James M. Powell, The Papacy, Frederick II and

Transcription

James M. Powell, The Papacy, Frederick II and
Francia­Recensio 2016/1
Mittelalter – Moyen Âge (500–1500)
James M. Powell, The Papacy, Frederick II and Communal Devotion in Medieval Italy, Farnham, Surrey (Ashgate Publishing) 2014, various pagings (Variorum Collected Studies, 1046), ISBN 978­1­4724­3569­9, GBP 81,00.
rezensiert von/compte rendu rédigé par
Benoît Grévin, Paris
Ce volume de la collection »Variorum Collected Studies« réunissant divers textes de James M. Powell ne se prête pas facilement au compte rendu. Comme tous les livres du même genre, il réunit une série d’articles et préfaces ou chapitres introductifs d’époques, de dimensions et de thèmes divers, avec une minorité d’études inédites. Il vaut pourtant la peine d’attirer l’attention du lecteur sur son contenu. D’une part, il présente malgré tout une sélection cohérente et utile d’écrits, en majorité publiés après 1990 ou inédits (seize textes sur vingt­six dans l’un ou l’autre cas), donc encore relativement épargnés par les renouvellements bibliographiques. D’autre part et surtout, la sélection de travaux reflétant les recherches de James Powell sur trois grands thèmes (la papauté d’Innocent III et Honorius III; le règne de Frédéric II et les croisades; les changements de la culture, des institutions et de la pratique religieuse dans les communes au XIIIe siècle) permet à la fois d’embrasser la pratique de l’historien sous des angles très variés, et de discerner la cohérence d’une œuvre centrée sur l’histoire de l’Église et de ses mutations, mais aussi profondément caractérisée par un équilibre remarquable entre histoire des idées et des textes, histoire politico­institutionnelle, et histoire des mutations sociales. Pour acquérir une meilleure compréhension de l’architecture du volume, il est sans doute bon de rappeler qu’il fait suite à une première publication dans la même collection, en 2007, d’un volume contenant la majeure partie des articles de J. Powell concernant les croisades du XIIIe siècle et leur relation avec le royaume de Sicile (»The Crusade, The Kingdom of Sicily, and the Mediterranean World«). Le livre le plus connu de l’historien en Europe est d’ailleurs peut­être son »Anatomy of a Crusade (1213–1221)«, une analyse originale de la préparation et du déroulement de la cinquième croisade publiée en 1986, même si d’autres travaux tels que la traduction anglaise des »Gesta Innocentii« (2004) et un essai sur Albertano da Brescia (»Albertanus of Brescia: The Pursuit of Happiness in the Early Thirteenth Century«, 1992) reflètent les versants papal et communal de ses investigations, dominant dans ce second volume des »Variorum«.
La première partie du recueil, comprenant à elle seule quelque 160 pages, est baptisée »The Papacy in the Early Thirteenth Century«. Elle contient onze essais portant principalement sur l’ecclésiologie et l’action politique d’Innocent III et d’Honorius III, dont l’introduction à la traduction des »Gesta Innocentii«. C’est certainement la partie du collectif la plus cohérente, dans la mesure où à la réserve d’un texte sur la pensée de François d’Assise (no XI, »St Francis of Assisi’s Way of Peace«), elle forme un ensemble de réflexions et d’analyses sur l’ecclésiologie politique de la papauté au Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative­Commons­Lizenz Namensnennung­Keine kommerzielle Nutzung­Keine Bearbeitung (CC­BY­NC­ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/by­nc­nd/4.0/
tournant des XIIe et XIIIe siècles et sur sa traduction en actes. Les cinq essais consacrés à Innocent III sont soit actualisés, soit relativement récents, tandis que les trois essais concernant Honorius III sont plus anciens (entre 1977 et 1983), une publication inédite (no VI, »Two Popes Before and After the Fourth Lateran Council«) assurant la liaison entre ces deux pôles. En dépit de leur âge, les travaux concernant Honorius III frappent par leur caractère novateur. James Powell a fait partie des quelques historiens qui, sans être toujours suivis, ont exhumé l’importance de la pensée et de l’action politique d’Honorius III, systématiquement minorée à cause du poids de son illustre prédécesseur, et ses analyses de réutilisations et de modifications de sermons d’Innocent III, ainsi que de certaines de ses lettres, par Honorius, restent un modèle du genre. Ces travaux pourraient servir de point de départ pour une étude comparée des sermons et des lettres ici discutés avec le matériel papal remontant à cette époque contenu dans la collection de lettres dite de Thomas de Capoue (pré­édition électronique Matthias Thumser­Jacob Frohmann, MGH 2011)1, car les directions de recherche indiquées par Powell concordent en grande partie avec certaines des mises en valeur de la recherche récente. En particulier, le pontificat d’Honorius III, du point de vue de la rhétorique papale, fut plutôt un temps de développement, voire d’apogée, qu’une simple époque de »digestion« des acquis antérieurs. Nul doute du reste que la succession de colloques et de travaux en cours à l’occasion du huitième centenaire du concile de Latran IV ne donnera l’occasion de mesurer les apports de Powell concernant une histoire politico­ecclésiale d’Innocent III dont il a été l’un des grands rénovateurs.
La seconde partie est beaucoup moins cohérente. Baptisée du titre quelque peu trompeur »Frederick II and the Crusade«, elle comprend en fait six articles, dont certains très courts, pour un total de quelque 65 pages, qui ne concernent pas, à une exception près (no XVII) les relations entre Frédéric II et la croisade, sujet en revanche traité dans divers textes du recueil de 2007. Cette section traite plutôt soit d’aspects culturels, politiques ou juridiques de l’activité de Frédéric II (textes no XII–
XVI), soit de l’histoire des croisades tardives (no XVIII sur l’année 1291 et la fin du royaume de Jérusalem). Il s’agit également de la partie la plus vieillie (trois textes ont été publiés entre 1961 et 1963), étant donné le renouvellement massif de la bibliographie sur Frédéric II dû aux activités de recherche des décennies 1990–2010, lui aussi en partie motivé par le huitième centenaire de la naissance de l’empereur. Pourtant, certains des textes présentés ici restent des modèles, dans des genres très différents. On mentionnera ainsi l’inédit remarquable sur les origines du concept de »culte de la paix et de la justice«, où Powell démonte ou au moins relativise des démonstrations acceptées comme valides depuis les travaux anciens d’Ernst Kantorowicz, en suggérant comment l’obsession pour la culture civiliste des juristes rédacteurs du »Liber Augustalis« a conduit à négliger une possible origine alternative de ce schème de pensée dans le droit canon tel qu’il s’élaborait sous Honorius III (no XIV, »Canon Law and the Cults of Peace and Justice in the Liber Augustalis«), ou encore, dans un genre très différent, le remarquable essai de synthèse politique sur le contexte de la chute d’Acre 1
http://www.mgh.de/datenbanken/thomas­von­capua/ (04/03/2016). Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative­Commons­Lizenz Namensnennung­Keine kommerzielle Nutzung­Keine Bearbeitung (CC­BY­NC­ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/by­nc­nd/4.0/
en 1291 déjà mentionné (»A vacuum of leadership: 1291 revisited«).
Enfin, la troisième partie »Religion and the Communes« propose un riche ensemble d’essais (quelque 140 pages) sur les mutations de la pratique et de la pensée religieuse dans les communes nord­
italiennes du XIIIe siècle, essais presque tous écrits à une date relativement récente, et attestant la maîtrise par J. Powell de facettes très diverses de l’histoire communale (iconographie, no XXIII, histoire des textes et du lectorat, no XXII, droit et institutions communales, n o XIX …). Ces essais sont néanmoins tous liés par le fil directeur qui parcourt l’œuvre de l’historien: comprendre ce que fut la mutation de l’Église durant un long XIIIe siècle (1175–1325), tant du point de vue des mutations de la théocratie pontificale, que de l’impact d’un christianisme rénové, notamment, par le développement des ordres mendiants, dans les sociétés italienne et méditerranéenne.
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