Fédéralistes et Républicains aux Etats-Unis (1789-1809)

Transcription

Fédéralistes et Républicains aux Etats-Unis (1789-1809)
Clémence Cadol
Gaëlle Cartier
Aurélie Charon
(groupe B)
Plan de dissertation
21/10/03
Fédéralistes et Républicains aux Etats-Unis
(1789-1809)
Suite à la Déclaration d’Indépendance rédigée par Thomas Jefferson le 4juillet 1776, les
treize colonies anglaises se constituent en Etats, liés entre eux par les « articles of
Confederation ». Cette Confédération est cependant faible et doit faire face à des problèmes
économiques, financiers et politiques qui remettent en cause l’union des Etats-Unis. Pour
surmonter ces difficultés, des délégués des treize Etats se réunissent en 1787 lors de la
Convention de Philadelphie et entament la rédaction d’une Constitution permettant de passer
d’une confédération d’Etats à un Etat fédéral. La double exigence qui préside l’élaboration de
la Constitution –la création d’un gouvernement fort et le respect d’une relative autonomie des
Etats – conduit à deux interprétations de la Constitution. Les Fédéralistes d’une part, menés
par Washington et s’organisant autour de Hamilton, privilégient une interprétation souple de
la Constitution pour élargir les prérogatives du gouvernement fédéral. Les anti-fédéralistes
conduits par Jefferson, appelés parti républicain (1792) sont à l’opposé pour une interprétation
stricte de la Constitution qui permet aux Etats de préserver leur souveraineté. Toutefois, la
Constitution de 1787 qui entre en vigueur le 4 mars 1789 ne prévoit pas l’existence des partis
politiques considérés alors comme des facteurs de dissension, des « factions ».
Comment de Washington à Jefferson de 1789 à 1809, s’organise une vie politique bipartite
entre fédéralistes et républicains ?
Nous verrons tout d’abord comment en 1789 les fédéralistes occupent le devant de la scène
politique de ce tout nouvel Etat, avec un des Pères Fondateurs de la Constitution, Washington.
Puis comment la vie politique va basculer vers le bipartisme : une opposition d’abord diffuse
puis significative s’organise et se rassemble autour de Jefferson : les républicains accèdent au
pouvoir en 1801 et le parti fédéraliste décline progressivement.
I.
De la première présidence de George Washington en 1789 à sa
mort en 1799, la politique fédéraliste du gouvernement domine
une opposition grandissante…
A/ George Washington, chef de file des fédéralistes, élu le 4 mars 1789, est d’abord le
président de l’Union des Etats-Unis d’Amérique
1. George Washington inaugure la fonction présidentielle et en pose les jalons.
Ex : refus de Washington de se représenter après un double mandat > le mandat présidentiel
renouvelable une fois uniquement devient la norme
2. Washington, élu à l’unanimité, organise avec prudence un gouvernement d’union.
Ex : Alexander Hamilton, au ministère du Trésor / Thomas Jefferson, au département d’Etat
B/ L’interventionnisme économique de Hamilton au service du parti fédéraliste doit
affronter l’opposition des républicains de Jefferson
1. Hamilton tend vers une politique aristocratique et pro-industrielle, qui privilégie une part
restreinte de la société tandis que les républicains s’appuient sur la masse agricole.
Ex : le remboursement de la dette intérieure (issue de la guerre d’Indépendance) auprès des
citoyens : rachat des obligations acquises par les riches à moindre prix, à leur
valeur nominale initiale
2. Hamilton veut une interprétation souple de la Constitution pour construire un Etat fédéral
fort et se heurte à la « strict constructionist » (interprétation stricte) de Jefferson.
Ex : création de la Banque Centrale par Hamilton : les jeffersoniens dénoncent l’anticonstitutionalité du projet : au regard du 10 ème amendement (1791) ; les hamiltoniens
s’appuient sur la clause 8 de la section 18 de la Constitution de 1787 (le Congrès est autorisé
à faire ce qui est « nécessaire et convenable » dans l’intérêt national)
C/ De Washington à Adams, la politique étrangère révèle l’usure du parti fédéraliste
1. La politique de réserve de Washington face au conflit franco-anglais mécontente l’opinion.
Ex : loi sur la neutralité du 22 avril 1793
2. Adams élu difficilement en 1796 s’inscrit dans la continuité de la politique prudente de
Washington, engendrant des divisions internes au parti fédéraliste et accroît son impopularité.
Ex : Traité de 1800 : évite une guerre avec Bonaparte en dissolvant l’alliance francoaméricaine et évite la guerre alors qu’une faction anti-française radicale en faveur de la
guerre se dessine au sein du parti fédéraliste
II.
… mais le déclin du parti fédéraliste amène les républicains au
pouvoir avec Jefferson jusqu’en 1809
A/ L’affrontement ouvert entre républicains et fédéralistes conduit à la chute de la
« dynastie fédéraliste »1
1. Les fédéralistes sous le gouvernement Adams prennent des mesures radicales contre les
républicains (1798-1800).
Ex : 1798, loi contre les étrangers > les étrangers votaient plutôt pour le parti républicain
Les lois sur la sédition (tout citoyen peut être victime d’une amende ou emprisonné si il a
« écrit, imprimé, propagé ou publié » des nouvelles fausses ou qui discréditent le Président ou
le Congrès) > 25 directeurs de journaux ou imprimeurs anti-fédéralistes sont condamnés.
2. En réaction aux lois Adams, l’opinion publique se rallie au parti républicain et une
campagne politique virulente s’ouvre lors des élections présidentielles de 1800.
Ex : la lutte des partis s’ancre dans la vie politique avec la création de comités locaux et de
journaux partisans
B/ La politique de Jefferson ne s’apparente pas à la « révolution de 1800» qu’il a
annoncé
1. Jefferson oublie sa doctrine du « strict constructionist » et adopte lui aussi une
interprétation large de la constitution, à l’instar des fédéralistes.
Ex : achat de la Louisiane à Bonaparte et expéditions Lewis et Clarck vers les territoires de
l’Ouest > politique expansionniste non prévue par la Constitution
2. Jefferson veut se débarrasser de tous les fédéralistes qui pourraient être un obstacle au
gouvernement, et cela contre les principes de la Constitution.
Ex : affaire des « midnight judges », opposition frontale avec Marshall, président de la Cour
Suprême et fervent défenseur de la Constitution et affaire « Marbury contre Madison »
(1803), qui aboutit à l’installation d’un contrôle de constitutionalité des lois par le Congrès
pour la première fois dans le monde
C/ L’opposition fédéraliste est déroutée face à la politique paradoxale de Jefferson :
« Nous sommes tous des Républicains, nous sommes tous des Fédéralistes »
1. Jefferson continue de s’inscrire dans la politique interventionniste des fédéralistes.
Ex : loi d’Embargo de 1807 > favorise le développement industriel
2. Tentative infructueuse de radicalisation des fédéralistes contre le gouvernement.
Ex : la « Junte d’Essex » tentative de sécession des Fédéralistes
1
Degler, Carl N., dir., Histoire des Etats-Unis, La pratique de la démocratie, Economica, 1980, 680 p.
En 1789, en adéquation avec la Constitution, le Président Washington n’encourage pas une
attitude partisane. Il forme en effet un gouvernement qui regroupe des visions différentes de la
politique. Toutefois, le ministre des finances Hamilton mène rapidement une politique
économique fédéraliste à laquelle s’oppose Jefferson et son parti, le parti républicain. Cette
opposition d’abord moindre, alors que domine le parti fédéraliste de 1789 à 1799, grandit et
s’organise. Ainsi, Adams succède difficilement à Washington et sa politique menée contre les
républicains participe à l’accession de Jefferson au pouvoir. Mais au contact du pouvoir,
Jefferson et les républicains mettent en œuvre des mesures à tendance fédéraliste et
deviennent partisans d’un gouvernement fédéral fort. L’opposition fédéraliste se divise et se
trouve désemparée. C’est donc entre 1789 et 1809 que le clivage entre fédéralistes et
républicains introduit une dynamique dans la vie politique des Etats-Unis. Les impulsions
fédéralistes et républicaines qui se heurtent de 1789 à 1809 puis se rejoignent progressivement
par la suite (« l’ère des bons sentiments ») ont répondu au défi qu’était, au moment de la
naissance des Etats-Unis, la mise en place d’un Etat fédéral pérenne à la fois respectueux de
l’autonomie des Etats fédérés et au degré de centralisation suffisant pour permettre une action
politique efficace.
Ouvrages généraux
Degler, Carl N., Histoire des Etats-Unis, La pratique de la démocratie, Paris, Economica,
1980, 680 p.
Kaspi, André, Les Américains, 1.Naissance et essor des Etats-Unis 1607-1945, Paris, Seuil,
1986, 339 p.
White, John Kenneth, Shea, Daniel M., New party politics, From Jefferson and Hamilton to
the Information Age, New York, St Martin’s Presse, 2000, 333 p.
Marienstras, Elise, Les mythes fondateurs de la nation américaine, Bruxelles, Complexe,
1992, 349 p.
Rémond, René, Histoire des Etats-Unis, Paris, PUF, 1959, 127 p.
Ouvrages spécialisés
De Cazotte, Jacques, Une révolution réussie, Le juge James Kent, 1763-1847, A l’aube de la
nation américaine, Luisant, Maisonneuve et Larose, 1995, 314 p.
Howard, Dick, Naissance de la pensée politique américaine, 1763-1787, Paris, Ramsay,
1987, 336 p.
Articles
Kaspi, André, « George Washington, le Héros du Nouveau Monde », L’Histoire, n°66, avril
1984, p.30-38
Marienstras, Elise, « Thomas Jefferson et la naissance des Etats-Unis », L’Histoire, n°19,
janvier 1980, p.30-39
Recueil de documents
Institut d’Etudes Politiques de Paris, « The United States Constitution » et « Les douze
premiers amendements », La modernisation politique et sociale de l’Europe et des Etats-Unis
(I), 2003

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