Montevideo, Uruguay Universidad ORT

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Montevideo, Uruguay Universidad ORT
Rapport de séjour – 3ème année à l’étranger
Sciences-po
Année universitaire 2008-2009
Montevideo, Uruguay
Universidad ORT
« Parce qu’un jour des Conquistadors, des chercheurs de trésors, des chasseurs d’Indiens,
parce qu’un autre jour, deux siècles plus tard, un Basque, français ou espagnol, à qui l’air du
large monta à la tête, parce qu’un Russe, ou un Portugais, […] un inconnu qui avait oublié le
nom de son pays, parce que des Italiens et des Gallegos, et des Andalous, tous, las de leur
vieille terre, avaient dit : « Eh bien, moi aussi j’y vais, je veux voir ce que c’est ! » parce
qu’ils débarquèrent en Uruguay, par milliers et par milliers, parce que tous ces visages de
jeunes gens, ces corps radieux, que nous voyons passer aujourd’hui, cet air de bien respirer,
ces regards vifs, ces pas légers et sûrs ont été faits avec la collaboration du cœur, des
pampas, et de la mer, je veux dire de l’amour et de la liberté. »
Jules Supervielle, Uruguay
Artus Galiay
[email protected]
1
Index
I – Introduction……………………………………………………………………………....p.3
II – Vivre à Montevideo……………………………………………………………………..p.4
1.
2.
3.
4.
5.
Informations utiles sur Montevideo……………………………………………...p.4
Les transports…………………………………………………………………….p.5
Budget……………………………………………………………………………p.6
Où sortir ? ……………………………………………………………………….p.7
Quelques traits de la culture uruguayenne……………………………………….p.8
III – Etudier et travailler………………...…………………………………………………p.10
1. L’Université ORT en général……………………………………………………p.10
2. Inscriptions et choix des cours…………………………………………………..p.11
3. Cours suivis au premier semestre………………………………………………..p.11
4. Cours suivis au deuxième semestre……………………………………………...p.13
5. Bilan personnel…………………………………………………………………..p.14
6. Stages…………………………………………………………………………….p.15
IV – Voyager……………………………………………………………………………….p.16
1. L’Uruguay………………………………………………………………………..p.16
2. L’Argentine………………………………………………………………………p.16
3. Le Brésil………………………………………………………………………….p.17
4. L’Amérique Latine……………………………………………………………….p.18
V – Conclusion……………………………………………………………………………...p.19
VI – Annexes……………………………………………………………………………….p.20
Annexe 1 : formalités de départ…………………………………………………………….p.20
Annexe 2 : formalités administratives de l’Université……………………………………..p.21
Annexe 3 : le logement……………………………………………………………………..p.21
Annexe 4 : sites internet utiles……………………………………………………………...p.22
Annexe 5 : une fois sur place… ……………………………………………………………p.23
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I – Introduction
Si Jules Supervielle dit vrai, et j’ai aujourd’hui maintes raisons de le croire, la nation
uruguayenne est née dans l’exil, l’exil d’hommes et de femmes errants en quête d’une terre
plus familière, venant de toutes parts mais ne sachant pas vraiment où aller. Il est vrai que la
tranquillité des vastes plaines de l’intérieur alliée à la douceur des rivages du Rio de la Plata
constituaient un sage refuge. Ainsi est apparu l’Uruguay, une mosaïque d’européens
éparpillés sur la Banda Oriental et dont le fervent désir d’indépendance fut forgé au fil des
invasions espagnoles et portugaises. Malgré les très nombreuses ressemblances avec le cousin
argentin, l’ « esprit uruguayen » a ses spécificités qui le rendent unique. Cet « esprit
uruguayen », j’ai pu le découvrir et en profiter tout au long de mon séjour dans la Patrie
d’Artigas, j’ai pu découvrir à quel point il m’était parfois familier, de par sa forte composante
française, mais à quel point il restait malgré tout original et distinct de l’Europe.
Il est malgré tout légitime de se demander : pourquoi aller passer une année d’une
jeunesse si précieuse sur une bande de terre perdue où les guerres européennes successives
ont déversé des flots de migrants venus – le plus souvent par hasard – chercher un meilleur
destin ? La réponse à cette question n’est pas évidente, et reste profondément personnelle,
contrairement à d’autres destinations telles que la majestueuse Buenos Aires, où les raisons
d’aller y passer un an semblent évidentes.
Je dois admettre qu’initialement je voulais aller à Buenos Aires pour ma troisième
année à l’étranger, mais l’Uruguay m’intriguait, je me l’imaginais sans réellement savoir ce
qu’il était. Peut-être me suis-je dit, comme ces migrants que cite Jules Supervielle, « Eh bien,
moi aussi j’y vais, je veux voir ce que c’est ! », je ne sais pas. Je voulais partir à la découverte
d’un continent que je connaissais peu, un continent qui me fascine pour plusieurs raisons, et
d’un pays dont je ne connaissais presque rien, pour le simple plaisir de faire table rase, et de
tout recommencer, tout repenser ; afin de m’ouvrir sur un autre monde, mais également pour
que ce monde soit un reflet de celui d’où je viens, un reflet qui me montrerait ce que je n’ai
jamais pu ou su voir. Et après presque un an passé en Uruguay, à courir sur la longue et belle
Rambla de Montevideo, à admirer le charme pittoresque de petits villages près de la mer ou
éparpillés sur les grandes étendues de l’intérieur, à découvrir peu à peu la culture du pays et
ses spécificités, à converser longuement sur tout et n’importe quoi avec les très accueillants
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uruguayens, après avoir profité de toutes ces choses que l’Uruguay a à offrir, je me sens
heureux d’y avoir passé un an de ma vie.
Toutefois, il est très possible, et je sais que beaucoup en ont fait l’expérience, de ne
rien trouver d’intéressant à l’Uruguay et de trouver Montevideo petite, trop tranquille, voire
ennuyeuse. Il est vrai qu’à côté de Buenos Aires, et selon ses critères, Montevideo fait plutôt
pâle figure, mais la capitale uruguayenne dégage un charme spécifique qu’il convient à
chacun d’apprécier ou de rejeter. Ce charme n’est pas réellement dépaysant pour l’européen,
et lui rappellera plus d’une fois le Vieux Continent, car il y a très peu d’indigènes en Uruguay.
Il y n’y en avait déjà pas beaucoup avant l’arrivée des espagnols, et ceux-ci se sont chargés de
faire le vide.
Vivre un an en Uruguay fut pour moi une expérience humaine, culturelle et
intellectuelle unique, que je cherche à faire partager à travers ce document, en espérant donner
à d’autres l’envie d’aller découvrir tout ce que ce beau triangle de terre a à offrir.
II – Vivre à Montevideo
1. Informations utiles sur Montevideo
A l’arrivée, il est probable que Montevideo ne paraisse pas très accueillante, d’autant
plus que ses habitants ont tendance à ne pas trop sortir lorsqu’il fait trop froid, mais cela ne
veut en rien dire que la ville hiberne et qu’elle ne se réveillera qu’au retour des beaux jours.
En tout cas, les étudiants en général seront bien éveillés pour vous accueillir.
Montevideo est une suffisamment petite pour y circuler à pied, mais suffisamment
grande pour y trouver une architecture imposante et une nuit vivante. C’est une ville très
agréable à vivre, à taille humaine, dans laquelle beaucoup d’endroits sont accessibles à pied,
et dont beaucoup invitent à la promenade ou autres activités en pleine air. Pour cela, la
Rambla (Longue promenade bordant Montevideo depuis le port jusqu’aux confins des
quartiers chics de Carrasco) est un haut lieu de sociabilisation des uruguayens (sauf en hiver),
qui viennent y courir, s’y balader en buvant du maté, ou simplement s’asseoir et discuter. Il en
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va de même pour le Mercado del Puerto, d’anciennes halles qui abritaient un marché,
aujourd’hui reconverties en une mosaïque de restaurants servant des spécialités de l’Uruguay
(beaucoup de viande d’excellente qualité et très peu chère), dont le fameux asado (un énorme
morceau de côtes de bœuf).
Montevideo est la ville la plus sûre d’Amérique Latine, même si selon les locaux la
criminalité en général a beaucoup augmenté récemment. Il faut relativiser ces propos : avant
la crise de 2002, la criminalité en Uruguay était pratiquement inexistante, même si la pauvreté
est souvent très visible. Toutefois, il y a certains quartiers dans lesquels il faut rester vigilant.
La Ciudad Vieja (Vieille Ville) la nuit est un des quartiers les moins sûrs de la ville, il vaut
donc mieux éviter de s’y installer, même si de jour c’est un quartier très plaisant et très
typique de l’Uruguay. Le quartier Pocitos est le plus agréable à vivre, très vivant, et surtout le
plus sûr. Pour cette raison et pour la proximité avec le campus Pocitos de la ORT (là où se
déroulent les cours de la Licence en Estudios Internacionales, celle avec laquelle Sciences-po
a l’accord d’échange), il est très préférable de s’installer dans ce quartier. Et d’autant plus que
la grande majorité des autres étudiants internationaux seront dans les environs. Les autres
quartiers du centre (Centro, Palermo, Tres Cruces, Parque Rodó, et d’autres) sont tous
relativement sûrs (à part Palermo, peut-être) et ont chacun leurs qualités et leurs défauts.
Une rue typique de Montevideo
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2. Les transports
Montevideo est une ville de taille moyenne, il est donc aisé d’y circuler à pied. Le
réseau des bus est très bien fourni, très efficace, et accessible : un ticket de bus coûte 15
pesos (soit 50 centimes d’euros). D’autant plus les bus en eux-mêmes sont assez pittoresques,
de par leur bruit d’avion de chasse et leur intérieur sommaire. Par ailleurs, des taxis circulent
en permanence dans toute la ville, et sont relativement peu chers (75 pesos, soit 2,50 €, pour
aller au centre ville depuis Pocitos, par exemple).
En Uruguay, comme partout en Amérique Latine, le bus est roi pour les transports à
longue distance. A Montevideo, le terminal des bus se trouve à Tres Cruces (qui est, en même
temps, un des quatre gros Shopping ultra moderne et ultra occidental de la ville). L’avantage
par rapport au train, c’est que l’on peut prendre son billet au dernier moment, quelle que soit
la direction. Toutefois, pour des destinations telles que Buenos Aires, il est préférable de le
prends un ou deux jours avant le départ (les 2 compagnies qui desservent cette destination
sont Colonia Express et Buquebus, le prix d’un aller-retour étant tout de même assez cher : 50
€).
3. Budget
Le niveau de vie en Uruguay est parmi les plus élevés d’Amérique latine, et par
conséquent cela se répercute dans le coût de la vie (qui est le plus élevé du continent, après le
Chili). Mais comparé à la France, il reste sensiblement bas, tout paraît très bon marché, sans
pour autant être donné. A titre d’exemple, on peut faire des courses à 25 € et tenir presque une
semaine. En général, on peut s’assurer un bon niveau de vie en dépensant 250 € par mois
(prévoyez tout de même un peu plus si vous comptez voyager, même si la vie en Argentine et
au Brésil coûte moins cher). 1 € vaut 30 pesos uruguayens, cela peut fluctuer mais le taux de
change ne passe jamais en dessous de 29.
Pour ce qui est du sport, l’Université ORT organise quelques activités (football,
volleyball, basquetball…), mais le choix est restreint. Toutefois, il y a de nombreux clubs de
sport dans la ville, dont la qualité peut varier très fortement, mais ils restent en général assez
chers, et ce parce que dans la majorité des cas, la seule façon de s’inscrire au club est d’y
adhérer pour avoir accès à toutes les activités tous les jours. Ainsi, pour réaliser une seule
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activité 1 heure tous les deux jours, j’ai dû payer autant que si j’avais passé mes journées dans
ce club, qui est un des moins chers de la ville : 770 pesos (23 €) pour la carte de membre, et
850 pesos (28€) par mois. Si cela peut paraître bon marché, il faut savoir que l’on s’habitue
vite au coût de la vie en Uruguay, ce qui fait que l’on en vient à trouver cher ce qui en France
nous aurait parût donné !
Quant aux modalités de paiement et de retrait en général, il est indispensable de
consulter sa banque avant de partir pour savoir quelle est le montant des franchises à chaque
retrait, et savoir quelle est la meilleure méthode à adopter (retirer un gros montant toutes les
deux semaines par exemple). Cela peut également être utile si la banque à des succursales en
Uruguay (comme le Crédit Agricole) ou si elle a des accords avec des banques sur place, ce
qui pourrait conduire à certains avantages en termes de retrait.
Il est également possible de s’ouvrir un compte en Uruguay. Personnellement, je n’ai
pas opté pour cette solution, car les paiements par carte sont assez rares, et cela peut
augmenter le montant total des franchises. Je retirais un gros montant toute les deux semaines
et le gardais bien caché dans ma chambre, en prenant soin de ne pas me balader avec ma carte
bleue sur moi. Cela dit, ouvrir un compte dans une banque sur place peut se révéler très
avantageux en cas de perte ou de vol de carte bleue… Une autre solution peut consister à
s’ouvrir un compte dans une autre banque française (presque toutes les banques offrent des
avantages, voire de l’argent, pour les étudiants de Sciences-po). En tout cas, il est très
préférable de partir avec deux cartes de crédit plutôt qu’avec une seule, et de prendre soin de
ne jamais les garder dans le même endroit/portefeuille. A titre d’information, la ORT a des
accords avec la Banque Santander, dont même les étudiants internationaux peuvent bénéficier
lors de l’ouverture d’un compte.
4. Où sortir
La Ciudad Vieja est un endroit très agréable de jour, où est concentrée la majorité des
Musées (Musée du Carnaval, Musée de l’Histoire Nationale…), et où l’on trouve en
permanence des artisans vendant leurs produits typiques de l’Uruguay, et où s’organisent
presque tous les jours des marchés aux antiquaires où l’on vend de tout et de n’importe quoi
(il est très intéressant d’aller s’y balader car les différentes antiquités matérialisent les
différentes origines du peuple uruguayen. J’ai ainsi trouvé sur un stand, entre les livres de
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cuisine française des années 1950 et autres vieilles pièces de monnaie, des photos de Tarbes
datant de 1920 ! Je n’ose imaginer quel voyage elles ont fait avant d’atterrir ici.). Ce quartier
concentre l’essentiel de l’architecture coloniale de la ville, et constitue quelque part l’âme de
la ville. Près du Mercado del Puerto se trouve l’office du tourisme, où l’on se fera un plaisir
de vous indiquer tout ce qu’il y a à voir à Montevideo, et en Uruguay.
Montevideo étant une ville de taille moyenne, les endroits où sortir de nuit ne sont pas
très nombreux, mais il y a toutefois une dizaine de boîtes de nuit, et de nombreux bars. Les
quartiers où sortir la nuit sont principalement Pocitos, Punta Carretas, et Ciudad Vieja (les
bars, boîtes de nuit et restaurants de ce quartier y sont très plaisant, mais il faut éviter toutefois
de s’aventurer seul par là bas).
Par contre, il y a beaucoup de petites salles de cinéma et de théâtres actifs toute
l’année, où l’on passe des films typiques uruguayens et où l’on joue des pièces théâtre dans
lesquelles transparaissent la culture et le mode de vie uruguayens. Pour s’informer, le journal
mensuel Socio Espectacular comprend toute l’activité culturelle de la ville. Une telle
effervescence culturelle est impressionnante dans une ville de la taille de Montevideo, et
surtout de par son originalité (il y a par exemple une pièce de théâtre qui se déroule dans un
bus qui parcoure la ville, à voir absolument !).
Dans la Ciudad Vieja, près du Mercado del Puerto, un samedi après-midi
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5. Quelques traits de la culture uruguayenne
L’architecture de Montevideo retrace toute l’histoire de l’Uruguay, depuis les édifices
coloniaux de la Ciudad Vieja, jusqu’à la très moderne Torre Antel (un gratte-ciel de 200
mètres de haut ultra moderne), en passant par les grandes et belles maisons au style néoclassique (dont la majorité abrite aujourd’hui des ambassades) et les grands immeubles
bétonnés et peu esthétiques des années 1960-1970. Ce mélange est très riche et fait que les
balades dans Montevideo deviennent parfois des voyages dans l’espace-temps, pour qui
s’attache aux spécificités architecturales de chaque quartier.
Une parrilla du Mercado del Puerto, ornée de viandes de toute sorte
La gastronomie uruguayenne est un véritable pilier du patrimoine culturel uruguayen.
Elle est fortement influencée par l’héritage italien de la population de l’Uruguay, mais garde
toutefois sa spécificité à travers la prégnance, voire l’omniprésence, de la viande. On dit à
Montevideo que chaque week-end, il y a au moins un asado (barbecue) par pâté de maison, et
cela se sent parfois dans la rue, où les délicates odeurs de viande braisée accompagnent les
bruits d’une de ces fêtes en famille ou entre amis qui sont en Uruguay une véritable
institution. L’Uruguay est un des rares pays où il y a plus de vaches que d’habitants (12
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millions de vaches pour 3,4 millions d’habitants). Cette richesse est le fondement de son
économie, et l’origine de sa prospérité, qui elle-même est à l’origine de son surnom, « la
Suisse de l’Amérique du Sud ». S’il y a bien une chose à faire absolument avant de partir
d’Uruguay, c’est aller manger au Mercado del Puerto un samedi, entre 12h et 17h, car c’est là
que tout Montevideo se retrouve pour savourer les délicieuses viandes qui ornent les parrillas
(le support du barbecue), tout en parlant, s’amusant, et dansant au son des musiciens jouant du
tango ou de la musique brésilienne, le tout dans un capharnaüm de rires, de chants et de bonne
humeur qui constituent pour moi le cœur de la culture uruguayenne. Par ailleurs, il est une
autre spécialité de l’Uruguay sans laquelle l’autochtone n’envisage pas un dessert : le dulce de
leche (confiture de lait). Il se trouve réellement partout, et en des quantités trop souvent
disproportionnées qui en viennent à écœurer l’estomac non habitué.
Si l’Uruguay devait se résumer en un mot, ce serait celui-ci : Maté. Cette boisson faite
de feuilles séchées d’une plante éponyme baignant dans de l’eau chaude, le tout dans une
calebasse coupée, est le symbole des Gauchos, les cow-boys des terres qui forment
aujourd’hui l’Argentine, l’Uruguay, et le sud du Brésil. Cette boisson amère est commune à
tous les uruguayens, de toute condition et de tous âges. Il est omniprésent dans les rues, dans
les foyers, et jusque dans les salles de cours des universités, où il n’est pas rare de voir un
professeur demander à un de ses élèves de lui préparer un maté. Cette coutume est
naturellement conviviale et invite au repos et à la discussion entre amis, tous autour du maté.
S’il peut paraître amer au début, l’état d’esprit dans lequel il place celui qui a l’honneur d’être
invité à prendre un maté avec des autochtones en fait un synonyme de partage et d’amitié :
« País dulce, maté amargo » (« doux pays, maté amer »), disait le fameux écrivain uruguayen
Mario Benedetti.
En Uruguay, le terme « Sport » signifie football. L’Uruguay a gagné deux fois la
Coupe du Monde : la toute première en 1930 (à Montevideo, face à l’Argentine), et la
deuxième en 1950 (au Brésil, face au Brésil !). Autant dire que ce sport est synonyme
d’orgueil national, et à chaque match il en va de l’honneur de la patrie. La passion générale
pour ce sport fait des matchs de football à Montevideo un spectacle surprenant de ferveur et
d’engouement populaire, et parfois aussi (voire souvent) de violence. Les deux principaux
clubs rivaux de Montevideo sont le Nacional et le Peñarol, et lors d’un match entre ces deux
équipes (un clásico), il vaut mieux opter pour les tribunes « neutres ». Voir un match de
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football dans le Estadio Centenario, celui où l’Uruguay gagna la première Coupe du Monde,
est vraiment une expérience inoubliable.
Les Ferias constituent un autre haut lieu de sociabilité des uruguayens. Ces marchés en
tout genre (marchés aux fruits et légumes, marchés aux puces, aux antiquités, ou simplement
marchés aux vêtements et autres produits traditionnels (matés, objets en cuire,…)) se
déroulent généralement le matin, jusqu’à trois heures de l’après-midi, du jeudi au dimanche,
selon les endroits. Certaines sont connues pour le fait que l’on puisse vraiment tout y trouver
(la Feria Tristan Narvaja, par exemple). En tout cas, ce sont à chaque fois des lieux très
vivants où l’on vient se promener en famille ou entre amis, le thermos sous le bras et le maté à
la main.
III – Etudier et travailler
Le Campus Pocitos de l’Université ORT
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1. L’Université ORT en général
ORT est un réseau d’universités juives fondé en Russie en 1880 qui comprend
aujourd’hui des instituts à travers le monde entier. ORT est installé en Uruguay depuis 1945,
le campus central se trouvant dans le Centro (au coin des rues Mercedes et Cuareim), et
l’autre campus à Pocitos (sur le Bulevar de España, à côté du rond-point de l’Ombu). C’est
dans ce campus que se déroulent les cours de la Licenciatura en Estudios Internacionales, la
licence avec laquelle Sciences-po a l’accord d’échange. Le fait que l’Université soit juive n’a
aucune influence sur la façon d’enseigner les cours, ni sur le contenus, cela ne se sent
pratiquement pas d’ailleurs, mis à part le fait qu’il n’y ait pas de cours le vendredi.
La ORT étant une université privée, les étudiants sont généralement d’un niveau social
assez élevé, voire très élevé, ce qui fait qu’il est assez difficile en général de s’intégrer,
puisque les gens se connaissent depuis très longtemps et les groupes d’amis ont tendance à
être exclusifs, tout comme le milieu dont ils sont issus. Par ailleurs, et sans vouloir toutefois
généraliser, les étudiants de la ORT ont tendance à déprécier leur pays tout en lorgnant les
grandes universités d’Europe et des Etats-Unis. L’objectif de 90% des étudiants de la ORT est
de terminer le cursus avant de partir d’Uruguay, pour aller à Buenos Aires ou Santiago, ou
encore l’Europe et les Etats-Unis pour les plus aisés. On s’étonnera donc du fait que vous
soyez français, avant de vous demander : « Mais qu’est-ce que vous êtes venu faire ici ? ».
Leur curiosité se limite en général à ça, puisqu’il n’y a pas de volonté de leur part d’aller plus
avant dans la rencontre : « Bon et bien, bienvenue ! Au revoir ! » Ainsi, ce n’est pas à travers
eux que vous aller pouvoir profiter réellement de la vrai culture uruguayenne, ni que vous
allez pouvoir vous forger un vrai groupe d’amis. Ce que je décris ici est l’ambiance générale
qui m’est apparue, j’ai toutefois eu la chance de rencontrer des gens très ouvert avec qui je
suis devenu très ami.
L’année universitaire commence aux alentours du 24 mars à la ORT, pour terminer
vers le 20 décembre. On commence donc les cours à partir du deuxième semestre (vers le 26
Août), avant de profiter de 3 longs mois de vacances, pour terminer l’année assez tard (fin
Juillet). Toutefois, il faut faire attention aux dates d’examens avant de prendre ses billets
d’avion de retour ou d’organiser ses voyages pour les grandes vacances : les examens de fin
d’année se déroulent en février, mais il est possible de s’arranger avec l’administration pour
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pouvoir les passer soit fin décembre, soit plus tard dans l’année (fin mai). Quant aux examens
de la fin de l’année d’échange, ils se déroulent durant la première quinzaine d’Août, mais il
est possible de demander à les passer avant.
Sciences-po requiert un minimum de 12 heures de cours par semaine, soit entre 3 et 4
cours, selon les choix, qui se déroulent le matin et sont répartis sur 4 jours, étant donné que le
vendredi est libre. Le choix des cours est assez large et comprend des matières très diverses.
Ainsi, toutes les après-midi sont libres, cela peut être vu comme une bonne chose (ça dépend
de ce que l’on veut en faire) mais je pense que c’est une bonne idée de profiter de cette
opportunité pour faire un stage par exemple (voir la section « Stages »).
2. Inscriptions et choix des cours
Peu après votre arrivée, et après avoir pris contact avec Miriam Kemna, celle-ci vous
indiquera les procédures à suivre pour s’inscrire et choisir les cours. Javier Bonilla et Andrés
Bancalari (tous deux très sympathiques) seront vos deux contacts dans l’administration de la
ORT Pocitos, auprès de qui vous vous inscrirez et choisirez vos cours, à l’aide de leurs
conseils avisés sur la qualité des cours et des professeurs, lors d’un entretien personnel au
cours duquel vous pourrez leur soumettre la moindre question, le moindre doute à propos de
tout ce que vous voudrez.
3. Cours suivis au premier semestre
Derecho Diplomático
Ce cours de droit diplomatique est très concret et assez technique, mais reste très
abordable et ne requiert que les connaissances les plus basiques du Droit International.
Toutefois, et c’est là son intérêt, le cours est donné par le maître absolu de la diplomatie en
Uruguay, Sr. Agustin Espinosa Lloveras, ancien ambassadeur d’Uruguay en Allemagne, au
Chili, au Brésil et dans bien d’autres pays, ce qui lui forgea une profonde culture de la
diplomatie et de son histoire. Il est donc très intéressant d’écouter ses opinions sur le
fonctionnement de la diplomatie en général, nourries par une longue expérience dans le milieu
de la représentation. A part ça, le cours en soit ne présente pas un grand intérêt pour qui ne
compte pas se lancer dans une carrière de diplomate.
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Política y Sociedad Uruguaya
Voici un cours que je recommande tout particulièrement. Tout d’abord parce qu’il est
donné par un des plus éminents sociologues du pays, Alfonso Lessa, quelqu’un de très cultivé
dont les analyses sont réellement passionnantes. Ensuite, parce que ce cours reprend l’histoire
de l’Uruguay, depuis les origines jusqu’à aujourd’hui, ce qui permet d’avoir une très bonne
compréhension de la politique et de la société uruguayennes contemporaines. Par ailleurs, et
étant donné que les phénomènes marquant l’histoire de l’Uruguay sont généralement
communs aux autres pays d’Amérique Latine, ce cours permet d’atteindre une vaste
compréhension des grands tournants de l’histoire du continent. Pour qui est passionné
d’histoire ou veut simplement comprendre les principales tendances politiques du pays, ce
cours est tout à fait indiqué.
Periodismo Internacional
Ce cours est de très loin celui qui m’a le moins passionné à la ORT. Reprenant les
concepts les plus basiques de mondialisation et de relations internationales, son seul avantage
réside dans l’opportunité de suivre l’actualité du point de vue des uruguayens. De ce point de
vue, il fut intéressant de voir quelle était leur façon de hiérarchiser l’information, et surtout
quelle analyse ils en font. Il en ressort des traits marquant du pays tels que l’impression
omniprésente d’une dépendance très forte vis-à-vis des Etats-Unis. A part ça, le cours n’a rien
d’intéressant, pas même pour qui cherche à s’orienter vers le journalisme.
Economía Internacional
Voici un cours intéressant qui permet de ne pas oublier les concepts fondamentaux de
macroéconomie et de commerce international, ou de les acquérir pour qui ne les a jamais
appris. Il reste basique pour qui a étudié la macroéconomie à Sciences-po, mais il donne
l’opportunité d’approfondir ses connaissances dans des domaines plus ciblés. De nouveau,
l’un des intérêts que présente ce cours réside dans l’approche uruguayenne qu’il comprend,
puisqu’il consiste souvent à appliquer des concepts économiques à l’Uruguay, ce qui permet
de comprendre le positionnement du pays dans le commerce international, et les débats que
cela suscite en général, au niveau national aussi bien que régional. Par ailleurs, le professeur
(Juan José Barrios Ulrich) est très sympathique et compétent.
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Português 1
Le cours de premier niveau de portugais permet d’établir les bases de la langue, ou
plutôt les bases des différences avec l’espagnol, puisque les deux langues sont à 85%
identiques. La professeure est très sympathique, et cela permet par ailleurs de connaître un
peu le brésil, car c’est ici le portugais du Brésil que l’on apprend. Toutefois, il vaut mieux
avoir un très bon niveau d’espagnol avant de commencer à apprendre le portugais, car
l’apprentissage de la langue vernaculaire constitue une priorité dans le séjour à l’étranger.
Pour cela, il y a des cours d’espagnol, dispensés dans le campus Centro de l’Université.
Miriam Kemna vous informera d’elle-même à ce propos.
4. Cours suivis au deuxième semestre
Cultura y sociedad contemporánea
Ce cours pourrait sembler basique si le professeur (Agustin Courtoisie) n’était pas
intéressant à écouter. C’est un cours qui dispense les concepts fondamentaux pour la
compréhension de la culture et de la société dans le monde globalisé (modernité et
postmodernité, économisme, culturalisme, etc…). Au menu, Huntington, Fukuyama et
Lipovetsky, mais aussi Oppenheimer, Tofler et Thomas Friedman. Si les trois premiers sont
connus de tous, les trois autres le sont moins, et c’est bien là l’intérêt du cours, puisqu’il
permet de revoir des concepts plutôt basiques, mais d’un tout autre point de vue. Par exemple,
Oppenheimer analyse quel sera l’impact de la montée en puissance de la Chine sur
l’Amérique Latine. Très intéressant, dans le sens où la perception des latino-américains dans
ce domaine est fondamentalement différente de celle des européens.
Relaciones Internacionales Regionales
Contrairement à ce qu’indique son nom, ce cours ne consiste pas à étudier les relations
internationales au sein de la région, mais bien plus à étudier l’histoire des pays qui la
composent ainsi que les phénomènes qui leurs communs (dictatures, prééminence des
matières premières dans leurs économies,…). L’avantage de ce cours c’est qu’il est
pluridisciplinaire : l’économie, la politique, l’histoire et les relations internationales
nourrissent des réflexions souvent intéressantes mais qui pourront paraître basiques pour qui
connaît l’histoire de l’Amérique Latine.
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Historia contemporánea de América Latina
Pour tout passionné d’histoire et/ou de l’Amérique Latine, ce cours permet d’acquérir
une connaissance très substantielle de l’histoire de la région, dans tous ses aspects (politique,
économie, culture, etc…). La professeure (Isabel Clemente) n’est pas très intéressante, bien
que compétente, mais cela importe peu étant donné que l’essentiel des connaissances est
acquis à travers un très gros recueil de textes sélectionnés. Le cours est intéressant et bien
construit, puisqu’il présente également les différents débats relatifs à certaines périodes et
certains événements problématiques de l’histoire.
Mercados financieros internacionales
Voilà un cours qui constitue une très bonne introduction au milieu des marchés
financiers en général pour qui n’en a qu’une très vague idée. Le professeur (Juan José Barrios
Ulrich, le même qui dispense le cours d’Economía Internacional) est compétent et intéressant,
surtout dans ses explications sur les origines profondes de la crise financière. A part ça, le
cours reste très technique et peut sembler dénué de tout intérêt pour qui ne compte pas se
lancer dans la finance. Personnellement, je le trouve très intéressant puisqu’il met en lumière
bien des idées reçues (véridiques ou pas) sur un milieu trop souvent inconnu. Il permet de
faire la part des choses quant à la place des marchés financiers dans la société, leur utilité,
ainsi que la question de la responsabilité et du risque, notamment par rapport à la crise
actuelle.
Português 3
Ce niveau de cours de portugais présente un intérêt majeur (à condition d’avoir
travaillé régulièrement la langue), puisqu’une connaissance plus poussée de la langue permet
simplement une compréhension plus large des coutumes et modes de vie brésiliens en général.
5. Bilan personnel
L’Université ORT est très vivante, à taille humaine et très agréable à vivre de par son
cadre (le campus Pocitos est en réalité une ancienne maison coloniale), et la bonne ambiance
qui y règne. Bien que le campus de l’université soit assez petit, il y a un amphithéâtre et
l’Université organise assez souvent des conférences et des débats. Toutefois, la vie associative
est quasiment inexistante étant donné qu’il n’y a pas d’associations et que les élèves tendent à
rester entre eux. Heureusement, les étudiants internationaux forment en général un groupe
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d’ami très amusant et enrichissant, auquel des uruguayens se joignent au fur et à mesure du
semestre. Attention tout de même à ne pas trop rester entre français ou entre internationaux !
Quant au niveau académique, il est généralement bas comparé à Sciences-po, voir très
bas s’il l’on prend des cours de première ou de deuxième année. Je pense donc qu’il vaut
mieux choisir ses cours en fonction de l’intérêt personnel plutôt que dans une optique
académique et professionnelle. Les cours permettent de découvrir une matière ou de
compléter ses connaissances, mais ne sont pas assez substantiels pour constituer une
formation digne de ce nom.
6. Stages
Etant donné que les cours à la ORT se limitent à une quinzaine d’heures par semaine
(dispensés le matin), et que le travail donné par les professeurs est presque inexistant, j’ai
décidé de profiter de mes après-midis libres en faisant un stage. L’avantage d’être à
Montevideo, c’est que la concurrence est très faible (car il y a peu d’étudiants internationaux,
même si ce chiffre est en très forte augmentation), et donc un élève motivé trouve facilement
un stage (non rémunéré dans la très grande majorité des cas).
Ainsi, j’ai fait un stage à l’Ambassade de France au premier semestre, et à la
Délégation de la Commission Européenne pour l’Uruguay et le Paraguay au deuxième
semestre. Ces deux stages (non rémunérés) m’ont été extrêmement profitables et
professionnalisant (surtout celui à la Commission Européenne), dans la mesure où j’ai
beaucoup appris sur le service extérieur de la France ainsi que les politiques de coopération
régionale et bilatérale de la Commission Européenne.
Combiner ORT et stage est très facile (université le matin, stage l’après-midi) et laisse
beaucoup de temps libre pour profiter de Montevideo et de l’Uruguay. Je pense même qu’il
serait dommage de ne pas saisir une telle opportunité, étant donné que la faible concurrence
permet d’avoir accès à des stages de qualité.
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IV – Voyager
1. L’Uruguay
Le réseau des bus en Uruguay est très bien fait, et très accessible financièrement. Par
exemple, un bus pour se rendre à la station balnéaire Punta del Este (le « Saint-Tropez de
l’Amérique du Sud », où viennent énormément d’argentins et de brésiliens), à deux heures de
Montevideo, ne coûte que 5 €. Cette destination est idéale en été, mais reste l’apanage d’une
certaine élite occidentalisée et très peu typique de l’Uruguay. Aller passer un week-end à
Punta del Este reste toutefois accessible et très amusant. Pour trouver des endroits plus
typiques et dépaysant, il suffit de pousser un peu plus loin, jusqu’à Cabo Polonio ou Punta
del Diablo.
Une image assez représentative de l’intérieur de l’Uruguay…
Toutefois, c’est dans l’intérieur de l’Uruguay que l’on trouve ses racines culturelles les
plus profondes. Des paysages tels que les estancias, les vastes plaines, ou encore des petites
villes au charme profondément local sont autant de traits typiques de l’Uruguay radicalement
différents de la vie à Montevideo. Bien qu’assez homogène, l’intérieur de l’Uruguay présente
un intérêt tout particulier. Par ailleurs, le pays étant relativement petit, les principales villes de
l’intérieur (Paysandú, Tacuarembó, Salto, etc…) sont facilement accessibles.
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2. L’Argentine
La destination principale en Argentine est évidemment la capitale Buenos Aires où
passer quelques jours à visiter cette ville majestueuse est un vrai bonheur… pour qui n’a pas
peur des grandes villes, car Buenos Aires est une véritable jungle urbaine, mais très diverse à
la fois. Les petits quartiers typiques (San Telmo) côtoient les grands boulevards où circulent
des bus qui se prennent pour des Formule 1. La ville est magnifique, l’architecture et la
culture y resplendissent, mais ses habitants (les porteños) en sont conscients, ce qui fait qu’ils
peuvent souvent paraître fiers et sûrs d’eux-mêmes, voire arrogants (ou insupportables, dirait
un uruguayen). L’Uruguay et l’Argentine sont culturellement très proches, mais cela
n’empêche pas qu’ils s’entendent aussi bien que les français et les anglais (voire mieux).
L’orgueil argentin est dû en partie à la beauté de leur pays, et de ce point de vue ils ont
réellement de quoi être fiers. Chaque partie de l’Argentine est digne d’être visitée, chacune
ayant ses spécificités et ses beautés naturelles. Personnellement, j’ai adoré Córdoba,
magnifique ville où l’héritage latin est omniprésent, ici plus qu’autre part, et dans tous ses
aspects. Mendoza est également une belle ville, à la limite entre les grandes étendues de la
pampa et la Cordillère des Andes, dans la région qui produit les meilleurs vins argentins. Par
ailleurs, la Patagonie, le glacier Perrito Moreno, Ushuaia, ou encore la Peninsula Valdés sont
des régions dont la beauté naturelle seule justifie le voyage.
3. Le Brésil
Depuis l’Uruguay, le Brésil est une destination relativement facile d’accès : 11 heures
de bus pour Porto Alegre depuis Montevideo, et 18 heures pour Florianópolis (cela peut
sembler beaucoup, mais les distances à parcourir sont bien plus grandes qu’en Europe). Le
Sud du Brésil ressemble fortement à l’Uruguay, physiquement mais aussi culturellement
(surtout à travers le maté et l’asado, tous deux très prégnant dans le sud du Brésil) étant donné
qu’il y a le même héritage Gauchos dans les Etats de Rio Grande do Sul et de Santa Catalina.
Toute la côte Atlantique est magnifique, avec ses vastes plages de sable fin et ses lagunes,
bien que ce soit surtout la culture brésilienne qui fasse l’intérêt du lieu.
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Le Brésil est un pays fascinant et extrêmement divers selon la région que l’on visite.
Ce « pays-continent » grand comme 16 fois la France constitue une destination idéale pour
n’importe quel genre de voyage. Toutefois, les destinations les plus faciles d’accès depuis
l’Uruguay sont les Etats du Sud du Brésil : Rio Grande do Sul et Santa Catalina (là où se
trouvent les imposantes chutes d’Iguaçu). Pour ceux qui voudraient pousser plus loin, vers
São Paulo et Rio de Janeiro, il est plus sage de prendre l’avion, car pour Rio il faudra
patienter durant pas moins de 36 heures dans un bus avant d’y arriver. Les merveilles que
recèle le Brésil sont innombrables et chacun y trouve sûrement son goût. Bien que puissance
régionale et pays d’avenir, ses habitants restent humbles et accueillants, en plus d’avoir une
réelle curiosité pour les étrangers et leur origine, et plus particulièrement pour les français, ce
peuple étrange qui est le seul qu’ils n’arrivent pas à battre au football. Attention toutefois à se
constituer un minimum de vocabulaire en portugais car contrairement à ce que l’on pourrait
croire, ce n’est pas parce que les langues sont proches qu’elles peuvent s’entendre, bien au
contraire.
4. L’Amérique Latine
Quelle que soit la destination choisie pour quelqu’un qui veut passer sa 3A en
Amérique Latine, je pense qu’il est indispensable de profiter des trois longs mois de l’été
austral pour faire un grand voyage à travers le continent. La période est idéale, le temps est
disponible, le taux de change en général est très avantageux et les prix sont bas ; ces
conditions sont rarement réunies. Personnellement, j’ai fait un voyage d’un mois et demi
depuis l’Uruguay qui m’a permis de parcourir l’Argentine, le Chili, la Bolivie, le Pérou, le
Paraguay et le sud du Brésil. Plus qu’une expérience inoubliable, ce fut un voyage initiatique,
et je ne saurais trop recommander quiconque en a l’opportunité de la saisir et d’en profiter le
plus possible.
Les destinations les plus touristiques (parce qu’elles constituent généralement les
meilleurs point de chute au milieu de nulle part pour visiter les alentours) sont : San Pedro de
Atacama au Chili, un petit village touristique qui a su garder son charme et qui propose
énormément d’activités, dont de nombreux tours en 4x4 (3 jours) pour traverser les paysages
psychédéliques des déserts de sel et des lagunes avant d’arriver à Uyuni en Bolivie. D’autre
part, Cusco est une ville formidable et un passage presque obligé pour aller voir le Machu
Picchu. En Bolivie, les anciennes villes coloniales (Sucre, Potosí…) réparties sur l’Altiplano
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valent vraiment le coup. Enfin, la triple frontière Paraguay – Argentine – Brésil (un des plus
gros carrefours de la contrebande internationale) abrite les magnifiques chutes d’Iguaçu, une
merveille de la nature à voir absolument.
De nombreux guides touristiques affirment que l’Amérique du Sud est un continent
fait pour voyager, car on y trouve vraiment de tout et pour tous les goûts (du voyage culturel
de site en site au voyage sportif de montagnes en rivières rapides), et je dois avouer que ce
n’est pas faux. Dans les auberges de jeunesse de Cusco, on trouve aussi bien des passionnés
d’histoire obsédés par les mystères du Machu Picchu, que des sportifs endurcis venus tester le
kayak dans les rapides du Pérou. Ainsi, il convient à chacun de se créer son voyage, comme il
lui sied et selon sa personnalité : le rang des possibles est infini. Assurez-vous tout de même
de partir avec des gens qui voudront faire plus ou moins les mêmes activités que vous ; dans
le cas contraire cela peut poser de vrais problèmes.
V – Conclusion
Si je ne savais pas vraiment pourquoi je voulais partir en Uruguay au moment d’opter
pour ce pays, je sais maintenant les raisons qui m’y ont poussé. Tout d’abord, qui connaît
l’Uruguay ? Cette bande de terre pour beaucoup mystérieuse gagne à être connue dans le sens
où elle représente une expérience unique et vraiment personnelle : l’Uruguay fait parti de ces
petits pays qui ont beaucoup de choses à offrir, mais qui sont trop souvent cachés par l’ombre
de leurs grands voisins. L’Uruguay est culturellement proche de l’Argentine, mais ce n’est pas
l’Argentine. Buenos Aires fait partie de ces grandes métropoles mondiales, qui ont leurs
qualités et leurs défauts, et qui sont souvent connues de tous, ce qui fait que l’on sait
généralement à quoi s’attendre. Aller à Buenos Aires en 3A, c’est savoir que l’on va passer
une très bonne année, mais le fait de savoir à l’avance pourquoi cette année sera géniale ne
tue-t-il pas un peu son charme ? Aller à Montevideo est un pari, c’est se lancer dans une
expérience où la part d’inconnu est relativement grande. Pour ma part, ce fut une expérience
formidable à tout point de vue, mais il faut savoir que l’on peut également perdre ce pari et
finalement être déçu.
D’autre part, au fur et à mesure que je découvrais le pays et la région, bien des choses
sont venues conforter mon choix de l’Uruguay. Tout d’abord, j’ai pu me rendre compte des
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spécificités politiques et historiques d’une nation d’immigrés telle que l’Uruguay : comment
se sentir quelque chose en commun quand on vient tous d’ailleurs ? A part le thème des
indiens, l’Uruguay résume à lui seul toute l’histoire de l’Amérique Latine, et d’autant plus par
le fait qu’il ait toujours vécu dans l’ombre d’une grande puissance… Par ailleurs, ça a été
pour moi l’occasion de découvrir le Brésil, sa langue et sa culture, sur lesquelles j’avais
quelques vagues connaissances, mais dont je me suis rendu compte très vite qu’elles étaient
bien minces. J’ai maintenant une véritable passion pour la culture brésilienne, que jamais je
ne me serais soupçonnée (jamais je n’aurais même envisagé d’aller passer ma 3A au Brésil).
Enfin, grâce à la taille moyenne de la capitale uruguayenne et aux horaires favorables de la
ORT, j’ai pu faire deux stages, que de longs transports dans une grande ville ne m’auraient
pas laissé le temps de faire.
Tout ce que j’ai appris au cours de cette année sur l’Uruguay, sur l’Amérique Latine,
mais bien plus encore sur le monde en général, je le dois à ce pari initial de partir à l’inconnu
dans un pays dont j’ignorais presque tout. Au lecteur de savoir s’il est prêt à tenter le pari.
VI – Annexes
Annexe 1 : formalités de départ
Un billet d’avion pour Montevideo depuis l’Europe coûte aux environs de 1100 euros,
et cela peut varier sensiblement (surtout vers le haut), selon que l’on s’y prend tôt ou tard. En
cherchant bien on peut s’en sortir pour 1000 euros, voire moins, sans pour autant faire trop
d’escales.
Quant au visa, en théorie l’étudiant séjournant en Uruguay peut demander un visa
d’étudiant valable un an, mais une fois arrivée sur place on m’a infirmé les dires de Sciencespo : il n’y a pas de visa étudiant, il faut faire avec le visa touristique valable 90 jours, et sortir
du territoire national dans ce délai pour le renouveler, ou bien se rendre au bureau des
migrations, dans le quartier de Ciudad Vieja (Calle Misiones), où l’on vous renouvellera votre
visa moyennant quelques pesos. Personnellement, j’ai beaucoup voyagé, et donc je n’ai pas eu
à renouveler mon visa de la sorte : mieux vaut dépenser les 300 pesos demandés (10 euros) en
allant faire un tour à l’étranger !
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Toutefois, il y a certains papiers important à se procurer en France et à garder tout au
long de son séjour, si la possibilité de prendre un visa d’un an se présente (ou pour n’importe
quelle autre raison): une copie officielle de votre casier judiciaire, et une copie officielle de
votre certificat de naissance, tous deux à demander à la mairie de la ville où vous résidez, ou
bien où vous êtes nés, cela dépend de comment vous avez fait suivre ces documents.
Personnellement, je n’en ai pas eu besoin de tout mon séjour, mais mieux vaut être sûr.
Pour plus d’informations, consultez le site du Ministère des Affaires Etrangères
(www.diplomatie.gouv.fr), ou encore celui de l’Ambassade de France à Montevideo
(www.ambafranceuruguay.org).
Annexe 2 : formalités administratives de l’Université ORT
Avant de partir pour l’Uruguay, il a quelques procédures à suivre par rapport à
l’Université ORT. D’abord, se mettre en contact avec la coordinatrice des échanges (Miriam
Kemna, une allemande très sympathique qui un jour est venu faire un semestre d’échange à
Montevideo, et à décider d’y rester pour y vivre). Ensuite, remplir quelques formulaires sans
grande importance mais qui permettent de se familiariser avec l’Université. Je me suis inscrit
avant de partir aux Letras Internacionales, un hebdomadaire que je reçois par mail et qui
permet de commencer à s’informer sur la façon dont les uruguayens voient le monde. Enfin, il
est toujours pratique d’explorer le site internet de l’Université (www.ort.edu.uy), pour se
familiariser avec l’environnement ORT, et sur la vie d’étudiant à Montevideo en général
.
Annexe 3 : le logement
Trouver un logement à Montevideo n’est pas très difficile, même si récemment, la
forte augmentation de la communauté d’étudiants internationaux de la ville rend cette
recherche un peu plus ardue, surtout étant donné que cela a fait augmenter les prix. Plusieurs
options se présentent.
La première, la plus simple, chercher un appartement avant de partir afin d’avoir sa
chambre disponible dés l’arrivée. Pour cela, la ORT a une liste de gens qui ont l’habitude de
louer des chambres dans des appartements à des étudiants internationaux. Il n’y a pas de
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risque à prendre étant donné que les personnes inscrites sur cette liste sont dignes de
confiance. Le seul risque éventuel consiste à se retrouver dans un endroit qui, en fin de
compte n’est pas vraiment ce à quoi vous vous attendiez, avec des gens que vous risquez de
ne pas apprécier. Pour éviter les mauvaises surprises, demandez à voir des photos de
l’appartement et laissez au propriétaire le soin de choisir les colocataires. Je recommande
vivement cette solution étant donné qu’elle m’a permis de me faire très vite des amis, et qu’à
travers eux j’ai rencontré énormément de gens qui ont contribué à faire de mon séjour un vrai
bonheur. Cette colocation fut une très belle aventure humaine, et un élément central de mon
séjour à l’étranger.
La deuxième solution, un peu plus risquée à mon avis, consiste à réserver une chambre
dans une auberge de jeunesse pour une dizaine de jours, le temps de rencontrer des gens pour
se mettre en colocation avec eux. Cela peut très bien marcher et la colocation peut devenir une
formidable aventure humaine, mais cela peut également devenir vite insupportable si les
colocataires choisis ne sont finalement pas si plaisant à vivre au jour le jour ; et attention aux
mauvaises rencontres en général.
Une autre option consiste à se mettre en colocation avec des uruguayens, pour ceux
qui chercheraient à s’immerger directement et profondément dans la culture uruguayenne.
Seulement, rares sont les étudiants uruguayens qui font des colocations, étant donné que la
majorité vit chez ses parents. Toutefois, il existe des résidences (surtout dans le centre) pour
étudiant, peu cher et très conviviales, où cohabitent une vingtaine de personnes (cela dépend
des endroits), avec douches et cuisine communes. Montevideo semblera alors beaucoup moins
tranquille, mais bien plus vivante.
Enfin, il est également possible de vivre chez une famille uruguayenne. Louer une
chambre dans une maison habitée est peu cher et comporte certains confort (parfois, les repas
sont compris dans le prix), mais cette solution n’est vraiment pas idéale pour rencontrer des
gens, ni pour sortir, étant donné que la famille d’accueil fixe en général des règles à respecter.
Le budget pour le logement est très variable, et dépend sensiblement de l’option
choisie, la collocation avec des étudiants étant en général la plus chère, et la collocation avec
une famille uruguayenne la moins cher. Mais on peut très bien trouver un appartement
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confortable et bien situé à partager avec d’autres étudiants pour 200 euros/mois ou moins.
Pour cela, il ne faut pas s’y prendre trop tard.
Annexe 4 : sites Internet utiles
Afin de se familiariser avec l’Uruguay, il existe plusieurs sites internet :
-
www.uruguaytotal.com, pour des informations en tout genre sur la situation
politique, économique et sociale de l’Uruguay.
-
www.turismo.gub.uy, site internet du Ministère du Tourisme, afin de se
familiariser avec les différentes régions de l’Uruguay, voire de commencer à
s’organiser pour voyager.
-
Des sites internet de journaux uruguayens divers, pour s’informer sur l’actualité du
pays en général : www.elpais.uy (Version uruguayenne du journal El País),
www.observa.uy (journal El Observador), www.busqueda.uy (hebdomadaire dont
les articles sont souvent d’une très grande qualité et permettent de se rendre
compte des différents débats en tout genre qui ont lieu dans le pays et dans la
région), www.ultimasnoticias.uy (journal Ultimas Noticias)
Annexe 5 : une fois sur place…
Une fois arrivé à Montevideo, il y a plusieurs solutions pour se rendre dans la ville
depuis l’aéroport. La plus simple, le taxi, mais c’est aussi la plus cher : 600 pesos (20 euros)
pour une arrivée triomphale par la Rambla, d’où la ville semblera grise et triste. C’est normal,
c’est l’hiver et il fait 9°. La solution la moins cher : prendre un bus (25 pesos maximum,
presque 1€), qui finit son parcours à Tres Cruces, le terminal des bus de Montevideo. A partir
de là, mieux vaut prendre un taxi jusqu’à votre appartement ou la résidence d’étudiants dans
laquelle vous aurez réservé une chambre.
Afin d’avoir le temps de se poser à Montevideo et de se repérer un peu, il est sage de
s’y rendre au moins une semaine avant le début des cours. Parmi les procédures
administratives à suivre, la plus importante est d’aller se faire enregistrer au Consulat de
France à Montevideo (qui se trouve dans l’Ambassade de France, au coin des rues Andes et
Uruguay, dans le centre). S’enregistrer est obligatoire, et cela vous assure la protection du
consulat en cas de problème.
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Puis, allez rendre visite à Miriam Kemna, au Campus Centro de la ORT (au coin des
rues Cuareim et Mercedes, dans le Centro), afin de lui dire que vous êtes bien arrivés (ou bien
le contraire, si ce n’est pas le cas), et pour lui soumettre le moindre doute par rapport à quoi
que ce soit. Elle vous expliquera ensuite le calendrier de début des cours ainsi que les
procédures d’inscriptions.
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