Le niveau des lacs au plus bas - Haut-Rhin

Transcription

Le niveau des lacs au plus bas - Haut-Rhin
34
Région
V E N DRE D I 1 3 N OV E M B RE 201 5
L ' AL S A CE
HYDROLOGIE
Le niveau des lacs au plus bas
Les lacs de Kruth-Wildenstein et d’Alfeld affichent une cote inférieure de 15 mètres à leur niveau habituel. Ce n’est « ni exceptionnel, ni inquiétant », assurent les services du
conseil départemental du Haut-Rhin.
sécheresse qui perdure, il est normal que le niveau du lac soit aussi
Une lande de terre, sèche comme bas ». « S’il manque 15 mètres
une pierre, et, au bout, une mare d’eau, il reste tout de même 2,7 mild’eau… Le lac de Kruth-Wildenstein lions de m³ de réserve et, à raison
dévoile un paysage inhabituel, y de 690 l/s lâchés, on peut tenir encompris au sortir d’un des étés les core longtemps à ce rythme… »,
plus chauds des dernières décen- précise le garde-barrage principal.
nies. « Le niveau baisse à vue
d’œil », confirme un couple qui se Le lac de Kruth-Wildenstein et son
promène quasi-quotidiennement barrage ont pour seul but un écrêteautour du plan d’eau. Le spectacle ment des crues, afin de lutter conest impressionnant mais « la situa- tre les inondations, à l’automne et
tion n’a rien d’exceptionnel », affir- au printemps principalement. Son
me Roger Bindler, garde-barrage rôle est aussi d’assurer un débit
principal du Département du Haut- d’étiage à la Thur, lequel est fixé
Rhin. L’agent du conseil départe- selon les besoins des industriels, en
mental assure que, « du fait de la particulier les usines chimiques de
Laurent Bodin
Le lac d’Alfeld est « à la cote minimale ».
Photo L’Alsace/Vincent Voegtlin
Thann, importantes utilisatrices
d’eau dans le cadre de leur processus de refroidissement. « Le débit
doit être de 1 à 1,5 m³/seconde à
Willer-sur-Thur », indique Roger
Bindler.
« Pas d’inquiétude »
pour les canons
à neige du Ballon
Plus au sud, sur les contreforts du
Ballon d’Alsace, le lac d’Alfeld est lui
aussi au plus bas. Le niveau d’eau
n’a cessé de baisser depuis le
28 mai, à l’exception d’un petit apport la dernière semaine de septembre. « On est à la côte minimale », reconnaît Roger Bindler
selon qui, là encore, « ce n’est pas
exceptionnel ». « On assure le débit
d’étiage de la Doller et il s’agit de
tenir le plus longtemps possible »,
note l’agent du Département du
Haut-Rhin pour qui « les choses devraient rentrer dans l’ordre si on retrouve, au cours des trois prochains
mois, les précipitations moyennes
de ces dernières années ». Pour
l’heure, aucun épisode vraiment
pluvieux n’est annoncé avant la fin
de la semaine prochaine.
Le ponton du lac de Kruth-Wildenstein a touché le fond… Cette retenue d’eau artificielle alimentée par la Thur offre en ce
moment un visage inhabituel.
Photo L’Alsace/Thierry Gachon
n’est en effet possible que grâce au
pompage de l’eau du lac. « Il n’y a
aucune inquiétude », assure là ausConcernant le lac d’Alfeld, la ques- si Fabienne Orlandi. La présidente
tion qui se pose a trait au fonction- du Smiba (Syndicat mixte interdénement des canons à neige du partemental du Ballon d’Alsace), Ballon d’Alsace l’hiver prochain. La par ailleurs conseillère départeproduction de neige de culture mentale et maire de Kirchberg, esti-
me que « le niveau actuel du lac
n’est pas un problème ». « Quelques jours de pluie peuvent suffire
pour retrouver un niveau d’eau acceptable », ajoute Fabienne Orlandi selon qui, même avec le peu
d’eau actuel, « le Smiba serait en
capacité de pomper pour fabriquer
de la neige de culture ». Question
qui, pour l’heure, ne se pose pas, en
raison de la douceur des températures.
LIRE aussi notre dossier qui fait
le point complet sur la sécheresse
en Alsace, en page 36.
NEIGE
CLIMAT
L’hiver attendu de pied ferme
L’épaisseur des glaciers alpins a fortement diminué cet été
Les agents de la Direction interdépartementale des routes de l’Est sont en mode « viabilité hivernale » depuis le
9 novembre, et ce jusqu’au 21 mars.
Jean Daniel Kientz
Quel que soit le bulletin météo délivré
par les ours du zoo de Thoiry prédisant
du froid cet hiver, la Dir (Direction interdépartementale des routes) Est se trouve de toute façon, depuis le 9 novembre, en mode « viabilité hivernale »… Et même si ces derniers jours les
températures dépassent allègrement – en journée – les 18 degrés, les agents et leurs engins de salage sont sur le pied de guerre. « Nous sommes prêts ! », résument en substance Francis Golay et Pascal Nivlet, respectivement responsables du district et du CEI (Centre d’entretien et d’intervention) de Sainte-Croix-en-Plaine. Le territoire (le district) de ce CEI est maillé par 173 km de routes dont la gestion incombe encore à l’État : A35, A36, RN66, RN83, soit un réseau s’étendant de Sainte-Croix-en-Plaine à
Saint-Hippolyte, en passant par les vallées de Sainte-Marie-aux-Mines et Le district dispose de 3 600 tonnes de sel dans le Haut-Rhin (ici à Sainte-Croix-en-Plaine).
Photo L’Alsace/Armelle Bohn
de Saint-Amarin, comprenant le col de
Bussang. vail », en fonction évidemment de la la chaussée de 10 g de sel par m², et pose aux usagers une carte actualisée
puissance et de la durée de la pertur- au maximum 15 g par m². «Le niveau régulièrement et une douzaine de weLe district dispose de 17 engins de dé- bation. « La viabilité hivernale n’est de service est maximum », se plaît à bcams permettant de visualiser l’état neigement et d’une équipe de 80 per- pas une science exacte », rappelle-t- répéter Francis Golay, pour qui les du réseau routier en direct.
sonnes (réparties dans les trois CEI du on à la Dir Est, dont la mission est de automobilistes doivent être « consHaut-Rhin), sans compter les vacatai- sécuriser au maximum la voie de droi- cients de leurs responsabilités. Il faut SE RENSEIGNER Les conditions
res (une dizaine) qui renforcent les te lors de précipitations importantes. bien préparer son itinéraire, équiper de circulation en direct sur le site
équipes si nécessaire. « L’A35 voit défi- « Nous disposons de quatre heures de son véhicule de pneus neige et d’un internet : www.enroute.est.developler 100 000 véhicules par jour en délai pour ramener la chaussée en dégrippant, au cas où. » La Dir Est propement-durable.gouv.fr
moyenne, la RN66 20 000 véhicules et C1 », nous précise-t-on. le col de Bussang 3 500 véhicules dont
25 % de poids lourds », énumère Fran- La saumure, un mélange de sel et cis Golay, pour qui « le niveau de servi- d’eau, constitue l’arme la plus efficace
ce est identique » sur autoroute et sur pour lutter contre la neige et le froid. nationale.
La Dir Est dispose dans les 12 départements d’un stock de 36 500 tonnes de sel, « cinq fois le poids de la tour Eif« La viabilité hivernale
fel ». Le district dispose de 3 600 tonn’est pas
nes de réserves entreposées à Sainteune science exacte »
Croix-en-Plaine, Rixheim et Fellering. Ce service de l’État a évidemment dé- L’hiver dernier, l’État a réalisé des écoveloppé sa propre définition des con- nomies substantielles puisque 400 ditions de circulation – de C1 à C4, ce tonnes seulement (coût : 100 € la tondernier stade désignant « une route ne) ont été déversées sur le réseau bloquée ». Actuellement, les condi- routier du secteur pour cause d’hiver tions de circulation sont de niveau C1. sec. « Depuis quelques années, nous « Notre objectif est d’être en C2 au mi- faisons des efforts pour diminuer les nimum à 6 h 30 du matin, lorsque les quantités de sel utilisées. » Les engins usagers se rendent sur leur lieu de tra- de salage ont été réglés pour arroser IRE03
L’épaisseur des glaciers alpins en Suisse a fortement diminué sous la vague de chaleur estivale. La fonte n’a toutefois pas atteint un record, le mercure étant retombé dès la mi-août et le mois de septembre s’étant révélé plutôt frais.
La plupart des glaciers de Suisse ont perdu entre un et deux mètres d’épaisseur durant l’année hydrologique 2014-2015, a fait savoir hier l’Académie suisse des sciences dans un communiqué. Au total, 1,3 million de m³ de glace ont fondu, soit environ 2,5 % du volume total. Le record de 2003 n’a cependant pas été dépassé : entre 4 % et 5 % des réserves de glace avaient alors disparu, d’après le communiqué de l’académie.
Le lac glaciaire de la Plaine Morte, à la
frontière des cantons de Berne et du
Valais en Suisse, est complètement
asséché. DR
lin, la situation a été moins grave. Ils n’ont perdu en moyenne que 70 centimètres de glace. En revanche, les petits glaciers moins élevés et ceux qui se situent entre l’Oberland bernois et le Valais, comme celui de la Plaine Une fonte inhabituelle
Morte, un plateau glaciaire à la fronLa canicule de l’été a néanmoins cau- tière des cantons de Berne et du Vasé une fonte très inhabituelle. Aucun lais, ont beaucoup souffert, perdant flocon n’est tombé au laboratoire de par endroits plus de 2,5 m d’épaisnivologie du Weissfluhjoch (canton seur.
des Grisons), à une altitude de 2 540 mètres, ce qui n’était arrivé qu’une Globalement, le temps est très sec defois depuis le début des mesures en puis le début de l’été, d’après un com1936. À la mi-août, la neige est tom- muniqué de SRF Meteo. Entre juin et bée jusqu’à 2 800 mètres, et encore octobre, la quantité de pluie mesurée plus bas durant le mois de septembre. dans certaines régions se situe entre Ce refroidissement a permis de freiner 40 % et 70 % des prévisions. C’est surla fonte des glaces, explique l’Acadé- tout sur le Plateau que le déficit d’eau mie suisse des sciences.
est important. Dans les Alpes, la pluviométrie des cinq derniers mois corPour les glaciers du sud du Valais, respond à la moyenne des dernières comme celui de Findelen ou de l’Alla- années.