Cadre réglementaire relatif à la gestion des effluents - Epnac

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Cadre réglementaire relatif à la gestion des effluents - Epnac
Cadre réglementaire relatif à la gestion des effluents par temps de pluie
Christophe VENTURINI (MEDDE - DEB)
L'arrêté interministériel du 21 juillet 2015 vient réviser celui du 22 juin 2007 concernant la collecte et le
traitement des eaux usées. Il entrera en vigueur le 1er janvier 2016. Il est d'ores et déjà accompagné d'une 1ère
note technique du 7 septembre 2015 relative aux modalités d'appréciation de la conformité des agglomérations
d'assainissement en matière de collecte des effluents par temps de pluie.
Parmi les principales évolutions et objectifs de ce nouveau texte, on peut mentionner :
- définition réglementaire des principaux termes employés dans le vocabulaire de l’assainissement ;
- amélioration de la lisibilité des prescriptions, notamment celles afférentes à l’autosurveillance ;
- introduction du principe de gestion des eaux pluviales le plus en amont possible, pour limiter les apports d’eaux
pluviales dans le système de collecte ;
- précisions des dispositions du code de l’environnement afférentes à la gestion et au suivi des boues issues du
traitement des eaux usées ;
- introduction de prescriptions relatives au suivi des micropolluants pour les stations de traitement des eaux usées de
capacité nominale supérieure à 600 kg/j de DBO5 ;
- assouplissement des dispositions relatives aux systèmes d’assainissement de petite taille, afin d’optimiser le rapport
coût/bénéfice pour l’environnement des ouvrages d’assainissement et des modalités de surveillance de ces derniers ;
- suivi régulier par les collectivités de leurs ouvrages et notamment du système de collecte des eaux usées, afin d’en
assurer une gestion pérenne ;
- précisions sur la prise en compte du temps de pluie dans les projets d’assainissement ;
- prise en compte des coûts et des bénéfices lors du choix de solutions techniques.
Autosurveillance des réseaux d’assainissement sur le Bassin Artois-Picardie
Didier MOSIO (Agence de l’Eau Artois-Picardie)
Le Bassin Artois Picardie est marqué par une densité de population élevée, par une présence industrielle et une
agriculture intensive.
Les milieux naturels aquatiques sont fortement impactés par les pressions qui en découlent.
La mise à niveau des stations de traitement de eaux usées n’a pas suffi pour retrouver le bon état écologique des
masses d’eaux.
En effet les déversements de temps pluie au droit des déversoirs d’orage annihilent les efforts consentis pour le
traitement.
Fort de ce constat, l’agence de l’eau Artois Picardie a initié une politique ambitieuse pour la mise en œuvre de
l’autosurveillance des réseaux d’assainissement.
Toutes les agglomérations d’assainissement de plus de 10 000 Eh ont terminé la mise en œuvre de l’autosurveillance de
leurs réseaux d’assainissement en équipant leurs déversoirs d’orage.
Aussi depuis 2007 l’expertise des données de l’autosurveillance des réseaux d’assainissement a commencé, d’abord de
façon manuelle à partir des fichiers informatiques envoyés par les collectivités, puis de façon automatique grâce au
déploiement du nouveau format d’échange SANDRE V3.0, et du développement d’une application informatique dédiée.
Les services de l’agence de l’eau disposent désormais d’un outil adapté pour l’expertise des données pour mieux
appréhender la problématique globale de l’assainissement.
Au final cela leur permet de hiérarchiser et sérier les rejets qui impactent le plus les milieux naturels, puis d’envisager
les solutions pour y remédier : déconnexions de surfaces actives urbaines ou industrielles, dé-raccordement des milieux
naturels de surface au réseau d’assainissement, restructuration des déversoirs d’orage sont autant de pistes de travail
avant l’inévitable mise en œuvre de bassin de stockage restitution.
Techniques alternatives de traitement en pluvial strict
Les enjeux de la maîtrise des Eaux Pluviales –
Philippe BONNEAU (Agence de l’Eau Artois-Picardie)
Un problème prégnant
Depuis plusieurs décennies maintenant l’attention des collectivités et des pouvoirs publics a été focalisée
sur l’extension de la desserte en réseaux d’assainissement de collecte des eaux usées, puis la construction de
stations d’épuration conformes aux exigences européennes.
La population s’est concentrée dans les villes, et les agglomérations se sont étendues par cercles
concentriques. De vastes surfaces ont été artificialisées, partiellement rendues étanches et les réseaux anciens des
centres villes ont souvent dû recevoir les eaux en provenance de ces nouveaux quartiers.
En cas d’orage, même modeste, les débits à écouler dépassent les capacités des anciens collecteurs, ce qui
amène trois types d’inconvénients :
il faut consentir à créer de nombreux déversoirs d’orage qui rejettent au cours d’eau un mélange d’eau de ruissellement
et d’eau usée non traité. Ces déversoirs réduisent ainsi l’efficacité des lourds investissements supportés par la
collectivité pour retrouver une bonne qualité de nos cours d’eau,
le réseau d’assainissement peut localement déborder et inonder la ville,
les finances publiques ne peuvent indéfiniment supporter l’augmentation de la taille des collecteurs, ou la construction
de bassins d’écrêtement.
L’augmentation permanente des surfaces imperméabilisées doit donc cesser ; pour cela,
Une politique volontariste de limitation des eaux de ruissellement doit être mise en œuvre par les collectivités
locales et les aménageurs publics ou privés.
Cela implique que ces derniers prennent en compte, dès l’origine de leur projet, la gestion et l’intégration des eaux
pluviales dans le paysage urbain. Les projets doivent être élaborés par des équipes ayant des compétences dans ce
domaine, et capables d’intégrer les aménagements étudiés dans le contexte spécifique du territoire concerné.
La maîtrise d’œuvre, équipe pluridisciplinaire, doit présenter des projets qui abordent le volet de la gestion des
eaux pluviales en ayant recours à la mise en œuvre de Techniques Alternatives à l’assainissement « traditionnel ».
Bien évidemment, cette approche de gestion intégrée des eaux pluviales doit porter tant sur l’urbanisation nouvelle
afin de ne pas apporter de volumes supplémentaires à gérer par le système d’assainissement en place, que sur
l’urbanisation existante (rénovation de voirie ou de quartiers par ex) afin de le « soulager » et limiter les
dysfonctionnements rencontrés.
« Les inondations ne sont pas le fruit de l’urbanisation mais
de la manière d’urbaniser »
Techniques alternatives de traitement en pluvial strict
La gestion durable et intégrée des eaux pluviales sur le Douaisis Ludovic DENNIN (Communauté d’Agglomération du Douaisis)
Depuis 2005, la CAD réalise l'autosurveillance des dérivations du réseau public d'assainissement (déversoirs
d'orages, trop plein SR). Avec bientôt 10 années de fonctionnement, un bilan complet et un retour d’expérience
fin peuvent être dressés sur les flux rejetés et les améliorations à apporter au réseau public d'assainissement.
L’objectif d’un réseau public de collecte de type unitaire est que les rejets par les déversoirs d’orages tendent
vers 0 pour la pluie qui statistiquement tombe moins d’une fois par mois (pluie mensuelle déterminée à 9 mm/6
heures).
Le bilan dressé par la CAD sur les 9 années de suivi des DO fait apparaître une division par 3 du volume total
annuel déversé et par 1,5 du volume pour une pluie inférieure à 1 mois, alors même que pour la STEP située en
bout de traitement les volumes sont passés de 182 000m3 à 13 000m3 by- passés de 2005 à 2014.
En effet, la CAD impose le recours à l’infiltration des eaux pluviales de manière systématique (c’est la règle de base)
depuis plus de 25 ans ; le territoire regroupe ainsi plus de 850 réalisations en technique alternative soit l’équivalent
d’une ville de 25 000 habitants qui ne rejetterait plus aucune eau pluviale.
Si les volumes globaux rejetés diminuent, alors que la pluviométrie a augmenté, c’est indubitablement parce que les
surfaces imperméabilisées raccordées ont été réduites et donc qu’il y a moins d’eau de pluie transités par les réseaux.
C’est là la preuve évidente de l’impact de la politique menée par la CAD, basée sur le recours systématique aux
techniques alternatives sur l’urbanisation existante, en sus de quelques exutoires séparatifs pluviaux nouveaux et de
l’amélioration du transit vers l’usine d’épuration de DOUAI.
Les filtres plantés de roseaux en zone de montagne (climat froid)
Stéphanie PROST-BOUCLE, Olivier Garcia, Pascal Molle (Irstea)
Introduction
Les Filtres Plantés de Roseaux à écoulement vertical (FPRv) sont très largement implantés en France, avec plus
de 3 500 stations en fonctionnement (Morvannou et al, 2014 ). Lorsque développés en zone de montagne, la
problématique du froid pose des questions vis à vis du fonctionnement des filtres (gel) ainsi que vis-à-vis des
performances, notamment la nitrification.
Contexte de l’étude, programme de suivi
Fin 2012, une enquête nationale a été menée par le biais d’un questionnaire envoyé aux Conseils Généraux
(SATESE): 341 stations ont été recensées entre 500 et 1 500 m d’altitude. Les exigences de rejet des stations sont
respectées, mais les bilans 24h sont souvent réalisés en été : les conditions de fonctionnement des stations exposées au
froid et au gel sont donc peu connues. Ainsi, les Agences de l’Eau Adour-Garonne, Loire-Bretagne et Rhône
Méditerranée Corse, et les SATESE des départements 05, 07/26, 15, 43, 48, 66, 73 et 74 ont participé au financement et
à la réalisation d’un programme de recherche national dans le but de déterminer le comportement des filtres à
écoulement vertical en zone de montagne et leurs limites associées. Cette étude a été conduite sur 2 ans (2013-2014) et
menée sur 12 stations sélectionnées en montagne (capacité 70-1900 EH, altitude 680-1500 m). Le suivi de terrain a
inclus des mesures hydrauliques (débits) et de températures (air extérieur et intérieur de filtre) en continu, et des bilans
24h exhaustifs (38 bilans au total, dont 23 bilans hivernaux). Les caractéristiques granulométriques des matériaux ont
été analysées sur chaque station et pour chaque étage. De plus, des mesures de teneurs en oxygène au sein des filtres ont
été menées. Le traitement des données est accentué vis-à-vis du paramètre azote étant donné sa sensibilité aux
conditions de faibles températures (biomasse nitrifiante) via des sondes de mesures en continu (NH4 et NO3) lors des
bilans 24h.
Résultats et premières recommandations
Les performances de traitement hivernales concernant DCO, DBO5 et MES ne semblent pas impactées par les faibles
températures. Elles restent excellentes et similaires à celles relevées en été, globalement > 90 %.
Les performances de nitrification en hiver restent très honorables (87 % en moyenne) au regard des conditions de
température hivernales fortement défavorables en montagne, contre 94 % en période estivale (Tfiltre > 15°C). Toutefois,
cette perte de moins de 10 points de rendement est en partie due à des effluents plus dilués en hiver. L’impact de la
température sur l’activité nitrifiante s’observe surtout au 2ème étage pour des charges appliquées > 10gNK/m²/j. De plus,
malgré des teneurs en O2 très correctes au sein des massifs filtrants en plein hiver, la nitrification chute lorsque la
température moyenne journalière du massif est < 6°C (mesurée à -15 cm). Ainsi, la fiabilité de la nitrification est
affectée dans ces conditions de fonctionnement.
Le pouvoir isolant de la neige et de la couche de dépôt a pu être mis en évidence dès une épaisseur de 10 cm. Par
exemple, avec seulement 5 cm de boues et en l’absence de neige, une chute de la température moyenne journalière du
filtre de l’ordre de 0.5 °C/jour est observée lorsqu’il gèle à l’extérieur. En l’absence totale de boue et de neige, le filtre
n’est alors pratiquement pas isolé et les températures suivent celles de l’air en période de repos. En revanche le pouvoir
calorifique des eaux usées permet de dégeler rapidement le filtre en phase d’alimentation.
Ainsi, la rotation des filtres 2 fois par semaine est fortement recommandée. Cela pourrait permettre de limiter les
risques de gel, en particulier sur les stations récentes (< 5 ans d’âge) où la hauteur de boues est insuffisante. La neige
maintien des températures positives au sein du filtre même en cas de gel extérieur prolongé (pouvoir isolant) et elle ne
gêne pas l’infiltration des bâchées. La capacité d’isolation de la couche de boue ou de la neige a démontré la nécessité
de favoriser leur présence en surface des filtres.
Concernant la conception de la station, certaines règles de bon sens sont évidentes : exposition sur un versant ensoleillé
de la montagne, enterrer au maximum les canalisations et les éventuels regards et vannes. De même, la mise sous abris
des dégrilleurs automatiques, et la couverture des systèmes gravitaires de bâchées en hiver facilitent la fiabilité et
l’exploitation des ouvrages. Les stations sont souvent difficilement accessibles pour les exploitants lors de fortes
intempéries (neige, éboulements...) : il convient donc de penser à créer des voies d’accès adéquates.
Métrologie des petites stations d’épuration
Nicolas FORQUET (Irstea) et Christian Barbier (ARSATESE LB)
Cette présentation commune Irstea, ARSATESE Loire Bretagne donne un aperçu des problématiques spécifiques
à la métrologie des petites stations d’épuration.
Les travaux de l’ARSATESE Loire Bretagne ont pour origine la volonté de mettre en place une démarche
normalisée en vue d’obtenir une accréditation. L’objectif est de répondre aux questions où, comment et quand
prélever ? L’ARSATESE Loire Bretagne a choisi de répondre à ses questions sous forme de fiche correspondant
à chaque point de prélèvement potentiel. Elles ont été rédigées par un groupe de travail sur « les bonnes
pratiques du prélèvement ». La présentation de leurs résultats préliminaires sera complétée par celle des
méthodes mises en œuvre par Irstea pour le suivi des petites installations. Une attention toute particulière sera
dédiée au cas où la mesure doit être réalisée sur un site dont l’instrumentation est déficiente.
Ensuite, nous nous interrogerons sur la possibilité de réduire le nombre d’échantillons à analyser en s’appuyant
sur la connaissance acquise grâce au suivi en continu. Un filtre planté de roseau a été suivi durant 7 jours en sortie
de premier et de deuxième étage à l’aide d’un spectrophotomètre in-situ. Les résultats ont ensuite été utilisé afin de
comparer différents scénarios de prélèvement et ainsi sélectionner celui qui présente la plus grande fiabilité en terme de
résultats tout en exigeant le moins de prélèvements possibles.
Enfin nous présenterons rapidement quelles technologies émergentes dans le domaine de la métrologie des petites
stations d’épuration.
ZRV en Dordogne : Caractérisation des dispositifs et focus sur le fonctionnement de deux installations
Marc BOUCHER (ATD 24)
Depuis désormais 10 ans les zones d’infiltration (ZI) et les zones de rejet végétalisées (ZRV) se développent en
France. Cette tendance est aussi valable pour la Dordogne, sous l’impulsion notamment du Service de Police de
l’Eau. Cette tendance est bien évidement à relier avec les objectifs environnementaux fixés dans la DCE de 2000
et retranscrits dans la LEMA de 2006.
Pour les 62 ouvrages (hors lagunages de finition) recensés dans le département (soit pour 20% des STEP),
l’objectif prioritaire est de réduire ou supprimer les rejets d’eau traitée au milieu naturel.
Le SATESE qui assure le suivi et l’assistance technique des systèmes d’assainissement, constate que bon nombre
de dispositifs n’atteignent pas les objectifs assignés. Ceci alors même qu’ils sont situés en aval de filières sous
chargées hydrauliquement. Il s’est donc avéré nécessaire de procéder à un état des lieux et à des mesures
spécifiques sur deux installations pour essayer de mieux comprendre leur fonctionnement. Cette étude du
SATESE s’inscrit dans un projet plus global conduit par l’Agence de l’Eau sur le sujet des ZRV.
Concernant l’état des lieux initial, il s’avère que l’échantillon de ZRV en Dordogne est trop restreint pour en faire
ressortir des tendances fiables sur les causes de « colmatage » (ancienneté du dispositif, typologie, taux de charge
hydraulique…). Un simple constat est fait, il est à même d’évoluer avec l’augmentation du nombre de dispositifs ainsi
qu’avec davantage de données de fonctionnement.
En ce qui concerne les performances épuratoires mesurées en période estivale sur deux installations (ZRV de Thenon et
ZRV de Peyrignac) le constat est fait que ces ouvrages, bien que faiblement dimensionnés (0,17 m2/EH pour Thenon et
0,35 m2/EH pour Peyrignac), jouent un rôle sur la réduction des flux rejetés en azote global et en phosphore. Pour le
reste des paramètres analysés, même si les rendements sont significatifs, le flux retenu est marginal.
Au niveau de l’hydraulique, le pouvoir tampon est réel mais à l’échelle de la journée le SATESE observe une
dissipation faible voir inexistante des volumes reçus.
L’étude va se poursuivre désormais avec une campagne de mesure en période automnale et/ou fin de période hivernale.
Pour autant une question reste très présente, elle concerne l’utilité réelle de ces ouvrages en termes d’efficacité,
de robustesse, de contraintes et de coût global.
Abattement bactériologique des différentes filières et traitements complémentaires
Christian BARBIER (SEA 29)
LES TRAITEMENTS TERTIAIRES DE DESINFECTION DES EAUX USEES URBAINES
Retours d’expérience sur le département du Finistère
CONTEXTE REGLEMENTAIRE
Outre la protection bactériologique évidente de la qualité de l’eau potable qui sera recherchée en éloignant
suffisamment les points de rejet des stations d’épuration, des zones de pompage d’eau de surface en vue de leur
traitement, ou de tout prélèvement de captage d’eau souterraine, la problématique du traitement de désinfection
s’attachera surtout à maintenir de bonnes conditions d’usage des zones de baignade et des zones conchylicoles et
de pêche à pied.
SYNTHESE DES RESULTATS OBTENUS SUR LES DIFFERENTS TRAITEMENTS DE DESINFECTION
Il convient de noter la très bonne qualité bactériologique au rejet des traitements de désinfection par UV et en sortie de
réacteur biologique à membranes :
- Compte tenu d’une bonne stabilité des résultats en technique membranaire, il apparaît réaliste de garantir une valeur
de 100 E. coli / 100 ml en rejet.
- En traitement UV, même si les valeurs observées sont inférieures à 100 E. coli / 100 ml au rejet, il apparaît raisonnable
de retenir un seuil de 1 000 E. coli / 100 ml comme objectif de résultats (risque de formation de MES incrustante sur les
lampes...). Si toutefois, un objectif plus sévère est à garantir (102 E. coli / 100 ml), il est possible de compléter le
dispositif par un filtre mécanique placé en amont.
La qualité bactériologique en sortie lagunage de finition est étroitement liée au temps de séjour dans les bassins, la
bonne qualité physico-chimique rejetée en amont de la désinfection interfère également pour partie sur l’efficacité du
traitement. Dans ces conditions, l’objectif à respecter pour protéger le milieu environnant déterminera le
dimensionnement du lagunage à mettre en œuvre. En tout état de cause, l’objectif à retenir ne devra pas être inférieur à
1 000 E. coli / 100 ml. La réutilisation de lagunes naturelles dans le cadre de restructuration de stations d’épuration
pourra s’avérer intéressante dans certaines situations. La désinfection par filtre à sable à vitesse rapide ne permet pas de
garantir des objectifs de résultats de 1000 E. coli / 100 ml. Compte tenu des investissements engagés (jusqu’à 10 % du
coût de la station), cette technique est peu intéressante. Elle n’est plus mise en œuvre dans le département.
Actualité réglementaire : loi NOTRE
Principales dispositions de la loi n°2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la
République intéressant l’eau et l’assainissement
Catherine GIBAUD (MEDDE - DEB)
La loi portant nouvelle organisation territoriale de la république (NOTRe) a été promulguée le 7 août 2015 et
publiée au Journal Officiel du 8 août 2015. L’intervention évoque les principales évolutions intéressant les
domaines de l’eau et de l’assainissement, sans prétendre à l’exhaustivité.
Spécialisation des compétences des régions et des départements
La loi supprime la clause de compétence générale des régions et des départements, qui les habilitaient à se saisir
de toute question intéressant un intérêt public local suffisant.
La région peut, si elle le souhaite, se voir confier par décret l’exercice des missions d’animation et de concertation
dans le domaine de la protection des ressources en eau et des milieux aquatiques, en coordination avec le comité de
bassin et sans préjudice des compétences des autres collectivités.
Le département voit ses compétences de solidarité territoriale et d’assistance technique renforcées.
Poursuite de la réforme de l’intercommunalité dans le sens de la rationalisation
Le seuil minimal de création des intercommunalités à fiscalité propre a été fixé à 15 000 habitants, avec plusieurs
dérogations et en conservant un plancher de 5 000 habitants.
Les schémas départementaux de coopération intercommunale (SDCI) doivent être révisés avant le 31 mars 2016. Ces
schémas prévoient les modalités de rationalisation des périmètres des EPCI et des syndicats mixtes existants, avec
notamment un objectif de réduction du nombre de syndicats considérés comme faisant double emploi avec un EPCI à
fiscalité propre situé sur le même territoire. Le maintien ou le renforcement de la solidarité territoriale doit également
être pris en considération et constitue un objectif clairement affiché dans le cadre de la nouvelle organisation
administrative locale.
Le transfert des compétences d’eau potable et d’assainissement à l’ensemble des EPCI à fiscalité propre pour
lutter contre l’émiettement des services publics d’eau et d’assainissement
Les compétences communales en matière d’« eau potable » et « d’assainissement » sont déjà transférées
obligatoirement aux communautés urbaines et aux métropoles. La loi NOTRe organise le transfert de ces compétences
de façon obligatoire aux communautés de communes et aux communautés d’agglomérations à compter du 1er janvier
2020. Les syndicats intercommunaux exerçant déjà ces compétences devront donc s’adapter à ces transferts.
Saisie obligatoire des données du rapport sur le prix et la qualité du service sur l’observatoire pour une
meilleure transparence des données sur l’eau potable et l’assainissement
La date limite pour présenter le rapport annuel sur le prix et la qualité du service à l’assemblée délibérante de la
collectivité est repoussée de trois mois : ce sera désormais le 1er octobre de l’année suivant la clôture de l’exercice.
Pour les collectivités de plus de 3500 habitants, les informations devront être transmises par voie électronique sur le site
de l’observatoire des services publics d’eau et d’assainissement.
Responsabilité financière des collectivités pour non-respect de la réglementation européenne
Les collectivités territoriales dont l’exercice des compétences est à l’origine d’une condamnation de la France pour
manquement par la Cour de justice de l’Union européenne peuvent se voir imputer une partie de la charge financière
correspondante.
Une commission consultative composée de membres du Conseil d’État, de magistrats de la Cour des comptes et de
représentants des collectivités territoriales émet un avis sur la répartition de la charge financière entre l’État, les
collectivités territoriales et leurs groupements et établissements publics à raison de leurs compétences respectives, qui
peut être ajustée en fonction des motifs et du dispositif de l’arrêt. Cette répartition fait l’objet d’un décret.
Connaissance et maîtrise des consommations énergétiques des stations d’épuration. Etat des lieux et
premières pistes d’optimisation.
Jean-Pierre CANLER, Anne-Emmanuelle Stricker et Sylvie Gillot (Irstea)
Les stations d’épuration urbaines ont été conçues pour traiter les polluants issus des collectivités. Elles sont
généralement très efficaces mais pêchent souvent par des consommations électriques qui pèsent à la fois sur le
bilan carbone et sur les coûts d’exploitation.
Par ailleurs, dans les récents marchés de construction de station, les objectifs de réduction de la consommation
énergétique sont pris en compte comme pour Cannes, La Feyssine ou d’autres. Les chiffres annoncés par les
constructeurs sont généralement significativement inférieurs aux consommations observées par Irstea lors
d’études de procédés de traitement.
Les consommations spécifiques (kWh par kg de DBO5 traité) sont très variables car fonction de nombreux facteurs
(taux de charge de l’installation, degré d’équipements de l’installation, procédé de traitement des boues, présence ou de
désodorisation…) dont les impacts respectifs sur la consommation globale d’une installation doivent être précisés.
Face à cette situation, une étude pour répondre à ces différentes questions a été engagée en 2011 grâce à l’aide
financière de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et d’Irstea. Elle a pour but de collecter et d’analyser des
données de consommations énergétiques des différentes filières types de traitement (boues activées, biofiltres,
bioréacteurs à membranes, MBBR, …), afin de mettre à disposition des acteurs du domaine des consommations
spécifiques fiables. De plus, elle apportera aussi des données sur les différents postes de traitement (eau, boue,
désodorisation) et par sous postes.
L’intervention proposée est principalement axée sur la boue activée. Elle précise les consommations spécifiques des
filières ( boue activée, SBR, BRM, …) et les principaux facteurs affectant leur consommation spécifique.
A partir de ces valeurs de référence, il sera possible de positionner un cas particulier et de prioriser les actions à mener
afin de l’optimiser sur le plan énergétique.
Le document de synthèse prévu en 2016 constituera une référence sur les consommations énergétiques des installations
françaises et leurs relations avec les taux de charge et des autres facteurs (degré d’équipements de la filière eau et de la
filière boue, la dilution des effluents, etc….) impactant de façon significative la consommation énergétique. Il facilitera
ainsi la prise de décision lors d’un choix de filière, permettant d’intégrer les aspects énergétiques sur la base de données
fiables.
Ce document pourra également servir de « guide » lors des diagnostics énergétiques des stations d’épuration pour
identifier les marges de progrès.
Évaluation du coût d’exploitation d’une station d’épuration - Exemple de méthode
Philippe LOLMEDE (Charente Eaux)
Avant le choix d’une filière d’épuration des eux usées, il est important d’être en mesure d’en évaluer le
coût d’exploitation afin de connaître l’impact global du nouvel ouvrage sur le prix du service.
Une méthode d’évaluation des coûts d’exploitation fondée sur le chiffrage de l’ensemble des moyens à
mettre en œuvre est présentée ici.
L’évaluation est basée sur une démarche globale d’analyse et de décomposition de l’exploitation en tâches
élémentaires. Le coût de chaque tâche est alors calculé à partir de coûts de référence définis pour chaque nature
de dépense (personnel, fournitures, matériel, électricité, …).
La fiabilité du résultat repose sur l’exhaustivité du recensement des tâches à réaliser mais aussi sur la
connaissance des ouvrages en place ou projetés et les hypothèses retenues quant à l’organisation de l’exploitation
ou le niveau du service attendu.
Production de boues : quelles méthodes de validation des données expérimentales ?
Sylvie GILLOT, Ahlem Filali, Jean-Pierre Canler (Irstea)
La production de boues dans les procédés biologiques de traitement des eaux résiduaires provient de différents
processus dont (i) la croissance bactérienne qui permet l’incorporation de la matière organique, de l’azote et du
phosphore dans la biomasse, (ii) l’accumulation des matières minérales contenues dans les eaux usées et (iii)
l’ajout de réactifs à différentes étapes du traitement (déphosphatation physico-chimique, chaulage des boues…).
Ces processus dépendent par ailleurs de l’âge des boues de l’installation (lié à la charge massique pour les
procédés à culture libre) et de la composition des eaux à traiter (ratio MES/DBO5, taux de MVS, …)
En plus d’être un paramètre significatif des coûts d’exploitation de la station, la production de boues doit être
estimée de manière fiable afin de dimensionner et de gérer au mieux les installations. En particulier, le
dimensionnement et l’exploitation de la filière boues sont primordiaux pour maintenir un âge de boues ou une
charge massique compatible avec les niveaux de rejet à atteindre, notamment.
Cette présentation propose de faire un point sur la production de boues dans les procédés à boues activées autour de
trois axes :
-
La présentation et la discussion des principales formules empiriques utilisées pour estimer les productions de boues, et
leur domaine de validité ;
Les données requises en exploitation pour déterminer de manière fiable cette production ;
Quelques exemples qui illustrent les principaux problèmes rencontrés.
L’accent sera notamment mis sur les incertitudes des données acquises en autosurveillance et sur l’intérêt de mesurer la
teneur en phosphore dans les boues pour consolider ces données.
Retours d’expérience sur les Lit de Séchage Plantés de Roseaux en Provence-Alpes-Côte d’Azur
Gilles Malamaire (ARPE PACA)
Dans le cadre de la mission d’évaluation de techniques innovantes en matière d’assainissement, l’ARPE PACA
présentera ses retours d’expérience issue du suivi mené sur des lits de séchage plantés de roseaux utilisés pour la
déshydratation des boues d’épuration.
Ce suivi débuté en 2009, s’appuie sur des visites de 25 sites présents en région Provence-Alpes-Côtes d’Azur,
sur la participation à plusieurs projets de construction ou de chantier de curage et sur les échanges menés avec
les exploitants, l’Irstea ainsi que des constructeurs, bureaux d’études et maîtres d’ouvrage.
En 2013, une première synthèse de cette évaluation avait mis en avant les dysfonctionnements rencontrés par
ces procédés de déshydratation essentiellement dues à des sous dimensionnements d’ouvrage et une
méconnaissance des subtilités d’exploitation.
Dans le courant de l’été 2015, la parution d’un dossier technique de l’ARPE spécifique à ces filières, est venue
compléter cet état des lieux.
La présentation s’attachera à mettre en avant les bonnes pratiques et orientera sur des solutions visant à améliorer
l’efficacité de ces systèmes.