement l’agence de voyages est un local relativement ancien qui est loin d’être bien rangé et bien aménagé. C’est pourquoi lors de la réunion organisée avec les différents membres de l’équipe de travail, nous avons pensé qu’il pourrait être intéressant de réaménager le local afin de le rendre plus accueillant et d’attirer plus les touristes. Pour commencer, les lettres de l’inscription « office de tourisme » située sur la façade extérieure sont pour la plupart en train de tomber et il est difficile d’identifier que l’endroit où nous sommes correspond à l’office de tourisme et à une agence de voyages. Toujours à l’extérieur il faudrait penser à mettre systématiquement la banderole présentant les circuits de l’agence pour attirer les clients et les inviter à rentrer ou au moins mettre des affiches avec des promotions ou la présentation des circuits pour les mêmes raisons. A l’intérieur, la première étape serait de faire du tri dans les documents et le matériel à disposition afin de déterminer ce qui peut encore servir ou non car il faut savoir qu’il y a au sein de l’agence et de l’office de nombreuses choses qui pourraient être jetées ou 136 réutilisées comme des meubles cassés ou des documents promotionnels datant de l’année dernière. Une fois cette première étape effectuée, il faudrait réaménager l’espace de travail afin de le rendre plus accueillant et plus fonctionnel. Une autre idée qui avait émergée était de réaliser au sein des locaux de l’agence de voyages, une exposition photo. En effet, l’agence de voyages dispose d’un grand catalogue de photos prises lors des circuits par les guides ou les touristes et accumulées au fil des années. On y trouve des illustrations de l’ensemble des circuits proposés par l’agence de voyages. Ainsi, il pourrait être intéressant d’en imprimer les plus représentatives et les plus réussies afin de présenter aux touristes les atouts de la région, les sites touristiques qu’ils peuvent visiter, le travail de l’association Pukullawa et surtout de leur donner envie de s’y rendre et donc de réserver un circuit. Par ailleurs, une exposition photos ouverte au public attire souvent les gens et les incite à entrer dans un endroit, ici l’agence de voyages, ce qui permet ensuite de promouvoir les circuits en présentant le travail de l’agence. 2.3. Achat de nouveaux matériels et formations Enfin, l’idée suivante concerne l’amélioration de la sécurité des touristes lors des circuits et la volonté d’apporter au client un service le plus complet possible. Elle se décompose donc en deux parties. Dans un premier temps il est apparu intéressant de travailler sur la partie amélioration de la sécurité et du bien-être des touristes. En effet, bien que les guides soient formés pour proposer un service de qualité et que les prestataires avec qui l’agence travaille soient des prestataires de confiance et sans risques, il paraît important de pouvoir assurer une sécurité maximum pour les touristes. C’est pourquoi, une idée d’amélioration des services rendus par l’agence de voyages serait que tous les guides puissent suivre une formation aux premiers secours afin d’être en capacité de réagir au cas où il y aurait le moindre problème notamment dû au fait que la région est montagneuse avec des reliefs escarpés. La deuxième amélioration possible toujours dans ce thème serait que l’agence investisse dans l’achat de trousses de secours qui seraient disponibles à l’agence pour chaque 137 guide qui partirait en visite afin que celui-ci ait à sa disposition le matériel de base nécessaire s’il arrive le moindre problème aux touristes lors d’une visite guidée. Une autre idée émise pour améliorer le confort des touristes et leur proposer un service le plus complet possible, serait l’investissement de la part de l’agence dans du matériel permettant d’apprécier au maximum les visites guidées. Nous pensions par exemple à des jumelles très utiles pour l’observation des animaux lors des circuits ayant comme thème principal la découverte du patrimoine naturel comme celui des lagunes. Enfin, comme on l’a dit dans la partie précédente de ce mémoire, les différents guides travaillant à l’agence de voyages de même que le responsable ne maîtrisent pas du tout les langues étrangères. Il pourrait donc être intéressant qu’ils puissent suivre des formations dans ce domaine car bien que la clientèle étrangère soit encore peu nombreuse à Huancavelica, elle est en augmentation et elle ne parle pas toujours espagnol. Le problème est que ce type de formations coûte relativement cher et l’agence n’a pas les moyens financiers d’en payer à tous les guides. L’autre solution serait donc que ces formations soient données par les volontaires étrangers venant en stage au sein de l’agence de voyages comme nous l’avons fait. Toutes ces actions sont donc en cours de réflexion ou de préparation et n’ont pas pu être réalisées lors de notre stage par manque de temps, de moyens financiers et de disponibilité des différentes personnes concernées notamment des guides. Nous avons conscience que certaines de ces actions peuvent paraître un peu dérisoires comme de simples détails, par exemple l’aménagement de l’espace de travail, mais il nous semble important de travailler sur ces détails car ce sont eux qui ajoutent un petit « plus » à l’agence de voyages et qui permettent de la différencier. Ce qui est important quand on sait que de nouvelles agences de voyages risquent de se développer dans quelques années à Huancavelica car de plus en plus de personnes se rendent compte du potentiel touristique de la zone. 138 3. Le travail au sein de l’association Pukullawa Notre travail au sein de l’agence de voyages Cielo Azul a été complétée par un travail auprès de l’association Pukullawa et c’est maintenant cette partie-là de notre travail que nous allons présenter dans cette troisième partie. 3.1. Un travail éducatif et pédagogique Rappelons que, comme nous l’avons vu dans la première partie de ce mémoire, l’association Pukullawa est une association à but non lucratif créée à Huancavelica pour proposer aux enfants et adolescents des activités éducatives et culturelles. La première a donc été de déterminer avec l’ancien et la nouvelle présidente de l’association, en quoi nous pourrions être utiles, et qu’elles étaient les connaissances que nous pourrions apporter aux enfants. Nous avons commencé par définir qu’il faudrait profiter que des volontaires étrangers soient là pour pouvoir apporter aux enfants des connaissances que les gens de l’association et de Huancavelica travaillant avec eux ne pourraient leur apporter. C’est ainsi qu’il nous est apparu intéressant de leur donner des cours de langues étrangères. Nous avons longuement hésité entre le français et l’anglais puis nous avons choisi l’anglais pour les raisons suivantes. Premièrement l’anglais est la langue la plus parlée au monde et est encore celle la plus utilisée dans tous les milieux et notamment dans le tourisme, il est donc intéressant pour eux de pouvoir en apprendre les bases. Deuxièmement, au vu des expériences menées avec les adultes de l’association et de l’agence, il semblerait que l’anglais soit une langue plus simple à apprendre que le français pour les péruviens notamment en termes de prononciation. Par ailleurs, la plupart des enfants ont déjà certaines bases d’anglais apprises à l’école sur lesquelles nous pouvions nous appuyer. Le fait de donner des cours d’anglais ayant été validé, nous avons ensuite, toujours avec les présidents de l’association et l’autre stagiaire français, défini un emploi du temps et un programme de travail. Nous donnions ainsi des cours les samedis matins et samedis soirs dans deux groupes différents d’enfants. Le matin la classe durait environ 3h réparties de la façon suivante : 1h30 d’anglais, entre 30 et 45min de pause et d’activités sportives ou de détente et 45min d’échanges interculturels avec les enfants. Lors de cette dernière partie nous parlions d’histoire, de 139 géographie, de légendes et de mythologie antique pour nous et andine pour les enfants et nous répondions à toutes leurs questions sur la France et l’Europe en général en faisant des comparaisons avec le Pérou. Le soir, les classes duraient 1h30 et se faisaient avec des enfants plus petits et venant des quartiers les plus défavorisés de la ville. Une fois les programmes établis nous avons décidé des modalités d’accès à ces classes : Quel âge ? Quel prix ? Combien d’enfants par classe ? Etc. Il a alors été décidé que les cours du samedi matin seraient accessibles à tous les enfants de la ville qui le désiraient pour la somme de 5 soles soit 1,5 € pour 4 cours pour pouvoir donner accès à ces classes au plus grand nombre et faire entrer un peu d’argent dans la caisse de l’association. Les cours du soir quant à eux étaient gratuits et réservés à un petit groupe d’enfants du quartier de Yananaco, le plus défavorisé de Huancavelica, connus de la présidente de l’association. 3.2. Un travail de promotion Une fois toutes ces modalités déterminées, la deuxième étape était donc de promouvoir ces classes d’anglais afin de pouvoir toucher un maximum d’enfants afin qu’un plus grand nombre puisse en bénéficier et pour pouvoir apporter des revenus à l’association. Cette promotion s’est faite en plusieurs étapes. Premièrement, nous avons commencé par une campagne d’affichage. Des affiches faisant la promotion des cours d’anglais ont été collées sur les murs à l’extérieur de l’agence de voyages et des principales écoles dans des lieux stratégiques pour attirer le regard et inviter les parents à inscrire leurs enfants. Dans un deuxième temps nous avons réalisé des flyers que nous sommes là aussi allés distribuer à la sortie des écoles aux parents et aux enfants et nous en avons déposé dans certains endroits stratégiques comme la piscine ou encore la mairie. Enfin, un spot radio a été enregistré et diffusé pendant toute une semaine sur une des radios locales principales très écoutée à Huancavelica. Le local de l’association Pukullawa étant éloigné du centre ville, il n’était pas évident de s’y rendre et cela bloquait certains parents. C’est pourquoi nous étions à la recherche 140 d’un nouveau local pour donner les cours. Lors de ces recherches nous nous sommes dirigés vers les écoles et avons ainsi pu rencontrer les directeurs et leur faire part de notre travail. Ce qui a permis aussi d’en faire la promotion. Pour terminer cette partie sur la promotion, nous ferons remarquer que, étant donné que les inscriptions avaient lieu à l’agence de voyages, la communication autour des cours d’anglais permettait aussi de promouvoir le travail de l’association en général et surtout l’agence de voyages et les circuits qu’elle propose car même au sein de la population de Huancavelica, certaines personnes ne connaissent pas l’existence de l’agence. 3.3. Les difficultés rencontrées et les solutions envisageables Les difficultés rencontrées lors de ce travail sont principalement de deux ordres. Premièrement, le suivi irrégulier des cours par les enfants. En effet, ces cours ayant lieu le samedi et n’étant pas des cours obligatoires comme ceux de l’école, de nombreux enfants ne venaient pas de façon régulière et nous ne savions pas d’une semaine sur l’autre combien d’enfants viendraient et si ce seraient les mêmes que la semaine précédente. Cela pose problème car il est alors difficile d’avoir un programme bien précis des cours à donner et de préparer les classes. En effet, on peut se retrouver un jour avec un certain nombre d’enfants qui suivent la classe que nous appellerons numéro 1. La semaine suivante certains reviennent, d’autres non et de nouveaux arrivent, il faut donc refaire la classe N°1 pour certains et la N°2 pour d’autres. Enfin, la troisième semaine, on peut se retrouver avec des enfants nécessitant de voir les cours N°1, 2 et 3. Certaines semaines il n’y avait même pas d’enfants du tout à venir. Il est très difficile de remédier à ce problème de régularité dans la venue des enfants et à ce jour le problème n’est pas résolu car même en faisant payer les enfants à l’avance au moment de leur inscription, certains ne viennent pas. Le second problème correspond à une régularité dans le nombre de classes tout au long de l’année. En effet, actuellement ces cours ne sont donnés que lorsqu’il y a des volontaires étrangers qui viennent travailler à Huancavelica sur ces projets. Or cela est rarement identique tous les ans et irrégulier sur l’année. 141 L’idée serait de pouvoir trouver des volontaires capables et souhaitant donner des cours tout au long de l’année comme cela était fait dans les premières années de création de l’association. Cependant, depuis 1 mois, deux jeunes étudiants en anglais de Huancavelica souhaitent s’impliquer dans le travail de l’agence et de l’association. Il pourrait donc être intéressant de travailler avec eux sur un programme de cours d’anglais qui pourraient être donnés toute l’année. CONCLUSION CHAPITRE 2 Après la partie sur le travail en termes de communication et de promotion nous avons pu voir dans ce chapitre les autres axes sur lesquels nous avons travaillé lors de ce stage. Pour commencer nous avons travaillé sur des axes d’amélioration de la gestion et du fonctionnement de l’agence de voyages en travaillant notamment sur le domaine de la comptabilité. Nous avons mis en place des outils simples mais efficaces accessibles à tous et permettant à l’agence de fonctionner de façon plus opérationnelle en présence ou non du responsable d’agence. Nous avons ensuite présenté différentes pistes de réflexions qui pourraient aller dans le sens d’une amélioration des services proposés par l’agence : une modification et un renouveau des circuits, un aménagement de l’espace de travail, l’achat de matériel et des formations pour les guides et le responsable d’agence. Enfin, nous avons présenté le travail effectué au sein de l’association Pukullawa dont l’agence fait partie intégrante. Ce travail était cette fois-ci à visée éducative et pédagogique envers les enfants de la région de Huancavelica. Nous allons maintenant terminer notre mémoire par une présentation du travail de réflexion plus théorique autour de notre thème d’étude. 142 Chapitre 3 : Analyse des pistes de réflexions établies en début d’étude par leur confrontation aux expériences terrains Dans ce troisième et dernier chapitre nous allons donc revenir sur les trois hypothèses de réflexion présentées au début de cette étude et nous les allons les mettre en parallèle avec les terrains d’études sur lesquels nous avons travaillé afin d’en donner une première analyse. 1. L’utilisation du patrimoine dans le cas du projet Cielo Azul et du projet CaralTambo 1.1. Le cas du projet Cielo Azul 1.1.1. L’utilisation actuelle du patrimoine Le projet Cielo Azul est clairement construit autour du patrimoine de la région de Huancavelica. En effet, l’activité de l’agence de voyages est basée sur la vente et la promotion du patrimoine naturel et culturel de la zone à travers ses divers circuits. Il a donc une importance capitale dans ce projet. Consciente de son importance à la fois pour le tourisme et pour le territoire, l’agence tente de mener depuis plusieurs années des actions de sensibilisation auprès des populations locales notamment vis-à-vis de la gestion des déchets. En effet, sur le site touristique de la mine de Santa Barbara par exemple, on trouve en général de très nombreux détritus laissés par les populations locales après leurs repas notamment (bouteilles de bières, couverts en plastique, épluchures de fruits, emballages de nourriture, etc.). C’est pourquoi la présidente de l’association et le responsable de l’agence sont allés voir le président de la communauté locale pour essayer de lui faire comprendre l’intérêt de garder le lieu propre. De la même façon, lors d’une réunion, avait émergé l’idée que les personnes travaillant à l’agence de voyages aillent nettoyer les sites touristiques pour « montrer l’exemple ». Toujours sur le même thème, une sensibilisation est aussi faite auprès des prestataires pour qu’ils protègent et prennent soin de leur patrimoine. 143 Par ailleurs, l’agence travaille actuellement en collaboration avec la mairie sur un projet de valorisation et de mise en valeur de la mine de Santa Barbara qui est aujourd’hui en danger de par les dégradations que lui inflige le temps. Enfin, par son travail en faveur du développement du tourisme dans la région de Huancavelica, l’agence de voyages participe à la diffusion et à la promotion du patrimoine naturel et culturel à travers le monde mais aussi auprès de la population locale. Grâce à cela, elle aide à faire prendre conscience aux locaux de leur richesse et de leur identité culturelle ainsi qu’à retrouver une estime d’eux-mêmes qu’ils avaient souvent perdu à cause de la fermeture de la mine et de l’image nationale qu’ils ont de « région la plus pauvre du Pérou ». 1.1.2. Le manque de valorisation et de promotion du patrimoine Seulement la promotion faite par l’agence de voyages n’est actuellement pas suffisante pour attirer un nombre important de touristes et finalement très peu d’actions de protection et de valorisation sont entreprises. Nous nous appuierons pour illustrer ce propos sur l’exemple de la Mine de Santa Barbara. En effet, cette mine qui est l’essence même de l’histoire de Huancavelica et qui fait partie intégrante de l’identité culturelle de la région est aujourd’hui en train de se dégrader petit à petit et risque de disparaître au fur et à mesure des années si aucune action n’est entreprise. De plus, certains outils et matériels d’époque ont été enlevés pour être réutilisés par l’entreprise privée qui possède la mine. Par ailleurs, aucune action de valorisation n’est à ce jour mise en place, le circuit proposé par l’agence permet juste de voir les infrastructures laissées intactes au moment où la mine a fermé alors que beaucoup de choses pourraient être faites. En discutant avec des touristes nous nous sommes rendu compte que la mine représente un énorme potentiel d’attractivité touristique si on décidait de la mettre en valeur. Les touristes eux-mêmes nous faisaient la remarque que c’était vraiment dommage de laisser à l’abandon un patrimoine culturel si riche. Alors pourquoi n’y a-t-il rien de fait ? Simplement car à l’heure actuelle la mine appartient à une entreprise privée d’exploitation minière qui ne se soucie pas du côté patrimonial du site. 144 C’est pourquoi depuis plusieurs années déjà la mairie a décidé de mener des démarches pour obtenir le statut de patrimoine national voire mondial auprès de l’UNESCO afin de pouvoir réagir. Ainsi, elle pourrait mettre en place des mesures pour protéger la mine et surtout pour la valoriser, par exemple par le biais de la création d’un musée, afin d’en faire un vrai site touristique attractif. Cependant les démarches sont longues et ne sont pas suivies et à l’heure actuelle ces démarches n’avancent pas. C’est pourquoi il nous est venu l’idée de voir quel soutien pourrait apporter l’agence de voyages à ce projet et à ces démarches voire même quel poids pourrait avoir le soutien d’une ONG internationale comme Solidaile. De la même façon, le patrimoine culturel immatériel que représente les fêtes et festivals à Huancavelica n’est que très peu mis en valeur même par l’agence de voyages. 1.2. Le cas du projet de Caraltambo Sur le projet d’éco-camping de Caraltambo, la situation est un peu différente car le patrimoine ne constitue pas la base du projet qui s’articule autour de la création d’un hébergement. Cependant, bien que de façon indirecte, le patrimoine reste un élément clé de la réussite du projet. En effet, c’est lui qui va attirer les touristes dans la région qui vont ensuite aller se loger dans le camping, ce qui permettra au projet de fonctionner. Dans le cas du projet Caraltambo, le porteur de projet mise essentiellement sur l’attrait que représente le site archéologique de la ville sacrée de Caral car c’est le principal atout de la région et il attire à lui seul des milliers de touristes toujours plus nombreux chaque année. Si on s’attarde un peu sur ce site et sa gestion, bien que ce ne soit pas le cœur de notre sujet, on notera que justement il en fait une valorisation réfléchie qui met l’accent avant tout sur la protection du patrimoine culturel qu’il représente et sur son impact sur le développement territorial. En effet, seul des groupes accompagnés par un guide peuvent visiter le site afin que les touristes restent dans les chemins balisés et n’aillent pas abîmer les vestiges archéologiques. Par ailleurs, ce sont des groupes de dix personnes maximum. On notera aussi qu’il est donné une grande importance à la diffusion culturelle de cette découverte sur le plan national et international et que ce site a permis la création 145 d’un très grand nombre d’emplois dans la région. Cependant, ce dernier élément reste à nuancer en tant que point positif car ces emplois sont souvent mal payés et très contraignants. Pour revenir plus directement au projet de Caraltambo, on notera tout de même que le porteur de projet compte aussi énormément sur le patrimoine naturel de la région et la situation du camping au cœur de cette nature pour attirer des touristes. Par ailleurs, il mène des actions de protection de ce patrimoine, comme on a pu l’évoquer dans la deuxième partie de ce mémoire, et lui accorde une grande importance. 1.3. Conclusion quant à cette première piste de réflexion A partir des deux terrains d’étude exposés ci-dessus, on peut tirer quelques premières conclusions quant à l’utilisation du patrimoine dans les projets de tourisme solidaire. Pour commencer, on remarque que le patrimoine est un élément clé de ces deux projets. Que ce soit de manière directe ou indirecte, les projets touristiques alternatifs sont toujours étroitement liés à l’exploitation d’un patrimoine qu’il soit naturel ou culturel. Par ailleurs, on peut dire que dans les deux cas, les acteurs du projet ont conscience de l’importance de ce patrimoine et de sa protection et entreprennent donc des actions en ce sens. Bien que ces deux projets ne nous permettent pas de répondre de façon précise à la question de savoir comment valoriser un patrimoine dans le cas d’un projet touristique solidaire, ils mettent en avant l’idée que cette valorisation est essentielle voire nécessaire à la fois pour la protection du patrimoine et pour en faire un réel attrait touristique. On notera quand même l’idée venant de Huancavelica que la protection peut se faire à partir d’une reconnaissance de son importance patrimoniale par des instances nationales ou internationales. Ces deux projets ne sont pas encore touchés par une fréquentation touristique massive, il est donc difficile de savoir comment ils réagiront face à l’augmentation du tourisme. Il serait intéressant de poursuivre cette étude dans quelques années afin de savoir si des dispositions particulières ont été mises en place pour protéger les patrimoines face à une croissance du nombre de touristes. On notera en ce sens par exemple, les efforts du site 146 de Caral pour protéger le site tout en l’ouvrant au public afin que celui puisse découvrir et partager ce patrimoine culturel historique. 2. L’importance de la création d’un réseau d’acteurs pour le projet mais aussi pour le territoire 2.1. L’importance de l’utilisation du réseau à Huancavelica Dans le cas du projet Cielo Azul, l’utilisation des partenariats est très importante pour le projet et son développement. 2.1.1. Le partenariat avec Solidaile Pour commencer, nous sommes obligés de mentionner le partenariat avec Solidaile, ONG française sans qui l’agence de voyages n’existerait pas aujourd’hui et ne pourrait pas continuer à fonctionner. En effet, comme on l’a vu précédemment c’est grâce aux moyens financiers et humains, par le biais des stagiaires, que l’agence Cielo Azul s’est créé et c’est encore à l’heure actuelle Solidaile qui permet de payer le salaire du responsable d’agence, seule personne à travailler à temps plein et qui permet à l’agence de fonctionner. Par ailleurs, c’est notamment grâce aux stagiaires et volontaires que Solidaile envoie que l’agence se développe petit à petit et mène des actions dans ce sens. 2.1.2. Le réseau de prestataires sur le territoire Le deuxième aspect qui nous intéresse est celui du réseau créé sur le territoire. En effet, comme on a pu le voir précédemment, l’agence de voyages travaille avec un ensemble de prestataires sur la région de Huancavelica. Ce sont tous des locaux qui connaissent très bien le territoire. Ce réseau permet plusieurs choses. Premièrement il permet de faire découvrir aux touristes le territoire d’une manière plus « authentique » en allant à la rencontre des locaux ce qui leur permet d’échanger directement et de partager leur culture. Par ailleurs, le fait que ce soit des gens de la région permet d’offrir au touriste un service de qualité. 147 Par exemple, les guides peuvent répondre plus facilement à des questions ne concernant pas directement le site touristique visité mais plutôt la vie quotidienne ou l’histoire locale. De la même façon, les chauffeurs connaissent bien la région et peuvent ainsi adapter facilement leurs circuits à des demandes particulières ou à des imprévus sur la route ne leur permettant pas de faire le circuit habituel. De plus, avoir un réseau de prestataires locaux permet de pouvoir répondre plus facilement à des demandes de produits sur mesure ou à des imprévus. En effet, les locaux ont plus facilement des connaissances ou des contacts sur le territoire pour tel ou tel besoin. Cela permet aussi d’établir un contact plus direct avec les personnes, ce qui permet par exemple d’instaurer une plus grande confiance, de régler plus facilement un problème ou encore de négocier plus facilement des tarifs. Enfin, travailler avec des prestataires locaux permet d’être sûr que les retombées vont directement à la population locale sans intermédiaire et ainsi participent au développement économique local. 2.1.3. Les partenariats avec les autres agences L’agence Cielo Azul s’est aussi créé au fil des années des alliances et partenariats avec plusieurs agences de voyages dans d’autres villes péruviennes. Comme on a pu le voir précédemment, cela permet par exemple de promouvoir ses produits de façon plus large dans d’autres destinations. Cela lui donne aussi la possibilité de pouvoir proposer des produits autres que sur la région de Huancavelica à des locaux qui voudraient voyager et inversement cela permet à des nationaux de venir à Huancavelica en passant par le biais des agences partenaires. Par ailleurs, on pourrait mentionner aussi le partenariat avec la deuxième agence de voyages qui s’est créé à Huancavelica en 2010. Ce partenariat est actuellement bénéfique à l’agence car il lui permet de compter dans ces membres un guide supplémentaire et de ne pas être en concurrence directe avec cette structure. Cependant, il nous semble qu’il faut y faire attention car sur le long terme, il se peut que cette alliance nous porte préjudice. En effet, le responsable de cette agence travaille en ce moment avec l’agence Cielo Azul, il connait donc ses circuits, ses prestataires, ses tarifs ou 148 encore sa façon de fonctionner et ses stratégies de promotion. Or il pourrait utiliser ces informations contre nous par exemple en proposant les mêmes circuits à des prix plus compétitifs. Cependant, cela ne semble pas être le cas pour l’instant et l’agence devra de toute façon bientôt faire face à une concurrence certaine avec le développement de l’activité touristique dans la région. 2.1.4. La collaboration avec les institutions publiques Enfin, pour compléter cette partie sur les alliances du projet Cielo Azul, il nous faut mentionner les collaborations avec les institutions publiques. En effet, il existe un partenariat important entre l’agence de voyage, la mairie et la DIRCETUR. Pour commencer, parlons de la mairie. La première chose qu’il faut noter est que sans la mairie, l’agence de voyages n’aurait pas de local. Leur entente est donc obligatoire si elle ne veut pas être obligée à déménager. Par ailleurs, les deux structures travaillent souvent ensemble sur des projets de la mairie liés au tourisme dans lesquels l’agence doit apporter son soutien en termes de guidage par exemple. Dans l’autre sens, la mairie propose à Cielo Azul de participer à des évènements, ce qui lui permet de faire sa promotion. Cependant, ce partenariat et la dépendance de l’agence vis-à-vis de la mairie à cause du local peut parfois s’avérer préjudiciable pour celle-ci qui peut difficilement dire non à une demande même quand cela concerne une demande de soutien financier. L’agence de voyages travaille aussi en grande collaboration avec la DIRCETUR et PROMPERU pour toute sa partie communication et promotion, ce qui lui permet de participer à des salons, d’obtenir des documents promotionnels ou encore d’être présent dans les campagnes réalisées pour promouvoir le Pérou et ses différentes régions tant au niveau national qu’international. Dernièrement, par exemple, le projet Cielo Azul est présent dans la grande campagne de promotion de la région Centre que réalise PROMPERU48. 48 Disponible en ligne sur ytuqueplanes.com (Consulté le 01.09.2013) 149 2.2. La non-utilisation du réseau et ses conséquences à Caral Sur le projet de Caraltambo au contraire il n’existe à l’heure actuelle aucun partenariat ni alliance créés avec d’autres structures par volonté du porteur de projet. Bien qu’il soit difficile de déterminer exactement qu’elles sont les conséquences directement liées à ce manque de création de réseau, on peut en imaginer quelques unes. Pour commencer, comme on a pu le voir dans la deuxième partie de ce mémoire, on sait que la DIRCETUR-Lima dont dépend le projet de Caraltambo mène plusieurs actions en faveur du développement du tourisme dans la région de Barranca et encore plus précisément dans le district de Supe en s’appuyant sur le site archéologique de Caral. Ainsi, une coopération avec la DIRCETUR aurait pu permettre au porteur de projet de participer à des formations spécialement organisées pour les hébergeurs notamment sur les questions de qualité de service, de confort ou encore de stratégie de promotion. Alors que cela correspond au type de connaissances essentielles pour la mise en place et le développement d’un hébergement. Par ailleurs, comme à Huancavelica, la DIRCETUR de Lima organise souvent des campagnes de promotion dont pourrait profiter le projet. Par exemple, lors de mon travail dans cette zone en Mai, elle était en train de réaliser une vidéo promotionnelle justement pour mettre en avant les atouts et services proposés dans la région de Caral. Or le responsable de la DIRCETUR m’a clairement dit que l’éco-camping de Caraltambo aurait pu y être s’il collaborait de façon plus régulière avec eux et notamment si le porteur de projet avait participé aux formations citées précédemment. On peut aussi faire remarquer, qu’une collaboration avec des agences de voyages notamment à Lima pourrait être un grand avantage pour le projet notamment pour sa promotion et sa commercialisation. En effet, lorsque nous étions à Huancavelica, nous avons eu l’occasion de discuter avec la responsable d’une agence à Lima qui nous a justement dit que quelques jours avant elle était à la recherche d’un hébergement sur Caral pour un groupe de touristes qui voulaient être au plus prêt du site touristique. On imagine aisément que si cette personne avait besoin de cette infrastructure qui correspond au camping de Caraltambo, d’autres agences pourraient facilement la nécessiter aussi. Ce qui permettrait de faire fonctionner le projet de façon plus régulière. 150 2.3. Conclusion quant à la deuxième piste de réflexion Ainsi, on peut voir grâce à ces deux projets que la création de partenariats quel que soit le type d’acteurs est en général très bénéfique à un projet. En effet, ces collaborations permettent d’apporter un soutien, des ressources et des opportunités aux projets. Cependant, comme nous nous posions la question en début de ce mémoire, il faut faire attention aux alliances que l’on met en place car parfois elles peuvent se retourner d’une façon ou d’une autre contre le projet. En effet, dans le cas par exemple de Cielo Azul on peut voir apparaître au moins trois menaces dues aux partenariats créés. La première, nous l’avons évoqué plus haut, concerne le partenariat avec l’autre agence de voyage présente sur Huancavelica qui risque d’entrer en concurrence avec celle de Cielo Azul avec des avantages dus à ses connaissances de l’agence. La deuxième menace concerne la collaboration avec la mairie. Comme on a pu le mentionner précédemment, elle entraine une certaine dépendance de l’agence de voyages vis-à-vis de la mairie et elle se retrouve parfois bloquée dans des situations délicates quand elle ne peut répondre à une demande des autorités locales. Enfin, la troisième menace concerne le partenariat avec Solidaile. En effet, de la même façon qu’avec la mairie, l’agence de voyages Cielo Azul est dépendante ce coup-ci financièrement de l’ONG française. Si celle-ci décide un jour de ne plus financer le projet, celui-ci n’a pas encore assez d’autonomie pour survivre. Il sera donc là aussi obligé de satisfaire ses demandes même si cela ne l’arrange pas toujours. Enfin, pour terminer cette partie on peut quand même mentionner que créer des alliances avec l’ensemble des acteurs liés directement ou non à l’activité touristique n’est pas obligatoire pour la réussite du projet cependant, cela l’aide fortement. 151 3. Les problèmes rencontrés sur les projets face au manque d’organisation, de planification et de communication 3.1. Le cas du projet Cielo Azul 3.1.1. Les problèmes de fonctionnement de l’agence Pour commencer, nous mettrons en avant le fait qu’un des principaux problèmes rencontrés par l’agence de voyages se situe au niveau du fonctionnement, problèmes dus à une mauvaise organisation de la part du responsable de l’agence. En effet, comme nous l’avons évoqué précédemment, il y avait un problème dans la gestion des priorités ce qui entrainait souvent au final la réalisation d’un travail bâclé ou mal fait ou encore un retard important par rapport au planning établi. Cette situation peut ensuite jouer par exemple sur la réservation ou non d’un voyage par un client qui avait demandé un devis. C’est sûrement ce qui est arrivé avec certaines écoles. On a pu voir aussi dans les chapitres précédents que ce manque d’organisation jouait aussi un rôle déterminant dans le suivi et la gestion irrégulière de la comptabilité. C’est un ensemble de petites choses qui au final gêne le bon fonctionnement de l’agence et donc son potentiel de développement. 3.1.2. La question de la rentabilité financière Comme on l’a évoqué rapidement ci-dessus, le projet de Cielo Azul est à l’heure actuelle encore financièrement dépendant des aides de l’association française Solidaile. En effet, c’est elle qui permet d’offrir un salaire au responsable d’agence. Bien qu’effectuant depuis plusieurs années des bénéfices, ceux-ci ne sont pas encore assez importants pour couvrir à la fois, le salaire du responsable, les frais divers de fonctionnement et de promotion et l’aide apportée à l’association Pukullawa qui est à la base une des raisons d’être de la création de l’agence. Pour pouvoir gagner en autonomie, le projet a donc besoin d’être plus productif. Les prix des circuits étant déjà élevés, la principale option est de vendre un plus grand nombre de tours et donc d’attirer un plus grand nombre de touristes. 152 Pour cela, la principale option est de mettre en place, comme nous l’avons fait, des actions de promotion et de communication afin de faire venir plus de touristes à l’agence mais aussi plus largement à Huancavelica pour que le projet puisse bénéficier à l’ensemble du territoire. Pour preuve que cette stratégie est efficace, on peut donner l’exemple du guide du Routard. En effet, depuis cette année Huancavelica et l’agence de voyages Cielo Azul sont dans le guide du Routard avec par ailleurs une bonne critique. Or cette année, on a vu arriver plus de français que d’habitude et la plupart, lorsqu’on leur a posé la question, nous on dit qu’ils avaient connu Huancavelica et qu’ils avaient décidé de venir grâce au guide du Routard. De plus, de la même façon, le reportage réalisé par TVPerú a permis de faire une grande promotion de la région de Huancavelica et plusieurs touristes péruviens nous ont confirmé qu’ils avaient eu envie de venir parce qu’ils avaient vu le reportage. 3.2. Le cas du projet Caraltambo Le projet d’éco-camping Caraltambo est selon nous l’exemple type d’un projet qui n’a pas été planifié ni préparé de façon correcte à l’avance. En effet, lorsqu’on voit l’état du projet actuellement on se rend compte qu’il est constitué d’un ensemble de microprojets qui ne sont pas aboutis, qui restent incomplets et qui donc ne fonctionnent pas correctement. Pour rappel, il y a un bâtiment comportant plusieurs chambres mais qui n’est pas complètement aménagé : une chambre sert de dortoir tandis que les deux autres pièces servent de hangars où s’entassent des meubles et du matériel en tout genre. Il y a environ cinq salles de bains mais une seule à accès à l’eau et son aménagement n’est pas terminé. Un projet de bibliothèque a été entamé mais le bâtiment n’est pas fini, les livres s’abîment car ils sont soumis aux aléas climatiques et aux insectes et par conséquent, elle ne fonctionne pas et n’est jamais ouverte. Un investissement a été fait dans l’achat de ruches mais c’est très récent, elles ne sont donc pas exploitées. Par ailleurs, nous savons qu’à l’heure actuelle, la situation économique ne permet pas au porteur de projet de poursuivre les travaux d’aménagement dans le camping ni de rembourser son prêt à l’association Solidaile. 153 C’est pourquoi, au vu de la situation, il nous semble pertinent de dire qu’il y a eu un manque d’organisation et de planification du projet dès le début. En effet, nous imaginons que par exemple l’argent qui a servi pour construire la bibliothèque aurait pu aller de façon prioritaire au bâtiment qui constitue les chambres et les salles de bain car ce sont ces infrastructures qui constituent le cœur même de l’hébergement. A partir des premiers revenus, le projet de bibliothèque aurait pu ensuite être mené à bien et ainsi être lui aussi fonctionnel. Par ailleurs, on pourra noter aussi que ce projet ne mène aucunes actions de promotion ou de communication. La région n’étant pas encore très touristique, cela pourrait lui être utile pour attirer des touristes afin d’avoir une certaine rentrée d’argent qui lui permettrait de se développer et d’améliorer les services proposés. 3.3. Conclusion quant à cette dernière piste de réflexion Pour commencer, il nous semble clair grâce à l’étude du projet de Caraltambo que la planification et la phase de préparation du projet joue un rôle clé par la suite dans la réussite de celui-ci. En effet, on voit qu’à Caraltambo, le projet n’a pas dû être réfléchi de façon approfondie sinon on imagine que son développement se serait fait de façon différente, par étape et non par la superposition de plusieurs microprojets. Or, ce projet a aujourd’hui des difficultés à fonctionner. A l’inverse, il semblerait que le projet de Cielo Azul ait été bien pensé dès sa création car on remarque par exemple que les circuits élaborés sont quasiment les mêmes qu’aujourd’hui et que l’agence a actuellement toute sa place dans la ville et qu’elle est même devenue essentielle avec l’augmentation de la fréquentation touristique car elle reste la seule à proposer des informations et des prestations aux touristes. Cependant, il faut faire attention car les contextes étant différents, on ne peut pas affirmer avec certitude que la réussite ou non de ces projets est due à la façon dont ils ont été planifiés et préparés au moment de leur création. Mais on peut dire, ce coup-ci sans trop se tromper, que cela joue quand même un rôle déterminent. On peut aussi faire certaines conclusions concernant la rentabilité économique des projets. 154 Premièrement, dans les deux cas, on se rend compte qu’elle n’est pas facile à atteindre pour des projets comme ceux étudiés qui sont des projets de petites tailles dans des zones encore peu touristiques. Deuxièmement on peut aussi dire que même si le but premier de ces projets n’est pas de faire des bénéfices, Cielo Azul est par exemple une association à but non lucratif, la rentabilité économique est pourtant nécessaire pour que le projet puisse être autonome vis-à-vis d’autres organismes, ici Solidaile, et se développer de façon intéressante. Enfin, on remarque que dans les deux cas, ce manque de rentabilité est essentiellement dû au manque de touristes. Ainsi, une des solutions qui peut être apportée est celle d’un renforcement ou de la création d’une stratégie de communication et de promotion. CONCLUSION CHAPITRE 3 Dans ce chapitre nous sommes donc revenus sur les différentes pistes de réflexion que nous avions proposées dans la première partie de ce mémoire et nous les avons analysées en nous appuyant sur les deux projets qui ont constitué notre expérience terrain. Il ressort principalement de cette analyse que nos hypothèses de travail semblent correspondre à la réalité du terrain avec cependant certaines nuances. 155 CONCLUSION PARTIE 3 Dans cette troisième partie nous avons donc présenté le résultat de notre travail tant sur le plan des actions pratiques mises en place sur le terrain pour répondre aux missions de stage, que sur le plan théorique par la confrontation du terrain avec nos pistes réflexion. Dans le premier chapitre nous nous sommes concentrés sur le premier axe de travail que nous avions évoqué dans notre méthodologie, à savoir la communication et la promotion. Nous y avons donc présenté les actions menées allant dans le sens d’un renforcement de la campagne de promotion de l’agence : la stratégie internet avec notamment la création d’une page facebook, le reportage TVPerú, les promotions, la participation aux salons, la campagne d’affichage, les actions spécifiques pour les écoles et les agences de voyages, etc. Dans le deuxième chapitre, nous nous sommes attardés sur les outils en faveur d’une amélioration du fonctionnement et de la gestion de l’agence. Nous avons alors présenté notre travail sur la comptabilité, sur l’outil de rangement des informations et les actions en cours de réflexion notamment en lien avec les circuits, l’aménagement de l’espace de travail et les formations du personnel travaillant à l’agence de voyages. Nous avons aussi présenté notre travail au sein de l’association Pukullawa afin de participer au développement territorial. Enfin, dans un dernier chapitre, nous sommes revenus sur nos pistes de réflexion concernant notre sujet d’étude. Il en est ressorti les éléments suivants : Quel que soit le projet, le patrimoine y joue un rôle clé et les porteurs de projet dans le cadre d’un tourisme solidaire en sont conscient et mènent des actions pour le protéger. Cependant, sa protection n’est pas suffisante, pour qu’il puisse réellement servir au projet il doit aussi être valorisé. A propos de la création de partenariats, il semble qu’il est intéressant à de nombreux niveaux de créer des partenariats avec les acteurs impliqués directement ou non dans le tourisme. Cependant il faut faire attention aux implications qui vont avec ces partenariats pour ne pas qu’ils finissent par nuire aux projets. Enfin, il apparaît clairement qu’avant de mettre en place un projet il doit être bien pensé et préparé et qu’une certaine rentabilité économique soit nécessaire à n’importe quel projet même si celui-ci n’a pas dans ses objectifs de faire des bénéfices. Pour atteindre cette rentabilité, une des solutions envisageables semble être un travail de promotion du projet. 156 CONCLUSION GENERALE Notre étude portait donc, comme on a pu le voir tout au long de ce mémoire, sur le développement des projets de tourisme solidaire dans les pays en voie de développement. Nous nous étions plus spécialement concentré sur le Pérou en Amérique Latine et de façon encore plus précise sur les zones encore peu touristiques que l’on trouvait dans le pays. Notre problématique plus spécifique était donc l’étude des projets de tourisme solidaire dans les pays en voie de développement comme le Pérou et dans les zones ou la fréquentation touristique est encore faible mais en augmentation. Notre terrain d’étude se composait de deux stages, un de deux mois effectué sur un projet d’éco-camping dans la région de Caral au nord de Lima et un de trois mois effectué à Huancavelica dans une agence de voyages solidaire. Dans les deux cas la demande de base de mon maître de stage était la même : proposer des actions de développement de ces projets pour qu’ils puissent mieux fonctionner et gagner en autonomie. C’est pourquoi nous avons encore plus concentré notre étude sur la question des facteurs qui pourraient influencer de façon positive la réussite de ce type de projet. Notre travail a donc consisté dans un premier temps à établir un diagnostic le plus complet possible des projets et de leur environnement afin d’en déterminer sous forme d’une matrice SWOT, leurs forces, faiblesses, opportunités et menaces. Ainsi, à partir de ces diagnostics, nous avons pu proposer des axes de développement adaptés à chaque projet. Pour des raisons personnelles et professionnelles nous nous sommes concentrés de façon plus particulière sur le deuxième stage, celui de l’agence de voyages solidaire Cielo Azul à Huancavelica. Dans un premier temps, nous avons réalisé un travail sur l’axe de la promotion de l’agence de voyages et de ses circuits. Pour cela nous avons mis en place différentes actions autour notamment de la stratégie internet, de la clientèle nationale et de la recherche de nouveaux secteurs de clientèle tels que les scolaires. Nous avons ensuite réalisé un travail afin d’améliorer le fonctionnement et la gestion de l’agence. Pour commencer nous avons travaillé sur la comptabilité, puis l’organisation au sein de l’agence et nous avons entamé des pistes de réflexion notamment sur les produits proposés et les formations pour les personnes travaillant à l’agence. 157 Enfin, nous avons effectué un travail plus pédagogique auprès de l’association Pukullawa afin de l’aider dans ses activités éducatives auprès des enfants de la ville de Huancavelica. A partir de notre travail de terrain sur le projet Cielo Azul et sur le projet d’éco-camping de Caraltambo, nous avons pu déterminer des premières réponses à notre étude sur les facteurs de succès des projets touristiques solidaires. Pour commencer il semblerait que le patrimoine ait une importance capitale quel que soit le type de projet car c’est lui qui permet d’attirer les touristes. Dans le cas de projets alternatifs, on peut se rendre compte que les acteurs ont conscience de l’importance de ce patrimoine tant sur le plan touristique que pour les territoires et c’est pourquoi des actions de protection sont souvent menées. Cependant, nous avons aussi réalisé que pour pouvoir utiliser ce patrimoine, la protection n’était pas suffisante, il fallait aussi mettre en plus une certaine valorisation de ce patrimoine. Nous avons ensuite étudié la question de la mise en réseau des acteurs et de la création de partenariats. Il apparaît de façon claire que les collaborations avec différents types d’acteurs sont bénéfiques sur de nombreux plans mais il faut cependant prendre garde à la façon dont sont faites ces alliances. En effet, il faut faire attention aux différentes implications que ces partenariats induisent pour chaque partie afin qu’ils ne finissent pas par être plus négatifs que positifs. Il apparaît que la préparation des projets revêt une importance capitale pour leur réussite. En effet, un projet mal planifié peut réussir mais il part d’entrée sur de mauvaises bases. Enfin, il semblerait que la rentabilité économique soit un passage obligé, c’est pour cette raison qu’une campagne de promotion efficace permet au projet d’avoir de meilleures chances de réussite. Bien entendu, les éléments présentés ci-dessus sont des facteurs influençant de façon importante la réussite ou non d’un projet mais ce ne sont pas les seuls. Ce sujet mériterait une réflexion plus approfondie sur plusieurs points et surtout un travail de terrain sur un plus long terme afin de pouvoir mesurer de façon réellement précise les influences de telle ou telle action notamment dans des zones comme celles étudiées qui vont voir leur fréquentation touristique augmenter de façon importante dans les années à venir. 158 Ces deux projets n’étant pas des projets communautaires ayant un impact clairement établi sur le développement local, il serait intéressant de voir comment en se développant ils continuent ou non d’intervenir sur leur territoire et s’ils ont réellement un impact sur le développement socioculturel et économique local notamment dans ces zones où les populations locales ne sont pas encore très réceptives à l’activité touristique. 159 BIBLIOGRAPHIE Production scientifique : Ouvrages cités - ARELLANO Alexandra. Mise en tourisme durable et revitalisation du patrimoine : Les ressources patrimoniales et la culture vivante de Choula (Mexique). In BRETON Jean-Marie, Patrimoine, tourisme, environnement et développement durable (EuropeAfrique-Caraïbe-Amériques-Asie-Océanie), Clamecy : Karthala, coll. Iles et pays d’outre-mer n°7, 2011, 444 p. - ARELLANO Alexandra et A.STUART Stephen. La gestion de sites authentiques du patrimoine mondial. Les implications sociales à Machu Picchu.. In BRETON JeanMarie, Patrimoine, tourisme, environnement et développement durable (EuropeAfrique-Caraïbe-Amériques-Asie-Océanie), Clamecy : Karthala, coll. Iles et pays d’outre-mer n°7, 2011, 444 p. - BRETON Jean-Marie. Les enjeux et les outils d’une gestion touristique intégrée du patrimoine culturel au service d’un développement durable et viable. in BRETON Jean-Marie, Patrimoine culturel et tourisme alternatif (Europe-Afrique-CaraïbeAmériques), Clamecy : Karthala, coll. Iles et pays d’outre-mer, 2009, 420 p. - D’HAUTSERRE Anne-Marie. Ecotourisme communautaire à Wallis et Futuna. In BRETON Jean-Marie, Patrimoine, tourisme, environnement et développement durable (Europe-Afrique-Caraïbe-Amériques-Asie-Océanie), Clamecy : Karthala, coll. Iles et pays d’outre-mer n°7, 2011, 444 p. - DEHORNE Olivier et MURAT Christelle. Le tourisme communautaire : de la théorie à l’espérimentation. In BRETON Jean-Marie, Patrimoine, tourisme, environnement et développement durable (Europe-Afrique-Caraïbe-Amériques-Asie-Océanie), Clamecy : Karthala, coll. Iles et pays d’outre-mer n°7, 2011, 444 p. - DELISLE Marie-Andrée et JOLIN Louis. Un autre tourisme est-il possible ? Presses de l’Université du Quèbec, coll : Tourisme, 2007, 144 p. - DUMOULIN KERVRAN David et VELUT Sébastien. Evaluer les modalités émergentes d’un tourisme durable en Amérique Latine. in FROGER Géraldine, Tourisme durable dans les Suds ?, Bruxelles : P.I.E. PETER LANG, coll. EcoPolis, 2010, 317 p. - FROGER Géraldine. Tourisme et développement durable dans les pays du Sud. Quels enjeux ? in FROGER Géraldine, Tourisme durable dans les Suds ?, Bruxelles : P.I.E. PETER LANG, coll. EcoPolis, 2010, 317 p. 160 - FROGER Géraldine, MARZOUKI Mehdi, BALLET Jérôme. L’écotourisme dans les Suds, entre mythes et réalités. in FROGER Géraldine, Tourisme durable dans les Suds ?, Bruxelles : P.I.E. PETER LANG, coll. EcoPolis, 2010, 317 p. - FROGER Géraldine et LAPEYRE Renaud. Vers un tourisme durable dans les Suds ? in FROGER Géraldine, Tourisme durable dans les Suds ?, Bruxelles : P.I.E. PETER LANG, coll. EcoPolis, 2010, 317 p. - REGALADO-PEZUA Otto. Stratégies de développement durable du tourisme au Pérou : une application controversée ? In BATAILLOU Christian & SCHEOU Bernard, Tourisme et développement-Regards croisés, Saint-Estève : Presses Universitaires de Perpignan, coll. Etudes, 2007, 483 p. - SCHEOU Bernard. Introduction : Quel tourisme pour quel développement. In BATAILLOU Christian & SCHEOU Bernard, Tourisme et développement-Regards croisés, Saint-Estève : Presses Universitaires de Perpignan, coll. Etudes, 2007, 483 p. - WOLFF Emilie. Le tourisme culturel et communautaire en Argentine : moteur ou illusion d’un développement durable ? in FROGER Géraldine, Tourisme durable dans les Suds ?, Bruxelles : P.I.E. PETER LANG, coll. EcoPolis, 2010, 317 p. Ouvrages uniquement consultés - REQUIER-DESJARDINS Denis. Le tourisme rural peut-il contribuer au développement local durable dans les pays du Sud ? in FROGER Géraldine, Tourisme durable dans les Suds ?, Bruxelles : P.I.E. PETER LANG, coll. EcoPolis, 2010, 317 p. - BATAILLOU Christian. Conclusion : Tourisme et développement ? In BATAILLOU Christian & SCHEOU Bernard, Tourisme et développement-Regards croisés, SaintEstève : Presses Universitaires de Perpignan, coll. Etudes, 2007, 483 p. Travaux universitaires : - EXPINOZA ALFARO Cecilia. Le projet d’initiative locale : un nouveau support pour le développement touristique au Pérou. Maîtrise Ingénierie et commercialisation des produits hôteliers et touristiques. Option : Tourisme. Université de Toulouse II Le Mirail, Département CETIA, 2000, 144 p. - LADET Aurélie. Le tourisme solidaire vecteur de désenclavement des espaces ruraux dans les pays du Sud. Mémoire de Master 1 Tourisme et Développement. Foix : Université de Toulouse II - Le Mirail, Département CETIA, 2013, 86 p. - LARDY Audrey. La place du touriste solidaire dans le développement local d’un territoire. Mémoire de Master 1 Tourisme et Développement. Foix : Université de Toulouse II - Le Mirail, Département CETIA, 2013, 107 p. 161 TABLE DES ANNEXES Annexe A : Cartes du Pérou : Situation géographique et paysages............................163 Annexe B : Arrivée mensuel des touristes internationaux au Pérou de Janvier 2002 à Juin 2013 ...................................................................................................................164 Annexe C : Résumé des contenus du modèle ............................................................165 Annexe D : Les 17 fonctions d’une DIRCETUR ..........................................................166 Annexe E : Calendrier des fêtes de la province de Huancavelica ...............................167 Annexe F : Carte de la localisation de l’éco-camping Caraltambo ..............................168 Annexe G : Inventaire des ressources touristiques .....................................................169 Annexe H : Exemple de fiche atout touristique ...........................................................170 Annexe I : Affiche promotionnelle de l’agence de voyage solidaire Cielo Azul ............171 162 Annexe A : Cartes du Pérou : Situation géographique et paysages Source : Vivencia Andina 163 Annexe B : Arrivée mensuel des touristes internationaux au Pérou de Janvier 2002 à Juin 2013 164 Annexe C : Résumé des contenus du modèle Source : PENTUR - 2008 165 Annexe D : Les 17 fonctions d’une DIRCETUR 1. Formular, aprobar, ejecutar, evaluar, dirigir, controlar y administrar las políticas en materia de desarrollo de la actividad turística regional, en concordancia con la política general del gobierno y los planes sectoriales. 2. Formular concertadamente, aprobar y ejecutar las estrategias y el programa de desarrollo turístico de la región. 3. Aprobar directivas relacionadas con la actividad turística, así como criterios técnicos que aseguren el cumplimiento de objetivos y metas que se derivan de los lineamientos de la política nacional de turismo. 4. Promover el desarrollo turístico mediante el aprovechamiento de las potencialidades regionales. 5. Calificar a los prestadores de servicios turísticos de la región, de acuerdo con las normas legales correspondientes. 6. Coordinar con los gobiernos locales las acciones en materia de turismo de alcance regional. 7. Llevar y mantener actualizados los directorios de prestadores de servicios turísticos, calendarios de eventos y el inventario de recursos turísticos, en el ámbito regional, de acuerdo a la metodología establecida por el MINCETUR. 8. Identificar posibilidades de inversión y zonas de interés turístico en la región, así como promover la participación de los inversionistas interesados en proyectos turísticos. 9. Proponer y declarar zonas de desarrollo turístico prioritario de alcance regional. 10. Disponer facilidades y medidas de seguridad a los turistas, así como ejecutar campañas regionales de protección al turista y difusión de conciencia turística, en coordinación con otros organismos públicos y privados. 11. Verificar el cumplimiento de las normas de medio ambiente y preservación de recursos naturales de la región, relacionadas con la actividad turística 12. Declarar eventos de interés turístico regional. 13. Supervisar la correcta aplicación de las normas legales relacionadas con la actividad turística y el cumplimiento de los estándares exigidos a los prestadores de servicios turísticos de la región, así como aplicar las correspondientes sanciones en caso de incumplimiento, de conformidad con la normatividad vigente. 14. Suscribir contratos, convenios o acuerdos de cooperación interinstitucional con entidades públicas o privadas. 15. Promover la formación y capacitación del personal que participa en la actividad turística 16. Fomentar la organización y formalización de las actividades turísticas de la región. 17. Organizar y conducir las actividades de promoción turística de la región en coordinación con las organizaciones de la actividad turística y los gobiernos locales. 166 Annexe E : Calendrier des fêtes de la province de Huancavelica 167 Annexe F : Carte de la localisation de l’éco-camping Caraltambo Source : Site internet du projet Caraltambo49 49 [en ligne]. Disponible sur http://caraltambo.com/location.html (consulté le 04.2013) 168 Annexe G : Inventaire des ressources touristiques Patrimonio cultural Ficha N° Atractivo 1 Sitio arqueológico de Caral 2 Sitio arqueológico de Aspero 3 Sitio arqueológico de Vichama 4 Paramonga (Fortaleza; Casa de las brujas; Cero La Horca; etc.) 5 Museo Bolivariano en Pativilca 6 Gastronomía 7 Turismo espiritual - Chamanismo ¿Qué hacer? a. Integración en un circuito b. Acompañar y proponer como actividad “a la carta” para los que están en Caraltambo a. Integración en un circuito b. Acompañar y proponer como actividad “a la carta” para los que están en Caraltambo a. Integración en un circuito b. Acompañar y proponer como actividad “a la carta” para los que están en Caraltambo a. Integración en un circuito b. Acompañar y proponer como actividad “a la carta” para los que están en Caraltambo a. Integración en un circuito b. Acompañar y proponer como actividad “a la carta” para los que están en Caraltambo a. Aconsejar restaurantes en la provincia b. Proponer comida en Caraltambo c. Proponer taller de cocina típica (comida y bebida) a. Ceremonia chamanismo b. Laberinto de meditación c. Temascal d. Descubrimiento de plantas medicinales Patrimonio natural Ficha N° Atractivo 8 Circuito de playas 9 Albufera Medio mundo 10 Riqueza de la flora/fauna y paisaje del valle ¿Qué hacer? a. Integración en un circuito b. Acompañar y proponer como actividad “a la carta” para los que están en Caraltambo a. Integración en un circuito b. Acompañar y hacer una visita que proponemos como actividad “a la carta” para los que están en Caraltambo a. Circuito de descubrimiento de la agricultura b. Paseo/senderismo por el rio c. Explicación con carteles/fichas o directamente de Scott sobre el Huarango y las plantas del valle d. Observaciones de aves e. Trekking/Senderismo en la montaña hasta mirador sobre el valle y la ZAC 169 Annexe H : Exemple de fiche atout touristique La ciudad Sagrada de Caral Ficha N°1 Ubicación: En el Valle del rio Supe Tipo de atractivo: Patrimonio cultural La civilización Caral se formo en el área Norcentral del Peru, antes que en cualquier otro lugar de los Andes y de América. Su antigüedad, entre 3000 y 2500 a.C., es similar, o quizás más importante, a las civilizaciones que fueron identificada hasta ahora: Egipto, Mesopotamia, India, etc. A diferencia de otras civilizaciones, que intercambiaron bienes, conocimientos y experiencias, la Civilización Caral logró un desarrollo precoz en completo aislamiento de otras poblaciones. Se han sido identificados 19 asentamientos del mismo período, distribuidos a lo largo de 40 km, en las zonas de litoral, valle bajo y medio de Supe, los cuales corresponden a la civilización Caral-Supe. En cada uno de estos sitios arqueológicos se encuentran edificios públicos piramidales. La Ciudad Sagrada de Caral ocupa 66 hectáreas, en las cuales se distinguen varias zonas. Caral alta, que tiene las construcciones públicas y residenciales más grandes de la ciudad: pirámides, plazas circulares, espacios de congregación colectiva, unidades residenciales de los funcionarios, de especialistas y servidores. Caral baja, tiene edificios de menores dimensiones, como el complejo arquitectónico del Anfiteatro, el edificio de la plaza Circular y un conjunto residencial de menor extensión. Los fines de semana del Viernes al Domingo se encuentran, en la zona de recepcion del sitio arqueologico, tiendas de artesania y comida tradicional peruana. Consejos a los visitantes ¿Cómo ir? ¿Cuánto ¿Cómo disfrutar tiempo? del lugar? Llevar protecciones para el sol Andando desde Caraltambo – 3km 40min Le acompañamos o le indicamos como llegar desde Caraltambo hasta la entrada del sitio (sombrero, gafas, mangas largas, crema, Colectivo / Taxi + andando 20min agua, etc.); y allí tendrá una visita guiadadepor especialistas. Horario de atención: 8.00a.m - 4.00p.m Lunes a Domingo Procurar ayudar a la limpieza y Precio conservación del recinto arqueológico. Adulto: 11 soles Estudiante con carnet: 4 soles Mayores de 65 años: 1 sol Ingreso y guiado: 20 soles a compartir según el número de personas en el grupo (Visita de 170 aproximadamente 1h30) Annexe I : Affiche promotionnelle de l’agence de voyage solidaire Cielo Azul 171 TABLE DES SIGLES ET DES ABREVIATIONS DIRCETUR : Dirección Regional del Comercio Exterior y del Turismo Direction Régionale du Commerce Extérieur et du Tourisme INEI : Instituto Nacional de Estadística e Informática Institut National de Statistique et d’Informatique MINCETUR : Ministerio del Comercio Exterior y del Turismo Ministère du Commerce Extérieur et du Tourisme OMT : Organisation Mondiale du Tourisme ONG : Organisation Non Gouvernementale PENTUR : Plan Estratégico Nacional de Turismo Plan Stratégique National de Tourisme PERTUR : Plan Estratégico Regional de Turismo Plan Stratégique Régional de Tourisme PIB : Produit Intérieur Brut PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement PROMPERU : Commission de Promotion du Pérou pour l’exportation et le tourisme UNAT : Union Nationale des Associations de Tourisme 172 TABLE DES FIGURES Figure 1 : Carte des principales destinations touristiques au Pérou……………………….17 Figure 2 : Situation géographique du département et de la province de Huancavelica…18 Figure 3 : Ressources touristiques identifiées dans la province de Huancavelica……….85 Figure 4 : Carte de la province de Barranca………………………………………………….98 Figure 5 : Carte des sites archéologiques de la civilisation Caral………………………...104 173 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Nombre de touristes à Huancavelica de 2000 à 2012…………………………90 Tableau 2 : Plan d’actions à réaliser pour l’amélioration du camping…………………….110 Tableau 3 : Activités potentielles à développer par le camping…………………………...112 Tableau 4 : Premières pistes d’actions de promotion possibles pour le projet Caraltambo………………………………………………………………………………………113 Tableau 5 : Modèle de document comptable utilisé par l’agence de voyages Cielo Azul……………………………………………………………………………………………….131 174 TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS .......................................................................................................... 5 SOMMAIRE ...................................................................................................................... 6 INTRODUCTION GENERALE .......................................................................................... 7 PARTIE 1 :.......................................................................................................................10 Les projets de tourisme solidaire dans les pays en développement : Exemple du projet Cielo Azul au Pérou .........................................................................................................10 Chapitre 1 : Le projet Cielo Azul, un projet de tourisme solidaire s’inscrivant dans un contexte touristique et socio-économique particulier ....................................................12 1. Le Pérou, une nouvelle destination touristique en Amérique Latine ................................... 12 1.1. Présentation générale du Pérou .................................................................12 1.1.1. Sa situation géographique et ses paysages .........................................12 1.1.2. Son histoire millénaire .........................................................................13 1.1.3. La situation socio-économique du pays ...............................................14 1.2. Les principaux attraits touristiques du Pérou ..............................................15 1.3. Les chiffres clés du tourisme au Pérou .......................................................16 2. Huancavelica, une région économiquement pauvre mais riche de son histoire et de son territoire .................................................................................................................................... 18 2.1. Situation géographique ...............................................................................18 2.2. Histoire de Huancavelica ............................................................................19 2.2.1. L’époque inca et pré-inca ....................................................................19 2.2.2. L’époque de la colonisation .................................................................19 2.2.3. L’époque républicaine et contemporaine .............................................20 2.3. La situation socio-économique et touristique de la province de Huancavelica.........................................................................................................21 3. Le projet d’agence de voyage solidaire Cielo Azul ............................................................. 23 3.1. L’association Pukullawa ..............................................................................23 3.1.1. Qu’est ce que l’association Pukkulawa ? .............................................23 3.1.2. Son origine ..........................................................................................23 175 3.1.3. 3.2. L’association aujourd’hui .....................................................................24 L’agence de voyage Cielo Azul ...................................................................25 3.2.1. La création de l’agence........................................................................25 3.2.2. Présentation de l’agence aujourd’hui ...................................................25 3.3. Son implication dans le développement local..............................................27 3.3.1. Les liens avec l’association Pukullawa ................................................27 3.3.2. Le travail avec les populations locales .................................................27 Chapitre 2 : Le passage d’un tourisme de masse à un tourisme alternatif : le besoin des territoires, des populations mais aussi des touristes .....................................................30 1. Pourquoi a-t-on besoin d’un tourisme alternatif : le tourisme industrialisé et ses dérives .. 30 1.1. La démocratisation du tourisme et l’arrivée du tourisme de masse .............30 1.1.1. Les origines du tourisme......................................................................30 1.1.2. Le 20e siècle : le rêve d’un tourisme pour tous .....................................31 1.2. Les caractéristiques d’un tourisme dit de masse .........................................32 1.2.1. Les touristes ........................................................................................32 1.2.2. Les services proposés et les prestataires ............................................33 1.3. Les problèmes engendrés sur les trois plans du développement durable ...33 1.3.1. Sur le plan environnemental ................................................................33 1.3.2. Sur le plan économique .......................................................................34 1.3.3. Sur le plan socioculturel.......................................................................35 2. L’apparition des nouvelles formes de tourisme dites alternatives en réponse aux dangers représentés par le tourisme de masse ..................................................................................... 36 2.1. L’apparition de la notion de tourisme durable..............................................36 2.1.1. La notion de développement durable ...................................................36 2.1.2. La notion de tourisme durable .............................................................37 2.2. Une prise de conscience aussi de la part des touristes ...............................37 2.3. Caractéristiques générales du tourisme alternatif .......................................38 2.4. Les différentes formes de tourisme alternatif ..............................................39 3. Focus sur le tourisme solidaire ............................................................................................ 41 3.1. Définition générale du tourisme solidaire ....................................................41 176 3.2. Caractéristiques du tourisme solidaire ........................................................42 3.2.1. Des caractéristiques spécifiques à cette forme de tourisme.................42 3.2.2. Des caractéristiques communes aux formes de tourisme alternatif ......43 3.3. Les difficultés rencontrées par les projets de tourisme solidaire..................44 3.3.1. La qualité des produits et des services proposés.................................44 3.3.2. La qualification des ressources humaines ...........................................44 3.3.3. La difficile intégration au marché .........................................................45 3.3.4. Les conflits territoriaux .........................................................................45 Chapitre 3 : Pistes de réflexion sur les facteurs de réussite des projets alternatifs et solidaires ......................................................................................................................47 1. L’utilisation du patrimoine culturel et naturel ....................................................................... 47 1.1. L’exploitation touristique du patrimoine et les risques encourus ..................47 1.2. Une valorisation basée sur une réflexion approfondie.................................48 1.2.1. La prise en compte des populations locales dans le processus décisionnel ........................................................................................................48 1.2.2. 1.3. La prise en compte des caractéristiques du patrimoine .......................49 Les enjeux liés à la mise en tourisme d’un patrimoine ................................50 1.3.1. Les enjeux économiques .....................................................................50 1.3.2. Les enjeux socioculturels .....................................................................50 2. Les enjeux de la création de réseaux d’acteurs .................................................................. 51 2.1. Travailler avec les communautés locales....................................................51 2.2. Travailler avec les organismes internationaux ............................................52 2.3. Travailler avec les autorités locales ............................................................53 2.4. Travailler avec les autres secteurs d’activité ...............................................54 3. La création du projet, sa mise en place et son développement : trois étapes clés avec des besoins importants ................................................................................................................... 55 3.1. L’importance de la planification et de l’organisation en aval du projet. ........55 3.2. Les difficultés face à la rentabilité du projet pour que celui-ci aide au développement......................................................................................................56 PARTIE 2 :.......................................................................................................................61 177 L’analyse du projet et de son environnement, une étape préliminaire essentielle à la mise en place d’actions pour le développement du projet touristique .......................................61 Chapitre 1 : Présentation du travail effectué sur le terrain au sein de l’agence de voyage solidaire Cielo Azul .......................................................................................................63 1.1. Contexte du stage : l’implication de l’association Solidaile dans le projet Cielo Azul ..............................................................................................................63 1.2. Les objectifs et missions du stage ..............................................................64 2. Méthodologie utilisée pour la réalisation d’une analyse du projet et de son environnement et pour la mise en place des actions ........................................................................................ 65 2.1. Analyse du projet et de son environnement ................................................65 2.2. Les outils et actions mis en places à la suite de cette analyse et le travail au sein de l’association Pukullawa .............................................................................68 2.2.1. La création d’un plan de communication ..............................................68 2.2.2. L’amélioration du fonctionnement de l’agence .....................................69 2.2.3. Le travail au sein de l’association Pukullawa .......................................70 3. Analyse plus particulière du projet de l’agence de voyage solidaire Cielo Azul ................. 71 3.1. L’équipe de travail ......................................................................................71 3.2. Le fonctionnement de l’agence ...................................................................72 3.3. Les produits proposés ................................................................................72 3.4. La promotion...............................................................................................73 Chapitre 2 : Un environnement national et local majoritairement favorable pour le développement du projet ..............................................................................................76 1. Le projet face au développement du tourisme au Pérou .................................................... 76 1.1. L’évolution du tourisme au Pérou................................................................76 1.1.1. Chiffres clés et tendances du tourisme ................................................76 1.1.2. Un développement chaotique et non contrôlé ......................................77 1.2. Une volonté de reprendre en main le développement touristique................78 1.3. Le PENTUR : Plan Stratégique National de Tourisme ................................80 1.4. L’organisation institutionnelle du tourisme au Pérou ...................................82 1.4.1. Le MINCETUR : Ministère du commerce extérieur et du tourisme .......82 1.4.2. Les DIRCETUR : Direction régionale du commerce extérieur et du tourisme 83 178 1.4.3. Les autres organismes jouant un rôle dans le développement du tourisme 83 2. Le projet dans son environnement local : la région de Huancavelica ................................. 84 2.1. Le potentiel touristique de Huancavelica.....................................................84 2.1.1. Le patrimoine naturel ...........................................................................85 2.1.2. Le patrimoine culturel matériel .............................................................86 2.1.3. Les coutumes et traditions ...................................................................88 2.2. Le tourisme aujourd’hui ..............................................................................90 2.2.1. Les chiffres du tourisme et leur évolution .............................................90 2.2.2. Le profil des touristes...........................................................................90 2.2.3. Les infrastructures de service disponibles ...........................................91 2.3. L’implication des différentes institutions publiques ......................................92 2.3.1. Le rôle de la mairie ..............................................................................92 2.3.2. Le rôle de la DIRCETUR .....................................................................93 2.3.3. Des relations difficiles entre ces deux acteurs .....................................94 2.4. Le tourisme dans le contexte socioculturel de la ville : la réaction des populations locales ................................................................................................95 2.4.1. La nécessité d’une plus grande sensibilisation de la population ..........95 2.4.2. Le comportement des populations face aux touristes ..........................96 Chapitre 3 : Complément d’étude : le projet d’éco-camping de CaralTambo ................98 1. Présentation du projet ......................................................................................................... 98 1.1. Situation géographique ...............................................................................98 1.2. Le projet d’éco-camping de Caraltambo .....................................................99 1.2.1. Naissance du projet .............................................................................99 1.2.2. Descriptif du camping ..........................................................................99 1.2.3. La volonté d’en faire plus qu’un simple camping ................................100 1.3. Mon travail en tant que stagiaire sur le projet............................................100 2. Méthodologie utilisée pour répondre aux missions de stage ............................................ 101 2.1. L’analyse du projet ...................................................................................101 2.2. Un inventaire des potentialités de développement d’activités ...................102 179 2.3. La mise en place d’un plan de communication..........................................103 3. Premier diagnostic préliminaire et actions proposées en conséquence ........................... 104 3.1. Informations principales identifiées sur la région de Caral-Supe ...............104 3.1.1. Le potentiel touristique de la région ...................................................104 3.1.2. Le tourisme actuel dans la zone ........................................................105 3.1.3. Le travail des institutions publiques ...................................................106 3.2. Première analyse du projet .......................................................................107 3.2.1. Le potentiel du projet .........................................................................107 3.2.2. Un projet encore loin d’être opérationnel ...........................................108 3.2.3. Les difficultés rencontrées pour le développement du projet..............109 3.3. Travail effectué et proposé .......................................................................110 3.3.1. Tableau de bord des actions matérielles à réaliser en priorité ...........110 3.3.2. Proposition de nouvelles activités pour compléter l’offre de camping .111 3.3.3. Première ébauche d’un plan de communication ................................112 PARTIE 3 :.....................................................................................................................116 Chapitre 1 : Un plan de communication pour l’agence Cielo Azul ...............................118 1. Réflexions sur la stratégie internet .................................................................................... 118 1.1. La page internet de l’agence de voyages..................................................118 1.2. La création d’une page Facebook .............................................................119 1.3. Etre présent à travers d’autres sites internet .............................................120 2. Des actions à destinations des clientèles locales, nationales et étrangères .................... 121 2.1. Des actions en direction de la clientèle locale et nationale........................121 2.2. Des actions en direction de tout type de clientèle .....................................123 2.3. De nouvelles idées à exploiter ..................................................................125 3. De nouvelles cibles spécifiques : les scolaires et les agences de voyages ...................... 126 3.1. Toucher les scolaires locaux et de la région .............................................126 3.2. Créer des relations avec des agences de voyages et TO péruviens .........128 Chapitre 2 : La mise en place de nouveaux outils pour développer l’activité de l’agence de voyages et de l’association Pukullawa ...................................................................130 1. Des outils pour améliorer la gestion et le fonctionnement de l’agence ............................. 130 180 1.1. Comptabilité .............................................................................................130 1.1.1. Le problème rencontré.......................................................................130 1.1.2. Les solutions apportées .....................................................................131 1.2. Regroupement des informations essentielles............................................132 1.2.1. Un outil de suivi de l’activité ...............................................................132 1.2.2. Un outil pour le fonctionnement au quotidien .....................................133 1.3. Création d’un modèle de présentation des circuits ....................................134 2. Des outils et actions en cours de développement ............................................................. 135 2.1. Modification des circuits et création de nouveaux .....................................135 2.2. Aménagement de l’espace de travail ........................................................136 2.3. Achat de nouveaux matériels et formations ..............................................137 3. Le travail au sein de l’association Pukullawa .................................................................... 139 3.1. Un travail éducatif et pédagogique............................................................139 3.2. Un travail de promotion .............................................................................140 3.3. Les difficultés rencontrées et les solutions envisageables ........................141 Chapitre 3 : Analyse des pistes de réflexions établies en début d’étude par leur confrontation aux expériences terrains .......................................................................143 1. L’utilisation du patrimoine dans le cas du projet Cielo Azul et du projet CaralTambo ...... 143 1.1. Le cas du projet Cielo Azul .......................................................................143 1.1.1. L’utilisation actuelle du patrimoine .....................................................143 1.1.2. Le manque de valorisation et de promotion du patrimoine .................144 1.2. Le cas du projet de Caraltambo ................................................................145 1.3. Conclusion quant à cette première piste de réflexion ................................146 2. L’importance de la création d’un réseau d’acteurs pour le projet mais aussi pour le territoire 147 2.1. L’importance de l’utilisation du réseau à Huancavelica .............................147 2.1.1. Le partenariat avec Solidaile..............................................................147 2.1.2. Le réseau de prestataires sur le territoire...........................................147 2.1.3. Les partenariats avec les autres agences ..........................................148 2.1.4. La collaboration avec les institutions publiques..................................149 181 2.2. La non-utilisation du réseau et ses conséquences à Caral .......................150 2.3. Conclusion quant à la deuxième piste de réflexion ...................................151 3. Les problèmes rencontrés sur les projets face au manque d’organisation, de planification et de communication .................................................................................................................. 152 3.1. Le cas du projet Cielo Azul .......................................................................152 3.1.1. Les problèmes de fonctionnement de l’agence ..................................152 3.1.2. La question de la rentabilité financière ...............................................152 3.2. Le cas du projet Caraltambo .....................................................................153 3.3. Conclusion quant à cette dernière piste de réflexion .................................154 CONCLUSION GENERALE ..........................................................................................157 BIBLIOGRAPHIE ...........................................................................................................160 TABLE DES ANNEXES .................................................................................................162 Annexe A : Cartes du Pérou : Situation géographique et paysages............................163 Annexe B : Arrivée mensuel des touristes internationaux au Pérou de Janvier 2002 à Juin 2013 ...................................................................................................................164 Annexe C : Résumé des contenus du modèle ............................................................165 Annexe D : Les 17 fonctions d’une DIRCETUR ..........................................................166 Annexe E : Calendrier des fêtes de la province de Huancavelica ...............................167 Annexe F : Carte de la localisation de l’éco-camping Caraltambo ..............................168 Annexe G : Inventaire des ressources touristiques .....................................................169 Annexe H : Exemple de fiche atout touristique ...........................................................170 Annexe I : Affiche promotionnelle de l’agence de voyage solidaire Cielo Azul ............171 TABLE DES SIGLES ET DES ABREVIATIONS ...........................................................172 TABLE DES FIGURES..................................................................................................173 LISTE DES TABLEAUX ................................................................................................174 TABLE DES MATIERES ...............................................................................................175 182 Ce mémoire à pour objet le thème des projets de tourisme solidaire dans les pays en voie de développement et plus particulièrement dans les zones où la fréquentation touristique est encore très faible. Nous avons conscience que la majorité de ces projets rencontre souvent des difficultés pour se développer notamment dues à leurs faibles moyens financiers et généralement au manque de compétence des porteurs de projet. Nous avons donc souhaité nous pencher sur la question des facteurs permettant d’influencer de façon positive la réussite de ces projets. Pour réaliser cette étude, nous nous sommes appuyés sur le travail réalisé lors d’un stage de cinq mois dans le cadre d’une coopération internationale dans l’agence de voyages solidaire Cielo Azul dans la région de Huancavelica au Pérou. Ainsi, ce mémoire présente ce travail et le replace dans le contexte de recherche théorique de notre étude afin de répondre à la question suivante : Comment réussir à pérenniser et développer l’activité d’un projet touristique solidaire dans une zone très peu touristique afin que celui-ci puisse aider au développement socio-économique de sa région ? Mots clés : Tourisme solidaire – Pérou – Agence de voyages – Facteur clés de succès – pays en développement. This study deals with projects of fair tourism in developing country and especially in areas where the frequentation of tourists is already really low. We are conscious of the fact that the majority of these projects have problems for developing themselves. Very often it’s due to their low financial ways or to the lack of competences of the project’s responsible person. That’s why we decided to focus our research on the various factors which can influence in the positive way the success of these projects. To realize this study, we base on the work we realized during a 5 months training period in the fair travel agency Cielo Azul in Huancavelica in Peru which work in cooperation with a French association. So, this study will present this work and replace it in the context of our research to answer the following questions: How can we manage to make durable and to develop the activity of a fair tourism project in an area where the number of tourists is very low? And how, like that, this project can help the socio-economic development of its region? Key word: Fair tourism – Peru – Travel Agency – Developing country – Key factor of success 183