Related PDF - Amcham France
Transcription
Related PDF - Amcham France
N° 314 - Mercredi 29 juin 2016 ISSN 2105-1909 & DROIT AFFAIRES L’événement Les avocats sont-ils les grands gagnants du Brexit ? L a Grande Bretagne a parlé. Près de 52 % des électeurs ont opté pour le Brexit. Sauf événement imprévu, le pays devrait donc prochainement invoquer l’article 50 du Traité de l’Union pour engager une sortie de l’Union européenne. Les avocats de la place parisienne sont sur le pont. La quasi-totalité des firmes a envoyé à la presse et à leurs clients des propositions d’éclairage et d’assistance sur les procédures à suivre. Car selon une étude menée en avril par Pinsent Masons auprès de plus de 1 000 sociétés britanniques, françaises et allemandes, seul un quart des organisations interrogées ont défini un plan d’action à mettre en place face aux risques découlant d’un Brexit, tandis que plus de la moitié des personnes interrogées (53 %) a avoué que le sujet n’avait fait l’objet d’aucune discussion au sein de leur conseil d’administration. Le secteur des services financiers apparaît néanmoins comme le plus préparé au changement, avec 58 % des sociétés ayant déjà abordé le sujet du Brexit lors de leur conseil d’administration et 51 % ayant défini un plan d’action. En comparaison, au sein du secteur de la construction, seules 27 % des entreprises ont dit avoir défini un plan d’action. Les prochains mois promettent donc d’être actifs du côté des cabinets d’avocats. Si les cabinets anglais pourraient être bien placés pour remporter ce type de dossiers, les choses ne sont pas si roses en interne. Le Brexit risque en effet d’avoir des conséquences importantes sur leur organisation. Au niveau de la rémunération des avocats tout d’abord : selon The Lawyer les augmentations des collaborateurs pour l’année prochaine seraient d’ores et déjà gelées. A l’image de ce qui s’est passé durant la crise de 2008. Or les rémunérations, en livres sterling, ont déjà de fait perdu plus de 10 % par rapport à jeudi dernier. Tout comme les retraites des associés, même si la plupart d’entre elles sont calculées à partir d’un mix entre l’euro, la livre et le dollar. Des mouvements sont par ailleurs à prévoir dans les équipes, notamment londoniennes. Certains avocats pourraient en effet être tentés de suivre leurs clients sur le continent. Selon un sondage effectué ce week-end, une entreprise britannique sur cinq envisagerait déjà de délocaliser une partie de son activité. D’autres avocats pourraient être obligés de quitter les firmes britanniques pour poursuivre leur pratique, à l’image des avocats anglais spécialisés en droit communautaire qui ne pourront bientôt plus plaider devant la Cour de Luxembourg. n Ondine Delaunay au sommaire Communauté Gide se rapproche de HWB à Hong Kong Carnet Analyses p.2 p.2 Affaires BREXIT : quelle stratégie pour les entreprises ? p.8-9 La technologie et l’innovation, au cœur de la relation franco-américaine : l’innovation est le moteur des économies modernes p.10--11 Blockchain : quelle réglementation pour une utilisation par les marchés ? p.3 Affaire Cahuzac : le Conseil constitutionnel rejette la QPC p.5 L’avocat de Jérôme Cahuzac : Jean Veil, associé du cabinet Veil Jourde p.5 Deals p.6-7 Ce numéro comporte un supplément Classement droit fiscal Communauté le cabinet de la semaine Gide se rapproche de HWB à Hong Kong G ide poursuit sa stratégie de réorganisation internationale. Le cabinet annonce aujourd’hui son rapprochement avec le cabinet hongkongais Howe Williams Bowers (HWB). Il s’agit d’un cabinet d’avocats indépendant offrant une large gamme d’expertises dont le contentieux, le corporate, le capital market, le droit maritime, le droit de la santé, le droit de l’assurance, le droit social, etc. «Ce rapprochement permet aux clients de Gide d’accéder à l’expertise d’un cabinet full service de premier plan pour leurs besoins en droit hongkongais, en complément de l’offre de Gide en droit chinois au travers de ses bureaux de Pékin et Shanghai», précise le communiqué de presse. Sauf que Gide est présent à Hong Kong depuis déjà plusieurs années… Mais Baudouin de Moucheron et Stéphane Puel, respectivement senior partner et associé gérant de Gide, expliquent : «Notre cabinet avait une taille trop modeste pour traiter des opérations importantes. Conformément à notre stratégie de développement à l’international, nous avons donc choisi de nouer un partenariat avec un cabinet d’envergure local.» L’associé Gilles Cardanel et son équipe de deux collaborateurs vont donc intégrer les rangs de HWB. Mais l’histoire serait trop simple si elle s’arrêtait là. Selon nos informations, l’associé David Boitout serait sur le point de repartir en Asie pour chapeauter les deux bureaux chinois de la firme. Et il serait basé chez Gide, à Hong Kong… Explications : ce bureau de Hong Kong, qui finalement ferme sans fermer, ne sera désormais plus consacré à l’exercice du droit. Il sera simplement composé d’un associé, sans collaborateur. carnet CMS Bureau F r a n c i s Lefebvre Lyon annonce l’arrivée d’Olivier Leroy, comme a s s o c i é . Accompagné de son équipe composée de trois collaboratrices – Elvire Mazet, Gaëlle Serrano et Laure Vago – il vient renforcer l’activité en droit de la concurrence et en droit de la distribution. Une pratique qui vient compléter celle de Laurent Romano, associé en droit économique. Agé de 43 ans, Olivier Leroy est diplômé de l’EDHEC (1994), titulaire d’un DEA de droit des contrats d’affaires (Montpellier, 1997) et ancien allocataire de recherches. Il a commencé sa carrière au sein du cabinet Landwell en 2000, avant de rejoindre Fidal à Lyon en 2005, dont il avait été nommé associé et directeur du département concurrence-distribution. Capstan Avocats annonce la nomination de trois associés. Anne Murgier intervient en conseil comme en contentieux, notamment sur des sujets liés à la durée de travail et aux restructurations. Elle est diplômée du DJCE de Montpellier et a intégré le cabinet en 1999. Jérôme Margulici intervient en conseil comme 2 Mercredi 29 juin 2016 en contentieux social. Titulaire d’un DEA de droit social (Paris II), il a rejoint le cabinet en mars 2009. Maxime de Margerie intervient sur tous les aspects du droit social et du droit de la sécurité sociale, notamment dans les secteurs d’activité des métiers de l’environnement, de l’économie sociale et des nouvelles technologies. Titulaire du DESS droit et pratique des relations de travail (Paris II, 2004) ainsi que d’un DEA de droit privé (Aix-Marseille III), il a commencé sa carrière au sein de la SCP Grelin en 2004, avant de rejoindre Grand Auzas Avocats en 2006, puis d’intégrer Capstan en 2008. Il exerce au sein du bureau de Marseille. Bird & Bird vient de coopter Nathalie Devernay comme associée du bureau de Lyon. Elle intervient en droit social, en conseil comme en contentieux, pour le compte d’entreprises françaises et étrangères. Elle se charge notamment des questions de mobilité internationale, de transferts de personnel, d’opérations de réorganisation ou de restructuration. Titulaire du DJCE de l’université de Lyon III (2003) et diplômée de l’université de Berlin, elle a commencé sa carrière chez CMS Bureau Francis Lefebvre en 2005, avant de rejoindre Bird & Bird quatre ans plus tard. Magalie Dansac Le Clerc vient d’être nommée local partner de Baker & McKenzie. Spécialisée en droit des nouvelles technologies, des contrats informatiques, de l’Internet et des télécoms, elle assiste des entreprises du secteur des nouvelles technologies, des éditeurs de logiciels et prestataires informatiques, ainsi que de grands utilisateurs de services IT, notamment dans la rédaction et la négociation de contrats d’outsourcing, d’intégration, de licence et de prestations de services en matière informatique et télécoms. Elle intervient également en matière de réglementation des données personnelles et du commerce électronique. Titulaire d’un Master 2 en droit des affaires et de l’économie (Paris I, 2007) et d’un Master 2 en droit de la propriété littéraire artistique et industrielle (Paris II, 2006), elle a commencé sa carrière au sein de l’équipe TIC de Baker & McKenzie en 2008. Affaires focus Blockchain : quelle réglementation pour une utilisation par les marchés ? Régulateurs, banques, Bourses, multiplient les groupes de travail sur l’utilisation de la blockchain dans l’univers financier. Cette technologie n’est désormais plus considérée comme un sujet de geek, mais bien comme un enjeu de place, avec pour la France l’opportunité de prendre un coup d’avance sur le plan de la régulation. E t si la blockchain, cette technologie informatique mise en lumière par le bitcoin, venait bouleverser les pratiques sur les marchés financiers ? Le scénario est devenu crédible depuis que le gouvernement s’est penché sur ce registre virtuel de données, distribué entre de multiples parties. Deux textes législatifs ont ainsi récemment été adoptés. Le premier est issu de la loi Macron qui, dans une ordonnance du 28 avril 2016, autorise l’échange sur des plateformes internet des «minibons». Ces derniers sont des bons de caisse, autrement dit des titres de dette, dont le montant total ne peut excéder 2,5 millions d’euros par entreprise sur une période de douze mois. Si les conditions d’application doivent encore être confirmées par décret, cette ordonnance annonce une potentielle utilisation de la blockchain pour l’échange Hubert de Vauplane, de ces titres. De même, Kramer Levin un amendement de la loi Sapin 2 autorise le gouvernement à légiférer par ordonnance sur «la représentation et la transmission au moyen d’un dispositif d’enregistrement électronique partagé» des titres non cotés ainsi que des parts ou actions d’organismes de placement collectif. Une utilisation légale mais une force juridique limitée Un chantier qui prendra du temps au vu de la technicité du sujet et des questions juridiques à trancher. «La blockchain est une technologie. De ce fait, elle est neutre juridiquement et peut être employée librement, rappelle Hubert de Vauplane, associé chez Kramer Levin. Une banque ou une Bourse peut donc parfaitement l’utiliser, de la même manière que n’importe quel protocole informatique.» Mais la question de la régulation se pose si on souhaite apporter une valeur juridique à la chaîne elle-même. «Pour l’heure, les échanges validés par la blockchain ne sont pas opposables aux tiers, poursuit Hubert de Vauplane. La seule force des opérations de la chaîne est celle conférée par les parties.» Autrement dit, l’utilisation de la blockchain est parfaitement légale, mais les parties ne sont pas protégées en cas de contentieux. «Le Code civil reconnaît les contrats électroniques à condition que les parties soient identifiées», précise Thibault Verbiest, associé chez De Gaulle Fleurance & Associés. Or, en matière de blockchain, il faut distinguer les blockchains publiques des blockchains privées. Les premières sont ouvertes à tous et fonctionnent sous anonymat. Mais les secondes restreignent l’accès à leurs membres qui sont clairement identifiés. «Dès lors que les identités des parties sont établies, un contrat peut parfaitement être enregistré dans la blockchain et être reconnu comme tel, à condition que la loi n’exige pas un formalisme particulier pour le contrat en question», ajoute Thibault Verbiest. Thibault Verbiest, De Gaulle Toutefois, la probléFleurance & Associés matique de la preuve demeure : «Même si les contrats électroniques sont reconnus juridiquement, ils ne sont pas considérés comme des actes authentiques, poursuit-il. Il existe donc un fort risque de contestation.» Le principal débat se situe là : quelle nature juridique souhaiteon accorder aux actes de la blockchain ? «L’Etat doit légiférer afin de décider si une transaction validée par une chaîne de bloc constitue une preuve réfragable de propriété, une preuve irréfragable, ou le titre de propriété lui-même», résume Hubert de Vauplane. Un amendement, déposé par la députée Laure de La Raudière le 13 mai dernier, proposait de conférer le caractère authentique aux opérations effectuées au sein d’une blockchain, sous réserve que celle-ci soit habilitée par l’AMF. Une proposition formulée un peu trop tôt puisqu’elle n’a pas été retenue, mais le sujet devrait certainement refaire surface au vu des enjeux. Dématérialiser les transactions non cotées Les initiatives de terrain commencent d’ailleurs à voir le jour. Mercredi 29 juin 2016 3 Affaires BNP Paribas Securities Services a ainsi monté un partenariat chain a le potentiel d’améliorer et de simplifier considérableavec la plateforme de crowdfunding SmartAngels pour utiliser ment la chaîne des opérations post-négociation, en facilitant la la blockchain sur l’exécution et le suivi des levées de fonds ; consolidation des registres de titres pour le marché européen une façon pour la banque de tester à petite échelle l’emploi de et en permettant une rapidité d’exécution avec un règlementla chaîne de bloc dans le non coté. livraison en temps réel», ont précisé «Les banques et les Bourses ne sont les acteurs du projet. Un règlementni plus ni moins que des registres, livraison instantané offrirait en outre affirme Thibault Verbiest. Elles enre- «Les banques et les Bourses l’avantage de supprimer le risque de gistrent des écritures qui attestent contrepartie. Si la livraison et le paiene sont ni plus ni moins des transactions avec une chronoment d’un titre sont exécutés au même logie et une identification. En tant que des registres. Elles moment, le vendeur n’a plus besoin de que registre distribué, la blockchain provisionner des fonds pour faire face pourrait potentiellement assurer enregistrent des écritures qui à un éventuel défaut de paiement de leurs fonctions.» La blockchain l’acheteur. «Les économies potentielles attestent des transactions pourrait ainsi permettre une totale pour les institutions financières sont dématérialisation des transactions. avec une chronologie et une considérables», souligne Hubert de «Si les titres ne sont plus formaVauplane. L’intérêt se restreint touteidentification. La blockchain lisés sur du papier, les mouvements fois aux produits les plus simples dont tout comme les ordres de mouve- pourrait potentiellement l’exécution est immédiate, comme une ments sont toujours inscrits sur un vente d’action ; a contrario l’échange registre physique, explique Hubert assurer leurs fonctions.» de produits dérivés nécessitera de Vauplane. A terme, l’enjeu serait toujours l’intervention d’une chambre d’adjoindre la partie paiement au de compensation. stockage des titres afin de réaliser Enfin, la blockchain pourrait devenir le ces deux opérations en même temps. Toutefois, actuellement, nouvel outil de référence des relations interbancaires. Plusieurs le paiement via la blockchain ne peut se faire que par une consortiums de banques se sont formés pour réfléchir à des monnaie virtuelle.» projets en la matière. «Assurer les échanges interbancaires exige des ressources informatiques importantes doublées Un post-marché plus efficace d’une forte sécurité, indique Thibault Verbiest. Actuellement, Une autre initiative a été annoncée la semaine dernière cette elles utilisent le système Swift, qui a récemment été victime fois en matière de post-marché. La Caisse des Dépôts, BNP de hacking. La blockchain pourrait être une solution pour sécuParibas Securities Services, Euroclear, Euronext, S2iEM, Société riser ces échanges et réduire les coûts qui leur sont associés.» Générale et Paris EUROPLACE ont annoncé qu’ils travaillaient Autre avantage : l’intervention du régulateur serait ici inutile. Les sur la création d’une infrastructure blockchain post-marché banques emploieraient une blockchain privée dont elles fixeCoralie Bach pour le segment des PME en Europe. «La technologie block- raient elles-mêmes les règles. n & DROIT AFFAIRES Directeur de la publication : Jean-Guillaume d’Ornano 01 53 63 55 55 Rédactrice en chef : Ondine Delaunay Chambaud 01 53 63 55 61 [email protected] Rédaction : Coralie Bach 01 53 63 55 73 [email protected] Editeur & Responsable Commerciale: Lucy Letellier 01 53 63 55 56 [email protected] Assistante : Sylvie Alinc 01 53 63 55 55 [email protected] Conception graphique : Florence Rougier 01 53 63 55 68 Maquettiste : Gilles Fonteny (55 69) Secrétaire générale : Laurence Fontaine 01 53 63 55 54 Responsable des abonnements : Céline Hemon 01 53 63 55 58 [email protected] 10 rue Pergolèse • 75016 Paris • Tél. 01 53 63 55 55 4 Mercredi 29 juin 2016 Administration, abonnements Service abonnements : 10 rue pergolèse 75016 Paris Tél 01 53 63 55 58 - Fax 01 53 63 55 60 optionfinance : [email protected] Impression : Ambiance graphique - 2 rue Alain Colas - 17180 Perigny N° de commission paritaire : 0117 I 90179 N° ISSN : 2105-1909 Editeur : Option Droit & Affaires est édité par Option Finance SAS au capital de 2 043 312 euros. Siège social : 10 rue Pergolèse 75016 PARIS - RCS Paris B 342 256 327 Fondateur : François Fahys Option Finance édite : Option Finance, Option Finance à 18 heures, Option Droit & Affaires, Funds, Family Finance, AOF, Option Finance Expertise. Affaires La décision de la semaine Affaire Cahuzac : le Conseil constitutionnel rejette la QPC V endredi 24 juin, le Conseil constitutionnel a validé le cumul des sanctions pénales et administratives en matière fiscale, répondant ainsi aux QPC déposées dans l’affaire de Jérôme Cahuzac. Pour rappel, l’ancien ministre délégué au budget est poursuivi pour fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale et minoration de déclaration de patrimoine à la Commission pour la transparence financière de la vie politique, et a par ailleurs été condamné, avec son épouse, à un redressement de l’ordre de 2,3 millions d’euros. La même décision a été rendue sur le dossier du marchand d’art Guy Wildenstein. Des QPC avaient été déposées par les deux parties et transmises par la Cour de cassation au Conseil constitutionnel le 30 mars dernier contestant les doubles poursuites dont leurs clients font l’objet. Les avocats s’appuyaient sur une décision du 18 mars 2015 portant sur une affaire de délits d’initié des dirigeants d’EADS et d’Oberthur Technologie, poursuivis au pénal après avoir été mis hors de cause pour les mêmes faits par la Commission des sanctions de l’AMF. Les Sages avaient alors considéré qu’il était contraire à la Constitution de poursuivre deux fois la même personne lorsque quatre critères étaient réunis : identité de faits poursuivis, identité d’intérêt social protégé, identité de nature des sanctions encourues et identité d’ordre juridictionnel. Visiblement, il n’en va pas de même en matière fiscale. Dans sa décision, le Conseil a déclaré que les dispositions contestées «permettent d’assurer ensemble la protection des intérêts financiers de l’Etat ainsi que l’égalité devant l’impôt, en poursuivant des finalités communes, à la fois dissuasive et répressive. Le recouvrement de l’impôt et l’objectif de lutte contre la fraude fiscale justifient l’engagement de procédures complémentaires dans les cas de fraude les plus graves». La double sanction ne doit donc pas être systématique, mais réservée aux fraudes les plus importantes. Les juges devront donc trancher sur le niveau de gravité des faits reprochés à Jérôme Cahuzac lors du procès qui s’ouvrira le 5 septembre prochain devant le tribunal correctionnel de Paris. Jérôme Cahuzac est défendu par Jean Veil, associé de Veil Jourde. Patricia Cahuzac est représentée par Sébastien Shapira du cabinet éponyme. L’avocat de Jérôme Cahuzac : Jean Veil, associé du cabinet Veil Jourde Comment réagissez-vous à la décision du Conseil constitutionnel et comment l’analysez-vous ? Je ne peux être que déçu face à une telle décision. Concernant le fond des QPC, il faut d’abord rappeler que le Conseil constitutionnel ne s’est pas penché sur le principe non bis in idem, qui est conventionnel, mais sur le principe constitutionnel de la nécessité des délits et des peines. Dans sa décision, il rappelle que ce principe n’exclut pas une double sanction. Cependant, il va à l’encontre de sa décision en matière boursière en ne faisant plus référence aux quatre critères définis le 18 mars 2015 et en admettant ainsi le cumul des majorations d’impôts et sanctions pénales. En matière fiscale, c’est désormais un critère de gravité qui prévaut ? Le cumul des sanctions n’est effectivement permis que pour les fautes les plus graves. Le Conseil définit le périmètre de la gravité qui doit s’analyser selon le montant de la fraude, la nature des agissements ou les circonstances de leur intervention. Dans l’affaire Cahuzac, il reviendra donc au juge de décider si l’un de ces critères est constitué. Nous aurons à débattre sur ce point. Le Conseil constitutionnel émet également une réserve concernant l’application d’une sanction pénale à un contribuable «qui pour un motif de fond a été définitivement jugé non redevable de l’impôt»… Effectivement. Il s’agit du point positif de cette décision. Si le juge administratif déclare qu’un contribuable n’est, sur le fond, pas redevable de l’impôt, le juge pénal ne peut alors pas reprendre la procédure. Jusqu’à présent, vous pouviez être blanchi sur le plan administratif et condamné pénalement. Au moins sur ce point, les Sages ont répondu favorablement à une réclamation très ancienne, et ainsi mis fin à une situation aberrante. Comment expliquez-vous la différence de position avec l’affaire EADS ? Il semble que le Conseil constitutionnel ait considéré que la fraude fiscale constituerait un trouble sociétal plus grave que les fautes boursières et nécessiterait une double sanction. Par cette décision, il protège également la coexistence de sanctions administratives et de sanctions judiciaires, qui est importante au regard du contentieux de la faute en droit français. La France demeure ainsi en contradiction avec la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et du citoyen en violant le non bis in idem, et risque à ce titre une condamnation de la Cour européenne des droits de l’homme. n Propos recueillis par Coralie Bach Mercredi 29 juin 2016 5 Affaires actualités Droit général des affaires Six cabinets sur la vente de Coriance par KKR First State Investments, la division asset management de la Commonwealth Bank of Australia, a signé un accord avec KKR pour la reprise de Coriance. First State Investments réalise ici son premier investissement d’infrastructure en France. Coriance assure la gestion de réseaux en chauffage et en froid urbain et propose du conseil en efficacité énergétique. L’entreprise gère ainsi un portefeuille de 29 concessions de chauffage urbain approvisionnant des bâtiments résidentiels, sociaux et commerciaux. Au cours des dernières années, elle a fortement développé sa production d’énergie renouvelable qui représente aujourd’hui 60 % de sa production totale contre 34 % en 2012. Créée en 1998 par Gaz de France, Coriance a été vendue en 2008 à l’énergéticien italien A2A, avant d’être repris par KKR en 2012. KKR était épaulé par Clifford Chance avec Laurent Schoenstein, associé, Xavier Petet, counsel, en corporate M&A et Marion Roquette-Pfister, counsel, sur les aspects de droit public et réglementaires ainsi que par le cabinet Simpson Thacher & Barlett. Le management était conseillé sur les aspects corporate et fiscaux par les cabinets Stephenson Harwood, avec Patrick Mousset, associé, et Jeausserand Audouard, avec Jérémie Jeausserand et Tristan Audouard, associés. First State Investment était accompagné par Watson Farley & Williams avec à Paris Vincent Trévisani, associé, et Sabrina Delean, Charles-Douglas Fuz, Alban Vaqué d’Anla et Inès Garcia de las Bayonas en corporate, Laurent Battoue et Arnaud Troizier, associés, et Livia Rabuel, Julie de Bréon et Nicolas Demeocq en droit public et réglementation énergie, Romain Girtanner, associé, et Adrien Altomare en fiscal et Guillaume Ansaloni, associé, Sébastien Hoff et Marie Lesschaeve en financement. Allen & Overy est également intervenu avec à Paris Adrian Mellor, associé, Amine Bourabiat et Géraldine Lezmi. Fusions acquisitions Mayer et Winston sur l’opération de Transilwrap Le groupe américain Transilwrap, spécialisé dans la production de films plastiques reprend l’activité films plastiques de spécialité de The Dow Chemical Company. Il met ainsi la main sur les centres de production et de recherche et développement situés dans l’Ohio ainsi que sur celui de Drusenheim en France ; ce dernier comptant 259 salariés. Positionné sur la production de films plastiques destinés à l’emballage, l’industrie médicale et la sécurité, Transilwrap étend son offre à l’industrie alimentaire, et son implantation européenne. Winston & Strawn a accompagné Transilwrap, avec à Paris Jérôme Herbet, associé, Sara 6 Mercredi 29 juin 2016 Susnjar, Aurélie Camard et Mathieu de Korvin sur les aspects corporate, Sophie Bury et Jérémy Meunier, en social, JeanPierre Collet, associé, et Solange Frau en fiscal. The Dow Chemical Company a été conseillé par Mayer Brown avec, à Paris, Jean-Pierre Lee, associé, en financement, Thomas Philippe, associé, et Marion Bruère, en corporate, Alexandra Plain, associé, et Wladimir Mangel en immobilier, et Régine Goury, counsel, en social. Hogan sur le rachat de Logiters par ID Logistics L’opérateur français de logistique ID Logistics rachète 100 % de son concurrent espagnol Logiters pour 85 millions d’euros auprès du fonds espagnol Corpfin Capital, qui avait acquis l’entreprise en 2014. Implanté en Espagne et au Portugal, Logiters gère plus de 50 sites représentant près de 750 000 m2. Il emploie 3 300 collaborateurs et a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros. Employant 15 000 collaborateurs, ID Logistics gère 200 sites à travers le monde et affiche un chiffre d’affaires de 931 millions d’euros. Avec cette acquisition, le groupe poursuit son développement international et étend son activité aux secteurs de la santé, la pharmacie et l’automobile. Il intègre également de nouvelles compétences notamment en informatique, en ingénierie et organisation des flux. Hogan Lovells conseillait ID Logistics avec à Paris JeanMarc Franceschi, associé, Mathieu Frick en corporate, Michel Quére, associé, Sophie Lok en financement, et Eric Paroche, associé, Jean-Sébastien Duprey et Flora Oriot sur le contrôle des concentrations. Logiters était assisté par le cabinet Garrigues. Private Equity Quatre cabinets sur l’investissement de Turenne dans Dial Invest Spécialisé dans le traitement des maladies rénales, Dial Invest réorganise son capital à l’occasion de la sortie de son actionnaire minoritaire Pechel Industrie, entré en 2011. Il accueille ainsi Turenne Capital qui investit en fonds propres et en obligations convertibles, tandis que le management se renforce. En parallèle, l’entreprise souscrit une dette mezzanine auprès de Siparex Intermezzo, ainsi qu’une dette senior auprès d’un pool bancaire emmené par la Société Marseillaise de Crédit. Cette opération va permettre de financer l’acquisition de la clinique des Lilas en Ile-de-France. Elle vient ainsi renforcer la clinique de l’Alma à Paris et deux établissements de santé spécialisés dans le traitement de l’insuffisance rénale chronique situés à Aix-enProvence et Aubagne. La société a été accompagnée par Gordon Blair avec David De Pariente, associé, et Vincent Vallez, principal. Turenne a été conseillé par Lamartine Conseil avec Olivier Renault et Gary Lévy, associés, et Agathe Fraiman. Siparex a été épaulé par Pinot de Villechenon & Associés avec Tristan Segonds, associé, et Martin Kyuchukov-Roglev. Les banques ont été conseillées par De Pardieu Brocas Maffei avec Christophe Gaillard, associé, Sébastien Boullier de Branche, counsel, et Margaux Guennec. Affaires Saul sur la levée de MonBanquet Le traiteur en ligne MonBanquet finalise une levée de fonds de 500 000 euros auprès du Seed Club d’Isai. Ce dernier est composé de Jean Claude Boulet (TBWA), Philippe Dokes (Companeo), Pierre Kosciusko-Morizet et Olivier Mathiot (PriceMinister), Eric La Bonnardière et Yvan Wibaux (Evaneos), Jean-Fabrice Mathieu (Kelkoo, SeLoger), Yves Peis (Lolies), Christophe Poupinel (Ooreka) et Thibault Viort (CityVox). La start-up propose des buffets réalisés par des artisans à partir de trois euros par personne et assure ensuite la livraison à domicile. Lancé à Paris, le service est proposé depuis peu à Lyon. Avec ce tour de table, l’entreprise souhaite renforcer ses équipes et poursuivre son développement dans d’autres villes. MonBanquet a été conseillé par Saul Associés avec Fabrice Epstein et Benjamin Chouai, associés, et Victoire Ponsot. Isai a été soutenu par sa direction juridique. Bredin, Dechert et Orrick sur la levée de Sevenhugs Spécialisé dans les objets connectés pour la maison, Sevenhugs boucle une levée de fonds de 13 millions d’euros auprès de la société de gestion Xerys ainsi que des investisseurs historiques NovX Capital (véhicule d’investissement du groupe Noveo) et le Fonds régional de co-investissement d’Ile-de-France géré par CapDecisif Management. Ces derniers avaient misé 1,5 million d’euros sur la jeune pousse l’année dernière. L’entreprise s’apprête à lancer une télécommande universelle pour les objets connectés d’une maison. La Smart Remote doit ainsi permettre de contrôler lumière, musique et autres appareils, simplement en la pointant sur l’objet. Elle se substituerait ainsi à la multitude d’applications pour smartphone. L’opération doit financer la production de la télécommande ainsi que le développement de la société en Europe et aux Etats-Unis, où elle vient d’ouvrir un bureau à San Francisco. Orrick a accompagné Sevenhugs avec Benjamin Cichostepski, associé, et Agnieszka Opalach. Les investisseurs ont été conseillés par Bredin Prat avec Olivier Saba associé Jean-Benoît Demaret et Florent Veillerobe en corporate, Pierre-Henri Durand associé et Ines Tran Dinh en fiscal, ainsi que Dechert avec François Hellot, associé, Xavier Leroux et Laurent Kocimski. Nova et Haussmann sur la levée d’Interway Interway accueille en minoritaires Bpifrance et BNP Paribas Développement à l’occasion d’une augmentation de capital. La SSII offre une large palette de prestations pour répondre aux problématiques informatiques et numériques des entreprises : réseaux, wifi, sécurité… L’entreprise se distingue notamment par une expertise sur les solutions informatiques dédiées aux points de vente retail, accompagnant ainsi l’essor du cross canal. En 2015, Interway a réalisé un chiffre d’affaires de 41 millions d’euros, soit une croissance de 49 %. Le groupe compte poursuivre son développement en France comme à l’international. Les fonds ont été conseillés par Nova Partners avec Olivier Nett associé. Les managers étaient accompagnés par Haussmann-Paradis avec René Spadola associé. Darrois, Mayer Brown et Weil sur la reprise de Balmain La holding d’investissement qatari Mayhoola a fait l’acquisition de la maison de haute couture Balmain, auprès des héritières de l’ancien Pdg Alain Hivelin qui détenaient 70 % du capital, ainsi que du management et du créateur Olivier Rousteing. La valorisation de la société n’a pas été communiquée, mais est estimée entre 460 et 490 millions d’euros. Face à des concurrents comme le fonds français L Capital, l’anglais Permira ou le hongkongais Li Ka-shing, Mayhoola a su se distinguer grâce au prix et à son expérience avec Valentino. L’investisseur a repris en 2012 la griffe italienne, qui a depuis triplé son chiffre d’affaires. Balmain espère bien suivre la même trajectoire en se déployant au Moyen-Orient et Outre-Atlantique. Créée en 1945, la maison Balmain a connu d’importantes difficultés au début des années 2000 la conduisant à déposer le bilan en 2004. L’arrivée du styliste Pierre Decarnin en 2006, puis surtout d’Olivier Rousteing qui assure la direction artistique depuis 2011, permet de relancer la marque. La société ne compte qu’une dizaine de boutiques dans le monde, auxquelles s’ajoutent quelques corners dans de grands magasins, et réalise un chiffre d’affaires de l’ordre de 120 millions d’euros. Darrois Villey Maillot Brochier a conseillé Mayhoola avec Alain Maillot et Hugo Diener, associés, Christopher Grey et Fréderic Chevalier en M&A, Igor Simic, associé, et Elise Maillot sur les aspects antitrust ainsi que Vincent Agulhon, associé, et Brian Martin en fiscal. Weil Gotshal & Manges a accompagné Balmain avec David Aknin et Emmanuelle Henry, associés, ainsi que Fabrice Piollet et Côme Wirz en corporate, Stéphane Chaouat, associé, et Frédéric Bosc en fiscal et Romain Ferla, associé, et Athene Chanter en droit de la concurrence. Mayer Brown a conseillé le management avec Laurent Borey, Benjamin Homo et Alexandre Dejardin, associés. Mercredi 29 juin 2016 7 Analyses droit communautaire BREXIT : quelle stratégie pour les entreprises ? La City n’y croyait pas, mais les résultats du référendum sur le Brexit sont sans appel, les Britanniques ont choisi de sortir de l’Union européenne. En application de l’article 50 du Traité de l’UE, le Royaume-Uni dispose désormais d’un délai de deux ans pour négocier sa sortie, et parallèlement ou consécutivement, de nouveaux accords avec l’UE des 27. C Par Emmanuel Tricot, avocat associé du cabinet Veil Jourde (Paris Bruxelles) e délai de deux ans court en principe à partir du moment où le Royaume-Uni signifiera officiellement au Conseil européen sa décision de quitter l’UE. Pourtant, l’article 50 du TUE ne prévoit concrètement aucune disposition transitoire. Paradoxe de la situation, pendant cette période transitoire, les règles européennes devraient en principe continuer à s’appliquer pleinement au Royaume-Uni. L’application du droit européen dans toutes ses composantes et ses évolutions représente ainsi l’enjeu essentiel de la stratégie à moyen terme des entreprises, tant pendant la période de transition, qu’après que le Royaume-Uni, comme on peut le supposer, sera effectivement sorti de l’UE et en chemin pour négocier de nouveaux accords économiques avec les 27. Le Brexit génère ainsi des incertitudes juridiques tant pour les entreprises qui entretiennent des relations commerciales avec des partenaires britanniques que pour celles qui souhaitent accéder aux marchés UK depuis l’UE et réciproquement. La période de doute résultant d’une mise en œuvre aléatoire de l’article 50 du TUE pourrait ainsi dissuader nombre d’entre elles d’engager des investissements dans un contexte réglementaire incertain, en particulier au Royaume-Uni. Des audits de situation sont nécessaires. Les relations commerciales avec un partenaire britannique Les relations contractuelles ou simplement commerciales avec un partenaire britannique pourraient voir leur équilibre économique initial modifié et dès lors potentiellement questionné. Pour les contrats en cours soumis au droit anglais, le Brexit ne devrait a priori pas permettre de justifier la mise en œuvre de clauses résolutoires à la demande d’un partenaire britannique. Cependant, dans l’hypothèse où l’équilibre économique de la relation contractuelle ou du partenariat serait remis en cause (par exemple du fait de l’application de droits 8 Mercredi 29 juin 2016 de douane), ce dernier pourrait solliciter une renégociation. Pour les contrats soumis au droit français, la reconnaissance par le nouveau droit des contrats de la théorie de l’imprévision (nouvel article 1195 du Code civil), laquelle peut permettre la renégociation d’un contrat dès lors qu’«un changement de circonstances imprévisible lors de la conclusion du contrat rend l’exécution excessivement onéreuse pour une partie qui n’avait pas accepté d’en assumer le risque», paraît porteuse d’incertitudes. En particulier si le partenaire britannique se trouve finalement dans une situation moins favorable qu’actuellement suite au Brexit. Pour les contrats en cours de négociation, on pourra dès lors considérer prudent d’écarter cette disposition (qui n’est pas d’ordre public) ou de prévoir des clauses de «hardship». Plus globalement, s’agissant des relations commerciales entre Royaume-Uni et Etats membres de l’UE, les entreprises ne pourront plus se prévaloir des quatre libertés fondamentales qui gouvernent le marché intérieur. Elles devront de ce fait se préparer contractuellement à ce que leurs échanges soient le cas échéant frappés de droits de douane ou soumis à de fortes variations de taux de change. De même, il faudra considérer les risques induits par la poursuite de relations contractuelles ou commerciales avec un partenaire britannique susceptible de se trouver soudainement dépourvu du passeport européen. L’accès aux marchés UK Globalement, l’accès au marché britannique devrait se révéler plus fastidieux qu’auparavant pour les entreprises de l’UE. A cet égard, les entreprises dont l’activité au Royaume-Uni est réglementée ou encadrée par des normes contraignantes apparaissent les plus exposées. L’impact du Brexit sur les réglementations sectorielles applicables au Royaume-Uni devrait essentiellement résulter du niveau actuel de transposition des règles euro- Analyses péennes en droit anglais. Ainsi, dans les domaines couverts par des règlements européens, applicables directement sans transposition en droit interne, le Brexit ouvre de potentiels vides juridiques. Un point de vigilance : les entreprises de l’UE qui disposent de droits de propriété intellectuelle ou industrielle au niveau européen vont devoir se préparer à déposer de nouvelles demandes auprès de l’Intellectual Property Office (IPO), l’équivalent britannique de l’INPI, afin de protéger leurs droits privatifs au Royaume-Uni. En outre, pour certains brevets ou marques, un réexamen de la demande pourrait conduire à un refus de délivrance. BRRD et CRD IV, alors même qu’une part importante de la réglementation britannique sur les services financiers trouve sa source dans une réglementation européenne qu’elle a largement influencée. La même problématique devrait se poser pour d’autres textes européens durant cette période transitoire. C’est par exemple le cas du règlement sur la protection des données personnelles et de la directive en cours de transposition qui en dérive qui doivent entrer en vigueur en mai 2018 et fixent des règles strictes de protection des données et certains standards s’appliquant aux entreprises établies en dehors de l’UE qui proposent des biens et services à des résidents européens. L’accès aux marchés de l’UE Les entreprises établies au Royaume-Uni qui Les audits nécessaires souhaitent accéder aux marchés de l’UE, en parti- Face à cette situation inédite, avec l’assistance culier les institutions finanet le conseil d’équipes cières telles les sociétés pluridisciplinaires (droit d’assurance et de réaseuropéen, droit financier, surance qui pourraient «Les entreprises établies droit des sociétés, fiscalité cesser d’accéder sans internationale, droit douaau Royaume-Uni seront barrière réglementaire aux nier, droit de la concurmarchés de l’UE dans un ainsi portées à s’interroger rence et de la régulation, contexte d’harmonisation droit boursier, droit public, sur l’opportunité d’ouvrir des règles avec la direcaides d’Etat, etc.) intégrées tive Solvency 2, devront une filiale, d’obtenir les dans leur structure déciadapter leur stratégie et sionnelle, certaines entreenvisager l’opportunité autorisations nécessaires au prises ont commencé un de se domicilier dans un maintien d’une succursale, ou travail d’audit de l’impact Etat membre de l’UE. Les juridique du Brexit sur leur entreprises établies au de réaliser une acquisition dans situation, au regard notamRoyaume-Uni seront ainsi ment des enjeux suivants : un Etat membre de l’UE.» portées à s’interroger - contrats en cours au sur l’opportunité d’ouvrir regard du droit appliune filiale, d’obtenir les cable et des juridictions autorisations nécessaires compétentes ; au maintien d’une succursale, ou de réaliser une - procédures en cours ; acquisition dans un Etat membre de l’UE. - réglementation applicable aux produits et services Du point de vue de la régulation bancaire, la ques- distribués depuis et vers le territoire britannique ; tion a priori la plus délicate est probablement celle - appréciation de l’évolution des règles fiscales et de la transposition de la directive MIFID II relative douanières et conséquences sur les échanges ; à la transparence des marchés qui doit entrer - risques et opportunités des investissements entre en vigueur début janvier 2018. A cette date, le UE et Royaume-Uni, à la lumière notamment des Royaume-Uni devrait en effet être encore membre potentielles évolutions de la réglementation des de l’UE et cette directive lui serait donc en principe produits financiers et dérivés ; applicable. Réciproquement, le Parlement britan- - pour les entreprises ayant des liens capitalistiques nique pourrait revenir sur des pans entiers de sa avec le Royaume-Uni, anticipation et traitement des législation résultant de l’adoption des directives conséquences d’éventuels désinvestissements. n Mercredi 29 juin 2016 9 Analyses recherche et développement La technologie et l’innovation, au cœur de la relation franco-américaine : l’innovation est le moteur des économies modernes La Chambre de commerce américaine en France (AmCham) lance la première édition de son livret «AmCham : Partenaire de l’Innovation Made in France». Le livret rassemble dix cas pratiques d’investissements innovants réalisés par des entreprises américaines sur le territoire français, et positionne l’AmCham comme un véritable catalyseur de l’innovation entre la France et les Etats-Unis . Qu’il s’agisse de l’industrie comme Dow Chemical, General Electric, 3M, des technologies de l’information comme Google ou IBM, des services comme AIG, Carlson-Wagonlit Travel, FedEx, Selectionnist ou Vitanlink, toutes les entreprises présentées dans ce livret font de l’innovation le cœur de leur démarche. L Par Robert Vassoyan, président, AmCham1 France président, Cisco France 10 Mercredi 29 juin 2016 a Chambre de commerce américaine en France (AmCham) lance la première édition de son livret «AmCham : Partenaire de l’Innovation Made in France». Le livret rassemble dix cas pratiques d’investissements innovants réalisés par des entreprises américaines sur le territoire français, et positionne l’AmCham comme un véritable catalyseur de l’innovation entre la France et les Etats-Unis . Qu’il s’agisse de l’industrie comme Dow Chemical, General Electric, 3M, des technologies de l’information comme Google ou IBM, des services comme AIG, Carlson-Wagonlit Travel, FedEx, Selectionnist ou Vitanlink, toutes les entreprises présentées dans ce livret font de l’innovation le cœur de leur démarche. Ces investissements contribuent, de façon très positive et concrète, à la création d’emplois sur le territoire français. Ils illustrent le dynamisme du partenariat économique entre la France et les Etats-Unis. En effet, en 2015, les Etats-Unis restent le premier pays investisseur étranger créateur d’emplois en France, avec 460 000 salariés directs et un montant cumulé d’investissements de l’ordre de 114 milliards d’euros (BusinessFrance). Rarement ce constat n’aura été vérifié avec autant de pertinence que dans la période que nous traversons. Comme chacun le sait, elle se caractérise par des avancées extraordinaires dans un ensemble de technologies clés, dans les domaines de l’informatique à l’e-santé, du service numérique, du Big Data, de la robotique et de l’intelligence artificielle. Ces nouvelles technologies façonnent un monde nouveau et sont aussi l’occasion pour les entreprises de se réinventer pour trouver de nouvelles opportunités de marchés, de recomposer leur chaîne de valeur. C’est pour illustrer ce puissant courant d’innovation que l’AmCham a réalisé ce document. Il vise à mettre en avant le rôle majeur des grandes entreprises américaines et celui des start-up soutenues par l’écosystème de l’AmCham dans le foisonnement de l’innovation en France. Ces entreprises ont lancé en France des stratégies innovantes, créatrices de valeur pour elles-mêmes tout en étant bénéfique pour le tissu économique et de recherche et développement français. Que nous révèlent ces différentes expériences ? D’abord que toutes les entreprises ont placé l’innovation au cœur de leur démarche et ce, quelle que soit leur taille, leur secteur d’activité, la localisation de leurs implantations ou leur ancienneté. En effet dans le secteur de l’industrie des fleurons comme General Electric, Dow Chemical, 3M, dans celui des technologies de l’information comme Google ou IBM, et des services comme AIG, Carlson-Wagonlit Travel, Vitanlink ou Selectionnist, les démarches d’innovation mises en œuvre prennent toutes leurs racines dans l’excellence technologique au service de nouveaux produits et services. Le second enseignement est que l’écosystème français de recherche et développement est un puissant moteur de localisation de l’innovation en France, en raison à la fois de l’excellence académique du pays et des incitations fiscales mises en place par l’Etat. Les universités, les centres de recherche publics ou privés, sont des partenaires essentiels des entreprises dans le développement de leurs stratégies d’innovation et le développement de nouveaux produits ou procédés. La France est une terre de créativité, d’énergie, largement ouverte sur les nouvelles technologies dans un contexte d’accélération de sa transformation numérique où les scientifiques et les chercheurs français développent des compétences de pointe, universellement reconnues dans le monde. En outre, l’efficacité de la recherche des entreprises est aujourd’hui Analyses largement une affaire de réseaux : les compétences des équipes implantées dans les diverses parties du monde s’échangent et se fertilisent. Dans la plupart des cas étudiés dans ce document, les chercheurs et ingénieurs français sont partie prenante de ces équipes internationales et y jouent un rôle très important. Enfin, les innovations développées sur le sol français par les entreprises américaines contribuent de façon très positive à l’emploi et au commerce international de la France, puisqu’elles ont vocation à se développer sur le marché mondial. C’est une preuve supplémentaire que les relations transatlantiques sont fortes, que les échanges fonctionnent et sont bénéfiques dans les deux sens, sur le plan économique et dans le domaine de l’innovation. Pour la France comme pour les Etats-Unis, les défis de la révolution technologique en cours sont de même nature : ils sont stratégiques pour le futur de nos deux pays. Dans le seul domaine des objets connectés et du Big Data, le potentiel économique pourrait représenter jusqu’à trois à cinq points de PIB incrémental supplémentaire. Forte de ses quelque 400 entreprises membres, l’AmCham entend mettre à profit l’ensemble de leurs compétences et le leadership français en matière d’innovation, pour jouer un rôle moteur dans le renforcement des échanges transat- lantiques. Elle souhaite se réinventer en devenant le catalyseur et le pont de l’innovation entre la France et les Etats-Unis. C’est l’ambition derrière la constitution de nouvelles communautés telles que AmCham NextGeneration, un réseau de grandes entreprises et start-up dont le but est d’encourager le partage de connaissances et d’expériences. Notre mission est de favoriser les échanges et les investissements bilatéraux, notamment par l’ouverture d’un dialogue constructif sur des sujets aussi stratégiques que la compétitivité et l’attractivité de la France. Les entreprises américaines sont aujourd’hui le premier investisseur étranger avec un montant cumulé d’investissements de près de 115 milliards d’euros et le premier créateur d’emplois en France avec plus de 460 000 salariés en 2015, c’est dire le rôle crucial que joue le partenariat économique et technologique entre les deux pays. n 1. La Chambre de commerce américaine en France est la plus ancienne organisation franco-américaine dans le monde. Depuis 1894, son but est de promouvoir les relations économiques entre la France et les Etats-Unis. Aujourd’hui, les 4 200 sociétés américaines présentes en France représentent 460 000 emplois sur le territoire français. L’AmCham compte près de 400 membres, dont 150 sont des entreprises listées au CAC40 et au Fortune 100. Les activités de l’AmCham sont financées par les cotisations et contributions de ses membres. www.amchamfrance.org. Les Etats-Unis : le 1er pays investisseur étranger créateur d’emplois en France Contribution à l’emploi 4 800 entreprises en France en 2015 46 000 salariés en France en 2015 10 783 emplois (32 % des emplois créés par des entreprises étrangères) Contribution à l’export des filiales américaines implantées en France 3 612 emplois (10,7 % des emplois créés par des entreprises étrangères) 2 833 emplois (8,4 % des emplois créés par des entreprises étrangères) 1 013 emplois (2,8 % des emplois créés par des entreprises étrangères) Principaux pays investisseurs en France vdans les activités de Recherche & Développement 24 % 13 % 5% Selon l’INSEE, les filiales américaines implantées en France assurent 30 % du chiffre d’affaires à l’exportation de l’ensemble des entreprises sous contrôle étranger implantées en France. 2% Plus du tiers (37 %) des investissements étrangers dans le secteur des logiciels en 2015 provenait des États-Unis. Mercredi 29 juin 2016 11 Abonnez-vous au Service professionnel de veille concurrentielle et d’analyses dédié au Droit des Affaires La Lettre Les rencontres d’experts Le Magazine + + Bulletin d’abonnement privilégié A compléter et à retourner à : Service abonnements - 10 rue pergolèse 75016 Paris Tél 01 53 63 55 58 - Fax 01 53 63 55 60 - email : [email protected] J’accepte votre offre et vous demande d’enregistrer mon abonnement à DROIT AFFAIRES au tarif de : & ❏ Entreprise : 898 euros H.T./an (soit 916,86 euros TTC) ❏ Cabinet de moins de 10 avocats : 1 098 euros H.T./an (soit 1 121,06 euros TTC) ❏ Cabinet entre 10 et 50 avocats : 1 398 euros H.T./an (soit 1 427,36 euros TTC) ❏ Cabinet ayant plus de 50 avocats : 1 698 euros H.T./an (soit 1 733,66 euros TTC) Mon abonnement comprend : – la lettre hebdomadaire Option Droit &Affaires (46 numéros par an) que je recevrai chaque mercredi soir après 18H, consultable au sein de l’entreprise ou du cabinet sur le web, tablettes et smartphones – les magazines de classements (5 par an) – les suppléments «les rencontres d’experts» (7 par an) Nous vous informons que les années suivantes votre abonnement sera reconduit pour un an par tacite reconduction sauf avis contraire de votre part par lettre recommandée deux mois avant la date d’échéance. Je choisis le mode de règlement suivant : o Chèque ci-joint à l’ordre d’Option Finance. o Règlement à réception de facture. o M. o Mme o Mlle Nom ......................................................................................................... Prénom ................................................................................................. Fonction ......................................................................... Société ................................................................................................................................................................... Adresse o Professionnelle o Personnelle ................................................................................................................................................................................................ ............................................. Code postal l__l__l__l__l__l Ville .......................................................................................... Téléphone l__l__l__l__l__l__l__l__l__l__l .................................................................................................................................................................................... Date et signature (obligatoires) POD16 Pour recevoir la lettre d’Option Droit & Affaires chaque mercredi soir, merci de nous indiquer une adresse email de contact de référence * Pour l’étranger, frais de port en sus (consultez le service abonnements au 01 53 63 55 58). Conformément à la Loi Informatique et LIbertés du 06.01.78, vous disposez d’un droit d’accès aux données personnelles vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amené à recevoir des propositions d’autres sociétés ou associations. Si vous ne le souhaitez pas, il vous suffit de nous écrire en nous indiquant vos nom, prénom, adresse, et si possible votre référence client.