Rapport d`activité 2010 de Tempo.
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Rapport d`activité 2010 de Tempo.
tempo CSAPA - CAARUD Nouvelle identité sociale Jean-Marc BUTTIN Directeur Ainsi TEMPO a vécu l’année 2010, consacrée à sa préparation au changement, un changement d’identité sociale. TEMPO a fait le choix d’apporter, sur la base d’un projet partagé, sa propre identité au renforcement d’une construction associative en cours, devant permettre une meilleure visibilité des enracinements régionaux, des partenariats, des En 2010, nous avons reçu 667 activités d’accueil, de prévention, patients dont 279 nouveaux. de soins et de réduction des risques Ce public se compose de 494 au bénéfice des personnes souffrant hommes et de 173 femmes d’une addiction et aussi pour le meilleur profit de leur entourage. TEMPO Répartition de la file par tranche d’âge s’est préparé à assumer son choix Moins de 18 ans 13 d’entrer dans l’association OPPELIA. De 18 à 24 ans 148 2010, année de préparation, à travers notamment le développement d’une nouvelle forme de soins résidentiels, après la fermeture définitive du centre thérapeutique résidentiel «LA VAUCOURTE», dans l’ouverture de dix appartements thérapeutiques. Les professionnels de TEMPO se sont mobilisés, pour la fondation d’un projet d’accueil et de soins résidentiels, articulés autour de la singularité des personnes, d’ateliers De 25 à 29 ans 192 De 30 à 34 ans De 35 à 39 ans De 40 à 44 ans De 45 à 49 ans 50 ans et plus 121 93 55 28 17 14 personnes ont été prises en charge en hébergement : • 8 personnes en appartement thérapeutique, • 6 personnes en famille d’accueil. spécialisés, d’une résidence temporaire, à partir de savoir-faire engrangés dans l’expérience de quinze années de La VAUCOURTE et celle, plus ancienne encore, du soin ambulatoire. Les professionnalismes, dès janvier 2010, se sont combinés, dans une pratique transdisciplinaire, pour modéliser un projet et ses déclinaisons, centré sur l’unicité de la personne accueillie. Un cadre de fonctionnement, confronté à d’autres expériences régionales ou nationales, s’est profilé, autour d’une combinaison thérapeutique à deux axes : «un mieux être recherché» et «des soins spécialisés des addictions». Au terme de l’année 2010, huit résidents suivent un programme spécialisé de douze mois, dans lequel s’implique l’ensemble de l’équipe du CSAPA. Sans l’apport d’OPPELIA, celui de son directeur général, celui du directeur du Thianty, mais aussi sans l’implication très forte de ses administrateurs, rien de cela n’aurait pu se concrétiser avec autant d’assurance. En effet, l’aide précieuse à la décision, donnée à TEMPO (sa direction, ses professionnels, ses administrateurs), par l’apport d’expériences, par le partage d’analyses avec un regard non filtré par l’histoire locale, a permis le passage d’un temps à l’autre. L’année 2010, par nos choix assumés, par nos implications professionnelles, nous a préparés à être autres, tout en demeurant tout entier nous-mêmes. Métamorphosé, TEMPO demeure, aujourd’hui établissement Drômois OPPELIA. Evolution de la file active «PATIENTS» sur 5 ans 677 660 667 664 612 2006 2007 2008 2009 2010 Actes et patients par catégorie professionnelle 5167 Patients Actes 3392 1893 1913 1095 304 Médecins généralistes 129 Soins infirmiers 221 Psychologues 259 475 Assistants sociaux Educateurs spécialisés Un nouveau défi Nathalie GUILLAUX-SEGUIN Psychologue 2010 aura été la dernière année de fonctionnement de TEMPO sous sa forme initiale. Nous avons été bien occupés et préoccupés durant cette année de transition et d’ouverture vers un avenir différent. Le deuil de la Vaucourte, la mise en route des appartements thérapeutiques, la perspective de fusion avec l’association OPPELIA nous ont demandé beaucoup d’énergie. J’ai connu la fin douloureuse de l’ADDICT*, puis la naissance de TEMPO à ses débuts. Il a fallu beaucoup lutter pour regagner la confiance des usagers. Aujourd’hui le défi est largement relevé, le lieu est vivant, dynamique et nous sommes plutôt à nous demander comment nous allons pouvoir répondre à toutes les demandes avec le souci de rigueur qui nous tient à cœur. Belle aventure professionnelle pour moi que celle d’avoir participé au développement de cette petite structure locale tournée résolument vers la réalité de ses usagers, partie de presque rien pour arriver à la file active que nous connaissons aujourd’hui. Je reviendrai encore une fois (car plus que jamais cela me semble nécessaire) sur ma pratique de clinicienne, au plus près du sujet, qui en sait bien plus sur lui que quiconque supposé savoir. La rencontre est au cœur de ma pratique, l’écoute attentive, de plus en plus dépourvue d’attente a priori. J’ai appris au fil du temps à accepter de me laisser surprendre par l’autre, par ses capacités créatrices malgré le formatage des demandes, le carcan de la toxicomanie, cette identité à laquelle il voudrait se laisser réduire parfois. Durant toutes ces années, il m’a fallu apprendre à trouver la juste implication, trop de désir peut être effrayant, chaque fois réinventer mon intervention, mon positionnement. Par où attraper le sujet, l’entrevoir, comment lui permettre de grandir un peu ? Par petites touches, rencontre après rencontre, en portant mon regard très loin devant, en ajustant mes outils à chacun. Je vais redire encore l’extraordinaire de ces rencontres, bien souvent complètement improbables. D’ailleurs combien de temps passons nous à les attendre ceux qui ne peuvent être là pour eux-même ! Mais je tiens à dire à quel point ces personnes qui acceptent de nous faire confiance peuvent nous étonner par leurs richesses, leur humanité, leurs capacités d’inventivité dans leurs réalités particulièrement chaotiques. Je suis aux prises au quotidien avec l’expression de leur souffrance à ne pouvoir être acceptés, respectés pour ce qu’ils sont. Je vois, j’entends ce que peut produire le renoncement à soi-même… cela fait 17 ans que je suis auprès d’eux et malgré quelques moments de découragement, d’épuisement, je réaffirme ici mon désir toujours intact de les accompagner. J’émets le souhait de voir nos sociétés leur laisser encore, nous laisser un peu d’espace pour exister. L’année 2010 a bien failli voir la fin définitive de TEMPO mais l’institution a su rebondir, s’adapter aux évolutions de notre société et nous espérons pouvoir encore longtemps faire vivre les valeurs qui nous ont fait nous tourner vers ce public. Pour moi qui ai connu l’avant substitution, qui ai grandi avec les valeurs fondamentales de l’histoire du soin en toxicomanie portées par C.OLIEVENSTEIN je ne peux m’empêcher d’être inquiète concernant les évolutions qui poussent nos structures à s’unir pour résister dans la tempête. Inquiétude pour ces personnes, qui ne trouvent de place nulle part parmi les hommes, si ce n’est sur les trottoirs ou dans les squatts, inquiétude pour tous ceux qui ne savent pas se fondre dans un moule standardisé. Toutes nos petites institutions locales avaient le talent et la liberté d’être au plus près de chacun, pouvant s’adapter aux particularités du terrain, avec ces possibilités de créativité, de réactivité que nous avons pu faire vivre grâce au soutien de nos interlocuteurs locaux . Nous avons cette chance et nos patients avec nous, jusqu’ici, de pouvoir accueillir l’autre dans toute sa singularité, du fait même qu’il se présente comme toxicomane, enfermé dans son addiction, ayant refusé les lois de la société et du fonctionnement physique ordinaire, parce que nous avons du nous adapter, aller à sa rencontre. Il nous résiste, lui il sait ce qui est bon pour lui et par là même nous force à l’écouter ailleurs, bien au-delà de ce qu’il présente, bien au-delà des évidences, pour attraper cette petite originalité sur laquelle il pourra s’appuyer pour dépasser un peu son enfermement et s’ouvrir autrement à la vie. Mais qu’elle énergie, qu’elle foi en l’autre, en la force de la vie il nous faut pour accompagner ces êtres qui n’ont bien souvent pas su trouver une place dans l’autre. Accueil, la valeur fondamentale de TEMPO qui nous réunit tous dans la passion pour notre travail et qui pourrait à elle seule résumer tout ce que nous faisons. Toutes ces personnes que nous avons accueillies les uns et les autres dans nos espaces psychiques et qui ont cheminé à nos côtés, avançant à tous petits pas, au plus près de leurs réalités, de ce qu’elles étaient capables de soutenir, d’inventer, de faire grandir en elles. C’est à toutes ces personnes que je pense aujourd’hui, les vivants mais aussi tous ceux qui n’ont pas pu aller plus loin. Et puis je pense aussi à la personne** qui m’a embauchée et pour laquelle cette valeur d’accueil inconditionnel était si précieuse et sans laquelle TEMPO ne serait jamais devenu ce qu’il est aujourd’hui, au jour de la fusion avec l’association OPPELIA. Il me semble que notre prochain défi sera d’apprendre à mieux accompagner les personnes souffrant de pathologies psychiques au moment où elles se tournent vers nous, où elles acceptent de se fragiliser en renonçant à une part de leur automédication et où l’angoisse peut se révéler particulièrement violente… *ADDICT : Association Drômoise Informations et Consultations Toxicomanies, à partir de laquelle s’est fondée l’association TEMPO **Madame BENSOUSSAN Evelyne, directrice de TEMPO jusqu’en 2001 Travail avec les familles et les couples Marie-Hélène LEPINE Educatrice spécialisée Au CTR* de TEMPO, en 1994, la prise en compte des familles n’était pas du tout envisagée, voire interdite. Cela impliquait que le travail débutait à l’entrée dans le CTR et se terminait au franchissement de ses murs, à la sortie… L’équipe avait l’interdiction de maintenir des liens avec les personnes précédemment accueillies…. C’était très frustrant à vivre, avec l’impression désagréable que nous nous posions ainsi dans une forme de toute puissance : avant nous, rien n’existait, pas de dossier…. après nous, il n’était nécessaire de rien rajouter… nous avions tout fait…. en tout cas notre attitude pouvait le laisser penser…. On répondait aux familles qui appelaient au téléphone, que tout allait bien à partir du moment où la personne était toujours présente dans la structure… pas plus de considération… . En 2006, sur le Centre d’accueil de Valence, les choses ont bien évolué… En effet, j’ai rencontré des parents de consommateurs de substances (jeunes ou moins jeunes) …des conjoints de consommateurs….des frères ou sœurs de consommateurs… Une place plus importante était laissée aux familles et à l’entourage des personnes consommatrices. Au début, il n’était pas envisageable pour un professionnel de recevoir deux personnes d’une même famille. Il fallait obligatoirement que le jeune soit reçu par un professionnel et le parent par un autre… Quand on recevait un couple, il fallait également que deux membres de l’équipe «se répartissent» les accompagnements… Lorsqu’un parent que j’accompagne depuis un moment parvient à venir avec son enfant, il me parait tout à fait insensé de le réorienter sur un autre de mes collègues, en ayant à l’esprit qu’un travail de confiance a pu se mettre en place et que c’est de la naissance de cette confiance que le jeune accepte un jour de venir et franchir le cap de cette première rencontre. De la même manière, un homme avec lequel je travaille depuis plusieurs mois me demande si il peut venir avec sa conjointe lors d’un entretien prochain, et qu’elle puisse entendre des choses d’une autre voix que la sienne… Ces rencontres me semblent très intéressantes pour pouvoir aborder les situations avec un autre «angle de vue», elles apportent une complémentarité dans la compréhension des histoires singulières que ces Evolution de la file active personnes nous confient. «PARENTS/ENTOURAGE» 277 Des jeunes insistent quelquefois pour que je rencontre leurs parents…ce que je fais en principe si ceux-ci sont sur 5 ans Nombre d'actes d’accord… Nombre de personnes 234 Aujourd’hui, je propose systématiquement à la personne que je reçois pour la première fois la possibilité «d’inviter un tiers» à nos rencontres, à condition qu’elle me prévienne avant et que je prévois le temps nécessaire à ce ren204 dez vous (parents, conjoint, enfants, frère, sœur, grands parents……) Cela est à mettre en parallèle avec la notion 198 194 de confidentialité que j’évoque lors de cette première rencontre, à savoir que je ne donne aucun renseignement par téléphone aux personnes qui pourraient essayer de m’en demander, mais que j’accepte de parler en présence 122 de la personne intéressée uniquement si elle est d’accord… 99 103 Cette «ouverture» ou décloisonnement permet qu’en fonction des moments, je puisse travailler avec un jeune consommateur qui ne fait pas de demande particulière, qu’il puisse parler à ses parents en ma présence, et que 2006 94 2007 2008 85 2009 2010 je puisse ensuite proposer un soutien à la parentalité à ces personnes en grande difficulté relationnelle avec «leur jeune»… et cela n’est pas figé dans le temps et peut évoluer avec la situation elle même. Il me semble que nous «considérons» mieux ces parents, que nous leur laissons plus de place pour exprimer leur souffrance face à leurs enfants qu’ils ne comprennent plus, nous ne les jugeons pas, ils peuvent nommer chez nous l’inavouable à l’extérieur… En 2007, nous avons mis en place un «groupe de parole entre parents» avec ma collègue psychologue Nadia Msyguidine, pour aider et accompagner ces parents en difficulté qui en faisaient la demande. Ce groupe a bien fonctionné pendant deux sessions, mais nous avons repéré une difficulté de participation pour certains parents qui se trouvaient «au cœur de la crise» avec leur enfant. Ils avaient besoin d’un accompagnement individuel avant de pouvoir investir un collectif. Nous avons donc décidé de mettre ce groupe en «stand by». Le dispositif est toujours opérationnel mais nous attendons qu’un nombre suffisant de parents soit demandeur, à savoir deux ou trois familles. En parallèle j’ai fait une formation en TSBS, Thérapie Systémique Brève centrée sur la recherche de Solutions. Cette approche différente permet de s’appuyer sur les ressources de la personne, de considérer le «Comment faire» plutôt que le «Pourquoi le problème», qui est plus du ressort et de la compétence du psychologue dans un travail analytique. Ce nouvel abord m’a donné envie de creuser cette technique et d’entreprendre une formation en Thérapie Familiale Systémique. Cette approche systémique me parait être très adaptée et riche pour un travail avec les familles, les couples et les personnes que nous accompagnons en général. En effet, je pense que cette démarche va tout à fait dans le sens que nous posons comme principe : «Le toxicomane» fait partie d’un tout (système), il est en lien avec sa famille (plus ou moins présente), un environnement, un quartier, des professionnels. Dans les différents axes de soin que nous lui proposons : socio-éducatif, psychologique et médical, la personne toxicomane peut s’appuyer et puiser des éléments nouveaux qu’elle peut mettre en lien avec son expérience propre et son contexte social. En conséquence, je suis persuadée compte tenu de ce que je perçois de la nouvelle entité «Tempo-Oppelia», que nous pourrons continuer à développer des formes différentes d’accompagnement avec les familles en grande difficulté. *CTR : Centre Thérapeutique Résidentiel Ateliers «détente» et «massage» Marie PHILIT BERNARD Psychologue Blandine REINHART Professeur de sports adaptés Nous avons expérimenté, cette année 2010, des prises en charge conjointes massages et entretiens psychologiques. Les séances de massage sont suivies par de courts entretiens menés par une psychologue. Quinze usagers ont été concernés (personnes suivies en ambulatoire et résidents en appartement thérapeutique). Objectifs visés : Proposer le temps de massage comme un substitut de la prise de produit (qui vise à déconnecter la psyché du corps) afin d’ouvrir l’usager sur une attention à son corps, à son moi, porté par l’attention de l’autre (les professionnels prenant soin du corps et de la psyché). La double prise en charge corporelle et psychologique vise à réintroduire la capacité réflexive de se sentir soi-même. Les personnes toxicomanes ont trouvé un refuge anti-pensée et anti-éprouvé pendant des années de consommation, à la recherche de sensations. Les processus de mentalisation et de symbolisation ont été mis en veilleuse, voire rendus inaccessibles, jusqu’à rendre certains sujets alexithymiques. Modestement, tranquillement, nous proposons ainsi aux usagers de reprendre contact avec leur corps et plutôt que de les laisser dans un bain de sensations, leur proposer peu à peu de lier ces sensations à des représentations. Ces prises en charge au niveau du corps se font dans une grande attention à la personne, afin qu’elle expérimente de façon positive combien l’environnement soignant que nous proposons s’adapte à ses besoins, puis à ses attentes. 16 personnes ont participé à l’atelier Détente dont 4 personnes en suivi commun avec la psychologue Marie PHILIT-BERNARD et 5 personnes hébergées en appartements thérapeutiques relais (ATR). Suite à plusieurs suivis complexes, il est apparu évident que le caractère obligatoire des ateliers pour les personnes hébergées en ATR (lors du premier mois de séjour) ne pouvait pas s’appliquer à l’atelier détente, ni à l’atelier sophrologie. En effet, bien que diverses solutions d’aide se présentent, il vaut mieux arrêter les séances si la personne se sent trop en difficulté. Avec certaines personnes, les séances sont constituées de techniques d’étirement et d’automassages afin d’éviter un contact physique, qui serait vécu comme une agression. Avec d’autres et selon le nombre de séances déjà reçues, différentes techniques de massage sont développées. Cela est directement lié à la capacité de respirer de la personne. Les premières séances permettent aux gens de prendre leurs marques et, pour moi, d’expérimenter et de choisir la technique selon les ressentis de la personne ou selon ce qu’elle pourrait exprimer (par son corps ou verbalement, avec moi ou auprès de Marie PHILIT BERNARD). Ainsi, lors des 5 premières séances, on se met en place et certains comportements changent : l’hygiène de la personne ou la propreté des ses habits, sa facilité à expirer, sa compétence à dire ou à demander une attention particulière, les liens avec les consommations et les autres aspects, voire de l’intimité, de l’état psychique du moment… Puis, après un bilan, nous déterminons la teinte des 5 ou 10 séances suivantes. Elles peuvent être centrées sur un objectif précis et nécessitent la répétition, qu’il s’agisse de gym thaï, de massage essentiel à l’huile, de réflexologie plantaire ou de relaxinésie au sol. Je découvre en même temps qu’eux ce qui fonctionne et ce qui marche moins. Le soutien apporté par les entretiens avec la psychologue, avant ou après la séance détente assure un cadre sécurisant supplémentaire à l’échange. Il permet également de valoriser davantage l’expression des sensations, de faire des liens, d’apprécier le moment. Les effets positifs conséquents aux suivis sont difficiles à évaluer sans se tromper, mais on peut penser que cela facilite l’accès à d’autres soignants (ostéo, kiné, médecin…), que cela peut limiter les consommations pendant un moment, que cela modifie l’attitude et la posture de la personne, sa capacité à gérer les contrariétés… Certains constats semblent évidents, d’autres moins, mais la recherche vaut le coup. En 2010, dans le cadre du «bas seuil» et du CAARUD, nous avons reçu 318 personnes dont : • 98 usagers dans le cadre de l’activité « bas seuil » à Valence. • 229 usagers dans le cadre de l’activité CAARUD sur l’ensemble du département. 159 personnes ont été reçues pour la première fois en 2010. Ce public est composé de 252 hommes et 66 femmes. Origine géographique des usagers du BasSeuil/CAARUD Nyons 14% Buis 5% Agglomération valentinoise 29% Die 2% Romans 4% Montélimar 29% Tain/Tournon 6% Crest 11% Distribution du matériel de réduction des risques Quantités Kits 30 744 Seringues 2cc 14 500 Seringues 5cc 6 162 Aiguilles Garrots Stérifiltres 21 960 159 2 000 Containers distribués 340 Containers récupérés 131 Arrêt des drogues et rituel Philippe DIEDERICHS Educateur spécialisé Pour les usagers du sud de la Drôme, le plus près pour une mise sous traitement méthadone est Montélimar (55 km de Nyons, 75 km pour Buis les Baronnies). Ces initialisations ont lieu à l’hôpital de Montélimar. Le médecin addictologue hospitalier délègue ensuite le traitement au médecin généraliste. Le patient s’engage à faire le point une fois par mois, puis une fois par trimestre avec l’addictologue. Le CAARUD fait le lien entre le patient, le médecin généraliste, la pharmacie et l’addictologue. La prise d’un traitement de substitution est un confort, elle permet à l’usager de drogues de ne pas souffrir du manque. Mais, dans l’usage de drogues, le rituel reste le point le plus délicat à «oublier» , «à se défaire». Le lien que nous avons créé permet la parole. Ce travail se fait en amont du début du traitement alors que le patient continue ses consommations soit de subutex par voie injectable ou voie nasale soit de ses produits. En 2010, 70 à 80% des usagers de drogues suivis par le CAARUD mobile avaient un mésusage du subutex. Pendant les premières semaines, nous voyons l’usager en entretien deux fois par semaine, pour faire le point sur ses consommations, qu’il note sur un carnet avec les horaires de prise. Le CAARUD (son intervenant) reste disponible entre les entretiens, pour des conversations téléphoniques, s’il le désire. Le but de ces entretiens est de mettre des mots sur les maux, de permettre petit à petit la diminution des injections ou du snif. Quand l’usager a suffisamment réduit ses pratiques, il est orienté auprès d’un addictologue (soit le CSAPA Tempo soit l’hôpital de Montélimar) pour la mise sous traitement. Les liens que nous avons établis permettent aussi l’orientation de l’usager vers des thérapeutes, quand nous en trouvons. CAARUD mobile : Réductions des risques et Alcool La consommation d’alcool chez les usagers de drogues et les personnes en difficultés psychiques est importante. Sur Montélimar, le lieu d’accueil de jour accueille de plus en plus de personnes qui mélangent l’alcool avec les produits de substitution et/ou les traitements psychiatriques. Sur Crest, le Nyonsais et les Baronnies, même constat, qui laisse les professionnels dans l’impuissance. Le partenariat avec le CSAPA de l’ANPAA (pour Montélimar et Crest) se met en place mais les moyens dont nous disposons demeurent limités. Au sein des associations ANAIS et L’ABRI, le CAARUD a mis en place un point écoute alcool, pendant ses permanences dans ces associations.