Amadou LY

Transcription

Amadou LY
MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE DE PARIS
Département « Ecologie et gestion de la biodiversité »
UMS 2699 « Inventaire et suivi de la biodiversité », CP 41, 57 rue Cuvier 75231 Paris
Année 2009
N° attribué par la bibliothèque
THESE
pour obtenir le grade de
Docteur du muséum national d’histoire naturelle
Discipline : Ecologie et gestion de la biodiversité
Présentée et soutenue publiquement
Le 27 mars 2009
Par
Amadou LY
FONCTIONNEMENT ECOLOGIQUE ET EVOLUTION DU CONTEXTE
SOCIO-ECONOMIQUE DE LA BAIE DE L’ETOILE
Une contribution à l'aménagement du littoral mauritanien et au développement d’un
réseau d’aires marines protégées en Afrique de l’Ouest
Directeur de thèse :
Professeur Jean Claude LEFEUVRE
Co- directeur :
Pierre LABROSSE
JURY
Mme Maria José COSTA, Professeur, Instituto de Oceanagrafia, Lisbonne
M. Pascal LAFAILLE, Maître de conférences, Université Rennes 1
M. Jean-Claude LEFEUVRE, Professeur émérite, MNHN (Paris)
M. Pierre LABROSSE, Conseiller scientifique IMROP (Nouadhibou)
M. Philippe KEITH, Professeur MNHN (Paris)
M. Christian RETIÈRE, Professeur MNHN (Paris)
M. Jacques TROUVILLIEZ, Directeur du Service du Patrimoine Naturel, MNHN
M. Jacques CLAVIER, Professeur, Université de Bretagne occidentale (UBO)
Rapporteur
Rapporteur
Directeur
Co-directeur
Examinateur
Examinateur
Examinateur
Examinateur
Dédicaces
A la mémoire de ma regrettée tante Kadiata Samba LY
A tous les habitants de Nouadhibou
PREFACE
Cette thèse est pour moi, la dernière d’une longue série qui s’est échelonnée sur près de 40
ans et a concerné des étudiants qui, pour les premiers, ont suivi le diplôme d’étude
approfondie d’écologie que j’ai créé à l’Université de Rennes avant de m’associer au
professeur Gaston Richard pour le transformer en DEA d’éco-éthologie. J’ai terminé la série
des DEA successifs dont j’ai eu la responsabilité, soit seul, soit avec des collègues comme
Vincent Labeyrie ou Jean-Paul Deléage, par la création au Muséum National d’Histoire
Naturelle du DEA « Environnement : milieux, techniques, sociétés » (EMTS), consacrant une
lutte de 30 ans pour donner un sens, un droit de cité à un enseignement associant sciences de
la nature et sciences de l’homme et de la société afin de permettre le développement de
recherches pluridisciplinaires sur le fonctionnement et l’évolution de systèmes naturels et
modifiés. Cette démarche est celle qui a servi de fil conducteur aux recherches développées
dans les laboratoires que j’ai créés et dirigés, tel le laboratoire de zoologie et d’écologie
(Z6) de l’Université de Rennes 1 dont l’équipe a travaillé avec celles d’autres laboratoires
sur le fonctionnement des landes armoricaines (Groupe d’études des landes armoricaines,
GELA) puis, parallèlement, en liaison étroite avec l’INRA sur le rôle du bocage
(conséquences de l’arasement des talus en zone bocagère de l’Ouest) ou encore sur un
territoire montagnard, le Briançonnais. Il en a été de même lors de ma nomination au
Muséum National d’Histoire Naturelle, à la chaire d’évolution des systèmes naturels et
modifiés, où avec l’INRA, le laboratoire a pris en charge le programme « Marais de l’Ouest »
puis s’est orienté avec les équipes du CNRS que j’ai dirigées (dont les dernières dépendant de
l’Université de Rennes 1, URA 1853 et UMR 6553) sur le fonctionnement de la Baie du MontSaint-Michel et de ses bassins versants (devenu zone-atelier du CNRS).
C’est dans le contexte d’un laboratoire ayant fondé sa compétence sur ces approches
pluridisciplinaires que se sont déroulées les dernières thèses que j’ai dirigées au MNHN,
émanant d’étudiants ayant suivi le DEA EMTS. Ces thèses ont été soutenues entre 2006 et
2009. La première présentée par Loïc Valéry conclut 25 ans de programmes de recherches
pluridisciplinaires portant sur les zones humides et les marais salés. Elle s’intègre dans un
chantier beaucoup plus vaste dont j’ai eu la responsabilité sur plus de 10 ans, portant sur le
fonctionnement des marais salés des côtes ouest de l’Europe. L’une des dernières
productions, Eurossam (2003), est un ouvrage de près de 600 pages regroupant les
contributions des équipes des Pays-Bas, d’Angleterre, du Portugal et de France qui ont
participé à cette aventure. La thèse de L. Valéry, intitulée « Approche systémique de l’impact
d’une espèce invasive ; le cas d’une espèce indigène dans un milieu en voie
d’eutrophisation », clôt la série de thèses consacrées à la Baie du Mont-Saint-Michel sous ma
direction, et analysant les conséquences fonctionnelles de l’évolution des marais salés de
cette baie. Cette thèse conforte un des messages que je tente de faire passer depuis 30 ans, à
savoir l’obligation pour comprendre le fonctionnement de complexes d’écosystèmes soumis à
une anthropisation variable, d’avoir la possibilité d’une fidélité à certains sites, permettant
ainsi de disposer de séries chronologiques de données et de travailler sur le long terme. Elle
apporte un regard nouveau sur le problème des espèces invasives en développant, entre autre,
une analyse des conséquences fonctionnelles de ces invasions.
Les 4 autres thèses correspondent à un défi, celui de montrer que des étudiants mauritaniens
peuvent réaliser d’excellents travaux en Mauritanie, dès lors qu’on leur donne les moyens de
les réaliser, et qu’ils peuvent contribuer de manière significative à l’apport de connaissances
nécessaires à la préservation et à la gestion des ressources naturelles de leur pays. Les 3
premières, celles de Malé Diagana : « Approche spatiale de la biodiversité (flore et
végétation) dans une aire protégée saharienne : le parc national du Banc d’Arguin ;
développement d’un outil de gestion », d’Aminata Correra : « Dynamique de l’utilisation des
ressources fourragères par les dromadaires des pasteurs nomades du PNBA », et celle
d’Abdelkader Jebali sur « Le déclin de la faune sahélo-saharienne et tentative de
réintroduction d’antilopes dans des habitats restaurés : cas de l’oryx algazelle et de la
gazelle dama », participaient du désir de créer une petite équipe compétente, capable de
fournir des connaissances scientifiques utiles à ceux qui ont en charge la gestion du territoire
d’un parc national couvrant 12 000 km2 dont près de la moitié en territoire terrestre exploité
par des pasteurs et ayant perdu au cours du 20e siècle des éléments symboliques de sa grande
faune (oryx, autruche à cou rouge,…).
La thèse d’Amadou Ly bénéficie quant à elle d’une double compétence : celle acquise lors des
travaux en Baie du Mont-Saint-Michel et celle de l’Institut Mauritanien de Recherches
Océanographiques et des Pêches (IMROP) basé à Nouadhibou. Elle est consacrée à la Baie
de l’Etoile, première baie africaine vers le nord à être caractérisée par une surface non
négligeable de marais salés à spartines. Cette baie, connue il y a une trentaine d’années pour
son centre de pêche sportive, située près de la ville de Nouadhibou, intéressante pour son
patrimoine naturel au point d’envisager d’en faire une aire marine protégée s’intégrant dans
le réseau des AMP ouest africaines, a été depuis quelques années soumise à de multiples
pressions qui peuvent compromettre son avenir. Parmi celles-ci, on peut citer l’occupation du
littoral par des constructions frangeant le bord de mer, l’urbanisation vers le nord de la ville
de Nouadhibou nécessitée par l’augmentation de population et favorisée par la réalisation de
la route Nouadhibou-Nouakchott, la distribution d’eau douce, ……une pression de pêche
accrue tant au large que dans la baie, etc…….. Concentré des problèmes que peuvent
connaître les littoraux mauritaniens, nous avons pensé qu’une recherche portant tant sur le
patrimoine naturel et le fonctionnement de ce complexe de systèmes écologiques que sur
l’analyse des pressions de toute sorte auxquelles cette baie est soumise, permettrait de fournir
les éléments nécessaires à une gestion intégrée de cette portion du littoral, en mettant en
place une politique de préservation des richesses naturelles utiles à un pays qui tire profit de
ses ressources marines. Vus sous cet angle, la méthodologie utilisée dans cette thèse et les
résultats obtenus, peuvent aider le gouvernement mauritanien « à faire prendre conscience
aux citoyens de la Mauritanie moderne non seulement de la richesse du littoral mais aussi de
sa fragilité », nécessitant d’envisager pour ces zones côtières « un aménagement planifié »
constituant « une première démarche vers la gestion durable des ressources côtières »,
comme l’exprime un ancien ministre des pêches et de l’économie maritime dans un ouvrage
intitulé « Le littoral mauritanien, un patrimoine national, une ouverture sur le monde ».
Amadou Ly a réussi ce pari dans cette thèse de développer à lui tout seul une approche
pluridisciplinaire intégrant les sciences de la nature et celles de l’homme et de la société.
Pour l’aider dans une opération aussi ambitieuses, au lieu de le faire circuler en Europe,
d’un laboratoire spécialisé à l’autre pour lui permettre de bénéficier de leur savoir faire en le
faisant travailler sur des systèmes côtiers européens, nous avons choisi d’inverser le
processus en faisant venir des collègues français en Baie de l’Etoile, pour développer avec
Amadou des méthodes d’investigations adaptées à son territoire d’étude et l’aider au
traitement des données. Qu’ils soient tous remerciés d’avoir accepté de jouer le jeu malgré
leurs obligations. Un grand merci aussi à Amadou de s’être plié à des exigences de résultats
qui n’étaient pas aussi évidents à obtenir dans une telle opération nécessitant de se frotter à
des disciplines différentes. En le félicitant oralement à l’unanimité lors de la soutenance de
cette thèse pour l’ensemble de son mémoire, le jury a considéré que la qualité du travail
présenté n’avait pas souffert de cette approche « multifactorielle » mais qu’au contraire, cette
démarche correspondait à ce que l’on est en droit d’attendre de recherches axées vers la
gestion intégrée des littoraux. Puisse le travail de qualité présenté ici être utile à la Baie de
l’Etoile, à la ville de Nouadhibou et être utilisé pour conforter la démarche nécessaire à la
création de nouvelles AMP (souhaitées par de nombreuses associations et fondations tels
l’UICN Mauritanie, la FIBA, la MAVA, le PRCM,….) ainsi que celle aidant à parfaire
l’aménagement des littoraux mauritaniens et une gestion raisonnée et raisonnable des
systèmes côtiers.
Jean-Claude Lefeuvre,
Professeur émérite au Muséum National
d’Histoire Naturelle
Photo J.C. Lefeuvre
L’une des magnifiques cheminées de fée qui symbolisent la Baie de
l’Etoile, un patrimoine géologique à préserver à tout prix
1
à Julie
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS…………………………………………………………………………...8
INTRODUCTION GENERALE.............................................................................................. 11
CHAPITRE I : LES HABITATS BENTHIQUES
INTRODUCTION.................................................................................................................. 24
I. MATERIELS et METHODES .......................................................................................... 27
I.1. La stratégie d’échantillonnage ........................................................................................... 27
I.1.1. Le site.............................................................................................................................. 27
II.1.1.1. Les caractéristiques géomorphologiques.................................................................... 27
II.1.1.2. Les caractéristiques bathymétriques et fonctionnement hydrologique.……………..28
I.1.2. Techniques d’échantillonnage ........................................................................................ 31
I.1.2.1. Transects et stations d’échantillonnage ....................................................................... 32
I.2. Le traitement des échantillons ........................................................................................... 34
I.2.1. Le tamisage ..................................................................................................................... 34
I.2.2. Le tri et déterminations ................................................................................................... 34
I.3. Le traitement des données.................................................................................................. 35
I.3.1. Paramètres de description ............................................................................................... 35
I.3.2. Cartographie.................................................................................................................... 35
II. RESULTATS ..................................................................................................................... 36
II.1. Les habitats intertidaux..................................................................................................... 36
II.1.1 L’habitat des sables à Cardium edule............................................................................. 36
II.1.1.1. Localisation ................................................................................................................ 36
II.1.1.2. Le substrat................................................................................................................... 36
II.1.1.3. Le peuplement et les populations dominantes ............................................................ 38
II.1.1.3.1. Les mollusques ........................................................................................................ 38
II.1.1.3.2. Les annélides polychètes ......................................................................................... 41
II.1.2. L’habitat "herbier à Zostera noltii "............................................................................... 41
II.1.2.1 Localisation de l’herbier .............................................................................................. 41
II.1.2.2. Les prairies à Zostera noltii ........................................................................................ 43
1
II.1.2.2.1. La prairie des falaises et de la rive sud de la baie.................................................... 43
II.1.2.2.2. La prairie du banc de sable (PBS) ........................................................................... 44
II.1.2.2.3. La prairie de la « rivière » (PR)............................................................................... 44
II.1.2.3. Le substrat................................................................................................................... 44
II.1.2.4. Le peuplement et les populations dominantes ............................................................ 45
II.1.2.4.1. Les annélides polychètes ......................................................................................... 46
II.1.2.4.2. Les mollusques ........................................................................................................ 47
II.1.2.4.3. Les crustacés............................................................................................................ 48
II.1.3. L’habitat à Spartina maritima ....................................................................................... 49
II.1.3.1. Localisation ................................................................................................................ 49
II.1.3.2. Les prairies à Spartina maritima ................................................................................ 49
II.1.3.2.1 La prairie de la baie .................................................................................................. 49
II.1.3.2.2. La prairie de la rivière……………………………………………………………..51
II.1.3.3. Le peuplement et les populations dominantes ............................................................ 52
II.1.3.3.1. Les mollusques ........................................................................................................ 53
II.1.3.3.2. Les annélides polychètes ......................................................................................... 54
II.1.3.3.3. Les crustacés............................................................................................................ 55
II.1.4. L’habitat "herbier à Cymodocea nodosa"...................................................................... 55
II.1.4.1. Localisation ................................................................................................................ 55
II.1.4.2. Les prairies ................................................................................................................. 55
II.1.4.2.2. Les taches de Cymodocés de la « rivière »………………………………………...57
II.1.4.3. Le substrat…………………………………………………………………………...57
II.1.4.4. Le peuplement et les populations. .............................................................................. 57
I.1.4.4.1. Les annélides polychètes…………………………………………………………. .58
II.1.5. L’habitat des sables propres dunaires à Uca tangeri ..................................................... 59
II.1.5.1. Localisation ................................................................................................................ 59
II.1.5.2. Substrat ....................................................................................................................... 59
II.1.5.3. Le peuplement et les populations ............................................................................... 59
II.1.6. L’habitat des sédiments sablo-vaseux à Uca tangeri………………………………….61
II.1.6.1. Localisation ................................................................................................................ 61
II.1.6.2. Peuplement et populations.......................................................................................... 61
II.1.7. L’habitat des sables grossiers caillouteux à algues calcaires et éponges ...................... 63
II.1.7.1. Localisation ................................................................................................................ 63
2
II.1.7.2. Le substrat................................................................................................................... 63
II.1.8. La sebkha à tapis algaire................................................................................................ 65
II.1.8.1. Localisation ................................................................................................................ 65
II.1.8.2. Substrat ....................................................................................................................... 65
II.2. Les habitats subtidaux….…………………………………………………………….. 66
II.2.1. L’habitat des sédiments fins sablo-vaseux immergés.................................................... 67
II.2.1.1. Localisation ................................................................................................................ 67
II.2.1.2. Substrat ....................................................................................................................... 67
II.2.1.3. Le peuplement et les populations…………………………………………………... 69
II.2.1.3.1. Les annélides polychètes…………………………………………………………..69
II.2.1.3.2. Les mollusques…………………………………………………………………….70
II.2.2. L’habitat des sables fins propres oligo-spécifiques du chenal ...................................... 70
II.2.2.1. Localisation………………………………………………………………………….70
II.2.2.2. Le substrat................................................................................................................... 72
II.2.2.3. Peuplements et populations ........................................................................................ 72
III. CONCLUSION...……………………………………………………………………….. 73
CHAPITRE II : LE PEUPLEMENT DE POISSONS
INTRODUCTION.................................................................................................................. 75
I. MATERIELS et METHODES .......................................................................................... 77
I.1. Contexte océanographique................................................................................................. 77
I.1.1. Les courants et masses d’eau océaniques ....................................................................... 77
I.1.2. Les saisons hydro-climatiques ........................................................................................ 78
I.2. Stratégie d’échantillonnage................................................................................................ 78
I.2.1. Techniques d’échantillonnage ........................................................................................ 78
I.2.1.1. Choix des engins de pêche……………………………………………………………79
I.2.1.1.1. La senne tournante coulissante……………………………………………………..79
I.2.1.1.2. La senne de plage…………………………………………………………………...80
I.2.1.1.3. Le filet maillant……………………………………………………………………..80
I.2.1.1.4. Le filet trémail……………………………………………………………………...80
I.2.1.1.5. Le filet verveux……………………………………………………………………..81
I.2.2. Le protocole d’échantillonnage....................................................................................... 82
3
I.2.2.1. Les stations…………………………………………………………………………...82
I.2.2.2. Les campagnes de pêche expérimentale……………………………………………...84
I.2.2.2.1. Les séances de pêches………………………………………………………………84
I.2.2.3. Travaux de laboratoire………………………………………………………………..85
I.2.3. Traitements des données ................................................................................................. 85
I.2.3.1. Analyses statistiques………………………………………………………………….85
II. RESULTATS...…………………………………………………………………………...87
II.1. Généralités....................................................................................................................... 87
II.2. Variations spatio-temporelles du peuplement de poissons ......................................... 90
II.2.1. Variation spatiale ........................................................................................................... 90
II.2.1.1. Le groupe des espèces communes aux quatre stations ............................................... 90
II.2.1.2. Le groupe des espèces communes à trois stations…………………………………...92
II.2.1.3. Le groupe des espèces communes à deux stations…………………………………..93
II.2.1.4. Le groupe des espèces pêchées dans une seule station….…………………………...94
II.2.2. La variation temporelle.................................................................................................. 95
II.2.2.1. Le groupe des espèces capturées lors de dix campagnes au moins………………….95
II.2.2.2. Le groupe des espèces capturées entre neuf et six campagnes………………………96
II.2.2.3. Le groupe des espèces capturées entre cinq et deux campagnes…………………….97
II.2.2.4. Le groupe des espèces capturées lors d’une campagne.……………………………..98
II.2.3. Variation mensuelle de la richesse spécifique ............................................................... 98
II.2.4. Synthèse....................................................................................................................... 103
II.2.4.1. Variation inter-stationnelle ....................................................................................... 103
II.2.4.2. Variation saisonnière……………………………………………………………….105
II.3. Les communautés de poissons..................................................................................... 107
II.3.1. Les espèces résidentes ................................................................................................. 107
II.3.1.1. Les espèces résidentes ubiquistes ............................................................................. 107
II.3.1.2. Les espèces résidentes qui se raréfient et/ou « migratrices » ................................... 111
II.3.1.2.1. Les espèces résidentes qui se raréfient .................................................................. 111
II.3.1.2.2. Les espèces résidentes migratrices ........................................................................ 114
II.3.2. Les espèces en transit .................................................................................................. 117
II.3.2.1. Les espèces en transit à plusieurs occurrences ......................................................... 118
II.3.2.1.1. Les espèces en transit à cinq occurrences………………………………………...118
II.3.2.1.2. Les espèces en transit à quatre occurrences……………………………………...118
4
II.3.2.1.3. Les espèces en transit à trois occurrences..............................................................120
II.3.2.1.4. Les espèces en transit à deux occurrences…….………………………………….123
II.3.2.2. Les espèces en transit à une occurrence ................................................................... 125
II.3.3. Synthèse………………………………………………………………………………130
II.4. CONCLUSION.…………………………………………………………………….....132
CHAPITRE III : L’AVIFAUNE
INTRODUCTION................................................................................................................ 134
I. MATERIELS et METHODES….………………………………………………………135
II. RESULTATS ................................................................................................................... 138
II.1. Résultats des dénombrements......................................................................................... 139
II.2. Utilisation de l’espace, des milieux et des habitats par les oiseaux ............................... 142
II.2.1. Eaux marines…………………………………………………………………………144
II.2.2. Rivages sableux à marée montante et haute………………………………………….144
II.2.3. Laisses de mer………………………………………………………………….…….146
II.2.4. Platiers rocheux………………………………………………………………………146
II.2.5. Prairies à Zostera noltii, cuvettes peu profondes et formations sableuses nues….…..148
II.2.6. Les prairies à Spartina maritima de la « rivière »…………………………………....150
II.2.7. Les sebkhas…………………………………………………………………………...150
II.2.8. Micros-dunes créées par Sueda maritima....................................................................150
II.2.9. Falaises………………………………………………………………………….……150
II.2.10. Constructions humaines, arbres et jardins d’accompagnement.…………………….150
II.2.11. Les oasis………………………………………………………………………….…152
CHAPITRE IV: L'EVOLUTION DU CONTEXTE
SOCIO-ECONOMIQUE
INTRODUCTION................................................................................................................ 154
I. De la pêche sportive à la pêche professionnelle………………………………………..155
I.1. La pêche sportive ............................................................................................................. 155
I.1.1. La clientèle................................................................................................................... 156
I.1.2. Les lieux et techniques de pêche………………………………………………………157
5
I.1.3. Les captures…………………………………………………………………………...159
I.1.3.1. La courbine…l’espèce emblématique………………………………………………159
I.1.3.2. Les autres espèces………………………………………………………….….……163
I.1.4. Evolution annuelle de la pêche sportive………………………………………..……..165
I.1.4.1. Les années de découvertes : 1972 à 1976……………………………………..…….165
I.1.3.2. Les années de fonctionnement du CPS : 1977 à 1997……………………………....166
I.1.5. Les facteurs de réconfort ……………………………...................................................181
I.1.6. Les facteurs de déception……………………………...................................................182
I.2. La pêche professionnelle.................................................................................................. 183
I.2.1. Les acteurs .................................................................................................................... 183
I.2.2. Les équipements............................................................................................................ 184
I.2.3. Les lieux de pêche et d’écoulement du produit. ........................................................... 184
I.2.4. Evolution de la pêche professionnelle .......................................................................... 185
II. Du tourisme de proximité à l’urbanisation ................................................................... 187
II.1. Le tourisme de proximité................................................................................................ 187
II.1.1. Origines du phénomène ............................................................................................... 187
II.1.2. Les cabanons................................................................................................................ 188
II.1.3. Le paysage et sa transformation .................................................................................. 190
II.2. L’urbanisation................................................................................................................. 193
II.2.1. Naissance de la ville .................................................................................................... 193
II.2.2. Développement de la ville ........................................................................................... 193
II.2.2.1. L’explosion démographique………………………………………………………..193
II.2.2.2. Extension de la ville………………………………………………………………..194
II.2.2.3. Les contraintes spatiales……………………………………………………………194
II.2.2.3.1. La contrainte topographique……………………………………………………...194
II.2.2.3.2. Le partage de souveraineté……………………………………………………….196
II.2.2.4. Les options d’aménagements urbains………………………………………………196
II.2.2.5. La spéculation foncière....………………………………………………………….197
II.2.2.6. Les nouveaux chantiers d’urbanisme………………………………………………199
III. Autres activités ............................................................................................................... 201
III.1. L’élevage....................................................................................................................... 201
III.2. Le prélèvement de sable ................................................................................................ 203
III.3. L’exploitation du sel...................................................................................................... 203
6
III.4. Mytiliculture et
conchyliculture…………………………………………………….....2023
IV. Réglementations et conflits............................................................................................ 203
V. SYNTHESE...................................................................................................................... 206
CHAPITRE V : DISCUSSION & CONCLUSION GENERALE
DISCUSSION GENERALE ................................................................................................ 210
I. Valeur patrimoniale de la Baie de l’Etoile.......................................................................... 215
II. Valeur économique de la Baie de l’Etoile ......................................................................... 216
III. Valeurs culturelle et esthétique ........................................................................................ 218
IV. Vulnérabilité de la Baie de l’Etoile.................................................................................. 218
V. L’aménagement intégré de la Baie de l’Etoile .................................................................. 219
VI. Le statut de la Baie de l’Etoile ......................................................................................... 220
CONCLUSION GENERALE ............................................................................................. 223
RECOMMANDATIONS..................................................................................................... 226
PERPECTIVES.................................................................................................................... 227
BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………………..229
LISTE DES FIGURES………………………………………………………………………251
LISTE DES TABLEAUX…………………………………………………………………...253
LISTE DES CARTES……………………………………………………………………….255
LISTE DES PHOTOS…………………………………………………………………….…256
LEXIQUE & ABRÉVIATIONS…………………………………………………………….259
ANNEXES…………………………………………………………………………………..261
7
REMERCIEMENTS
Je souhaite exprimer ma gratitude au Professeur Jean-Claude LEFEUVRE qui m’a manifesté
sa confiance en me proposant ce sujet de recherche sur la Baie de l’Etoile. Je lui suis
reconnaissant pour sa contribution inestimable à ma formation.
Mes remerciements vont aussi à Pierre LABROSSE, qui a codirigé cette thèse. Il s’est
pleinement investi dans ce travail aussi bien au niveau de l’encadrement scientifique que pour
l’appui logistique lors de la phase de collecte de données. J’en profite pour remercier Philippe
TOUS, son prédécesseur au poste de Conseiller scientifique de l’IMROP, qui avait assuré le
suivi de mes travaux à leurs débuts.
Cette thèse n’aurait pas commencé sans la confiance et le soutien financier de la Fondation
Internationale du Banc d’Arguin (FIBA). Que toutes les personnes membres de cette ONG et
de son Conseil scientifique soient assurées de ma reconnaissance. Qu’il me soit permis de
mentionner spécialement les noms de quelques personnes : le Dr Luc HOFFMANN, président
d’honneur de la FIBA ; c’est une fierté pour moi de savoir qu’il s’est intéressé à ce projet. Il
m’est également agréable d’associer à ces remerciements M. André HOFFMANN, Président
de la FIBA, dont l’engagement pour la cause de la biodiversité est connu de tous ; Mathieu
DUCROCQ qui s’était personnellement investi pour soumettre mon dossier de demande de
bourse au Conseil scientifique. Mme Sylvie GOYET, directrice de la FIBA et ses
collaborateurs, Mme Liliane COLLIN, M. Alassane SAMBA, Péguy MONIER, Charlotte
GOBIN, Corinne ROUX.
J’ai pu apprécier sur le terrain le dynamisme de M. Pascal LAFFAILLE et sa très grande
compétence dans le domaine halieutique. Je le remercie aussi pour la marque d’hospitalité
dont lui et son épouse Aurore BAISEZ ont fait montre à mon égard, en m’accueillant chez
eux. Qu’ils trouvent l’expression de ma profonde gratitude.
Ma gratitude s’adresse également au Professeur Christian RETIERE avec qui j’ai passé
plusieurs semaines sur le terrain lors de la phase d’échantillonnage des habitats benthiques. Je
lui suis reconnaissant de m’avoir accueilli dans le laboratoire maritime de Dinard et de
m’avoir gracieusement hébergé chez lui à de nombreuses reprises. M. Eric FEUTEUN et
8
l’ensemble du personnel du Centre de Recherche et d’Enseignement sur les Systèmes Côtiers
(CRESCO) de Dinard m’ont aidé et je les en remercie vivement. Sur place, j’ai aussi eu le
soutien inestimable de M. Jérôme FOURNIER qui m’a aidé à produire le document de base
qui devait servir à la réalisation des cartes figurant dans ce mémoire. Qu’il sache que je me
souviendrai toujours de l’abnégation avec laquelle il s’est investi pour moi. Je suis également
reconnaissant à Guillaume GRECH qui m’a également apporté des conseils très utiles en
matière de cartographie.
Je remercie également M. Guy JARRY et M. Jean-Philippe SIBLET de m’avoir épaulé sur le
terrain dans le cadre du volet consacré à l’étude de l’avifaune. Je leur dois aussi les conseils et
les soutiens précieux qu’ils m’ont accordé pour me permettre de mener à terme ma tâche.
Je remercie particulièrement mes rapporteurs et notamment M. Maria José COSTA qui a
accepté de surcroît de se déplacer depuis Lisbonne pour juger mon travail, ainsi que tous les
membres du jury. Je suis très honoré de leur présence à tous.
Je dois aussi la réalisation de ce travail à l’Institut Mauritanien de Recherches
Océanographiques et des Pêches (IMROP) qui m’a accueilli durant toute la durée de la phase
de collecte et mis à ma disposition la logistique nécessaire. Que son directeur, M. Mamoudou
Aliou DIA et M. Khallahi BRAHIM, chef département Ressources vivantes et Environnement
et l’ensemble du personnel scientifique et administratif trouvent ici ma profonde gratitude. Je
remercie MM. Baïla WANE, Samba CAMARA, Mamadou LY, Abou BALL, Jémal OULD
ABID, Saikou Oumar KIDÉ, Ahmed DIAGNE, Samba KEITA, Dada KROUMAH, Nema
OULD CHEIKH, MENDA, Aliou NIANG, Adama DIAW, Hamady SOW, Mansour DIA, qui
ont pris une part active aux différents volets du travail de terrain. Je n’oublie pas les
responsables du centre de pêche sportive de la Baie de l’Etoile et leurs employés. Je remercie
très sincèrement Alassane SARR et son épouse ainsi que ses frères Demba SARR et Hamady
SARR d’avoir réservé à notre équipe un accueil chaleureux.
Je voudrais aussi remercier toutes les personnes qui, en amont, m’ont soutenu lorsque j’ai
entrepris le projet de venir poursuivre mes études en France. Je veux nommer mes oncles
Elhadj LY, Mamadou Ibra KELLY, ma cousine Aissata SY, ma tante Fatimata LY et son
époux Vincent GRAILHON.
9
Je remercie très affectueusement mes chers parents et toute ma famille pour les énormes
sacrifices consentis pour me permettre de poursuivre mes études et d’avoir partagé les
aventures de cette entreprise exaltante. Je remercie mon oncle Amadou LY et ma tante Ndeye
KANE, qui n’ont ménagé aucun effort pour la réussite de mes études.
Je remercie M. Robert BARBAULT, le directeur du Département Ecologie et Gestion de la
Biodiversité et M. Jacques TROUVILLIEZ ainsi que l’ensemble du personnel du département
pour leur soutien et pour voir accepté de m’accueillir dans leurs locaux, Mme Jeanne
LEDUCHAT et M. Jean-Marie BETSCH, responsables du Master Environnement Milieux
Techniques et Sociétés qui ont toujours répondu favorablement à mes nombreuses
sollicitations. J’y associe tous les corps enseignant du Muséum qui ont participé à ma
formation.
Je remercie Jean-Marc ALLART et le service de cartographie du Muséum d’avoir bien voulu
me permettre d’utiliser le support matériel nécessaire à la réalisation des cartes, Mme Tabara
BA de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université de Nouakchott qui a réalisé
l’analyse granulométrique des échantillons de sédiment, Melle Aminata CORRERA et Cheikh
Tidjane WADE pour leur soutien moral et leurs encouragements.
Je remercie enfin tous ceux qui de près ou de loin m’ont apporté leur concours et je que ne
peux nommer individuellement.
10
INTRODUCTION GENERALE
Fortement liée à une culture nomade et d’agriculture sédentaire, la population
mauritanienne a gardé un attachement profond à son espace terrestre, vaste territoire de 1 030
000 km² s’étendant des rives du Sénégal aux dunes, regs et oueds du Sahara profond. La
création de Nouadhibou, au Nord-ouest du pays sur la bordure Est de la presqu’île du Cap
Blanc, au début du 20ème siècle a marqué le début d’une époque d’ouverture vers la mer et la
naissance d’une politique d’échanges empruntant les voies maritimes. Depuis la création de
Nouakchott en 1958, devenue capitale de la République Islamique de Mauritanie à
l’indépendance en 1960, cet attrait pour le littoral n’a fait que se confirmer, au point que ces
deux grandes villes côtières accueillent aujourd’hui près de la moitié de la population estimée
à 3 000 000 d’habitants. Cette migration a, par ailleurs, été fortement encouragée par les
conséquences des épisodes de sécheresse qui ont sévi en Mauritanie et dans les autres pays du
Sahel entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1980. Cette crise écologique, qui a
mis à rude épreuve et souvent détruit les systèmes de productions et les modes de vie
traditionnels, a, en effet, engendré un exode rural massif (Pitte, 1975 ; Toupet, 1975). Ce
phénomène, par son ampleur, a déjoué toutes les prévisions des premiers plans d’urbanisme et
s’est traduit par la formation d’importants bidonvilles à la périphérie des centres urbains.
Soumis à de fortes pressions liées aux besoins d’espaces pour le logement, à la
recherche de matériaux de construction et à l’édification d’infrastructures portuaires, le littoral
a montré des signes de fragilité qui se sont manifestés à Nouakchott par la modification du
trait de côte et des inondations de certains quartiers bâtis sous le niveau de la mer. A
Nouadhibou où le contexte est quelque peu différent, la situation est caractérisée par des
menaces sur les écosystèmes littoraux dont la Baie de l’Etoile (Carte1).
Cet écosystème que certains (Labrosse, 2008) considèrent comme « le témoin à
l’échelle réduite de la complexité du Golfe d’Arguin » abrite des marais salés à Spartina
maritima et des herbiers à Zostera noltii et à Cymodocea nodosa. Sur cette côte Est de
l’Atlantique Nord et à cette latitude, ces formations végétales constituent l’une des plus
importantes de ce type après celles du Portugal. Selon Maigret (1980) la Baie de l’Etoile était,
très probablement il y a environ 6000 ans, la limite septentrionale de la distribution des
La Baie de l’Etoile (21°40'N, 16°40'W) doit son nom à l’Aviso l’Etoile, navire français qui l’a découverte en 1860 lors
d’une mission de reconnaissance.
11
mangroves ouest-africaines. En tout cas, avec la présence sur le site d’une population
relictuelle de périophthalmes (Periophthalmus barbus) et d’importantes colonies de crabes,
Uca tangeri, la Baie de l’Etoile détient là deux des principaux traits communs aux mangroves
sénégalaises, Bissao-guinéennes et du Banc d’Arguin ; ces dernières se trouvant à quelques
dizaines de kilomètres au Sud. La rencontre des mangroves et des marais salés à Spartina
maritima, preuve de la convergence de deux empires floraux, le Paléoarctis et le Paléotropis,
témoigne du caractère biogéographique particulier du Banc d’Arguin et de la Baie du Lévrier
qui inclut la Baie de l’Etoile (Naegéle, 1960 ; Naurois et Roux, 1966 ; Diagana, 2005). Ce
carrefour biogéographique est aussi attesté par la composition spécifique de l’ichtyofaune qui
se caractérise par un mélange d’espèces méditerranéennes d’eaux froides et d’espèces
tropicales d’eaux chaudes (Maigret, 1974 ; Gaudechaux et Richer de Forges, 1983). Plusieurs
de ces espèces s’y reproduisent et leurs juvéniles y trouvent de la nourriture et de l’abri pour
leur croissance (Soueilim, 2002). La Baie de l’Etoile et les autres petites baies ainsi que les
hauts fonds du Banc d’Arguin constituent ces principales nurseries (Jager, 1993 ; Francour,
1987 ; Ould Sidi, 2003).
L’ancienne Port-Etienne et escale de l’Aéropostale, devenue capitale de la wilaya
(Région) de Dakhlet-Nouadhibou, est composée de deux pôles urbains distants de 12 km :
-
Nouadhibou-ville, qui se construit entre la moitié Nord de la Baie de Cansado et la
Baie de l’Etoile. C’est le principal centre administratif régional et aussi le lieu de
concentration des infrastructures d’exploitation des ressources halieutiques. La ville
dispose d’un Port Autonome par lequel transitent les produits de la pêche industrielle
et de commerce ainsi qu’un port de pêche artisanale construit autour de l’abri formé
par la Baie de Repos. Tout autour de ces deux ports se sont développées des usines de
traitement et d’exportation des produits de la pêche. Plusieurs dizaines d’épaves de
navires de pêche industrielle pullulent dans la Baie de Cansado dénommée le
"cimetière des bateaux " ;
-
et, Cansado, petite citée située au Sud de la Baie du même nom, où est logé le
personnel de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM) qui exploite des
gisements de minerai de fer dans le Nord de la Mauritanie. La SNIM a établi ses
installations industrielles à Point central situé à 3 km au Sud de Cansado.
12
Baie de l’Etoile
Carte 1 : Localisation de la zone d’étude (Baie de l’Etoile)
13
Ce site industriel comprend, notamment, un port minéralier, par lequel sont exportées
chaque année vers l’étranger près de 12 000 000 de tonnes de minerai de fer qui arrivent
ici par l’un des trains le plus long du monde, des ateliers d’entretien dudit train ainsi
qu’une centrale électrique. Entre la cité de Cansado et Point central se trouve un port
pétrolier et une usine de raffinage de pétrole. Contrairement à Nouadhibou-ville, la citée
de Cansado dispose d’un réseau d’assainissement, mais pas d’une usine de traitement
des eaux usées qui sont rejetées directement dans la Baie du Lévrier.
Le "démantèlement" des bidonvilles qui s’étaient formées autour de Nouadhibou-ville
par la création de nouveaux quartiers s’est traduit par une extension linéaire de cette
agglomération sur un axe nord-sud en direction de la Baie de l’Etoile faisant craindre la
destruction du patrimoine naturel par l’usage abusif du foncier pour l’urbanisation et le
tourisme - dont les conséquences se manifestent déjà par la multiplication anarchique des
résidences secondaires sur son pourtour - ainsi que par la pollution marine pouvant provenir
de nombreux foyers industriels y existant. La situation à risques liée aux perspectives
d’urbanisation du site a été renforcée par la construction de la route reliant Nouadhibou à
Nouakchott qui, outre l’impact rapide qu’elle est en train d’avoir sur la croissance urbaine,
contribue déjà considérablement à y intensifier les pressions foncières. En effet, le secteur
ouest par lequel passe cette infrastructure a été investi par des promoteurs touristiques qui
cherchent ainsi à tirer profit des opportunités d’arrivées de touristes étrangers suite au
désenclavement terrestre de Nouadhibou, désormais accessible depuis l’Europe via le Maroc.
Il s’agirait alors d’une renaissance car la Baie de l’Etoile, avant de devenir un lieu de pêche
professionnelle, était d’abord une des destinations des pêcheurs sportifs Européens.
La phase accélérée de l’urbanisation du littoral mauritanien est aussi celle au cours de
laquelle le pays s’engage dans une politique de développement de l’économie de pêche. Au fil
des ans et parfois spontanément les nouveaux citadins découvrant des eaux côtières réputées
parmi les plus poissonneuses au monde se portèrent également sur l’activité de pêche qui était
alors très largement dominée par une flotte industrielle étrangère, européenne et asiatique (Le
Cœur, 1994). Le secteur de la pêche devient très vite le pilier majeur de l’économie. Il
contribue à hauteur de 6% au Produit Intérieur Brut (PIB), à 25% aux recettes budgétaires de
l’Etat et à 40% aux entrées de devises (Groupe travail, 2006). Dans le cadre du dernier accord
de pêche signé avec l’Union européenne (UE) et qui est entré en vigueur en juillet 2008, l’Etat
14
mauritanien devrait percevoir un chèque de 305 millions d'euros en contrepartie d’un quota de
prise de 205 000 tonnes de poissons par an accordé aux navires de pêche de l’UE (Tuquoi,
2008). La pêche artisanale à elle seule emploie quelques 36 000 personnes.
Mais ces chiffres qui montrent l’importance du secteur de la pêche cachent mal la crise
qu’il traverse comme le reconnaissait en 2004 Dr Bâ Mamadou M’Baré, ministre mauritanien
de l’Economie maritime et des Pêches en déclarant : « (…) la menace sur les principales
pêcheries ouest-africaines se fait de plus en plus pressante, ce qui fait que la rareté des
ressources halieutiques constitue désormais une réelle préoccupation des gestionnaires de la
pêche et des décideurs politiques ». En effet, à l’instar des mers et océans des autres parties du
globe, les eaux côtières mauritaniennes, sont confrontées à un effondrement des stocks. Les
exportations des produits de la pêche sont passées de 286 000 tonnes en 1996 à 100 000
tonnes en 2003 (Sall, 2008). Cette chute est attribuée à l’activité d’une flotte industrielle et
artisanale assez impressionnante accusée de surexploiter les ressources grâce à des techniques
de pêches de plus en plus sophistiquées pour répondre à une augmentation croissante des
demandes de la population mondiale en protéines animales : on signale la présence dans les
eaux mauritaniennes de 185 navires européens, 234 navires japonais, 143 navires
mauritaniens et 4770 pirogues dont 270 sénégalaises.
Malgré cette crise, les autorités mauritaniennes semblent considérer que le rôle du
secteur de la pêche en tant que moteur de l’économie nationale est appelé à croître et à se
consolider étant donné, par ailleurs, les difficultés auxquelles sont confrontés les deux autres
secteurs économiques les plus importants du pays, à savoir le secteur rural dont le potentiel de
croissance est limité par des contraintes climatiques et l’avancée du désert et les secteurs
industriels et miniers, confrontés aux aléas d’un marché international (Ahmed Mahmoud
Cherif, 2004). Cependant, pour jouer pleinement ce rôle, encore faut-il que les eaux
mauritaniennes qui furent réputées pour leurs richesses halieutiques puissent retrouver ce
qu’elles ont perdu, en luttant contre la surexploitation de leurs ressources par des flottes
étrangères et en se fixant comme objectif majeur de réaliser une exploitation durable des
populations de poissons, de mollusques et de crustacés, y compris pour la pêche artisanale, et
en préservant les zones de nurseries et les frayères qui assurent leur renouvellement.
15
Les initiatives prises dans ce sens se situent à deux échelles différentes. A l’échelle
nationale, l’Etat mauritanien s’est doté d’un arsenal de textes juridiques dans lequel la
« Nouvelle Politique des Pêches » adoptée en 1980 dont l’un des objectifs était de mettre fin à
un système précédent qui était « basé sur la vente de licences libres » pour le remplacer par
« un nouveau système visant à intégrer l’activité de pêche dans l’économie nationale » et la
loi 2000-025 du 24 janvier portant Code des Pêches sont considérées comme des choix
particulièrement décisifs (Lô, 2002). C’est aussi dans cet esprit qu’est intervenue la décision
prise en 1995 de décréter une période de repos biologique d’une durée de deux mois entre le
1er septembre et le 31 octobre de chaque année pour protéger la période de reproduction du
poulpe et permettre ainsi la reconstitution des stocks de ce céphalopode. Cette mesure a été
renforcée en 2008 par l’instauration d’une période de repos biologique supplémentaire,
également étalée sur deux mois, qui intervient du 1er avril au 31 mai de chaque année.
Aujourd’hui, avec un peu plus de recul, il est permis de considérer que la décision prise de
créer le Parc National du Banc d’Arguin (PNBA)- écosystème, souvent présenté comme
étant un site important pour la reconstitution des ressources halieutiques à l’échelle sousrégionale - fut le premier acte engagé par l’Etat mauritanien dans cette direction. De même,
celle-ci constitue une formidable anticipation des pouvoirs publics mauritaniens vis-à-vis des
enjeux actuels de la préservation du littoral. En effet, en acceptant de transformer en espace
protégé une surface comparable à celle du delta du Nil (12 000 km2, dont 6300 km2 maritimes
et 5700 km2 terrestres), représentant 25 % du linéaire côtier du pays et 60% des petits fonds
marins inférieurs à 20 m (Ministère des Pêches et de l’Economie Maritime, 2004), le
gouvernement mauritanien a su ainsi prévenir et mettre à l’abri au moins temporairement, ce
patrimoine mondial contre les mutations actuelles liées à la construction de la route
Nouadhibou-Nouakchott et contre les risques inhérents à l’exploitation et aux prospections
pétrolières off-shore qui se multiplient ces dernières années.
A l’échelle sous-régionale, la Mauritanie a décidé de joindre ces efforts à ceux des
autres pays côtiers de la sous-région (Sénégal, Gambie, Guinée Bissau, Guinée Conakry et
Cap Vert) couverts par le Programme Régional de Conservation de la Zone Côtière et Marine
de l’Afrique de l’Ouest (PRCM) initié par l’Union Internationale pour la Conservation de la
Nature et qui fédère désormais les principales ONG internationales de conservation de la
Cette décision a été saluée unanimement à l’époque par les grands organismes internationaux et appréciée à sa juste valeur
par des responsables politiques de nombreux pays (Lefeuvre, op. cit)
16
nature actives dans la sous-région (FIBA, WWF, et Wetlands International). Dans le cadre du
PRCM, ces Etats, par ailleurs, réunis au sein de la Commission Sous-régionale des Pêches
(CSRP), et leurs partenaires précités ont défini et adopté une « Stratégie Régionale pour
Carte 2 : Localisation du réseau ouest-africain d’aires marines protégées
les aires marines protégées en Afrique de l’ouest ». Selon la définition proposée par le
Congrès mondial de la conservation tenu à Montréal en 1996, une aire marine protégée
17
(AMP) est : « Tout espace intertidal ou infratidal ainsi que ses eaux sus-jacentes, sa flore, sa
faune et ses ressources historiques et culturelles que la loi ou d’autres moyens efficaces ont
mis en réserve pour protéger en tout ou en partie le milieu ainsi délimité ». Ladite stratégie
repose essentiellement sur un projet de constitution d’un réseau ouest-africain d’AMP destiné
à lutter contre la surexploitation et l’effondrement des ressources halieutiques, à faciliter la
gestion des espèces migratrices, à protéger les habitats sensibles (mangroves et herbiers
marins) et à atténuer les pressions de la pêche, du tourisme et de l’urbanisation sur les
ressources et les écosystèmes marins.
Selon ses promoteurs, l’idée d’un réseau ouest-africain d’AMP a des fondements
écologiques et socio-économiques. Au plan écologique, les upwellings, processus biologiques
intervenant sur la disponibilité des nutriments de base de la chaîne alimentaire, sont
permanents le long de cette bande littorale de 3200 km ; plusieurs espèces migratrices
constituent des stocks de poissons communs aux différents pays. Au plan socioéconomique, il
existe un intérêt capital à préserver les ressources halieutiques qui, outre leurs contributions
relativement importantes aux recettes budgétaires des Etats, représentent aussi une source de
revenus pour plusieurs centaines de milliers de personnes. Rien qu’au Sénégal, par exemple,
les emplois directs et indirects liés à la pêche artisanale sont estimés à près de 600 000. Enfin,
à quelques nuances près selon les pays, les produits de la pêche fournissent une part
importante des besoins quotidiens en protéines des habitants de la zone côtières estimées à
60% des 23 millions d’individus de la population globale.
Un
upwelling
se
décompose
schématiquement de la façon suivante : les
eaux chaudes de surface sont chassées vers
le large par les alizés, vents puissants de
secteur est ; le vide ainsi crée permet aux
eaux froides plus profondes et riches en sels
minéraux de remonter en surface et au
contact de la lumière de provoquer une
explosion de phytoplancton. Celui-ci sera
consommé par les zooplanctons puis des
crustacés et les poissons…(Campredon,
1986, p…)
Figure 1 : représentation schématique du processus de formation d’un upwelling (Source,
http://www.mauritania.mr/pnba/paysages.htm)
18
En intégrant tous ces éléments contextuels dans les problématiques à gérer par les
AMP ouest-africaines, il apparaît ainsi clairement que ces dernières constituent désormais des
instruments des politiques de pêche et des outils de régulation des facteurs anthropiques de
l’évolution de la zone côtière (urbanisation, tourisme balnéaire, agriculture, transports
maritimes, industries, etc.) dont les agressions contre les écosystèmes peuvent avoir sur les
ressources halieutiques des impacts aussi dommageables que la surexploitation et les
pratiques destructrices liées aux activités de pêche (Ciss, 1983 ; Sène, 1987 ; Diagne, 2001 ;
Dehoorne et Diagne, 2008). Il s’agit là d’une révolution par rapport aux objectifs assignés aux
premières AMP ouest-africaines, qui avaient été instituées uniquement pour protéger les sites
d’accueil des oiseaux migrateurs paléarctiques, sans l’avis des populations locales qui en été
parfois expulsées et dépossédées de leurs terres pour les besoins de classement de ces
sanctuaires ornithologiques. C’est le cas, par exemple, du Parc National des oiseaux du
Djoudj au Sénégal créé en 1971.
A cette époque et antérieurement, cette pratique n’était pas un cas isolé mais bien un
exemple qui, parmi d’autres répandus à travers le monde, était en phase avec « la
philosophie » et les objectifs dévolus aux premières AMP. Cette conception étroite du rôle des
AMP a commencé à évoluer à partir des années 1980 (UICN, 1980) inspirée par le
programme Man and Biosphère (MAB) de l’UNESCO qui reconnaît l’homme en tant que
partie intégrante des écosystèmes. Tels qu’ils sont redéfinis aujourd’hui, les nouveaux rôles
des AMP ouest-africaines reflètent ces changement renforcés par les recommandations de la
conférence mondiale de Rio en 1992 qui invitaient les Etats côtiers à mettre en place des
politiques favorisant l’aménagement et la gestion intégrés des ressources et des écosystèmes
littoraux et marins.
En réponse à « cet appel », l’Etat mauritanien a entrepris depuis le début des années
1990 de se doter d’un Plan Directeur d’Aménagement du Littoral Mauritanien (PDALM)
fixant les axes et les stratégies de mise en œuvre d’un programme d’aménagement intégré et
de gestion durable de la façade maritime. Le PDALM est la preuve supplémentaire, s’il en est,
que les autorités de ce pays et leurs partenaires dans ce domaine ont pris la mesure des enjeux
de la préservation de cette portion du territoire, comme le confirme ces propos du ministre de
l’Economie maritime et des pêches cité précédemment, pour qui le littoral préservé est « un
atout pour la pêche, activité importante s’il en est, à la fois sur le plan économique et social
19
et pour garantir une part significative de la sécurité alimentaire de nos concitoyens, atout
pour le tourisme dont l’expansion repose en partie sur la préservation de notre littoral, atout
enfin pour la qualité de vie du peuple mauritanien, indissociable de la qualité de
l’environnement naturel ».
La mise en œuvre du PDALM s’appuie notamment sur l’exécution de Directives
d’Aménagement du Littoral (DAL) comme le stipule l’article 17 de l’ordonnance 2007-037
relative au littoral qui en définit le sens en ces termes : « Elles répondent à un souci d'anticiper
et de planifier l’occupation, la valorisation ou la protection des sites littoraux en vue de
garantir une prise en compte effective et concertée par tous les acteurs des principaux enjeux
de l’aménagement du littoral ». L’une des DAL existantes est dédiée à la Baie de l’Etoile.
Ce choix porté sur la Baie de l’Etoile est le résultat d’un processus dont le Professeur
Jean-Claude LEFEUVRE est l’initiateur. En effet, c’est lui qui décide pour la première fois et
en accord avec l’IMROP de consacrer un stage de fin de formation à cet écosystème qui entre
pleinement dans le champ d’intérêt du Laboratoire d’Evolution des Systèmes Littoraux
Naturels et Modifiés et du DEA-EMTS qui étaient sous sa responsabilité au MNHN. Les
résultats produits à l’issue de ce stage parviennent à la FIBA dont le Conseil Scientifique
accepte de soutenir la poursuite de ce travail par des recherches approfondies à réaliser dans le
cadre de la préparation d’une thèse. C’est ainsi que le « Projet Baie de l’Etoile » intègre au
sein de la FIBA ceux relatifs au programme de mise en place d’un réseau ouest-africain
d’AMP dont il réunit et les éléments de problématiques et les objectifs. Toutefois, le statut de
la Baie de l’Etoile reste une question ouverte comme le laisse percevoir les termes de
l’objectif spécifique de la DAL : « L’aménagement et la gestion des espaces et ressources de
la Baie de l’Etoile sont encadrés par une directive favorisant un développement durable dans
le respect des équilibres naturels au bénéfice des habitants de Nouadhibou et de l’ensemble
de la population mauritanienne » (UICN, 2006).
L’Etat mauritanien a décidé de faire de cette expérience "un cas d’école" dans le cadre
de la réalisation des objectifs du PDALM. Cette résolution a été exprimée lors des
conclusions des travaux du Séminaire international organisé à Nouakchott en 2004 sur le
thème « Gestion Intégrée et Durable du Littoral Mauritanien » et réaffirmée à l’occasion d’un
LY, A., 2003. Le contexte de l’évolution des écosystèmes littoraux abrités non aménagés, l’exemple de la Baie de l’Etoile
en Mauritanie. Mémoire de stage de D.E.A.-EMTS, MNHN & INA-PG & Univ. Paris VII, 52p.
20
« Atelier de concertation sur l’aménagement de la Baie de l’Etoile » organisé en juillet 2007 à
Nouadhibou.
La directive d’aménagement de la Baie de l’Etoile comporte un volet scientifique dont
cette thèse, intitulée "Fonctionnement écologique et évolution du contexte socio-économique
de la Baie de l’Etoile, une contribution à l'aménagement du littoral mauritanien et au
développement d’un réseau d’aires marines protégées en Afrique de l’ouest", représente la
première étape de mise en œuvre. Son objectif est de « Promouvoir le développement
durable du site de la Baie de l’Etoile en jetant les premières bases pour l’adoption de
mesures de gestion ou de co-gestion et de plans d’aménagement. »
Dans cette perspective d’aménagement et de préservation des ressources naturelles, le but
principal de mes travaux de recherches est de « contribuer à la connaissance de
l’écosystème de la Baie de l’Etoile ». Il s’agit ainsi d’apporter des éléments d’aide à la
décision aux différents acteurs impliqués dans le processus, qui auront à résoudre ce
dilemme : comment réussir à protéger le patrimoine naturel de la baie de l’Etoile tout en
permettant son usage ?
C’est une initiative originale en Afrique de l’Ouest où en général les études n’intervenaient
qu’a posteriori des décisions de création AMP et des mesures de zonages, alors que les
connaissances scientifiques doivent être à la base des processus d’aménagement des
écosystèmes.
Conformément au contexte et aux objectifs de la thèse, nous avons adopté une
approche systémique en étudiant aussi bien le patrimoine naturel que la dimension socioéconomique de l’écosystème pour en proposer un état de référence, non exhaustif toutefois.
Cette thèse est composée de cinq chapitres :
-
le chapitre I axé sur la zonation écologique de la Baie de l’Etoile traite
essentiellement des « Habitats benthiques ». Il débute par une présentation de la
stratégie d’échantillonnage mise en œuvre en tenant compte des caractéristiques
géomorphologiques, bathymétriques et du fonctionnement hydrologiques. Dans la
seconde section relative aux résultats, est proposé un essai d’inventaire dans lequel
chaque habitat est décrit en fonction de ses caractéristiques sédimentaires, floristiques
et faunistiques. Cette étude bionomique est illustrée par des cartes réalisées à l’aide
21
d’un logiciel de SIG, ArcView 9.2, montrant la localisation géographique de chaque
habitat ;
-
le chapitre II est également subdivisé en deux sections. La première section aborde la
variation spatio-temporelle du peuplement de poissons de la Baie de l’Etoile à travers
les données recueillies lors de pêches expérimentales conduites sur le site. L’analyse
proposée est fondée sur la présence-absence et l’importance relative des différentes
espèces capturées dans les différentes stations d’échantillonnage. Elle examine
également la variation de la richesse spécifique à l’échelle spatiale et temporelle. La
deuxième section décrit les communautés de poissons de la Baie de l’Etoile définies à
partir des résultats de la distribution spatio-temporelle des espèces. En plus de la
classification communautaire, pour chaque espèce des précisions sont apportées sur la
structure démographique des captures ainsi que sur l’existence d’éventuelles périodes
de recrutement et/ou de reproduction.
-
le chapitre III est consacré à l’avifaune de la Baie de l’Etoile. Il comprend les
résultats de comptages d’oiseaux et propose une analyse de la distribution spatiale des
populations en distinguant les zones d’alimentations et de repos. Dans la dernière
section du chapitre, les espèces sont commentées les unes après les autres en insistant
notamment sur les effectifs ainsi que sur diverses observations propres à chaque
espèce.
-
le chapitre IV portant sur l’évolution du contexte socio-économique présente les
usages et les usagers de la Baie de l’Etoile en montrant comment les différentes
activités sont apparues sur le site et dans quelles circonstances elles y cohabitent. Cet
état des lieux est accompagné de témoignages anciens et actuels des acteurs qui
dressent l’état de leurs activités et des ressources qu’ils exploitent et le regard qu’ils
portent sur la Baie de l’Etoile. Un effort de spatialisation cartographique des
différentes activités est aussi proposé.
-
le chapitre V est consacré à la discussion et à la conclusion générale. L’argumentaire
en faveur de la protection de la Baie de l’Etoile est débattu eu égards aux approches et
concepts actuels en matière de conservation de la nature d’une part, et des résultats
obtenus de l’étude du patrimoine naturel et de l’analyse du contexte d’évolution socio-
22
économique d’autre part. Quant à la conclusion générale, elle est axée d’abord sur les
contributions de l’étude à la connaissance de l’écosystème, ses limites et les
perspectives de recherche. Elle comprend également une série de recommandations
sur les mesures qui s’imposent dans l’urgence et à moyen et long terme pour préserver
le patrimoine naturel de la Baie de l’Etoile.
23
CHAPITRE I
LES HABITATS BENTHIQUES
24
INTRODUCTION
Dans le cadre d’une étude fonctionnelle, qui aurait pour objet l’établissement d’un
modèle prédictif en vue d’une gestion environnementale raisonnée, il aurait été indispensable
de prendre en compte à la fois les caractéristiques physico-chimiques des masses d’eau, leur
dynamique et la composante biologique pélagique. Dans le contexte de notre étude, le
développement d’une telle approche n’était ni indispensable, ni réalisable dans le temps qui
nous était imparti. Nous avons, pour des raisons que nous expliciterons ci-dessous, focalisé
notre travail sur l’un des maillons de ce système, à savoir le compartiment benthique. A cet
égard, nous nous sommes volontairement limités à réaliser un inventaire et une caractérisation
sommaire des habitats benthiques tant intertidaux que subtidaux, qui s’appuient conjointement
sur les données sédimentaires et biologiques relatives principalement à la macrofaune
d’invertébrés et à la végétation phanérogamique. Ce choix se justifie par plusieurs raisons :
9 Les organismes benthiques tant endogés qu’épigés, de par leur sédentarité, subissent
les variations environnementales et en sont de bons intégrateurs. A ce titre leur suivi,
celui de leurs populations et des peuplements qu’ils constituent, attestent les
modifications environnementales qu’elles soient d’origines naturelles ou anthropiques
chroniques ou accidentelles (Blandin, 1986), (Dolbeth et al., 2007), (Carlised et al.,
2007) ;
9 L’analyse des peuplements benthiques conduit à l’établissement d’une très grande
diversité d’indices relatifs à la qualité de l’environnement ;
9 Les habitats benthiques servent à l’échelle mondiale à l’évaluation de la valeur du
patrimoine naturel (rareté et/ou valeur fonctionnelle) des systèmes littoraux ; leur
étude a donné lieu à l’établissement de plusieurs classifications européennes, à
l’exemple de EUNIS, Natura 2000 et Corine biotope (Dale et Beyeler, 2001) ;
9 Les habitats benthiques, grâce à des techniques nombreuses et performantes, sont
désormais cartographiables. Leur superficie peut donc être évaluée et leur évolution en
reflète les variations spatio-temporelles ;
9 La prise en compte des habitats benthiques de la Baie de l’Etoile est d’autant plus
justifiée qu’ils abritent un peuplement qui constitue un maillon important de la chaine
trophique ;
25
Les ambitions initiales de ce volet de la thèse, à savoir, la caractérisation fine des
assemblages floro-faunistiques, ont cependant dû être restreintes. En effet, outre les énormes
problèmes de logistique recontrés, nous avons été confrontés à des difficultés d’identification
d’un grand nombre d’espèces benthiques qui laissent présager l’existence d’espèces nouvelles
qu’il conviendra de décrire ultérieurement. Le temps nécessaire à ce travail de systématique
dépasse bien évidemment largement le cadre de la thèse ; il sera poursuivi et les résultats
seront valorisés sous forme de publications.
En Mauritanie, Maigret en 1980 est le premier à avoir esquissé une étude bionomique
des fonds de la Baie du Lévrier. La carte bathymétrique de la Baie du Lévrier existant déjà à
l’époque, l’auteur s’est surtout intéressé à la nature des fonds. Il a produit des cartes
sommaires dans lesquelles il distingue quatre types de fonds : vaseux, vaso-sableux, sablovaseux et sableux. Les fonds de la Baie de l’Etoile ne sont pas étudiés dans ce travail ;
l’auteur présente cette dernière en ces termes : « milieu particulier où se mêlent Spartina
maritima, Periophthalmus papilio, Uca tangeri ». Reyssac (1973) souligne que ce sont les
difficultés de navigation liées à la faible profondeur et à la présence de nombreux bancs de
sable qui ont conduit beaucoup de navires océanographiques à ignorer la Baie du Lévrier
malgré son intérêt. En 1980, Domain s’intéressant à l’écologie des poissons démersaux du
plateau continental sénégalo-mauritanien en avait aussi réalisé la carte des fonds. Sur cette
carte également, les fonds de la Baie du Lévrier ne figurent pas, sans doute pour les mêmes
raisons. Quelques années plus tard, dans le cadre d’une étude menée sur les gisements de
praires de la Baie du Lévrier, Diop (1986) se propose de compléter le travail de Maigret, mais
les fonds de la Baie de l’Etoile n’en sont pas mieux connus. L’auteur y signale tout de même
la présence de Venus verrucosa. Ce travail pionnier en matière d’écologie benthique, est suivi
une année plus tard par une autre étude conduite sur un autre gisement de praires situé au
large du cap Blanc, hors de la Baie du Lévrier, par Mint Mohamed Sidya (1987). Cette
dernière se focalise sur les peuplements benthiques pour lesquels elle propose une liste des
taxons de la macrofaune rencontrée. Celle-ci est dominée par les polychètes qui comptent 35
espèces dont 18 errantes et 17 sédentaires. Les échantillons proviennent de fonds 10 à 22 m
constitués à parts égales de sables grossiers et de sables fins.
C’est à cette époque qu’arrivent sur le banc d’Arguin les équipes du Groupe d’Intérêt
Scientifique pour les Posidonies. Les travaux qu’elles ont entrepris (Francour et Vuignier,
1988 ; Vuignier et Pergent, 1989 ; et Pergent, 1988) portent notamment sur la production
primaire des herbiers marins et la faune benthique. Mais sur ces deux sujets précis, ce sont
26
véritablement les travaux des équipes hollandaises (Anonyme, 1988 ; Van Dijik et al., 1988 ;
Blomert et al., 1988 ; Wolff, 1988), qui abordent de façon approfondie les caractéristiques
écologiques du banc d’Arguin. De ce point de vue, le banc d’Arguin malgré son isolement et
en raison de son intérêt écologique et de sa dimension internationale est l’un des rares
écosystèmes du littoral mauritanien à avoir suscité l’intérêt des équipes scientifiques
étrangères. A cet égard, il se hisse au rang des écosystèmes ouest-africains les plus étudiés
parmi lesquels il convient de faire figurer sans aucun doute les lagunes et le plateau
continental ivoiriens et sénégalais où, à la faveur de l’implantation des équipes de
l’ORSTOM, de nombreux travaux de systématique et d’écologie du benthos ont été effectués
à partir des années 1950 : Le Loeuff et Intes (1969) et Intes et Le Loeuff (1977 ; 1986).
L’engouement et la curiosité scientifique pour ces écosystèmes côtiers qui abritent des
mangroves sont comparables à ceux qui se manifestent sous d’autres latitudes pour les marais
salés européens et américains qui assurent les mêmes rôles pour le maintien de la biodiversité
et le déroulement des cycles biogéochimiques à l’interface terre-mer.
I. MATERIELS et METHODES
I.1. La stratégie d’échantillonnage
La détermination de la stratégie d’échantillonnage à mettre en œuvre est une phase
cruciale, car elle intervient beaucoup sur la qualité des données et des résultats. Elle requiert
par conséquent une bonne préparation (Lamotte et Bourlière, 1971 ; Frontier, 1983).
Compte tenu de la quasi-absence de travaux consacrés au site, l’accent a d’abord été mis sur
la définition des caractéristiques mésologiques du site, sachant que ces dernières sont
primordiales sur le choix des approches et des méthodologies d’étude. Pour ce faire, un long
et minutieux travail de reconnaissance du site a été effectué : la Baie de l’Etoile a été sillonnée
en long et en large, à pieds et en pirogue. Au cours de ces parcours de plusieurs kilomètres,
des informations d’ordre géomorphologique, biologique, édaphique, topographique, etc. ont
été collectées.
I.1.1. Le site
I.1.1.1. Caractéristiques géomorphologiques
La Baie de l’Etoile se présente sous forme d’un système composé de deux
unités géomorphologiques (Carte 3) :
27
-
Au nord une baie, sorte d’échancrure, qui mesure 2500 m de large d’est en ouest et
4600 m de long du nord au sud. Elle est délimitée à l’ouest et au nord par de
petites falaises gréseuses d’une dizaine de mètres de hauteur environ dont certaines
présentent une sculpture originale modelée par le vent, appelées « Champignons ».
Sous les falaises du nord et du nord-ouest se dresse une sebkha qui se déploie à
l’Est par un important banc de sable sur lequel se sont formées deux dunes vives
de types barkhanes. L’extrémité sud du banc de sable échoue sur un chenal de 700
m de large par lequel la Baie de l’Etoile communique avec la Baie du Lévrier ;
-
Au sud, un bras de mer encaissé entre deux dalles de grès dénommé localement
« rivière ». Il s’étire sur une longueur de 3000 m du nord au sud ; sa largeur varie
entre 100 et 150 m au niveau de sa partie aval en forme de boucle et entre 150 et
550 m dans sa partie médiane et amont plutôt rectiligne.
La Baie de l’Etoile représente l’extrémité nord d’un complexe hydro-géomorphologique qui
se prolonge au sud sur plusieurs kilomètres, constitué de sebkhas inondables, résultat d’une
érosion hydrique de la dalle gréseuse de la presqu’île du Cap Blanc.
I.1.1.2. Caractéristiques bathymétriques et fonctionnement hydrologique
Il n’existe pas de données bathymétriques récentes. La carte réalisée par le Service
Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM) établie en 1939, reste la
principale référence dans ce domaine pour la Baie de l’Etoile comme pour l’ensemble de la
Baie du Lévrier.
A l’image de ceux de la Baie du Lévrier, les fonds de la Baie de l’Etoile sont très peu
profonds. Ils varient entre 1 et 5 m. Dans la partie rectiligne de la « rivière » et dans la partie
sud de la baie proprement dite, les fonds n’excèdent guère 1,5 m. Les fonds les plus
importants se situent au niveau de la partie aval de la « rivière » et dans le centre de la baie où
les mesures atteignent respectivement 2 et 5 m.
28
29
La marée est le principal facteur du fonctionnement hydrologique de la Baie de
l’Etoile. Elle est de type semi-diurne. Le marnage est de 2 m. C’est naturellement lors des
périodes de vives-eaux des équinoxes que l’impact de la marée sur le fonctionnement
hydrologique de la Baie de l’Etoile prend toute son ampleur. Il existe alors un contraste
saisissant entre la Baie de l’Etoile transformée en petite mer, lorsque le niveau des eaux
atteint 2, 1 m à marée haute, et celle qui découvre sur les trois quarts de sa superficie à marée
basse quand le niveau d’eau n’est plus que de 0, 2 m.
Les courants de marée varient entre 2 et 2,5 nœuds. Ils sont particulièrement sensibles
à marée descendante. Ils sont mêmes très forts près du chenal principal qui relie la Baie de
l’Etoile à la Baie du Lévrier.
De par sa configuration géomorphologique et son fonctionnement hydrologique, la
Baie de l’Etoile présente toutes les caractéristiques types des lagunes côtières qui sont « des
plans d'eau, allongés parallèlement au littoral, peu profonds, isolés de la mer par un cordon
meuble de sables et de galets. La communication avec la mer se fait par des ouvertures plus
ou
moins
nombreuses
dans
le
cordon »
(http://hmf.enseeiht.fr/travaux/CD0001/travaux/optsee/hym/9/page02.html).
La formation des lagunes côtières est rattachée à l’histoire géologique de la terre en particulier
aux phénomènes de transgression et de régression de la mer au cours du quaternaire. Le
littoral mauritanien a été concerné par l’alternance de plusieurs mouvements de hausse et de
baisse du niveau marin (Elouard et al., 1969). Le Nouakchottien, transgression marine la plus
récente (entre 8 000 et 5 000 ans BP) a eu des impacts sur le façonnement des faciès
géomorphologiques actuels. Mais la presqu’île du Cap Blanc a surtout été marquée par une
transgression marine bien plus ancienne, l’Aïoujien, qui se situe entre 100 000 et 70 000 ans
BP, durant laquelle le niveau marin aurait atteint entre 6 et 10 m et dont les dépôts sont
constitués de grès calcaires à stratifications entrecroisées, de calcaires à coquilles dissoutes
et de formations à faciès marins conglomératiques (Diagana, 2005). Cette transgression
marine a très certainement contribué à modeler le rivage oriental de la presqu’île du Cap
Blanc et très probablement à la formation de la Baie de l’Etoile et des autres éléments du
complexe hydro-géomorphologique cité plus haut.
30
I.1.2. Techniques d’échantillonnage
Les techniques d’échantillonnage du benthos sont diverses et variées et ont fait l’objet
de très nombreux ouvrages. Le choix d’une technique est déterminé par beaucoup de
paramètres au nombre desquels figurent le type de faune recherchée (microfaune, méiofaune,
macrofaune, mégafaune), le type de fond (rocheux et sédimentaire) et les moyens à
disposition. L’échantillonnage au chalut et à la benne, technique employée dès le 18ème siècle,
côtoient encore de nos jours des méthodes très modernes (plongée, photographie sous-marine
et télédétection, etc.) (Reys et Salvat, in Lamotte et Bourlière, 1971). Cependant, en raison de
leur coût, ces techniques sophistiquées restent l’apanage d’institutions de recherches des pays
développés. Toutefois, même ces techniques dites modernes ne peuvent pas s’affranchir
totalement des contraintes du milieu. Enfin, quelle que soit la technique utilisée,
l’échantillonnage du benthos demeure en premier lieu un exercice assez lourd pour lequel il
convient de mobiliser des moyens conséquents.
Dans ce contexte, les auteurs des travaux menés en Mauritanie ont utilisé le chalut, la
drague et/ou la benne (Domain, 1980 ; Diop et Boukantine, 1986 ; Mint Mohamed Sidya,
1987). Dans le cadre de notre étude, l’échantillonnage a été réalisé à la bêche en domaine
intertidal et à la benne sur fonds subtidaux.
L’échantillonnage à la bêche est réalisé à marée basse suivant le principe du carottier.
Il a été exécuté à pieds et appliqué uniquement sur les faciès et habitats de la zone intertidale.
Le prélèvement est effectué sur une surface carrée de 30 cm sur 30 cm délimitée par des
piquets (Photo 2). La bêche est enfoncée dans le substrat à une profondeur de 15. Ainsi le
volume de sédiment prélevé s’élève à entre 13500 cm³.
L’échantillonnage à la benne a été utilisé sur les fonds toujours immergés. La benne de
forme cubique (15 cm de côté soit un volume théorique d’environ 3 400 cm³) munie de deux
lests est obturée par deux mâchoires sous la pression de deux ressorts (Photo 3). Les
opérations d’échantillonnage proprement dites ont été conduites à bord de la pirogue Arguin.
La pirogue est tout d’abord immobilisée à l’aplomb de la station. La benne dont les mâchoires
sont maintenues ouvertes, est manœuvrée manuellement à l’aide d’un cordage. Elle est
d’abord légèrement immergée puis le cordage est libéré pour lui permettre d’atteindre le fond
sous l’effet de son propre poids et de s’enfoncer dans le substrat en touchant le fond ; le choc
31
produit par le contact avec le substrat libère les câbles qui retenaient les mâchoires ; celles-ci
se referment dès que la benne se détache du fond lorsque débute la manœuvre de remontée.
Malgré de multiples tentatives répétées la benne n’a pas fonctionné correctement. Elle
ne parvenait pas
à
pénétrer suffisamment profondément dans le substrat.
Ce
dysfonctionnement est dû à plusieurs facteurs : le courant qui nuit à son arrivée à la verticale
sur le fond et la texture du substrat. Pour rémédier au dysfonctionnement de la benne, il a été
décidé de réaliser 5 coups (de benne) par station.
I.1.2.1. Transects et stations d’échantillonnage
L’hétérogénéité des faciès de la Baie de l’Etoile a déterminé notre approche
méthodologique, à savoir une combinaison de prélèvements le long de transects en zone
intertidale et selon un carroyage sur les fonds non découvrants (Carte 4).
Dans la baie proprement dite, en terrain découvrant tous les transects au nombre de
trois (T6, T7 et T8) partent de la laisse de haute mer et se terminent à la limite inférieure de la
zone intertidale. Dans la « rivière », les transects du sud au nord orientés perpendiculairement
au chenal traversent le lit d’une rive à l’autre à l’exception des transects T4 et T5 limités à la
rive est.
Les stations localisées le long des transects dont les coordonnées géographiques ont
été enregistrées au GPS sont à la fois nombreuses et proches les unes des autres ; les quatorze
stations positionnées aux nœuds de la grille subtidale d’échantillonnage sont distantes
d’environ 50 m ; enfin, douze stations ont été positionnées sur l’estran à la périphérie ouest,
nord et est de la baie.
Le nombre minimum de stations par habitat est de deux. On distingue deux catégories
de stations : des stations dites quantitatives et qualitatives. Le nombre de stations quantitatives
est de 47 dont 31 en zone intertidale et 16 en zone subtidale. En zone intertidale, à chaque
station de prélèvement quantitatif, deux à trois répliquats situés sur un rayon de trois à quatre
mètres ont été pratiqués. En zone subtidale, pour pallier le dysfonctionnement de la benne, il a
été effectué cinq prélèvements par station qui ont été cumulés. Les stations dites qualitatives
sont au nombre de quinze. Il s’agit de stations d’observations où sont recueillies, notamment,
32
33
des données sur le taux de recouvrement du substrat en particulier par les phanérogames et les
densités des traces d’activités biologiques telles les orifices des terriers de Uca tangeri.
Des prélèvements d’échantillons de sédiments ont été effectués au niveau de 26 stations
situées dans la Baie. Les analyses granulométriques ont été réalisées par le laboratoire de
géologie de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université de Nouakchott.
I.2. Le traitement des échantillons
I.2.1. Le tamisage
Deux tamis de mailles carrées de 2 et 1 mm ont été utilisés. Le prélèvement recueilli
était déversé sur le tamis de maille 2 mm posé au dessus d’un récipient et rincé avec
précaution pour éviter d’abîmer le matériel biologique. Le contenu du récipient est ensuite
filtré sur le tamis de 1 mm ; les refus des deux tamis sont regroupés et conservés dans une
solution de formaldéhyde à 6%.Une étiquette indiquant la référence de l’échantillon est
introduite dans le sac. Cette étiquette porte le nom de la station et du prélèvement ainsi que la
date de l’échantillonnage.
I.2.2. Le tri et déterminations
Le tri a été réalisé en deux phases. La première phase a eu lieu à Nouadhibou dans les
laboratoires de l’IMROP. L’échantillon contenu dans chaque sac a été rincé de nouveau. Les
organismes ont été triés par groupes zoologiques (annélides polychètes, mollusques, crustacés
et autres) et conservés dans un bocal soigneusement référencé contenant une solution de
formaldéhyde à 6 %. Au cours de la deuxième phase, qui s’est déroulée en France au
Laboratoire Maritime de Dinard, les individus ont été déterminés jusuq’à l’ordre, la famille,
parfois le genre et quelquefois l’espèce.
Compte tenu des difficultés précédemment énoncées dans l’introduction et de
l’objectif de notre étude (objectif à visées essentiellement systémique et fonctionnelle), les
déterminations n’ont pas été menées à ce jour jusqu’au niveau spécifique pour tous les
individus. Elles le seront dans le cadre de l’étude des peuplements benthiques de la Baie de
l’Etoile qui fera l’objet d’une publication ultérieure.
34
I.3. Le traitement des données
I.3.1. Paramètres de description
Dans les travaux d’écologie benthique les auteurs emploient de plus en plus les AFC,
ACP, SOM, etc. Ces outils statistiques offrent la possibilité de mener des analyses très
approfondies des données d’écologie benthique. Ils permettent notamment d’individualiser et
de caractériser les associations faunistiques et le rôle des habitats dans les écosystèmes
étudiés. Ils aident à mettre en évidence les affinités entre la faune benthique et les autres
paramètres environnementaux.
x
En raison de la nature des données actuellement à notre disposition, la mise en œuvre
de tels traitements statistiques n’était pas concevable. Nous avons donc eu recours à
des paramètres d’analyses beaucoup plus simples mais pour autant très robustes
utilisées depuis de nombreuses décennies par les benthologues : fréquence, abondance,
dominance (Reys et Salvat, in Lamotte et Bourlière, 1971).
ƒ
La fréquence d’une espèce représente « le rapport du nombre de
prélèvement contenant cette espèce au nombre total de prélèvement
effectués » ;
ƒ
La dominance d’une espèce est obtenue à partir du « rapport du
nombre d’individus de l’espèce considérée, récoltée dans tous les
prélèvements, au nombre de total des individus de toutes les espèces
présentes dans les mêmes prélèvements ».
I.3.2. Cartographie
Le fond de carte qui a été utilisé est une mosaïque composite issue d’images de
Google Earth (voir référence complète sur la carte de localisation de la zone d’étude - Carte
1). Nous avons, dans un premier temps, effectué un calage de cette mosaïque en nous servant
de nos points GPS et d’une carte de la région de Nouadhibou au 1/200.000, fournie par
l’Institut Géographique National de Paris
Nous avons ensuite utilisé ArcView 9.2., logiciel de Systèmes d’Informations géographiques
(SIG), pour digitaliser la carte issue du calage et construire ainsi les couches qui nous
intéressaient.
35
II. RESULTATS
II.1. Les habitats intertidaux
II.1.1 L’habitat des sables à Cardium edule
II.1.1.1. Localisation
Cet habitat, exclusivement intertidal, se présente sous forme d’un croissant qui s’étend
de l’extrémité sud de la flèche sableuse à l’est (Carte 5) jusqu’aux falaises gréseuses du nordouest de la baie. Il couvre une superficie d’environ 111 ha.
Sur le plan altitudinal, cet habitat se situe au sud-est entre un banc de sable dont la
partie supérieure n’est jamais immergée et un habitat d’herbier à Zostera noltii entrecoupé de
chenaux ; au nord-ouest, au pied de la falaise gréseuse il s’intercale entre la laisse de haute
mer qui marque la limite avec les habitats terrestres à végétation phanérogamique et un
habitat de sable fin propre non exondable.
II.1.1.2. Le substrat
Le substrat de cet habitat est très largement dominé par les sables fins (figure 1), comme en
atteste la valeur de la classe modale (0,200) de l’histogramme de distribution de fréquence des
catégories sédimentaires et celle de la médiane de la courbe cumulative des pourcentages
(Figure 2).
120,00%
Résidus (%)
100,00%
80,00%
Sable grossier
Résidu (%)
60,00%
Vase
Sable moyen
Sable grossier
Sable moyen
Sable fin
Vase
Résidu cumulé
(%)
40,00%
20,00%
Sable fin
2,
00
1,
25
0,
63
0,
40
0,
20
0
0,
10
0
0,
06
3
0,00%
Diamètres
Figure 2 (à gauche) : Courbe granulométrique de l'habitat des sables à Cardium edule
Figure 3 (à droite) : Classes granulométriques de l'habitat des sables à Cardium edule
36
37
Dans cet ensemble relativement homogène, le substrat à la station 47, localisé au centre du
croissant, a le taux le plus faible de vase (0,62%) et celui le plus élevé des sables moyens. Ces
sédiments sont dépourvus de figures sédimentaires (Ripple-marks*…) affirmées liées à
l’hydrodynamisme. Au plan biologique, de ce point de vue, ils se caractérisent à l’émersion
par les traces laissées par les limicoles et les crabes (Uca tangeri) et une grande concentration
de coques à la surface ou dans les premiers millimètres (Cardium edule) (Photo, 4).
II.1.1.3. Le peuplement et les populations dominantes
Le peuplement de l’habitat est très largement dominé par les mollusques au sein
desquels les gastéropodes et les lamellibranches représentent respectivement 16,3% et 83,7%.
Les crustacés y tiennent une part extrêmement faible de l’ordre de 1%, mais il convient de ne
pas omettre le rôle fonctionnel (perturbations, bioturbations) que jouent très probablement les
populations d’Uca tangeri lors de leurs incursions depuis le banc de sable adjacent vers la
limite entre les sables à Cardium et les prairies à Zostères. Si l’on exclut du calcul
d’abondance les représentants du genre Hydrobia, la place des annélides polychètes augmente
et leur dominance atteint 25,6% des groupes zoologiques.
Autres
Polychètes
Mollusques
Polychètes
Autres
Mollusques
Figure 4 : Dominances des groupes zoologiques de l’habitat des sables à cardium
II.1.1.3.1. Les mollusques
Cardium edule est une espèce constante puisqu’elle est présente dans toutes les stations. La
population de Cardium edule est constituée d’individus adultes et de juvéniles. La répartition
*
Microformes périodiques (= ondulations) qui se créent à la surface du sable sous l'effet de l'oscillation, liée au
passage des vagues. Leur longueur d'onde est centimétrique ou parfois décimétrique.
38
spatiale de ces deux catégories de tailles varie inversement du sud au nord (Carte 6). Les
individus de plus grande taille sont principalement localisés dans la partie sud du croissant
(stations 36 et 42) alors que les densités de juvéniles sont plus importantes au nord (stations
54 et 55). Au sein de cet habitat, on observe donc un gradient inverse de distribution spatiale
des abondances des juvéniles et des adultes du sud-ouest au nord-est. Les abondances des
individus adultes au sud du croissant de distribution varient entre 100 et 300 ind/m² contre
Tableau 1 : Densités au m² de la malacofaune de l’habitat à Cardium edule
Stations
GASTEROPODES
Hydrobiidae
Hydrobia sp.
Nassariidae
Nassarius sp.
Turitellidae
Turitella sp.
Gasteropodes sp1
Gastéropode sp2
LAMELLIBRANCHES
Cardiidae
Cardium edule
Lucinidae
Scrobiculariidae
Abra tenuis
Solenidae
Ensis sp.
Fréquence
Dominances
Densités_moy
au m²
Ecart-type
4/5
82,77%
1293,52
1834,44
1/5
1/5
0,1%
0,2%
0,74
2,96
1,65
6,61
1/5
0,6%
8,88
19,85
5/5
5/5
4,5%
6,2%
70,3
96,9
43,85
21,47
2/5
5,6%
87,32
141,61
1/5
0,1
0,74
1,65
30 et 90 ind/m² pour les juvéniles. Dans la partie centrale, la baisse de la densité des individus
adultes est déjà sensible, 44 ind/m² ; et ils sont totalement absents des sédiments de la station
55, située plus au nord. Au niveau de cette dernière, la densité des jeunes est de 33ind/m²
alors qu’elle atteint 209 ind/m², aux stations 47 et 54.
L’habitat des sables à cardiums abrite également d’autres mollusques que l’on peut scinder
en deux groupes. Dans le premier, on trouve ceux qui sont remarquables tant par leurs
constances que par leurs densités respectives. Ce groupe comprend les Lucinidae répartis sur
l’ensemble des stations et dont les densités sont même le plus souvent supérieures à celles des
cardiums. Il inclut également les Hydrobies caractérisées par des densités très élevées, surtout
dans les stations méridionales et Abra tenuis que l’on retrouve uniquement dans ce dernier
39
40
secteur de l’habitat. Le second, limité à l’une des deux stations septentrionales ne compte que
cinq espèces à très faibles densités.
II.1.1.3.2. Les annélides polychètes
L’originalité du peuplement annélidien tient à la diversité des groupes trophiques
rencontrés. On y rencontre des espèces psammivores (Ariicidae, Capitellidae, Maldanidae,
…) des déposivores de surface et de sub-surface (Spionidae, Cirratulidae, …), prédatrices
(Eunicidae) parmi lesquelles des représentants des genres Marphysa et Nereidae (Nereis
diversicolor) et enfin des filtreurs (Sabellidae). Mais ce sont incontestablement les
psammivores qui dominent du point de vue trophique (57,1%) devant les deposit feeders
(23,8%) et les prédateurs (19,8%).
Quant à la mobilité des organismes, ce sont les espèces galéricoles (Nereis
diversicolor, …) et erratiques (Eunicidae, …) qui sont dominantes par rapport aux espèces
strictement
tubicoles.
Les
espèces
d’Ariicidae
et
Cirratulidae
semblent
occuper
préférentiellement, à des densités de l’ordre 250 à 300 ind/m², les sédiments jouxtant les
falaises du nord-ouest alors que l’espèce Nereis diversicolor est localisée au sud de l’habitat,
en faibles densités, de l’ordre de la dizaine d’individus au mètre carré.
II.1.2. L’habitat "herbier à Zostera noltii "
II.1.2.1 Localisation de l’herbier
L’herbier à Zostera noltii de la Baie de l’Etoile est exclusivement intertidal. Il forme
des prairies plus ou moins continues qui peuvent être subdivisées en trois entités principales
sur la base de leur localisation géographique (Carte 7):
-
la prairie des falaises et de la rive sud de la baie (PFRSB) ;
-
la prairie du banc de sable (PBS) ;
-
et enfin, la prairie de la « rivière » (PR).
41
42
II.1.2.2. Les prairies à Zostera noltii
II.1.2.2.1. La prairie des falaises et de la rive sud de la baie
Elle débute à environ 100 m au nord des structures gréseuses dénommées
« champignons » et borde les falaises vers le sud sur une distance d’environ deux kilomètres.
Au-delà, sur la rive sud de la baie proprement dite, la prairie est orientée ouest-est sur près de
1,5 km et entrecoupée dans sa partie orientale par un profond chenal.
Au nord de la baie cette prairie relaie l’habitat à Cardium edule alors qu’au sud
elle laisse place, au même niveau bathymétrique, à un habitat de sédiments sablo-graveleux
hétérogène à algues calcaires et épifaune de spongiaires. Du point de vue altitudinal, la prairie
orientée nord-sud atteint quasiment le pied des falaises, alors qu’au sud la prairie orientée
ouest-est succède à un habitat à Spartina maritima. Dans sa partie inférieure, cette prairie est
le plus souvent relayée par un habitat à Cymodocea nodosa.
En somme la prairie des falaises et de la rive sud de la baie se distribue sous forme d’un
croissant équivalent à celui que constitue l’habitat des sables à Cardium edule sur les rives
nord et est.
Sous les falaises, la prairie est très homogène et le recouvrement végétal* est voisin de
100%. Il n’en est pas de même sur la rive sud de la baie.
Dans ce dernier secteur, au niveau bas, la prairie est parsemée de cuvettes peu profondes qui
hébergent des Cymodocés en plus ou moins fortes densités ; elle est aussi entrecoupée de
formations sableuses de superficie variable sur lesquelles, lorsqu’elles sont de dimensions
suffisantes, l’hydrodynamisme laisse son empreinte sous la forme de Ripple-marks.
On y observe en outre des traces d’activités biologiques sous forme d’orifices de
galeries ou de petits cônes sédimentaires dues principalement à des annélides polychètes
(Nereidae, Lumbrinereidae, Maldanidae, …) et d’accumulations sédimentaires plus
volumineuses attestant une activité biologique. Ces enclaves sédimentaires marquent la
transition avec l’habitat des sables fins à Cymodocés.
Dans sa partie haute, la prairie est beaucoup plus homogène : on y observe cependant,
des traces d’activités biologiques (accumulations sableuses circulaires légèrement bombées),
*
Le recouvrement végétal exprimé en pourcentage est estimée sur des compartiments délimités par un quadrant
de 30cm de côté et représente ainsi la part de surface occupée par la végétation par rapport à la superficie totale
du quadrant.
43
témoignant de la forte activité bioturbatrice de certains organismes endogés dont la densité à
l’hectare est de l’ordre de la centaine.
II.1.2.2.2. La prairie du banc de sable (PBS)
Située à l’abri de la flèche sableuse de l’entrée de la baie, cette prairie de forme
triangulaire mesure à sa base un peu plus de 700 m et s’enfonce à l’intérieur de la baie sur
près de 1000 m. Elle est traversée dans le sens nord-sud par des chenaux dans lesquels pousse
Cymodocea nodosa. Dans sa partie orientale, altitudinalement la plus élevée, la prairie
recouvre le substrat de façon relativement uniforme et dense. Dans sa partie occidentale plus
profonde, qui ne découvre que lors des marées de forts coefficients, elle apparaît très
fragmentée notamment par de nombreuses petites banquettes de sable oxydé.
Du point de vue bathymétrique, cette prairie s’intercale entre l’habitat des sables à cardiums et
l’habitat à Cymodocea nodosa.
La partie supérieure de cette prairie est fréquentée à marée basse par de fortes populations
d’Uca tangeri, qui abandonnent leurs terriers creusés dans les sédiments non immergés de la
flèche sableuse. Les oiseaux limicoles utilisent également cette prairie dans sa totalité pour
s’alimentater.
II.1.2.2.3. La prairie de la « rivière » (PR)
La prairie à Zostera noltii est présente sur l’ensemble du bras de mer, dénommée
localement, mais abusivement « rivière », à l’exception de la portion terminale longue de
500m environ. Dans la partie basse, étroite, la prairie de superficie relativement modeste ne se
rencontre que sur la rive concave du méandre alors que dans la partie médiane, elle se
développe dans le chenal central peu profond. Dans cette partie basse, la prairie s’intercale
entre l’habitat à spartines et celui à Cymodocés qui occupe le fond du chenal. Dans la partie
médiane, la prairie qui occupe le chenal central jouxte l’habitat à Spartines sur son flanc ouest
et un habitat de sables fins faiblement colonisés par les crabes (Uca tangeri). Dans cette
même partie, la prairie est jalonnée de petites cuvettes où remonte Cymodocea nodosa.
II.1.2.3. Le substrat
Le substrat de la quasi-totalité des surfaces occupées par Zostera noltii (90 à 95%) est
réduit en profondeur dès les premiers millimètres. Toutefois, des « lentilles » sédimentaires
dépourvues de phanérogames se rencontrent dans les parties basses de l’herbier (Photo 6). Ces
44
lentilles se présentent soit sous forme de légers bombements, ébauches de futures banquettes,
soit de cuvettes peu profondes de sables clairs oxydés sur une épaisseur variable, allant de
quelques cm à 30 cm.
Au plan textural, le substrat est constitué majoritairement de sables fins (80 %) ; il
inclut, en outre, de faibles pourcentages de vase (7 %), de sables moyens (7 %) et de sables
grossiers (5,5 %) (Figure 5).
120,00%
Résidu (%)
100,00%
80,00%
Sable
grossier
Résidu (%)
60,00%
Résidu cumulé
(%)
40,00%
Vase
Sable moyen Sable grossier
Sable moyen
Sable fin
Vase
20,00%
Sable fin
”0,04
0,063
0,100
0,40
0,200
0,63
1,25
2,00
0,00%
Diamètres
Figure 5 (à gauche) : Courbe granulométrique du substrat des prairies zostères
Figure 6 (à droite) : Classes granulométriques du substrat des prairies à zostères
II.1.2.4. Le peuplement et les populations dominantes
Le peuplement de l’herbier à Zostera noltii est légèrement dominé par les annélides
polychètes qui représentent 44,7 %. Les mollusques et les crustacés y tiennent également des
parts non négligeables avec respectivement 35 % et 19,9 %.
Autres
Crustacés
Annélides
Polychètes.
Annélides
Polychètes.
Mollusques
Crustacés
Autres
Mollusques
Figure 7 : Dominances des groupes zoologiques de l’habitat des prairies à zostères
45
II.1.2.4.1. Les annélides polychètes
Le peuplement annélidien des prairies à Zostera noltii compte douze familles dont les
plus constantes et les plus dominantes sont : Nereidae, Eunicidae, Cirratulidae, Maldanidae,
Spionidae, Ariciidae et Terebellidae (Tableau 2).
Tableau 2 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants des annélides
polychètes des prairies à Zostera noltii
Familles
Nereidae
Nereis sp. Perinereis sp.
Eunicidae
Marphysa sp., Lumbrinereis sp.,
Diopatra sp.
Ariciidae
Spionidae
Cirratulidae
Maldanidae
Terebellidae
Fréquences
Dominances
Densités au
m²
Ecart-type
15/17
14,2%
60,1
101,79
13/17
36,1%
6/17
7/17
12/17
8/17
6/17
0,9%
11,5%
20,5%
6,5%
8,6%
153,2
3,7
48,8
87,1
27,4
36,6
205,74
6,80
172,18
132,65
66,07
99,45
Ces sept familles sont présentes dans les trois prairies à l’exception des Terebellidés, qui n’ont
pas été répertoriés dans la prairie de la « rivière ». Les effectifs cumulés de ces sept familles
représentent 98% du peuplement annélidien. Dans ce groupe, les Nereidés sont les plus
constants : ils ont été récoltés sur quinze des dix-sept stations réparties sur l’herbier à Zostera
noltii. Même en considérant individuellement les différentes prairies, les Nereidés demeurent
les plus fréquents. Cependant, ils ne sont pas les plus dominants. Etant parfois très peu
abondants dans certaines stations, ils ne représentent finalement que 14,2% de ce groupe des
annélides. Celui-ci est dominé par les Eunicidés qui représentent 36,1% des effectifs et dont
les densités (200,4ind/m²) sont très largement supérieures à celles des autres annélides. Juste
derrière arrivent les Cirratulidés caractérisés par une présence assez régulière et une
dominance de 20,5%.
Ces sept familles d’annélides se répartissent en trois catégories trophiques. Les
prédateurs auxquels appartiennent les Nereidés et les Eunicidés, représentent 51,2% des
effectifs. Les psammivores regroupant les Ariicidés et les Capitellidés totalisent 7,3% des
effectifs. La troisième et dernière catégorie, les déposivores, compte quant à elle trois
familles : Terebellidés, Spionidés et Cirratulidés qui cumulent ainsi 41,4% des effectifs.
46
Le reste du groupe est composé des espèces présentes dans la moitié des stations
positionnées sur cet herbier. Dans ce sous-groupe, les Spionidés et les Terebellidés se
distinguent par des densités relativement élevées qui résultent principalement d’abondances
ponctuelles dans certaines stations.
On retrouve en moyenne 5 familles par station. Les stations de la prairie des falaises et
de la rive sud de la baie sont celles où la diversité est la plus élevée. Les stations 24 et 27
situées sur cette prairie comptent chacune neuf familles d’annélides polychètes. Le maximum
est de sept familles pour la prairie du banc de sable à la station 37, et de sept familles
également pour la prairie de la « rivière » à la station R5E.
Les valeurs de diversité les plus faibles ont été enregistrées dans deux stations situées à la
lisière des prairies. Il s’agit des stations 39 et 25 localisées respectivement sur la limite
supérieure de la prairie des falaises et de la rive sud de la baie et sur la bordure inférieure de
celle du banc de sable.
II.1.2.4.2. Les mollusques
La malacofaune des prairies à Zostera noltii est dominée par les gastéropodes au sein
desquels le genre Hydrobia qui présente les densités les plus fortes (500 ind/m²) et les
lamellibranches, Cardium edule et des représentants de la famille des Lucinidés.
Tableau 3 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants de la
malacofaune des prairies à Zostera noltii
Familles
Hydrobia sp.
Gastéropde sp.
Cardium edule
Lucinidae
Fréquences
Dominances
6/17
5/17
4/17
10/17
55,3%
4,8%
2,9%
29,4%
Densités_moy
en m²
183,69
16,11
9,58
97,72
Ecart-type
438,13
43,27
24,93
204,37
Les Lucinidés sont les plus constants dans ces prairies, car ils ont été récoltés dans un
nombre majoritaire de stations. On les retrouve aussi bien dans les prairies de la baie que dans
celles de la « rivière ». Cependant leurs effectifs cumulés évalués à 29,4% ne sont pas
dominants. Ils se placent en effet derrière les Hydrobies (Hydrobia sp) qui totalisent 54,3%
des effectifs. Les Hydrobies sont beaucoup moins fréquents puisqu’ils ont été récoltés sur un
47
tiers des stations environ. Ces petits gastéropodes sont surtout présents dans la partie sud de la
prairie des falaises et de la rive sud de la baie où ils sont particulièrement denses.
Les Cardium edule n’ont pas été trouvés dans la « rivière ». Ils sont donc localisés sur
les prairies de la baie uniquement avec des effectifs relativement faibles.
Parmi les autres espèces peu fréquentes et en faibles densités on peut citer la praire
Venus verrucosa et un représentant de la famille des Solenidés.
Photo 7 : Prairie à Zostera noltii entrecoupée de
banquettes sableuses à ripple-marks
Photo 8 : Séance d’identification d’un échantillon
d’annélides polychètes
Spartina maritima
Zostera noltii
Photo 9 : Séance d’identification d’un échantillon
de mollusques
Photo 10 : Position bathymétrique des prairies
à Zostera noltii et Spartina maritima (Entrée rivière)
II.1.2.4.3. Les crustacés
Les crustacés récoltés dans les prairies à Zostera noltii appartiennent à différents
ordres des Tanaidacés, Isopodes, Amphipodes et Décapodes (Tableau 4).
48
Les Tanaidacés représentent 89,5% des effectifs. Ils sont présents dans pratiquement la moitié
des stations et sont crédités des densités les plus fortes. Les isopodes, parmi lesquels on
reconnaît des représentants des genres Idotea, Anthura sp., Dinamenea, présents dans plus de
la moitié des stations à faibles densités ont une dominance qui n’atteint pas 7%. Les
Amphipodes et les Décapodes récoltées uniquement dans les prairies de la baie sont
caractérisés par de faibles effectifs.
Tableau 4 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants
des crustacés des prairies à Zostera noltii
Familles
Tanaidacea
Isopodes (Idotea sp.,
Dinamenea ?)
Amphipode
Décapode (natatia sp.)
Anthura sp.?
Fréquences
Dominances
8/17
89,5%
9/17
6,8%
3/17
1/17
0,6%
3,1%
Densités_moy
en m²
169,3
12,84
1,088
5,876
Ecart-type
664,9
28,66
2,538
24,23
Au cours des échantillonnages benthiques nous avons récoltés quelques juvéniles de
poissons appartenant aux familles des Gobiidés, des Syngnathidés et même, … quelques
larves d’insectes coléoptères !
II.1.3. L’habitat à Spartina maritima
II.1.3.1. Localisation
L’habitat à Spartina maritima est constitué de deux prairies, l’une localisée dans la
baie, l’autre dans la « rivière ». Toutes deux sont développées sur d’importants dépôts de
sédiments sablo-vaseux (Carte 8).
II.1.3.2. Les prairies à Spartina maritima
II.1.3.2.1 La prairie de la baie
La prairie de la baie est située sur la rive sud-ouest. C’est une formation semicirculaire qui s’étend d’est en ouest sur un peu plus de 600 m et du nord au sud sur environ
450 m. Elle couvre une superficie d’environ 30 ha. Cette prairie est cernée au nord, à l’est et
au sud par un herbier à Zostera noltii, et à l’ouest par l’habitat des sédiments sablo-vaseux à
Uca tangeri.
49
50
Le substrat de la prairie est intensément bioturbé : les crabes Uca tangeri y creusent de
très nombreuses et profondes galeries. On y note également la présence de periophthalmes,
poissons caractéristiques des mangroves ouest-africaines, surtout affirmée dans la zone de
colonisation pionnière. Cette dernière est caractérisée par la présence de petites touffes de
spartines isolées les unes des autres, constituées de plantes de 15 à 25 cm de haut, tandis que
dans la partie supérieure de la prairie proprement dite, elles mesurent de 30 à 50 cm. Leur
système racinaire s’étend sur plusieurs dizaines de centimètres de profondeur. Le
recouvrement, de l’ordre de 60 à 70%, est uniforme sur l’ensemble de la prairie. La hauteur
des spartines augmente progressivement vers les niveaux bathymétriques inférieurs où, à la
faveur des durées d’immersion élevées et de l’épaisseur de la couche d’eau recouvrant la
prairie, elle atteint près de 90 cm. Dans ce dernier secteur, la prairie est parsemée de criches
de forme circulaire de 1,5 à 2 m de diamètre et entrecoupée par de longs chenaux de 1 à 2 m
de larges colonisés par Zostera noltii et de rares Cymodocea nodosa.
Photo 11 : Vue aérienne de la prairie à Spartina maritima de la Baie
(Broquere M. & Nancy S.)*
II.1.3.2.2. La prairie de la « rivière »
Elle est constituée de deux entités majeures entre lesquelles se positionnent de petites
taches isolées. La première est située dans la partie basse de la « rivière» sur la rive Est ; sa
longueur est de 350 m et sa largeur de 25 à 30 m. La seconde s’étend sur la partie moyenne
de la « rivière » jusqu’à son extrémité sud, sur une distance d’un peu moins de 2 km. Le long
*
Ils sont aussi les auteurs de la photo de la page de garde.
51
de cette portion médiane, les formations à Spartina maritima qui occupent les deux rives sont
séparées par le chenal principal de la « rivière » colonisé par Zostera noltii. La formation de la
rive ouest est continue et large. Celle de la rive est est discontinue et plus étroite. Les deux
formations se rejoignent à 300 m environ de l’extrémité sud de la « rivière » pour ne plus en
former qu’une seule.
A l’instar de ce que l’on observe dans la baie, la prairie à Spartina maritima de la
« rivière » est relayée vers les niveaux bas par un habitat à Zostera noltii et à sa partie
supérieure par celui des sédiments sablo-vaseux à Uca tangeri. De même, on y note des
différences notables de hauteur entre les plantes des niveaux supérieurs, moyens et inférieurs.
Les plantes des marges externes mesurent entre 20 à 30 cm de haut, alors que celles en
bordure du chenal atteignent entre 70 et 90 cm. La prairie est parcourue par un chevelu de
petits chenaux et parsemée de criches semblables à celles de la prairie de la baie. Lorsque ces
enclaves retiennent de l’eau à marée basse, il n’est pas rare d’y observer de très jeunes
poissons en grande abondance. Le fond de ces cuvettes peut aussi être tapissé de Zostera
noltii et/ou recouvert d’algues filamenteuses du type Vaucheria. La prairie héberge des
périophthalmes et de nombreuses colonies d’Uca tangeri dont l’orifice des galeries révèle la
présence. La superficie occupée par la prairie de la « rivière » est d’environ 41 ha.
Les deux prairies à spartines sont visitées quotidiennement par des troupeaux de dromadaires.
Celle de la rive ouest est la plus fréquentée, car la plus proche de la ville et des campements
de chameliers situés le long de la route, bien qu’on puisse observer parfois quelques
troupeaux sur celle la rive est. Ces animaux broutent aussi bien les plantes sur pieds que celles
de la laisse de mer. Ces dernières sont ramassées quotidiennement et acheminées par voiture à
destination du parc animalier où sont retenus les dromadaires en attente d’abattage.
II.1.3.3. Le peuplement et les populations dominantes
Contrairement à ce qui a été observé pour les prairies à Zostera noltii, le peuplement
de celles à Spartina maritima est très largement dominé par la malacofaune qui représente
près de ¾ des effectifs. Les annélides polychètes et les crustacés totalisent respectivement
24 % et 3,5 % des effectifs.
52
Autres
Crustacés
Annélides
Polychètes.
Annélides
Polychètes.
Mollusques
Crustacés
Autres
Mollusques
Figure 8 : Dominances des groupes zoologiques de l’habitat des prairies à spartines
II.1.3.3.1. Les mollusques
Au sein de la malacofaune, les Gastéropodes représentent 60,3 % des effectifs et les
lamellibranches 39,7 %. Parmi les Gastéropodes, Hydrobia sp. est présent sur l’ensemble des
prairies et la majorité des stations avec des abondances et des densités relativement élevées.
Du côté des lamellibranches, on trouve des Lucinidés et des Scrobiculariidés (Abra tenuis).
Des valeurs élevées d’abondances et de densités des Lucinidés ont surtout été notées au
niveau des stations de l’extrémité sud de la « rivière ». Pour sa part, Abra tenuis n’a été
récolté que dans la « rivière », où ses effectifs sont relativement faibles.
Tableau 5 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants
de la malacofaune des prairies à Spartina maritima
Familles
GASTEROPODES
Hydrobiidae
Hydrobia sp.
Gastéropodes indéterminés
LAMELLIBRANCHES
Lucinidae
Scrobiculariidae
Abra tenuis
Fréquences
Dominances
Densités_moy en
m²
Ecart-type
6/9
6/9
52,72%
7,59%
254,6
36,6
611,9
66,4
3/9
35,40%
170,9
536,7
3/9
4,29%
20,7
45,2
53
II.1.3.3.2. Les annélides polychètes
Les annélides polychètes recueillis dans les prairies à Spartina maritima appartiennent
à cinq familles. Les représentants de deux d’entre elles seulement, Terebellidae et Nereidea,
sont présents à la fois dans la baie et dans la « rivière ». Aucun représentant des différentes
familles n’a été observé dans les neuf stations d’échantillonnage.
Tableau 6 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants
des annélides polychètes des prairies à Spartina maritima
Familles
Fréquences
Dominances
Terebellidae
Nereidae
Nereis diversicolor,
Nereis caudata Nereis
sp1,
Nereis sp2
Cirratulidae
Eunicidae
Syllidae
7/9
73,7%
Densités_moy
en m²
132,4
6/9
17,4%
31,2
37,3
3/9
3/9
1/9
4,6%
4,1%
0,2%
8,2
7,4
0,4
16,6
12,1
1,2
Ecart-type
152,4
Les Terebellidés appartiennent quasiment à une seule et même espèce et se caractérisent par
leur fréquence élevée. En effet, ils sont présents dans sept des neuf stations échantillonnées.
Les deux stations dont ils sont absents se situent respectivement dans les parties hautes de la
« rivière » (1) et de la baie (17) soumises aux plus forts degrés d’émersion. Ils dominent très
largement le peuplement annélidien (73,7%) et leur densité moyenne est relativement élevée
(170 ind/m²). Ils constituent une composante originale du benthos de la Baie de l’Etoile. Ils
n’ont pas d’équivalents dans les prairies à Spartines des mers du Nord-ouest de l’Europe
(Retière, op.cit.). En raison de leur régime alimentaire, ils jouent très certainement un rôle
capital dans le fonctionnement du compartiment benthique de la Baie de l’Etoile. Il
conviendrait, tant du point de vue systématique que biologique et écologique, qu’une attention
toute particulière leur soit accordée. A leur rôle fonctionnel de "deposit-feeders/filtreurs" se
joint celui des cirratulidés dont l’abondance varie d’une station
l’autre. A l’opposé, la
diversité spécifique au sein de la famille des Nereidés est à souligner même si l’espèce Nereis
diversicolor, est largement dominante à l’instar de ce qui est connu des marais salés des mers
européennes. Plus originale est la présence dans cet habitat à spartines d’Eunicidés qui
ajoutent leur fonction de prédateurs à celle des Nereidés.
54
II.1.3.3.3. Les crustacés
Les crustacés récoltés de l’habitat à Spartina maritima appartiennent aux trois ordres
suivants : Tanaidacés, Amphipodes et Décapodes. Les Amphipodes sont répartis sur six
stations dont quatre situées dans la « rivière » et deux dans la baie tandis que les Décapodes
tout comme les Tanaidacés proviennent chacun d’une seule station localisée dans la baie
(Tableau 7). La répartition des effectifs entre les trois taxons est largement en faveur des
Amphipodes qui totalisent 92,7 % des effectifs.
Tableau 7 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants
des crustacés des prairies à Spartina maritima
Tanaidacés
Amphipodes
Décapodes (natantia sp.)
Fréquences
Dominances
1/9
6/9
1/9
1,8%
92,7%
5,5%
Densités_moy
en m²
0,41
20,97
1,23
Ecart-t-ype
1,23
43,19
3,70
Tout comme les échantillons prélevés dans les prairies à Z. noltii, des larves d’insectes
et des Gobidés ont été trouvés dans ceux des prairies à Spartina maritima.
II.1.4. L’habitat "herbier à Cymodocea nodosa"
II.1.4.1. Localisation
L’herbier à Cymodocea nodosa n’est pas exclusivement intertidal. Il se partage entre
la baie où il constitue de véritables prairies et la « rivière » où il est distribué en taches.
II.1.4.2. Les prairies
II.1.4.2.1. La prairie de la baie
La prairie de la baie s’étend sans discontinuer du nord-ouest au sud-est, depuis les
abords des champignons gréseux jusqu’à la rive sud de la baie ; elle se retrouve également de
part et d’autre de la prairie à Zostera noltii du banc de sable (Carte 9). Elle couvre une
superficie d’environ 113 ha.
Sur le plan bathymétrique, la prairie à Cymodocea nodosa de la baie succède à celles à
Zostera noltii, situées plus haut en altitude.
55
56
Les zones de contacts entre les deux prairies se caractérisent par un mélange des deux
espèces. C’est en général Cymodocea nodosa qui y domine. Le recouvrement y est de l’ordre
de 60 à 80 %. Mais celui-ci diminue au fur et à mesure que la profondeur augmente. En effet,
dans les secteurs plus profonds, la prairie apparaît de moins en moins dense et la proportion
de sol nu finit même par devenir supérieure à celles des sédiments colonisés.
II.1.4.2.2. Les taches de Cymodocés de la « rivière »
Dans la partie basse de la « rivière », la distribution spatiale de Cymodocea nodosa est
limitée au chenal lui-même. Dans la partie médiane de la « rivière », on la rencontre dans de
petites cuvettes toujours immergées, dispersées au milieu de la prairie à Zostera noltii.
II.1.4.3. Le substrat
Contrairement aux phanérogames Z. noltii et S. maritima, Cymodocea nodosa n’est
pas implantée sur des dépôts sédimentaires sablo-vaseux. Comme en atteste les résultats des
analyses granulométriques (Figures 9 et 10), elle s’établit sur un fond sableux stable dont le
sédiment oxydé comporte de très légères traces de réduction en profondeur.
Résidus (%)
120,00%
100,00%
Sable fin
Résidu (%)
80,00%
Sable grossier
60,00%
Résidu cumulé
(%)
40,00%
Sable moyen
Sable fin
20,00%
0,00%
2,
00
1,
00
0,
40
0,
16
0
0,
06
3
Sable
moyen
Sable
grossier
Vase
Vase
Diamètres
Figure 9 (à gauche) : Courbe granulométrique du substrat de l'habitat herbier à Cymodocea nodosa
Figure 10 (à droite) : Classes granulométriques du substrat de l'habitat herbier à Cymodocea nodosa
II.1.4.4. Le peuplement et les populations
Le peuplement est constitué d’annélides polychètes et de mollusques qui représentent
respectivement 58 et 42 % de la macrofaune totale.
57
Mollusques
Annélides
Polychètes.
Annélides
Polychètes.
Mollusques
Figure 11 : Dominances des groupes zoologiques de l’habitat
herbier à cymodocés
II.1.4.4.1. Les annélides polychètes
Quatre familles sont représentées : Nereidae, Eunicidae, Glyceridae et Cirratulidae. Le
peuplement est nettement dominé par les Nereidés qui détiennent (45,5 %) des effectifs, suivis
par les Eunicidés (36,4 %), les Glyceridés (9,1 %) et les Cirratulidés (9 %).
Tableau 8 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants
des annélides polychètes de l’herbier à Cymodocea nodosa
Familles
Fréquences
Dominances
Densités_moy
en m²
Ecart-t-ype
4/4
45,5%
11,125
4,45
3/4
36,4%
8,90
7,27
1/4
9,1%
2,23
4,45
1/4
9,1%
2,23
4,45
Nereidae
Nereis sp, Platynereis sp.
Eunicidae
Diopatra sp., Lumbrinereis sp.
Glyceridae
Glycera sp.
Cirratulidae
Audounia sp.
Les représentants des Nereidés sont rencontrés dans les quatre stations prospectées ; ils se
partagent entre trois genres Nereis sp., Platynereis sp., et Perinereis sp. Il est intéressant de
noter la place que tiennent, dans le peuplement annélidiens, les représentants des Eunicidés,
(Diopatra sp., Lumbrinereis sp) et des Glycéridés (Glycera sp.) accordant ainsi aux prédateurs
un rôle fonctionnel prépondérant.
58
II.1.5. L’habitat des sables propres dunaires à Uca tangeri
II.1.5.1. Localisation
L’habitat des sables propres dunaires à Uca tangeri est localisé à l’est et au nord de la
baie (Carte 10). Son tracé est parallèle à celui de l’habitat des sables à Cardium edule auquel
il est contigu. Tout comme ce dernier, il forme un croissant qui débute à l’extrémité sud de la
flèche de sable et se termine aux pieds des falaises du nord-ouest de la baie.
II.1.5.2. Substrat
Il est formé d’un matériel sédimentaire identique à celui des dunes barkhanes toutes
proches. C’est un sédiment à texture fine composé de 98% de sables fins (Figures 12 et 13).
120,00%
Résidus (%)
100,00%
Résidus (%)
80,00%
60,00%
Sable
grossier
Résidus
cumulés(%)
40,00%
Vase
Sable moyen
Sable grossier
Sable moyen
Sable fin
20,00%
Vase
0,00%
2,
00
1,
25
0,
63
0,
40
0,
20
0
0,
10
0
0,
06
3
Sable fin
Diamètres
Figure 12 (à gauche) : Courbe granulométrie de l'habitat des sables propres dunaires à Uca tangeri
Figure 13 (à droite) : Classes granulométriques de l'habitat des sables propres dunaires à Uca tangeri
II.1.5.3. Le peuplement et les populations
Cet habitat est truffé de galeries à Uca tangeri (Photo 8). La présence de celles-ci est
particulièrement notable dans la partie méridionale de l’habitat. Les crabes sortent de leurs
terriers à marée basse pour s’alimenter sur les sables à cardium et sur la prairie à Zostera notii
toute proches.
Cet habitat, dans sa partie méridionale, correspond à l’une des principales zones de
repos des oiseaux d’eau fréquentant la Baie de l’Etoile (voir chapitre III). En effet, à marée
haute lorsque les zones d’alimentation sont immergées, on y observe des effectifs importants
de plusieurs espèces d’oiseaux.
59
60
II.1.6. L’habitat des sédiments sablo-vaseux à Uca tangeri
II.1.6.1. Localisation
L’habitat des sédiments sablo-vaseux à Uca tangeri est présent dans la baie
proprement dite et dans la « rivière » (Carte 11). Dans la baie, il se situe entre la prairie à
Spartines à l’est et les falaises à l’ouest. Dans la « rivière », on le retrouve entre les spartines
et la laisse de haute mer. Cependant, dans la partie basse de la « rivière », il est localisé
exclusivement sur la rive est, tandis sur les parties moyenne et haute, il est présent sur les
deux rives.
II.1.6.2. Peuplement et populations
La densité des terriers de crabes a été évaluée sur quadrats de 25 m². Elle a pu ainsi
être estimée entre 30 000 et 50 000 terriers/ha. Lorsque l’habitat est exondé à marée basse, les
crabes sortent de leurs abris et forment d’impressionnantes colonies en surface. Visiblement
très sensibles, ils peuvent alors regagner instantanément leurs refuges à la moindre
perturbation extérieure. L’activité biologique des crabes se traduit par des traces de
bioturbation. En effet, tout autour des terriers, le sédiment rejeté forme des monticules (Photo
9) sur lesquels apparaissent parfois de très légères traces de réduction.
Cet habitat est également fréquenté par de petits limicoles que l’on peut observer en
train de s’alimenter (voir chapitre III). Enfin, cet habitat peut également comporter des traces
de prélèvement laissées par les mulets qui engloutissent ainsi d’importantes quantités de
sédiment dans lequel ils recherchent des diatomées.
61
62
II.1.7. L’habitat des sables grossiers caillouteux à algues calcaires et éponges
II.1.7.1. Localisation
Cet habitat intertidal situé devant le centre de pêche sportive (CPS) occupe la moitié
sud du chenal d’entrée de la Baie de l’Etoile (Carte 12).
II.1.7.2. Le substrat
Le substrat à la surface duquel on note la présence d’éléments gravelo-caillouteux,
support d’épifaune et d’épiflore, est constitué d’un sédiment hétérogène mêlant sables fins
(43,1%), sables grossiers (34,7%) et sables moyens (19,4%), le tout reposant plus ou moins
profondément sur le prolongement d’un platier rocheux (Figures 14 et 15).
120
Résidus (%)
100
80
Vase
Résidus
Sable go ssier
60
Résidus
cumulés
40
Sable go ssier
Sable mo yen
Sable très fin
Sable très fin
Vase
20
0
Sable mo yen
Diamètres
Figure 14 (à gauche) : Courbe granulométrique de l'habitat des sables grossiers caillouteux à algues et éponges
Figure 15 (à droite) : Classes granulométriques de l'habitat des sables grossiers caillouteux à algues et éponges
Les algues calcaires encroûtantes et arbusculaires (maërl) et les éponges se rencontrent,
majoritairement, au bas de l’estran lors des fortes marées (Photo 10). Cet habitat se prolonge
probablement dans le domaine subtidal.
La faune endogée récoltée sur cet habitat est relativement pauvre. L’un de ses représentants
caractéristiques est un annélide polychète tubicole de la famille des Maldanidés appartenant
au genre Petaloproctus connu des habitats équivalents des mers tempérées européennes.
A l’ouest de cet habitat, à proximité des herbiers à Zostera noltii, nous avons reconnu un
habitat de transition dont le substrat est un sable plutôt propre et dont l’endofaune est dominée
par une espèce d’annélide polychète Maldanidae du genre Leichone exerçant une action de
bioturbation importante. Cet habitat de transition est très fréquenté à marée basse par les
limicoles qui s’y alimentent.
63
64
II.1.8. La sebkha à tapis algaire
II.1.8.1. Localisation
La sebkha se situe à l’extrémité nord de la baie (Carte 13). Elle est délimitée à l’est par
une dune barkhane, au nord et à l’ouest par des falaises et au sud par l’habitat des sables
dunaires à Uca taneri. Elle s’étend d’Est en ouest sur 2 km et du nord au sud sur un peu plus
de 1,5 km. Elle est immergée à l’occasion des marées de forts coefficients. On retrouve une
telle formation géomorphologique à l’extrémité sud de la « rivière » et dans la zone de
l’aéroport située plus sud, longue et large respectivement de 4 km et 1,3 km. Sa superficie est
d’environ 222 ha.
II.1.8.2. Substrat
Cette sebkha présente un faciès d’un type un peu particulier : c’est une vaste étendue
plane de couleur noirâtre. Selon Piessens (1979), la couleur noire est due à des dépôts
d’algues telles les Cyanophyceae qui forment un tapis de quelques millimètres d’épaisseur
recouvrant l’important banc de sables dunaires sous-jacent.
65
66
II.2. Les Habitats subtidaux
II.2.1. L’habitat des sédiments fins sablo-vaseux immergés
II.2.1.1. Localisation
Cet habitat qui s’étend sur environ 186 ha est limité au centre nord de la baie, dans
une zone relativement profonde qui ne découvre jamais (Carte 14). Il est délimité au nord et
au nord-est par l’habitat des sables à Cardium, à l’ouest et au sud par la prairie à Cymodocea
nodosa.
II.2.1.2. Substrat
Le substrat de cet habitat est caractérisé par l’absence de couverture végétale et la
présence à sa surface et en son sein de nombreux débris coquilliers. L’histogramme des
classes granulométriques est polymodal montrant ainsi une certaine hétérogénéité du sédiment
(Figure 16). Celui-ci, malgré tout dominé par les sables fins (64%), contient en égales
quantités une proportion de sables moyens et de sables grossiers (14%) ainsi que de la vase
(8%) (Figure 17).
120,00%
Résidus (%)
100,00%
Sable gro ssier
Vase
80,00%
Résidus (%)
60,00%
Sable mo yen
Résidus cumulés
(%)
40,00%
Sable gro ssier
Sable mo yen
20,00%
Sable fin
Vase
0,00%
2,
00
1,
25
0,
63
0,
40
0,
20
0
0,
10
0
0,
06
3
Sable fin
Diamètres
Figure 16 (à gauche) : Courbe granulométrie de l'habitat des sédiments sablo-vaseux immergés
Figure 17 (à droite) : Classes granulométriques de l'habitat des sédiments sablo-vaseux immergés
67
68
II.2.1.3. Le peuplement et les populations
Les annélides polychètes constituent quasiment la moitié du peuplement (48%).
L’autre moitié est composée de mollusques (35%) et de crustacés (17%) (Figure 18).
Annélides
Polychètes.
Crustacés
Annélides
Polychètes.
Mollusques
Crustacés
Mollusques
Figure 18 : Dominances des groupes zoologiques de l’habitat des sédiments
sablo-vaseux immergés
II.2.1.3.1. Les annélides polychètes
Les annélides polychètes appartiennent à six familles qui ne sont pas toutes
représentées dans chaque station (Tableau 9).
Tableau 9 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants des annélides polychètes
de l’habitat des sédiments fins sablo-vaseux immergés
Familles
Fréquences
Dominances
5/6
4/6
3/6
1/6
1/6
1/6
32,0%
28,0%
24,0%
4,0%
8,0%
4,0%
Eunicidae (Diopatra sp. (?), Lumbrinereis sp.)
Maldanidae (Clymene)
Terebellidae (Terebellidae sp.1, Pista custata (?))
Cirratulidae audouinia?
Nereidae (Nereis sp.2: ponctué de points noirs)
Spionidae (vivant dans un tube recouvert de vase)
Densités_moy
en m²
11,87
10,38
8,90
1,48
2,97
1,48
Ecarttype
9,19
10,40
11,26
3,63
7,27
3,63
Ce groupe zoologique est dominé par les Eunicidés, présents dans cinq des six stations
prospectées qui, à travers deux genres principaux, Diopatra sp. et Lumbrinereis sp.,
représentent 32% des effectifs. La dominance des Maldanidés représentés par une seule
espèce, Clymene sp., est légèrement inférieure (28%). Parmi les Terebellidés récoltés dont la
dominance est d’environ 24%, deux individus ont pu être rapportés à l’espèce Pista cristata
69
qui dans les mers peu profondes du nord-ouest européen est caractéristique du peuplement des
sédiments envasés plus ou moins hétérogènes.
II.2.1.3.2. Les mollusques
Neuf éléments constituent le cortège faunistique des mollusques incluant des
lamellibranches, que celui des gastéropodes inclus, Ils sont au nombre de neuf : Gari sp.,
Nucula sp., Dosinia sp., Tellinudae sp., Venerupis sp., Gastéropode (Natica sp.), Gastéropode
(Nassarius sp.), Hacmea et Lamellibranche.
Ils se répartissent en deux groupes : d’un côté les mollusques présents au moins en deux
stations et comptant deux à quatre individus et de l’autre ceux dont on ne dénombre qu’un
individu. Le premier groupe est dominé par Dosinia sp. et les Tellinidea ind. qui totalisent
chacun 22,2% des effectifs.
Tableau 10 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants
de la malacofaune de l’habitat des sédiments fins sablo-vaseux immergés
Familles
LAMELLIBRANCHES
Gari sp.
Nucula sp.
Dosinia sp.
Tellinidae ind
Venerupis sp.
Thracia sp.
GASTEROPODES
Natica sp.
Nassarius sp.
Acmea sp.
Fréquences
Dominances
Densités_moy
en m²
Ecart-type
2/6
2/6
2/6
2/6
1/6
1/6
11,1%
16,7%
22,2%
22,2%
5,6%
5,6%
2,97
4,45
5,93
5,93
1,48
1,48
4,60
7,45
10,78
9,19
3,63
3,63
1/6
1/6
1/6
5,6%
5,6%
5,6%
1,48
1,48
1,48
3,63
3,63
3,63
II.2.2. L’habitat des sables fins propres oligo-spécifiques du chenal
II.2.2.1. Localisation
Cet habitat exclusivement subtidal occupe la moitié nord du chenal d’entrée de la baie
de l’Etoile et le flanc sud de la prairie à Zostera noltii du Banc de sable (Carte 15). Il s’étend
d’est en ouest sur une distance d’environ 1000 m et sa largeur est de 300 m en moyenne. Il est
délimité au sud par l’habitat des sédiments grossiers à algues calcaires et spongiaires et la
prairie à Cymodocea nodosa de la baie et à l’ouest par cette même prairie. Sa superficie est
d’environ 76 ha.
70
71
II.2.2.2. Le substrat
Il est constitué d’un sédiment fin propre dont les éléments sont particulièrement
mobiles. Deux catégories sédimentaires le caractérisent : les sables fins (88%) et les sables
moyens 11% (Figures 19 et 20).
120,00%
Résidus (%)
100,00%
80,00%
Vase
Résidus (%)
60,00%
Sable
grossier
Sable
moyen
Résidus
cumulés (%)
40,00%
Sable grossier
Sable moyen
Sable fin
Vase
20,00%
Sable fin
”0,04
0,063
0,100
0,40
0,200
0,63
1,25
2,00
0,00%
Diamètres
Figure 19 (à gauche) : Courbe granulométrique de l'habitat des sables oligo-spécifiques du chenal
Figure 20 (à droite) : Classes granulométriques de l'habitat des sables oligo-spécifiques du chenal
II.2.2.3. Peuplements et populations
Le peuplement de cet habitat, constitué exclusivement d’annélides polychètes
(Syllidae et Ariciidae du genre Scolopolos) et de crustacés (Amphipodes), est extrêmement
pauvre autant en nombre d’espèces qu’en nombre d’individus (Figure 21).
Annélides
polychètes
Annélides
polychètes
Crustacés
Crustacés
Figure 21: Dominances des groupes zoologiques de l’habitat
des sables fins oligo-spécifiques du chenal
72
CONCLUSION
La stratégie d’échantillonnage mise en œuvre a permis d’identifier, de localiser et
d’estimer les superficies des habitats benthiques de la Baie de l’Etoile. Cet écosystème de
taille relativement modeste se caractérise par la très grande diversité des habitats en présence
dont les superficies cumulées sont d’environ 1100 ha soit 11 km² (Tableau 11 et Carte 8).
Comme l’illustre le tableau récapitulatif ci-dessous (Tableau 11) les habitats
benthiques peuvent être classés en deux catégories selon leur taille : les habitats dont la
superficie est relativement importante (superficie supérieure à 100 ha) et ceux dont la taille est
plus restreinte (superficie inférieure à 50 ha). Cependant, plus que le critère de taille, c’est le
critère fonctionnel qui est essentiel. Ainsi on peut distinguer des habitats à superficie
importante mais dont le rôle fonctionnel est probablement moindre comme par exemple, la
sebkha algaire ou encore l’herbier à Cymodocea nodosa, ainsi qu’en attestent les résultats
sommaires de composition faunistique, et des habitats à superficie faible mais qui peuvent
être d’un grand intérêt. Tel semble être notamment le cas de l’habitat des sédiments sablovaseux à Uca tangeri marqué par une intense activité biologique des crabes et des limicoles.
Tableau 11 : Récapitulatif des habitats benthiques de la Baie de l’Etoile et de leurs superficies
Types d’habitats
Sables à Cardium edule
Herbier à Zostera noltii
Habitat à Spartina maritima
Herbier à Cymodocea nodosa
Sables propres dunaires à Uca tangeri
Sédiments sablo-vaseux à Uca tangeri
Sables grossiers caillouteux à algues calcaires et éponges
Sebkha à tapis algaire
Sédiments fins sablo-vaseux immergés
Sables fins propres oligo-spécifiques du chenal
Superficies en ha
111
133
72
113
111
32
40
222
186
75
Malgré les problèmes rencontrés au niveau de l’identification de la faune benthique,
les résultats obtenus suggèrent que cette dernière présente néanmoins un grand intérêt au plan
systématique et biologique. Il en est ainsi, par exemple, des Terebellidés peuplant l’habitat à
Spartina maritima qui n’a pas son équivalent dans les marais salés européens. Son intérêt se
mesure aussi par rapport aux densités relativement importantes des annélides polychètes et de
certains mollusques tels que Hydrobia sp. et Abra tenuis qui constituent une nourriture
potentielle pour les poissons et les oiseaux fréquentant la Baie de l’Etoile.
73
74
CHAPITRE II
LE PEUPLEMENT DE
POISSONS
75
INTRODUCTION
Dans le chapitre précédent nous avons présenté la zonation écologique et l’inventaire
des habitats benthiques de la Baie de l’Etoile. Cet écosystème présente le profil
géomorphologique et les caractéristiques écologiques correspondant aux signalements des
eaux côtières abritées qui regroupent les milieux lagunaires, estuariens et les baies. Ces
écotones sont reconnus comme jouant plusieurs fonctions écologiques pour la protection de la
faune et la conservation de biotopes particuliers indispensables au maintien de la biodiversité
marine (Barnabé, 1997). En effet, plusieurs études réalisées à travers le monde ont démontré
que les eaux côtières abritées constituent des zones de nourriceries où les poissons trouvent,
durant leurs stades larvaires et juvéniles, des conditions de développement et de croissance à
l’abri des prédateurs ainsi que des agitations des eaux du large (Lévêque, 1996).
En Mauritanie, le système formé par le Banc d’Arguin et la Baie du Lévrier, qui est une
structure abritée, est considérée depuis longtemps déjà comme un lieu de reproduction de
plusieurs espèces de poissons. Ce constat est le résultat de plusieurs études, (Bruhlet et al.,
1974 ; Gaudechoux, 1983 ; Boukatine et al., 1986) conduites dans le cadre des campagnes de
chalutage pour l’évaluation des ressources halieutiques des côtes mauritaniennes. Il a été
confirmé par les travaux de Francour (1988) et Jager (1990 ; 1993) consacrés à la fraction
juvénile du peuplement de poissons du Banc d’Arguin.
Pour la Baie du Lévrier, cette problématique a été abordée par Daniel Leung Tack qui a
réalisé un suivi de la fraction juvénile des peuplements de poissons de la Baie de l’Etoile et de
la Baie de Cansado, située à environ 15 km plus au sud (Leung, non publié). Il a pu ainsi
étudier la structure démographique et les vitesses de croissance des juvéniles des espèces
récoltées. Il a constaté que les juvéniles trouvés à la Baie de l’Etoile grandissaient plus vite
que ceux de la Baie de Cansado. Il a attribué cette différence de croissance à la présence des
marais salés et à une configuration plus abritée au niveau de la Baie de l’Etoile par rapport à
la Baie de Cansado qui est, quant à elle, dépourvue d’herbiers et très largement ouverte.
Malgré l’intérêt des connaissances apportées par ces différentes études, il demeure
plusieurs inconnues sur cet aspect du fonctionnement écologique de cet écosystème dans la
mesure où elles ne ciblaient qu’une catégorie restreinte des peuplements de poissons des
zones concernées, à savoir la fraction juvénile. Par ailleurs, les résultats obtenus sur le Banc
76
d’Arguin sont issus d’observations très limitées dans le temps et dans l’espace. Ceux relatifs à
la Baie du Lévrier ont été acquis grâce à un échantillonnage réalisé avec une senne de plage
dont l’efficacité est géographiquement très restreinte.
Cela étant, il est nécessaire d’élargir les connaissances sur la composition spécifique du
peuplement de poissons, sa diversité, les abondances relatives des différentes espèces, sa
variation spatiale et saisonnière, sa structure démographique. Ainsi, notre ambition dans ce
chapitre n’est pas de compléter les connaissances acquises mais de les améliorer dans une
perspective de gestion de la Baie de l’Etoile. Ce faisant nous avons mis au point un protocole
d’échantillonnage différent mais validé par ailleurs.
I. MATERIELS et METHODES
Avant d’aborder le protocole d’échantillonnage, il convient de donner un bref aperçu
des facteurs hydro-climatiques marquants du contexte océanographique local, dont de
nombreuses études ont établi le lien étroit qu’ils ont notamment avec la dynamique de
l’ichtyofaune.
I.1. Contexte océanographique
La présentation des données océanographiques est fondée sur les résultats
(Tchernichkov et Damiano, 1985 ; Dobrovine et al., 1990) qui décrivent en détails l’hydroclimatologie de la Baie du Lévrier dans lequel la Baie de l’Etoile est incluse.
I.1.1. Les courants et masses d’eau océaniques
Les côtes mauritaniennes sont baignées par deux principaux courants marins : le
courant des Canaries et le courant de Guinée. Le courant des Canaries représente la
composante océanique de l’alizé maritime des Açores établi sur les mêmes latitudes. Il est
permanent le long des côtes mauritaniennes. Le courant des Canaries transporte des eaux
froides appelées « eaux canariennes » caractérisées par des températures inférieures à 20 °C et
des salinités supérieures à 35 ‰. Le courant de Guinée est lui aussi associé à la mousson. Il
remonte les côtes ouest-africaines du sud vers le nord en même temps que le Front
InterTropical (FIT). Il parvient aux latitudes du Cap Blanc et de la Baie du Lévrier en aoûtseptembre, apportant des masses d’eaux dénommées « eaux guinéennes » ou « eaux
libériennes » dont les caractéristiques physico-chimiques sont opposées à celles des eaux
canariennes (température >20°C et salinité <36 ‰).
77
Outre les masses d’eaux associées aux courants océaniques, les côtes mauritaniennes
sont également marquées par la présence des eaux d’upwelling.
Les eaux d’upwelling sont essentiellement liées à l’activité éolienne et en particuliers aux
vents du nord-est (NNE et NE). Ces derniers charrient vers le large les eaux chaudes de
surface et permettent ainsi la remontée des eaux froides des profondeurs : c’est l’upwelling
(Roy, 1991). Les eaux d’upwelling sont riches en nutriments et l’upwelling est considéré
comme le principal phénomène à l’origine de la richesse ichtyologique des côtes
mauritaniennes. Les températures des eaux d’upwelling varient entre 14 et 17 °C.
I.1.2. Les saisons hydro-climatiques
Les données relatives aux variations spatio-temporelles des courants océaniques et des
masses d’eaux qui se manifestent sur les côtes mauritaniennes ont permis d’aboutir à un
découpage assez tranché des saisons hydroclimatiques. On distingue deux grandes saisons
séparées par deux intersaisons :
- saison froide : elle commence en janvier au moment où les températures de l’eau sont les
plus basses du fait de la présence des masses d’eau canariennes. La saison froide prend fin en
mai ;
- l’intersaison, saison froide-saison chaude : elle marque le passage de la saison froide vers la
saison chaude. Elle dure deux mois, de juin à juillet. Cette transition, marquée par une
recrudescence des alizés, semble constituer une période d’intense activité des upwellings ;
- saison chaude : elle débute au mois d’août et se termine en octobre. Elle est marquée par
l’intrusion des eaux guinéennes caractérisées par des températures assez élevées ;
- l’intersaison, saison chaude-saison froide : elle dure également deux mois, novembre et
décembre. C’est la période au cours de laquelle le front thermique entame son retrait vers le
sud repoussé par les alizés du Nord et le courant des Canaries.
I.2. Stratégie d’échantillonnage
I.2.1. Techniques d’échantillonnage
Il existe plusieurs techniques d’échantillonnage des peuplements de poissons. La
pêche expérimentale au filet est la technique retenue dans le cadre de cette étude. Ce choix est
motivé par des impératifs d’ordre logistique mais aussi par le souci de se conformer aux
78
méthodes employées par différents auteurs ayant travaillé sur les mêmes problématiques en
Afrique de l’Ouest. La mise en œuvre de techniques harmonisées voire standardisées, facilite
ainsi la comparaison et la discussion des résultats obtenus sur les différents écosystèmes
étudiés.
I.2.1.1. Choix des engins de pêche
Les pêches expérimentales au filet peuvent être réalisées à l’aide de plusieurs types
d’engins de pêche. Cependant, aucun engin de pêche ne permet à lui seul de réaliser un
échantillonnage entièrement satisfaisant. C’est pourquoi pour obtenir des échantillons
suffisamment représentatifs du peuplement, certains auteurs n’hésitent pas à combiner de
nombreux engins de pêche. Mais si cette solution permet un meilleur maillage spatial, elle
peut aussi devenir une contrainte supplémentaire à deux niveaux : l’association de plusieurs
engins de pêches implique davantage de moyens à mobiliser et présente aussi l’inconvénient
d’introduire des biais lors de l’interprétation des résultats.
Dans les travaux effectués en Afrique de l’Ouest, les engins les plus couramment utilisés
sont la senne tournante coulissante, la senne de plage, le filet maillant fixe, le filet maillant
dérivant, le filet trémail et le filet verveux.
Le choix de engins utilisés dans cette étude a été opéré à l’issue d’une analyse de leurs
avantages et de leurs limites mais aussi en tenant compte des objectifs de l’étude et des
moyens à disposition.
I.2.1.1.1. La senne tournante coulissante
La senne tournante est l’engin le plus usité dans les études réalisées en Afrique de
l’Ouest (Baran1995 ; Diouf 1996 ; Albaret et al., 2003 ; Albaret et Laë 2003). Elle est
présentée comme étant l’engin dont le mode opératoire est l’un des plus adaptés aux principes
requis d’une bonne pêche expérimentale : reproductibilité, faible sélectivité de l’engin, bon
effort de pêche et matériel biologique en bon état (Daget et Petit 1969 ; Baran 1995 ; Diouf
1996). Toutefois, ces deux derniers auteurs présentent deux inconvénients majeurs liés à
l’utilisation de cet engin : le premier auteur estime que la senne tournante coulissante est
« quasiment inutilisable en présence de rochers qui empêchent sa fermeture » ; le second
partage cet avis et y ajoute aussi l’effet de vents et/ou de courants forts.
79
Ces deux remarques laissent entrevoir les mêmes difficultés au niveau de la Baie de
l’Etoile, exposée aux vents dominants qui soufflent pratiquement tout au long de l’année avec
des vitesses relativement très élevées (Ly, 1997). Aussi, la couverture végétale associée aux
faibles profondeurs pourrait gêner le maniement de l’engin qui, par ailleurs, demande la
mobilisation de nombreues personnes et d’au moins deux embarcations. Compte tenu de ces
différentes considérations, la senne tournante coulissante n’a pas été employée.
I.2.1.1.2. La senne de plage
Cet engin présente quasiment les mêmes avantages que la senne tournante coulissante,
mais son efficacité est « territorialement » très limitée. Il permet seulement d’échantillonner à
proximité du rivage. Sa manœuvre n’est pratiquement possible que sur des fonds fermes
(Kromer et al., 1994). Son utilisation est donc possible dans certains secteurs et elle a été
précédemment utilisée avec succès dans des travaux antérieurs (Lung Tack, non publié)
Cependant, les substrats vaso-sableux de la Baie de l’Etoile souvent décrits comme des sols
mouvants ne répondent certainement guère à cette exigence. Cet engin n’a donc pas été
retenu.
I.2.1.1.3. Le filet maillant
L’utilisation du filet maillant fixe ou dérivant semble également très répandue dans la
sous région, aussi bien dans les travaux scientifiques que chez les pêcheurs, dont ceux de la
Baie de l’Etoile. Cet engin de pêche est réputé pour sa souplesse, son déploiement assez
simple et son adaptation à une diversité de milieux (Diouf, 1996). Les critiques formulées à
son égard portent essentiellement sur la détérioration du matériel biologique capturé, les
risques de saturation du filet qui peut réduire son efficacité mais aussi et surtout sa forte
sélectivité. C’est fondamentalement en raison de ce dernier inconvénient que cet engin n’a pas
été employé.
I.2.1.1.4. Le filet trémail
Le trémail est un filet maillant à trois nappes. Il présente les mêmes avantages et les
mêmes limites que le filet maillant simple mais est moins sélectif et dégrade moins le matériel
biologique que ce dernier. En effet, grâce à ses trois nappes superposées, le trémail bénéficie
de caractéristiques lui permettant de capturer des poissons de différentes tailles, alors que
l’utilisation du filet maillant simple exige de monter des batteries de filets de mailles
80
différentes. Avec cette différence fondamentale l’emploi du trémail se révèle ainsi être une
solution efficace à moindre coût. C’est pourquoi cet engin a été préféré au filet maillant
simple.
Deux filets trémails possédant les mêmes caractéristiques ont ainsi été utilisés. Leur
confection a été assurée par des pêcheurs locaux, à qui tout le matériel nécessaire a été fourni.
Les trémails fabriqués à l’identique mesurent chacun 50 m de long et 1 m 50 de chute. Ils sont
dotés d’une nappe interne dont la maille de côté mesure 25 mm et de deux nappes externes
ayant une maille de côté de 40 mm. Chacun des engins est équipé de deux ralingues :
- une ralingue supérieure sur laquelle sont montés de petits flotteurs placés à intervalle
d’un mètre et de deux flotteurs moyens fixés à chaque extrémité pour le repérage ;
- une ralingue inférieure sur laquelle sont accrochés des barrettes de plomb, placées tous
les 25 cm, qui servent de lest.
I.2.1.1.5. Le filet verveux
Le filet verveux est un engin de pêche fixe en forme d’entonnoir. Il est constitué d’une
poche centrale subdivisée en plusieurs anneaux séparés par des cerceaux. C’est un engin de
pêche en eau peu profonde. Son usage est très répandu en Europe où il est notamment
employé pour l’étude des nourriceries (Lafaille et al., 2000). En effet, l’architecture du
verveux en fait un engin de pêche particulièrement adapté à la capture des juvéniles de
poissons dans les marais salés ou dans les zones de mangroves (Kromer et al., 1994) où le
recours à d’autres engins de pêche s’avère souvent peu commode et opérationnel. C’est à ce
titre qu’il a été retenu par Diouf (1996) qui a pu ainsi réaliser des échantillonnages
complémentaires dans des stations difficiles d’accès de sa zone d’étude qui ne se prêtaient pas
au déploiement des autres engins listés. Cet exemple est l’un des rares cas signalés de
l’emploi du verveux en Afrique de l’Ouest où cet engin de pêche est quasiment inconnu des
pêcheurs locaux.
Le verveux est un engin de pêche souple dont le déploiement ne nécessite pas de gros
moyens. Le verveux offre un bon effort de pêche et permet d’obtenir des captures d’excellente
qualité.Les opérations de pêche sont facilement reproductibles. En outre, compte tenu de la
faible taille des mailles pouvant être utilisées, cet engin permet de capturer les plus jeunes
individus et les plus petites espèces.
81
Compte tenu de ces atouts, le verveux apparaît ainsi comme un engin de pêche
particulièrement adapté aux objectifs de cette étude et aux caractéristiques environnementales
de la Baie de l’Etoile et a donc été sélectionné. Deux filets verveux ont été employés lors des
pêches expérimentales. Les deux engins ont été fabriqués en France par le même fabricant
pour les besoins de l’étude. Ils sont semblables à tous points de vue : chaque filet verveux (5
mm de maille) est formé d’une poche d’une dizaine de mètres de long segmentée par sept
cerceaux de diamètre décroissant de l’avant vers l’arrière. De chaque côté de l’ouverture
principale de la poche part une aile d’une vingtaine de mètres de long. Les deux ailes
(d’environ 1,5 m de hauteur) sont reliées par une ralingue supérieure sur laquelle sont fixées
de petits flotteurs en polystyrène et d’une ralingue inférieure lestée avec de petites barres de
plomb.
I.2.2. Le protocole d’échantillonnage
I.2.2.1. Les stations
Afin de tenir compte davantage de l’hétérogénéité spatiale de l’écosystème, six
stations avaient été prévues dans la première stratégie d’échantillonnage. Mais pour des
raisons logistiques, deux d’entre elles ont été abandonnées. Cette décision avait été prise à
l’issue d’une campagne test organisée en août 2006. Il s’agit respectivement de celles qui
devaient être positionnées dans la partie la plus profonde de la Baie de l’Etoile et à l’extérieur
(dans la Baie du Lévrier).
Les quatre stations retenues sont réparties équitablement entre les deux éléments du système
(Carte 17). Il s’agit du nord au sud de :
- la station de l’herbier du Banc de sable (SHBS) : elle est située sur l’herbier à Zostera noltii
qui jouxte le banc de sable. Cet herbier est également parcouru par de petits chenaux et de
petites cuvettes colonisés par la Cymodocea nodosa. Le substrat y est vaso-sableux et/ou
sablo-vaseux. C’est la station la plus proche du chenal d’entrée de la Baie ;
- la station de l’herbier de la Falaise (SHFA) : la SHFA est située sur un herbier mixte où les
trois phanérogames se retrouvent positionnés suivant un agencement bathymétrique de haut
en bas dans cet ordre : Spartina maritima, Zostera noltii et Cymodocea nodosa.
82
83
- la station aval de la « rivière » (SAVR) : elle est positionnée à l’entrée de la « rivière » dans
le chenal qui relie cette dernière à la Baie. Les trois herbiers s’y présentent avec les mêmes
dispositions bathymétriques que celles décrites précédemment, mais les surfaces qu’elles
occupent respectivement y sont beaucoup moins importantes.
- la station amont de la « rivière » (SAMR) : elle est placée dans la partie haute de la
« rivière » dans un chenal limité de part et d’autre par un herbier à Spartina maritima.
I.2.2.2. Les campagnes de pêche expérimentale
Les campagnes de pêche expérimentale ont été organisées à l’occasion de chaque
nouvelle lune. Une campagne de pêche expérimentale comprend deux étapes : l’étape des
séances de pêches sur le terrain qui correspond aux activités de pêche proprement dites et
l’étape des travaux de laboratoire pour le traitement des échantillons
I.2.2.2.1. Les séances de pêches
Lors de chaque séance de pêches, un verveux et un trémail étaient déployés au niveau
de chacune des quatre stations sauf à la station SAMR où, en raison de la profondeur trop
faible, seul le verveux pouvait fonctionner efficacement.
Le filet trémail a été posé à marée montante. Il a été immobilisé par deux ancres
attachées à chaque extrémité de la ralingue inférieure. L’engin était relevé le lendemain dans
les mêmes conditions de marée après un séjour de près de 24 h dans l’eau. Quant au verveux,
il était déployé dès que la marée commençait à descendre. Il était posé près du rivage ou au
milieu d’un chenal. L’ouverture de l’engin orientée vers l’arrivée des eaux. L’engin était
maintenu dans cette position par trois ancres dont l’une était reliée au bout du dernier anneau
de la poche et les deux autres aux extrémités des ailes. Grâce à ce dispositif, le verveux
fonctionnait ainsi comme un barrage (Lafaille et al., 2000) : le poisson entraîné par le jusant
se retrouvait piégé dans les anneaux de la poche d’où il ne pouvait plus sortir. Le verveux
était relevé au bout de 1,5 à 2 h de pêche lorsque le niveau des eaux était suffisamment bas.
A chaque station, une fois que les engins de pêche avaient été déployés, la date et
l’heure de pose étaient notées. La température et la salinité de l’eau étaient également
mesurées. Faute d’appareils de mesure disponibles il n’a pas été possible de recueillir les
données sur l’oxygène dissous et la turbidité. A la fin de la séance de pêche, la date et l’heure
84
de retrait des engins étaient relevées. Les poissons capturés étaient répartis en plusieurs
échantillons. Chaque échantillon regroupait l’ensemble des captures provenant d’une même
station et d’un même engin de pêche. Les échantillons étaient conservés au frais en attendant
les travaux de laboratoire.
I.2.2.3. Travaux de laboratoire
Au laboratoire, chaque échantillon était tout d’abord décongelé puis trié par espèce. La
détermination des espèces était réalisée à l’aide de plusieurs ouvrages : (Bianch, 1984 ;
Maigret et LY, 1986 ; Schneider, 1992 ; Domingo et Jaumer, 1998). Les sous-échantillons
ainsi obtenus étaient ensuite pesés puis comptabilisés pour déterminer respectivement le poids
total et le nombre d’individus par espèce. Lorsque l’effectif était inférieur à 50 individus pour
une espèce, le traitement s’appliquait à tout le sous-échantillon. Les données biométriques
(longueur à la fourche et/ou longueur totale et poids) et biologiques (contenu stomacal et
stade de reproduction)* étaient alors recueillis sur tous les individus. Par contre dans le cas où
l’effectif était supérieur à 50 individus, ces données étaient uniquement collectées sur 50
individus tirés au hasard dans le sous-échantillon. Toutes ces données biométriques et
biologiques étaient enregistrées dans des fiches de campagnes.
Ce protocole de pêche expérimentale a été régulièrement exécuté et toutes ses étapes
rigoureusement respectées. Au total douze campagnes de pêche expérimentales ont été
conduites. La première campagne a été organisée en décembre 2006. Pour des raisons d’ordre
logistique, celle de février 2007 n’a pas pu avoir lieu. Les campagnes mensuelles ont repris
dès le mois de mars et se sont poursuivies régulièrement sans interruption jusqu’en décembre
2007. Chaque campagne de pêche expérimentale durait cinq à sept jours dont trois consacrés
aux pêches proprement dites et le reste du temps aux travaux de laboratoire et de saisies
informatique des données.
I.2.3. Traitements des données
I.2.3.1. Analyses statistiques
La caractérisation des peuplements de poissons des écosystèmes peut être abordée en
prenant en compte plusieurs types de données tels que les abondances et/ou la présence*
Ces données biologiques n’ont pas étaient exploitées dans ce document, elles seront valorisées dans des
pubilcations à paraître ultérieurement.
85
absence des espèces. Aucun de ces deux types de données n’est cependant entièrement
satisfaisant dans la mesure où il est quasiment impossible de connaître les abondances réelles
des différentes espèces de poissons par le biais des méthodes d’échantillonnage. Par ailleurs,
une espèce peut échapper au filet (ou à tout autre moyen de pêche expérimentale) et ainsi être
considérée comme absente alors qu’elle était bien présente dans l’écosystème lors des séances
de pêches. Toutefois le recours aux données de présence –absence des espèces est devenu très
courant dans le cadre des programmes de conservation et/ou de suivi des espaces protégés
(Mackenzie, 2005).
Le traitement statistique des données ichtyologiques a été réalisé en utilisant la
méthode des réseaux de neurones artificiels. Les réseaux de neurones artificiels sont une
technique d’analyse multivariée élaborée sur le modèle de la structure et des mécanismes de
fonctionnement du cerveau humain (Lek et Guegan, 1999 ; Céréghino et al., 2005). Il existe
plusieurs types de réseaux de neurones artificiels dont les cartes auto-organisatrices de
Kohonen (Kohonen’s Self Organizing Map (SOM)). Ces dernières sont employées à une très
large échelle dans de nombreux domaines (Wehrens et Buydens, 2007). Les cartes autoorganisatrices sont approuvées pour leur grande aptitude à traiter des bases de données
complexes caractérisées par des données d’une extrême abondance ou à l’inverse d’une
extrême rareté, comme c’est le cas très souvent pour les données écologiques. C’est d’ailleurs
pour cette raison que la méthode est de plus en plus appréciée dans cette discipline. Elle est
aussi plébiscitée en écologie pour ses capacités à traiter les données non linéaires qu’elle
exploite mieux que les techniques classiques d’analyses mutivariées (ACP, AFC, etc.) (Lae et
al., 1999 ; Brosse et al., 1999). Les cartes auto-organisatrices permettent de coupler la
classification et la représentation de la structure intrinsèque des données offrant ainsi une
autre manière de voir les données (Rousset et al., 2005). A cet aspect original des cartes autoorganisatrices, s’ajoute une autre particularité liée au principe même de traitement des
données qu’elles exécutent en procédant à un regroupement des échantillons en fonction de
leur ressemblance et selon les variables choisies.
Malgré ces nombreux atouts, l’analyse des données par les réseaux de neurones
artificiels et par les cartes auto-organisatrices en particulier, comporte également des limites.
L’inconvénient le plus communément rappelé est lié au fait que pour être performantes et
fournir des résultats sûrs, les cartes auto-organisatrices nécessitent des données de tailles
86
importantes. Or, cette condition est difficile à remplir dans les études écologiques de l’Afrique
de l’Ouest où les protocoles d’échantillonnages sont très souvent très lourds à conduire.
L’architecture des cartes auto-organisatrices (Figure 21) est composée de deux couches. Une
couche d’entrée reliée à une couche de sortie dite aussi carte de Kohonen. Les liaisons entre
les deux couches sont établies en calculant les intensités de connections selon un procédé
concurrentiel non supervisé qui permet de rechercher les similarités parmi les données
observées et de les exposer dans la carte de sortie.
Figure 22 : Schéma simplifié de la carte auto-organisatrice (SOM). La matrice ou couche d’entrée
contient les données de présence-absence (c-à-d. xij) pour chaque observation (c.-à-d. station
d’échantillonnage, sj). Une fois que la SOM a trouvé les poids de connexion (c.-à-d. pij), on obtient la
carte et la matrice de sortie (d’après Aguilar Ibarra 2004). (Source Villanueva, 2004)
Dans le cadre de cette étude, la couche d’entrée est dotée d’une structure à l’image du
modèle proposé ci-dessus. Les données ayant permis de la construire proviennent des fichiers
de captures mensuelles. Ces derniers, élaborés sous forme de tableaux comportaient pour
chaque campagne : la date et horaires des séances de pêche, les stations, les engins de pêche,
les espèces capturées, les effectifs par espèces (N), le poids total de l’échantillon par espèce et
les données environnementales. Quant à la couche de sortie, elle présente les données de
présence-absence des espèces à partir desquelles sont déduites les communautés de poissons.
II. RESULTATS
II.1. Généralités
Au total 19221 individus appartenant à 58 espèces et à 27 familles ont été capturés à
l’issue des douze campagnes de pêche expérimentale. Pour six taxons, seul le nom du genre a
87
été identifié. Il s’agit de : Fistularia sp., Gerres sp., Liza sp., Mugil sp., Symphodus
(Crenilabrus) sp. et Syngnathus sp.
La moyenne des captures a été de 1527 individus par campagne. Les captures ont très souvent
fortement varié d’une campagne à l’autre (Figure 22). C’est en mars 2007 que le nombre
d’individus a été le plus faible (298 individus) et en mai qu’il a été le plus élevé (3453
individus). La présence et/ou l’absence des espèces à fortes biomasses dans les prises des
différentes campagnes ont notamment été à l’origine de ces écarts importants.
Les espèces dominantes ont été au nombre de cinq : Atherina lopeziana (42,32 % des
effectifs), Liza falcipinnis (8 %), Dicentrachus punctatus (8 %), Mugil capurrii (7 %) et
Diplodus bellottii (7 %). On dénombre 14 espèces dont les effectifs sont compris entre 100 et
1000 individus, 25 espèces de moins de 10 individus dont 12 n’en comptent qu’un seul.
4000
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
07
s0
av 7
r- 0
m 7
ai
-0
ju 7
in
-0
Ju 7
il t
-0
ao 7
ût
s e 07
pt
-0
7
oc
t-0
no 7
v0
dé 7
c07
ar
m
ec
D
ja
n
-0
6
Total m ens uel
v-
N bre d'indiv idus
V a ria tions m e nsue lle s du nom bre d'individus ca pturé s
Campagnes
Figure 23 : Variation mensuelle du nombre d’individus capturés au cours des campagnes
de pêche expérimentales
La répartition par famille est dominée par les Mugilidae et les Sparidae avec 9 espèces
chacune. Elles sont suivies par les Haemulidae comprenant 6 espèces, et les Ariidae et
Soleidae 3 espèces chacune. Pour le reste, 6 familles comptent chacune deux espèces et 16
autres n’en comptent qu’une.
A l’issue de la première campagne (décembre 2006), 26 espèces ont été capturées. Cet effectif
a été égalé à deux reprises en juin et juillet 2007. C’est le mois d’avril qui détient le plus
faible nombre d’espèces avec un effectif de 16. La moyenne est ainsi de 22 espèces. La
88
Tableau 12 : récapitulatif de la composition spécifique des captures par campagne
et par type d’engin de pêche.
Espèces
Dec Janv Mars Avr Mai
06
07
07
07
07
Juin
07
Juil Août Sept Oct Nov Déc
07
07
07
07
07
07
Dicentrarchus punctatus
Diplodus bellottii
Pomatoschistus microps
Sphoeroides spengleri
Diplodus sargus
Halobatrachus didactylus
Solea senegalensis
Symphodus (Crenilabrus) sp.
Atherina lopeziana
Arius heudelotii
Plectorhinchus mediterraneus
Syngnathus sp.
Eucinostomus melanopterus
Spondyliosoma cantharus
Liza ramada
Liza falcipinnis
Pomadasys incisus
Rhizoprionodon acutus
Synaptura lusitanica
Liza sp.
Pseudupeneus prayensis
Symphodus (Crenilabrus) bailloni
Arius latiscutatus
Galeoides decadactylus
Liza aurata
Brachydeuterus auritus
Epinephelus aeneus
Lithognathus mormyrus
Mugil cephalus
Mugil sp.
Pomadasys peroteti
Synaptura cadenati
Argyrosomus regius
Arius parkii
Diplodus sp.
Mugil capurrii
Pomadasys jubelini
Sardinella aurita
Sparus aurata
Ablennes hians
Carcharhinus falciformis
Chloroscombrus chrysurus
Citharus linguatula
Decapterus rhonchus
Dentex canariensis
Diplodus cervinus cervinus
Epinephelus guaza
Fistularia sp.
Gerres sp.
Hemiramphus brasiliensis
Leptocharias smithii
Liza dumerili
Mustelus mustelus
Pagellus bellottii
Parapristipoma octolineatum
Sardinella maderensis
Scomberomorus tritor
Stephanolepis hispidus
B : Benthique ; D : Démersale ; B-P : Bentho-pélagique ; S-P : semi-pélagique
89
Filet
verveux
1325
3
583
429
149
0
20
0
8135
0
0
90
792
0
454
1594
2
0
4
483
0
0
0
0
267
119
0
0
239
142
2
1
0
0
1
1290
0
0
2
0
0
0
0
0
0
0
0
0
62
0
0
0
0
1
1
0
0
0
Filet
Habitat
trémail
165
S-P
1256
B-P
0
D
0
B
101
D
31
D
85
B
507
0
P
239
D
34
B
0
B
25
D
47
D
43
P
16
P
23
D
42
B-P
9
B
0
17
D
110
21
D
11
D
56
P
40
S-P
4
B
5
D
7
P
7
2
D
3
B
2
S-P
4
D
50
1
P
7
D
5
P
1
D
1
P
11
P
1
P
1
B
1
P
1
D
1
D
2
B
1
0
B-P
7
4
D
9
P
1
B-P
0
B
0
D
12
P
1
P
1
B
campagne de pêche expérimetale du mois d’octobre est la seule où aucune nouvelle espèce
n’a été capturée. (Figure 23).
70
Nbre d'espèces
60
50
Nombre
d'espèces/camp
agne
Nombre cumulé
d'espèces
40
30
20
Nombre de
nouvelles
espèces
10
0
Dec- janv- ma avr06
07 rs-07 07
mai- juin- Juilt- août- sept- oct07
07
07
07
07
07
nov- déc07
07
Campagnes
Figure 24 : Variations de la richesse spécifique des captures des pêches expérimentales
II.2. Variations spatio-temporelles du peuplement de poissons
II.2.1. Variation spatiale
La répartition spatiale des espèces au sein de l’écosystème se présente comme suit :
-
un premier groupe d’espèces communes aux quatre stations ;
-
un deuxième occupant trois stations ;
-
un troisième comprenant des espèces capturées dans deux stations ;
-
et enfin, un quatrième englobant celles qui n’ont été observées que dans une des quatre
stations.
II.2.1.1. Le groupe des espèces communes aux quatre stations
Ce groupe est composé de 15 espèces parmi lesquelles figurent trois des cinq espèces
dominantes signalées plus haut, mais également un certain nombre d’autres aux effectifs plus
Nouvelle espèce : c'est-à-dire des espèces qui apparaissent pour la première fois dans les captures depuis le début des
pêches expérimentales.
90
modestes telles que Brachideterus auritus ou Solea senegalensis, par exemple (Tableau 12).
Les différentes espèces composant ce groupe n’ont pas la même représentativité.
Pour Atherina lopeziana, il existe de fortes disparités entre les différentes stations. En
effet, c’est au niveau des stations SHFA et SAVR que l’espèce compte les plus importantes
concentrations, respectivement, 46% et 40% des effectifs capturés.
Les disparités inter-stations sont également notables pour Brachideterus auritus dont 72% des
captures proviennent de SAMR et 17% de SAVR. Les stations de la Baie SHFA et SHBS
recueillent respectivement 1,87% et 8,81%.
Dicentrarchus punctatus arrive en troisième position, en effectif, au sein de ce groupe.
L’espèce semble plus présente au niveau de la SAMR d’où proviennent 56% de ces captures
et aussi à SHBS avec près d’un tiers.
Diplodus sargus présente quasiment le même schéma de distribution spatiale que
Brachideterus auritus évoqué plus haut : 74% des captures de l’espèce ont eu lieu dans la
« rivière » avec un net avantage pour la station aval SAMR qui en totalise 47%. Les captures
de l’espèce dans la Baie sont majoritaires à SHFA avec 19%.
Tableau 13 : Effectifs et fréquences relatives du groupe des espèces communes
aux quatre stations
Familles
Atherinidae
Haemulidae
Moronidae
Sparidae
Gerreidae
Mugilidae
Mugilidae
Mugilidae
Mugilidae
Mugilidae
Mugilidae
Haemulidae
Gobiidae
Soleidae
Tetraodontidae
Espèces
Atherina lopeziana
Brachydeuterus auritus
Dicentrarchus punctatus
Diplodus sargus
Eucinostomus melanopterus
Liza aurata
Liza falcipinnis
Liza ramada
Liza sp.
Mugil cephalus
Mugil sp.
Pomadasys incisus
Pomatoschistus microps
Solea senegalensis
Sphoeroides spengleri
Effectifs
8135
159
1490
250
817
323
1610
497
483
246
149
25
583
105
429
Dominances
42,32%
0,83%
7,75%
1,30%
4,25%
1,68%
8,38%
2,59%
2,51%
1,28%
0,78%
0,13%
3,03%
0,55%
2,23%
Avec Eucinostomus melanopterus, on retrouve le schéma de distribution décrit pour
Atherina lopeziana, avec les effectifs les plus importants concentrés au niveau de SAVR
(80%) et SHFA (15%).
91
Les Mugilidés représentés dans ce groupe par cinq espèces laissent également
apparaître une nette zonation spatiale opposant les deux éléments du système (Baie et
« rivière »). Les densités les plus importantes semblent se manifester au niveau des deux
stations de la « rivière » pour chacune des espèces de la famille à l’exception de Liza sp.
Pomatoschistus microps qui compte parmi les espèces les plus denses du peuplement
de la Baie, se distingue au niveau de SAVR où ont été prises 66% de l’effectif total
constituant notre échantillon. En revanche, l’espèce est, semble-t-il, très faiblement
représentée à la station aval SAMR qui procure moins de 2% des captures.
Les captures de Pomadasys incisus obtenues à SHBS (8%) et à SAMR (4%) sont
également tout à fait dérisoires comparées à celles provenant des stations voisines SHFA
(68%) et SAVR (20%).
Solea senegalensis dont les effectifs sont l’un des plus faibles du groupe, offre une
distribution spatiale presque identique à celle du Gobiidae : 50% pour SAVR, 4% pour
SAMR, 17% pour SHFA et 29% pour SHBS.
Enfin, Sphoeroides spengleri est l’espèce qui a failli ne pas faire partie de ce groupe
car elle n’a été capturée qu’une seule fois à SHBS où elle ne compte d’ailleurs qu’un individu.
Mais, les captures de l’espèce dans les trois autres stations sont plutôt assez équilibrées 36% à
SAVR, 35% à SAMR et 27% à SHFA.
II.2.1.2. Le groupe des espèces communes à trois stations
Les espèces appartenant à ce groupe sont au nombre de onze (Tableau 13). Neuf
d’entre elles sont présentes au niveau de SHFA, SAVR et SHBS. Les effectifs cumulés du
groupe représentent près de 11,88% des captures totales. Les espèces de ce groupe ont des
effectifs relativement faibles. On y dénombre une des cinq espèces dominantes, Diplodus
bellottii.
Cette dernière est absente de SAMR, la station aval de la « rivière », alors que ses captures les
plus importantes se situent pourtant à la station SAVR (45,19%) contre 31,85% pour SHFA et
21,68% pour SHBS.
Halobatrachus didactylus fait également partie de celles qui n’ont pas été pêchées à
SAMR, mais le plus frappant pour elle c’est que 29 sur les 31 individus capturés, soit 93,55%,
proviennent de SAVR, chacune des deux autres stations étant réduite à 1 individu.
92
Les trois espèces du groupe présentant les plus faibles effectifs, Lithognathus mormyrus, Liza
dumerili et Synaptura lusitanica sont présentes de façon plutôt équilibrée dans les trois
stations, SAVR, SHFA et SHBS.
Tableau 14 : Effectifs et fréquences relatives du groupe des espèces communes
à trois stations
Familles
Ariidae
Sparidae
Batrachoididae
Sparidae
Mugilidae
Mugilidae
Sparidae
Labridae
Labridae
Soleidae
Syngnathidae
Soleidae
Espèces
Arius heudelotii
Diplodus bellottii
Halobatrachus didactylus
Lithognathus mormyrus
Liza dumerili
Mugil capurrii
Spondyliosoma cantharus
Symphodus (Crenilabrus) bailloni
Symphodus (Crenilabrus) sp
Synaptura lusitanica
Syngnathus sp.
Synaptura cadenati
Effectifs
239
1259
31
5
9
1291
47
110
507
13
90
4
Dominances
1,24%
6,55%
0,16%
0,03%
0,05%
6,72%
0,24%
0,57%
2,64%
0,07%
0,47%
0,02%
Spondyliosoma cantharus partage les mêmes stations que ces dernières mais avec une
nette préférence pour SHFA où 63,83% de ses captures ont eu lieu. Elle n’est cependant que
très peu présente à SHBS où seulement trois individus ont été pêchés. C’est aussi le cas pour
les deux Labridae, Symphodus bailloni et Symphodus sp., dont les plus nombreuses prises sont
localisées à SHFA (61,14%) et SAVR (29,39%).
Syngnathus sp., Synaptura cadenati et Mugil capurii sont les trois espèces du groupe à
avoir été prises à SAMR. Syngnathus sp. et Synaptura cadenati n’y comptent qu’un individu
chacune. La présence du Syngnathidae à SHFA et à SAVR est plus effective avec
respectivement 49 et 40 individus. Mugil capurrii quant à elle compte plus d’individus à
SAMR (45,15%). Elle est aussi assez présente à SAVR d’où proviennent 36,02% de ses
captures. C’est SHBS qui fournit le reste de ses captures.
II.2.1.3. Le groupe des espèces communes à deux stations
Les neuf espèces qui composent ce groupe représentent 7,37% des captures
(Tableau…). Cinq d’entre elles, Plectorhinchus mediterraneus, Pomadasys peroteti,
Rhizoprionodon acutus, Arius latiscutatus et Sardinella maderensis ont été capturées
seulement dans les deux stations de la Baie, SHFA et SHBS. Ce sous-groupe est constitué
93
majoritairement d’espèces qui se déplacent en bancs. 79,89% des captures proviennent de
SHFA.
Tableau 15 : Effectifs et fréquences relatives du groupe des espèces communes
à deux stations
Familles
Sciaenidae
Ariidae
Ariidae
Serranidae
Haemulidae
Haemulidae
Carcharhinidae
Clupeidae
Sparidae
Espèces
Argyrosomus regius
Arius latiscutatus
Arius parkii
Epinephelus aeneus
Plectorhinchus mediterraneus
Pomadasys peroteti
Rhizoprionodon acutus
Sardinella maderensis
Sparus aurata
N
2
21
4
4
34
4
42
12
3
Dominances
0,01%
0,11%
0,02%
0,02%
0,18%
0,02%
0,22%
0,06%
0,02%
Le second sous-groupe comprend quatre espèces à faibles effectifs (<5 individus) dont trois
sont communes à SAVR et SHBS. Ce sont Argyrosomus regius, Arius parkii et Sparus
aurata. La dernière Epinephelus aeneus est apparue à SAVR et SHFA.
II.2.1.4. Le groupe des espèces pêchées dans une seule station
-
C’est le groupe majoritaire avec 23 espèces (Tableau 15).
Il compte cependant une part infime dans le classement par effectifs cumulés, car il n’a
représenté que 1% du total. La répartition des captures du groupe entre les quatre stations
s’est établie comme suit :
-
12 espèces, soit 56,52% ont été capturées à SHFA ; il s’agit de : Galeoides
decadactylus, Pseudupeneus prayensis, Diplodus sp., Ablennes hians, Carcharhinus
falciformis, Chloroscombrus chrysurus,
Hemiramphus brasiliensis, Leptocharias
smithii, Mustlelus mustelus, Parapristipoma octolineatum et Scomberomorus tritor ;
-
6 espèces, P. jubelini, C. linguatula, D. canariensis, D. cervinus cervinus, E. guaza et
P. bellottii, soit 26,09% à SAVR ;
-
3 espèces, Sardinella aurita, Fistularia sp et Stephanolepis hispidus soit 13,04% à
SHBS ;
-
1 espèce, Gerres sp., soit 4,35% à SAMR.
94
Tableau 16 : Effectifs et fréquences relatives du groupe des espèces pêchées
dans une seule station
Familles
Belonidae
Carcharhinidae
Carangidae
Citharidae
Carangidae
Steindachner
Sparidae
Sparidae
Serranidae
Fistulariidae
Polynemidae
Gerreidae
Hemiramphidae
Leptochariidae
Triakidae
Sparidae
Haemulidae
Haemulidae
Mugilidae
Clupeidae
Scombridae
Monacanthidae
Espèces
Ablennes hians
Carcharhinus falciformis
Chloroscombrus chrysurus
Citharus linguatula
Decapterus rhonchus
Dentex canariensis
Diplodus cervinus cervinus
Diplodus sp.
Epinephelus guaza
Fistularia sp.
Galeoides decadactylus
Gerres sp.
Hemiramphus brasiliensis
Leptocharias smithii
Mustelus mustelus
Pagellus bellottii
Parapristipoma octolineatum
Pomadasys jubelini
Pseudupeneus prayensis
Sardinella aurita
Scomberomorus tritor
Stephanolepis hispidus
N
1
11
1
1
1
1
1
51
2
1
11
62
7
4
1
1
1
7
17
5
1
1
Dominances
0,01%
0,06%
0,01%
0,01%
0,01%
0,01%
0,01%
0,27%
0,01%
0,01%
0,06%
0,32%
0,04%
0,02%
0,01%
0,01%
0,01%
0,04%
0,09%
0,03%
0,01%
0,01%
II.2.2. La variation temporelle
A l’image de la distribution spatiale, la fréquentation mensuelle des poissons dans la
Baie de l’Etoile est également très hétérogène. Elle permet de distinguer des assemblages ou
communautés qui se présentent comme suit :
- des espèces capturées lors de 10 campagnes mensuelles au moins ;
- des espèces ayant été capturées entre 6 et 9 campagnes mensuelles ;
- celles ayant été pêchées entre 2 et 5 campagnes mensuelles ;
- et enfin, celles qui n’ont été prises que lors d’une seule campagne.
II.2.2.1. Le groupe des espèces capturées lors de dix campagnes au moins
Ces espèces ont été au nombre de neuf représentant ainsi 15,52% des espèces et 66,54%
des captures totales. Le groupe est composé de trois sous-groupes :
95
-
quatre espèces ayant été capturées lors des douze campagnes. Ce premier sous-groupe
est composé de Dicentrarchus punctatus, Pomatoschistus micops, Diplodus bellottii et
Sphoeroides spengleri ;
-
quatre autres figurant dans les prises de onze campagnes : Diplodus sargus,
Symphodus sp., Halobatrachus didactylus, Diplodus bellottii. La première est absente
des prises de décembre 2007, tandis que les trois autres sont toutes absentes en avril ;
-
une espèce pêchée lors sur dix campagnes : Atherina lopeziana. Elle n’a pas été
pêchée en janvier et en mars 2007.
II.2.2.2. Le groupe des espèces capturées entre neuf et six campagnes
Dans ce groupe, quatre espèces ont été capturées lors de neuf campagnes. Trois sont
absentes en avril. Seule Syngnathus sp. connaît une absence régulière de trois mois
consécutifs, de mars à mai. Arius heudelotii quant à elle n’a été prise ni en décembre 2006 ni
en décembre 2007. Aucune régularité n’est constatée pour Plectorhinchus mediterraneus, qui
est aussi absente des captures en janvier et en juillet. Eucinostomus melanopterus n’est pas
non plus présente en juillet ainsi qu’en novembre et décembre 2007.
Spondyliosoma cantharus, forme à elle seule un sous-groupe avec une présence au
cours de huit campagnes. Elle n’a pas été capturée lors des deux premières campagnes,
décembre 2006 et janvier 2007. Après une première apparition en mars, elle est de nouveau
manquante en avril, puis en juillet. Sa présence devient alors régulière jusqu’à la fin des
séances de pêches.
Liza ramada est également solitaire dans son sous-groupe des espèces présentes au
cours de sept campagnes. Elle n’est pas du tout signalée durant les quatre premières. Elle
apparaît dans les captures de mai et juin et disparaît de celle de juillet.
Les variations temporelles du sous-groupe constitué par les espèces présentes au cours
de six campagnes sont marquées par une plus grande régularité. Elles sont toutes absentes de
la première et de la dernière campagne, décembre 2006 et 2007. Liza falcipinnis n’apparaît
qu’à la quatrième campagne, celle d’avril 2007 ; sa présence régulière dans les captures est
interrompue brièvement en septembre ; mais son retour en octobre est éphémère puisqu’elle
ne figure pas dans les prises de deux derniers mois de l’année 2007.
96
Pomadasys incisus, qui est aussi de ce sous-groupe, fait une première mais timide
apparition en janvier 2007 avec deux individus et disparaît lors des quatre mois suivants. Son
retour dans les captures en juillet se prolonge jusqu’en novembre.
Rhizoprionodon acutus, compte un individu lors de ses deux premières captures, mars
et avril, et aucun lors des trois mois suivants.
Synaptura lusitanica, le quatrième élément de ce sous-groupe, a fait une première
apparition en mars, une deuxième et une troisième successivement en juin et juillet, et trois
autres également consécutives, de septembre à novembre 2007.
II.2.2.3. Le groupe des espèces capturées entre cinq et deux campagnes
Ce groupe représente un peu plus d’un tiers des espèces. Dix d’entre elles, soit la
moitié du groupe, figurent dans les captures de la première campagne ; et seulement une a été
capturée en mai.
Trois espèces du groupe à avoir été capturées lors de cinq campagnes sont toutes présentes au
dernier trimestre de l’année 2007. Ce sont Pseudupeneus prayensis, Symphodus sp. et Liza
sp. Pseudupeneus prayensis est la seule de ce sous-groupe à avoir été capturée lors de la
première campagne. Elle s’est par la suite absentée avant de réapparaître en août 2007. Le
labridae, Symphodus sp., est également présent en août mais aussi en juillet. La troisième
espèce Liza sp. est par ailleurs présente en janvier et mars.
Le sous-groupe des espèces prises lors de quatre campagnes compte aussi trois
espèces. Aucune de celles-ci ne figure dans les captures du dernier semestre de l’année 2007.
Elles sont cependant toutes présentes en décembre 2006 et en avril 2007 ; Arius lasticutatus et
Galeoides decadactylus partagent deux autres mois, juin et septembre tandis que Liza aurata
est la seule du sous-groupe à avoir été pêchée en janvier et juillet.
Le sous-groupe comprenant les espèces pêchées en trois campagnes compte sept
espèces : Brachideterus auritus, Epinephelus aeneus, Lithognathus mormyrus, Mugil sp.,
Mugil cephalus, Pomadasys peroteti et Synaptura cadenati. Au moins une de ces espèces fait
partie des prises réalisées entre décembre 2006 et septembre 2007.
Le sous-groupe des espèces rencontrées lors de deux campagnes est tout aussi
important que le précédent avec sept espèces. L’intervalle des deux prises varie d’une espèce
à l’autre. Il est de trois mois pour Argyrosomus regius et Arius parkii prises respectivement
97
en septembre et décembre 2007 pour la première et juillet et octobre pour la seconde. Il est
beaucoup plus long pour Sardinella aurita, capturée en juin et décembre soit à 6 mois
d’intervalles et pour Sparus aurata, à la première et à la huitième campagne. Le sous-groupe
compte aussi deux espèces prises lors de deux campagnes consécutives ; il s’agit de Diplodus
sp. pêchée lors des deux premières campagnes et Pomadasys jubelini, bien plus tard, en juin
et juillet 2007.
II.2.2.4. Le groupe des espèces capturées lors d’une campagne
Elles sont au nombre de dix neuf. Leurs effectifs cumulés ne représentent que 0,62%
des captures. Quatre d’entre elles ont été capturées dès la première campagne, Diplodus
cervinus cervinus, Gerres sp., Epinephelus guaza et Leptocharis smithii. Le mois de juillet en
compte un peu plus avec cinq espèces : Ablennes hians, Liza dumerili, Decapterus rhonchus,
Carcharhinus falciformis, et Sardinella maderensis. Le reste du groupe est très dispersé dans
les campagnes des autres mois où la quasi-totalité des espèces ne compte qu’un individu :
Stephanolepis hispidus (mars), Pagellus bellottii, Citharus linguatula (avril) Mustelus
mustelus (mai), Scomberomorus tritor, Fistularia sp. (Juin), Chloroscombrus chrysurus
(août), Dentex canariensis (Septembre), Parapristipoma octolineatum (décembre) et
Hemiramphus brasiliensis dont sept individus ont été pris en novembre.
II.2.3. Variation mensuelle de la richesse spécifique
Pour examiner l’évolution temporelle des captures, nous allons comparer les résultats en
tenant compte du découpage des saisons hydrologiques décrites plus haut.
II.2.3.1. En janvier
17 espèces sont capturées en ce début de saison froide dont quatre sont nouvelles,
Mugil sp., Liza sp., Arius heudeloti et Pomadasys incisus. Ce qui veut dire que seulement
treize espèces capturées au mois précédent se sont maintenues : Dicentrarchus punctatus,
Diplodus bellottii, Diplodus sargus, Liza aurata, Brachydeuterus auritus, Halobatrachus
didactylus, Syngnathus sp., Eucinostomus melanopterus, Pomatoschistus microps, Diplodus
sp., Solea senegalensis, Sphoeroides spengleri et Symphodus sp. Parmi les treize autres qui ne
figurent pas dans les captures, seulement quatre seront reprises avant la fin de la saison froide.
Il s’agit de Plectorhinchus mediterraneus qui s’est signalée dès la campagne de mars et Arius
latiscutatus, Atherina lopeziana et Galeoides decadactylus qui reviendront en avril, au bout
98
de trois mois d’absence. Il y en a également qui ne réapparaîtront qu’après la saison
froide comme par exemple, Epinephelus aeneus, dès juin, au tout début de la saison de
transition. Des absences plus longues, de sept mois, concernent Synaptura cadenati et
Pseudupeneus prayensis qui ont été pêchées en août, mais aussi Sparus aurata en septembre.
Enfin, deux espèces, Leptocharias smithii et Diplodus cervinus cervinus, n’ont plus été
reprises.
II.2.3.2. En mars
La richesse spécifique reste inchangée, mais le nombre d’individus est au plus bas
avec seulement 298. Il y a un équilibre dans le mouvement des espèces car, on note l’arrivée
de
quatre
nouvelles
espèces,
Spondyliosoma
cantharus,
Stephanolepis
hispidus,
Rhizoprionodon acutus, et Synaptura lusitanica et le départ de quatre autres : Brachydeterus
auritus, Diplodus sp., Pomadasys incisus, Liza aurata et Syngnathus sp.
On note le retour d’une espèce Plectorhinchus mediterraneus qui ne faisait pas partie des
captures de janvier.
II.2.3.3. En avril
La richesse spécifique chute à 16 espèces. C’est la plus basse valeur. En revanche, le
nombre d’individus repart à la hausse à 1649, dépassant ainsi celui enregistré en décembre,
grâce surtout à une prise record de Mugil capurrii, 1290 individus à elle seule. A cette
nouvelle espèce s’ajoute quatre autres, Citharus linguatula, Lithognathus mormyrus, Pagellus
bellottii et Liza falcipinnis. Le mois d’avril est aussi marqué par le retour de trois espèces,
Atherina lopeziana, Arius latiscutatus, après deux mois d’absence et celle de Liza aurata
après un mois. Mais il y a eu dans le même temps le départ de six espèces : Liza sp., Arius
heudeloti, Plectorhinchus mediterraneus, Halobatrachus didactylus, Solea senegalensis,
Stephanolepis hispidus et Rhizoprionodon acutus.
II.2.3.4. En mai
La richesse spécifique revient aux niveaux de janvier et mars avec 17 espèces. La
hausse du nombre d’individus se poursuit et atteint le record de 3453, due essentiellement aux
contributions de deux espèces Atherina lopeziana (1877 individus) et de Liza falcipinnis
(1238 individus).
99
Deux nouvelles espèces sont capturées : Mustelus mustelus et Liza ramada. C’est le chiffre le
plus faible depuis le début des pêches expérimentales. Il en est de même pour les départs, car
seule Pagelus bellottii, capturée pour la première fois au mois précédent, est absente. On
enregistre trois retours, ceux de Halobatrachus didactylus, Arius heudelotii et Plectorhinchus
mediterraneus.
II.2.3.5. En juin
La hausse de la richesse spécifique se confirme et se hisse au même niveau que lors de
la première campagne (26 espèces). Le nombre d’individus est proche de celui de décembre,
se maintenant un peu au dessus, avec 1631 individus. C’est Eucinostomus melanopteurs qui
est cette fois l’espèce la plus abondante avec 635 individus, soit 38,93%.
Le mois de juin est marqué par six retours, un départ celui de Mustelus mustelus et l’arrivée
de quatre nouvelles espèces : Fistularia sp., Scomberomorus tritor, Pomadasys jubelini et
Sardinella aurita. Le retour de trois espèces parmi les « revenantes », Brachydeyerus auritus,
Syngnathus sp. et Epinephelus aeneus, peut être considéré comme lié au
début de
réchauffement des eaux dans la mesure où elles n’ont quasiment pas été capturées ou très
faiblement durant la saison froide.
II.2.3.6. En juillet
La richesse spécifique est aussi élevée qu’en juin grâce surtout à la capture de huit
nouvelles espèces : Ablennes hians, Carcharhinus falciformis, Decapterus rhonchus,
Pomadasys peroteti, Arius parkii, Sardinella maderensis, Liza dimerili et Pomadasys peroteti.
Le nombre d’individus capturés régresse. On en dénombre 935 dont 439 pour la seule
Atherina lopeziana.
On note le retour de quatre espèces, Liza aurata, Mugil cephalus, Mugil capurrii et
Pomadasys incisus et l’absence de douze autres dont quatre venaient de faire un retour en
juin, Arius latiscutatus, Galeoides decadactylus, Brachydeuterus auritus et Epinephelus
aeneus.
II.2.3.7. En août
La richesse spécifique subit un léger fléchissement en passant à 24 espèces. Le nombre
d’individus est de 2794 individus, soit à son deuxième niveau le plus élevé depuis le début des
100
pêches expérimentales. La principale contribution est à mettre au compte d’Atherina
lopeziana qui réalise ainsi même son record mensuel en totalisant à elle seule 2291 individus
soit 82% des effectifs.
Le mois d’août est également marqué par douze départs, dont sept définitifs,
d’Ablennes hians, Carcharhinus falciformis, Decapterus rhonchus, Liza aurata, Liza
dumerili, Sardinella maderensis, et Mugil capurrii, et cinq autres qui reviendront par la suite,
Mugil cephalus, Pomadasys peroteti, Arius parkii,
Pomadasys jubelini et Synaptura
lusitanica.
On note aussi le retour dans les filets de Plectorhinchus mediterraneus, Epinephelus
aeneus, Eucinostomus melanopterus, Mugil sp., Spondyliosoma cantharus, Liza ramada,
Sparus aurata et Rhizoprionodon acutus et l’enregistrement d’une nouvelle espèce
Chloroscombrus chrysurus. C’est jusque-là le taux mensuel de nouvelles espèces le plus
faible.
II.2.3.8. En septembre
Avec l’arrivée de deux nouvelles espèces, Argyrosomus regius et Dentex canariensis,
la richesse spécifique est de nouveau en hausse et s’établit à 25 espèces.
Les effectifs des captures sont en baisse mais se maintiennent au-dessus des deux mille
individus. Atherina lopeziana fournit toujours la plus grosse part des captures, avec 1191
individus (58,35%). Elle est suivie par Dicentrarchus punctatus avec 415 individus (20,33%).
Les départs et les retours sont presque équilibrés car on dénombre sept espèces pour
les premiers, Pseudupeneus prayensis, Symphodus bailloni, Chloroscombrus chrysurus,
Epinephelus aeneus, Mugil sp., Liza falcipinnis et Sparus aurata et six pour les seconds dont
cinq font ainsi leur dernière apparition dans les captures, Arius latiscutatus, Synaptura
cadenati, Synaptura lusitanica, Galeoides decadactylus, Mugil cephalus et Pomadasys
peroteti.
II.2.3.9. En octobre
Il n’y a pas eu de nouvelles espèces dans les captures mais on note quand même un
mouvement d’espèces qui entraîne une baisse de la richesse spécifique à 23 espèces. Les
effectifs des captures diminuent également car on compte 1685 individus dont un gros lot
(60,35%) est toujours constitué d’Atherina lopeziana.
101
Parmi les départs, on note ceux, définitifs, de Arius latiscutatus, Dentex canariensis,
Galeoides decadactylus et Mugil cephalus et ceux temporaires, de Synaptura cadenati,
Pomadasys peroteti et Argyrosomus regius. Les espèces qui reviennent sont : Liza sp.,
Pseudupeneus prayensis, Symphodus bailloni, Liza falcipinnis et Arius parkii ; elles resteront
dans les prises jusqu’à la fin des pêches expérimentales.
II.2.3.10. En novembre
La richesse spécifique continue à baisser, atteignant 22 espèces, car Liza falcipinnis et
Arius parkii qui avaient fait leur retour dans les prises en novembre et Eucinostomus
melanopterus qui n’a été absente qu’une fois depuis le début des pêches expérimentales, ont
porté le nombre de départ à trois. La campagne de novembre est tout de même marquée par
l’arrivée d’une nouvelle espèce, Hemiramphus brasiliensis, et le retour de Pomadasys
peroteti.
Les effectifs des captures repartent à la hausse malgré la baisse de la proportion
d’Atherina lopeziana, qui avec 901 individus (46,09%) reste tout de même l’espèce
dominante.
II.2.3.11. En décembre
Sept espèces présentes au mois dernier manquent dans les captures. Il s’agit de Arius
heudelotii, Hemiramphus brasiliensis, Pomadasys peroteti, Rhizoprionodon acutus,
Synaptura lusitanica, Pomadasys incisus et Diplodus sargus. Il n’y en a pas autant pour les
retours et les nouvelles espèces réunis : Sardinella aurita et Argyrosomus regius sont de
retour et une nouvelle espèce Parapristipoma octolineatum est enregistrée. Par conséquent on
assiste à une baisse significative de la richesse spécifique, qui passe à 18 espèces.
L’effondrement des effectifs concerne surtout Atherina lopeziana qui ne compte que
82 individus. C’est cette fois-ci Liza sp. qui est en tête des plus grosses prises avec 303
individus, suivie par Liza ramada et Pomatoschistus microps avec respectivement 168 et 164
individus.
102
II.2.4. Synthèse
II.2.4.1. Variation inter-stationnelle
La station de l’herbier de la falaise (SHFA) a été celle où la richesse spécifique est
apparue la plus forte : 44 espèces sur un total de 58 y ont été capturées (Carte 18). Les
différences en faveur de la station SHFA sur les autres stations sont également importantes en
termes de nombre d’individus capturés qui s’y élève à 5960 individus, soit 31% des effectifs
totaux. Toutefois, les effectifs d’une espèce, Atherina lopeziana, ont particulièrement pesé dans
ce résultat. Cette espèce paraît particulièrement inféodée à la station où elle semble rechercher
et/ou trouver des conditions de refuge offertes par la densité et la hauteur des tiges de l’herbier
à Spartina maritima. Les résultats ont également montré qu’Atherina lopeziana n’est pas la
seule espèce à marquer "son territoire" au niveau de cette station. En effet, on y a aussi noté la
présence remarquable et régulière des deux labridés, Symphodus bailloni et Symphodus sp. et
de celle de Syngnathus sp.
L’attrait exercé par cette station sur ces différentes espèces semble surtout liée à sa
zonation écologique caractérisée par l’association de trois phanérogames marines présentes
dans la Baie de l’Etoile (Spartina maritima, Zostera noltii et Cymodocea nodosa). Cette
hypothèse est d’autant plus vraisemblable que les espèces en question ont également une
présence significative au niveau de la station SAVR marquée par les mêmes dispositions
écologiques comparativement à la station SHFA. L’autre argument qui tend à soutenir l’effet
de cet herbier mixte sur la qualité des pêches réalisées au niveau de la station SHFA est relatif
aux données de la station voisine SHBS. Cette station plutôt abritée, située plus près de
l’entrée de la Baie de l’Etoile et sur laquelle on trouve deux des trois phanérogames, Zostera
noltii et Cymodocea nodosa, est caractérisée malgré tout par une richesse spécifique moindre.
La station SHBS ne totalise en effet que 37 espèces. Toutefois le nombre total d’individu
capturés (12,5% des effectifs totaux) est beaucoup plus faible que dans la station précédente.
Deux espèces, Dicentrarchus punctatus et Pomatoschitus microps y ont été capturées assez
régulièrement et en plus grande quantité qu’en SHFA. Elle prend aussi le meilleur sur cette
dernière en ce qui concerne le groupe des espèces capturées au niveau de deux stations en
totalisant six espèces contre trois pour celle-ci. En revanche avec seulement trois espèces, la
station est moins bien lotie pour ce qui concerne les espèces ayant été prises au niveau d’une
station. La station SHBS n’est pas non plus bien positionnée dans le classement par nombre
103
d’individus capturés, dans lequel elle occupe la dernière place avec 2404 individus, soit
12,51% des effectifs.
Au contraire les effectifs capturés à la station SAVR sont très importants (38% des
captures). Cette performance est liée à la position de la station qui est située à l’entrée de la
« rivière » dans un chenal pas assez large pour permettre aux poissons de disposer d’assez
d’espace pour éviter les deux engins de pêche et plus particulièrement le filet trémail. Les
captures d’Atherina lopeziana ont beaucoup contribué à ce résultat. Toutefois, même si l’on
ne tient pas compte des captures de cette espèce, la station reste quand même en tête devant
toutes les autres. La zonation écologique de la station qui est semblable à celle de la station
SHFA n’est pas à négliger non plus car l’effet de l’herbier à spartines sur Atherina lopeziana,
évoqué au niveau de la station SHFA se répète ici. Parmi les espèces présentant une forte
densité et une certaine régularité au niveau de cette station, figurent également Diplodus
bellotii, Eucinostomus melanopterus, Liza falcipinnis, Symphodus bailloni, Symphodus sp.,
Sphoeroides spengleri et Halobatrachus decadactylus. 36 espèces au total on été capturées
dans cette station
Avec seulement 18 espèces, la station SAMR est ainsi celle où la richesse spécifique
est la plus faible. Rappelons, cependant, qu’à la différence des autres stations où le verveux et
le trémail ont été couplés, seul le premier engin de pêche a été utilisé à SAMR. C’est aussi la
station la plus en aval et qui est située sur un secteur très peu profond. Mais cette diversité
faible est compensée par une capture de 19% des effectifs. La configuration de la station est
pour beaucoup dans ce résultat : le verveux était déployé dans un chenal formé au milieu
d’une prairie à spartines ; entraînés par le courant de la marée descendante, la plupart des
poissons avaient du mal à échapper à l’engin sauf en passant par-dessus la ralingue
supérieure. Le gerreidae Gerres sp. est la seule espèce à n’avoir été pêchée que dans cette
station. Plusieurs espèces ont été le plus abondamment capturées à SAMR. C’est le cas
notamment de Dicentrarchus punctatus, Brachideterus auritus, Diplodus sargus, Liza aurata
et Sphoeroides spengleri.
Cette analyse comparée de la distribution spatiale des espèces et de leurs effectifs entre
les différentes stations nous conduit nécessairement à essayer de voir comment elle se traduit
en mettant en opposition les deux composantes du système, la Baie et la « rivière ».
104
Il découle des analyses précédentes que c’est au niveau de la Baie que la richesse spécifique a
été la plus forte avec 51 espèces contre 37 pour la « rivière ». Ce résultat est logique dans la
mesure où ce compartiment du système situé en amont constitue le passage obligé des
poissons fréquentant la Baie de l’Etoile. Il se justifie aussi par le fait que quatre engins de
pêche y ont été déployés contre trois dans la « rivière ». Mais malgré tout dans cette dernière
les captures sont plus abondantes (56%). La position des stations de la « rivière » disposées
dans des chenaux assez étroits y a beaucoup contribué. Ce qui n’est pas le cas dans la Baie où
les poissons sont moins vulnérables que dans la « rivière », car disposant de plus d’espaces
d’évolution pour échapper aux engins de pêche, fussent-ils plus nombreux.
On ne peut pas non plus exclure l’effet de « la concurrence » des engins de la pêche
professionnelle, absents de la « rivière », mais dont la présence est très notable dans la Baie et
à proximité des deux stations de pêche expérimentale. Toutefois cet argument n’explique pas
à lui seul les captures des Mugilidae dont la quasi-totalité des espèces, Liza aurata, Liza
falcipinnis, Liza ramada, Mugil cephalus et Mugil capurrii, ont été plus abondamment
pêchées dans la « rivière » (80% individus). Cette préférence des mugilidés pour la « rivière »
est très probablement liée à la recherche de nourriture dans cet espace où les traces de leurs
passages laissés sur le substrat sédimentaire ont été confirmées par ailleurs par les analyses de
contenus stomacaux des individus.
II.2.4.2. Variation saisonnière
Il est apparu que la richesse spécifique est plus faible en saison froide (Tableau 17).
Elle est restée inférieure à 20 espèces pendant les quatre campagnes de pêche effectuées lors
de cette saison. La valeur minimale sur l’ensemble des campagnes de pêche a été observée en
avril avec seize espèces. La moyenne saisonnière est de 16,75. En revanche, la saison détient
aussi, paradoxalement, les deux records concernant les effectifs des captures. La plus faible
valeur, 298 individus, a été observée en mars au milieu de la saison froide et la plus forte à la
fin de celle-ci au mois de mai avec 3453 individus. Ce qui porte la moyenne des effectifs des
captures de la saison froide à 1494 individus.
Le passage de la saison froide à la saison chaude s’est révélé être la période où la richesse
spécifique a été la plus forte et la plus stable. Celle-ci s’est en effet maintenue à vingt-six
espèces durant les deux mois, soit un gain de neuf espèces par rapport à la saison froide
écoulée. Cette intersaison est aussi marquée par un grand mouvement d’espèces : il y a eu
douze nouvelles espèces, dix retours et treize départs d’espèces, alors que pour les quatre
105
campagnes de la saison froide, seulement quinze nouvelles espèces et neuf retours ont été
enregistrés. Les effectifs des captures ont cependant connu un affaissement continu durant
l’intersaison qui lui vaudra la moyenne la plus basse avec 1283 individus.
Tableau 17 : Récapitulatif des variations saisonnières des effectifs et de la richesse spécifique des
captures.
Déc.06
Saison froide
Intersaison
(juin-juillet)
Saison
chaude
Intersaison
(nov-déc.)
Effectifs cumulés
1227
5976
2566
6520
2932
1227
1 494
1 283
2 173
1 466
26
16,75
26
24
20
26
3,75
6
1
1
Effectifs moyens
Nombre d'espèces capturées en
moyenne
Espèces
nouvelles
nouvellement)
capturées
moyenne)
(ou
(en
A l’opposé, la saison chaude qui a suivi et pendant laquelle les captures ont été
relativement abondantes, a enregistré la moyenne la plus élevée qui s’est établie à 2173
individus. Cette saison se distingue aussi par un faible renouvellement du peuplement. Il n’y a
eu en tout que trois espèces nouvelles dont une en août, deux en septembre et aucune en
octobre, mois qui marque la fin de la saison chaude. La moyenne mensuelle est donc d’une
espèce nouvelle pour l’ensemble de la saison chaude, contre 3,75 pour la saison froide et 6
pour l’intersaison précédente. Malgré ce faible renouvellement des captures, la richesse
spécifique est restée assez élevée et variant entre 23 et 25 espèces.
Cette relative stabilité de la richesse spécifique ne s’est pas maintenue durant l’intersaison
qui marque le passage de la saison chaude à la saison froide. Au cours de celle-ci le nombre
d’espèces est passé de 22 en novembre à 18 en décembre 2007 confirmant ainsi la baisse
enregistrée en octobre et s’approchant aussi des valeurs observées en début de saison froide,
(janvier 2007). Les pêches ont été marquées par une hausse puis un tassement du nombre
d’individus capturés portant la moyenne de l’intersaison à 1466 individus.
106
II.3. Les communautés de poissons
Dans la section précédente de ce chapitre nous avons analysé en détail la variation
spatiale et temporelle du peuplement de poissons. Dans la présente section, nous réalisons une
synthèse des résultats obtenus en tentant de proposer une typologie de ce peuplement en
communautés de poissons. Cette classification se traduit par l’existence de deux principales
communautés de poissons, les espèces résidentes et les espèces en transit. La présentation des
espèces est accompagnée par des indications sur la structure démographique à travers
notamment la taille des individus et/ou la proportion des individus jeunes par rapport aux
adultes.
II.3.1. Les espèces résidentes
C’est la communauté formée par les espèces dont le séjour dans la Baie de l’Etoile
dure plus de six mois, qu’ils soient consécutifs ou non. On dénombre dix-neuf espèces
répondant à ce critère, soit près d’un tiers des espèces répertoriées (32,76%). Leurs effectifs
cumulés représentent 84,30% des captures totales, soit plus des 4/5.
C’est une communauté très hétérogène composée de plusieurs sous-communautés : espèces
résidentes ubiquistes, espèces résidentes rares et/ou migratrices.
II.3.1.1. Les espèces résidentes ubiquistes
Il s’agit des espèces qui sont présentes partout et en tout temps. Si l’on s’en tient
strictement à ce critère spatio-temporel, seules trois espèces le satisfont. Ce sont
Dicentrarchus punctatus, Pomatoschistus microps et Sphoeroides spengleri.
Mais le caractère ubiquiste peut aussi être élargi à d’autres espèces si l’on considère certaines
exceptions. Ce sont tout d’abord, les espèces qui sont présentes dans toutes les stations et qui
ont été pêchées onze mois sur douze, et dont l’absence d’un mois est due soit à un biais lié à
l’organisation des campagnes soit à leur réelle raréfaction. Peuvent également faire partie de
cette catégorie les espèces ayant été pêchées lors de toutes les campagnes mais qui sont
« absentes » de la station aval de la « rivière » où seul le verveux avait été déployé. Ce qui
porte le total de cette communauté à huit espèces.
107
II.3.1.1.1. Dicentrarchus punctatus (Bar moucheté)
Les mensurations recueillies sur les captures de Dicentrarchus punctatus sont
comprises entre 32 et 449 mm. 77% des individus ont une taille inférieure ou égale à 141 mm
et près de 93% une taille inférieure à 300 mm. C’est donc une population composée
majoritairement de juvéniles. Les tailles minimales ont été enregistrées en mai et en juillet.
Cette période marque donc l’arrivée de nouvelles générations. Ces observations sont en
adéquation avec celles de Leung Tack (non publié).
II.3.1.1.2. Pomatoschistus microps (Gobie tacheté)
C’est aussi en mai que semble avoir lieu le premier recrutement chez ce Gobiidé. On a
ainsi noté un doublement des populations de l’espèce dans les captures et les tailles les plus
faibles, autour de 20 mm. Des individus de tailles légèrement supérieures (22 mm), mais
inférieures à la moyenne, figurent dans les captures en août et en octobre. La taille maximale
qui est de 123 mm a été enregistrée en août. C’est aussi le mois où l’effondrement des
captures de l’espèce a été le plus significatif, 8 individus pour une moyenne mensuelle de 35
individus.
II.3.1.1.3. Sphoeroides spengleri (Compère collier)
Pour cette espèce, les individus capturés mesurent entre 57 et 155 mm. Les premières
captures réalisées en décembre 2006 comprenaient majoritairement des individus de tailles
inférieures à 100 mm. Le rapport s’inverse dès la campagne suivante, mais les tailles
maximales restent inférieures à 121 mm jusqu’en mai. A partir du mois de juin les individus
dont la taille est supérieure à 120 mm augmentent en nombre et deviennent dominants à partir
du mois d’août, où la taille maximale est enregistrée. L’apparition d’un individu de 57 mm en
novembre 2007 ainsi que les données démographiques de décembre 2006, laissent penser que
les recrutements ont peut être lieu durant la saison chaude.
II.3.1.1.4. Solea senegalensis (Sole du Sénégal)
Elle est absente des captures au mois d’avril seulement. Son retour en mai est marqué par
l’arrivée de jeunes individus dont deux mesurent 85 et 87 mm. Mais l’individu le plus jeune
mesurant 47 mm est capturé en juin. L’arrivée de jeunes individus n’est pas limitée à cette
période, car en octobre, à la fin de la saison chaude, des individus de tailles comparables
108
à celles observées en mai figurent dans les captures. Ce qui laisse penser que la période de
recrutement de cette espèce benthique est assez étalée.
II.3.1.1.5. Diplodus sargus cadenati (Sar rayé)
Cette espèce présente partout est seulement absente au mois de décembre 2007. Cette
absence est précédée d’une baisse des effectifs qui sont passés de 40 individus en octobre à 15
en novembre. Mais l’évolution de ses effectifs, marquée par une certaine irrégularité depuis le
début des pêches expérimentales, ne permettait de l’envisager. En effet, avec 43 individus en
décembre 2006, elle était l’une des espèces les plus abondantes de la première campagne,
mais à la campagne suivante (janvier 2007) seulement un individu est pêché, et en mars elle
occupe même le deuxième rang avec 40 individus. Cette absence n’est donc pas surprenante si
l’on considère l’évolution des effectifs de l’espèce et semble donc très probablement liée à
une raréfaction.
La taille des individus capturés varie entre 7 et 314 mm. L’individu mesurant 7mm a
été pêché en novembre 2007, mais l’arrivée de jeunes individus a été remarquée bien plus tôt.
Le seul individu capturé en janvier mesurait 26 mm, mais c’est en avril que le nombre de
jeunes individus s’accroît considérablement : 12 individus de tailles comprises entre 28 et 52
mm constituent la totalité des captures de cette campagne.
II.3.1.1.6. Diplodus bellottii (Petit sar)
Cette espèce a été capturée lors des douze campagnes sans jamais l’avoir été à la
station aval de la « rivière », SAMR. Son absence de cette station s’explique très
probablement par le fait qu’elle n’est pas du tout "capturable" au verveux, le seul engin
déployé à cette station. Cette hypothèse est d’autant plausible que dans les trois autres stations
où l’espèce a été capturée tout le temps, elle n’a quasiment été retrouvée que dans le trémail.
En effet, seulement 3 individus sur 1259 capturés (de l’espèce) ont été pêchés par le verveux.
Cet engin étant placé en position moins profonde, l’hypothèse de la préférence bathymétrique
de l’espèce peut également être invoquée.
Les captures de cette espèce grégaire sont composées d’individus de tailles sensiblement
égales. L’écart entre les moyennes des tailles minimales et maximales n’est que de 57 mm
environ. Les jeunes individus mesurant respectivement 74, 88 et 79 mm sont apparus en avril,
octobre et novembre. Le plus grand individu provient des captures du mois mai et mesure
109
Photo 19: Dicentrarchus punctatus (Bar moucheté) (Johnny Jenn’s Photo, in Fishbase.org)
Photo 20 : Solea senegalensis (Sole du Sénégal) (Usuarios L., in Fishbase.org)
Photo 21 : Diplodus sargus sargus (Patzner, R., in Fishbase.org)
110
188 mm. La période de reproduction de l’espèce commence en avril et se termine en juin
(source Fishbase.org).
II.3.1.1.7. Halobatrachus didacrylus (Poisson crapaud)
Cette espèce n’a pas non plus été pêchée à la station SAMR, sans doute pour les
mêmes raisons évoquées précédemment, mais aussi parce qu’elle est sédentaire. Cette
sédentarité explique que 93,55% de ses captures ont eu lieu dans la seule station SAVR. Elle
ne figure pas non plus dans les captures du mois d’avril. Les 31 individus capturés mesurent
entre 185 et 344 mm.
II.3.1.1.8. Symphodus sp.
Elle présente la même distribution spatio-temporelle que Halobatrachus didactylus,
mais ses effectifs sont beaucoup moins importants. L’espèce est présente à la Baie de l’Etoile
avec des individus de tailles relativement homogènes qui varient entre 144 et 205 mm.
II.3.1.2. Les espèces résidentes qui se raréfient et/ou « migratrices »
Ce sont les espèces dont les séjours dans la Baie de l’Etoile sont réguliers à la fois au
plan spatial et temporel, mais qui sont par ailleurs marqués par des absences plus ou moins
régulières qui seraient dues, soit à des raréfactions, soit à des séjours hors de l’écosystème
pendant des périodes bien déterminées.
II.3.1.2.1. Les espèces résidentes qui se raréfient
Six espèces se retrouvent dans cette catégorie : Atherina lopeziana, Arius heudelotii,
Plectorhinchus mediterraneus, Spondyliosoma cantharus, Eucinostomus melanopterus et
Syngnathus sp..
II.3.1.2.1.1. Atherina lopeziana
Atherina lopeziana, est présente dans les captures pendant dix mois. Elle a été pêchée
dans les différentes stations. Elle est prise dès la première campagne, celle de décembre 2006.
Mais cette présence était très timide car l’espèce n’y totalisait que quatre individus. Elle sera
d’ailleurs absente lors des deux campagnes suivantes. Il est également apparu que les effectifs
de l’espèce avaient chuté de près de 91% en décembre 2007, à l’approche de la saison froide.
111
Il est dès lors fort probable que l’absence d’Atherina lopeziana en janvier et mars soit
la conséquence de la raréfaction de l’espèce à cette période de l’année.
Le retour de l’espèce en avril est marqué par la présence de très jeunes individus dont certains
ne mesurent que 22 mm. Cette tendance s’est poursuivie jusqu’en juillet avec l’observation
d’individus de tailles inférieures au centimètre (6 mm en juin). Mais les explosions
démographiques constatées d’août à novembre ainsi que les tailles, dont les minimales restent
inférieures à 30 mm durant cette période, montrent que le recrutement a lieu quasiment tout
au long de l’année. On peut donc parler d’explosion démographique durant la saison des eaux
chaudes et d’effondrement des stocks, voire de leur disparition, avec la saison des eaux
froides.
II.3.1.2.1.2. Plectorhinchus mediterraneus (Diagramme ; Daurade grise)
Elle compte neuf mois de présence dans la Baie l’Etoile et n’a été pêchée que dans les
deux stations de la Baie (SHFA et SHBS) avec un effectif cumulé de 25 individus. L’espèce
ne semble pas avoir de préférence saisonnière car ses captures sont étalées sur l’ensemble de
l’année mais présentent le plus souvent des absences répétitives d’un mois, sauf d’août à
décembre 2007. C’est également au cours de cette période que les plus jeunes individus ont
été capturés. Elle peut être définie comme une espèce résidente à effectifs faibles.
II.3.1.2.1.3. Syngnathus sp.
Cette espèce associée aux herbiers à zostères ne semble pas très abondante sur le site.
L’espèce n’a totalisé que 90 individus capturés. Elle est présente de façon continue dans les
captures de juin à décembre 2007, période au cours de laquelle 85 individus ont été pris, dont
48 individus (53,33 %) en saison chaude et le record de 31 individus en septembre. Un seul
individu a été pris en janvier et ce fut l’unique durant toute la saison froide. Cette absence de
trois mois consécutifs peut dès lors être interprétée non seulement comme le résultat des
faibles effectifs de l’espèce mais aussi comme le résultat d’une raréfaction qui est peut être
liée aux conditions hydroclimatiques de la dite saison.
Les Syngnathidae capturés mesurent entre 50 et 185 mm. L’explosion démographique
constatée en septembre marque aussi l’arrivée de jeunes individus dont les tailles restent
inférieures à 100 mm.
112
Photo 22 : Diplodus bellottii (Petit sar) (In Fishbase.org)
Photo 23 : Halobatrachus didacrylus (Poisson crapaud) (LY. A.)
Photo 24 : Atherina lopeziana (Freitas, R., in Fishbase.org)
113
II.3.1.2.1.4. Eucinostomus melanopterus (Friture)
Les effectifs cumulés d’Eucinostomus melanopterus estimés à 817 individus, sont
relativement abondants, mais ils cachent d’énormes disparités intermensuelles : les captures
sont passées de 150 à 4 individus entre la première campagne et la seconde et de 9 individus à
635 entre mai et juin ; durant sept mois, sur les neuf de présence de l’espèce, ses effectifs
mensuels étaient inférieurs à 10 individus. Il apparaît donc que, malgré les pics de décembre
2006 et juin 2007, l’espèce est présente mais rare. Ce qui explique par ailleurs ses absences en
juillet et lors des deux dernières campagnes (de novembre et décembre 2007).
Pour cette espèce, aussi les deux afflux d’individus de décembre 2006 et de juin 2007
comportent essentiellement de jeunes individus mesurant entre 30 et 60 mm pour la première
et 25 et 90 mm pour la seconde.
II.3.1.2.1.5. Arius heudelottii (Mâchoiron ; poisson chat)
La situation d’Arius heudelotii est caractérisée par deux absences en décembre 2006 et
décembre 2007, mais aussi en avril 2007. Les effectifs de l’espèce ont nettement augmenté
durant les deux premiers mois de la saison chaude, sans doute grâce à l’incursion d’autres
individus dans la Baie l’Etoile. Ils sont restés inférieurs à 10 individus au cours de six
campagnes. L’espèce est donc présente mais semble se raréfier durant la transition vers la
saison froide.
Le premier Arius heudelottii capturé ne mesurait que 75 mm environ. En août la
proportion d’individus mesurant moins de 200 mm a augmenté.
II.3.1.2.1.6. Spondyliosoma cantharus (Griset ; Sarde grise)
Spondyliosoma cantharus figure quant à elle dans les captures de huit campagnes dont
quatre successives d’août à décembre 2007. Celle de novembre compte quatorze individus et
toutes les autres moins de dix. L’espèce n’a été prise qu’à deux reprises lors de la saison
froide, en mars et en mai. Son absence des deux premières campagnes et de la quatrième
traduit une raréfaction lors de la dite saison.
Les tailles des individus pêchés varient entre 132 et 250 mm.
II.3.1.2.2. Les espèces résidentes migratrices
Elles sont au nombre de cinq : Liza ramada, Liza falcipinnis, Pomadasys incisus,
Rhizoprionodon acutus et Synaptura lusitanica. Elles ont été capturées entre sept et six
114
campagnes. Elles ont aussi en commun d’être peu abondantes et/ou absentes en saison froide
surtout, et de connaître un accroissement des effectifs et une présence assez régulière de juillet
à novembre.
II.3.1.2.2.1. Liza falcipinnis (Mulet à grande nageoire)
Elle fait une première mais timide apparition dans les captures en avril avec un individu,
mais ses effectifs s’envolent dès le mois suivant et atteignent 1238 individus. Cette hausse
instantanée en mai est suivie par une baisse régulière des effectifs en juin et en juillet. Le mois
d’août est marqué par une certaine stabilité, mais celle-ci est toute relative, car l’espèce est
absente en septembre. Son retour en octobre avec six individus sera éphémère, car elle ne sera
plus capturée après.
Parmi les individus du l’explosion démographique du mois de mai, figure une majorité
de jeunes individus de tailles comprises entre 25 et 67 mm. La proportion de ces derniers a
augmenté en juin et en juillet. La taille maximale enregistrée pour cette espèce est de 369 mm.
II.3.1.2.2.2. Liza ramada (Mulet blanc ; Mulet porc)
Cet autre mugilidé est présent dans les captures pour la première fois en mai, fin de la
saison froide, avec un effectif d’un individu. Malgré un accroissement substantiel des effectifs
en juin (36 individus), ce n’est qu’à partir d’août que les captures de l’espèce vont se dérouler
sans interruption. Près de 70% des prises ont été réalisées, en effet, durant l’intersaison qui
précède la saison froide.
L’arrivée des jeunes individus est perceptible dès le mois de juin, mais c’est véritablement en
septembre qu’ils deviennent dominants par leur nombre. Des éclosions ont certainement eu
lieu en ce mois à l’intérieur ou à proximité de la Baie de l’Etoile car des juvéniles de 28 à 38
mm sont capturés de même que des individus de plus 300 mm. La période de ponte de
l’espèce est située entre septembre et février (Source Fishbase.org).
II.3.1.2.2.3. Pomadasys incisus (Crocro ; Ronfleur)
Son arrivée dans les captures dès la deuxième campagne intervient bien plus tôt que
celles des autres membres de sa communauté. Mais elle est suivie par une longue absence de
cinq campagnes. Son retour en juillet est confirmé en août par une augmentation sensible des
effectifs qui passent de cinq à douze individus. Leur baisse est sensible en septembre et se
poursuit jusqu’à la dernière séance de pêches où l’espèce n’est pas du tout présente.
115
Photo 25 : Plectorhinchus mediterraneus (Abadèche) (Murúa, O. L. in Fishbase.org)
Photo 26 : Spondyliosoma cantharus (Griset ; Sarde grise) (Patzner, R., in Fishbase.org)
Photo 27 : Liza falcipinnis (Mulet à grande nageoire) (In Fishbase.org)
116
Les deux premiers individus pris en janvier mesuraient 87 et 97 mm. Ce sont les plus
petites tailles, car celles-ci ont varié par la suite entre 100 et 183 mm.
II.3.1.2.2.4. Rhizoprionodon acutus (Requin à museau pointu)
Ce requin de la famille des Carcharhinidae n’a pas non plus été capturé en décembre
2007, après une présence continue au cours de la saison chaude et en novembre. Sa présence
lors de la saison froide n’a duré que deux mois consécutifs, mars et avril, pour un individu à
chaque fois.
Les captures de cette espèce sont composées uniquement de jeunes de tailles
comprises entre 222 et 396 mm.
II.3.1.2.2.5. Synaptura lusitanica (Sole de roche ; Sole perdrix)
C’est l’espèce la moins abondante de cette communauté. Elle ne compte qu’un effectif
cumulé de treize individus dont les captures sont plutôt assez dispersées dans le temps. C’est
en mars que fut capturé le premier individu. C’est un individu adulte de 300 mm et ce fut
l’unique de la saison froide. Un individu de taille moins importante (235 mm) réapparaît en
juin. En juillet, ce sont trois plus jeunes individus qui sont capturés dont un très jeune de 97
mm. La baisse des tailles se poursuit en septembre avec l’arrivée de quatre individus de tailles
comprises entre 95 et 115 mm. On note aussi la présence dans les captures d’un individu de
352 mm qui restera le record de l’espèce, car pour ceux pêchés en octobre et en novembre les
tailles sont comprises entre 181 et 221 mm. On a donc à faire à une espèce peu abondante
dont les incursions surviennent davantage en saison chaude.
II.3.2. Les espèces en transit
Ce sont les espèces qui apparaissent à un moment donné, demeure un certain temps
puis disparaissent. Elles ont été capturées lors de cinq campagnes au plus. Ce qui permet de
supposer qu’elles passent la majeure partie du temps hors de la Baie de l’Etoile.
Elles sont au nombre de 39, représentant ainsi 2/3 de la composition spécifique globale, et
totalisent 15,70% des effectifs cumulés. Leurs fréquences d’apparition dans les captures
varient de 5 à 1.
117
II.3.2.1. Les espèces en transit à plusieurs occurrences
II.3.2.1.1. Les espèces en transit à cinq occurrences
On retrouve dans cette catégorie trois espèces : Pseudupeneus prayensis, Symphodus
bailloni et Liza sp..
II.3.2.1.1.1. Pseudupeneus prayensis (Rouget du Sénégal)
C’est la seule espèce de ce sous-groupe à avoir été capturée lors de la première
campagne. Elle a ensuite été absente des captures jusqu’en août. Elle n’a reparu en septembre.
Son retour en octobre s’est prolongé jusqu’en décembre 2007.
Les 17 rougets qui ont été capturés ont sensiblement les mêmes tailles, comprises entre 158 et
200 mm.
II.3.2.1.1.2. Liza sp.
Ce sont des juvéniles de mulets. Ils ont été également pêchés durant le premier et le
dernier trimestre de 2007. Leurs tailles sont comprises entre 25 et 112 mm.
II.3.2.1.1.3. Symphodus bailloni (Vieille)
Contrairement au premier labridae (cité plus haut), celui-ci n’a été remarqué dans les
captures qu’à partir juillet. Il est aussi pris en août mais pas en septembre. Il est de retour en
octobre et se maintient jusqu’à la fin des pêches expérimentales. Les tailles mesurées sont les
mêmes que pour l’autre labridae. Mais alors que ce dernier compte en moyenne 40 individus
par campagne, Symphodus bailloni n’en recueille que 15 en moyenne.
Il semble donc bien y avoir une certaine continuité dans les captures de chacune des
trois espèces et même une certaine préférence pour les eaux chaudes ou tièdes, où se situent
par ailleurs les prises mensuelles maximales de chacune d’elles.
II.3.2.1.2. Les espèces en transit à quatre occurrences
Ce sous-groupe compte aussi trois espèces : Arius lasticutatus, Galeoides
decadactylus et Liza aurata. Elles ont été capturées entre décembre 2006 et septembre 2007.
Elles figurent toutes dans les prises de la première campagne et dans celle d’avril.
118
Photo 28 : Rhizoprionodon acutus (Requin à museau pointu) (Randall, J.E., in Fishbase.org)
Photo 29 : Synaptura lusitanica (Sole de roche ; Sole perdrix) (In Fishbase.org)
Photo 30 : Pseudupeneus prayensis (Rouget du Sénégal) (In Fishbase.org)
119
II.3.2.1.2.1. Arius latiscutatus (Mâchoiron de Gambie)
Il n’y a pas de saisonnalité dans ses incursions dans la Baie de l’Etoile. Il ne semble
pas non plus y avoir de grands écarts de tailles entre les individus. Celles-ci sont comprises
entre 168 et 221 mm. A noter qu’Arius latiscutatus, qui compte beaucoup moins d’individus
qu’Arius heudelottii, a été prise en même temps que cette dernière, en juin et en septembre.
II.3.2.1.2.2. Galeoides decadactylus (Plexiglass ; Petit capitaine)
Ses incursions dans la Baie de l’Etoile ne laissent pas apparaître une quelconque
préférence saisonnière et ne concernent visiblement que des individus de tailles assez proches
comprises entre 170 et 205 mm.
II.3.2.1.2.3. Liza aurata (Mulet doré)
Ce mugilidae a été capturé avant Liza falcipinnis et Liza ramada. En janvier, il est
présent en même temps que les jeunes Liza sp., mais il est plus abondant. En ce début de
saison froide son effectif est composé presque exclusivement de jeunes individus de tailles
inférieures à 200 mm. En juillet les captures sont mixtes, car il y a une présence simultanée
d’individus appartenant à différentes générations, mais avec une large dominance des
juvéniles mesurant entre 52 et 110 mm alors que les adultes ont des tailles comprises entre
205 et 525 mm. Liza aurata qui a disparu des prises en juillet juste à la fin de la transition
semble préférer les eaux froides et tièdes. A noter que c’est aussi la seule espèce de ce sousgroupe à avoir été pêchée dans les quatre stations.
II.3.2.1.3. Les espèces en transit à trois occurrences
Ce sous-groupe est deux fois plus nombreux que le précédent. Ses captures sont très
dispersées : au moins une des espèces figure dans les prises des campagnes de pêche réalisées
entre décembre 2006 et septembre 2007. Il comprend :
II.3.2.1.3.1. Lithognathus mormyrus (Mourne ; Ténihé ; Mabré)
Cette espèce est la seule à avoir été prise au cours de trois campagnes de pêches
consécutives, d’avril à juin. Il s’agit de 5 individus dont les deux plus jeunes mesurent 152 et
154 mm et les trois autres entre 247 et 348 mm.
120
Son départ de la Baie de l’Etoile survient au mois de juin correspondant au début de sa
période de reproduction qui est située entre juin et novembre (source Fishbase.org).
II.3.2.1.3.2. Brachydeuterus auritus (Friture ; Otoperca ; Lippu pelon)
Elle a été pêchée lors de la première et de la deuxième campagne puis en juin. Les
prises sont composées uniquement de juvéniles et de jeunes individus dont les tailles sont
comprises entre 52 et 162 mm. En décembre 63% des captures mesurent entre 52 et 95 mm.
II.3.2.1.3.3. Mugil sp.
Mugil sp. fait aussi partie des espèces prises au cours de deux campagnes
consécutives. Les premières captures ont eu lieu en janvier, période qui coïncide visiblement
avec l’arrivée de nombreuses cohortes de juvéniles, car 83% des individus mesurent entre 21
et 88 mm et le reste entre 212 et 234 mm. En mars, un adulte de 340 mm est retrouvé parmi
31 juvéniles de 15 à 92 mm.
II.3.2.1.3.4. Pomadasys peroteti (Carpe blanche ; Ronfleur perroquet)
Le cas de Pomadasys peroteti est quant à lui assez singulier. Cette espèce, dont les
effectifs sont l’un des plus faibles de ce sous-groupe avec quatre individus, a été pêchée entre
juillet et novembre avec à chaque fois un mois d’absence entre deux prises.
Les deux premiers individus pris en juillet et en septembre ont à peu près la même taille,
respectivement 181 et 190 mm. C’est aussi le cas des deux plus jeunes capturés en novembre
et qui mesurent 66 et 74 mm.
II.3.2.1.3.5. Epinephelus aeneus (Thiof ; Fausse mérou ; Mérou bronzé)
Cette espèce compte autant d’individus que Pomadasys peroteti, mais de tailles plus
grandes comprises entre 205 et 280 mm. Ils ont été pêchés en décembre 2006, puis en juin et
en août 2007.
II.3.2.1.3.6. Mugil cephalus (Mulet jaune ; Mulet à grosse tête)
Cette espèce cosmopolite, quasiment présente dans toutes les mers du globe, a été
capturée dès la première campagne lors de laquelle 93% des individus mesuraient entre 18 et
98 mm ; l’échantillon comportait aussi quatre individus de 220 à 470 mm. Les individus
capturés en juillet et septembre sont encore plus grands et mesurent 510, 503 et 246 mm.
121
Photo 31 : Symphodus bailloni (Vieille) (Lord, R., in Fishbase.org)
Photo 32 : Liza aurata (Mulet doré) (In Fishbase.org)
Photo 33 : Epinephelus aeneus (Thiof ; Mérou bronzé) (Dammous, S., in Fishbase.org)
122
Elle est présente dans toutes les stations tout comme Brachydeuterus auritus.
II.3.2.1.4. Les espèces en transit à deux occurrences
Huit espèces sont répertoriées dans ce sous-groupe. Les deux captures sont survenues
la plupart du temps après plusieurs mois d’intervalle, sauf pour deux espèces qui furent prises
chacune au cours de deux campagnes successives. Il s’agit de :
II.3.2.1.4.1. Diplodus sp.
Ce sparidae a été pêché lors de la première et de la deuxième campagne à SHFA, dans
l’herbier mixte regroupant les trois phanérogames. Les individus sont des jeunes de 15 à 170
mm.
II.3.2.1.4.2. Pomadasys jubelini (Carpe blanche ; Ronfleur perroquet)
L’espèce a été trouvée dans les filets en juin et juillet au moment de l’intersaison qui
marque le passage de la saison froide vers la saison chaude. Les tailles n’ont pas varié entre
les deux captures où elles sont comprises entre 142 et 167 mm pour les sept individus.
II.3.2.1.4.3. Synaptura cadenati (Sole de Guinée)
Avec neuf mois d’intervalle, c’est l’espèce dont les deux captures sont les plus
décalées dans le temps. Le seul individu pris en décembre 2006 mesurait 176 mm. Un
individu de taille plus petite, 65 mm, et deux plus grands de 292 et 336 mm ont été pêchés en
septembre 2007.
II.3.2.1.4.4. Sparus aurata (Daurade royale)
Ses captures ont été également très décalées. Un premier individu adulte de 309 mm a
été pris en décembre 2006, troisième et dernier mois de sa période de reproduction (Source
Fishbase). Deux individus de 142 et 156 mm ont été pris en août.
II.3.2.1.4.5. Sardinella aurita (Sardinelle ronde)
C’est en juin qu’a eu lieu la première capture de cette espèce grégaire et migratrice par
excellence. Quatre individus ont été pris d’un coup à SHBS, la station la plus proche de
l’entrée de la Baie de l’Etoile. Leurs tailles varient entre 175 et 300 mm. En décembre 2007
un seul individu de 315 mm a été repris au même endroit. A noter que sa période de frai, qui
123
Photo 34 : Mugil cephalus (Mulet jaune ; Mulet à grosse tête) (Randall, J.E., in Fishbase.org)
Photo 35 : Pomadasys jubelini (Carpe blanche) (Johnny Jenn’s Photo, in Fishbase.org)
Photo 36 : Synaptura cadenati (Sole de Guinée) (In Fishbase.org)
124
est variable d’une zone géographique à l’autre, est située en juillet-août pour ce qui concerne
la Mauritanie (Source Fishbase.org).
II.3.2.1.4.6. Mugil capurrii (Mulet noir)
Ce mugilidé a été pris à trois mois d’intervalle. Les premières captures réalisées en
avril sont estimées à 1290 individus, composées uniquement de juvéniles de tailles variant
entre 29 et 117 mm. Ces jeunes individus ont très probablement quitté la Baie de l’Etoile à
cette taille puisque la deuxième capture survenue en juillet ne comptait qu’un adulte de 389
mm.
II.3.2.1.4.7. Arius parkii (Mâchoiron de Guinée)
Cet ariidae s’est retrouvé dans les filets en même temps que A. heudelottii en juin et en
octobre avec des individus de tailles sensiblement égales (228 à 285 mm), mais avec un
effectif moindre à chaque fois.
II.3.2.1.4.8. Argyrosomus regius (Courbine ; Maigre)
C’est en septembre que la première courbine (maigre) a été pêchée à SHFA. Elle
mesure 392 mm. La capture de la seconde, de taille plus petite (210 mm), est intervenue un
peu plus tard, lors de la dernière campagne (décembre 2007), à l’entrée de la « rivière » cette
fois (SAVR). L’arrivée de ces jeunes courbines à la Baie de l’Etoile au moment où les eaux
sont chaudes ou tièdes répond à un schéma classique de migration de l’espèce (Source
Fishbase.org).
II.3.2.2. Les espèces en transit à une occurrence
Elles sont au nombre de dix neuf. Leurs effectifs cumulés représentent 0,62% des
captures.
II.3.2.2.1. Diplodus cervinus cervinus (Sar à grosses lèvres)
Elle fait partie des quatre espèces de ce sous-groupe capturées à la première
campagne. L’individu qui a été pris a eu une taille de 270 mm.
125
II.3.2.2.2. Gerres sp.
Cette espèce indéterminée appartenant à la famille des Gerreidae a aussi été prise en
décembre 2006. Pas moins de 62 jeunes individus de 52 à 100 mm ont été pêchés à la station
SAMR.
II.3.2.2.3. Epinephelus guaza (Mérou de méditerranée)
Ce serranidae a été capturé en même temps que le premier (Epinephelus aeneus) en
décembre 2006. Ils comptaient un même nombre d’individus. Epinephelus guaza comportait
cependant le plus grand mais aussi le plus petit individu (170 et 390 mm).
II.3.2.2.4. Leptocharias smithii (Chien de mer roux ; Requin)
Les individus de cette espèce ont été pris en décembre 2006 dans une seule station
(SHFA). Ils ont à peu près les mêmes tailles, de 305 à 344 mm.
II.3.2.2.5. Stephanolepsis hispidus (Baliste)
Cette espèce est entrée dans la Baie de l’Etoile en mars au milieu de la saison froide.
L’individu pêché mesure 159 mm.
II.3.2.2.6. Pagellus bellottii (Pageau ; Fausse daurade)
Egalement arrivé en saison froide, le Pagellus bellottii capturé est un jeune individu de
50 mm.
II.3.2.2.7. Mustelus mustelus (Chien de mer ; Émissole lisse)
Contrairement aux autres requins, cette espèce a été capturée en solitaire en mai. Sa
taille (530 mm) est cependant plus grande.
II.3.2.2.8. Citharus linguatula (Feuille)
C’est la deuxième espèce du groupe à avoir été pêchée en avril. L’individu mesure
275 mm.
126
Photo 37 : Sparus aurata (Daurade royale) (Camrrubi, J.-F., in Fishbase.org)
Photo 38 : Argyrosomus regius (Courbine ; Maigre) (In Fishbase.org)
Photo 39 : Sardinella aurita (Sardinelle ronde) (Quelch, G.D., in Fishbase.org)
127
II.3.2.2.9. Fistularia sp.
Cette espèce indéterminée fait partie des nouvelles espèces qui ont été prises en juin,
au tout début du réchauffement des eaux. L’individu mesure 757 mm et détient ainsi la taille
record des captures, toutes espèces confondues.
II.3.2.2.10. Scomberomorus tritor (Maquereau bonite)
Comme la plupart des autres espèces de ce groupe, cette espèce ne compte qu’un
individu mesurant 200 mm. Elle s’est signalée dans la Baie de l’Etoile en juin.
II.3.2.2.11. Ablennes hians (Ophie plate)
Sa taille qui est légèrement inférieure à celle du Fustilariidae, est de 750 mm, mais elle
pèse un peu plus lourd. Elle fait partie des huit nouvelles espèces ayant pénétré dans la Baie
de l’Etoile en juillet.
II.3.2.2.12. Liza dumerili (Mulet bouri)
C’est le mugilidae qui a été capturé en dernier, c’est aussi le seul à avoir été capturé en
une seule occasion. Les neuf individus mesurent entre 119 et 319 mm.
II.3.2.2.13. Decapterus rhonchus (Chinchard Jaune)
C’est l’un des deux Carangidae figurant dans les captures. C’est un individu plutôt
jeune qui mesure 171 mm.
II.3.2.2.14. Carcharhinus falciformis (Requin soyeux ; mangeur d’hommes)
C’est sans doute un banc de cette espèce circumtropicale qui a pénétré dans la Baie de
l’Etoile en juillet. Les onze individus qui ont été pris à la même station semblent être de la
même génération. Ils mesurent entre 350 et 409 mm.
II.3.2.2.15. Sardinella maderensis (Sardinelle plate)
Cette deuxième espèce de Clupeidae est arrivée un mois après le premier, avec un
effectif trois fois plus important. Il n’y a pas de grandes différences de tailles entre les
individus du banc qui mesurent entre 180 et 275 mm. La très grande majorité des individus a
été prise à la SHFA.
128
Photo 40 : Dentex canariensis (Daurade rose ; Denté) (In Fishbase.org)
Photo 41 : Carcharhinus falciformis (Requin soyeux ; mangeur d’hommes)
(Furlan, B., in Fishbase.org)
Photo 42 : Decapterus rhonchus (Chinchard Jaune) (In Fishbase.org)
129
II.3.2.2.16. Chloroscombrus chrysurus (Carangue médaillée ; Plat plat)
Ce second carangidae est la seule espèce nouvelle capturée en août, au début de la
saison chaude. C’est un individu de 213 mm.
II.3.2.2.17. Dentex canariensis (Daurade rose ; Denté)
Elle est l’une des deux espèces nouvelles capturées au milieu de saison chaude
(septembre). Elle mesure 234 mm.
II.3.2.2.18. Hemiramphus brasiliensis (Demi-bec brésilien)
Après une pause en octobre, cette espèce marque en novembre la reprise de l’arrivée
de nouvelles espèces dans la Baie de l’Etoile. Il s’agit aussi d’un banc constitué de sept
individus de tailles comprises entre 343 et 371 mm.
II.3.2.2.19. Parapristipoma octolineatum (Pristipome rayé)
C’est la dernière nouvelle espèce enregistrée à la clôture des pêches expérimentales en
décembre 2007. L’individu mesure 170 mm.
II.3.3. Synthèse
Le peuplement de poissons de la Baie de l’Etoile est caractérisé par une grande
disproportion entre la communauté des espèces résidentes, qui compte 19 représentants et
celle des espèces en transit qui en totalise 39. Cette disproportion prouve qu’à l’image de son
fonctionnement hydrologique rythmé par l’alternance des marées montantes et descendantes,
la connexion de la Baie de l’Etoile à la Baie du Lévrier adjacente assure un important
mouvement d’espèces entre les deux écosystèmes. Ce mouvement d’espèces est permanent
car la communauté des espèces en transit ainsi que celle des espèces résidentes migratrices
qui le caractérisent sont réparties dans les captures des différentes campagnes de pêche. Cette
répartition n’est cependant pas constante et se caractérise par des variations saisonnières. En
juin et juillet, pendant l’intersaison marquant le passage de la saison froide à la saison chaude,
12 espèces en transit ont été recensées alors que seules deux ont été dénombrées en novembre
et en décembre lors de la transition qui précède la saison froide.
130
Photo 43 : Chloroscombrus chrysurus (Carangue médaillée ; Plat plat) (In Fishbase.org)
Photo 44 : Parapristipoma octolineatum (Pristipome rayé) (In Fishbase.org)
Photo 45 : Epinephelus guaza (Mérou de méditerranée) (LY, A.)
131
II.4. CONCLUSION
La variation spatiale du peuplement de poissons de la Baie de l’Etoile a été caractérisée
par des différences tant en termes de richesse spécifique que de volume de poissons pêchés
entre les différentes stations. Sur la base de ces deux derniers paramètres, un « effet herbier »
a été mis en évidence à travers les écarts observés entre les deux stations de la Baie, SHFA et
SHBS. La première qui a l’avantage d’avoir en plus une prairie à Spartina maritima est ainsi
celle où la richesse spécifique est la plus élevée. La présence de ce biotope explique aussi, par
exemple, que le volume des captures d’Atherina lopeziana y soit considérablement plus
important ainsi qu’à la station SAVR.
La variation temporelle a quant à elle été marquée par un « effet saison ». Celui-ci
s’exprime principalement par des différences constatées dans les richesses spécifiques notées
entre les saisons et les intersaisons plus que par les écarts de volumes de poissons pêchés au
cours de celles-ci. L’effondrement de la richesse spécifique survenu entre la campagne de
décembre 2006 et celle de janvier 2007, son maintien à une valeur près (entre 16 et 17
espèces) durant la saison froide et surtout l’accroissement spectaculaire intervenu en juin et
juillet pendant l’intersaison de transition l’illustrent assez bien. Ainsi, les modifications des
conditions hydrologiques, notamment inter-saisonnières, avec l’arrivée des eaux chaudes ou à
l’inverse celle des eaux froides, semblent constituer des moments importants de
renouvellement du peuplement ichtyofaunique. Cette conclusion doit toutefois être relativisée
dans la mesure où elle est fondée sur des observations réalisées sur une année, alors qu’il
faudrait pour la valider des données sur plusieurs années.
Le critère de présence-absence utilisé pour classer les différentes espèces en communautés a
révélé ses limites. Les difficultés ont surtout porté sur la justification de l’absence d’une
espèce lors d’une campagne de pêche ou dans une station donnée.
La position de la station SAMR et l’utilisation d’un seul engin de pêche au lieu de deux
permettent d’expliquer la faiblesse de la richesse spécifique comparativement aux autres
stations. Ce résultat ne traduit pas forcément que certaines espèces capturées à la station située
à l’entrée de la « rivière » remonte celle-ci jusqu’à y parvenir. De même que la vulnérabilité
de certaines espèces à tel engin ou à tel autre peut intervenir pour justifier son absence.
132
Comme cela semble être le cas pour Diplodus bellottii, qui est une espèce très fréquente dans
la Baie de l’Etoile.
Le peuplement de poissons de la Baie de l’Etoile se révèle être constitué d’une très grande
diversité d’espèces dont certaines sont typiques des milieux lagunaires, estuariens et des
marais salés. Sa structure démographique révélée à travers la taille des individus et la
proportion des juvéniles par rapport aux adultes confirme que la Baie de l’Etoile joue le rôle
de nourricerie pour les juvéniles de plusieurs espèces particulièrement pour ceux des
mugilidés (mulets).
Enfin, les résultats montrent une complémentarité de la baie et de la « rivière », qui
forment deux éléments d’un même système. En effet, malgré les écarts relativement
importants entre les richesses spécifiques qui sont en faveur de la baie, il n’en demeure pas
moins que la « rivière » où les densités des herbiers sont plus importantes joue aussi un rôle
important notamment pour les mugilidés.
133
CHAPITRE III
L’AVIFAUNE
134
INTRODUCTION
Après avoir étudié les habitats benthiques et l’ichtyofaune, nous nous intéressons dans
ce chapitre aux oiseaux qui exploitent ces deux composantes de l’écosystème. Outre l’intérêt
de mettre en exergue cette relation trophique, l’objectif visé est surtout d’évaluer l’importance
de la Baie de l’Etoile dans l’accueil des oiseaux migrateurs.
Parce qu’aucune autre espèce d’oiseaux que le Gravelot à collier interrompu ne se
reproduit aux abords immédiats de la Baie de l’Etoile, de Naurois (1968), attaché à l’étude des
oiseaux nicheurs des côtes occidentales d’Afrique n’apporte pas d’indication sur l’avifaune de
ce site, sauf à évoquer sommairement les cas signalés de nidification de cette espèce de
gravelot. Ce n’est qu’au cours de l’hiver 1978/1979, que les premiers dénombrements
d’oiseaux d’eau portant sur la presqu’île du Cap Blanc incluant la Baie de l’Etoile, ont été
effectués par Trotignon et al. (1980). Les dénombrements hivernaux ultérieurs d’oiseaux
d’eau effectués en Mauritanie, focalisés sur le Banc d’Arguin, ne se sont pas étendus à la Baie
de l’Etoile (Nome, 1982).
I. MATERIELS et METHODES
Le peuplement aviaire de la baie de l’Etoile a été étudié en détail du 13 au 17
décembre 2007.
A cette période de l’année, les oiseaux ont terminé leur migration. Il s’agit donc ici d’une
analyse qui porte sur la qualité et le fonctionnement de cette avifaune en situation
d’hivernage, donc en principe sans apport extérieur ni évasion vers d’autres lieux.
Nous avons eu, à cette occasion, le soutien scientifique de deux ornithologues du Muséum
National d’Histoire Naturelle de Paris : Guy Jarry et Jean Philippe Siblet.
Les observations ont été réalisées de jour, depuis l’aube jusqu’au crépuscule, sur le
pourtour de la baie et ses zones attenantes, allant des situations de haute mer à celles de basse
mer. Il n’a été procédé à aucune observation nocturne faute de moyen technique d’observation
approprié. Des écoutes nocturnes ont seulement été faites rendant compte que les marées
basses intervenant la nuit conduisent les limicoles à une activité alimentaire dont la nature et
l’importance n’ont pu être examinées.
135
La zone d’observation a été prospectée à pied. L’identification et le dénombrement des
oiseaux, que ce soit en phase d’alimentation, entre deux marées hautes, ou en situation de
repli sur des reposoirs à marée haute ont été réalisés soit par observations directes, soit à
l’aide de jumelles 10 X 42, soit encore par le biais d’un télescope équipé d’un oculaire de 32
X grand angle.
Outre l’identification des espèces, les oiseaux ont été dénombrés par des comptages unitaires
lorsque les circonstances le permettaient, notamment s’agissant d’espèces peu représentées et
dispersées. En revanche, les espèces grégaires aux effectifs plus élevés ont fait l’objet de
dénombrements estimatifs. Ces estimations consistent à décomposer les bandes d’oiseaux par
groupes de 10, 100 ou 1000 en fonction de leur importance numérique. Les résultats de ces
dénombrements conduisent en général à une sous-estimation des effectifs réels, de l’ordre de
10 % au moins, pour des observateurs les plus avisés et les plus expérimentés (Roux, 1973 ;
Roux et al., 1976 ; 1976-1977 ; Brouwer et Mullié, 2001 ; Delany et Scott, 2006).
La distribution des oiseaux à marée basse a été examinée attentivement afin de déterminer la
répartition des espèces et de leurs effectifs en fonction des types d’habitats existant sur
l’estran au fur et à mesure des mouvements des marées.
La marée montante en chassant les oiseaux des espaces découverts, que ce soit des vasières,
des plages de sable ou des espaces rocheux de la baie, vers des reposoirs sur lesquels les
espèces se regroupent, souvent en bandes mixtes, rend les dénombrements plus aisés et plus
complets que ceux pratiqués sur les zones d’alimentation. Lorsque les espèces se regroupent
en bandes mixtes sur les reposoirs de haute mer, des observations plus attentives sont
nécessaires afin recenser convenablement chacune d’elles. Les oiseaux ne subissant pas de
pression négative de la part de l’homme (absence de chasse notamment) ont des distances de
fuite très faibles ce qui facilite grandement leur observation.
En recoupant, à plusieurs jours d’intervalle, nos dénombrements sur les reposoirs à marée
haute, nous avons constaté que l’on retrouve les mêmes espèces en nombre à peu près
constant sur chacun des sites de repos. Nous avons donc considéré que les échanges entre
reposoirs, notamment entre ceux de la « rivière » et ceux de la côte Est de la baie pouvaient
être peu importants, nous autorisant ainsi à additionner les résultats des recensements de ces
principaux reposoirs.
136
137
Les cinq jours pendant lesquels nous avons effectué nos observations ont été marqués
par de très bonnes conditions atmosphériques (Orage nocturne, pluie faible, absence de vent,
ciel souvent couvert, températures peu élevées).
Le 13 décembre (J1), les oiseaux présents à marée basse sur les vasières, bancs de sables et
herbiers ont été dénombrés. Puis la partie Sud de la baie et la « rivière » ainsi que la partie
côtière ont été et prospectées (Carte 19).
Ne disposant pas des équipements nécessaires pour parcourir les prairies à Spartina maritima
nous n’avons pas été en mesure d’en saisir toute la richesse avifaunistique. C’est notamment
le domaine du Chevalier gambette (Tringa totanus) qui peut demeurer à l’écart de nos
investigations en restant dissimulé dans l’abondante mosaïque des petits criches et autres
chenaux qui fragmentent les prairies à Spartina maritima. Nous pouvons également
soupçonner que ce type d’habitat soit très favorable aux rallidés ; il n’a livré qu’une
observation fortuite de Foulque macroule (Fulica atra).
Le 14 décembre (J2), c’est l’entrée nord de la baie et la partie littorale de l’Est et du nord-est
de la baie qui ont été soumises aux observations.
Le 15 décembre (J 3), il a été procédé au contrôle de la répartition des effectifs dans la baie à
marée basse, suivi d’un nouveau recensement, à marée haute, des oiseaux en stationnement
sur leurs reposoirs dans la partie Sud de la baie.
Le 16 décembre (J 4), les observations ont porté sur la côte Ouest et nord-ouest, ainsi que
dans les oasis jardinées situées entre la route reliant Nouadhibou à Nouakchott et la baie. La
visite de ces oasis, par simple curiosité d’abord, nous a permis de constater qu’elles
hébergeaient beaucoup d’oiseaux mais aussi qu’elles constituaient un complément
indispensable pour certains oiseaux hivernants présents dans la baie. L’oasis1 où l’irrigation
se traduit par de petites parcelles inondées attire les canards pilets (Anas acuta) et les Courlis
corlieux (Numenius phaeopus).
Le 17 décembre (J 5), une nouvelle visite de la partie nord-ouest de la baie a été effectuée
puis, au crépuscule, il a été procédé au recensement des bergeronnettes grises arrivant à leur
dortoir dans un massif situé près de la « rivière ».
II. RESULTATS
Les espèces d’oiseaux prises en compte dans cette analyse sont en tout premier lieu
celles ayant un lien très direct avec le milieu marin, soit 40 espèces. Sont ainsi concernés le
138
Cormoran à poitrine blanche (Phalacrocorax lucidus), le Pélican blanc (Pelecanus
onocrotalus), trois espèces d’ardéidés, la Spatule blanche (Platalea leucorodia), le Flamant
rose (Phoenicopterus ruber), trois espèces de canards, le Balbuzard pêcheur (Pandion
haliaetus), la Foulque macroule (Fulica atra), vingt espèces de limicoles, quatre espèces de
Laridés et quatre espèces de Sternidés. Ces oiseaux recherchent pour certains leur nourriture
en mer, tandis que d’autres profitent de l’alternance des marées pour s’alimenter sur l’estran.
(Espaces sableux, platiers rocheux, vasières nues ou couvertes de prairies à zostères, laisses
de mer, etc.).
D’autres encore trouvent à marée haute des reposoirs tranquilles sur le rivage ou sur des
espaces découverts peu éloignés du bord de mer où ils se livrent à des activités de confort
(soins au plumage, digestion, sommeil).
Il a également été tenu compte des espèces qui utilisent plus indirectement les
ressources ou les habitats qu’offre la Baie de l’Etoile. Pour cette catégorie d’espèces, nous
avons retenu à la fois des habitats naturels tels que les prairies à Spartina maritima, les
falaises gréseuses sculptées par le vent, les laisses de mer, les formations de Soude maritime
(Sueda maritima) proches de la côte et les habitats artificiels liés à la présence de l’homme
(résidences secondaires), la rare végétation ligneuse associée à ces derniers et enfin les
quelques osais jardinées qui longent la route. Les 31 espèces d’oiseaux terrestres attachées à
ces types d’habitats sont cinq rapaces diurnes, l’Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus),
deux espèces de tourterelles, le Hibou des marais (Asio flammeus), le Rollier d’Abyssinie
(Coracias abyssinicus), deux espèces d’alouettes, l’Hirondelle isabelle (Ptyonoprocne
fuligula), quatre espèces de Motacillidés, quatre espèces de Traquets du genre Oenanthe, six
espèces de Sylviidés, le Gobe-mouche nain (Ficedula parva), la Pie-grièche méridionale
(Lanius meridionalis), le Corbeau brun (Corvus ruficollis) et le Moineau domestique (Passer
domesticus). C’est donc un cortège total de 71 espèces d’oiseaux que nous traiterons dans
cette analyse (Voir en Annexe IV les commentaires sur les différentes espèces*).
II.1. Résultats des dénombrements
Avec un effectif de limicoles de près de 10 000 individus concernant vingt espèces
pour une superficie de l’estran de 11 km², la Baie de l’Etoile tient une place non négligeable
en matière d’accueil de limicoles hivernants dont la densité moyenne est de 1000
*
Ces commentaires sur les 71 espèces portent notament sur leur distribution géographique et les effectifs
recensés à la Baie de l’Etoile.
139
individus/km² (Tableau 17). Rappelons que la densité moyenne de limicoles sur les vasières
du Banc d’Arguin est de l’ordre de 4 200 individus/km² (Nome, 1982). Compte tenu de sa
position géographique sur la façade côtière du Sahara, la Baie de l’Etoile tient de ce fait un
rôle complémentaire au Banc d’Arguin. Elle forme un trait d’union stratégique sur la côte du
Sahara occidental entre les grands sites d’hivernage des limicoles de l’Afrique de l’ouest
(Archipel des Bijagos en Guinée Bissau, estuaire du Sine-Saloum au Sénégal, Basse Vallée du
Sénégal, archipel du Banc d’Arguin) et ceux des lagunes littorales du Maroc dont la plus
proche est celle de Dakhla.
Tableau 18 : Effectifs de limicoles présents dans la Baie de l’Etoile du 13 au 17 décembre 2007 et, à
titre comparatif, figurent ici ceux qui avaient été recensés en décembre 1978 et janvier 1979
(par ordre décroissant du nombre d’individus recensés en 2007)
Noms français des espèes
Noms scientifiques
Effectifs observés
Décembre 2007 Déc. 1978 et Janv. 1979 *
Bécasseau variable
Calidris alpina
5650
3200
Barge rousse
Limosa lapponica
2000
500
Grand Gravelot
Charadrius hiaticula
500
1500
Bécasseau sanderling
Calidris alba
415
2000
Courlis corlieu
Numenius phaeopus
300
250
Tournepierre à collier
Arenaria interpres
300
1000
Bécasseau maubèche
Calidris canutus
200
800
Huîtrier pie
Haematopus ostralegus
200
200
Pluvier argenté
Pluvialis squatarola
100
300
Chevalier gambette
Tringa totanus
138
70
Gravelot à collier interrompu Charadrius alexandrinus
50
90
Courlis cendré
Numenius arquata
45
100
Chevalier guignette
Actitis hypoleuca
35
0
Chevalier aboyeur
Tringa nebularia
20
20
Bécasseau minute
Caldris minuta
12
0
Bécasseau cocorli
Calidris ferruginea
5
Bécassine des marais
Gallinago gallinago
3
0
Barge à queue noire
Limosa limosa
2
10
Avocette élégante
Recurvorostra avocetta
1
0
Combattant varié
Philomachus pugnax
1
0
Pluvier doré
Pluvialis apricaria
0
3
Vanneau huppé
Vanellus vanellus
0
1
TOTAL
9977
10044
* Les effectifs exprimés dans cette colonne résultent des dénombrements effectués entre décembre
1978 et janvier 1979 par TROTIGON et. al. (1980) mais ces résultats concernent l’ensemble du Cap
Blanc sans que l’on soit en mesure d’en séparer les effectifs recensés en Baie de l’Etoile.
Il convient en outre d’ajouter que notre réflexion ici ne porte que sur les oiseaux hivernants.
Là encore par sa position géographique stratégique, en limite méridionale du Paléarctique
occidental, son rôle d’accueil, probablement considérable, en faveur des oiseaux en escale ou
140
en transit migratoire, postnuptial notamment, ne nous est pas connu et mériterait une autre
étude.
Tableau 19 : Effectifs en nombre d’individus des autres espèces d’oiseaux aquatiques
liées directement à la Baie de l’Etoile observées du 13 au 17 décembre 2007
(par ordre décroissant du nombre d’individus recensés)
Noms français des espèes
Sterne caugek
Sterne caspienne
Goéland brun
Flamant rose
Cormoran à poitrine blanche
Goéland railleur
Sterne pierregarin
Pélican blanc
Spatule blanche
Héron cendré
Goéland d’Audouin
Mouette rieuse
Aigrette garzette
Canard pilet
Balbuzard fluviatile
Sarcelle d’hiver
Sterne royale
Canard souchet
Aigrette des récifs
Foulque macroule
TOTAL
Noms scientifiques
Sterna sandvicensis
Sterna caspia
Larus fuscus
Phoenicopterus ruber
Phalacrocorax lucidus
Larus genei
Sterna hirundo
Pelecanus onocrotalus
Platalea leucorodia
Ardea cinerea
Larus audouinii
Larus ridibundus
Egretta garzetta
Anas acuta
Pandion haliaetus
Anas crecca
Sterna maxima
Anas clypeata
Egretta gularis
Fulica atra
Effectifs observés
2000
520
410
210
200
160
120
88
83
65
50
40
25
24
16
7
5
1
1
1
3991
Tableau 20 : Espèces d’oiseaux terrestres ayant un lien trophique ou de confort
(sites de nidification, dortoir) avec la Baie de l’Etoile
Noms français des espèes
Bergeronnette grise
Oedicnème criard
Traquet rieur
Traquet du désert
Busard des roseaux
Alouette des champs
Traquet motteux
Faucon pèlerin
Aigle de Bonellli
Milan noir
Hibou des marais
Pipit spioncelle
Pipit rousseline
Pipit à gorge rousse
TOTAL
Noms scientifiques Effectifs observés
Motacilla alba
246
Burhinus oedicnemus
15
Oenanthe leucura
14
Oenanthe deserti
10
Circus aeruginosus
9
Alauda arvensis
4
Oenanthe oenanthe
4
Falco peregrinus
3
Hieraatus fasciatus
1
Milvus migrans
1
Asio flammeus
1
Anthus spinoletta
1
Anthus campestris
1
Anthus cervinus
1
285
141
Tableau 21 : Espèces d’oiseaux terrestres qui bénéficient indirectement de conditions de vie ou
d’habitats liés à la Baie de l’Etoile
Noms français des espèes
Moineau domestique
Pouillot véloce
Fauvette mélanocéphale
Tourterelle turque
Touterelle maillée
Fauvette à tête noire
Pie-grièche méridionale
Vautour fauve
Hirondelle isabelle
Alouette calandrelle
Traquet à tête blanche
Fauvette passerinette
Fauvette du désert
Pouillot fitis
Gobe mouche nain
Corbeau brun
Rollier d’Abyssinie
TOTAL
Noms scientifiques
Passer domesticus
Phylloscopus collybita
Sylvia melanocephala
Streptopelia decaocto
Streptopelia senegalensis
Sylvia atricapilla
Lanius meridionalis
Gyps fulvus
Ptyonoprocne fuligula
Calandrella brachydactyla
Oenanthe leucopyga
Sylvia cantillans
Sylvia deserticola
Phylloscopus tochilus
Ficedula parva
Corvus ruficollis
Coracias abyssinicus
Effectifs observés
300
50
13
9
8
6
4
2*
3
2
2
1
1
1
1
1
1
403
* cadavres momifiés signes du passage migratoire de cette espèce
II.2. Utilisation de l’espace, des milieux et des habitats par les oiseaux
Les limicoles et autres échassiers des rivages marins, où que ce soit dans le monde,
s’alimentent sur les espaces découverts par la mer au rythme des marées et se replient à marée
haute sur les parties élevées des rivages ou parfois s’éloignent jusqu’à quelques kilomètres
des côtes (Glutz Von Blotzheim et Bauer 1982 ; Cramp et Simmons, 1983 ; Evans et al.,
1984 ; Hayman et al. 1995 ; Schreiber et Burger 2002). Au contraire, dans le cas de la Baie de
l’Etoile, les oiseaux de mer piscivores peuvent profiter de la montée du niveau de la mer qui
entraîne l’entrée de bancs de poissons pour s’en alimenter (Cartes 20 et 21).
Dans cette section, nous examinerons les différents types d’habitats utiles aux oiseaux
de la Baie de l’Etoile. Certaines espèces comme les limicoles et les oiseaux de mer ont
évidemment un lien très étroit avec la Baie de l’Etoile et sa richesse trophique offerte au
rythme des marées. Ceci explique que la baie ne se vidait pas totalement à marée basse mais
offrait néanmoins un estran formé de vastes espaces de vasières, prairies à Zostera noltii,
prairies à Spartina maritima, platiers gréseux, bancs de sable, mares résiduelles, laisses de
mer.
142
143
Par ailleurs, nous tiendrons également compte des habitats naturels ou artificiels qui ont été
créés par l’homme et dont profitent certaines espèces d’oiseaux, pour la plupart terrestres. Ces
habitats sont les formations végétales xérophiles qui parviennent à s’implanter à proximité du
rivage, les falaises maritimes, les constructions humaines littorales et leurs jardins, les oasis
voisines de la baie.
II.2.1. Eaux marines
La marée montante dans la Baie de l’Etoile s’accompagne d’un flux rentrant important
de poissons de toutes tailles. Dès que le niveau de la mer atteint un niveau convenable environ
deux à trois heures après la basse mer et pendant les six heures qui suivent, les oiseaux
piscivores exploitent les bancs de poissons. C’est ainsi que l’on observe les pélicans blancs
(Pelecanus onocrotalus), seuls ou groupés, les cormorans à poitrine blanche (Phalacrocorax
lucidus) pêchant isolément, les Sternes caspiennes (Sterna caspia), royales (Sterna maxima),
caugeks (Sterna sandvicensis) et pierregarins (Sterna hirundo) souvent en petits groupes
opérant des plongeons en piqué pour s’emparer des poissons. Les goélands bruns (Larus
fuscus), et d’Audouin (Larus audouinii) tentent, à la nage, de capturer le poisson en surface
alors que les Goélands railleurs (Larus genei) et les mouettes rieuses (Larus ridibundus)
adoptent des stratégies de pêches proches de celles des sternes. Il convient de mentionner que
les fous de Bassan (Sula bassana) très nombreux dans la Baie du Lévrier viennent pêcher aux
abords immédiats de la Baie de L’Etoile sans toutefois y pénétrer. On peut émettre
l’hypothèse que la trop faible profondeur d’eau à marée haute dans certaines parties de la baie
ne leur permettrait pas de plonger en piqué en toute sécurité sur leurs proies. C’est aussi à
partir de la mi-marée que les Balbuzards pêcheurs (Pandion haliaetus) survolent la baie en
quête de poissons d’au moins 35 à 40 cm de long. Les balbuzards présents dans la baie
peuvent aussi en sortir pour aller pêcher dans la Baie du Lévrier.
II.2.2. Rivages sableux à marée montante et haute
Tout au long des plages et quel que soit le stade de la marée, les Bécasseaux
sanderlings (Calidris alba) en bandes allant de quelques individus à plusieurs dizaines,
parcourent inlassablement le rivage au gré du ressac en quête de micros invertébrés. Les
bécasseaux maubèches (Calidris canutus) eux aussi organisés en petites bandes recherchent
leur nourriture à la limite du ressac. Les Pluviers argentés (Pluvialis squatarola) ainsi que les
grands gravelots (Charadrius hiaticula) sont présents sur ces rivages sableux mais y chassent
144
145
isolément en général. Tous les autres limicoles qui fréquentent la baie à marée basse se
rencontrent également sur les rivages sableux plus généralement en quête d’un reposoir plutôt
que pour s’y alimenter.
Ces plages sont présentes notamment sur les parties côtières ouest, nord et est de la baie de
l’Etoile. La flèche sableuse qui marque l’entrée de la baie dans sa partie orientale est
fréquentée par un grand reposoir de pélicans blancs, cormorans à poitrine blanche, goélands et
sternes.
II.2.3. Laisses de mer
Certaines espèces d’oiseaux exploitent les végétaux marins arrachés par la mer
(spartines, zostères, cymodocés) et déposés au plus haut niveau des marées sur le rivage qui
en se décomposant attirent des invertébrés (diptères, crustacés). C’est le cas, notamment, du
Tournepierre à collier (Arenaria interpres), des
Courlis cendrés (Numenius arquata) et
corlieux (Numenius phaeopus). C’est aussi sur des laisses de mer qu’ont été observés très
exceptionnellement des alouettes des champs (Alauda arvensis) et un Pipit spioncelle (Anthus
spinoletta) égarés loin au Sud de leur aire normale d’hivernage. Les Bergeronnettes grises
(Motacilla alba) et le Traquet motteux (Oenanthe oenanthe) s’y alimentent accessoirement
ainsi que la plupart des limicoles.
Ces laisses de mer végétales sont présentes aux abords du centre de pêche sportive (CPS), sur
une partie de la côte Ouest de la baie et sur les pourtours de la « rivière ».
II.2.4. Platiers rocheux
Au bas des falaises, des terrasses marines constituées de grès, découvertes aux marées
basses, comportent de petits espaces sableux et certains creux retiennent de petites flaques.
C’est le domaine des bigorneaux en particulier. Ce type d’habitat est présent à l’entrée Sudouest de la baie à l’extrémité ouest du platier rocheux dressé de part et d’autre devant le CPS
de la Baie de l’Etoile et aux abords des Champignons situés sur la partie Ouest de la baie.
C’est dans ce type d’habitats que se rencontrent plus volontiers le Chevalier guignette (Actitis
hypoleucos), le Tournepierre à collier (Arenaria interpres), le Courlis corlieu (Numenius
phaeopus), le Pluvier argenté (Pluvialis squatarola). La Barge rousse (Limosa lapponica), le
Chevalier aboyeur (Tringa nebularia), l’Huîtrier pie (Haematopus ostralegus), le Bécasseau
146
Photo 51* : Barge rousse (Limosa lapponica)
Photo 52 : Bécasseau maubèche (Calidris canutus)
Photo 53 : Bécasseau sanderling (Calidris alba)
Photo 54 : Bécasseau variable (Calidris alpina)
Photo 55 : Faucon pèlerin (Falco peregrinus)
*
Photo 56 : Flamants roses et limicoles
M. J.-Ph. Siblet, est l’auteur de toutes les photos d’oiseaux
147
sanderling (Calidris alba) et le Bécasseau maubèche (Calidris canutus) y profitent des mares
et espaces sableux.
Les goélands dont le Goéland d’Audouin (Larus audouinii) peuvent choisir ces lieux pour se
reposer à marée haute.
II.2.5. Prairies à Zostera noltii, cuvettes peu profondes et formations sableuses nues
Les prairies à Zostera noltii de la baie, entrecoupées à quelques endroits de petits
espaces sableux où la plante n’a pu s’installer et nombreuses petites dépressions colonisées
par Cymodocea nodosa, sont progressivement investies par de très nombreux limicoles en
période diurne comme nous avons pu le constater, mais aussi nocturne, ce que nous devinons
à travers les émissions sonores des oiseaux lors de nos écoutes nocturnes. Rappelons que ces
prairies sont caractérisées, notamment, par la présence d’importantes densités d’Hydrobia sp.
C’est le domaine alimentaire des Flamants roses (Phoenopterus ruber), des Hérons cendrés
(Ardea cinerea), des aigrettes (Egretta garzetta et Egretta gularis), des Spatules blanches
(Platalea leucorodia) qui exploitent les mares résiduelles. Les vasières couvertes de zostères
accueillent toutes les espèces de limicoles dont les effectifs sont particulièrement importants
pour le Bécasseau variable (Calidris alpina), la Barge rousse (Limosa lapponica) le
Bécasseau sanderling (Calidris alba) et le Grand Gravelot (Charadrius hiaticula). Le Canard
pilet (Anas acuta), la Sarcelle d’hiver (Anas crecca) et le Canard souchet (Anas clypeata) ont
été observés dans les petites dépressions.
Lorsque la mer remonte, les oiseaux se regroupent progressivement sur la partie non
submergée. Une grande majorité d’entre eux finissent par quitter ces secteurs pour se
rassembler sur des reposoirs où ils attendent la prochaine marée basse.
Quant à la prairie à Spartina maritima de la baie, elle accueille surtout des groupes de
plusieurs centaines de Bécasseaux variables (Calidris alpina) auxquels se mêlent quelques
Bécasseaux minutes (Calidris minuta) et Bécasseaux cocorlis (Calidris ferruginea). Les
Courlis corlieux (Numenius phaeopus), Courlis cendrés (Numenius arquata) fréquentent aussi
ce type d’habitat qui est exclusif pour les Bécassines des marais (Gallinago gallinago).
Les vasières qui bordent la « rivière », correspondant à l’habitat des sédiments sablo-vaseux à
Uca tangeri, sont investies à marée haute par des groupes de plusieurs centaines de
bécasseaux variables et de barges rousses (Limosa lapponica), des dizaines de Grands
Gravelots (Charadrius hiaticula) et de Bécasseaux maubèches (Calidris canutus).
148
Photo 57 : Goéland d’Audouin (Larus audouinii)
Photo 58 : Goéland railleur (Larus genei)
Photo 59 : Grand Gravelot (Charadrius hiaticula)
Photo 60 : Hérons cendrés et Spatulules blanches
Photo 61 : Bécasseau sanderling (Calidris alba)
Photo 62 : Sterne caspienne (Sterna caspia)
149
II.2.6. Les prairies à Spartina maritima de la « rivière »
Elles sont exploitées à marée basse par les Chevaliers gambettes (Tringa totanus) et
les bécasseaux variables (Calidris alpina) et minutes (Calidris minuta) qui se déploient dans
les criches et les petits chenaux tapissés notamment d’Hydrobia sp. et d’Abra tenuis. C’est
dans ce type d’habitat que le chevalier gambette est le plus représenté. Les Hérons cendrés
(Ardea cinerea), les Aigrettes garzettes (Egretta garzetta) et les Spatules blanches (Platalea
leucorodia) y sont très présents.
Le plus grand herbier qui borde la « rivière » est le siège d’un dortoir de Bergeronnettes grises
(Motacilla alba) et de Busards des roseaux (Circus aeruginosus).
II.2.7. Les sebkhas
Elles sont le domaine des Gravelots à collier interrompu (Charadrius alexandrinus).
Les autres limicoles s’y rassemblent en grand nombre à marée haute. Sur ces étendues, les
Balbuzards pêcheurs (Pandion haliaetus) se reposent au sol ou sur des piquets entre deux
séances de pêche.
II.2.8. Micro-dunes créées par Sueda maritima
Ces formations constituées sur les sebkhas sont présentes aux pieds des falaises du
nord-ouest et du sud-ouest de la baie. Le Hibou des marais (Asio flammeus) s’y abrite du
soleil dans la journée. La Fauvette du désert (Sylvia deserticola) et le Traquet du désert
(Oenanthe deserti) y recherchent volontiers leur nourriture.
II.2.9. Falaises
Elles abritent çà et là des Traquets du désert (Oenanthe deserti) et Traquets à tête
blanche (Oenanthe leucopyga). Un trio d’Hirondelle isabelline (Ptyonoprocne fuligula)
paraissant cantonné dans la falaise du Sud-Ouest de la baie suggère que l’espèce s’y
reproduise.
II.2.10. Constructions humaines, arbres et jardins d’accompagnement
Les nombreuses résidences secondaires qui existent dans la Baie de l’Etoile favorisent
aussi la présence de plusieurs espèces d’oiseaux. Parmi les espèces résidentes, la Tourterelle
maillée (Streptopelia senegalensis) est liée aux quelques arbres, le Traquet du désert
(Oenanthe deserti) et le Traquet rieur (Oenanthe leucura) profitent des bâtiments abandonnés
ou ruinés, quant au Moineau domestique (Passer domesticus) son grand opportunisme lui
permet de tirer sa subsistance des mangeoires à ovins, des jardins et des déchets alimentaires
150
Photo 63 : Tournepierre à collier (Arenaria interpres)
Photo 64 : Traquet du désert (Oenanthe deserti)
Photo 65 : Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus)
Photo 66 : Pélican blanc (Pelecanus onocrotalus)
Photo 67 : Vautour fauve (Gyps fulvus)
Photo 68 : Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)
151
de l’homme. Plusieurs dortoirs ont été repérés dans les grands Prosopis juliflora et Filaos
(Casuarina equisetifolia).
Les jardins et leur cortège de plantes ornementales, arbustes et arbres offrent aux espèces
migratrices des sites d’hivernage. C’est ainsi que sont présentes les Fauvettes mélanocéphale
(Sylvia melanocephala) et passerinette (Sylvia cantillans) ainsi que le Pouillot véloce
(Phylloscopus collybita) de loin le plus abondant.
II.2.11. Les oasis
Parmi les oasis qui se situent à l’Ouest de la Baie de l’Etoile, les oasis « 1 » et « 2 »
ont fait l’objet de nos investigations ornithologiques.
L’oasis « 1 » constituée en jardin potager protégé par un réseau dense de haies arbustives
constitue un havre précieux pour les oiseaux migrateurs et les insectes. Mentionnons que de
nombreuses espèces de diptères syrphidés, peut être migratrices, sont présents dans ce jardin
et, parmi les papillons rhopalocères, remarquable est l’abondance de la Belle-Dame (Vanessa
cardui) une espèce grande migratrice ayant probablement atteint en ce lieu un ultime site
d’hivernage.
La présence d’eau douce circulant en surface afin d’irriguer les parcelles contribue à rendre
ces jardins précieux pour la faune. A notre grand étonnement, les Canards pilets (Anas acuta)
hivernant dans la baie viennent en groupe et pendant la journée s’abreuver dans le jardin.
Il est vraisemblable que la présence de canards hivernant dans la baie ne soit rendue possible
que grâce à la présence de cette eau douce. Nous y avons également observé le Courlis corlieu
(Numenius phaeopus) présent en petit nombre, lui aussi attiré par l’eau douce.
L’oasis « 2 », beaucoup moins cultivée, recèle de grands arbres comme le palmier-dattier et
de hautes haies denses de Prosopis.
Compte tenu de ce lien entre les canards de la baie et les oasis, nous avons pris le parti de
considérer que l’avifaune trouvée dans ces dernières pouvait être assimilée à celle de la Baie
de l’Etoile.
Les espèces d’oiseaux terrestres qui ont été observées dans l’oasis « 1 », à l’exception de la
Tourterelle maillée (Streptopelia senegalensis), du Rollier d’Abyssinie (Coracias abyssinicus)
et de la Pie-grièche méridionale (Lanius meridionalis) qui appartiennent à l’avifaune afrotropicale, de deux espèces invasives que sont la Tourterelle turque (Streptopelia decaocto) et
152
le Moineau domestique (Passer domesticus), appartiennent à la catégorie des migrateurs
paléarctiques : Alouette calandrelle (Calandrella brachydactyla), Pipit à gorge rousse (Anthus
cervinus), Fauvette mélanocéphale (Sylvia melanocephala), Fauvette à tête noire (Sylvia
atricapilla), Pouillot véloce (Phylloscopus collybita), Pouillot fitis (Phylloscopus trochilus).
Dans l’oasis « 2 » ont été observés, la Tourterelle turque, la Pie-grièche méridionale, de très
nombreux Moineaux domestiques, le Busard des roseaux (Circus aeruginosus) et l’hivernage
très exceptionnel du Gobemouche nain (Ficedula parva) y ont été observés.
153
CHAPITRE IV
L’ÉVOLUTION DU
CONTEXTE
SOCIO-ÉCONOMIQUE
154
INTRODUCTION
La forte productivité biologique des eaux côtières abritées, qui y attirent une faune
diversifiée, en fait également des supports naturels de plusieurs activités socio-économiques
telles que la pêche, l’aquaculture ou encore le tourisme. Le développement du tourisme y est
aussi lié à la qualité esthétique des paysages. La combinaison de ces deux facteurs est sans
doute à l’origine de la construction d’un centre de pêche sportive à la Baie de l’Etoile. Depuis
que cette infrastructure touristique existe, le site est aussi devenu le lieu privilégié de
localisation des résidences secondaires. En plus de ce tourisme de proximité, la Baie de
l’Etoile est aussi investie par la pêche professionnelle ainsi que par d’autres activités
étroitement liées à la proximité de la ville de Nouadhibou, constituant ainsi une des
composantes du tissu socio-économique local.
La coexistence de ces nombreuses activités, n’ayant pas forcément les mêmes intérêts
dans un espace aussi restreint, et de surcroît non aménagé, donne toute la mesure de
l’importance de la dimension anthropique dans le processus de gestion de la Baie de l’Etoile
et de la nécessité de s’y pencher.
Afin de mettre davantage en exergue les mutations qui surviennent autour de
l’écosystème, nous avons adopté une approche diachronique pour présenter l’évolution des
principales activités (pêche et tourisme). Nous présentons aussi d’autres activités exercées
dans la Baie de l’Etoile ainsi que les réglementations et les conflits.
I. De la pêche sportive à la pêche professionnelle
I.1. La pêche sportive
La pêche sportive est pratiquée dans la Baie de l’Etoile depuis les années 1960. Elle
était alors menée par les ressortissants français qui constituaient à l’époque l’essentiel de la
main d’œuvre de la Miferma. Mais elle ne s’est structurée qu’au milieu des années 1970 avec
la construction d’un centre de pêche sportive (CPS) appartenant à la compagnie
multinationale Air Afrique*.
*
Ancienne compagnie aérienne qui regroupait onze Etats africains francophones, dont la Mauritanie.
155
Le CPS a été inauguré en 1976. Il est situé sur la rive sud du chenal qui la relie la Baie de
l’Etoile à la Baie du Lévrier. Son domaine foncier s’étend sur une superficie de 7 ha environ.
Le CPS est doté d’une auberge d’une capacité d’accueil de vingt-quatre personnes. Il abrite
aussi les logements d’une partie du personnel.
Le CPS a été racheté à la fin des années 1990 par une entreprise mauritanienne de tourisme et
fait maintenant partie de la chaîne "Majabat Alkoubrâ Hôtels (MKH)". Le personnel est
composé de mauritaniens et de ressortissants des pays voisins. La plupart des employés
travaillent au CPS depuis sa création.
I.1.1. La clientèle
Elle était constituée essentiellement par des touristes étrangers. Il s’agissait, soit de
Français expatriés travaillant en Mauritanie ou dans les pays voisins, soit de touristes venus
directement de l’Europe. La saison touristique du CPS durait onze mois, de février à
décembre.
Le séjour des touristes pêcheurs durait généralement une semaine et exceptionnellement une
quinzaine de jours. Ils venaient en familles, en groupes d’amis ou de membres d’un même
club de pêche sportive. Le CPS organisait des tournois internationaux de pêche sportive
auxquels prenaient part des équipes étrangères. Un club de pêche sportive regroupant des
Mauritaniens faisait également partie de la clientèle du centre. Il disposait d’un local situé
dans l’enceinte du CPS.
La clientèle du CPS n’était pas composée que de pêcheurs. Le centre recevait aussi des
délégations officielles et des particuliers pour des séjours plus courts, qui duraient le temps
d’un déjeuner ou d’un dîner.
Les statistiques disponibles sur la fréquentation touristique du centre de pêche sont
étalées sur près de vingt ans, de 1979 à 1997. Au cours de cette période, la fréquentation
moyenne annuelle était d’environ 173 personnes. C’est l’année 1985 qui détient la plus forte
fréquentation avec 347 touristes enregistrés. La fréquentation annuelle la plus faible est
relevée en 1997 avec 20 touristes.
Les Mauritaniens, naguère minoritaires, représentent aujourd’hui une composante essentielle
de la clientèle du centre qu’ils fréquentent surtout durant le week-end.
156
I.1.2. Les lieux et techniques de pêche
Le CPS était équipé d’un petit bateau et de zodiacs pour transporter les touristes sur
les nombreux lieux de pêche répartis sur la presqu’île du Cap Blanc (Carte 22) :
-
Ponton ;
-
Île Maurice, petit rocher situé dans la Baie de l’Etoile ;
-
Banc de sable, situé sur la rive opposée au centre de pêche ;
-
Point JMG « 1 » et « 2 » ;
-
Pointe de l'Archimède ;
-
Cap Blanc.
Sur place, les touristes assistés par des guides pratiquaient deux techniques de pêche : le
surfcasting et la palangrotte.
A l’issue de leur séjour, les touristes étaient invités à rapporter, dans un Livre d’or les récits
de leurs parties de pêche et leurs impressions générales. Celui-ci compte trois volumes
couvrant respectivement les périodes 1973-1979, 1979-1984 et 1984-1997. Chaque récit
renferme les informations suivantes :
-
l’identité (nom et prénom) des touristes,
-
leurs dates d’arrivée et de départ ;
-
narration des parties de pêche : espèces capturées, poids individuel ; succès et
échecs ; et parfois les impressions sur les prestations culinaires du restaurant du
CPS, le paysage, etc.
-
les récits étaient très souvent accompagnés de photos illustrant les prises.
Les narrations des parties de pêches n’étaient pas présentées de façon uniforme. En effet,
chaque touriste y allait de son propre style ou de son inspiration. C’est pourquoi, certains
récits pouvaient être très détaillés tandis que d’autres ne renseignaient que très vaguement ou
pas du tout. Dans ce dernier cas, par exemple, il arrive que le touriste signale avoir capturé
Ne figure pas sur la carte.
Ne figure pas sur la carte.
157
158
une espèce quelconque sans en mentionner ni le nombre exact, ni le poids ou se contente
simplement de parler de la capture de plusieurs individus de telle ou telle espèce. Ce qui n’est
pas sans poser des problèmes pour leur exploitation.
I.1.3. Les captures
35 espèces ont été répertoriées dans les trois volumes du Livre d’or du CPS. Mais
toutes ces espèces n’avaient pas la même « valeur » aux yeux des pêcheurs sportifs et ne
suscitaient donc pas le même enthousiasme de leur part. La plupart des touristes ne venaient
que pour capturer la courbine.
I.1.3.1. La courbine…l’espèce emblématique
La courbine ou maigre (Argyrosomus regius) est l’espèce emblématique du CPS de la
Baie de l’Etoile. C’est sur la qualité exceptionnelle des captures de cette espèce que le CPS
s’est fait un nom et a bâti sa réputation internationale en devenant une des destinations
privilégiées des amateurs de la pêche sportive. En effet, la réussite du séjour était appréciée,
non point par rapport à la diversité des espèces capturées, mais essentiellement en fonction du
nombre et de la taille des courbines pêchées. La courbine fascinait les touristes et chacun
tenait à en compter au moins une dans son tableau. En cas d’échec, le succès du séjour était
relativisé :
« Tous les poissons sont au rendez-vous y compris les requins et les raies. Le
seul manquant est un animal mythique dont on parle beaucoup et qu'on voit
sur les photos, la fameuse courbine. (Pop Quentin, 27/02/1979)
Lorsque le touriste n’avait pas eu sa courbine comme dans le cas précédent, il s’engageait très
souvent à revenir :
« Dans ce pays de pêche et de mer à perte de vue, par les hasards de la vie, je
suis venu. Qu'y ai-je rencontré, la courbine me direz-vous? Que...elle fut la
plus forte et me cassa brillamment. Mais attends-moi courbine de rêve, si Dieu
te prête vie, car je reviendrai te mériter. » (Anonyme, 04/01/1978)
C’est aussi le cas de ce pêcheur sportif qui, malgré un tableau réussi de seize raies, tient
absolument à revenir pour s’offrir « sa courbine » :
« Oh courbine, oh courbine !!!
159
J'aurais aimé connaître ton galbe
J'aurais aimé voir la couleur de ta peau
J'aurais aimé te sentir au bout de ma canne (à pieds!)
Ils m'ont tant parlé de toi, que j'ai rêvé.
J'ai tout sorti, cannes, hameçons, plombs…en vain.
J'y ai mis même mon charme en incantations…rien à faire.
Comme un amoureux déçu, je m'en vais.
Mais je ne perds pas espoir, je reviendrai
Et gare à toi…. »
(Rachid Satory ou Patrick Bellasse, 25-29/12/1993, Vol III, p 384)
Pour les plus téméraires d’entre eux, au bout d’une semaine de pêche sans courbine, le séjour
était simplement prolongé parfois d’une semaine supplémentaire :
« …nous avons prolongé d'une semaine parce que la courbine nous avait
boudé (…) » (Anonyme, 17-24/10/1980)
La taille des individus apparaissait aussi comme un facteur d’appréciation largement partagé
pour juger du succès ou de l’échec du séjour. Ce critère avait été énoncé on ne peut plus
clairement dès les premières années :
« Il ne faut pas venir ici pour prendre du poisson… (C’est facile!), il faut
chercher la bête » (Daniel Maury, 24/04/1973).
Le couple auteur du récit ci-après semble avoir bien pris note de cette injonction en justifiant
ainsi son intention de revenir pour s’adjuger les « gros » :
« …Si les gros n'étaient pas bien présents à part une raie bovine de 35 kg…et
de nombreuses casses. Par contre certains jours les bars, sars et dorades de 1
à 2 kg…m'ont donné beaucoup de plaisir. Nous reviendrons car si les gros
n'ont pas mordu, sommes nous mordus par les gros! » Colette et Pierre Liagre
(31/01/1975)
« Dommage pas de gros poissons, mais je me suis vengé sur les petits. »
(Anonyme, 19/12/1980)
160
I.1.3.1.1. Etude de l’évolution de la pêche à la courbine
Les quatre premières années de fonctionnement du CPS ont été marquées par une
augmentation sensible des captures de courbines. Les effectifs annuels ont quasiment triplés
entre 1977 et 1980 passant de 45 à 166 courbines. Les années 1981 et 1982 ont été moins
400
350
300
250
200
150
100
50
0
Nombre courbine/an
Nombre de
touristes/an
19
79
19
81
19
83
19
85
19
87
19
89
19
91
19
93
19
95
19
97
Effectifs
bonnes.
Années
Figure 25 : Evolutions comparées de la fréquentation touristique et des effectifs de courbines
capturées entre 1977 et 1997
La baisse observée en 1981 s’est produite en même temps que celle de la fréquentation
touristique qui est passée de 246 touristes en 1980 à 86 cette année là (Figure 25). En 1982, la
baisse des captures s’est confirmée malgré l’arrivée d’un plus grand nombre de touristes. En
1983, 229 touristes séjournèrent au CPS, presque autant que l’année précédente. Cette année
là, le nombre de courbines capturées s’élève à 350 individus. C’est le record. Celui-ci ne sera
plus jamais égalé car, à partir de 1984, les captures seront régulièrement en baisse. En 1986 le
nombre de courbines passera pour la première fois sous la barre des 50 individus. Quelques
années plus tard, en 1989 et 1990 puis en 1996, le nombre de courbines enregistrées
annuellement est inférieur à dix. En 1997, enfin, aucune courbine n’est signalée.
161
La courbe (Figure, 26) illustrant l’évolution des captures est polymodale à l’image de
celles des paramètres précédents. En 1977, près de 1500 kg de courbines sont capturés. Ce
résultat est triplé en 1979 où les pêcheurs sportifs réussissent à cumuler près de 4500 kg de
courbines. Cette « performance » est suivie de baisses successives durant trois années. La
baisse la plus spectaculaire est observée entre 1980 et 1981où les captures passent de 4000 kg
à 2000 kg. Cette « contre-performance » est cependant justifiée si l’on considère que les
réservations des touristes étaient également en forte chute cette année (1981). Par contre la
baisse enregistrée en 1982 est plutôt « surprenante » car le nombre de touristes était reparti à
5000
4500
4000
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
19
96
19
93
19
89
19
85
19
83
19
81
Captures
19
79
19
77
Poids en kg
la hausse.
Années
Figure 26 : Evolution des totaux annuels de captures de courbines entre 1977 et 1997
La répercussion de cette hausse de la clientèle sur les captures annuelles de courbines
intervient à partir de 1983 et 1984. Ces années là, la balance annuelle des captures s’élève à
près de 4000 kg. Mais l’effet est de courte durée puisque, malgré des arrivées plus
nombreuses de touristes en 1985 et 1986, on assiste de nouveau à des chutes des balances
annuelles. Il en sera ainsi durant les années suivantes et pour la première fois en 1989, le
poids total des captures est inférieur à 500 kg. La situation s’était améliorée en 1993 lorsque,
grâce à une légère hausse des réservations, le poids total des captures s’éleva à près de 1200
kg.
162
I.1.3.2. Les autres espèces
Outre la courbine, d’autres espèces faisaient également le bonheur des clients du CPS
qui en appréciaient la diversité, les tailles et les quantités. Il s’agit des raies, requins et bars
mouchetés.
I.1.3.2.1. Les raies
Cinq espèces différentes ont été répertoriées dans le Livre d’Or du CPS : raie
papillon ou aigle (Gymnura altavela), raie pastenague (Dasyatis pastinaca), raie bœuf (raie
bovine) (Rhinoptera marginata ), raie guitare (Rhinobatos cemiculus) et raie fleurie (Raja
undulata).
Les trois premières années de fonctionnement du CPS ont été marquées par une hausse
régulière des captures de raies. Au cours de cette période, au moins 225 individus ont été
pêchés. Les poids de trente individus ont été fournis. Ils pèsent entre 10 et 50 kg :
- 6 individus de 10 à 20 kg ;
- 6 individus de 20 à 30 kg ;
- 12 individus de 30 à 40 kg ;
- 4 individus de 40 à 50 kg ;
- 2 individus de 50 à 60 kg.
I.1.3.2.2. Les requins
Les pêcheurs sportifs signalaient surtout la capture de deux espèces : requin dormeur
(Ginglymostoma cirratum) et requin marteau (Sphyrna zygaena). Il est toutefois probable que
d’autres espèces figuraient dans les prises.
Les données concernant les captures de requins sont très parcimonieuses. Elles permettent
tout de même d’avoir une idée des tailles des individus capturés par les pêcheurs entre 1977 et
1980 et entre 1983 et 1988. Au cours de la première période, les captures de requins sont
signalées 44 fois. Les poids de douze d’entre eux ont été fournis : en 1977, deux individus de
63 et 65 kg (ce dernier mesurant 2 m 21 de long) ; en 1978, on compte six individus de 30 à
40 kg et quatre autres de 50 à 60 kg. Au cours de la deuxième période, on rapporte 20
163
individus de 40 à 80 kg ; 2 individus de 20 à 30 kg ainsi que 2 autres pesant chacun 105 kg
pris en 1985 et 1986.
Tableau 24 : Les records par espèces des prises de la pêche sportive
Prises (Poissons)
Poids (kg)
Dates
Courbine
60
09/1979
Peau bleue
56
13/09/1979
Requin cachalinos
105
04/04/1984
Requin marteau
65
24/10/ 1985
Liche
35
10/11/1985
Aigle
61
*
Ombrine noire
6
24/12/1985
Ombrine blanche
15
24/11/1988
Mérou
10
12/02/1986
Badèche
3,900
10/11/1982
Daurade casque d’or
3,900
19/09/1982
Pagre
2,900
*
Mulet
4
*
Source (Centre de pêche sportive de Nouadhibou)
* Dates illisibles
I.1.3.2.3. Le bar moucheté
Le bar moucheté faisait aussi partie des espèces qui étaient appréciées par les pêcheurs
sportifs. C’est d’ailleurs la seule espèce autre que la courbine, dont certains touristes
regrettaient l’absence :
« Venu pour le bar (…). Les mouchetés étant absents, obligé de pêcher le gros.
(…) Très déçu…je reviendrai. (Lucien Chretien, 8-23/05/1980, Vol I, p 69) »
« Tous les poissons étaient malgré tout au rendez-vous, sauf les bars que je
n'ai pratiquement pas rencontrés en ce mois de mai. » (J.Villert Boyal,
24/05/1978, Vol I, p 148)
Les captures de bars étaient semble-t-il souvent assez impressionnantes :
164
« Nous avons réussi à étonner les indigènes par nos prises. A deux, nous avons
sorti quelque 7 à 800 bars pendant notre séjour dont 452 à deux en 1H30. »
(Dr J.P. Attard, 1975, Vol I, p 62)
« Je ne compte pas les bars, ce poisson splendide, ce sont presque des tonnes.
(…) » (Anonyme, 29/11/1978, Vol I, p 176)
Le bar moucheté occupait aussi une place de choix dans les prestations culinaires du
restaurant du CPS.
I.1.4. Evolution annuelle de la pêche sportive
Pour chaque séjour touristique, les données suivantes ont été recueillies pour
reconstituer, année après année, l’évolution de la pêche sportive.
- les dates d’arrivée et de départ ;
- le nombre de personnes ;
- les espèces capturées ;
- le nombre d’individus par espèce ;
- le poids individuel ;
- le récit relatant les impressions des touristes.
I.1.4.1. Les années de découvertes : 1972 à 1976
Les années de découvertes correspondent à la période allant de 1972 à 1976 où le CPS
était en construction. Les touristes étaient alors logés dans des hôtels situés en ville.
Les premiers touristes avaient visiblement été très impressionnés par la qualité de la pêche
sportive. En témoigne, les expressions « pêche miraculeuse » et/ou « paradis du pêcheur » qui
revenaient très largement dans leurs récits ci-après :
« Avoir rêvé pendant de nombreuses années à des pêches miraculeuses, et
rencontrer enfin l'endroit idéal… » M. et Mme Lequipé (08/02/1973)
« En un mot quelle pêche ! (…) le dicton veut que l'on prenne un poisson à la
minute …nous avons un jour fait mieux…poissons de toutes sortes » ;
165
« Cinq jours de pêche! Cela peut paraître long, malheureusement c'est
beaucoup trop court. Si l'on cherche des poissons de 1 à 2 kg, ce n'est pas le
pays de la touche minute, mais de la touche perpétuelle : prendre 80 poissons
en moins de 2 Heures il faut le faire… » (M. Thiebault, 03/1973).
« Beaucoup, beaucoup de poissons. Nouadhibou est vraiment le "Paradis du
pêcheur" avec des prises, des pêches merveilleuses et quelle variété de
poissons) (Anonyme, 08/1973)
« S'il existe un Paradis pour les pêcheurs, c'est ici (…) » (Anonyme, 09/1973).
Avant même l’achèvement de la construction du CPS, une clientèle assez fidèle avait
commencé à se constituer. Quelques touristes étaient venus plusieurs fois déjà. En effet, 1973
on pouvait par exemple lire :
« Troisième safari de pêche en mer à Nouadhibou. Oui c'est vraiment parfait.
Toubib, hommes d'affaire, PDG, venez vivre une aventure; vous désintoxiquer
loin des sentiers battus. (…) » (M. Lemonne, 01/04/1973)
« Huitième séjour, sans que les plaisirs en soient émoussés. Je suis heureux
d'avoir assisté à la naissance du campement de la baie de l'Etoile (…). »
(Anonyme, 24/09/1976)
I.1.4.2. Les années de fonctionnement du CPS : 1977 à 1997
Les premières années de fonctionnement du CPS sont marquées, chez les touristes, par
les mêmes sentiments de satisfaction que pour la période 1973-1976. Mais le fait nouveau
c’est le début de l’organisation de tournois internationaux de pêche sportive qui deviendront
par la suite un des temps forts de la saison touristique du CPS. Les concurrents, constitués en
équipes, venaient de différents pays européens. La première édition s’était tenue du 14 au 17
juin 1977. Elle avait opposé des équipes de six nations. Curieusement, il n’existe aucune
information sur les résultats de ce concours si ce n’est les propos d’un des compétiteurs qui
166
regrettait que les naufragés de la Méduse n’aient pas dirigé leur radeau vers le CPS « au lieu
de le planter au Banc d’Arguin ».
Les équipes de la deuxième édition qui s’est tenue du 16 au 21 novembre 1978 ont été
un peu plus loquaces. Ainsi nous apprennent-ils que durant les cinq jours de compétition, les
compétiteurs ont pu sortir : « 825 pièces déclarées pour 1300 kg, non comptés les caisses de
bateau ». Commentant ces résultats, un compétiteur anonyme s’était exprimé ainsi : « Nous
sommes de vieux pêcheurs, jamais nous n'avons vu et pêché autant de poissons en si peu de
temps. » Un membre de l’équipe Mitchell 78, Jean Pommier a aussi déclaré : « Lieu
paradisiaque, poisson abondant, ambiance extraordinaire, voici le centre de pêche sportive
que je ne suis pas prêt d'oublier ».
C’est lors de la troisième édition que les nationalités des concurrents sont dévoilées. Ils sont
Français, Espagnols, Anglais, Allemands, Belges et Italiens. « La moisson » fut quasiment
aussi bonne que lors de la précédente édition, les sentiments de satisfaction aussi : « La
qualité de la pêche, loin de se détériorer au fil des ans, me parait au contraire, s'améliorer.
Probablement à cause d'une meilleure connaissance des bons coins, des meilleurs appâts, du
vent, du matériel…Pas de doute, Nouadhibou est un des hauts lieux de la pêche dans le
monde » (Daniel Maury, 08/11/1979).
Le quatrième tournoi qui s’est tenu en décembre 1980 connaîtra moins de succès et
marquera un tournant dans la vie du centre. C’est le début des premiers couacs, assortis de
quelques déclarations pessimistes. En effet, vers la fin de l’année 1980, on pouvait déjà lire
ceci : « L'accueil est maintenant tout à fait remarquable : la pêche est en baisse. Celle des
gros poissons en tous les cas. Je ne pense plus revenir. » (Drackaivitch, 27/11-05/12/1980).
Ce touriste n’a visiblement pas médité cette réflexion sur les aléas de la pêche proposée par
l’auteur du texte ci-après :
« Je suis venu pour la courbine, ce grand poisson de sport "oublié". Je m'en
retourne contrat rempli. Dix courbines de 25 à 40 kg, non sans avoir compris
que leur capture est tributaire de bonnes marées, celle du soir ou celle de midi
et surtout d'un vent favorable. Sur la fin de mon séjour, le vent se mit à souffler
fortement, brassant l'eau et le sable, adieu courbine! Mais notre vie de pêcheur
est ainsi faite : à une période faste succède une période de vache maigre et
167
vice-versa. Et c'est peut être en définitive cette alternance de bonne et de
mauvaise pêche qui donne tout le sel à notre existence de disciples de Saint
Pierre ». (Sacha Tolstoï, 29/11/1978, Vol II, p-176).
Daniel Maury, qui avait pris part à ce tournoi et qui fréquentait déjà les lieux depuis 1973,
s’était voulu plus réservé en écrivant :
« Je vais suivre de près les résultats des clients du centre dans les prochaines
semaines et les mois à venir pour savoir si ce coin de paradis le restera. »
(19/12/1980, Vol I, p-102-104)
Cet autre concurrent avait, lui, tenté de se rassurer en formulant des hypothèses sur les causes
de ce premier couac :
« Une vraie campagne "d'underfishing " ! …pour ne pas dire de "zéro fishing"
: pourvu que ce ne soit qu'un accident ; pourvu que le vent du NE soit seul
responsable ; pourvu qu'ici comme ailleurs les professionnels du chalut ne
soient pas en train de tout massacrer. » (Anonyme, 19/12/1980, p-102-104)
Deux mois plus tard, du 06 au 12 février 1981, le CPS accueillait pour la première fois
un autre tournoi dont les concurrents venaient cette fois d’un pays voisin, la Côte d’Ivoire. Ce
tournoi s’était terminé lui aussi sur un constat d’échec : « très heureux d'avoir participé à ce
concours, malheureusement le manque de poissons nous a un peu déçu. » (Anonyme,
12/02/1981).
L’édition du concours "traditionnel" organisé du 27 novembre au 05 décembre 1981 semble
avoir connu un meilleur résultat si l’on s’en tient au seul témoignage trouvé : « Le premier
jour 28 novembre, une pêche formidable (courbines) 12 au cap Blanc. La plus grosse 39 kg,
un total de 314 kg. Honneur à tous les pêcheurs du concours. »
Apparemment, les pêches de cette fin d’année furent bien meilleures que celles de la fin de
l’année d’avant (1980) puisque, presque au même moment, un touriste qui séjourna du 04 au
09/12/1981 écrivait « Records établis: 52 courbines en 4 jours ; 23 courbines en 1 jour
(Après-midi) ; 9 courbines pour un pêcheur (1 après-midi) » (Daniel Lopuszanski, 0409/12/1981). Ce résultat fit dire à un de ses compagnons : « Nous avons eu une petite pensée
pour ceux qui n'ont jamais vu de courbines à NDB (Nouadhibou). »
168
Cet autre touriste, lui aussi très irrité par les propos pessimistes, propose à leurs auteurs une
réplique à caractère philosophique en déclarant :
« Il est bien triste de lire les avis pessimistes de quelques râleurs qui se permettent de
critiquer cet endroit de pêche sous prétexte que les courbines n'étaient pas à leur
rendez-vous ! Ils n'ont rien compris à la pêche et probablement rien à la vie non plus !
Alors c'est bien fait pour eux que les courbines ne soient pas venues ! Moi je n’ai pas
pris de courbines mais qu'est-ce que j'ai aimé ce quatrième séjour ! Le soleil, le
désert, les amis ….Tout pour être heureux une toute petite semaine. » (Anonyme,
déc.1981, Vol I, p 165)
Cette réflexion sur les aléas de la pêche était loin d’être partagée et le découragement
commençait à gagner de plus en plus de touristes. C’est, notamment, le cas de cet autre client
qui déclara quelques jours après :
« Quatrième mais dernier séjour à NDB. La pêche diminue de séjour en séjour. Bien
sûr on mange bien. A dieu ! » (Anonyme, 30/12/1981).
L’édition de 1982 du tournoi des européens se tint sans la participation des Allemands
et des Anglais. Les avis des participants sur l’absence des courbines sont divergents :
« Séjour inoubliable. Pas de courbine, mais des petits poissons…je garderai un
souvenir merveilleux » ;
« …Les poissons, la courbine ? Ils se méritent. Et je regrette que trop de
visiteurs n'en fassent qu’à leur tête et n'écoutent pas les conseils de Jean Marc
et d'Adama*… Au lieu des 400 courbines prises annuellement, 700 ou 800
seraient peut être mises au sec ! Au fond, tant mieux : il en restera pour ma
prochaine visite qui ne saurait tarder. C'est sûr. »
Ces derniers propos ont été émis à l’issue du tournoi par Daniel Maury qui disait deux ans
plutôt qu’il surveillerait l’évolution des captures de la pêche. Il se démarquait ainsi alors des
avis pessimistes et semblait plutôt persister dans cette voie.
*
M. Adama SARR est un guide ; nous l’avons rencontré dans le cadre de ce travail.
169
L’augmentation des réservations enregistrées cette année là et la présence dans les récits de
nombreuses promesses de retour ainsi que des propos aux tons aussi glorieux que ceux des
années de découvertes, semblaient lui donner raison. En effet, on pouvait encore lire en 1982
les déclarations suivantes :
« Les Dorades, les sars, les raies, les ombrines, la Courbine, c'est vraiment le
paradis du pêcheur méditerranéen. » (Anonyme, 27/04-05/05/1982, Vol II,
p186)
« Tous les matins le soleil était là, les poissons aussi…des pêches
miraculeuses et très amusantes. C'est moi qui ai pris la première courbine ! »
(Anonyme, 14-21/04/1982, Vol II, p 185)
Toutefois si les poissons et les courbines sont encore là, nombreux sont les touristes à
déplorer les tailles :
« Sommes venus pleins d'espoir et nous en sommes repartis le cœur noir. Pas
une seule grosse touche, que des "petits". Le temps était contre nous »
(Anonyme, 01-08/12/1982, Vol II, p 216).
« Pour le second séjour un temps royal qui nous a comblé. La persévérance a
été comblée par deux petites courbines 7 et 13 kg. J'espère que c'est le début
d'heureux nouveaux séjours…on reviendra. » (M et Mme Tourancheau, 19 au
24/03/1982, Vol II, p177)
Pourtant lors de la septième édition du concours international (1983) qui fut, semble-til, un vrai succès, Daniel Maury dont le dernier vœu a été exaucé, parait maintenant très
réconforté et rassuré sur la situation de la pêche, en affirmant : « Encore une belle coupe
MITCHELL-AIR AFRIQUE ! ….Toujours les grands et beaux poissons… » (Daniel Maury,
20-28/11/1983, Vol II, p 258-260)
Malheureusement, les tableaux réalisés au cours de cette coupe n’ont pas été fournis. Mais,
l’auteur anonyme du récit ci-après écrit quelques jours plus tôt est du même avis : « Troisième
séjour au centre de Nouadhibou, le poisson est toujours aussi nombreux et toujours aussi
170
gros; 2 liches magnifiques et un requin de 70 kg. Très bonne semaine, à l'année prochaine »
(Anonyme, 06-14/11/1983, Vol II, p 255)
Les auteurs de deux autres tableaux ci-après réussis en début d’année vont aussi dans le même
sens : le premier, qui avec ses compagnons, a sorti 39 courbines déclara « …des courbines
comme s'il en pleuvait et un temps magnifique » (Anonyme, 23/02-02/03/1983, Vol II, p 222)
« 2 records battus à la pêche: 27 courbine dans la même journée; 57 dans la
même semaine. » (Anonyme, 04-11/05/1983, Vol II, p228-229)
Cependant d’autres touristes comme l’auteur du texte suivant sont d’un tout autre avis « Pas
de sarcelles ! Pas de bidames ! Rien à tirer merde. Je ne remettrai plus les pieds ici. C'est
gâté complet. Beaucoup de CAT fish et de mouches. » (Anonyme, 16-23/10/1983, Vol II, p
252-253)
A la fin du premier trimestre de l’année 1984, un groupe de pêcheurs sportifs avait
battu le record du nombre de courbines en réussissant à en capturer 130, mais ce résultat
n’avait pas suscité beaucoup d’enthousiasme chez ses auteurs, car les individus, qui étaient de
très petites tailles, pesaient entre 3 et 5 kg.
Deux autres groupes de touristes arrivés en mai, à deux semaines d’intervalles, avaient aussi
réalisés de beaux tableaux. Le premier avait réussi à capturer 25 courbines « de belles tailles »
et le second 38 courbines. Voici le récit d’un membre de ce dernier groupe : « Trois pêcheurs
amateurs lyonnais ayant abandonné pour une saison, la chasse, sont définitivement convertis
à la pêche à NDB grâce au tableau ci-dessus... » (Anonyme, 28/05-03/06/1984, Vol III, p3032)
Ce sont peut être ces performances qui avaient incité ce touriste anonyme, qui a séjourné au
CPS durant la même période, à tenir les propos suivants :
« Daniel Maury, rédacteur en chef de "La pêche et les poissons", s'inquiète
quant à l'avenir de ce coin de pêche (page 153), qu'il soit rassuré, la pêche est
merveilleuse. J'aimerais bien revenir. » (Anonyme, mai 1984, Vol II, p 286)
171
L’auteur de ce dernier récit n’avait pas remarqué que les craintes de Daniel Maury s’étaient
déjà assoupies depuis. Mais sa consolation avait été de courte durée, puisque les résultats de
son séjour à la fin de l’année 1984, à l’occasion du tournoi annuel, avaient été, selon ses
propres termes, très décevants : « Un "bide" ça arrive. Et celui-là !...» (Daniel Maury, 25/1102/12/1984, Vol III, p 30-32)
A l’issue de ce tournoi, les concurrents n’avaient déclaré que la capture de trois courbines. Cet
échec était survenu quelques jours après le témoignage suivant :
« J’ai retrouvé la Mauritanie après 15 ans d'absence…..Pour la pêche,
toujours aussi florissante et les gros étaient au rendez-vous. » (Anonyme, 1119/11/1984, Vol III, p 24-26)
Le bilan de l’année 1984 apparaît ainsi tout aussi mitigé que celui des deux ou trois années
précédentes.
En 1985, la situation de pêche n’avait pas été très différente. La clientèle était de plus
en plus nombreuse et les avis étaient partagés. Ceux qui n’obtiennent pas « leur » courbine
et/ou les gros individus étaient toujours frustrés. Mais cela incitait aussi certains à revenir
persuadés que la prochaine fois sera la bonne. Confirmation :
« Le fait de n'avoir pas pris de gros poissons m'incitera à revenir l'année
prochaine. » (Anonyme, Vol III, p 72)
« 1985, année néfaste. Pas plus de courbines en décembre qu'en mai. 1986
sera sûrement meilleure. J'en rêve déjà » (Anonyme, 01-09/12/1985, Vol III, p
99)
Naturellement le projet d’un futur séjour était aussi exprimé par ceux dont les parties de
pêches avait été couronnées de succès, comme cela avait été le cas pour l’auteur du récit cidessous dont le tableau comportait : trois courbines de 35 à 40 kg, un requin de 70 kg et de
plusieurs raies de 15 à 45 kg :
« Après mon troisième séjour au centre de pêche sportive, j'éprouve toujours
les mêmes sentiments : le plaisir de préparer le voyage, la joie de l'arrivée, les
regrets du départ et l'espoir …de revenir. » (Anonyme, 03-11/11/1985, Vol III,
p 90)
172
Ce tableau confirmait ainsi les avis de certains touristes qui affirmaient que « les gros »
étaient encore là, mais il ne remettait pas non plus en cause leur raréfaction. La présence de
« petits » est aussi signalée notamment par cette touriste qui était très heureuse de sa pêche :
« Dans ce "4 étoile du désert", on y vient….et on y revient…Pour ce deuxième
séjour de pêche, je suis comblée, palangrottes fabuleuses : petites courbines,
dorades, bars, sars, 1 mérou de 3 kg (…)» (Gisette BENEY, 03-11/11/1985,
Vol III, p 90)
En 1985, la traditionnelle coupe internationale de surf-casting s’est déroulée cette année du 17
au 24 novembre. Les participants n’ont pas donné leurs avis sur la pêche. On ne sait pas non
plus si le plus fidèle à ce rendez-vous, en l’occurrence Daniel Maury, était parmi eux ou pas.
En 1986, les touristes avaient surtout signalé des captures de raies et de requins
comme dans ce récit :
« Pêche de nuit fructueuse…record du requin égalé (105 kg). (...) Enormément
de raies et de beaux requins. J'ai réussi à pêcher une petite courbine, un bar
minuscule et un "turbot"?? Première pêche de ma vie ! J'en suis fière. »
(Anonyme, 14-21/09/1986, Vol III, p 139-142)
L’édition annuelle de la coupe internationale de pêche sportive avait été marquée par la
participation de deux nouveaux pays. Outre la France, la Belgique et l’Espagne, on note aussi
la présence d’une équipe de la Suisse et celle du pays hôte. Cette fois-ci au moins un des
participants avaient commenté les résultats. Son récit prouve que les pêches n’avaient pas été
fructueuses :
« …Des poissons sur table à coup sûr, dans la mer c'est moins sûr. »
(Anonyme, 03-11/11/1986, Vol III, p148-150).
Avec un total de 339 visiteurs, les statistiques montraient la fréquentation touristique était
restée quasiment au même niveau qu’en 1985. Les touristes exprimaient toujours leurs envies
de revenir au CPS, malgré le fait que les courbines se faisaient de plus en plus désirer comme
on peut le constater dans ce récit :
173
« Où sont donc passées les courbines ? Elles reviendront l'an prochain, ou
bien encore à Pâques ou à la trinité. Heureusement il reste des dorades, des
bars, des sars….A bientôt. » (Anonyme, 23-29/12/1986, Vol III, p 161)
En 1987, le « retour » des courbines avait été signalé à la fin du premier trimestre dans
cette note positive :
« Pour la 6ème fois, le centre nous a revus et les courbines sont toujours là
pour notre plaisir. Pas fatigués et toujours ravis, nous espérons revenir encore
beaucoup de fois. » (Anonyme, 25-31/03/1987, Vol III, p 170)
Mais cette note avait été aussitôt contredite par celle d’un autre touriste ayant séjourné durant
la même semaine :
« Deuxième séjour pour moi ; impressions identiques au premier : une
organisation remarquable aussi bien pour la bouffe, la pêche, les transferts…
des palangrottes inférieures à 1986 mais pleines de surprises…deuxième
grande déception pour les gros. 7 jours sans aucune prise et aucune touche…je
le regrette beaucoup. » (Anonyme, 24-31/08/1987, Vol III, p 196)
Néanmoins certains touristes plébiscitent même le CPS en parlant de « paradis de la pêche »,
expression qui était en vogue aux premières années. Celle-ci avait notamment été employée
par un des concurrents de la onzième édition du tournoi international de surf-casting. Celle-ci
n’avait pourtant pas été un grand succès puisqu’un des participants avait écrit :
« …Pas beaucoup de poissons mais que de bons souvenirs ! » (Anonyme, 2125/11/1987, Vol III, p 204-209)
Ce sentiment était partagé par cet autre touriste arrivé au CPS un peu plus tard et qui était
reparti déçu et même un peu mélancolique :
« La nostalgie des courbines n’est plus ce qu’elle était et les petites courbines
que l’on prend encore le matin sont bien moins grosses que celles que l’on ne
prend plus le soir. Heureusement qu'il y a toujours : les palangrottes… » (Jean
Marc, décembre 1987)
174
On l’aura remarqué, les touristes avaient de plus en plus recours à la palangrotte qui était
semble-t-il devenue pour eux un moyen pour palier leurs contre-performances en surf-casting.
Sur le plan de la fréquentation touristique, l’année s’était terminée sur une légère baisse,
d’environ 9%.
L’année 1988 avait marqué un tournant dans l’histoire du CPS : seul le « Groupe
Mitchell », l’équipe qui représentait la France au concours international de surfcasting, est
présent à Nouadhibou.
Le manque de réussites au surfcasting, mais aussi et surtout la raréfaction des courbines,
avaient semble-t-il fini par pousser les équipes des autres nations à faire faux-bond. La
raréfaction de la courbine, principale raison d’être de ce tournoi, était devenue une réalité
comme le confirme, on ne peut plus clairement, le témoignage ci-après d’un membre de
l’équipe de pêche sportive « Groupe Mitchell » :
« Depuis 1984, nous les cherchions les courbines, cette années 13 de prises
durant
le
séjour.
Chiffre
porte-bonheur
pour
1989. »
(Anonyme,
23/11/01/12/1988, Vol III, p 241)
Le bilan de l’année 1988 est aussi caractérisé par une baisse significative de la fréquentation
touristique annuelle. En effet, pour la première depuis sept années consécutives, le nombre de
touristes est inférieur à 200, soit une baisse de plus de 30% par rapport à 1987.
L’année 1989 apporte la confirmation de la fin des tournois internationaux. Le Groupe
Mitchell, qui avait été encore le seul à se manifester, était même arrivé en juillet, soit quatre
mois plus tôt que d’habitude. Un membre de cette équipe, qui prenait part pour la première
fois aux épreuves, avait déclaré :
« Une semaine de rêve pour un novice de la pêche…En espérant revenir une
fois. A bientôt peut être. » (Anonyme, 15-25/07/1989, Vol III, p 265-267).
Si cet avis n’éclaire pas sur les qualités de la pêche, les récits ci-après, émanant des autres
participants dont un habitué des lieux, semblent indiquer que les résultats n’avaient peut être
pas été si mauvais :
« Tout est toujours pareil et l'on a toujours envie de revenir. Je reviendrai. »
(Anonyme, 15-25/07/1989, Vol III, p 265-267).
175
« Pêche formidable, pleine de suspens où chaque coup de ligne n'est jamais le
même.» (Anonyme, 15-25/07/1989, Vol III, p 265-267)
« Retourner à la pêche en France après ça ! Dur ! Dur! Des Liches, des raies,
du vent et de petites courbines »
« …pas de courbine mais 7 belles liches, une soixantaine de gros bars, de
nombreuses dorades, raies, petits requins, etc.…mais trop de ces horribles
poissons chat !! …encore mille fois merci pour ce séjour de rêve dans ce coin
de paradis au milieu du désert. » (Christian Gamenneux, 01-08/11/1989, Vol
III, p 272)
La baisse de la fréquentation touristique s’était accentuée en 1989 où le nombre de touristes
était de 99.
En 1990, Les témoignages étaient beaucoup moins nombreux dans le Livre d’Or. Les
récits n’étaient pas triomphants, mais leurs auteurs annonçaient toujours des promesses de
tour et des espoirs de meilleurs résultats. Dans ce registre, on peut notamment retenir ces deux
récits :
« Il y a beaucoup de poisson mais je n'attrape pas de poissons grands. »
« (…) pour ce qui est de la pêche nous ferons beaucoup mieux la prochaine
fois. J’en suis sûr que le poisson est toujours là. Nous n'avons pas été capables
de les trouver. A très bientôt. »
Cette année, le nombre de touristes était en légère hausse, on dénombrait près d’une trentaine
de touristes de plus qu’en 1989.
En 1991, les grosses captures étaient uniquement composées de raies dont deux de
50 et 40 kg. Des captures de courbines de petites tailles avaient également été rapportées mais
les sars, dorades, mérous et ombrines étaient dominants. Ces espèces faisaient encore des
heureux, comme on peut lire dans ces récits :
« Super pêche… » (Anonyme, 15/05/1991, Vol III, p 294)
176
Ou encore
« …une pêche aussi fabuleuse ne peut rester sans lendemain. »
(Anonyme, 11/11/1991, Vol III, p 301-302)
Ces avis positifs se terminaient encore très souvent par des promesses de retour. Aucun
commentaire négatif n’avait été relevé dans les récits. Mais la fréquentation touristique était
repartie à la baisse. Les réservations avaient chuté d’environ 50% par rapport à l’année
précédente.
En 1992, les nostalgiques des courbines étaient très nombreux à les réclamer. Deux
courbines de 30 et 35 kg avaient été capturés par deux touristes, qui en guise de
reconnaissance s’étaient autorisés à délivrer l’attestation ci-après :
« Nous soussignés, ROBERT et DENIS HAUSER, témoignons qu'il y a encore
des courbines à la baie de l'Etoile. » (Anonyme, 14/05/1992, Vol III, p 304)
Ce récit et d’autres de ce type avaient irrité l’auteur du commentaire ci-dessous qui,
apparemment, n’avait pas eu la même veine :
« Pas de courbines malgré cette publicité mensongère… »
(Anonyme, 14-21/11/1992, Vol III, p 333)
L’année 1992 avait été marquée par l’arrivée de deux nouveaux gérants et par plus d’arrivées
de touristes (144) que durant les deux dernières.
En 1993, les courbines faisaient encore et toujours des heureux et des déçus.
Raréfaction et diminution des tailles évoquées dans les récits ci-après, étaient les points
communs de la plupart des commentaires laissés par les touristes :
« Séjour excellent, les courbines nous ont fait faux bond »
(Anonyme, 10/04/1993, Vol III, p 349)
« Quatrième séjour…les courbines toujours au rendez-vous ! Neuf courbines
en tout et pour tout 245 kg en une soirée. La plus belle de 45 kg prise sur du
40/100ème. Près d'une heure de lutte !...Nous reviendrons… »
177
(Anonyme, 01-08/05/1993, Vol III, p 351)
« …enfin ma première courbine depuis 1985, environ 11 kg. 10 courbines;
beaucoup de courbinettes ! La reconnaissance est enfin venue après le 3 ème
séjour… » (Anonyme, 20-27/11/1993, Vol III, p 378)
Malgré cette raréfaction des courbines et la diminution de leurs tailles, la tendance à la hausse
de la fréquentation touristique s’était confirmée. Celle-ci avait enregistrée une hausse de 17%.
L’année 1994 démarre par cette note optimiste dont l’auteur semble entrevoir des
lendemains meilleurs pour le CPS sans pour autant en donner les arguments :
« Séjour fantastique…une chose est sûre : tenez bien la barre, hissez bien les
voiles je suis sûr que le vent va souffler de nouveau sur le centre de pêche de
NDB » (Anonyme, 12-15/01/1994, Vol III, p 384-385)
Cette année avait été marquée par le retour d’un des plus fidèles clients du CPS, Daniel
Maury, absent depuis plusieurs années. Voici son récit à l’issue de son séjour :
« Des coins où l'on peut battre des records du monde à la pelle, ça ne se
trouve pas facilement. Ici "y a qu'à s’y mettre " ! Je veux dire, on n'a pas de
mérite…enfin, un peu… De toute façon, je viens surtout pour une "super
bouffe"…à bientôt. » (Daniel Maury, 14/08/1994, Vol III, p 397-398)
En affirmant que la « super bouffe » est la principale raison de son déplacement, il reconnaît
implicitement que lui aussi s’est résolu à se ranger du côté de ce qu’ils critiquaient jadis.
Après deux années consécutives marquées par de légères hausses, la fréquentation touristique
avait chuté d’environ 40%.
En 1995, il n’y avait pas de changements notables dans les récits. Certains touristes,
ironisant sur les mauvais résultats de leurs parties de pêche, affirmaient ainsi trouver le
réconfort dans les assiettes. C’est le cas notamment dans les témoignages suivants :
« Semaine inoubliable…les poissons, je les ai surtout appréciés dans mon
assiette.» (Anonyme, 12-19/05/1995, Vol III, p 424)
178
« Du soleil, du vent…du sable plus la pêche (dans notre assiette) quel séjour
agréable…nous reviendrons…» (Anonyme, 12-19/05/1995, Vol III, p 424)
Cet autre touriste, qui avait peut être croisé les auteurs de ces deux derniers récits, avait lui
retrouvé les poissons dans leur « cadre naturel ». Très content de son séjour, il avait même
repris les expressions euphoriques des premières années :
« Encore des pêches de rêve, dans un cadre conçu pour les pêcheurs et les
amoureux d'un bel environnement… » (Anonyme, 19-23/05/1995, Vol III, p
426-427)
Les qualités de l’environnement qu’il magnifiait par ailleurs, avaient également séduit un
autre visiteur qui exerce dans le domaine du tourisme :
« Si NDB ne m'était conté... Voir le centre de pêche d'Air Afrique et mourir
!...mon premier séjour ici ressemble à un conte de fée ! …Tout pour faire
revenir au CPS ! (…) » (Nicolas Oshumare, chef division tourisme ECOWAS
secrétariat Lagos (05/09/1995, Vol III, p 437-439)
Mais pour ce professionnel du tourisme tout n’était pas parfait au CPS. Il l’avait fait savoir en
déclinant un certain nombre de propositions que voici :
a) augmenter la capacité offerte en chambre pour justifier l'investissement en
équipement manifeste ;
b) faire tout pour préserver la baie et favoriser la reproduction de la faune qui
justifie l'existence du CPS; Dans quelques années si rien n'est fait dans ce sens,
il serait dommage d'oublier le centre ;
c) après une journée de pêche, une autre forme de loisirs pourrait peut être
mieux fixer la clientèle. Par exemple un fitness club pour aider à la relaxation
des muscles et des esprits ;
d) enfin un centre balnéaire ferait un complément fort appréciable au CPS qui
a besoin d'un complément d'âme surtout les soirs pour parfaire sa vocation de
centre de vacances et de loisir.
Moi je reviens dans tous les cas. »
179
Le CPS qui avait encore enregistré moins de touristes cette année là avait, en effet, besoin
d’un nouveau souffle pour reconquérir sa clientèle.
En 1996, le CPS faisait encore une très bonne impression à certains parmi ceux qui la
découvraient pour la première fois. C’est le cas des auteurs des deux récits ci-après :
« J'ai lu, je suis venu, je suis convaincu…de revenir ! » (Anonyme, 1723/03/1996, Vol III, p 451-453)
« Le CSP de NDB est un paradis:
a) paradis de pêche - palangrotte, surfcasting
b) paradis balnéaire - la mer et la plage en face
c) paradis gastronomique !!!!
Superbe séjour…des pêcheurs sportifs doivent au moins une fois dans leur vie
passer ici » (Anonyme, 17-23/03/1996, Vol III, p 451-453)
Ces témoignages pouvaient laisser penser que la situation de la pêche, loin de se détériorer
était, au contraire, encore excellente. Mais il suffit notamment de lire les commentaires cidessous, écrits quelques mois plus tard par un client habitué des lieux, pour se rendre à
l’évidence :
« Après 84, 85, 86, donc 10 ans après nous revenons. Nous avons passé un
excellent séjour, la cuisine de mieux en mieux…quant aux courbines, elles ont
disparu. Où sont nos pêches d'antan ! (?). » (Anonyme, 13-20/07/1996, Vol
III, p 463)
Dans le récit qui suit, la détérioration de la pêche apparaît encore plus évidente. En effet,
selon son auteur, même les parties de pêche à la palangrotte, qui étaient pourtant devenues le
remède contre les contre-performances du surfcasting, étaient aussi à la peine :
« Cela fait la 3ème année que je viens….Nous avons eu beaucoup de mal à
avoir des poissons à la palangrotte mais aussi au surfcasting il y a eu
beaucoup de raies (le pays des raies se trouve en face de l'île au caillou).
180
…j'espère revenir la semaine prochaine. » (Anonyme, 20-27/07/1996, Vol III,
p 464-466)
En 1996, il n’y avait pas eu de récits après le mois d’octobre. 71 touristes avaient été
enregistrés cette année là.
Et enfin, en 1997 l’arrivée des touristes semble avoir été très tardive, car les premiers
récits enregistrés sont datés du mois d’avril. Dans la plupart d’entre eux les auteurs font
surtout l’éloge de la qualité des repas et du paysage. Concernant la pêche, on retiendra
surtout :
« J'ai aimé ce séjour comme pour tous les autres sauf que le poisson (au mois
d'août) avait bizarrement disparu. Je souhaite beaucoup revenir ! »
« 4ème séjour pour moi et peut être le dernier. Comme d'habitude le personnel
a été très gentil mais les poissons n'étaient pas au rendez-vous….j'espère vous
revoir bientôt. »
1997 semble avoir été l’année touristique la plus « courte » depuis les débuts du CPS, puisque
les derniers récits sont rédigés en août. Le nombre de touristes reçus cette année avait été de
51, soit l’effectif le plus faible depuis 1979.
I.1.5. Les facteurs de réconfort
La pêche sportive était certes le motif principal du séjour des touristes au CPS de la
Baie de l’Etoile, mais sa renommée il ne la devait pas uniquement à ce loisir. Il est, en effet,
indéniable que le paysage, les prestations culinaires et la qualité de l’accueil avaient
également été des facteurs déterminants de son succès. Ceci ressort dans de très nombreux
récits, comme par exemple :
« Si les courbines se font rares laissant la place aux raies et aux murènes, il
reste à s'émerveiller de l'étrange beauté minérale de la baie d'Archimède. Là
les bordures grésifiées et sculptées par le vent changent de couleurs au gré des
heures séparant d'un ciel chauffé à blanc la mer qui se situe pour le bonheur
de milliers d'oiseaux » (Anonyme, 26/04-05/05/1989, Vol III, p-257)
181
« Dans un paysage simple et dépouillé mais d'une aveuglante beauté, nous
avons vécu des jours inoubliables. Le campement sur sa grève peuplée
d'oiseaux nous parut insolite, mais devint vite très familier….Et par-dessus tout
ça la mer, ça c'est précieuse et fuyante au rythme des marées nous a livré ses
secrets et le rêve devint réalité ». (Navarro, 13-21/11/1983, Vol II, p- 256)
Ces facteurs constituaient des sources de réconfort contre les vicissitudes de la pêche. Ils
étaient notamment à l’origine des promesses de retour au CPS qu’exprimaient encore de
nombreux touristes, même lorsque la qualité de la pêche était en baisse :
« Le poisson n'est pas au rendez-vous, mais l'accueil et la gentillesse ont
largement comblé ce manque. Dans l'espoir de revenir bientôt ». (Anonyme,
15-22/12/1985, Vol III, p-102)
Il était une fois de gros poissons….il était une fois de grands pêcheurs… Mais
ils ne se sont jamais rencontrés. Heureusement le restaurant cinq Etoiles nous
a consolés. (Anonyme, 29/10-03/11/1985, Vol III, p 89).
I.1.6. Les facteurs de déception
L’absence de courbines, la rareté des gros poissons et/ou la diminution des tailles des
espèces avaient été les principaux facteurs de déception exprimés par les touristes. Mais, il y
avait aussi le vent, facteur omniprésent sur la presqu’île du cap Blanc qui jouait le troublefête. Les touristes avaient, en effet, découvert à leurs dépens un vent soufflant en permanence,
à des vitesses élevées et chargé de sable. Ce vent avait ainsi de mauvaises répercussions sur le
déroulement des parties de pêche et avait été très souvent considéré comme étant à l’origine
de certains échecs :
« Le nouveau centre de pêche au bord de mer est bien conçu…La pêche par
contre n'a pas été excellente, contrariée presque tous les jours par un vent
violent, mais cela n'est la faute à personne !!! » (Marcel Constantini, Marceau
Comont et Edmon Teisser, 22/07/1977)
Même lorsque les parties de pêche avaient été un succès, les touristes regrettaient presque
toujours le vent :
182
« …deuxième séjour d'une semaine. La pêche quoique excellente aurait pu être
mieux encore s’il n'y avait pas eu un vent de sable épouvantable. Tous les
poissons étaient malgré tout au rendez-vous » (J.Villlert Boyal, 24/05/1978)
Ce facteur climatique agaçait certains touristes :
« …premier bon séjour, beaucoup de poissons mais aussi du vent. Ho ce P…de
vent. » (Anonyme, Avril 1978)
I.2. La pêche professionnelle
I.2.1. Les acteurs
Les pêcheurs professionnels de la Baie de l’Etoile peuvent être répartis en quatre groupes :
-
les gardiens des cabanons qui seraient plus nombreux ;
-
les pêcheurs résidants qui sont propriétaires de cabanons et qui se sont installés à la
Baie de l’Etoile uniquement pour y pratiquer la pêche ;
-
les pêcheurs professionnels non résidants qui habitent en ville dans les quartiers
périphériques, Mouvagiratt et Numérowatt et se déplacent quotidiennement à la Baie
de l’Etoile pour pêcher ;
-
et enfin, les pêcheurs artisans, basés au port artisanal, qui effectuent de temps en temps
des sorties de pêche de courte durée à l’intérieur de la Baie de l’Etoile et de ses
environs immédiats.
Les catégories d’âge des pêcheurs rencontrés durant les travaux varient entre 18 et 60
ans. Leur nombre est difficile à évaluer. La plupart des pêcheurs interrogés avancent les
chiffres de plusieurs dizaines. Un seul d’entre eux s’est hasardé à avancer le chiffre de 50 à 60
pêcheurs.
Les pêcheurs professionnels avancent plusieurs raisons pour justifier leur choix de la
Baie de l’Etoile pour exercer leur activité. Les gardiens de cabanons évoquent "l’oisiveté" et
le besoin de trouver des revenus complémentaires. Ceux en provenance des quartiers
périphériques sont attirés par la proximité géographique et l’information selon laquelle le site
serait très poissonneux. Enfin, le chômage et les difficultés de trouver du travail font
également partie des arguments partagés.
183
Les pêcheurs professionnels de la baie de l’Etoile travaillent en groupes de deux à
quatre personnes ou en solitaire. Ils affirment ne pas être affiliés à la Fédération nationale des
pêcheurs (FNP). Mais certains reconnaissent qu’ils s’adressent à cette structure pour régler
certains de leurs problèmes.
I.2.2. Les équipements
Certains pêcheurs professionnels sont équipés d’embarcations motorisées ou à rames.
D’autres, les plus nombreux, utilisent une barque rudimentaire, qui n’est rien d’autre qu’une
caisse flottante fabriquée à l’aide d’un assemblage de planches de bois. Celle-ci est
manœuvrée en tirant sur la ralingue supérieure du filet. Elle est reliée au rivage par une
« corde de secours ».
En général, les pêcheurs professionnels déclarent disposer de quatre à cinq filets de 50
à 60 m. Ce sont essentiellement des filets maillants dormants équipés des instruments
courants (ancres, flotteurs, plombs). Les caractéristiques (mailles, chute, notamment) des
filets varient selon l’espèce ciblée. On y trouve des filets de type monofilament, prohibés par
la réglementation en vigueur et d’autres fabriqués avec d’autres matières. Des pots au poulpe
et les casiers sont également employés par certains pêcheurs, mais ces engins sont beaucoup
moins nombreux que les filets. La pêche à la ligne est aussi pratiquée par certains pêcheurs
professionnels. Les pêcheurs artisans qui arrivent du port artisanal utiliseraient quant à eux
des sennes tournantes.
I.2.3. Les lieux de pêche et d’écoulement du produit.
Le choix de localisation des filets semble être guidé principalement par l’accessibilité
des zones de pêche. Les engins sont déployés un peu partout à l’intérieur de la Baie. Ils sont
aussi posés à l’extérieur, dans la Baie du Lévrier, sur le côté Est du Banc de sable et le long
des falaises entre la Pointe de l’Etoile et Cabanon 1 (Carte 23). La « rivière » est le seul
secteur privé de filets. Ce désintérêt est dû à trois facteurs : la végétation, la bathymétrie et les
difficultés de se déplacer sur le substrat sablo-vaseux. La pêche à la ligne y est tout de même
pratiquée.
Les pêcheurs sont actifs tous les jours et tout au long de l’année sauf lors des grandes
marées d’équinoxe de septembre et octobre. Au cours de cette période, durant laquelle les
184
courants de marée sont particulièrement forts, les filets sont retirés pour éviter qu’ils soient
endommagés ou emportés.
Il n’existe pas de points de débarquement spécifiques. Les pêcheurs débarquent leurs
produits un peu partout et leurs équipements sont visibles un peu partout le long des plages.
Les captures de la pêche professionnelle sont composées de plusieurs espèces dont les
principales sont : le mulet, l’ombrine, la truite (bar), la dorade royale, la sole, la liche et la
courbine.La daurade royale est l’espèce la plus recherchée en raison de sa valeur commerciale
élevée. La plupart des pêcheurs interrogés s’accordent à considérer que sa période de capture
coïncide avec les deux derniers mois de l’année, novembre et décembre. D’un point de vue
quantitatif, les pêcheurs estiment que leurs capturent quotidiennes varient de un kilo à
plusieurs dizaines.
Les pêcheurs écoulent leurs produits en ville, dans les marchés populaires ou auprès
des sociétés et usines de traitements et d’exportations de poissons. Ils déplorent le manque
d’eau courante, d’électricité et de moyens de transports qui affectent la qualité de leurs
produits.
I.2.4. Evolution de la pêche professionnelle
La pêche professionnelle telle qu’elle se présente aujourd’hui a débuté à la Baie de l’Etoile au
début des années 1980. Parmi les pêcheurs rencontrés dans le cadre de ce travail, le plus
ancien exerce à la Baie de l’Etoile depuis 1988. Pour lui comme pour les autres, la pêche
actuelle est beaucoup moins bonne que celle des années 1990. Aucun pêcheur ne fait état de
capture de nouvelles espèces. Aucun pêcheur ne fait état de capture de nouvelles espèces. Par
contre, ils sont nombreux à signaler la raréfaction voire la disparition de certaines espèces.
Dans cette catégorie, Psettodes belcheri (Flétan ou Turbot) est l’espèce qui a été le plus
souvent citée. D’autres espèces telles que la courbine, la daurade royale ou le mérou ont
également été signalées dans ce registre. Les pêcheurs expliquent cette situation par plusieurs
facteurs. Certains comme M. Abdel Kader Ould Sid’Ahmed mettent en cause la multiplicité
des filets dans la baie. D’autres accusent l’usage de filets de type monofilaments ou encore les
embarcations motorisées qui selon eux font fuir les poissons. Mais ces facteurs internes ne
sont pas les seuls invoqués par les pêcheurs. Certains d’entre eux invoquent des causes
extérieures et estiment que si on en est arrivé là, c’est surtout à cause des bateaux glaciers
185
186
de la pêche industrielle qui sont actifs au large.
Selon les pêcheurs professionnels, les mulets et la truite sont les espèces qui résistent
le mieux à cette « érosion » des ressources. Ils ne sont guère optimistes quant à l’avenir de
leur activité sur le site. Cependant, ils ne manquent pas de propositions concernant les
solutions à mettre en œuvre pour améliorer leur activité. C’est ainsi qu’un membre d’un
groupe de quatre jeunes, âgés de 23 à 26 ans, qui pratiquent uniquement la pêche à la ligne,
estime qu’il faudrait tout simplement interdire la pêche aux filets dans la baie. Parmi ceux qui
pêchent avec les filets, certains préconisent d’interdire les monofilaments ou encore les
embarcations motorisées. M. Salem Ould Ely, propriétaire de cabanon, considère que la Baie
de l’Etoile est une zone de reproduction des poissons. Il perçoit la nécessité de la protéger. Il
préconise des périodes de fermeture de la pêche d’une durée de deux à trois mois par an. Les
pêcheurs ne semblent pas être opposés systématiquement à des mesures d’aménagements.
Mais leurs sentiments d’ensemble sont résumés par les propos d’un des membres du groupe
des quatre jeunes évoqué plus haut, selon lequel « il faut protéger, mais pas interdire ». Ils
redoutent d’être ainsi privés d’une source de revenus qu’ils considèrent comme un moyen de
subsistance. Tous ont observé la présence remarquable de juvéniles dans la Baie de l’Etoile et
certains font le lien avec l’abri qu’elle leur offre ainsi que la présence des herbiers marins.
Abdel Kader O. Sid’Ahmaed avance que pour ces raisons le site est important pour la
reconstitution des stocks halieutiques.
II. Du tourisme de proximité à l’urbanisation
II.1. Le tourisme de proximité
II.1.1. Origines du phénomène
Le tourisme de proximité est apparu à Nouadhibou dans les années 1960 alors que les
expatriés français constituaient la principale main d’œuvre de la Miferma*. A cette époque, il
n’existait pas encore d’infrastructure touristique sur le site de la Baie de l’Etoile. Avant d’y
construire sa résidence secondaire, le touriste devait obtenir au préalable l’aval des autorités
administratives locales. L’autorisation, qui leur était délivrée, était assortie de la condition de
*
Minerais de fer de Mauritanie (Miferma) ; première appellation de la Société Nationale Industrielle et
Minière (SNIM) avant sa nationalisation en 1974.
187
ne pas édifier de construction en dur. C’est ainsi qu’apparurent les premiers cabanons qui
étaient constitués uniquement de préfabriqués.
Toutefois, le tourisme de proximité ne s’est pas estompé après le départ des expatriés français.
Bien au contraire, son développement s’est poursuivi et les Mauritaniens ont emboité le pas.
La Baie de l’Etoile, qu’ils apprécient pour son « calme » relatif et pour ses atouts paysagers,
est devenue pour eux aussi un lieu de promenades, de repos en fin de semaine et un site de
vacances d’été. Les nostalgiques de la vie en brousse de l’arrière-pays la considèrent comme
telle. C’est le cas, par exemple, de cette habitante de Nouadhibou, Madame Aïcha mint Baba,
rencontrée sur les lieux, qui déclare que : « la Baie de l’Etoile représente pour nous la
"Badiya"».
La Baie de l’Etoile détient, en effet, quelques caractéristiques communes à la
campagne mauritanienne, puisque la zone n’est pas raccordée aux réseaux d’électricité et
d’adduction d’eau de la ville. Certaines résidences sont alimentées par des groupes
électrogènes et sont équipées de citernes d’eau. La Baie de l’Etoile est reliée à la ville par des
pistes. La piste principale qui mène au centre de pêche sportive est difficilement praticable
lors des marées d’équinoxe.
Les habitants de Nouadhibou désignent par « Cabanons » toute la zone de localisation
des résidences secondaires qui est située entre le nord de l’aéroport et la baie de l’Etoile.
II.1.2. Les cabanons
La zone des cabanons est subdivisée en quatre sites affectés de numéros de 1 à 4
(Carte 24) :
- Cabanon « 1 » est située à l’extrémité sud de la zone, au nord-est de l’aéroport Le site est
surtout caractérisé par un contraste topographique opposant un côté sud sans élévation où
certaines résidences secondaires sont au contact des vagues, et un côté nord formé de falaises
abruptes sur lesquelles sont nichées des résidences dont la quasi-totalité est en ruine et à
l’abandon.
- Cabanon « 2 » commence à environ 500 m au nord de Cabanon 1. Il s’étend entre la Pointe
des Maures et Oumm Achayef, soit sur une distance de plus de 4 km.
Mot du dialecte maure équivalent de "monde rural" ou "Campagne" ou "Brousse".
188
189
La partie méridionale du site est formée d’une plage sableuse. Les résidences y sont
construites sur l’estran. Là se trouve une auberge de 19 chambres.
Quelques centaines de mètres plus loin, au nord, débute un relief accidenté formé de roches
gréseuses très escarpées et des falaises très abruptes. Les résidences secondaires, qui
formaient jusque-là un chapelet plus ou moins dense le long du rivage, sont plutôt assez
dispersées sur ce secteur.
- Cabanon « 3 » correspond au secteur comprenant la plage de la rive sud de la Baie et le
secteur compris entre Oumm Achayef et la Pointe de l’Etoile.
Il abrite le centre de pêche sportive de la Baie de l’Etoile ainsi que de somptueuses villas qui
n’ont pas encore leurs équivalents dans les autres sites (Cabanons « 1 », « 2 » et « 4 ».
Lesrésidences construites sur la rive sud de la baie sont régulièrement inondées par la marée.
- Cabanon « 4 » est localisé sur les rives ouest de la Baie de l’Etoile. Jusque-là, les résidences
y étaient concentrées uniquement le long de la rive Ouest de l’entrée de la « rivière ». Mais
ces dernières années de grandes clôtures ont fait leur apparition au nord des premières
résidences, dans un secteur situé entre la baie et la route Nouadhibou-Nouakchott. La
topographie est très accidentée dans ce secteur qui n’est pas inondable.
Avec la construction de la route, Cabanon 4 est devenu le site le plus accessible de la Baie de
l’Etoile. Une seconde voie de communication, le chemin de fer reliant Nouadhibou et
Zoueratt,
passe
également
près
du
site.
Enfin,
l’adduction
d’eau
qui
assure
l’approvisionnement de la ville de Nouadhibou passe entre ces deux infrastructures. Cette
opportunité a été mise à profit pour y développer des cultures maraîchères.
II.1.3. Le paysage et sa transformation
Le paysage naturel de la Baie de l’Etoile est très tranché. Il se caractérise par un relief
contrasté formé par une alternance de falaises, de bancs de sables, de dunes et de roches
gréseuses sculptées par le vent, dénommées « Champignons ». L’image, produite par ces
formations géomorphologiques dominant des plans d’eau et des prairies marines, offre un
décor paysager attrayant. Ainsi, M. Ahmed Lejwad O. Averiatt, propriétaire d’un cabanon
depuis 1999, se dit particulièrement admiratif du décor qui se crée à marée basse, lorsque les
herbiers et les fonds de la baie se découvrent et que les oiseaux occupent le terrain abandonné
par les eaux. Ils sont nombreux, comme lui, à être intéressés par les oiseaux qui représentent
une dimension « visible » de l’écosystème.
190
Photo 75 : Paysage nord de la Baie de l’Etoile
Photo 77 : Champignon au nord de la Baie de l’Etoile
Photo 76 : Paysage de la Baie de l’Etoile
Photo 78 : Dunes barkhanes de la Baie de l’Etoile
Photo 79 : Vue aérienne de la « rivière »
Photo 80 : Ambiance de la Baie à marée basse
191
A ce décor paysager naturel est venu se greffer un élément extérieur, les résidences
secondaires. Selon les autorités, l’interdiction de construire est toujours de rigueur, car la zone
est classée à « habitat évolutif ». Pour autant, les résidences secondaires édifiées sur le site
sont maintenant constituées majoritairement de maisons en dur. On y trouve des villas d’un
bon standing, appartenant à des autorités locales, à des hommes d’affaires ou à des cadres
supérieurs. Les résidences de cette catégorie occupent des superficies de plusieurs dizaines de
mètres carrées. Elles sont placées sous la surveillance de gardiens. Certaines d’entre elles sont
mêmes de véritables auberges et sont parfois louées à des touristes, concurrençant ainsi avec
le CPS. Ces villas luxueuses côtoient des résidences d’un niveau très modeste. Ces dernières,
numériquement plus importantes, sont en dur ou sont des baraquements. Elles peuvent être à
plusieurs pièces ou n’en compter qu’une seule. Elles peuvent être clôturées ou pas. Certaines
sont totalement en ruines ou dans un état de délabrement avancé.
Enfin, le site comporte aussi des concessions de terrains sans habitations, délimitées
par des murs, des barbelés ou par de simples piquets. C’est la catégorie dominante, qui laisse
penser que toute la zone a déjà été attribuée.
Cette multiplication des résidences secondaires interpelle certains propriétaires de
résidences secondaires. C’est le cas de M. Sidi Ethmane Ould Ehlou, arrivé sur les lieux en
1983. Celui-ci n’est, en effet, guère optimiste quant à l’avenir de la Baie de l’Etoile compte
tenu, dit-il, « du désordre » dans l’attribution des concessions de terrain. Il affirme qu’il faut
arrêter d’accorder « les autorisations ». Il évoque aussi ce qui à ses yeux est également un vrai
problème, la question des ordures.
Les ordures domestiques font, en effet, aussi partie du décor paysager. Elles sont jetées
à même le sol près des résidences faute de système de collecte. Les objets les plus légers sont
à la merci du vent et des eaux de marées qui se chargent de les disperser. Il n’est pas rare d’en
trouver au milieu des herbiers. Une décharge d’ordures domestiques existe même au bord de
la « rivière ». Le centre de pêche dispose quant à lui d’un petit aménagement où les déchets
sont brûlés. Mais là aussi cette pratique n’est pas systématique. Les équipements usés (filets,
cordes, embarcations, etc.) abandonnés par les pêcheurs sont également visibles un peu
partout.
192
II.2. L’urbanisation
II.2.1. Naissance de la ville
Malgré son isolement géographique par rapport au reste du pays, la présence humaine
sur la presqu’île du Cap Blanc semble très ancienne. Deux sites archéologiques, identifiés
comme étant d’anciennes occupations de populations de pêcheurs, ont été trouvés près de la
de la Baie de Cansado et de la Baie de l’Etoile (Tous et al., non publié). Au début du XX ème
siècle, les premiers colons y ont trouvé des populations nomades. Le Professeur Théodore
Monod (Monod, 1923), qui a visité la presqu’île dans les années 1920, signale la présence
d’excellents pâturages et de nombreux troupeaux de chameaux, de bœufs et de moutons
appartenant aux tribus berbères locales. C’est naturellement à ces tribus nomades, dont le
mode de vie est intimement lié à la recherche de pâturage et de points d’eau, que l’on doit
l’appellation actuelle de la ville de Nouadhibou, qui signifie « le puits du Chacal ». Grâce à sa
position stratégique, Nouadhibou a joué un rôle important durant la période coloniale, en tant
qu’une des escales de l’Aéropostale. La localité s’appelait alors Port Etienne. A cette époque,
sa population était estimée à quelques centaines de personnes. Le fort militaire (Tours Bleues)
construit par les colons dès leur arrivée et les bâtiments de la SIGP étaient les rares
habitations.
A l’indépendance du pays en 1960, ce qui n’est encore qu’une petite bourgade reprend
son appellation d’origine. Le tissu économique, basé jusque-là uniquement sur la pêche,
commence à se diversifier. La société Miferma est créée pour l’exploitation des mines de fer
découvertes au nord du pays. La cité de Cansado est construite pour loger le personnel de
ladite société. Celui-ci était composé de mauritaniens et d’expatriés Français. Deux ans après
l’indépendance, la population de Nouadhibou est estimée à un peu plus de 5 000 habitants
(Bureau ETASCO, 2000). Mais cette situation va très vite évoluer.
II.2.2. Développement de la ville
II.2.2.1. L’explosion démographique
Dans le tableau (25) on peut lire les différentes estimations officielles de la population de
Nouadhibou qui est caractérisée par des taux de croissance assez forts entre 1962 et 1995.
Mais selon les résultats d’une étude menée à partir du début des années 1990 (Grissac, 1996),
les chiffres de la population seraient très en deçà de la réalité et l’agglomération comptait déjà
193
à cette époque près de 200 000 habitants. Toujours est-il que Nouadhibou, qui était devenue la
"capitale économique" du pays, avait attiré les populations rurales victimes des sécheresses
durant les années 1960, 1970 et 1980. Cet exode rural a déjoué les projections du premier plan
d’urbanisme, élaboré en 1961, qui prévoyait une population de 16 000 habitants à l’horizon
1987 ((Bureau ETASCO, 2000).
Tableau 25 : Données démographiques de la wilaya de Dakhlet Nouadhibou
Années
Population
Accroissement (%)
(en nombre d’habitants)
1939
500
-
1962
5283
10,8
1977
21900
9,9
1988
59198
11,7
1995
89774
13
1999
102605
2,7
2000
105375
2,7
Source (Bureau ETASCO, 2000)
II.2.2.2. Extension de la ville
La ville de Nouadhibou s’étend sur un axe nord-sud sur près de douze kilomètres.
L’extension linéaire de l’agglomération est le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs
naturels, institutionnels et socioculturels (Carte 25).
II.2.2.3. Les contraintes spatiales
II.2.2.3.1. La contrainte topographique
L’image d’une presqu’île désertique presque entièrement dépourvue de végétation et
constamment soumise au vent avait rebuté les premiers navigateurs Espagnols et Portugais
abordant les côtes mauritaniennes dès le 15ème siècle (Gruvel et Chudeau, 1905). Cette
impression d’hostilité s’est révélée plus profonde aux yeux des colons Français : outre le
problème crucial de l’approvisionnement en eau douce, ces derniers ont été confrontés à
l’hostilité d’un relief accidenté caractérisé, d’une part par la présence de nombreuses buttes
rocheuses, véritables obstacles à la construction et, d’autre part par l’existence d’un important
front de mer, situé sur le versant ouest de la presqu’île, entre l’aéroport et la Baie de l’Etoile.
194
195
II.2.2.3.2. Le partage de souveraineté
La presqu’île du Cap Blanc s’étend du nord au sud sur près de 50 km. A sa limite
nord, située à la hauteur de la Baie d’Archimède, sa largeur est-ouest est d’environ 12 km. Au
sud cette largeur est très rétrécie, ne mesurant que 2 km au niveau de la Baie de Cansado. Ce
territoire est partagé en deux par un tracé frontalier hérité de la colonisation : une partie ouest
jadis sous la souveraineté de l’Espagne, appartient aujourd’hui au Sahara Occidental et une
partie est, qui était contrôlée par la France, est revenue à la Mauritanie. Par ailleurs, la partie
mauritanienne de la presqu’île du Cap Blanc est divisée en deux territoires communaux :
Boulenouar et Nouadhibou. Le territoire communal de Nouadhibou s’étend sur 30 km de
long entre la Baie de l’Etoile au nord et le cap Blanc au sud. Un tiers de domaine foncier, soit
environ 10 km de long du nord au sud, appartient à la SNIM et abrite la cité de Cansado et ses
installations industrielles. Ce qui réduit ainsi le territoire de la ville de Nouadhibou à
seulement 20 km de long.
Les contraintes spatiales liées à la topographie et au partage de souveraineté ainsi que
l’explosion démographique ont conduit les autorités locales à envisager des solutions de
construction d’une ville.
II.2.2.4. Les options d’aménagements urbains
Depuis l’indépendance en 1960, les initiatives se sont multipliées pour la construction
d’une agglomération dotée d’une armature urbaine conforme aux règles de l’art. Mais l’afflux
de populations rurales démunies dépasse assez rapidement les prévisions et se traduit par la
multiplication d’habitations de fortune et la formation de bidonvilles. Pour y faire face, les
autorités entament en 1970 des opérations de restructuration et de remaniements du premier
plan d’urbanisme. Il en sera de même en 1981 et en 1986. Entre temps, les nouveaux épisodes
de sécheresse qui ont accentué l’exode rural ont poussé les autorités à réfléchir à de nouvelles
solutions. C’est ainsi qu’en 1984, la ville se dote pour la première fois d’un Schéma Directeur
d’Aménagement Urbain (SDAU) par lequel, l’option de développement de la ville vers le
nord est adoptée.
La mise en œuvre de ce SDAU aboutit à la création de nouveaux quartiers dans la
zone dénommée « Numerowatt » qui se situe au nord-ouest de l’aéroport entre le front de mer
et la voie ferrée. Les nouveaux quartiers sont construits sur une distance d’un peu plus de 7
km. Mais les lotissements se prolongent au nord sur près de deux kilomètres conduisant ainsi
196
la ville au voisinage immédiat de la Baie de l’Etoile. Mais alors que le territoire communal
est presque épuisé, les autorités sont confrontées à de nouvelles demandes de logements. En
effet, les bidonvilles qui avaient pourtant été éradiqués au début des années 1990, se sont
reconstitués sur une bonne partie de leurs anciennes occupations mais aussi à la périphérie des
« nouveaux quartiers ». Il est difficile d’établir l’origine de ces nouveaux demandeurs de
logements, mais la spéculation foncière constitue l’une des explications de cette situation.
II.2.2.5. La spéculation foncière
La spéculation foncière est une pratique bien ancrée en Mauritanie. Les acteurs en sont
l’Etat,
les
promoteurs
immobiliers
et
les
populations
de
toutes
catégories
socioprofessionnelles. Elle se caractérise par des opérations de lotissement ou de demande de
logements (de terrains) justifiées simplement par des motivations financières. Une seule
personne peut ainsi détenir plusieurs lots de terrain. Ces lots de terrains peuvent avoir été
achetés ou obtenus lors des attributions par l’Etat dans le cadre de sa politique d’urbanisme
et/ou d’éradication des bidonvilles. Dans ce dernier cas, les populations des bidonvilles sont
déplacées sur des espaces non viabilisées, dépourvues de services sociaux de base et situés à
plusieurs kilomètres du centre-ville. Confrontées ainsi à des problèmes de survie, certaines
familles au revenu modeste bénéficiaires de ces attributions revendent très vite leurs parcelles
et se réinstallent dans les bidonvilles. Elles y attendront les prochaines opérations d’attribution
pour faire valoir, une nouvelle fois, « leur droit ». Leurs clients sont très souvent des
promoteurs immobiliers qui, en s’appropriant ces nouveaux lots de terrains, vont jouer sur le
temps pour faire monter leurs valeurs et parvenir ainsi au bout de quelques années d’attente à
décupler le prix d’achat. C’est pourquoi, il n’est pas rare de trouver dans certains quartiers
des lots de terrains non encore mis en valeur plusieurs années après les attributions.
L’attribution de terrain aux populations des bidonvilles se fait moyennant le paiement
d’une somme forfaitaire. Mais l’Etat ne se contente pas que de ce revenu là. Pour renflouer
son budget, il met aussi en vente des lots de terrain de grande superficie dont les bénéficiaires
sont très souvent les hommes d’affaires, les grands commerçants et les promoteurs
immobiliers. Les recettes procurées par la vente de terrains contribuent chaque année à
hauteur de 500 000 000 ouguiyas (environ 1,6 millions d’euros) au budget annuel de l’Etat
(Bureau ETASCO, 2000). Au sein de l’appareil d’Etat, les prérogatives en matière
d’attribution et de vente de terrain sont conférées :
197
-
au Conseil des ministres pour les concessions dont la superficie est supérieure à 2000
m² ;
-
au ministre des finances pour celles dont la superficie est inférieure à 2000 m² et située
en zone résidentielle ;
-
et au wali (gouverneur) pour celles couvrant une superficie de 1000 m² en zone dite à
habitat évolutif.
Les zones dites à habitat évolutif font l’objet d’une autre forme d’occupation foncière
dénommée « Gazra ». Cette pratique, très répandue en Mauritanie, est une appropriation
illégale du domaine public qui peut toucher aussi bien les quartiers périphériques pauvres que
les quartiers résidentiels. Les auteurs agissent seuls ou avec la complicité des autorités et
parfois aussi en faisant simplement valoir des principes féodaux (et droits) claniques et
tribaux. Ils profitent aussi et surtout des incohérences et des déséquilibres qui affectent la
gestion étatique des questions foncières (Koïta T., 1994). L’article 43 de la loi sur la
valorisation des ressources foncières est citée en exemple pour démontrer que l’Etat protège
explicitement la « Gazra » par le biais de cette recommandation : «…les services de l’habitat
établissent les plans de lotissements d’après l’état des lieux levés par les services de la
topographie et de la cartographie, en tenant compte des constructions en durs édifiées sur des
terrains appartenant à des particuliers et des concessions déjà accordées ». C’est pourquoi, il
n’est pas rare que les concessions dans la « gazra » soient mises en valeur alors que la loi
l’interdit. La « Gazra » est un moyen pour les spéculateurs d’anticiper sur les programmes
d’aménagements urbains. Ils investissent les zones stratégiques ou à fort potentiel de
développement, espérant en tirer bénéfice en faisant valoir « leurs droits ». C’est un des
scénarios qui est en train de se jouer à la Baie de l’Etoile.
Les spéculations foncières profitent aussi de la faiblesse des outils et mécanismes de
gestion de l’urbanisme caractérisée par un dysfonctionnement des services compétents, le
manque de moyens, la confusion des responsabilités et l’éclatement des compétences en
matière d’attribution foncière ainsi que le poids des logiques tribales sur la définition des
politiques d’urbanisme.
A Nouadhibou, les services en charge de l’urbanisme et de l’habitat sont rattachés à la
Mairie, mais la municipalité n’a pratiquement aucune autorité sur la gestion des questions
foncières et domaniales, malgré l’existence d’instruments de décentralisation négociée avec
l’Etat. Le premier magistrat de la ville est membre d’une commission consultative chargée
198
d’examiner les demandes de concessions. Cette commission composée du Wali, du Hakem,
du Directeur des domaines, du Directeur de l’urbanisme ou de son représentant régional n’est
pas opérationnelle. Cependant, depuis quelques années, les autorités locales multiplient les
initiatives pour doter la capitale économique d’une armature urbaine à même de favoriser son
développement.
II.2.2.6. Les nouveaux chantiers d’urbanisme
Un vaste programme futuriste d’aménagements urbains a été lancé en 2000. Son
exécution devrait s’étaler sur vingt ans. Il a démarré par une « analyse diagnostique » suivie
de « l’élaboration d’une vision stratégique ». Plusieurs représentants d’organismes publics et
privés ont pris part à ces deux phases qui ont débouché sur l’adoption d’un programme en
trois axes :
-
projets stratégiques à réaliser sur le moyen et long terme ;
-
programmes prioritaires à réaliser sur le court terme ;
-
interventions urgentes à réaliser au plus vite.
Chacun de ces trois axes touche plus ou moins directement au présent et à l’avenir de la
Baie de l’Etoile, qui y est présentée comme un site à potentialités touristiques énormes
pouvant contribuer à faire de Nouadhibou un pôle économique attractif comparativement à
Nouakchott.
Certaines composantes des « Programmes prioritaires à réaliser dans le court terme » ont
connu très vite un début d’exécution. Il s’agit du désenclavement de la presqu’île du Cap
Blanc et de la construction de la voirie urbaine. La route reliant Nouadhibou et Nouakchott a
été construite entre 2002 et 2006. Cette infrastructure longe la Baie de l’Etoile par l’ouest, ce
qui accroît les enjeux fonciers dans ce secteur. D’ailleurs, la formule selon laquelle « la route
précède et engendre l’urbanisation » (Becet, 1997) est en train de s’y vérifier. En effet, on
assiste sur cette partie ouest de la Baie de l’Etoile à la multiplication de clôtures et de
résidences en construction. La route va aussi favoriser l’extension linéaire de la ville de
Nouadhibou dans cette direction, tout comme elle a déjà engendré à un rythme assez rapide la
naissance de petites bourgades tout au long de ses 470 km. Elle a également impulsé les
échanges commerciaux entre la Mauritanie et le Maroc et rapproché l’Afrique de l’Ouest à
l’Europe. Cette nouvelle donne a, semble-t-il, été prise en compte au niveau des plus hautes
199
autorités de l’Etat mauritanien. Celles-ci ont décidé de faire de cette deuxième ville, et
capitale économique du pays, un pôle économique compétitif à l’échelle nationale, sousrégionale et internationale. Cette décision a été annoncée lors de la tenue à Nouadhibou en
novembre 2007 d’un conseil des ministres délocalisé présidé par le Président de la
République. Afin de trouver les voies et moyens d’opérer les mutations nécessaires, un comité
interministériel a été désigné et une étude a été confiée à une équipe pluridisciplinaire
constituée de six bureaux d’études et de 24 experts. Un premier document intitulé « Etude de
développement stratégique de la Baie de Nouadhibou » a été publié deux mois après le
démarrage des travaux, en mars 2008. Celui-ci présente un état des lieux de l’ensemble des
secteurs de développement socio-économique en faisant ressortir leurs points forts et leurs
points faibles respectifs. Il met aussi en exergue les atouts naturels et potentiels de la
presqu’île du Cap Blanc. Il formule des recommandations sur les choix stratégiques et les
options en matière d’aménagements urbains, de protection de l’environnement, de promotion
du tourisme et de développement de la pêche qui devraient permettre d’atteindre les objectifs
recherchés.
Parmi les choix stratégiques et les options en matière d’aménagement urbains
préconisés, figure, notamment, la création d’une nouvelle ville dans la commune de
Boulenouar. Cette nouvelle agglomération se situerait au carrefour formé par la route
Nouadhibou-Nouakchott et celle en provenance du Maroc. En effet, dans leur diagnostic, les
experts estiment que le manque d’espace lié notamment aux contraintes spatiales n’est pas de
nature à offrir des conditions viables nécessaires à l’essor d’une dynamique de développement
économique à la mesure des enjeux et des ambitions actuels.
En matière de promotion touristique, les propositions de la nouvelle étude vont dans le
même sens que celles de la précédente, pour ce qui concerne la zone des cabanons qui inclut
la Baie de l’Etoile. Elles préconisent la valorisation des potentialités touristiques de la zone en
l’affectant à l’implantation d’hôtels et d’ « Eco-villages. » L’étude fait mention de la
sensibilité de la zone et recommande d’ériger la Baie de l’Etoile en réserve naturelle assortie
d’un certain nombre de mesures telle que la limitation de la circulation automobile sur le site,
par exemple. Mais si l’on s’en tient aux propositions d’aménagement de cette étude, on
constate qu’une bonne partie de la « rivière » n’est pas prise en compte dans ce zonage. Or,
elle fait partie intégrante de l’écosystème et elle est tout aussi vulnérable et exposée aux
menaces d’urbanisation, notamment.
200
Dans le cadre du développement de la pêche, notamment par la diversification des
activités, l’étude recommande que la Baie de l’Etoile soit transformée en zone aquacole.
III. Autres activités
III.1. L’élevage
L’élevage périurbain est une activité très présente aux portes des grandes villes
mauritaniennes. Ceci est le résultat d’une culture nomade encore très vivace chez une frange
de la population citadine, qui était encore majoritairement rurale il y a peu. A Nouadhibou, de
petits campements d’éleveurs nomades se sont formés dans les quartiers périphériques et le
long de la route Nouadhibou-Nouakchott (Carte 26).
Cet élevage est composé essentiellement de dromadaires, mais on y trouve aussi de petits
ruminants, chèvres et moutons principalement. Les chameliers rechignent à communiquer le
nombre exact de leurs troupeaux. On peut cependant les estimer à plusieurs dizaines de bêtes
au total. Ces animaux sont destinés au marché de la viande mais aussi à la commercialisation
de leur lait.
Sur cette presqu’île désertique où la végétation terrestre est quasi-inexistante,
l’entretien de ces animaux pose problème. Les animaux sont nourris avec du blé et d’autres
aliments de bétail achetés sur le marché local. C’est ainsi que les herbiers marins de la Baie de
l’Etoile très proche des campements d’éleveurs sont devenus une cible pour les éleveurs qui y
voient un moyen d’amoindrir les budgets d’achat d’aliment de bétail.
Trois modes d’exploitation des herbiers marins se sont développés : fauche et arrachage ;
ramassage de l’herbe et pâturage.
La fauche et l’arrachage étaient semble-t-il des pratiques très courantes jusqu’au milieu des
années 1990. Ils étaient pratiqués par les éleveurs eux-mêmes ainsi que par des adolescents.
Ces derniers s’étant aperçus que les chameliers s’intéressaient aux herbiers, leurs proposaient
des sacs de 50 kg à un prix variant entre 200 et 250 UM l’unité.
La laisse de haute mer est constituée parfois de dépôts importants de plantes arrachées
naturellement et déposées là par les vagues et la marée. Cette biomasse morte est récupérée
par les éleveurs. Un jeune éleveur, Dah O. Sidi Mohamed dit Mohamed Cheikh, rencontré sur
le terrain, affirme qu’en donnant cette végétation marine à ses dromadaires il espère surtout
201
202
que celle-ci va contribuer à satisfaire les apports de sels nécessaires dans leur ration
quotidienne.
Les chameliers installés près de l’abattoir sont équipés d’une Land Rover. Ils effectuent ainsi
tous les jours deux ou trois allers-retours pour ramener des chargements de fourrage ramassé.
Des troupeaux de dromadaires arrivent quotidiennement à la Baie de l’Etoile. Ils
viennent des campements situés le long de la route et du parc animalier aménagé à côté de
l’abattoir. Ils sont conduits par des bergers qui les dirigent le plus fréquemment vers Cabanon
4 (Carte 26), secteur de la baie le plus proche de leurs lieux de provenance. On peut aussi,
parfois, les observer dans le secteur de Cabanon 3, malgré son « isolement ». Les dromadaires
broutent les plantes sur pied et celles de la laisse de mer. La présence des dromadaires sur ces
sols humides n’est pas sans risque pour ces animaux car, compte tenu de leur poids, les
sédiments sablo-vaseux de la Baie de l’Etoile peuvent constituer de vrais pièges. Cependant
aucun accident de ce type n’a été signalé.
III.2. Le prélèvement de sable
La presqu’île du Cap Blanc étant à dominante rocheuse, la zone des cabanons
constitue depuis bien longtemps une destination privilégiée des constructeurs immobiliers à la
recherche de sable. Les prélèvements de sable ont lieu quotidiennement un peu partout dans la
zone des cabanons (Carte 26). Des hommes assurent les chargements des camions à l’aide de
pelles.
III.3. L’exploitation du sel
L’exploitation du sel est une activité toute récente. Elle est menée depuis deux ans
dans la sebkha située à proximité de Cabanon 2 (Carte 26).
III.4. Mytiliculture et conchyliculture
Ce sont les dernières nées des séries d’activités socio-économiques exercées dans la Baie de
l’Etoile. Elles sont menées par un même opérateur qui a choisi de s’installer à l’Ouest en face
des « Champignons » (Carte 26). La culture culinaire mauritanienne n’étant pas tournée vers
la consommation des moules et des huitres, le produit des élevages de ces mollusques devrait
être destiné quasi-exclusivement à l’exportation vers l’Europe et l’Asie et aussi servir à
203
approvisionner la demande des restaurants locaux fréquentés par les ressortissants de ces
pays.
IV. Réglementations et conflits
Au début des années 1980, les gestionnaires du CPS, constatant l’augmentation du
nombre de filets de pêche dans la Baie de l’Etoile avaient aussi protesté auprès des autorités
mauritaniennes. Celles-ci avaient alors légiféré en décrétant que : «sont interdites toutes
activités de pêche commerciale dans une zone d’un mile marin de large s’étendant de la baie
de l’Etoile au sud à la pointe de l’Archimède au nord ». Cette réglementation a été intégrée
par la suite aux différents textes législatifs sur le Code des Pêches en Mauritanie, notamment
dans le dernier en date : Article 33 du décret d’application de la loi 2000- 025 du 24 janvier
2000 portant Code des Pêches/ Chapitre II sur les mesures de conservations/ Section V
relative aux zones de pêche. Lorsqu’elle est entrée en vigueur, cette réglementation avait
suscité beaucoup d’espoirs chez les pêcheurs sportifs comme en témoigne les récits, ci-après,
recueillis dans le Livre d’Or du CPS :
« Rien à ajouter à ce qui a été dit. J'espère que la prochaine fois les filets ne nous
gêneront plus quels qu'ils soient. » (Anonyme, 12-19/02/1981)
«( …) Pas de courbines mais grand espoir pour la prochaine fois puisqu’il y a un
décret qui protègent les courbines chères… » (Ralph Lévy, juillet, 1981)
Ces espoirs ont été anéantis, car les filets allaient devenir de plus en plus nombreux sur
le site, transformant ainsi la Baie de l’Etoile en village de pêcheurs à l’image de ceux de
Mamghar ou de Ndiago. L’intensification de la pêche professionnelle s’est traduite par de
fréquentes altercations entre gestionnaires du CPS et les pêcheurs professionnels.
Chacune des deux parties admet que la cohabitation des deux activités est conflictuelle. Les
pêcheurs professionnels sont nombreux à reconnaître avoir été interpellés au moins une fois
par la brigade maritime qui procède alors à la saisie de leurs engins de pêche. Mais ces
interventions n’ont cependant jamais eu un effet dissuasif, puisque les pêcheurs
professionnels parviennent presque toujours à récupérer leurs équipements confisqués grâce à
l’intervention de personnes influentes ou à l’indulgence des agents de la brigade maritime. Ce
qui est perçu par les pêcheurs sportifs comme une preuve d’un manque de volonté des
204
autorités de régler ce différend. Les pêcheurs professionnels, quant à eux, ne se considèrent
même pas dans l’illégalité malgré l’existence d’une loi interdisant la pêche commerciale dans
la Baie de l’Etoile. D’une part, ils estiment que la Baie de l’Etoile n’est pas « une propriété du
CPS comme le prétendent ses gestionnaires », et d’autre part, ils considèrent qu’ils pratiquent
surtout une pêche de subsistance également reconnue par la loi.
La pêche n’est pas la seule activité menée à la Baie de l’Etoile à faire l’objet de
réglementations et de conflits. L’exploitation des herbiers marins par les chameliers pour
nourrir leurs troupeaux fait aussi l’objet de restrictions imposées par les autorités locales. Ces
dernières, ayant été alertées que des pratiques ne favorisant pas le renouvellement de la
ressource étaient devenues très courantes, avaient décidé en 1996 d’interdire l’arrachage et la
coupe des plantes et d’autoriser la récupération des plantes constituant les dépôts de la laisse
de haute mer. Cette réglementation est conforme à l’article 30 de l’ordonnance 2007-037
relative au littoral dans son chapitre portant sur les « Règles de protections du littoral ».
L’infraction des dispositions de l’article 30 entraîne une amende de 200 000 à 500 000
ouguiyas et d’une peine de prison de 6 mois à un an (article 51 de ladite ordonnance). Mais
les chameliers ne respectent pas toujours cette réglementation. En effet, des cas de fauches
clandestines sont souvent signalés. Ils touchent surtout les prairies à spartines qui sont
« victimes » de leur position bathymétrique plus haute, qui les rend ainsi plus accessibles et
plus facilement exploitables que les autres phanérogames. La nature du substrat y est aussi
pour quelque chose. Il est en effet plus facile pour les faucheurs de se déplacer dans les
prairies à spartines qu’à l’intérieur des prairies à zostères où le substrat boueux réduit les
possibilités de mobilité et que les populations locales présentent comme « un piège
dangereux ».
Cette surexposition des prairies à spartines n’est pas la seule cause de cette
« surexploitation ». Elle serait aussi justifiée, d’après certains chameliers, par la préférence
alimentaire des dromadaires. Or, pour les mêmes raisons liées à la nature du substrat, la part
des spartines dans les dépôts de la laisse de haute mer est en quantité moindre par rapport aux
zostères.
L’ordonnance 2007-037 évoquée précédemment comporte un ensemble de
dispositions relatives à l’aménagement du littoral, aux mesures de protection et de gestion et
aux pénalités qui sanctionnent les infractions aux réglementations. Elle définit les limites
205
géographiques au littoral mauritanien et précise les entités administratives concernées (Article
3). Elle donne mandat au ministère de l’Environnement et aux collectivités territoriales ainsi
qu’à leurs partenaires de « freiner la pression urbaine et foncière sur l’espace littoral ;
instituer, s’il y a lieu, les sites présentant un caractère écologique, paysager, culturel ou
touristique en zones protégées inconstructibles… » (Article 8). Ces derniers peuvent agir par
l’intermédiaire des directives d’aménagement du littoral (DAL) qui sont définies comme le
principal levier du plan aménagement du littoral (Articles 15, 16 et 17). Même s’il répond à
l’objectif défini par l’Article 3, le processus d’élaboration de la DAL de la Baie de l’Etoile
semble encore impuissant face à la poursuite des attributions de terrains autour du site qui
pourtant devaient être gelée conformément aux recommandations du premier atelier qui lui a
était consacré. Cette contradiction pourrait compliquer la mise en œuvre effective de cette
DAL lorsque celle-ci viendrait à entrer en vigueur. La localisation des résidences secondaires
sur l’estran au contact des eaux de marées n’est pas non plus conforme aux dispositions de
l’article 38 qui fixe à 500 m la distance minimum de retrait des rivages.
V. SYNTHESE
L’analyse diachronique du contexte socio-économique de la Baie de l’Etoile montre
que celle-ci est sujette à plusieurs usages en évolution constante, parfaitement illustrée par
l’histoire de la pêche sportive. Celle-ci peut se résumer en trois périodes :
-
une période glorieuse qui correspond globalement à la décennie 1970. Cette
période est caractérisée par des récits enthousiastes de touristes qui découvrent,
selon leurs propres termes, « un paradis de la pêche » où il est possible de réaliser
des pêches exceptionnelles qu’ils qualifient de « miraculeuses ». Le centre de
pêche sportive est construit dans cette foulée euphorique et bâtit ainsi sa réputation
en devenant très vite un haut lieu de compétitions internationales de surfcasting.
Les statistiques des pêches de cette période sont très bonnes, tant pour ce qui
concerne la courbine, espèce emblématique la plus convoitée par les touristes, que
pour les autres espèces, raies, requins et daurades, également fort appréciées. Une
clientèle fidèle se constitue peu à peu, et le CPS de la Baie de l’Etoile devient une
des destinations privilégiées des amateurs de la pêche sportive.
206
-
une période d’incertitudes qui se situe entre 1981 et 1987 : cette étape de l’histoire
de la pêche sportive est marquée par l’opposition de sentiments contradictoires
entre, d’une part ceux qui estiment que la qualité de la pêche est toujours aussi
bonne que durant la décennie précédente et, d’autre part ceux pour qui la pêche est
en diminution voire même irrémédiablement effondrée. Les arguments de chacun
des deux camps étaient fondés sur les résultats des parties de pêche, faisant des
heureux et des déçus. Ces derniers fondent leurs arguments sur les statistiques des
pêches qui vacillent et la diminution des tailles des courbines, tandis que le camp
des optimistes invoque les aléas naturels de la pêche réconfortés dans son
raisonnement par de très beaux tableaux réussis de temps à autre. Cette période est
celle durant laquelle la fréquentation touristique est la plus forte, accompagnée de
nombreuses promesses de retour.
-
et une période de déclin qui intervient entre 1987 et 1997 : cette ultime phase de
l’histoire de la pêche sportive à la Baie de l’Etoile est celle au cours de laquelle la
raréfaction des courbines, voire simplement sa disparition, s’impose à tous, sauf à
quelques touristes qui découvraient les lieux pour la première fois, pour qui la Baie
de l’Etoile était toujours « un paradis de la pêche ». Pourtant à cette époque,
même la palangrotte qui permettait de soulager les contre-performances du
surfcasting durant « la période d’incertitudes », est aussi en difficultés. Cette
situation ravive des sentiments nostalgiques comme chez l’auteur de ce récit :
« …quant aux courbines, elles ont disparu….où sont nos pêches d’antan ? »
(Anonyme, 20/07/1996). La clientèle, en baisse régulière durant cette période, ne
trouve plus le réconfort que dans les prestations culinaires, le management des
lieux ou la qualité des paysages.
La pêche sportive a été victime de son succès dont l’écho s’est traduit par l’arrivée sur le site
de pêcheurs professionnels, encouragés aussi en cela par la multiplication des résidences
secondaires, la proximité de la ville et la recherche d’un revenu de survie de ses acteurs. Cette
activité concurrente a été très vite pointée du doigt par les pêcheurs sportifs, considérant qu’à
cause d’elle « leur paradis » était en train de perdre de ses qualités. La réglementation, qui a
été adoptée dans ce contexte, n’a pas produit les effets escomptés puisque la pêche
207
Photo 83 : Résidence secondaire en ruine à Cabanon « 1 »
Photo 84 : Lieux de débarquement des pêcheurs
à Cabanon « 3 »
Photo 85 : Pêcheurs à l’intérieur de la Baie (J.Ph. Siblet)
Photo 87 : Fosse septique construite sur l’estran
à Cabanon »3 »
Photo 86 : Site d’extraction de sel à la Baie de l’Étoile
Photo 88 : Dépôt d’ordure du centre de pêche situé à
l’intérieur de la baie
208
professionnelle a réussi à survivre et à s’imposer comme la principale activité de pêche sur le
site, profitant ainsi d’une interdiction qui, en définitive, n’est effective que dans les textes.
Ainsi, au lieu de régler le différend qui les oppose, cette réglementation est devenue source de
conflits en légitimant la pêche sportive et en bannissant la pêche professionnelle sur le site,
sans pour autant parvenir à enrayer cette dernière, créant ainsi, entre les deux parties, une
opposition qui tend à se pérenniser. Cette cohabitation conflictuelle ne profite finalement à
aucune des deux parties, car la pêche professionnelle est aussi victime de la raréfaction du
poisson et des frustrations internes de ceux qui mettent en cause les filets monofilamments ou
les embarcations motorisées.
Le laxisme prévaut aussi à propos de la gestion du domaine foncier de cette zone.
Alors qu’elles sont officiellement interdites, les résidences secondaires en dur s’y multiplient,
érigées un peu partout sans la moindre restriction, ni aucun contrôle : des villas luxueuses y
côtoient des baraquements, des bâtiments et des clôtures en ruines, édifiés parfois même dans
la zone de balancement des marées. Ce laisser-aller caractérisant la gestion actuelle du foncier
est désapprouvé par certains propriétaires de résidences secondaires, qui ont peut être eux
aussi profité des failles des instruments de la politique locale d’urbanisme qui favorisent le jeu
de l’opportunisme et de la spéculation foncière. Ils dénoncent la dégradation du paysage et la
prolifération des ordures sur le site. Les conséquences de cette urbanisation latente
représentent un mauvais présage de ce que sera la Baie de l’Etoile, lorsque la ville, qui avance
inexorablement vers le site, l’atteindra. Elles ne vont surtout pas dans le sens des
recommandations, contenues dans différents plans d’urbanisme et projets de développement
local, appelant à la valorisation de la Baie de l’Etoile dont les potentialités touristiques sont
considérées comme autant d’atouts à même de contribuer aux ambitions affichées de faire de
Nouadhibou un pôle de développement économique dans la sous-région, en profitant de tous
les avantages liés à sa position stratégique.
209
CHAPITRE V :
DISCUSSION ET
CONCLUSION GÉNÉRALE
210
DISCUSSION GENERALE
Les progrès scientifiques acquis dans la compréhension du fonctionnement des
systèmes écologiques et la prise de conscience des risques liés aux changements globaux et
des enjeux de la préservation de la biodiversité font évoluer constamment les approches et les
concepts en matière de conservation de la nature. L’avènement, entre autres, des notions de
patrimoine naturel, d’intégrité biotique des écosystèmes, de valeur économique des zones
humides et d’aménagement intégré, en sont la parfaite illustration.
La référence patrimoniale est aujourd’hui l’argumentaire de base invoqué par les
scientifiques pour justifier la vocation conservatoire d’un site (Videment et al., 2002 ; p143).
Elle s’inspire de la notion de patrimoine historique qui se réfère à « […] tout objet ou
ensemble, naturel ou culturel, matériel ou immatériel, qu’une collectivité reconnaît pour ses
valeurs de témoignage et de mémoire historique, en faisant ressortir la nécessité de le
protéger, de le conserver, de se l’approprier, de le mettre en valeur et de le transmettre » (LE
CONSEIL du PATRIMOINE, sans date). La notion de patrimoine naturel qui en découle
incarne sans doute davantage les difficultés du combat contre l’érosion de la biodiversité. Elle
s’applique aussi bien aux espèces qu’aux espaces qui les abritent. Ainsi, une espèce à forte
valeur patrimoniale est celle « qui fait l’objet d’une attention particulière quelle que soit la
nature de cette attention ». Les critères standard - rareté, endémicité, vulnérabilité, degré de
menace etc., et leurs extensions - raréfaction, effondrement – utilisés par l’UICN pour établir
la liste rouge des espèces en danger ou menacées d’extinction renvoient à cette
définition. D’autres critères plus subjectifs – remarquables, meilleurs, prioritaires, etc.- sont
également rattachés à ce concept.
La notion de patrimoine naturel invite donc à la patrimonialisation de la biodiversité qui passe
par un processus en trois étapes comprenant successivement « l’évaluation patrimoniale,
l’appropriation et la légitimation du patrimoine et la valorisation et la gestion
patrimoniale ».
L’évaluation patrimoniale correspond à la phase de l’inventaire de la faune, de la flore et des
habitats. Elle comprend également celle de la détermination de leur caractère patrimonial par
des opérations de classement et de hiérarchisation en fonction de critères standard et locaux
relatifs au contexte géographique et aux représentations culturelles. Les critères usuels pour
211
affirmer le caractère patrimonial d’un habitat sont : la valeur patrimoniale, esthétique et
économique, etc. Un habitat désigne « le lieu ou le milieu dans lequel, ou autour duquel, vit
une espèce, végétale ou animale donnée, soit toute sa vie, soit à l'un des stades de son cycle
biologique ».
La valeur patrimoniale d’un habitat traduit le fait que celui-ci « représente dans le patrimoine
naturel national ou régional un élément de valeur unique (…) ou ayant une situation
écologique originale (…) ». La reconnaissance de la valeur patrimoniale élevée est jugée
déterminante pour justifier de la vocation conservatoire d’un site (Blandin, 1998). Le critère
de la valeur patrimoniale repose sur deux notions principales, l’originalité et la typicité.
L’originalité ramenée à son sens le plus commun exprime la rareté, tandis que la typicité « est
rattachée à l’existence d’un type de référence dont l’aire de distribution puisse être
cartographiée » (Blandin, 1996 ; Dauvin et al. 1997).
La notion de typicité permet de comparer des écosystèmes diversement dégradés par les
activités humaines. Elle apparaît ainsi appropriée pour amener les parties engagées dans la
sauvegarde d’un espace naturel à mesurer sa vulnérabilité ou sa « capacité à conserver sa
structure et ses fonctions face à des influences défavorables potentielles ou existantes », selon
la définition qu’en donnent Bardat et al. (1997) cités par Videment et al. (2002, p-147). Celleci se situe dans le prolongement du concept d’ « intégrité biotique des écosystèmes» qui
d’après Lévêque (1996) renvoie à « la capacité qu’a un milieu d’abriter et de maintenir une
communauté équilibrée et adaptée d’organismes, ayant une composition spécifique, une
diversité et une organisation fonctionnelle comparables à celles d’habitats naturels de la
région (ou du moins, des habitats les moins perturbés) ».
Si le travail d’inventaire repose sur des méthodes scientifiques plus ou moins
objectives, l’attribution des statuts dans la seconde phase est au contraire exposée à la
subjectivité liée à la relativité des critères et à leur élargissement constant. Ainsi « un habitat
composé d’espèces ne répondant pas nécessairement aux critères d’espèces déterminantes,
mais ayant une fonctionnalité biologique ou physique de nature à contribuer au maintien
d’une certaine qualité de l’environnement local, est localement un habitat déterminant ou
patrimonial » (Videment et al., 2002, p-146). Aussi, ces critères présentent-ils le risque de
conduire aux écueils d’une approche utilitariste de la nature qui peut mener à la négligence
212
voire à l’élimination des espèces ou des habitats jugés de moindre importance. Car, comme le
souligne, Le Conseil du Patrimoine, « un objet, un lieu n’est pas en soi un élément
patrimonial ; il le devient par le sens qui lui est donné ». Par ailleurs, la patrimonialisation ne
relevant pas d’une décision individuelle mais collective, elle se heurte à la difficulté de
trouver le consensus, car comme le fait remarquer Blandin (1996), « le caractère patrimonial
d’un espace naturel peut être mis en avant par certains acteurs et contesté par d’autres, au
sein des partenaires sociaux conjointement impliqués dans le devenir d’un territoire ». On
mesure dès lors la difficulté qu’il y a à l’appliquer sur le littoral, espace connu pour être le lieu
de convergence de plusieurs secteurs d’activités aux intérêts très souvent opposés.
L’aménagement intégré est la réponse préconisée pour préserver l’identité de l’espace
littoral et résoudre les conflits d’usage en localisant les espaces dévolus à l’urbanisme, au
développement économique, au tourisme par rapport aux espaces de protection, en respectant
leur interactivité.
La mise en œuvre de l’aménagement intégré devient effective par la réunion des trois
éléments de considération suivants :
-
le zonage d’aménagement qui consiste à répartir le territoire considéré en tranches
affectées chacune à une ou plusieurs occupations ou utilisations déterminées ;
-
l’intégration de la dimension environnementale pour tous les choix stratégiques et à
toutes les échelles de l’organisation de l’espace ;
-
et, la mise en œuvre de systèmes contraignants pour assurer la qualité de l’eau et la
préservation du linéaire côtier Gachelin (2002).
Dans la pratique, la tâche n’est pas facile car, comme le soulignent (Ghézali et al. 2002), la
satisfaction des règles précédemment édictées implique un bouleversement d’attitudes très
ancrées et l’adoption de nouvelles peu orthodoxes inscrites dans le long terme et surtout très
contraignantes vis-à-vis des exigences de l’économie concurrentielle.
L’aménagement des espaces littoraux implique aussi l’attribution d’un statut aux sites
visés par des objectifs de conservation de la nature. Sur ce plan, il existe, entre autres, les
statuts de "réserve naturelle", "zone classée" ou "site inscrit", généralement en vigueur sur la
213
frange terrestre (Becet, 1997). Le niveau de protection n’est pas le même selon le type de
statut. Ainsi, la réserve naturelle est recommandée pour un objectif de protection intégrale ;
elle est adaptée aux situations des espaces naturels « vierges » (ou peu anthropisés). A
l’opposé, les deux autres s’appliquent aux milieux où la présence humaine est déjà plus ou
moins marquée. Ils permettent de prévenir avec plus ou moins de succès les constructions, les
terrains de camping y compris le phénomène de sédentarisation et de contrôler ainsi autant
que possible des arrivées de flux de polluants pouvant mettre en péril l’espace protégé.
Sur la frange maritime, les réserves marines et les aires marines protégées sont à ce jour les
deux formes de protection existantes.
Guénette (2002) distingue les réserves marines comme « une portion de territoire fermée à
l’exploitation » et les aires marines protégées (AMP) comme « des territoires divisés en zones
de gestions des ressources régulant le type d’activité qui y est permis ». L’auteur décline
plusieurs effets bénéfiques pour l’ichtyofaune attribués aux réserves marines et aux AMP :
-
l’augmentation de l’abondance et du poids moyen des espèces ;
-
l’accroissement de la population de poissons à l’intérieur d’une réserve qui apporte un
soutien à la pêche effectuée à la périphérie de celle-ci ;
-
l’implantation des réserves dans les nurseries et les frayères assure le renouvellement
des ressources ;
-
l’effet de dissémination des larves qui en se dispersant colonisent des habitats situés
parfois loin de la source.
-
les réserves agissent comme une prévention contre l’effondrement des stocks en
maintenant la biomasse des géniteurs ;
-
elles permettent de réduire les contraintes spatiales liées à la gestion des espèces
migratrices.
Ces espaces protégés ne comportent pas cependant que des avantages. Boudouresque (1995),
cité par Barnabé (1997), souligne que la richesse de la faune des réserves résulte très souvent
d’un appauvrissement des zones contiguës : l’effet de dispersion des adultes n’est pas toujours
garanti par la création d’une réserve. Par ailleurs, la mise en place d’une AMP ne se résume
pas à une formalité administrative (et/ou législative). Il existe une contrainte fondamentale
liée à la taille des AMP : une AMP trop petite peut être sans effet ; une réserve très étendue
214
exige des moyens de gestion importants. La question de la délimitation se pose ici avec plus
d’acuité, en raison de la difficulté de la lisibilité des limites, mais aussi et surtout de la forte
hétérogénéité des milieux, des limitations d’accès et de la diversité des moyens à mettre en
œuvre (Guillaumont et Bellan-Santini, 2002). Les aspects socio-économiques sont également
fondamentaux : les privations qui résultent de la création d’une réserve peuvent entraîner des
réactions de frustration de la part des exploitants, qui ne sont pas toujours faciles à gérer.
Enfin, même si l’évaluation de la valeur économique des zones humides et plus largement des
écosystèmes reste problématique, le critère de la "valeur économique" est aussi en vigueur
pour désigner « un habitat dont l’importance économique est grande soit directement car il est
riche et peut être un important lieu de pêche soit indirectement car il est d’une grande
importance dans le réseau trophique. » (Videment et al. 2002, p-147)
Il est évident que tous ces concepts se rejoignent, se complètent et, parfois même, se
confondent. En effet, si par exemple, la référence patrimoniale prône une mise en valeur de la
nature favorisant une transmission intergénérationnelle, cet objectif ne peut être atteint que
par le respect de l’intégrité biotique des écosystèmes qui garantit leur bon fonctionnement.
Ces concepts s'appliquent-ils au cas de la Baie de l'Etoile ?
I. Valeur patrimoniale de la Baie de l’Etoile
"L’originalité" et la "typicité" sur lesquels repose la définition de ce critère se prêtent à
cet écosystème à plusieurs égards. Les paramètres symbolisant l’originalité de la Baie de
l’Etoile sont nombreux et variés : les résultats de l’inventaire des habitats benthiques ont
démontré que, malgré sa superficie relativement restreinte, la Baie de l’Etoile constitue, grâce
à la diversité des habitats qu’elle abrite, une entité physique et biologique particulièrement
remarquable qui à l’échelle de la presqu’île du Cap Blanc n’a pas d’équivalent. Sa richesse
tient notamment dans la mosaïque d’habitats qu’elle renferme. Il s’agit également pour les
mêmes raisons d’un cas rare à une échelle géographique plus étendue (Retière, op.cit). Ce trait
d’originalité est renforcé d’une part, par l’association de prairies à Spartina maritima et d’une
population relictuelle de periophthalmes et la présence des herbiers de Zostera noltii et
Cymodocea nodosa, et d’autre part, par les rôles d’accueil et de transit pour les oiseaux et de
nourricerie pour les poissons.
Malgré les difficultés d’identification de la faune benthique, le groupe des Terebellidés
récoltés dans les prairies à Spartina maritima sont aussi, de par leur singularité notée vis-à-vis
215
de ce qui est connu des marais salés européens, un facteur d’originalité supplémentaire pour
cet écosystème.
Les paramètres incarnant parfaitement l’adaptation de la Baie de l’Etoile à la
définition de la notion de typicité sont également multiples : elle a été identifiée comme un
« prototype » des lagunes côtières dont elle détient tous les traits caractéristiques du
signalement hydro-géomorphologique ; la diversité des habitats et la disponibilité ainsi que la
variété de la nourriture (annélides polychètes, mollusques et crustacés) exploitée par une
faune piscivore et aviaire de plusieurs milliers d’individus (pour ce qui concerne les oiseaux
surtout) appartenant à des dizaines d’espèces et par d’innombrables colonies de crabes Uca
tangeri, attestent la haute productivité biologique du site, autre point commun aux lagunes
côtières ; sur le plan socioéconomique, la nature et la variété des activités socio-économiques
répertoriées : pêche, tourisme, mytiliculture, ostréiculture etc., correspondent à ce qui
s’observe dans les lagunes côtières considérées pour cette raison comme des zones de
rencontre entre l’homme et la nature ; enfin, sur le plan biogéographique, la Baie de l’Etoile
s’insère idéalement dans la carte mondiale de distribution des lagunes côtières.
Mais c’est sans doute par rapport à son histoire que la référence patrimoniale
s’applique encore le mieux à la situation de la Baie de l’Etoile. En effet, de ce point de vue,
l’étude de l’évolution du contexte socio-économique a permis de mettre en évidence combien,
pendant près de quinze à vingt ans, le succès du centre de pêche sportive de la Baie de l’Etoile
a contribué au rayonnement de la ville de Nouadhibou en en faisant une destination
touristique connue à l’échelle internationale. A travers l’évolution des captures et des récits
des pêcheurs sportifs consignés dans ses livres d’or, la Baie de l’Etoile représente l’un des
témoins privilégiés de la trajectoire historique des pêcheries dans les eaux côtières
mauritaniennes, qui sont passées d’une époque prodigieuse d’abondance et de richesse
halieutique à celle de l’effondrement et de la crise. Pour cela la Baie de l’Etoile constitue une
valeur patrimoniale non seulement pour la région de Dakhlet-Nouadhibou, mais pour toute la
Mauritanie.
II. Valeur économique de la Baie de l’Etoile
L’importance de la Baie de l’Etoile en tant que lieu de pêche se mesure au passé à
travers l’histoire du centre de pêche sportive évoquée précédemment. Celle-ci est marquée par
216
des prises records réussies par des touristes enthousiastes se considérant dans un paradis
halieutique, et ce même lorsque le constat de la baisse de la qualité était devenue une donnée
plus qu’évidente, et au présent par la présence remarquable de la pêche professionnelle sur le
site et par l’intérêt commercial globalement très important des espèces qui y sont capturées
(Tableau 26).
Tableau 26: Intérêt commercial des espèces de poissons capturées lors de pêches expérimentales.
Espèces
Argyrosomus regius
Arius heudelotii
Arius latiscutatus
Brachydeuterus auritus
Carcharhinus falciformis
Chloroscombrus chrysurus
Decapterus rhonchus
Dentex canariensis
Dicentrarchus punctatus
Diplodus cervinus cervinus
Diplodus sargus
Epinephelus aeneus
Epinephelus guaza
Galeoides decadactylus
Leptocharias smithii
Lithognathus mormyrus
Liza aurata
Liza ramada
Mugil capurrii
Mugil cephalus
Mustelus mustelus
Pagellus bellottii
Plectorhinchus mediterraneus
Pomadasys incisus
Pomadasys jubelini
Pomadasys peroteti
Pseudupeneus prayensis
Sardinella aurita
Sardinella maderensis
Solea senegalensis
Sparus aurata
Spondyliosoma cantharus
Synaptura cadenati
Synaptura lusitanica
Intérêt commercial*
Extraordinairement important
Important
Important
Hautement commercial
Hautement commercial
Commercial
Commercial
Très important
Très important
Très important
Très important
Extraordinairement important
Extraordinairement important
Pourrait être important
Important
Important
Important
Important
Important
Extraordinairement important
Hautement commercial
Très important
Très important
Très important
Important
Important
Très important
Très important
Très important
Extraordinairement important
Très important
Important
Très important
Très important
*(D’après Fihbase.org et LY et al. 1999)
La place de cet écosystème dans le réseau trophique s’exprime par la présence des prairies à
Spartina maritima, Zostera noltii et Cymodocea nodosa qui selon une formule célèbre
d’Odum sont les nourricières des mers (Lefeuvre et al., 1999). La preuve en est donnée par
217
les effectifs considérables de juvéniles de poissons attestant le rôle de nurseries et de
l’exploitation des différents habitats par les oiseaux à la recherche de nourriture.
Le rôle de stabilisateur des côtes, en luttant contre l’érosion, que jouent ici les habitats
précités est un service rendu par la nature à apprécier à sa juste valeur d’autant que le déficit
spatial dû à de nombreuses contraintes est un facteur limitant des initiatives de développement
local. En effet, en s’établissant sur d’importants dépôts sablo-vaseux, ces habitats réduisent la
force des courants et permettent ainsi d’amortir le découpage de la dalle gréseuse qui est aussi
soumise à l’érosion éolienne.
Ainsi donc, sans entrer dans les détails des discussions sur les paramètres d’évaluation
des services économiques des zones humides ou de la biodiversité dans son ensemble (Fustec
et Lefeuvre, 2000), mais simplement en se fondant sur la confrontation de la définition du
concept avec les arguments développés, il apparaît que la valeur économique de la Baie de
l’Etoile est indéniable.
III. Valeurs culturelle et esthétique
Les habitats et la faune benthiques, les poissons, les oiseaux, le fonctionnement hydrogéomorphologique et le paysage de la Baie de l’Etoile, etc. réunis, constituent un support
pédagogique extrêmement élevé qui peut être utile dans le cadre de formations en sciences
biologiques, océanographiques et de l’environnement par les établissements scolaires locaux.
Il peut aussi servir à sensibiliser le public aux enjeux de la sauvegarde la biodiversité. Cette
fonction potentielle de site d’éducation exprime une valeur culturelle sûre qui ne demande
qu’à être valorisée.
Les qualités du paysage très diversifié « magnifiées » notamment dans le livre d’or du centre
de pêche sportive et qui ont contribué à en faire un site touristique traduisent la valeur
esthétique de la Baie de l’Etoile.
IV. Vulnérabilité de la Baie de l’Etoile
L’étude de l’évolution du contexte socio-économique a mis en évidence que la Baie de
l’Etoile est soumise à de nombreux facteurs de pression et de menace. Ces derniers sont de
deux ordres : des facteurs à risques liés plus particulièrement à l’exploitation des ressources
donc aux activités socio-économiques, et des facteurs d’exacerbation des risques qui se
rapportent aux éléments du contexte global ayant une influence directe sur lesdites activités et
qui apportent ainsi un surcroît de préjudices. Parmi les facteurs du premier ordre on peut
218
notamment citer : les pressions foncières liées à l’urbanisme et au tourisme ; la forte présence
des filets de pêche dans la Baie qui alimentent le conflit entre pêcheurs sportifs et pêcheurs
professionnels ; la localisation de certaines résidences secondaires sur l’estran au contact des
eaux de marées qui en font des sources potentielles de pollution ; les dépôts d’ordures ;
l’arrachage des spartines sur pieds et la multiplicité des activités. Dans les facteurs du second
ordre, il convient de noter, entre autres, les contraintes spatiales liées au partage de
souveraineté et à la topographie ; la route reliant Nouadhibou à Nouakchott ; le
dysfonctionnement de la politique d’urbanisme dont profite la spéculation foncière ;
l’existence de foyers de pollution industrielle.
Le fait de mentionner la fragilité naturelle des lagunes côtières aurait pu suffire à convaincre
de la vulnérabilité de la Baie de l’Etoile. Dans cette longue liste non exhaustive, les pollutions
marines ou par les eaux usées domestiques qui entraînent des phénomènes d’eutrophisation se
traduiraient par la destruction des principaux habitats à savoir les marais salés à Spartina
maritima et les herbiers à Zostera noltii qui, étant ici à la limite méridionale de leur aire de
distribution, en seront d’autant plus sensibles.
V. L’aménagement intégré de la Baie de l’Etoile
La Baie s’avère être l’exemple parfait d’un écosystème multifonctionnel où plusieurs
activités socio-économiques se côtoient. L’absence d’un plan cohérent d’aménagement et une
réglementation inadaptée se traduisent par des conflits. Au-delà de leurs impacts négatifs sur
ses ressources convoitées, cette situation affecte aussi son fonctionnement écologique. La
tendance actuelle marquée par l’arrivée de nouvelles activités, conchyliculture et
mytiliculture, et les mutations liées à l’urbanisation qui s’accélère à la périphérie induisent
une plus grande complexité du contexte et rendent plus urgente la mise en place d’un
d’aménagement intégré.
Rappelons que des propositions allant dans ce sens figurent dans le Schéma directeur
d’aménagement urbain (SDAU) élaboré au début des années 2000 ainsi que dans celles de
« L’étude de développement stratégique de la Baie de Nouadhibou » qui préconisent
respectivement d’ériger la « rivière » en « zone de protection intégrale » et « la mise en
réserve naturelle de la Baie de l’Etoile ». Elles affirment la « vocation touristique » de la Baie
de l’Etoile assortie de recommandations de zonage n’incluant pas toutes les activités. Ce qui
représente des limites pouvant entraver les objectifs escomptés.
219
VI. Le statut de la Baie de l’Etoile
Le fonctionnement hydrologique et les caractéristiques géomorphologiques et
bathymétriques qui ont permis d’identifier la Baie de l’Etoile aux lagunes côtières l’assimilent
aussi aux zones humides définies par la convention de Ramsar comme : « des étendues de
marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou
temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des
étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres ». Par
ailleurs, les valeurs patrimoniale, économique et culturelle de la Baie de l’Etoile qui ont été
mises en exergue plus haut et les argumentaires qui les soutiennent correspondent à ce qui,
dans le cadre de cette convention retrace les fonctions écologiques et les services que les
zones humides rendent à l’Humanité et qui, en fin de compte, justifient leur conservation qui
est la finalité même de ce traité.
L’article 2.2 du texte de la convention de Ramsar stipule que : " Le choix des zones
humides à inscrire sur la Liste devrait être fondé sur leur importance internationale au point de
vue écologique, botanique, zoologique, limnologique ou hydrologique " et ajoute : "
Devraient être inscrites, en premier lieu, les zones humides ayant une importance
internationale pour les oiseaux d'eau en toutes saisons ". De ce point de vue, les résultats des
observations ornithologiques ont montré que la Baie de l’Etoile était fréquentée au moins par
71 espèces dont 40 appartenant à la catégorie des oiseaux d’eau. Ces 40 espèces utilisent les
différents habitats de l’écosystème et s’alimentent en priorité au milieu des prairies à Spartina
maritima, Zostera noltii, en bordure de celles-ci et dans les petites cuvettes colonisées par
Cymodocea nodosa. Au sein de ce même groupe, les observations ont mis en exergue
l’importante activité des oiseaux piscivores, tels que les pélicans blancs (Pelecanus
onocrotalus), les cormorans à poitrine blanche (Phalacrocorax lucidus) ainsi que de
nombreuses autres espèces, qui profitent de la pénétration dans la Baie de l’Etoile de bancs de
poissons à la faveur des flots. Sur le plan biogéographique, la Baie de l’Etoile apparaît comme
un site d’accueil et de transit pour plusieurs espèces en provenance de nombreuses contrées
du globe, Europe Occidentale, Scandinavie, Groenland, Sibérie, Canada etc. Elle s’inscrit
ainsi dans le réseau naturel des autres sites côtiers d’hivernage des oiseaux migrateurs
paléarctiques en Afrique de l’Ouest, répartis entre le Banc d’Arguin et l’Archipel des Bijagos,
jouant, grâce à sa position géographique un rôle de trait d’union entre ces derniers et les
lagunes littorales du Maroc. L’intérêt ornithologique du site est souligné aussi par la présence
220
parmi les oiseaux migrateurs d’espèces rares en Mauritanie : Aigle de Bonelli (Hieraaetus
fasciatus), Foulque macroule (Fulica atra), Mouette rieuse (Larus ridibundus), Pouillot fitis
(Phylloscopus trochilus), Chevalier combattant (Philomachus pugnax), Alouette des champs
(Alauda arvensis), Barge à queue noire (Limosa limosa), et Pipit spioncelle (Anthus
spinoletta). Il est rehaussé également par celle du Goéland d’Audouin (Larus audouinii)
espèce mondialement menacée. Mais la Baie de l’Etoile n’est pas intéressante que pour les
migrateurs, elle l’est aussi pour des espèces résidentes comme le Flamant rose
(Phoenicopterus ruber) et pour les 31 espèces terrestres. Ainsi, malgré la nécessité de
relativiser ces données que nous impose la très courte durée des observations, ces dernières
apportent des informations essentielles qui placent la Baie de l’Etoile dans les objectifs de la
Convention de Ramsar. Pour toutes ces raisons et conformément aux engagements et devoir
des parties contractantes, l’Etat mauritanien, par ailleurs signataire de la Convention sur la
Biodiversité Biologique ainsi que d’autres accords internationaux de ce type, dispose avec ce
site ornithologique des arguments à faire valoir auprès des instances de protection des oiseaux
d’eau comme la Convention de Ramsar. Elle peut aussi mettre en avant le rôle de nurseries de
la Baie de l’Etoile qui est en concordance avec le Critère 7 d’identification des zones humides
d’importance internationale.
Par ailleurs, le contexte de la Baie de l’Etoile qui est marquée par une forte
anthropisation comporte beaucoup d’éléments de comparaison avec les espaces pouvant
bénéficier des statuts de "site inscrit" ou de "zone classée" dont les caractéristiques ont été
données plus haut. Il est également en phase avec ceux des aires marines protégées à
condition toutefois d’être assorti d’un aménagement intégré et d’un zonage adaptés et de
pouvoir fonctionner comme tel, car le bénéfice d'un statut n'est pas une fin en soi.
En effet, même si dans son contexte et dans son application la réglementation régissant
l’exercice de la pêche, autorisant la pêche sportive et interdisant celle à caractère
professionnelle, diffère de ce qui est prévu dans le cadre de l’aménagement des aires marines
protégée et/ou des autres types de statuts passés en revue, son échec en dit long sur le défi
qu’il faudra relever pour parvenir à cette fin. Il faudra surmonter beaucoup d’obstacles en
commençant avant tout par affronter l’inextricable question de la gestion du foncier prise aux
pièges des logiques tribales et de l’opportunisme des promoteurs immobiliers qui profitent des
faiblesses de la politique d’urbanisme et de la complicité des structures étatiques censées en
assurer le contrôle. La poursuite des attributions de terrains et des constructions autour de la
221
Baie de l’Etoile malgré les recommandations de l’atelier de juillet 2007 auquel ont pris part
les représentants de l’Etat directement impliqués dans la gestion du foncier en est l’exemple
patent.
Par ailleurs, dans l’hypothèse où l’aménagement d’une AMP serait retenu pour la Baie
de l’Etoile, les problèmes de gouvernance diagnostiqués dans les autres AMP ouest-africaines
et qui sont relatifs aux contraintes institutionnelles dues au manque de moyens, à la forte
dépendance vis-à-vis de bailleurs de fonds extérieurs, le poids des lobbys tribaux influençant
les organes de gestion (dans le cas du PNBA), aux difficultés de mettre en pratique les
méthodes participatives, à un cadre normatif souvent peu adapté aux réalités locales car
fortement inspiré des modèles occidentaux, etc., ne manqueront pas de se poser (Cazalet,
2004 ; Dahou et al. 2004). Ils risquent même de se poser avec plus d’acuité tant le contexte
de la Baie de l’Etoile est particulier. Le PNBA, par exemple, qui est une institution forte a
aussi l’avantage d’être à distance des grands centres urbains qui le privent de pressions
foncières et touristiques très fortes.
Ainsi donc, cette analyse montre qu’aussi bien sur le plan écologique que socioéconomique, les éléments contextuels de la Baie de l’Etoile sont à tous les égards au cœur du
dispositif conceptuel de l’argumentaire en matière de conservation de la nature. Toutefois, ce
n’est pas tant cette convergence que le consensus autour d’un choix de société par les
différents acteurs concernés par le devenir de cet écosystème qui seront déterminants.
222
CONCLUSION GENERALE
Conformément à la démarche écosystémique adoptée, nous avons au cours de ce
travail abordé différentes composantes écologiques et socio-économiques de la Baie de
l’Etoile.
L’inventaire des habitats benthiques a révélé comme principal enseignement leur très
grande diversité qui est apparue comme un facteur original. La faune benthique (annélides
polychètes, mollusques et crustacés), qui n’a pas pu être identifiée au niveau de l’espèce, s’est
tout de même avérée intéressante de par sa variété et par les densités relativement
importantes, notamment, des Nereidés et des Hydrobia sp. qui peuplent les prairies à Zostera
noltii. Ces deux groupes d’invertébrés constituent un maillon important de la chaîne
alimentaire exploité par les poissons et les oiseaux. L’étude du peuplement de poissons a
confirmé le rôle de nurseries et montré « l’effet d’herbier » supplémentaire des prairies à
Spartina maritima qui, grâce à leurs structures verticales plus développées, sont davantage
occupées par les juvéniles de différentes espèces. L’exemple le plus frappant en est donné par
Atherina lopeziana pour qui elles représentent un abri plus attrayant que les prairies à Zostera
noltii. Ces recherches ont surtout mis en évidence les différentes communautés de poissons et
montré les disproportions existant entre les espèces résidentes et les espèces en transit qui
compte respectivement 19 et 39 espèces. Les représentants de la première communauté sont
composés notamment d’espèces typiques des lagunes côtières, tandis que ceux de la seconde
comptent en leur sein des espèces migratrices telles que les sardinelles. La Baie de l’Etoile
assure aussi ce rôle fonctionnel de site d’accueil et de transit pour une très grande partie des
40 espèces d’oiseaux d’eau recensées sur place et qui proviennent de plusieurs contrées :
Europe occidentale, Scandinavie, Sibérie et Canada. Très actifs sur le site, ils s’alimentent ou
se reposent sur les différents habitats de la Baie de l’Etoile et à la périphérie immédiate de
celle-ci qu’ils partagent avec 31 espèces d’oiseaux terrestres.
Ces fonctions biologiques et écologiques sont perturbées par l’homme dont la
présence au sein de cet écosystème, incarnée à l’origine par la pratique de la pêche sportive,
n’a cessé de prendre de l’ampleur au fil des années. Plusieurs activités socioéconomiques
mettent aujourd’hui en valeur les ressources de la Baie de l’Etoile. Elles y coexistent dans un
cadre conflictuel dont le plus marquant est celui qui prévaut entre les deux principaux
acteurs : le centre de pêche et les pêcheurs professionnels. Ce différend est exacerbé par
223
l’effondrement des captures caractérisé notamment par une diminution des tailles et la
disparition de la courbine, espèce emblématique ayant fait jadis la renommée du centre de
pêche sportive de la Baie de l’Etoile, qui a entraîné la perte de la clientèle touristique
étrangère. Cette dernière, qui a eu le mérite d’avoir tiré la sonnette d’alarme sur le déclin des
ressources halieutiques mauritaniennes, a participé, en ciblant essentiellement les courbines
âgées, à l’extinction des gros reproducteurs qui contribuent fortement à la pérennité de
l’espèce. Le rythme auquel se déroule l’appropriation foncière
rappelle quelque peu
l’engouement touristique autour de la pêche de la courbine. Cette frénésie immobilière dont
les conséquences nuisibles sont déjà manifestes risque à terme de porter atteinte à l’intégrité
biotique de l’écosystème de la Baie de l’Etoile et de réduire à néant les fonctions qu’il assure,
à moins que la directive d’aménagement du littoral qui lui est consacrée et dont les objectifs
rejoignent ceux de la mise en place des aires protégées dans la cadre du PRCM soit
pleinement effective.
Toutes les parties concernées par l’avenir de la Baie de l’Etoile ont intérêt à ce que les
principes d’un aménagement intégré soient mis en œuvre :
-
les pêcheurs professionnels :
™ pour pouvoir exercer leur activité en toute légalité sans avoir à subir la
confiscation de leur matériel et pour que la ressource puisse se reconstituer ;
-
les pêcheurs sportifs ou son représentant, le CPS :
™ pour pouvoir reconquérir une clientèle perdue et pour éviter que la
détérioration de la qualité du paysage ne décourage les rares touristes qui le
fréquentent encore ;
-
l’Etat mauritanien :
™ pour préserver un site important pour la reconstitution des ressources
halieutiques qui contribuent fortement à l’économie nationale,
™ pour que les efforts consentis jusque-là pour l’aménagement du littoral ne
soient pas vains,
™ pour honorer son engagement de contribuer à la constitution d’un réseau
ouest-africain d’AMP et à une plus large échelle à la sauvegarde des zones
humides de la Convention de Ramsar, de la Convention sur la Biodiversité
Biologique (CBD), etc. ;
224
-
la ville de Nouadhibou :
™ pour préserver un site qui représente une valeur patrimoniale locale à plusieurs
égards,
™ pour réussir son ambition de relever le défi du développement exprimée à
travers le SDAU et de « l’Etude de développement stratégique de la Baie de
Nouadhibou » notamment par la mise en valeur des potentialités touristiques
de la Baie de l’Etoile,
™ pour préserver un site d’un grand intérêt pédagogique pour les formations en
sciences biologiques, océanographiques et de l’Environnement des écoliers
mauritaniens ;
™ pour que les populations locales continuent à profiter des services touristiques
de proximité (lieu de repos, de promenade, de « dépaysement » etc.) de la Baie
de l’Etoile et de ce qu’elle « incarne » pour les nostalgiques de la vie en
campagne de l’arrière pays ;
-
les éleveurs nomades :
™ pour qu’ils puissent encore bénéficier des ressources végétales de la Baie de
l’Etoile qui leur permettent encore d’amortir les coûts des aliments de bétail
exportés de l’étranger ;
-
les ONG internationales de conservation de la nature pour :
™ mettre en pratique les objectifs du PRCM de concilier les multiples usages
socio-économiques dont font l’objet les écosystèmes littoraux ouest-africains
avec le respect de l’Environnement,
™ pour éviter une dégradation irréversible d’un écosystème qui joue des
fonctions essentielles dans la préservation de la biodiversité à l’échelle locale,
nationale et internationale ;
-
les scientifiques :
™ pour continuer à disposer d’un site qui représente un modèle de complexité
écologique idéal pour se pencher sur le fonctionnement des écosystèmes et où
il est possible d’aborder notamment des thèmes aussi variés que les réseaux
trophiques, les indicateurs écologiques, par exemple.
Ces études scientifiques pourront éventuellement s’appuyer sur les résultats de ce
modeste travail qui en fournit les éléments de base.
225
Nous espérons que celui-ci servira utilement la réflexion des différentes parties qui auront à
s’investir dans l’aménagement de la Baie de l’Etoile ainsi que celle des structures qui en
assureront la gestion. C’est dans cet esprit que nous nous sommes efforcés de restituer le
contexte historique et paysager qui permet de tenir compte des effets cumulés des actions
anthropiques. C’est aussi ce qui a motivé le géoréférencement systématique de nos stations
d’échantillonnage et la place prépondérante accordée à la cartographie, qui permet de donner
une plus grande lisibilité à nos résultats.
RECOMMANDATIONS
9 Il est ainsi apparu que la gestion du foncier est la question cruciale vers laquelle
doivent s’orienter en priorité les actions de prévention contre les risques de destruction
du patrimoine naturel de la Baie de l’Etoile. Dans ce cadre, il est plus qu’urgent de
mettre en pratique les recommandations de l’Atelier de juillet 2007 appelant au gel des
attributions de terrains et à l’arrêt des constructions. Certaines défigurent déjà le site et
constituent à cause de leurs rejets une menace très précise pour l’élevage des
coquillages que certains propriétaires de ces constructions souhaiteraient développer.
Compte tenu des difficultés de la politique d’urbanisme à faire face aux contraintes
d’espace qui se posent sur la presqu’île du Cap Blanc, l’avenir urbain de Nouadhibouville se jouera impérativement dans la commune de Boulenouar qui commence à peu
près à la hauteur des Champignons. Le carrefour formé par la route reliant
Nouadhibou à Nouakchott et celle en provenance de Dakhla constitue une opportunité
à saisir pour y bâtir « Nouadhibou-ville2 ». Cette solution permettrait de préserver le
peu d’espace restant entre l’agglomération actuelle et la Baie de l’Etoile, qui servirait
ainsi de zone tampon. Cette disposition serait naturellement à intégrer dans la DAL.
L’abattoir municipal pourrait être délocalisé dans le secteur du carrefour, ce qui aurait
l’avantage de régler le problème de pollution liée à son emplacement actuel et de
faciliter l’exportation de viande si nécessaire.
9 Il convient également de s’attaquer à la localisation des résidences secondaires et des
auberges construites sur l’estran ou sur les hauteurs des falaises, qui représentent ainsi
des sources de pollutions potentielles, notamment en imposant une distance de retrait
des zones inondables qui soit appropriée pour minimiser l’évacuation des polluants
dans le bassin versant.
226
La multiplication et la dispersion d’ordures ménagères et des filets de pêches abandonnés
figurent également au nombre des sujets à traiter d’urgence pour limiter leurs effets nuisibles
sur l’écosystème.
Parce qu’elle est exposée à plusieurs sources de pollutions telluriques et marines, la Baie de
l’Etoile doit être insérée dans le réseau de sites de surveillance de la qualité des eaux existant
dans la Baie du Lévrier.
9 Des campagnes de sensibilisation sur les conséquences des facteurs de pollutions
devraient être menées auprès des populations locales et renforcées par des panneaux
suffisamment informatifs attirant l’attention des usagers sur la fragilité du site et
l’intérêt de le préserver. Cette sensibilisation doit aussi viser les autorités locales qui,
pour le moment, ne semblent pas avoir intégré les menaces qui pèsent sur la Baie de
l’Etoile et l’intérêt d’y faire face. Or, sans l’implication de ces deux parties toutes les
initiatives seront vaines comme l’ont été les recommandations de l’atelier 2007
rappelées précédemment.
9 Enfin, comme le prévoit du reste le document de projet de la DAL de la Baie de
l’Etoile, il est nécessaire de monter un programme de recherche fonctionnelle. Celui-ci
devrait cependant être effectif, efficient et axé sur des thématiques utiles qui
viendraient compléter et approfondir les résultats du présent travail et assurer le suivi
de l’évolution de l’écosystème. La mise en place d’un Système d’informations
géographique (SIG) dont les jalons ont été posés ici devra être poursuivie. Le volet
recherche devra aussi comporter un "volet vulgarisation" destiné au public dans lequel
il sera utile de mettre à profit les précieuses informations du Livre d’Or du CPS qui est
un trésor à conserver.
PERPECTIVES
La poursuite de ce travail portera en priorité sur la rédaction d’articles scientifiques sur les
différents volets de la thèse ainsi que sur la diffusion par tout moyen (interventions orales,
plaquettes,…) des principaux résultats obtenus.
227
Etant donnée l’état inachevé de l’identification de la faune benthique récoltée, cette tâche
figure aussi parmi nos objectifs ainsi que l’approfondissement de la recherche sur certains
autres thèmes (devenir de la matière organique, évolution de la qualité de l’eau, …).
Bien évidemment nous sommes disposé, si nous sommes sollicité, à prendre part au "volet
recherche" prévu dans le document de projet de la DAL de la Baie de l’Etoile quand celui-ci
sera effectif et contribuer ainsi à l’œuvre exaltante de promotion d’un développement durable
des littoraux mauritanien et ouest-africain.
228
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www.mnhn.fr
www.ramsar.org
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www.lafiba.org
www.prcmarine.org
www.espaces-naturels.fr
www.rebent.org
www.conservation-nature.fr
www.ifen.fr
www.csrpsp.org
http://eunis.eea.europa.eu/
http://georezo.net/
www.unesco.org
250
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : représentation schématique du processus de formation d’un upwelling
Figure 2 : Courbe granulométrique de l'habitat des sables à Cardium edule
Figure 3 : Classes granulométriques de l'habitat des sables à Cardium edule
Figure 4 : Dominances des groupes zoologiques de l’habitat des sables à cardium
Figure 5 : Courbe granulométrique du substrat des prairies zostères
Figure 6: Classes granulométriques du substrat des prairies à zostères
Figure 7 : Dominances des groupes zoologiques de l’habitat des prairies à zostères
Figure 8 : Dominances des groupes zoologiques de l’habitat des prairies à spartines
Figure 9: Courbe granulométrique du substrat de l'habitat herbier à Cymodocea nodosa
Figure 10 : Classes granulométriques du substrat de l'habitat herbier à Cymodocea nodosa
Figure 11 : Dominances des groupes zoologiques de l’habitat herbier à cymodocés
Figure 12 : Courbe granulométrie de l'habitat des sables propres dunaires à Uca tangeri
Figure 13 : Classes granulométriques de l'habitat des sables propres dunaires à Uca tangeri
Figure 14 : Courbe granulométrique de l'habitat des sables grossiers caillouteux à algues et
éponges
Figure 15 : Classes granulométriques de l'habitat des sables grossiers caillouteux à algues et
éponges
Figure 16 : Courbe granulométrie de l'habitat des sédiments sablo-vaseux immergés
Figure 17 : Classes granulométriques de l'habitat des sédiments sablo-vaseux immergés
Figure 18 : Dominances des groupes zoologiques de l’habitat es sédiments sablo-vaseux
immergés
Figure 19 : Courbe granulométrique de l'habitat des sables oligo-spécifiques du chenal
Figure 20 : Classes granulométriques de l'habitat des sables oligo-spécifiques du chenal
Figure 21 : Dominances des groupes zoologiques de l’habitat des sables fins oligospécifiques du chenal
251
Figure 22 : Schéma simplifié de la carte auto-organisatrice (SOM). La matrice ou couche
d’entrée contient les données de présence-absence (c-à-d. xij) pour chaque observation (c.-à-d.
station d’échantillonnage, sj). Une fois que la SOM a trouvé les poids de connexion (c.-à-d.
pij), on obtient la carte et la matrice de sortie (d’après Aguilar Ibarra 2004). (Source
Villanueva, 2004)
Figure 23 : Variation mensuelle du nombre d’individus capturés au cours des campagnes de
pêche expérimentales
Figure 24 : Variations de la richesse spécifique des captures des pêches expérimentales
Figure 25 : Evolutions comparées de la fréquentation touristique et des effectifs de courbines
capturés entre 1977 et 1997
Figure 26 : Evolution des totaux annuels de captures de courbines entre 1977 et 1997
252
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Densités au m² des représentants de la malacofaune de l’habitat à Cardium edule
Tableau 2 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants des annélides
polychètes de l’herbier à Zostera noltii
Tableau 3 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants de la
malacofaune de l’herbier à Zostera noltii
Tableau 4 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants des crustacés des
prairies à Zostera noltii
Tableau 5 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants de la
malacofaune des prairies à Spartina maritima
Tableau 6 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants des annélides
polychètes des prairies à Spartina maritima
Tableau 7 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants
des crustacés des prairies à Spartina maritima
Tableau 8 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants
des annélydes polychètes dans l’herbier à Cymodocea nodosa
Tableau 9 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants des annélydes
polychètes de l’habitat des sédiments fins sablo-vaseux immergés
Tableau 10 : Fréquences, dominances et densités moyennes des représentants de la
malacofaune de l’habitat des sédiments fins sablo-vaseux immergés
Tableau 11 : Récapitulatif des habitats benthiques de la Baie de l’Etoile et de leurs
superficies
Tableau 12 : récapitulatif de la composition spécifique des captures par campagne et par type
d’engin de pêche.
Tableau 13 : Effectifs et fréquences relatives du groupe des espèces communes aux quatre
stations
Tableau 14 : Tableau 1 : Effectifs et fréquences relatives du groupe des espèces communes à
trois stations
Tableau 15 : Effectifs et fréquences relatives du groupe des espèces communes à deux
stations
Tableau 16 : Effectifs et fréquences relatives du groupe des espèces pêchées dans une seule
station
253
Tableau 17 : Récapitulatif des variations saisonnières des effectifs et de la richesse spécifique
des captures.
Tableau 18 : Effectifs de limicoles présents dans la Baie de l’Etoile du 13 au 17 décembre
2007 et, à titre comparatif, figurent ici ceux qui avaient été recensés en décembre 1978 et
janvier 1979 (par ordre décroissant du nombre d’individus recensés en 2007)
Tableau 19 : Effectifs en nombre d’individus des autres espèces d’oiseaux aquatiques liées
directement à la Baie de l’Etoile observées du 13 au 17 décembre 2007. (par ordre décroissant
du nombre d’individus recensés)
Tableau 20 : Espèces d’oiseaux terrestres ayant un lien trophique ou de confort (sites de
nidification, dortoir) avec la Baie de l’Etoile
Tableau 21 : Espèces d’oiseaux terrestres qui bénéficient indirectement de conditions de vie
ou d’habitats liés à la Baie de l’Etoile
Tableau 22 : Modèle de fiche de collecte des captures de la pêche sportive
Tableau 23 : Modèle de fiche de synthèse des captures de la pêche sportive
Tableau 24 : Les records par espèces des prises de la pêche sportive
Tableau 25 : Données démographiques de la de la wilaya de Dakhlet Nouadhibou
Tableau 26 : Intérêt commercial des espèces de poissons capturées lors de pêches
expérimentales.
254
LISTE DES CARTES
Carte 1 : Localisation de la zone d’étude
Carte 2 : Le réseau des aires marines protégées de l’Afrique de l’Ouest
Carte 3 : Les formations géomorphologiques de la Baie de l’Etoile
Carte 4 : Localisation des stations d’échantillonnage des habitats benthiques
Carte 5 : Localisation de l’habitat des sables à Cardium edule
Carte 6 : Variations des densités de Cardium juvéniles et adultes
Carte 7 : Localisation des prairies à Zostera noltii
Carte 8 : Localisation des prairies à Spartina maritima
Carte 9 : Localisation de l’herbier à Cymodocea nodosa
Carte 10 : Localisation de l’habitat des sables propres dunaires à Uca tangeri
Carte 11 : Localisation de l’habitat des sédiments sablo-vaseux à Uca tangeri
Carte 12 : Localisation de l’habitat des sables grossiers caillouteux à algues et éponges
Carte 13 : Localisation de la sebkha à tapis algaire
Carte 14 : Localisation de l’habitat des sédiments fins sablo-vaseux immergés
Carte 15 : Localisation de l’habitat des sables fins propres oligo-spécifiques du chenal
Carte 16 : Les habitats benthiques de la Baie de l’Etoile
Carte 17 : Localisation des stations de pêches expérimentales
Carte 18 : Importances relatives des captures au niveau des stations de pêches
expérimentales
Carte 19 : Itinéraires de prospection et d’observations ornithologiques
Carte 20 : Localisation des reposoirs des oiseaux
Carte 21 : Localisation des aires d’alimentation des oiseaux
Carte 22 : Localisations des lieux de pêche sportive de la Baie de l’Etoile
Carte 23 : Localisation des filets de pêche professionnelle
Carte 24 : localisation résidences secondaires
Carte 25 : Evolution spatiale de la ville de Nouadhibou
Carte 26 : Localisation activités diverses : élevage, extractions de sel et de sable,
conchyliculture et mytiliculture
255
LISTE DES PHOTOS
Photo 1 : Rocheuse gréseuse érodée par le vent
Photo 2 : Quadrat de prélèvement d'échantillon
Photo 3 : Benne utilisée pour l'échantillonnage
Photo 4 : Photo 4 : Habitat des sables à Cardium
Photo 5 : Echantillon de Cardium et de Lucinidés
Photo 6 : Prairie des falaises et de la rive sud de la baie
Photo 7 : Prairie à Zostera noltii entrecoupée de banquettes sableuses à ripple-marks
Photo 8 : Séance d’identification d’un échantillon d’annélides polychètes
Photo 9 : Séance d’identification d’un échantillon de mollusques
Photo 10 : Position bathymétrique des prairies à Zostera noltii et Spartina maritima
(Entrée rivière)
Photo 11 : Vue aérienne de la prairie à Spartina maritima de la Baie
Photo 12 : Prairie à spartines de la rivière
Photo 13 : Habitat des sables propres dunaires à ucas
Photo 14 : Habitat des sédiments sablo-vaseux à Ucas
Photos 15 : Habitat des sables grossiers caillouteux à algues et éponges
Photo 16 : Sebkha à tapis algaire
Photo 17 : Séance de pêches expérimentales à la station SAVR
Photo 18 : Echantillon de poissons capturés à la station SAMR
Photo 19 : Dicentrarchus punctatus (Bar moucheté)
Photo 20 : Solea senegalensis (Sole du Sénégal)
Photo 21 : Diplodus sargus sargus
Photo 22 : Diplodus bellottii (Petit sar)
Photo 23 : Halobatrachus didacrylus (Poisson crapaud
Photo 24 : Atherina lopeziana
Photo 25 : Plectorhinchus mediterraneus (Abadèche)
Photo 26 : Spondyliosoma cantharus (Griset ; Sarde grise)
Photo 27 : Liza falcipinnis (Mulet à grande nageoire) (Fishbase.org)
Photo 28 : Rhizoprionodon acutus (Requin à museau pointu)
Photo 29 : Synaptura lusitanica (Sole de roche ; Sole perdrix)
Photo 30 : Pseudupeneus prayensis (Rouget du Sénégal)
256
Photo 31 : Symphodus bailloni (Vieille)
Photo 32 : Liza aurata (Mulet doré)
Photo 33 : Epinephelus aeneus (Thiof ; Mérou bronzé)
Photo 34 : Mugil cephalus (Mulet jaune ; Mulet à grosse tête)
Photo 35 : Pomadasys jubelini (Carpe blanche)
Photo 36 : Synaptura cadenati (Sole de Guinée)
Photo 37 : Sparus aurata (Daurade royale)
Photo 38 : Argyrosomus regius (Courbine ; Maigre)
Photo 39 : Sardinella aurita (Sardinelle ronde)
Photo 40 : Dentex canariensis (Daurade rose ; Denté)
Photo 41 : Carcharhinus falciformis (Requin soyeux ; mangeur d’hommes)
Photo 42 : Decapterus rhonchus (Chinchard Jaune)
Photo 43 : Chloroscombrus chrysurus (Carangue médaillée ; Plat plat)
Photo 44 : Parapristipoma octolineatum (Pristipome rayé)
Photo 45 : Epinephelus guaza (Mérou de méditerranée) (LY, A.)
Photos 46 : Bécasseaux variables
Photos 47 : Sternes caspiennes survolant la rivière
Photo 48 : Reposoir de Pélicans blancs, cormorans à ventre blanc et Sternes Caspiennes
Photo 49 : Flamants roses
Photo 50 : Sterne caspienne avec poisson
Photo 51 : Barge rousse (Limosa lapponica)
Photo 52 : Bécasseau maubèche (Calidris canutus)
Photo 53 : Bécasseau sanderling (Calidris alba)
Photo 54 : Bécasseau variable (Calidris alpina)
Photo 55 : Faucon pèlerin (Falco peregrinus)
Photo 56 : Flamants roses et limicoles
Photo 57 : Goéland d’Audouin (Larus audouinii)
Photo 58 : Goéland railleur (Larus genei)
Photo 59 : Grand Gravelot (Charadrius hiaticula)
Photo 60 : Hérons cendrés et Spatulules blanches
Photo 61 : Bécasseau sanderling (Calidris alba)
Photo 62 : Sterne caspienne (Sterna caspia)
Photo 63 : Tournepierre à collier (Arenaria interpres)
257
Photo 64 : Traquet du désert (Oenanthe deserti)
Photo 65 : Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus)
Photo 66 : Pélican blanc (Pelecanus onocrotalus)
Photo 67 : Vautour fauve (Gyps fulvus)
Photo 68 : Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)
Photo 69 : Centre de pêche sportive de la Baie de l'Etoile
Photo 70 : Pêcheurs sportifs avec courbines capturées
Photo 71 : Embarcations de pêche professionnelle
Photo 72 : crabe uca pris dans un filet abandonné
Photo 73 : Résidence secondaire construite sur l'estran
Photo 74 : Auberge construite entre les Champignons
Photo 75 : Paysage nord de la Baie de l’Etoile
Photo 76 : Paysage de la Baie de l’Etoile
Photo 77 : Champignon au nord de la Baie de l’Etoile
Photo 78 : Dunes barkhanes de la Baie de l’Etoile
Photo 79 : Vue aérienne de la rivière
Photo 80 : Ambiance de la Baie à marée basse
Photo 81 : Dromadaires en pâture à la Baie de l'Etoile
Photo 82 : Parc d’élevage de moules et d’huîtres
Photo 83 : Résidence secondaire en ruine à Cabanon « 1 »
Photo 84 : Lieux de débarquement des pêcheurs à Cabanon « 3 »
Photo 85 : Pêcheurs à l’intérieur de la Baie (J.Ph. Siblet)
Photo 86 : Site d’extraction de sel à la Baie de l’Étoile
Photo 87 : fosse septique construite sur l’estran à Cabanon »3 »
Photo 88 : Dépôt d’ordure du centre de pêche situé à l’intérieur de la baie
258
LEXIQUE & ABRÉVIATIONS
ACP
: Analyse des composantes principales
AFC
: Analyse factorielle des correspondances
AMP
: Aire marine protégée
BADIYA
: Mot du dialecte maure équivalent de "monde rural" ou "Campagne" ou
"Brousse"
CORINE BIOTOPE : (Base de données) est une typologie des habitats naturels et seminaturels présents sur le sol européen.
CPS
: Centre de pêche sportive
CSRP
: Commission Sous-régionale des Pêches
DAL
: Directive d’aménagement du littoral
EUNIS
: European Union Nature Information System (EUNIS). Base de données de
l’Union Européenne répertoriant la typologie des habitats européens. Elle comprend tous les
habitats, qu’ils soient naturels ou artificiels.
FIBA
: Fondation Internationale du Banc d’Arguin
IGN
: Institut de Géographie Nationale
IMROP
: Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches
MAB
: Man and Biosphère; l’Homme et la biosphère
MIFERMA : Minerais de fer de Mauritanie (Société des), première appellation de la SNIM
avant sa nationalisation.
MKH
: Majabat Alkoubrâ Hôtels
Natura 2000 : Réseau écologique européen de sites naturels.
ONG
: Organisation non gouvernementale
PDALM
: Plan Directeur d’Aménagement du Littoral Mauritanien
PIB
: Produit Intérieur Brut
PNBA
: Parc National du Banc d’Arguin
PRCM
: Programme Régional de Conservation de la Zone Côtière et Marine de
l’Afrique de l’Ouest
SDAU
: Schéma Directeur d’Aménagement Urbain
SHOM
: Service Hydrographique et Océanographique de la Marine
SNIM
: Société Nationale Industrielle et Minière
SOM
: Self Organizing Map
259
UE
: Union européenne
UICN
: Union Internationale pour la Conservation de la Nature
UNESCO
: Organisation des Nations unies pour l’Education la Science et la Culture
Wali
: Dénomination officielle de "Gouverneur"
Wilaya
: Dénomination officielle des régions administratives mauritaniennes
WWF
: Fonds Mondial pour la nature
260
ANNEXES
261
Annexe I : Coordonnées géographiques des stations d’échantillonnages
des habitats benthiques
Transects
Stations
Coordonnées géographiques
T1
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T2
"
T3
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T4
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"
T5
"
T6
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"
T7
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T8
"
"
"
"
"
1
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9
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15
16
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20
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23
24
25
26
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28
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30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
21°59.679'
20°59.676'
20°59.674'
20°59.727'
20°59.714'
21°00.059'
21°00.056'
21°00.100'
21°00.119'
21°00.123'
21°00.540'
21°00.542'
21°00.526'
21°00.772'
21°00.767'
21°01.146'
21°01.162'
21°01.265'
21°01.304'
21°01.331'
21°01.186'
21°01.156'
21°01.165'
21°01.179'
262
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
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N
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;
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;
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;
;
;
;
;
;
;
;
;
;
;
;
17°00.778'
17°00.789'
17°00.794'
17°00.788'
17°00.840'
17°00.894'
17°00.862'
17°00.748'
17°00.658'
17°00.645'
17°00.601'
17°00.628'
17°00.655'
17°01.203'
17°01.229'
17°01.016'
17°01.061'
17°00.980'
17°00.904'
17°00.810'
17°00.643'
17°00.364'
17°00.466'
17°00.533'
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
21°01.317' N
;
17°01.181' W
21°01.393'
21°01.411'
21°01.300'
21°01.472
21°01.422'
21°01.381'
21°01.426'
21°01.368
21°01.677
N
N
N
N
N
N
N
N
N
;
;
;
;
;
;
;
;
;
17°01.160'
17°01.153'
17°01.186'
17°02.336'
17°00.934'
17°00.671'
17°00.415'
17°00.150'
17°00.175'
W
W
W
W
W
W
W
W
W
21°01.709
21°01.675
21°01.676
21°01.675
21°01.784
N
N
N
N
N
;
;
;
;
;
17°01.407'
17°0.908'
17°01.117'
17°01.466'
17°00.212'
W
W
W
W
W
21°01.901
21°02.001
21°02.011
21°02.238
21°02.105
21°02.154
21°02.220
21°02.288
21°02.239
21°01.614
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
;
;
;
;
;
;
;
;
;
;
17°00.561'
17°00.544'
17°01.448'
17°00.240'
17°00.408'
17°00.775'
17°01.414'
17°01.558'
17°01.603'
17°01.193'
W
W
W
W
W
W
W
W
W
W
Annexe II : Résultats partiels de l’analyse d’une collection d’échantillons de faune
benthique de la Baie de l’Etoile, par Daniel DESBRUYERES*.
Les clichés présentés ci-après proviennent d’analyses effectuées sous microscope électronique
à balayage. M. DEBRUYERES, l’auteur de ces clichés, confirme dans ses observations (voir
texte ci-après) les difficultés de détermination de la faune récoltée à la Baie de l’Etoile
évoquées dans le chapitre I.
*
Responsable du Departement Etude des Ecosystemes Profonds (DEEP)
Centre de Brest de l’IFREMER (France)
263
264
265
266
267
268
269
270
271
272
273
274
Annexe III : Résultats de l’analyse statistique des pêches expérimentales
Figure 1 : Résultats de l’analyse par les cartes auto-organisatrices présentant la répartition des
échantillons de poissons obtenus (Numéros à l’intérieur des cellules) des pêches expérimentales ;
Ia, Ib, IIa et IIb groupes d’échantillons contenant espèces présentes (surtout) respectivement à SAVR ;
SHBS et SHFA ; SAMR ; et SHBS.
Figure 2 : Résultats de l’analyse par les cartes auto-organisatrices : dendrogramme présentant les
échantillons regroupés en fonction de leurs similitudes. Le trait horizontal situe la partition entre les
quatre groupes définis précédemment (Ia, Ib, IIa & IIb).
275
Annexe IV : Commentaires sur les espèces d’oiseaux
III.1. Fou de Bassan (Sula bassana)
L’espèce pélagique est originaire des côtes du nord de l’Europe, principalement des
Iles britanniques, de France, de Norvège et d’Islande. La zone marine d’hivernage de l’espèce
s’étend au Sud jusqu’à l’entrée du Golfe de Guinée.
Plusieurs dizaines d’individus en pêche avec un maximum d’une centaine d’individus
sont présents chaque jour dans la Baie du Lévrier; certains d’entre eux s’approchent de la Baie
de l’Etoile sans y pénétrer. Les individus d’un an sont largement majoritaires (80% environ du
total), mais des oiseaux adultes sont également présents.
III.2. Cormoran à poitrine blanche (Phalacrocorax lucidus)
Ce cormoran a été longtemps considéré par la plupart des auteurs comme la sousespèce lucidus du Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo). Nous adoptons ici le traitement
taxinomique proposé par Hazevoet et plus récemment par Isenmann (2007) en considérant le
Cormoran à poitrine blanche comme une espèce à part entière. En effet, le caractère très
marqué des différences morphologiques, l’isolement géographique et l’absence apparente
d’hybridation avec la sous-espèce nominale plaide pour une telle position taxinomique. Ce
cormoran est un résident erratique principalement des régions littorales d’Afrique de l’Ouest.
Ses principales colonies se situent en Mauritanie (Banc d’Arguin) et le long des côtes
sénégalaises.
150 à 200 individus stationnent dans la Baie de l’Etoile, principalement sur le banc de
sable situé au nord de la passe. Curieusement, les cormorans s’alimentent peu dans la baie et
pêchent préférentiellement dans la Baie du Lévrier. Chaque soir, quelques centaines
d’oiseaux, par vols successifs survolent la Baie de l’Etoile en provenance de leurs zones de
pêche de la Baie du Lévrier pour gagner leurs dortoirs situés sur les épaves de bateaux de la
Baie de Cansado.
III.3. Pélican blanc (Pelecanus onocrotalus)
Le Pélican blanc est un migrateur intra tropical avec trois populations distinctes : celle
de l’ouest africain (Mauritanie, Sénégal, Mali) qui atteint le Delta Intérieur du Niger au Mali,
276
celle d’Afrique centrale cantonnée au nord du Cameroun et au Tchad et enfin celle de la
Vallée du Rift. Il n’apparaît pas jusqu’alors qu’il n’y ait pas d’échange entre ces trois groupes
principaux. Pour ce qui concerne la population d’Afrique de l’Ouest, sa reproduction a lieu
sur le Banc d’Arguin et dans le delta du Sénégal mais il n’est plus nicheur depuis un demisiècle au Mali.
Un peu plus de 80 individus stationnent dans la Baie de l’Etoile. Ces oiseaux sont
issus, sans aucun doute, de la population reproductrice du Banc d’Arguin. La quasi-totalité
des individus contactés étaient des adultes confirmant ainsi le fait que les oiseaux juvéniles
vont hiverner vers le sud, et notamment au Sénégal (Isenmann, 2007).
III.4. Aigrette des récifs (Egretta gularis)
L’Aigrette des récifs est une espèce résidente erratique hôte principalement des parties
littorales de la zone Afrotropicale. D’importants effectifs se reproduisent au Banc d’Arguin.
L’espèce est curieusement rare dans la baie ce qui semble indiquer une grande
sédentarité des individus reproducteurs du Banc d’Arguin : un seul individu de forme sombre
est noté le 15 au matin dans les mares du grand herbier de spartines, en compagnie d’autres
aigrettes.
III.5. Aigrette garzette (Egretta garzetta)
Cette aigrette se compose d’une population résidente renforcée en hiver par des
migrateurs venant de l’Ouest du Paléarctique (Maroc, Espagne, Portugal, France, Italie).
Cette aigrette est peu abondante avec maximum de 25 individus rassemblés le 18
décembre au fond occidental de la baie. Les oiseaux fréquentent principalement les prairies à
Spartina maritima et se répandent à marée basse sur les prairies à Zostera noltii pour pêcher
dans les mares résiduelles.
III.6. Héron cendré (Ardea cinerea)
Le Héron cendré sous sa forme nominale ici considérée est un migrateur venu de
l’ouest du Paléarctique.
65 individus ont été dénombrés simultanément dans la baie le 18 décembre. Aucun
individu ne présentait les caractères de l’espèce Ardea monicae, nicheuse au Banc d’Arguin.
277
Ils fréquentent les mares des herbiers de spartines et de zostères ainsi que les rives de la
« rivière » au Sud de la baie.
III.7. Spatule blanche (Platalea leucorodia)
C’est la forme nominale de l’espèce qui est concernée par nos observations. Elle est
migratrice originaire de la Péninsule ibérique, de France et des Pays-Bas ainsi qu’en
témoignent les données du baguage.
Environ 80 individus hivernent dans la baie (maximum 83 le 14 décembre). Ils
fréquentent à peu près toutes les zones de faible profondeur de la Baie de l’Etoile. Les
spatules se regroupent à marée haute sur les berges de la « rivière » et sur la sebkha située
derrière la prairie à Spartina maritima de la baie où elles forment un dortoir.
Plusieurs lectures de bagues ont été effectuées. Trois oiseaux, au moins, ont été bagués au Lac
de Grand-Lieu ou en Brière. L’une d’entre elles vient régulièrement hiverner dans la Baie de
l’Etoile où elle avait déjà été constatée les 13 et 21/12/1995, le 17/01/1997 et le 2/02/2002
(Loïc Marion comm. pers.). La mortalité semble importante puisqu’une quinzaine de cadavres
ont été découverts le long de la « rivière ». La prédation par le Faucon pèlerin pourrait, au
moins pour partie, en être la cause.
III.8. Flamant rose (Phoenicopterus roseus)
Le Flamant rose se reproduit en une importante colonie dans le Parc National du Banc
d’Arguin. Sa reproduction en Afrique de l’Ouest a été constatée dans l’Aftout Es Saheli ainsi
qu’au Sénégal (région de Kaolack). A cette population afrotropicale marquée par un fort
erratisme se mêlent d’importants effectifs migrateurs venant d’Espagne ou de France.
Un groupe dont les effectifs ont très peu varié au cours de nos observations a atteint un
maximum de 210 individus. Il comptait environ 30% d’immatures mais aucun juvénile ce qui
pourrait indiquer qu’il ne s’agit pas d’oiseaux issus de la proche population nicheuse du Banc
d’Arguin. Malgré une recherche attentive, aucun individu bagué n’a été observé. Les oiseaux
se nourrissent préférentiellement sur la partie supérieure de la prairie à Zostera noltii du banc
de sable et sur la partie moyenne de la « rivière ». A marée haute, les oiseaux se regroupent
dans la partie nord-est de la baie mais des petits groupes peuvent également se reposer dans la
« rivière ».
278
III.9. Sarcelle d’hiver (Anas crecca)
Ce petit canard est un migrateur plutôt rare dans le domaine afrotropical venant du
Paléarctique et potentiellement d’aussi loin que la Sibérie occidentale.
Un maximum de 7 individus a été noté le 13 décembre dans la « rivière » (3 mâles et 4
femelles). Deux individus en compagnie de pilets et du Canard souchet sont observés le 16
décembre dans les mares près du massif de spartines au Sud-Ouest de la baie. Ces données
sont
intéressantes pour une espèce peu commune en hivernage dans cette zone et qui
n’affectionne pas particulièrement les eaux salées ou même saumâtres.
III.10. Canard pilet (Anas acuta)
Le Canard pilet est un grand migrateur originaire du Paléarctique septentrional
(Europe du nord, Sibérie occidentale et centrale). Ses principales zones d’hivernage en
Afrique avec de très importants effectifs se situent dans les bassins du Sénégal, du Niger et du
Tchad.
24 individus ont été notés dans la baie le 16 décembre. Il s’agit d’une donnée intéressante
pour une espèce considérée comme rare dans ce secteur en hivernage. Ils fréquentaient, en
priorité, les mares peu profondes entre les zones de spartines et les bords de la « rivière » au
Sud-Ouest de la baie. Une partie des oiseaux visitait régulièrement les jardins potagers pour
venir y boire de l’eau douce : un vol de 12 individus cherchant à s’y poser est noté le 16
décembre et 8 sont vus posés sur le sable aux abords des jardins.
III.11. Canard souchet (Anas clypeata)
Ce canard migrateur hiverne aussi bien dans le Paléarctique qu’en zones tropicales. Il
est présent en hiver dans les bassins du Sénégal, du Niger et du Tchad.
Une femelle le 16 décembre avec les Canards pilets dans une « clairière » au milieu
des spartines au Sud-Ouest de la baie.
279
III.12. Milan noir (Milvus migrans)
Le Milan noir est un migrateur venant d’Europe et hivernant en Afrique
subsaharienne. La sous-espèce parasitus est résidente en Afrique subsaharienne, notamment
abondante dans le domaine sahélo-soudanien.
Un individu de la forme nominale est noté en vol au dessus de la « rivière » le 13
décembre. S’agissait-il d’un hivernant local, d’un migrateur attardé ou d’un migrateur
précoce ? Il n’a pas été revu les jours suivants.
III.13. Vautour fauve (Gyps fulvus)
La migration de Vautours fauves venant du Maroc, d’Espagne et de France ne semble
pas être un phénomène d’une grande ampleur concernant au mieux quelques centaines
d’individus à chaque mouvement migratoire.
Ainsi, deux cadavres pouvant correspondre à des individus en migration au cours des
mois précédents ont été découverts : 1 à proximité de l’oasis jardinée le 16 décembre et 1 le
18 décembre près de la flèche sableuse à l’Est de la baie. Cette espèce migre jusque dans le
Sahel. La mortalité d’individus en migration postnuptiale épuisés et incapables de quitter le
Cap Blanc est un phénomène connu.
III.14. Busard des roseaux (Circus aeruginosus)
L’espèce est d’origine paléarctique et hiverne classiquement dans les zones humides
de l’Afrique subsaharienne où elle chasse préférentiellement les oiseaux d’eau malades,
affaiblis ou blessés.
Une dizaine d’individus hivernent dans la Baie; un maximum de 9 oiseaux est
comptabilisé à leur dortoir sur les rives de la « rivière » les 17 et 18 décembre. Ces rapaces
sont vus en chasse au dessus des reposoirs de limicoles en différents points de la baie. Ils ont
aussi été observés aux abords des jardins potagers. Il ne s’agit curieusement que de femelles
ou d’individus immatures.
280
III.15. Aigle de Bonelli (Hieratus fasciatus)
Rarement l’Aigle de Bonelli s’égare dans le domaine afrotropical. Aussi l’observation
unique d’un individu juvénile le 15 décembre dans le secteur de la « rivière », côté Baie du
Lévrier est intéressante. Rares sont les mentions hivernales de l’espèce dans ce secteur.
III.16. Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)
L’espèce est migratrice, originaire du Paléarctique occidental.
C’est un minimum d’une vingtaine d’individus qui hivernent dans la baie (jusqu’à 16
individus observés simultanément le 16 décembre sur la côte nord-ouest de la baie). Il s’agit
là d’une densité tout à fait remarquable comparée aux 80-100 individus dénombrés au Banc
d’Arguin sur une superficie de 6300 km² maritimes (Isenmann, 2007). Les oiseaux sont
majoritairement des immatures.
III.17. Faucon pèlerin (Falco peregrinus)
Un couple de la grande sous-espèce calidus, sous-espèce originaire de Laponie et de
Sibérie, hiverne dans la baie. Les oiseaux se tiennent essentiellement sur la berge Ouest de la
« rivière » et utilisent comme perchoirs des tas de pierre où ils consomment leurs proies. Les
plumes et pelotes collectés à proximité de ces perchoirs permettent d’indiquer que leur régime
alimentaire est essentiellement composé de limicoles (Bécasseaux variable et minute, Barge
rousse, Courlis corlieu, Chevalier gambette). Plusieurs cadavres de Spatules blanches trouvés
à peu de distance des perchoirs favoris des faucons, avec le bréchet entièrement consommé,
pourraient avoir été tué par ces pèlerins, la grande taille de la femelle lui permettant
potentiellement de s’attaquer à ce type de proies. Les restes d’une Aigrette garzette, d’un
Canard pilet et d’une Sterne caugek présentaient les caractéristiques d’une consommation par
un faucon.
Un autre Faucon pèlerin appartenant à la sous-espèce minor ou atlantis a été noté le 13
décembre sur un promontoire dominant la Baie du Lévrier à proximité immédiate de la berge
Sud de la « rivière ». Enfin, une troisième observation de Faucon pèlerin, dont l’appartenance
à la sous-espèce n’a pu être établi, à longue distance et brièvement le 14 décembre dans les
falaises au nord-est de la baie pourrait correspondre à l’un des individus précédemment cités.
281
III.18. Foulque macroule (Fulica atra)
L’espèce traverse régulièrement, mais en petit nombre, le Sahara pour hiverner dans
les grandes zones humides du Sénégal, du Niger et du Tchad.
Un individu est observé le 15 décembre dans la « rivière » en lisière des prairies à
Spartina maritima. L’espèce, rare en Mauritanie, n’a été signalée par les auteurs que par des
cadavres trouvés en octobre et novembre. Aucune donnée publiée en décembre.
III.19. Huitrier pie (Haematopus ostralegus)
La zone d’hivernage de l’Huîtrier pie est aussi bien paléarctique qu’afrotropicale où
elle s’étend jusqu’au littoral gabonais. Le Banc d’Arguin accueille les plus gros effectifs
hivernants de l’Afrique subsaharienne.
La présence en abondance du mollusque bivalve dans la baie, proies préférentielles de
l’espèce, explique la présence d’une population hivernant dont les effectifs atteignent environ
200 individus. A basse mer, les huîtriers s’alimentent sur les substrats meubles (sable et
vasières)
III.20. Avocette élégante (Recurvirostra avocetta)
L’aire d’hivernage de l’Avocette élégante est essentiellement paléarctique mais
s’étend jusqu’en Afrique subsaharienne où les effectifs demeurent modestes.
Un individu sur la « rivière » pendant tout le séjour vu dès le 13 décembre.
III.21. Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus)
L’espèce atteint au sud de son aire hivernage les confins saharo-sahéliens. Sa présence
en Mauritanie n’a donc rien d’exceptionnel.
Un maximum de 15 individus dorment pendant la journée à l’ombre légère des tamaris
ou en plein soleil à proximité immédiate du Centre de pêche sportive. Immobiles et « assis au
sol », ils passent inaperçu des personnes qui circulent à quelques mètres d’eux. Ils profitent de
la présence au sol de blocs de cailloux et d’un ficoïde probablement du genre Trianthema
pour obtenir un parfait camouflage. Ils quittent cette retraite diurne pour s’alimenter de nuit.
282
Deux oiseaux ont été entendus chanter le 14 décembre dans les dunes situées au Sud de la
lagune. Il peut s’agir d’un des quelques couples nicheurs de la baie (Isenmann, 2007).
.
III.22. Grand Gravelot (Charadrius hiaticula)
Les populations de Grands gravelots hivernant sur les côtes de Mauritanie peuvent
provenir aussi bien du Groenland que des régions arctiques de l’Europe et de l’Asie
occidentale.
500 individus hivernent dans la Baie. A marée basse, ils se répandent sur les herbiers à
zostères. Mais on peut les rencontrer aussi bien sur les zones rocheuses que sur les rivages
sableux ou les vasières salées.
III.23. Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus)
Une cinquantaine d’oiseaux sont présents dans la baie. Ils sont disséminés sur les
vasières sèches ou les grandes étendues sableuses parfois à plusieurs centaines de mètres de la
mer. Nous pouvons supposer que des individus migrateurs se mêlent aux résidants. L’espèce
est connue pour nicher en Baie de l’Etoile (Naurois, op.cit.)
III.24. Pluvier argenté (Pluvialis squatarola)
L’espèce est grande migratrice venant des régions arctiques d’Europe et d’Asie.
Une centaine d’oiseaux hivernants sont dispersés dans la baie. Ils s’alimentent isolément ou
en petits groupes dans tous les types d’habitats marins de la baie. Le plus grand groupe,
constitué de 40 individus, est noté sur la « rivière » le 13 décembre.
III.25. Bécasseau maubèche (Calidris canutus)
Les Bécasseaux maubèches présents en hiver sur les côtes mauritaniennes proviennent
de Sibérie centrale mais il n’est pas exclu que des sujets venant du Canada nord-oriental (île
d’Ellesmere) et du Groenland atteignent également cette latitude tropicale.
Les effectifs sont estimés à environ 200 individus. Présent dans la baie ou sur les bords
de la « rivière », le Bécasseau maubèche reste grégaire avec des bandes allant jusqu’à 50
individus.
283
III.26. Bécasseau sanderling (Calidris alba)
Très grand migrateur, le Bécasseau sanderling présent en hiver sur les côtes
mauritaniennes peut être originaire aussi bien du Canada nord-oriental et du Groenland que de
Sibérie.
Il s’agit du bécasseau dont les effectifs ne sont pas faciles à appréhender. En effet,
l’estimation d’un peu plus de 400 individus est peut-être très sous-estimée en raison de la
répartition très large de cette espèce tout le long des côtes de la baie et de sa grande mobilité.
Moins conditionnée par le rythme des marées que les autres espèces de bécasseaux, le
bécasseau sanderling se rencontre en petits groupes principalement sur les côtes sableuses. Il
est probable que cette répartition lâche soit identique sur l’ensemble des côtes mauritaniennes.
A marée haute, ce bécasseau peut former des reposoirs de plus d’une centaine d’individus sur
des surfaces plates et nues nettement à l’écart du rivage comme ce fut le cas pendant les
recensements à l’arrière de la Baie de l’Etoile.
III.27. Bécasseau minute (Calidris minuta)
Ce bécasseau est également un grand migrateur provenant des régions arctiques du
Paléarctique.
L’espèce est curieusement très peu fréquente malgré des milieux qui lui conviennent.
Une dizaine d’individus ont été contactés sur les vasières des prairies à Spartina maritima de
la « rivière ». Même si la capacité de dissimulation des oiseaux dans les criches accessibles
situés au sein des prairies à Spartina maritima est grande, les effectifs hivernants du
Bécasseau minute dans la Baie de l’Etoile sont manifestement insignifiants. Un cadavre frais
a été découvert le 13 décembre près de l’extrémité Sud de la « rivière » sans qu’ait pu être
déterminée la cause de la mort. Par ailleurs, des plumes et une patte d’un Bécasseau minute
ont été retrouvés dans une pelote de réjection d’un Faucon pèlerin de Sibérie.
III.28. Bécasseau cocorli (Calidris ferruginea)
L’espèce est un migrateur venant des régions les plus arctiques de Sibérie.
Les effectifs sont très faibles avec un maximum de 5 individus simultanément le 13
décembre sur les bords de la lagune. Il est toutefois possible que cette espèce inféodée aux
vasières des prairies Spartina maritima ait pu en partie échapper à nos observations.
284
III.29. Bécasseau variable (Calidris alpina)
Ce bécasseau migrateur originaire des contrées arctiques provient du Groenland,
Islande, îles britanniques, nord de l’Europe, Sibérie.
Un peu plus de 5500 individus hivernent dans la baie. C’est le limicole le mieux
représenté avec la Barge rousse. La sous-espèce schinzii (au bec relativement court) forme
l’essentiel des effectifs mais quelques individus des sous-espèces alpina et arctica ont
également été notés. Ce bécasseau s’alimente de préférence sur les herbiers de zostères à
marée basse. Il est également très présent sur les petites vasières et au bord des criches. Les
grands rassemblements à marée haute se font au nord-est de la baie et sur les rives de la
« rivière ».
III.30. Chevalier combattant (Philomachus pugnax)
Le Chevalier combattant a ses principaux quartiers d’hiver dans les zones humides du
nord de l’Afrique subsaharienne, du Sénégal à l’Ethiopie. Sa présence en Baie de l’Etoile
revêt un caractère exceptionnel.
Un seul individu a été noté dans la « rivière » le 15 décembre.
III.31. Bécassine des marais (Gallinago gallinago)
La Bécassine des marais, migratrice venant du Paléarctique occidental, va hiverner
jusque dans les zones humides de l’Afrique subsaharienne qui ne constituent pour l’espèce
qu’une partie secondaire de son aire d’hivernage ancrée surtout dans le domaine paléarctique.
Trois individus ont été observés le 15 décembre dans la « rivière ». L’espèce passe
probablement largement inaperçue car elle est liée aux criches présents dans les prairies à
Spartina maritima. Cette donnée pourrait constituer le premier indice sérieux d’hivernage de
l’espèce dans le secteur.
III.32 Barge à queue noire (Limosa limosa)
La Barge à queue noire de la race nominale limosa (Paléarctique occidental) a ses
quartiers d’hiver dans les grandes zones humides de la partie septentrionale du domaine afrotropical. Sa présence en Baie de l’Etoile est plutôt inattendue.
Deux individus sont vus en vol les 13 et 14 décembre au dessus de la « rivière ».
285
III.33. Barge rousse (Limosa lapponica)
C’est en Afrique de l’Ouest (Mauritanie avec le Banc d’Arguin, Guinée-Bissau avec
l’archipel des Bijagos) que se trouvent les principales zones d’hivernage de la Barge rousse.
La population qui est ici concernée provient des régions arctiques d’Europe et de Sibérie
occidentale.
Environ 2000 individus hivernent dans la Baie de l’Etoile. C’est l’espèce la plus
abondante après le Bécasseau variable. Il s’agit d’un effectif relativement important en
comparaison de la taille de la baie.
L’espèce s’alimente de préférence sur les substrats meubles de la baie. A marée haute, ses
reposoirs sont établis sur les rives de la « rivière » ou sur la partie nord-est de la baie.
III.34. Courlis corlieu (Numenius phaeopus)
Le Courlis corlieu hiverne principalement sous des latitudes tropicales. En Afrique,
ses grands quartiers d’hiver sont établis en Mauritanie, Sénégal, Guinée-Bissau, Bénin,
Nigéria. Deux populations d’origines distinctes sont présentes : celle qui est originaire
d’Islande et celle de Scandinavie et Sibérie occidentale.
Environ 300 individus hivernent dans la baie. Rarement en groupe de plus de 10
individus, ce courlis s’alimente dans tous les habitats de la baie. Il a aussi été observé dans les
jardins potagers.
III.35. Courlis cendré (Numenius arquata)
La partie mauritanienne de l’aire d’hivernage du Courlis cendré, originaire du
Paléarctique occidental, est à la frange méridionale des quartiers d’hiver de l’espèce.
Près d’une cinquantaine d’individus hivernent dans la baie. Un groupe de 23 individus
a été noté dans les massifs de spartines de la lagune le 13 décembre. En général, les oiseaux
sont ici rarement groupés.
286
III.36. Chevalier gambette (Tringa totanus)
Le Banc d’Arguin accueille le plus gros effectif hivernant du Chevalier gambette du
complexe Paléarctique occidental – Afrotropical. Il est donc logique que la Baie de l’Etoile
soit aussi concernée par l’hivernage de l’espèce.
Au minimum une centaine d’individus hivernent dans la baie. Les gambettes se
mélangent peu aux autres limicoles et restent groupés sur les reposoirs et les secteurs
d’alimentation. Ils manifestent une préférence marquée pour les secteurs à spartines tant sur
ceux de la « rivière » que celui du Sud-Ouest de la baie. Leur site d’alimentation sur les
petites banquettes de sable cœur de la végétation et le fait qu’ils se montrent particulièrement
discrets les rend peu visibles et donc peu détectables. C’est parfois avec le passage d’un
Busard des roseaux qu’ils se révèlent par un envol groupé pour se reposer immédiatement
après le passage du rapace.
III.37. Chevalier aboyeur (Tringa nebularia)
Originaire des contrées arctiques d’Europe et d’Asie, le Chevalier aboyeur hiverne très
majoritairement au Sud du Sahara avec des effectifs hivernants très importants en GuinéeBissau.
Une vingtaine d’individus ont été contactés, la plupart isolément. Ils se rencontrent
essentiellement à proximité de la prairie à Spartina maritima de la baie et sur les rives de la
« rivière ».
III.38. Chevalier guignette (Actitis hypoleucos)
Même si le Chevalier guignette hiverne en faible nombre dans la partie la plus
tempérée du Paléarctique, c’est en Afrique subsaharienne que se trouvent ses principaux
quartiers d’hiver dans toutes les formes de complexes humides qu’ils soient côtiers ou
intérieurs.
Les effectifs hivernants sont difficiles à estimer en raison de la grande dispersion des
oiseaux. Ils sont, en tout état de cause, très faibles et ne doivent pas excéder les 20 à 30
oiseaux.
L’espèce est présente au bord des mares au sein des prairies à Zostera noltii, sur les
laisses de mer et surtout sur les platiers rocheux.
287
III.39. Tournepierre à collier (Arenaria interpres)
L’espèce est un grand migrateur venant des régions septentrionales d’Europe et de
Sibérie occidentale, du Groenland voire du Canada oriental.
A l’image des Bécasseaux sanderlings, les effectifs hivernants sont délicats à estimer
en raison de leur dilution sur l’ensemble de la baie. Environ 250 à 300 individus y hivernent.
Ubiquistes dans les secteurs fréquentés, ils marquent, sans surprise, une préférence nette pour
les secteurs d’accumulation de laisse de mer, les platiers rocheux et les zones où sont
abandonnés par les pêcheurs les poissons non consommés (mulets essentiellement).
III.40. Mouette rieuse (Larus ridibundus)
Migratrice venant d’Europe, l’espèce est globalement rare en Mauritanie. Très peu
d’oiseaux ont été observés : un individu de 1er hiver le 13 décembre au sein d’un groupe
d’autres laridés et 40 individus en reposoir sur un banc de sable dans la baie, ce qui constitue
un effectif assez important.
III.41. Goéland railleur (Larus genei)
Le Goéland railleur est à la fois nicheur sur les côtes d’Afrique de l’Ouest et migrateur
venant du bassin de la Méditerranée.
Deux individus sont notés en parade le 16 décembre. Un maximum de 160 individus est
recensé en reposoir le 18 décembre sur la flèche sableuse de l’entrée nord de la baie. Parmi
eux, figurent une dizaine d’individus bagués mais la lecture des bagues était impossible. Ceci
laisse supposer que ces oiseaux marqués ont une origine méditerranéenne. Environ 50% des
individus observés étaient des immatures.
III.42. Goéland d’Audouin (Larus audouinii)
Originaire de la partie occidentale de la Méditerranée, le Goéland d’Audouin (espèce
mondialement menacée) vient hiverner sur les côtes d’Afrique de l’Ouest. Ses quartiers
d’hiver occupent les côtes de Mauritanie, du Sénégal et de la partie saharienne du Maroc.
Au minimum une cinquantaine d’individus hivernent dans la baie. Ces effectifs s’avèrent bien
supérieurs aux maxima signalés jusqu’ici (35 en janvier 1986 à Nouadhibou et 39 le 2 février
288
2001 au Cap Blanc – Baie de l’Etoile, (O. Overdijk in Gowthorpe et Lamarche, 1996). Il
s’agit d’une conséquence normale des mesures spéciales de protection envers cette espèce
avec l’augmentation des effectifs des colonies espagnoles comme le confirme les lectures de
bagues réalisées sur place.
III.43. Goéland brun (Larus fuscus)
Ce laridé migrateur vient d’Europe. Deux sous-espèces sont représentées : graellsi et
intermedius.
200 à 300 individus ont été recensés en reposoir sur le banc de sable à l’Est de la baie.
III.44. Sterne caspienne (Sterna caspia)
La Sterne caspienne possède de grandes colonies reproductrices en Mauritanie et au
Sénégal. Des hivernants originaires de Scandinavie sont aussi susceptibles de fréquenter les
eaux mauritaniennes.
150 à 200 individus hivernent dans la baie. Il est toutefois difficile d’estimer
précisément ces effectifs dans la mesure ou il existe des échanges permanents avec les
individus hivernants dans le secteur du Cap Blanc (1600 individus en reposoir le 15
décembre). Les oiseaux s’alimentent principalement dans la Baie du Lévrier. Toutefois,
certains viennent systématiquement pêcher à marée montante à l’entrée de la « rivière ».
Aucun oiseau immature n’a été observé.
III.45. Sterne royale (Sterna maxima)
L’espèce est résidente et se reproduit notamment sur le Banc d’Arguin.
Effectifs faibles : 2 individus parmi le reposoir de laridés sur le banc de sable.
III.46. Sterne caugek (Sterna sandvicensis)
La Sterne caugek est un migrateur venant d’Europe occidentale.
Près de 2000 individus fréquentent un reposoir sur une banquette de sable dans la baie
le 14 décembre. Les oiseaux vont s’alimenter dans la Baie du Lévrier.
289
III.3.47. Sterne pierregarin (Sterna hirundo)
L’espèce est à la fois résidente avec des colonies de reproduction en Mauritanie, au
Sénégal, en Guinée-Bissau et migratrice avec des contingents venant d’Europe occidentale.
Une centaine d’individus au maximum fréquente la baie. Les oiseaux vont surtout
s’alimenter dans la Baie du Lévrier.
III.48. Tourterelle turque (Streptopelia decaocto)
Après s’être répandue dans toute l’Europe, la Tourterelle turque a colonisé le Maroc
pour atteindre la Mauritanie et sa présence est maintenant suspectée à Dakar.
Deux le 16 décembre dans l’oasis « 1 » et 7 le 17 décembre dans l’oasis « 2 ».
III.3.49. Tourterelle maillée (Streptopelia senegalensis)
Cette tourterelle est surtout afrotropicale mais aussi présente dans tout le Maghreb.
Présente en petit nombre dans tous les secteurs possédant de grands arbres aussi bien
dans la Baie de l’Etoile avec 4 individus que dans les jardins.
III.50. Hibou des marais (Asio flammeus)
Grand migrateur, ce hibou atteint dans le Sahel la limite méridionale de son aire
d’hivernage. Sa présence aux abords de la Baie de l’Etoile ne correspond pas exactement à
l’habitat qu’il occupe ordinairement en Afrique.
Une « plumée » ancienne découverte au Sud de la baie le 13 décembre et un oiseau a
été repéré le 14 décembre se dissimulant dans les buttes de sables dans le nord de la baie
confirmant ainsi l’hivernage régulier en petit nombre de l’espèce soulignée par différents
auteurs.
III.51. Rollier d’Abyssinie (Coracias abyssinicus)
Ce rollier afrotropical sahélo-soudanien, capable d’être largement erratique voire
faiblement migrateur est ici bien en dehors de son aire normale de distribution.
Un adulte observé et photographié les 17 et 18 décembre dans les deux jardins. Il
s’agit de la troisième mention de l’espèce dans cette partie de la Mauritanie mais également
290
dans les limites de l’Ouest paléarctique. Curieusement les deux premières mentions ont
également été recueillies dans le secteur de Nouadhibou.
III.52. Alouette calandrelle (Calandrella brachydactyla)
L’Alouette calandrelle est une espèce migratrice venant d’Europe occidentale et qui
hiverne ordinairement en secteur sahélien.
Deux individus ont été observés dans l’un des jardins le 16 décembre. Rappelons que
l’espèce est très peu commune dans ce secteur en hivernage.
III.53. Alouette des champs (Alauda arvensis)
Le Maroc non saharien marque la limite méridionale de l’aire normale d’hivernage de
cette espèce. Sa présence à une latitude aussi méridionale est exceptionnelle.
4 individus ont été observés s’alimentant sur la laisse de mer le 16 décembre dans le
secteur des cabanons proche de l’embouchure de la «rivière ». Cette observation est
remarquable puisque seulement trois données sont connues pour la Mauritanie (Isenmann in
Mahé, 1985).
III.54. Hirondelle isabelline (Ptyonoprogne fuligula)
Cette espèce appartient à l’avifaune résidente.
Trois individus ont été vus en vol, apparemment cantonnés sur un site potentiel de
reproduction dans les falaises du Sud-Ouest de la baie les 15 et 16 décembre.
III.55. Pipit spioncelle (Anthus spinoletta)
Ce pipit migrateur est ici exceptionnellement loin au sud de la limite de son aire
classique d’hivernage qui atteint la partie méditerranéenne du Maghreb.
Un individu présent sur la laisse de mer a été vu les 15 et 18 décembre dans le secteur
des cabanons. Il s’agit probablement d’une première donnée mauritanienne pour cette espèce.
291
III.56. Pipit rousseline (Anthus campestris)
Le Pipit rousseline est un migrateur transsaharien dont les quartiers d’hiver s’étendent
sur le Sahel. Sa présence aux abords de la Baie de l’Etoile revêt un caractère inhabituel.
Un individu au fond de la « rivière » le 13 décembre et un les 16 et 17 décembre dans
l’un des jardins.
III.57. Pipit à gorge rousse (Anthus cervinus)
Cette espèce originaire du nord de la Scandinavie et de la Russie hiverne dans le
domaine afrotropical.
Un individu au fond de la Baie les 13 et 18 décembre. L’hivernage de l’espèce en petit
nombre est connu dans la région de Nouadhibou (Lamarche 1988, Isenmann 2007).
III.3.58. Bergeronnette grise (Motacilla alba)
La population de Bergeronnette grise qui hiverne sur les côtes d’Afrique de l’Ouest
(Mauritanie, Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau) a une origine islandaise avérée par les résultats
du baguage (G. Jarry, com. pers.)
Des individus isolés ou par petits groupes sont présents dans pratiquement tous les
milieux (y compris la laisse de mer) ce qui confirme l’hivernage régulier de l’espèce. Nous
sommes en présence de la sous-espèce nominale alba. La découverte d’un dortoir dans les
spartines situé sur la rive ouest de la « rivière » a permis de dénombrer 246 individus le 18
décembre. L’aire d’influence de ce dortoir est difficile à cerner mais, compte tenu de la
direction de vol des oiseaux il est probable qu’une partie d’entre eux venaient d’assez loin et
notamment depuis les faubourgs, le port et la Baie de Cansado. En général, les bergeronnettes
grises établissent leur dortoir dans les arbres ou dans les roselières. Pourquoi ont-elles choisi
les spartines qui leur offrent un abri très atypique ?
III.59. Traquet motteux (Oenanthe oenanthe)
L’espèce hiverne au sud du Sahara. L’Afrique de l’Ouest accueille aussi bien des
populations groenlandaises et islandaises (sous-espèce leucorhoa), qu’européennes (sous-
292
espèces oenanthe) et ibériques (sous-espèce libanotica) ou encore maghrebines (sous-espèce
seebohmi).
Un mâle de grande taille appartenant à la sous-espèce « leucorhoa » du Groenland est
vu les 13 et 14 décembre à l’entrée de la « rivière ». Deux autres individus ont été observés au
fond de la baie le 13 décembre.
III.60. Traquet du désert (Oenanthe deserti)
L’espèce est résidente. C’est l’espèce de traquet la plus commune dans la baie. Elle a
été régulièrement notée sur les marges de la Baie dans tous les milieux favorables (falaises de
grès, massifs rocheux, zones « urbanisés ». Certains couples semblaient constitués et
cantonnés. Bien que la reproduction de l’espèce n’ait pas été constatée dans ce secteur, elle
serait néanmoins à rechercher.
III.61. Traquet à tête blanche (Oenanthe leucopyga)
Ce traquet est résident. Deux mâles ont été notés le 14 décembre dans un petit massif
rocheux situé au Sud de la baie. Les oiseaux défendaient un territoire, indication d’une
nidification probable. Il s’agit d’une donnée intéressante considérée comme rare sur le littoral
par les auteurs (Lamarche 1998, Isenmann 2007).
III.62. Traquet rieur (Oenanthe leucura)
L’espèce est résidente. Plusieurs couples fréquentent les abords de la baie. Cette
espèce très anthropophile « bénéficie » des nombreuses constructions ruinées et qui lui
fournissent des sites de nid. La saison de reproduction ne semblait pas entamée même si
certains couples manifestaient des comportements territoriaux.
III.63. Fauvette mélanocéphale (Sylvia melanocephala)
Cette fauvette est une migratrice venue des régions méditerranéennes. Un mâle et une
femelle hivernaient dans les arbres du Centre de pêche sportive. Au minimum une dizaine
d’individus bénéficiaient de conditions favorables d’hivernage dans les deux jardins situés à
l’ouest de la baie.
293
III.64 Fauvette du désert (Sylvia deserticola)
Espèce faiblement migratrice originaire des confins septentrionaux du Sahara au
Maghreb. Un individu le 16 décembre dans les touffes de soude maritime.
III.65. Fauvette passerinette (Sylvia cantillans)
Cette fauvette migratrice de la partie méditerranéenne du Paléarctique hiverne dans la
partie sahélienne aride. Un sujet mâle a été observé le 13 décembre dans les buissons
ornementaux du Centre de pêche sportive.
III.66. Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla)
Cette fauvette originaire du Paléarctique possède une aire d’hivernage dont la limite
méridionale atteint le domaine soudanien. L’espèce était bien représentée dans les jardins
potagers avec un effectif estimé d’au moins 6 individus.
III.67. Pouillot véloce (Phylloscopus collybita)
Le statut du Pouillot véloce est très comparable à celui de la Fauvette à tête noire.
Quelques individus hivernaient dans tous les milieux arbustifs aussi bien dans les jardins
d’agrément des résidences secondaires de la Baie de l’Etoile que dans les jardins potagers. Un
maximum d’une vingtaine d’oiseaux ont été observés simultanément les 16 et 17 décembre
dans ces derniers. Compte tenu de la densité de la végétation, nous supposons que l’effectif
pouvait être supérieur.
2 ou 3 individus présentaient le plumage gris typique du Pouillot véloce sibérien
(Phylloscopus collybita tristis). Malheureusement aucun cri n’a pu être entendu permettant de
certifier leur appartenance à cette sous-espèce, ce qui reste néanmoins très probable.
III.68. Pouillot fitis (Phylloscopus trochilus)
Un individu a été noté le 17 décembre dans l’un des jardins potager. L’observation
intéressante pour une espèce rarement notée en hivernage sous cette latitude. Le Pouillot fitis
hiverne dans la partie forestière de l’Afrique subsaharienne.
III.69. Gobemouche nain (Ficedula parva)
294
Le Gobemouche nain est une espèce est-européenne et asiatique dont la zone
d’hivernage se situe en Asie tropicale. Sa présence en Mauritanie est de ce fait très
exceptionnelle.
Un individu se trouvait dans l’un des jardins potager les 17 et 18 décembre.
L’individu, apparemment adulte en plumage hivernal était très cantonné et très démonstratif.
Aucune donnée ne figurant dans la littérature, il s’agit à l’évidence d’une espèce nouvelle
pour la Mauritanie.
III.70. Pie-grièche méridionale (Lanius meridionalis)
La sous-espèce elegans de la Pie-grièche méridionale est résident. Un couple nicheur
(chants et nid) a été découvert dans l’oasis « 2 ». Plusieurs individus notés le long de la
« rivière ». Un autre couple était présent dans les arbustes du jardin d’une concession aux
abords de la baie.
III.71. Corbeau brun (Corvus ruficollis)
Espèce résidente très rare sur le littoral. Un individu lié à la présence d’un campement
d’éleveurs a été vu à l’extrémité nord de la « rivière » et deux sur la côte Sud de la baie le 15
décembre.
III.72. Moineau domestique (Passer domesticus)
Ce moineau de la sous espèce indicus, introduit à Saint Louis au Sénégal vers 1974,
poursuit son impressionnante progression vers le nord. Il a conquis une grande partie de la
Sénégambie et commence à coloniser le Mali.
Il se rencontre dans les secteurs investis par l’homme avec des effectifs importants :
par exemple, une centaine le 16 décembre dans les jardins potagers. Un dortoir de près de 200
individus dans les Filaos du Centre de pêche Sportive. Une soixantaine de sujets ont été
observés s’alimentant dans la mangeoire de moutons confinés dans un enclos.
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Annexe V : Ordonnance relative au littoral
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