CR Mix marketing 16092011
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CR Mix marketing 16092011
Comment intégrer le développement durable dans le mix marketing ? Vendredi 16 septembre 2011, de 9h30 à 10h30 Le "marketing classique" doit intégrer de nouvelles dimensions et valeurs pour répondre aux enjeux du développement durable. De la stratégie marketing globale à un mix-marketing opérationnel, l'intégration des critères de développement durable n'est pas aisée. Lors de la webconférence du vendredi 16 septembre 2011, nous tentions de comprendre les clés nécessaires pour la mise en place d'un mix-marketing responsable au sein d'une entreprise. • • • Quel impact du développement durable sur les 4P du mix-marketing ? Le développement durable devient-il un aspect du produit ? Quelles sont les règles d'or pour un mix-marketing adapté ? Intervenants : • • ERNST&YOUNG : Ganaël BASCOUL, Manager au sein du département Développement Durable chez Ernst&Young, Scientific Director du laboratoire ExtendedValues et co-auteur de l'ouvrage "Marketing et développement durable" (2009). LA POSTE : Laure MANDARON, Déléguée au développement durable remplacée par Matei GULEA, Responsable business development, Direction de l'innovation Intervention de Ganaël BASCOUL, Manager au sein du département Développement Durable chez Ernst&Young, directeur scientifique du laboratoire ExtendedValues et co-auteur de l'ouvrage "Marketing et développement durable" Le département développement durable d’Ernst and Young regroupe soixante personnes exerçant des activités d’audit, de transaction, et d’études. Ganaël Bascoul représente le département en charge du conseil, qui accompagne les entreprises dans la mise place de nouveaux produits développement durable, notamment sur les enjeux marketing. En termes de marketing, l’intégration du développement durable comporte une double origine. D’une part, la notion de red ocean (versus blue ocean), désigne différentes conceptions de la valeur ajoutée. Le blue ocean permet de qualifier un retour aux fondamentaux de l’offre, en revenant aux attentes propres du client. D’autre part, à la création de « valeur ajoutée » s’ajoute celle de « valeur étendue », qui permet d’intégrer la notion de création de valeur pour l’environnement et la société, en s’orientant vers des 1 AGRION Paris, 10 rue Mercoeur, 75011 Paris - France Tel : (+33) 1.48.00.00.25 - Fax : (+33) 1.48.01.66.05 - www.agrion.org « green programs », permettant de générer ces impacts sociaux environnementaux. Les démarches Valeur Etendue et Blue Ocean étaient assez peu souvent combinées. Auparavant, les leviers développement durable étaient peu utilisés pour l’innovation client. Le développement du Green Ocean permet d’intégrer à la fois la performance client liée au blue ocean, et le développement durable. Il s’agit donc aujourd’hui d’actionner le levier développement durable, afin que celui-ci ne soit plus uniquement à la marge, dans les questions liées au process, mais qu’il soit au cœur de la stratégie marketing. Le marketing étant en recherche permanente de nouveaux leviers de différenciation, le développement durable présente un intérêt certain, d’autant plus que la valeur ajoutée d’un produit est toujours de plus en plus marginale, et que les marques nationales sont en perte de parts de marchés face aux enseignes internationales et à la grande distribution. De plus, les externalités sociales et environnementales étant de plus en plus visibles sur un produit, il est important de communiquer sur ces aspects. Face à cela, les attentes des clients et les obligations légales plaident pour une meilleure prise en compte du développement durable. Il s’agit de gérer le développement durable, pas seulement dans le corporate, mais aussi à travers des innovations en termes de communication. En B2B cela consiste à intégrer de nouveaux savoir-faire, alors qu’en B2C il s’agit de s’orienter vers de nouveaux styles de vie, de faire évoluer les habitudes de consommation. Il s’agit d’opérer en profondeur sur l’offre pour en tirer une différenciation forte, et obtenir une préférence, soit du prestataire en B2B, soit de la marque en B2C. En tant que professeur-chercheur à l’ESCP, Ganaël Bascoul a participé au développement de l’idée de « Valeur Etendue », partant des limites de la théorie de la valeur ajoutée, qui repose sur les développements de Weber au XIXème siècle. Si la valeur ajoutée repose soit sur une valeur de statut (permettant une différenciation sociale), soit sur une valeur d’utilité pour le client ou l’entreprise, la Valeur Etendue, parce qu’elle intègre des externalités positives, aborde une logique partenariale et non transactionnelle. Il s’agit de concevoir la valeur comme la solution à un problème en commun. La dimension de sens est ainsi plus forte. De nombreux entretiens qualitatifs attestent que dans l’esprit des clients, il y a généralement une distinction importante entre les aspects environnementaux et sociaux, en particulier en France. De plus, les consommateurs français distinguent trois phases dans leur acte de consommation (avant, pendant, après), alors que la démarche RSE propose une approche plus globale, avec l’entreprise au centre, et n’est plus dans une optique linéaire, centrée sur le consommateur. Le défi du marketing est donc aujourd’hui de parler global à un consommateur qui pense dans un univers linéaire. Le croisement de ces différents paramètres permet l’élaboration d’un diagramme standardisé. L’exemple de Home Depot peut illustrer cette adaptation du discours marketing. En amont, l’entreprise a travaillé sur la qualité de son assortiment produit, en faisant appel au SCS (Sustainable 2 AGRION Paris, 10 rue Mercoeur, 75011 Paris - France Tel : (+33) 1.48.00.00.25 - Fax : (+33) 1.48.01.66.05 - www.agrion.org Certification System) qui a pu lui fournir une grille d’évaluation pour sélectionner des produits responsables. Home Depot a ensuite demandé aux fournisseurs une évaluation de leurs différents produits, afin de pouvoir obtenir le label « eco-option ». Bien que cela ait été contraignant et coûteux dans un premier temps pour les fournisseurs, Home Depot a fait beaucoup de promotion sur le lieu de vente, ce qui a été bénéfique sur le long terme, pour l’enseigne fournisseur. Au bout de quelques semaines, du fait du succès de la promotion des produits responsables, certains fournisseurs se sont trouvés être en rupture de stock. Ils ont ainsi compris l’intérêt de l’effort conjoint pour un changement de comportement. Toutefois, cette démarche est peu reproduite en distribution. En faisant le lien entre les trois temps de la valeur étendue et des 4P du mix marketing, douze voies de différenciation apparaissant alors dans une démarche de développement durable : - Concernant la communication : 1. En amont, il y a une pédagogie client à développer sur la question du cycle de vie et de la chaîne produit. Dans l’esprit des consommateurs, l’entreprise de dépôt a très peu de fournisseurs et est responsable de tous les problèmes dans la chaîne produit. Par ailleurs les consommateurs ont une vision plutôt historique des process de production, et ne prennent pas nécessairement en compte les évolutions récentes. Le marketing doit prendre en compte cette vision. 2. Pendant l’acte de consommation, il s’agit de donner un feedback permanent sur l’utilisation. Par exemple, pour des énergéticiens, il s’agit de mettre en place de compteurs intelligents pour informer les clients de l’impact environnemental. Pour les voitures hybrides, cela peut être un écran de bord particulier selon le mode d’énergie utilisé, etc. Cette communication nourrit par ailleurs la relation client sur plusieurs années. 3. En aval, il s’agit de montrer qu’un choix de consommation peut pénaliser certains modèles (ex : production locale de lait, condition de vie des producteurs…). La communication permet donc d’expliquer et de montrer l’aspect pérenne de produits éco-responsables, afin de promouvoir la logique de pérennisation contre celle d’obsolescence. - Concernant le produit : 4. Avant la vente, le développement durable réside dans le choix de l’éco-conception, et de l’innovation verte en général. 5. Pendant la consommation, il s’agit de choisir des produits à faible usage de ressources naturelles et d’énergie. 6. En aval, il s’agit de travailler sur la recyclabilité et la seconde vie du produit, et sur la 3 AGRION Paris, 10 rue Mercoeur, 75011 Paris - France Tel : (+33) 1.48.00.00.25 - Fax : (+33) 1.48.01.66.05 - www.agrion.org prolongation de sa durée de vie avec un SAV orienté sur le principe du développement durable. Quand la constitution des produits est modulée, le SAV peut en effet aider à le réparer facilement, ou à ne remplacer qu’une partie du modèle. Cette démarche est porteuse de différenciation pour la marque et le consommateur. - Concernant la distribution : 7. Il s’agit d’afficher la traçabilité, l’origine ou l’ancrage territorial, mais aussi de montrer l’effort effectué en matière de B2B. C’est ce qui s’est vu avec le débat sur la filière solaire. 8. Le lieu de vente peut être conçu comme un espace de dialogue, en développant l’information et en organisant des formations auprès des clients les plus fidèles (formation des artisans, etc.). 9. Enfin, la valorisation se fait sur le long terme, à travers des programmes de fidélisation notamment, tels que les Green born sur la carte de fidélité de Tesco, donnant des points supplémentaires aux produits vertueux. - Concernant le prix, des modifications ont été faites dans le discours auprès du client : 10. En amont, il s’agit d’expliquer la structure de coût (cf. commerce équitable, fruits et légumes…) pour expliquer la valeur apportée par l’entreprise dans un souci de transparence et attester du caractère non arbitraire des prix. 11. Pendant la consommation, le prix se concentre sur l’usage et non la propriété. Il s’agit de proposer de nouvelles formules pour que le consommateur puisse tirer un meilleur parti de ses consommation, par la location, tantôt d’un 4X4 pendant une heure pour un déménagement en campagne, tantôt d’un scooter pendant une journée pour un déplacement urbain, par exemple. 12. En aval, il y a une pédagogie à faire autour du coût global, par opposition au coût d’acquisition. Par exemple, dans l’immobilier, il s’agit d’un travail autour de l’étiquetage, grâce au Diagnostic de Performance Energétique, démontrant la rentabilité en terme d’énergie dans la durée. De nombreux outils sont mis en place pour développer ces voies de différenciation par le développement durable : - Exemple d’actions de communication : En amont, Ernst and Young a par exemple travaillé avec Saint Gobain à l’élaboration d’un jeu en ligne pour expliquer le cycle de vie d’un isolant au client. Pendant l’utilisation, la communication prendre la forme d’un empowerment du client, au moyen des compteurs intelligents d’EDF par exemple. En aval, il s’agit de rassurer, avec l’exemple du label Rainsforest mis en place par Lipton. 4 AGRION Paris, 10 rue Mercoeur, 75011 Paris - France Tel : (+33) 1.48.00.00.25 - Fax : (+33) 1.48.01.66.05 - www.agrion.org - Exemple d’actions sur le produit : L’éco-conception peut passer par la protection des communautés locales, comme l’illustre l’exemple de l’entreprise de cosmétique Natura Brasil. Sinéo, entreprise commercialisant des produits de lavage de voiture sans eau, s’est focalisée sur l’utilisation de son produit, l’activité de lavage étant généralement consommatrice d’eau. Ce système fonctionne très bien en B2B, car cela permet de gagner du temps sur le lavage d’une flotte de véhicules. C’est donc à nouveau une création de valeur ajoutée liée à une valeur étendue. Enfin, Toyota, dans la conception de la Prius, s’engage dans le long terme sur l’évolution du produit, en pensant le SAV dès la conception. - Exemples d’actions en termes de prix : L’entreprise AlterEco joue sur la structure de coût, et la pédagogie de prix. Peugeot, à travers son outil de leasing Mu, joue sur la flexibilité d’usage. Samsung a développé une fonction de coût global intéressante dans son programme « Ecobubble », permettant une meilleure durée de vie du produit avec un impact positif sur le client. La difficulté rencontrée par Ernst and Young dans la mise en place d’outils est qu’en interne, les ACV réalisées sont très poussées, et il est difficile de communiquer à ce sujet quand on ne connaît pas les attentes ni le niveau de compréhension des clients en termes d’ACV. Par ailleurs il est difficile de déterminer leur perception de la marge de manœuvre de chacun (entreprise, collectivités, individus) dans les différentes étapes du cycle de vie. En croisant ces attentes des clients avec l’ACV, le benchmark obtenu permet d’attester d’un important fossé entre la perception des consommateurs et la réalité. Il s’agit donc de combler ces lacunes par un travail de communication. Il s’agit principalement d’une pédagogie sur l’impact de tel ou tel poste ou les solutions mises en place par l’entreprise. L’enjeu étant de ne pas seulement expliquer ce que fait l’entreprise, mais de s’adapter aux perceptions du client. L’ACV constitue donc bien une photographie, à partir de laquelle on essaie de trouver des marges de progression. En dehors du discours d’entreprise, les organisations internationales invitent à la prise en compte du développement durable, le marketing est donc également concerné. Par l’exemple, le PNUE incite à travailler sur l’innovation, à éliminer certaines options les plus polluantes. Par ailleurs, le pilier 7 de la norme ISO 26000 demande aux entreprises de mieux concevoir leur offre et de faire de la pédagogie client. 5 AGRION Paris, 10 rue Mercoeur, 75011 Paris - France Tel : (+33) 1.48.00.00.25 - Fax : (+33) 1.48.01.66.05 - www.agrion.org Parmi les logiciels et jeux en ligne développés, quel est l’impact réel mesuré sur le consommateur ? Cette question dépasse le cadre du développement durable, car c’est un problème en marketing de connaître l’impact d’une publicité en général, du fait du mouvement des compétiteurs, notamment. Le jeu mis en place avec Saint Gobain toutefois, toujours en ligne depuis plusieurs mois, permet de mesurer l’évolution de la connaissance au cours du temps, et de constater les évolutions. Il est par ailleurs intéressant de constater que la gamme qui a été promue à travers ce jeu a connu un succès croissant dans les salons et rendez-vous commerciaux. En termes de vente en revanche, il est plus difficile de déterminer quel est le rôle de ce jeu dans le succès du produit. C’est donc un outil qui va vers l’intégration de nouvelles pratiques. Peut-on parler d’une nouvelle manière de marketer ? Le but est d’avoir des outils calibrés pour permettre de prendre une décision en termes de nouveaux développements et d’innovation, et d’avoir ainsi des informations plus précises sur les attentes des consommateurs que par des méthodes d’enquête classiques. Matei Gulea, Direction innovation du Groupe La Poste (DIDES) Début 2009, la direction du développement durable et la direction de l’innovation de La Poste ont été chargées par Georges Lefebvre, Directeur Général du groupe, de donner une nouvelle impulsion au marketing développement durable au sein du groupe. Cet exposé vise à présenter ces démarches et à montrer comment elles ont été enclenchées. Le groupe La Poste compte aujourd’hui près de 300 000 personnes, dans 27 pays. C’est depuis 2002 un groupe très décentralisé, divisé en « métiers » autonomes et filiales, qui ont leurs propres objectifs et modes de fonctionnement. Lorsque la démarche a été lancée en février 2009, certaines avancées avaient déjà été faites dans deux domaines : - Les produits matérialisés à destination du grand public et visibles dans les bureaux de Poste (par exemple, les timbres-poste, les prêt-à-poster, prêt-à-expédier, éco-conçus à partir d’une ACV, avec le développement d’un label interne « Pour ma planète »). - Un questionnaire RSE, sous forme de tableau Excel, destiné à évaluer les produits B2B mais non adopté par les métiers du Groupe Trois entités du Groupe se sont engagées dans la nouvelle démarche. Le métier Courrier d’une part, 6 AGRION Paris, 10 rue Mercoeur, 75011 Paris - France Tel : (+33) 1.48.00.00.25 - Fax : (+33) 1.48.01.66.05 - www.agrion.org représentant environ la moitié du chiffre d’affaires de la Poste, Mediapost, une filiale faisant principalement de la distribution de courrier non adressé, et GéoPost, une holding, comprenant notamment Chronopost. Le groupe a aussi travaillé, de façon différente, avec La Banque Postale. Ce groupe de travail avait une double volonté : - viser à terme, dans une démarche globale, une amélioration RSE de tous les produits et services des métiers concernés - développer des produits spécifiques se distinguant par leur performance environnementale, sociale et sociétale auprès des clients. Pour mettre en place le premier axe, un référentiel développement responsable a été réalisé. Cela a nécessité un travail de définition des questions autour des axes environnement, social, et communication responsable. A partir de là, un panel des parties prenantes regroupant notamment des associations de consommateurs, environnementales, l’ADEME, le MEDEF a été réuni pour enrichir et amender ce référentiel. En parallèle, il y a eu une formation à l’utilisation et valorisation de cet outil des différentes équipes marketing (chefs de produit) et commerciales. Les métiers se sont emparés de cet outil et ont évalué tous leurs produits à travers ce référentiel. Ce référentiel dresse une carte d’identité du produit, mettant en évidence les bénéfices en termes de développement durable, mais aussi les axes et les leviers d’amélioration. La banque a elle-même développé un questionnaire inspiré du référentiel en ligne et a effectué une évaluation de ses produits. Concernant le deuxième axe, le groupe a entamé une consultation des clients stratégiques des trois entités postales partie prenantes. Pour chaque client ont été rencontrées trois personnes clés (un responsable marketing, un responsable développement durable, et un représentant des achats). Chacune a été interrogée sur la place du développement durable dans la création des produits et services de demain. Le but de cette question était de comprendre comment le groupe La Poste, comme partie de la chaine de valeur de ses clients, pouvait apporter de la valeur ajoutée dans cette perspective. L’étude a permis de constater : - le souhait d’avoir des informations précises sur les émissions CO2 dues aux prestations de La Poste au compte de l’entreprise - un fort intérêt pour des prestations ayant recours au secteur protégé - un intérêt des entreprises du secteur cosmétique ou pharmaceutique, pour des emballages écoconçu et réutilisables par La Poste 7 AGRION Paris, 10 rue Mercoeur, 75011 Paris - France Tel : (+33) 1.48.00.00.25 - Fax : (+33) 1.48.01.66.05 - www.agrion.org - l’intérêt des entreprises pour mode de livraison « propre » du dernier kilomètre (véhicule électrique…), en particulier en ville. Cette étude a été mise entre les mains des métiers qui ont eux-mêmes approfondi chaque point avec leurs clients, selon des méthodes de marketing classiques. Le Groupe La Poste a lancé de nouvelles activités dans le domaine de l’environnement telles que le recyclage des téléphones mobiles ou du transport du papier à recycler. Geopost a repris le référentiel, et l’a traduit en anglais pour ses filiales à l’international et quatre business units ont développent de nouvelles offres à travers ce référentiel. L’action a pris de l’ampleur cette année et en 2012, toutes les business units vont passer à ce process. Du côté de l’Enseigne (le réseau des bureaux de Poste), la façon de communiquer sur les produits développement durable dans les bureaux de poste a été améliorée par la formation des forces de vente et de la communication autour de ces produits. Conclusion : La mise en place d’une démarche marketing dans le développement durable est un travail de longue haleine dans un grand groupe comme La Poste, avec de fortes avancées mais aussi des moments de progression lente. L’aide de « sponsors » parmi les dirigeants de l’entreprise, l’appui pris sur la forte volonté des salariés du groupe de s’impliquer dans le domaine du développement durable sont autant de facteur de succès dans une entreprise si complexe. Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées dans l’ensemble de cette démarche ? La première difficulté est liée à la diversité du groupe. Les filiales et métiers ont chacun leurs priorités, certaines gèrent leur développement sur des marchés en pleine expansion, d’autres sont sur des marchés en recul et poussées à se diversifier rapidement. La deuxième difficulté était liée au caractère non évident des liens entre le développement durable et les métiers du marketing et commercial. La bataille a été gagnée quand les chefs de produit ont compris qu’il s’agissait d’un facteur différenciant, d’un avantage concurrentiel. Au niveau de la formation, avez-vous également rencontré des difficultés ? En réalisant des études auprès des clients grand public et ses forces de vente, la direction des bureaux de Poste a identifié un déficit de notoriété et d’information autour des produits éco-conçus. Pour y remédier, des actions d’amélioration de la communication autour de ces produits et de formation des vendeurs ont été mises en places Question de Bérénice Harfouf-Ponthus, BIO Intelligence Service : Est-il possible d’expliquer plus précisément la PCV ? L'ACV étant très technique, le lien avec le 8 AGRION Paris, 10 rue Mercoeur, 75011 Paris - France Tel : (+33) 1.48.00.00.25 - Fax : (+33) 1.48.01.66.05 - www.agrion.org marketing ne doit pas être évident. Gaenael Bascoul : L’idée est que chacun fasse un pas vers l’autre. Il faut que le marketeur aille en direction de l’ACV et que les responsables développement durable traduisent les résultats de l’ACV, qui peuvent être multi-phases et multicritères, sans les simplifier toutefois à outrance. Il faut identifier un, deux, ou trois impacts majeurs, et simplifier le process pour avoir un extract de l’essentiel. En termes de marketing, il peut s’agir d’un jeu de jetons autour de trois impacts, à répartir suivant les phases de la vie du produit. Ce jeu permet de réaliser que les gens ont du mal à hiérarchiser un type d’impact par rapport à d’autres. Le jeu consiste à combiner les deux pour avoir un extract de l’ACV qui soit exploitable par le marketing et d’en dire le plus possible au consommateur sans jamais lui parler d’ACV. L’idée est de laisser les gens se tromper pour qu’ils s’approprient le sujet à partir de leurs erreurs. Ce procédé qui consiste à comparer l’idée originale des acteurs et leurs erreurs avec la réalité est assez anglo-saxon. L’approche marketing de « lâcher prise » complète doit être acceptée par le service développement durable. Il faut laisser venir les gens au lieu d’imposer une démarche pédagogique unilatérale. Matei Gulea : Nous avons eu ce problème très concrètement sur des aspects précis qui ont permis de comprendre que si les points très techniques (matière première, sous-traitants…) n’étaient pas écartés, cela devenait trop compliqué. Ainsi, ce sont les acheteurs qui ont travaillé sur ces question. Pour les questions de droit, c’est le département juridique qui a été mis a contribution. Ainsi, les marketeurs ont pu se décharger des questions techniques. Guenael Bascoul : Le problème est toujours de placer le curseur entre la précision et l’accessibilité : si une information est trop complexe, tous les efforts d’explication sont anéantis. Il faut faire un compromis entre perception et capacité des consommateurs à retenir les informations, et le message en lui-même. Question de Pauline Bian-Gazeau, Agrion à Geneviève Bedin, Geodis : Peut-on revenir sur l’expérience de Géodis ? Geneviève Bedin : C’est encore tôt pour commenter la démarche. Geodis a lancé une enquête auprès de ses clients et en attend les retours. Pour l’heure, un nouveau service de distribution urbaine a été mis en place, avec notamment des véhicules électriques, en réponse à un besoin client. Mais sur les autres services, Geodis est encore dans la phase d’analyse des besoins des clients. La démarche va être lancée dans les prochains mois. C’est donc trop tôt pour en parler très concrètement. Intervention de Ganaël Buscoul : Le développement durable a également besoin de relais en interne. Le relais marché est assez fort pour penser un projet de développement durable, il donc est intéressant 9 AGRION Paris, 10 rue Mercoeur, 75011 Paris - France Tel : (+33) 1.48.00.00.25 - Fax : (+33) 1.48.01.66.05 - www.agrion.org d’aller interroger les clients. C’est une bonne carte à jouer et un bon moyen pour le marketing pour entrer dans le jeu, même s’il ne maîtrise pas tous les aspects du développement durable. Conclusion Ganaël Bascoul : La question de la force de vente est très intéressante ; les commerciaux ont souvent besoin d’incentive pour avancer, mais c’est souvent très limité, et beaucoup axé sur du quantitatif. Il existe des motivations et des relais plus qualitatifs. Il faut former les employés sur ces produits-là. C’est un bon relais, à la fois de motivation, et d’image pour l’entreprise. L’aspect direction commerciale et département développement durable et formation des commerciaux est intéressant pour tout le monde et peut enrichir leur attachement pour l’entreprise. Matei Gulea : Pour atteindre une phase de maturité en matière de développement durable dans les grandes entreprises, il est nécessaire de mettre en place un programme fort, visible, et qui mobilise tous les salariés. Les grandes entreprises ne parviendront pas à installer une telle politique durablement qu’en basculant dans une adoption complète de la démarche développement durable. 10 AGRION Paris, 10 rue Mercoeur, 75011 Paris - France Tel : (+33) 1.48.00.00.25 - Fax : (+33) 1.48.01.66.05 - www.agrion.org