Analyse de la sculpture : « La Louve romaine

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Analyse de la sculpture : « La Louve romaine
Catherine Aguillon
Troisième – Lycée Claudel
2011 – 2012
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Analyse de la sculpture : « La Louve romaine allaitant Romulus et Rémus »
1.
Le sculpteur : Anonyme.
2.
L’œuvre : La Louve romaine (c. 500 avant J.C.) ; Musée du Capitole, Rome, Italie
3.
Classification : Art étrusque pour la louve ; les bébés datent de la Renaissance italienne.
4.
Genre ou catégorie : statuette, devenue groupe de statues
5.
Thème : historique, mythologique et littéraire. C’est l’emblème de Rome.
6.
Bibliographie : Dictionnaire de l’Antiquité, Dictionnaire des Symboles ; Tite-Live Histoire
Romaine ; et le site web http://lupacap.fltr.ucl.ac.be/lce.plan.det.htm
7.
Analyse iconographique :
La fondation de Rome repose sur deux légendes : l’aventure d’Énée (cf. Virgile l’Énéide) et celle
des jumeaux, Romulus et Rémus, dont le récit a évolué au fil du temps, et s’est fixé vers le IVème
siècle avant J.C. (cf. Tite-Live Histoire romaine, Livre I).
La fondation de Rome par Romulus se rapporte directement à la louve étrusque. Cette
fondation serait intervenue quatre siècles après l’arrivée d’Énée en Italie. Ces quatre siècles
sont remplis par les règnes de Iule/Ascagne, fils d’Énée, le fondateur d’Albe, et ceux des rois
albains. Le dernier des rois, Amulius, est un usurpateur qui s’est emparé du trône de son frère
Numitor, l’a banni, a tué ses fils et obligé sa fille, Rhea Silvia, à devenir vestale – pour empêcher
Numitor d’avoir une descendance (car les vestales devaient rester vierges). Mais le dieu Mars
tombe amoureux de Rhea Silvia endormie au bord d’un cours d’eau. Il la féconde et a d’elle des
jumeaux, Romulus et Rémus. À leur naissance, Amulius les découvre et ordonne de les noyer ;
ils sont alors abandonnés dans un panier sur le Tibre. Leur berceau finit par s’échouer sur les
rives du Palatin. Là, une louve les aurait recueillis et nourris. Une autre version dit qu’ils furent
sauvés par le berger Faustulus qui les remit à une femme, Acca Larentia, dont le surnom était
« Lupa » (la louve), parce qu’elle se prostituait. Les jumeaux devenus adultes renversent
Amulius, rendent le trône à Numitor, et décident de fonder leur propre cité. Mais, après avoir
consulté les auspices, ils se querellent et Romulus tue Rémus. Une autre version rapportée par
Tite-Live dit que Rémus aurait bravé l’interdiction de son frère de franchir le sillon (pomoerium)
qui délimitait la cité et que Romulus l’en aurait puni en le tuant. Cet événement aurait eu lieu le
21 avril 753 avant J.C.
En résumé, les origines de la fondation de Rome sont incertaines et peu historiques ! Ce qui
importe ici, c’est l’aspect symbolique, dont témoigne en premier lieu le nom de Romulus (alias
« petit Romain »), fondateur d’une cité éponyme.
Catherine Aguillon
Troisième – Lycée Claudel
2011 – 2012
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Analyse symbolique :
La louve est un symbole de fécondité : le fait qu’elle allaite les bébés de ses mamelles gonflées
montre sa fonction nourricière. C’est un animal chthonien, symbole de la terre. De plus, si le
loup est synonyme de sauvagerie, la louve, elle, incarne le désir sexuel. Selon Plutarque, les
Latins donnaient le nom de « lupa » aux prostituées (d’où « lupanar »). De cette affirmation, on
a déduit que la louve de Romulus et Rémus n’était autre que leur nourrice, Acca Larentia,
femme de Faustulus.
Les jumeaux sont une image symbolique dans la Création. Ils symbolisent les oppositions
internes (il ne peut y avoir deux maîtres) et le sacrifice nécessaire pour les surmonter, puis le
triomphe obligatoire de l’un sur l’autre. Le chiffre 2 dans cette histoire (2 rois rivaux, 2 bébés, 2
bergers) est la marque de l’opposition. Il rappelle que la rivalité affaiblit et que l’ « union » seule
« fait la force ».
9.
Synthèse :
Sous la Renaissance, on a détourné le sens d’une œuvre étrusque en y ajoutant les jumeaux
identifiés à Romulus et Rémus. Mais la position de l’animal ne facilite pas l’allaitement, et la
différence de style entre la louve (archaïsme) et les enfants (réalisme tendant à l’idéalisation)
est évidente. Elle signifie qu’on a détourné des faits historiques au profit d’une légende, en vue
de renforcer le sentiment patriotique chez les « Romains » de la Renaissance.