- infos - Zero Waste France

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septembre / décembre 2013 La lettre des adhérents du Centre national d’information indépendante sur les déchets
Le Cniid poursuit sa route :
une nouvelle direction, pour un même cap
L’équipe salariée du Cniid vient de
changer de directeur : le poste occupé par
Sébastien Lapeyre depuis 2008 l’est depuis
octobre par Flore Berlingen. Sébastien s’en
va avec notre immense gratitude pour le
travail accompli. Sous sa direction, notre petite
association par la taille joue aujourd’hui dans
la cour des grandes. Son rôle est désormais
incontournable et reconnu tant par les politiques que les acteurs du monde des déchets
ou la société civile. Tout cela sans perdre
« l’esprit » Cniid, ni son cap que nous maintenons tous ensemble depuis plus de quinze
ans, contre tous les vents contraires qui n’ont
cessé et ne cessent de souffler fort. Nous
sommes fiers du Cniid que Sébastien nous
laisse et l’accompagnons de nos vœux dans
ses nouvelles aventures.
Et Flore, ancienne salariée que certains
d’entre vous connaissent, revient… en tant que
directrice. Le Cniid lui manquait ! Telle que
nous la connaissons, nous savons qu’elle
mettra tout son talent, son dynamisme, sa
grande intelligence et sa jeunesse au service
de notre association. Flore aux commandes,
c’est une très bonne nouvelle pour le Cniid.
Tous les membres du Conseil d’administration se réjouissent de l’accueillir au sein de
l’équipe et se joignent à moi pour lui souhaiter
bonne route à la direction du Cniid.
Claude-Noële Pickmann, présidente
Après un septennat passé comme salarié
dont cinq ans comme directeur, je souhaite exprimer
en premier lieu toute ma gratitude à cette association « modeste et géniale », à ses adhérents qui ont
toujours été un facteur formidable de motivation et
à ses salariés avec qui j’ai vécu une aventure riche
et unique. Depuis plusieurs années, le Cniid a
prouvé par ses actions qu’il était bien souvent en
avance de plusieurs années sur les luttes à mener :
aujourd’hui, tout le monde parle de l’obsolescence
programmée, la fiscalité écologique sur les déchets devient incontournable,
l’incinération a du plomb dans l’aile, les biodéchets ont enfin l’attention des
politiques, le « Zero waste » n’est plus un gros mot... Il reste encore toutefois
beaucoup de travail ? Oui et ça tombe bien, la motivation du Cniid est intacte
pour poursuivre ses combats. Avec ses moyens, il contribue à éveiller
chaque jour un peu plus les consciences – des citoyens, des politiques –
sur la nécessité du changement, le vrai. De nouvelles envies, de nouveaux
horizons m’appellent mais je quitte le Cniid serein pour son avenir, une nouvelle directrice aux manettes. Bon vent au Cniid et à son équipage !
Sébastien Lapeyre, directeur
Quelle chance et quelle fierté de
retrouver le Cniid plus dynamique encore que je ne
l’ai quitté : son influence a progressé sur le plan
politique, son expertise a continué à grandir et se
diversifier. Ces atouts et ces forces sont indispensables aujourd’hui pour continuer à s’exprimer et
agir, en particulier sur les sujets et dans les endroits
où personne ne porte la voix de l’intérêt général et
de la protection de l’environnement. La technicité
des dossiers, la cadence de l’agenda politicolégislatif, les moyens déployés par les autres parties prenantes nous imposent un haut niveau de professionnalisme. Mon ambition est de donner à
l’équipe les moyens humains, financiers et de communication nécessaires
pour que le travail du Cniid porte ses fruits. Ces deux dernières années, j’ai
beaucoup appris au contact d’autres formes de militantisme et d’action, et
c’est avec un enthousiasme partagé avec l’équipe et le Conseil d’administration que je m’apprête à mettre ces expériences et contacts au service
du Cniid. Vos suggestions, contributions et soutiens de toute forme seront
précieux dans cette nouvelle étape et je vous en remercie par avance.
Flore Berlingen, directrice
ISSN : 1636-5402
- infos
n°45
Le Cniid fait son cinéma
Delphine Lévi Alvarès,
Chargée de mission « Incinération et stockage »
2013
Irons est même venu en personne soutenir le Cniid et s’est montré un formidable ambassadeur des 3R (réduire,
réutiliser, recycler). La projection, qui a
eu lieu dans les murs de l’Assemblée
nationale le 18 septembre, a été suivie
d’un débat animé autour de la capacité
ou incapacité des politiques à prendre
des décisions ambitieuses. De nombreux
médias, et notamment de grandes
chaînes nationales ont relayé l’événement et mis en avant le rôle du Cniid dans
sa réalisation.
aura été une année
chargée en films
documentaires sur
les déchets. De Trashed à Super Trash,
en passant par Polluting paradise, le
Cniid n’a pas manqué une occasion de
soutenir le travail de réalisateurs qui partagent sa volonté de faire avancer, chacun à leur manière, la prise de conscience
du grand public quant à l’urgence à agir
sur nos déchets. Retour sur une année
riche en rencontres et en émotions cinématographiques.
Trashed : un tour du monde
de la problématique déchets,
narré par Jeremy Irons
Trashed, c’est le coup de cœur de l’année
pour l’équipe du Cniid. Nous avons assisté
à la projection de ce documentaire réalisé par Candida Brady à l’occasion du
30e Festival international du film d’environnement (FIFE) qui s’est déroulé du 19 au
26 février, où il a reçu le prix du meilleur
documentaire. Narré par l’acteur anglais
Jeremy Irons et mis en musique par
Vangelis, Trashed entraîne le spectateur
dans un voyage aux quatre coins du
monde pour comprendre les problèmes
sanitaires et environnementaux liés à la
gestion de nos déchets. La réalisatrice
s’est notamment arrêtée en France pour
donner la parole à une fidèle adhérente
du Cniid, Dominique Frey, sur le combat
mené par l’ACALP – l’association qu’elle
présidait jusqu’à sa dissolution cette
année – pour faire reconnaître la responsabilité des dysfonctionnements de l’incinérateur de Gilly-sur-Isère (Savoie) dans
la contamination du bétail et les nombreux
cancers que les riverains ont développés.
Après un constat accablant des impacts
de l’incinération et du stockage sur la
santé humaine et de ceux du plastique
sur la faune et la flore marine, le film
termine sur une note d’espoir grâce à
la rencontre de Jeremy Irons avec les
partisans du mouvement international
Zero Waste, dont le Cniid fait partie au
niveau européen (voir Les temps forts).
En Angleterre, l’équipe du film est allée
constater d’elle-même le bon fonctionnement d’un magasin où aucun emballage
jetable n’est utilisé et d’une prison où le
compostage et la méthanisation des
biodéchets servent à nourrir le sol et
chauffer des serres pour cultiver des
légumes pour les prisonniers. A San
Francisco, Jeremy Irons a rencontré des
viticulteurs de la vallée de Nappa qui font
pousser leur récolte grâce au compost
issu de la collecte sélective des biodéchets mise en place dans cette ville de
près d’un million d’habitants, qui s’est
fixé pour objectif d’atteindre un taux de
recyclage et compostage de 100 % en
2020.
En mars dernier, Trashed a été projeté au
Parlement européen, en présence du
commissaire européen à l’environnement,
grâce à l’équipe de Zero Waste Europe.
Devant le succès de cette projection,
le Cniid a souhaité faire de même à
l’Assemblée nationale française, en
amont de la conférence environnementale
(voir p. 5) pour sensibiliser les députés à
la nécessité de prendre des mesures
ambitieuses en matière de réduction à la
source des déchets et de développement
des alternatives.
Les députés socialistes Jean-Jacques
Cottel et Christophe Bouillon, membres
de la Commission du développement
durable et de l’aménagement du territoire
de l’Assemblée nationale, et son président Jean-Paul Chanteguet, ont accepté
de parrainer l’événement. L’acteur Jeremy
Polluting paradise :
le combat de paysans turques
contre une décharge
En 2006, le réalisateur Fatih Akin revient
sur les terres de son enfance, dans un
petit village turque spécialisé dans la
culture du thé et la pêche et constate que
son paradis de nature est en passe d’être
souillé par la construction d’une mégadécharge. Pendant cinq ans, il retourne
plusieurs fois tourner à Camburnu où il
récolte les témoignages des habitants
qui regardent impuissants leur environnement se dégrader et les leurs tomber
malade. Ce film rend admirablement
hommage au courage de ces villageois
qui vont tenter de s’opposer, en vain, à la
corruption et au clientélisme qui ont
permis la naissance de cette décharge.
Contacté par la distribution de Polluting
Trashed : trashedfilm.com
Polluting paradise :
distrib.pyramidefilms.com/content/
polluting-paradise
Sortie en salles le 29 mai 2013 et
disponible en DVD depuis le 15 octobre
t
Super Trash est le résultat d’une immersion de deux ans au cœur de la décharge
de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes),
aujourd’hui fermée. Le réalisateur,
Martin Esposito, a vécu aux abords de la
décharge dans une cabane de fortune et
s’est nourri à partir de la décharge. Dans
son film, il témoigne du gaspillage et
des aberrations induits par notre société
de consommation, dans laquelle on jette
en masse de la nourriture non périmée,
de vieux cercueils, des kilomètres de
tapis rouge du Festival de Cannes ou des
emballages en verre et en plastique par
milliers directement sortis d’usine. Super
Trash met en lumière l’irresponsabilité des
grandes entreprises de production et de
distribution, qui choisissent la solution de
facilité plutôt que la prévention et le
recyclage. Il pointe également les lacunes
du système de contrôle des filières de
gestion des déchets par les élus et les
pouvoirs publics, qui permettent à des
déchets dangereux et non autorisés de
franchir, en toute impunité, les portes d’une
décharge comme celle de VilleneuveLoubet. Pour finir, il replace au centre de
la réflexion la question des impacts sanitaires et environnementaux de tous ces
déchets en mélange.
Profondément interpellé par la proximité
des messages portés par ce film avec le
Plus d’infos sur…
Trashed n’a pour l’instant pas de
distributeur en France et sa sortie dans
les salles n’est pas encore programmée,
mais, si vous souhaitez organiser
une projection dans votre ville,
vous pouvez vous adresser au FIFE
([email protected]) pour un prêt de DVD
et bien sûr au Cniid pour animer le débat.
Super trash :
supertrashlefilm.com
Sortie en salles le 9 octobre
t
Super Trash : plongée
dans l’enfer du gaspillage
(89), autant de régions où des associations et collectifs locaux se battent contre
les nuisances d’une décharge ou un
projet de construction.
t
paradise en France, le Cniid n’a pas
hésité à apporter son soutien à ce témoignage, qui n’est pas sans rappeler de
nombreux combats menés par les associations locales de la « Coordination pour
la réduction à la source des déchets ».
combat qu’il mène depuis 15 ans, le Cniid
s’est associé à Greenpride pour faire
connaître Super Trash. Les deux associations ont lancé le 30 août une pétition
sur Change.org (http://bit.ly/scandaledecharges) pour demander à Messieurs
François Hollande, Jean-Marc Ayrault et
Philippe Martin de visionner le film et de
recevoir les associations et collectifs
locaux qui souffrent des nuisances dues
aux décharges. En un mois, plus de
24 000 personnes ont signé la pétition.
Dans la foulée, Greenpride et l’équipe du
film ont organisé une tournée des décharges françaises, pour projeter le film et
recueillir les doléances des associations
locales afin de les remettre à Messieurs
Hollande, Ayrault et Martin lors du rendezvous. Des projections spéciales ont eu
ou vont avoir lieu à Villeneuve-Loubet,
près de Nonant-le-Pin, à Bordeaux (33),
à Soissons (02), à Rennes (35), à Laon
(02), à Colmar (68), à Castries (34), à
Claye-Souilly (77) et à Saint-Florentin
Bénévolat au Cniid : un nouveau projet
Nous avons sollicité il y a quelques mois celles et ceux qui souhaiteraient
apporter de l’aide au Cniid en tant que bénévoles, notamment pour épauler
les salariés sur les projets, la communication, etc. Vous êtes de plus en plus
nombreux à manifester votre intérêt pour nous soutenir et votre aide est
précieuse. Mais nous avons encore besoin de vous !
Un grand projet visant à rendre disponible une base documentaire numérique
sur les déchets est en préparation : un travail très important de recherche,
de compilation et de synthèse est nécessaire afin de rendre cet outil le plus
complet possible. Nous espérons mobiliser le maximum d’entre vous pour nous
aider à réaliser ce projet : si vous êtes intéressé(e) pour suivre certains sujets
« déchets » sur internet, faire des résumés de documents qui vous intéressent,
réaliser des traductions... N’hésitez pas à nous en faire part, en contactant
Amèle ([email protected] ou 01 55 78 28 60). Ces travaux peuvent être réalisés
à distance, depuis chez vous, en investissant le temps que vous souhaitez,
au moment où vous le voulez. Alors, à bientôt, pour un travail en commun !
t
Les temps forts du Cniid
Le 21 août dernier, lors des journées d’été d’Europe
Ecologie les Verts à Marseille, le Cniid était invité à un atelier
sur la gestion des biodéchets. Nous avions le premier
temps de parole, ce qui nous a permis de poser les bases
sur les enjeux environnementaux et de montrer les solutions
vertueuses existantes : compostage de proximité couplé
avec une collecte séparée de biodéchets. Ce fut également
l’occasion d’échanger sur la campagne « Je veux mon bac
bio ! » pour recueillir leurs opinions.
En face, une trentaine de personnes venues de collectivités
de toute la France pour exposer leurs situations, apporter
leurs retours d’expérience ou simplement se renseigner
sur le sujet. Les échanges ont été très intéressants et nous
attendons deux choses : que les biodéchets figurent dans
les programmes politiques des candidats EELV et que
les militants soient toujours plus nombreux à prendre en
compte cette thématique dans leurs actions et à diffuser
les bonnes pratiques !
Fin mai, le Cniid a participé au « Waste working group »
à Bruxelles. Ce groupe de travail européen sur les déchets
rassemble des associations environnementales de différents
pays d’Europe, membres du Bureau Européen de
l’Environnement (BEE), qui collaborent sur cette
thématique. Pendant deux jours, les chargées de mission
du Cniid ont pu échanger avec leurs homologues pour
mieux comprendre les enjeux au sein de l’Europe,
connaître les bonnes pratiques des autres pays
et appréhender les différentes situations politiques.
Le deuxième jour et en avant-première, nous avons
également présenté la campagne « Je veux mon bac bio ! ».
La problématique étant présente dans chacun de nos pays,
chaque participant y a trouvé son compte. Les échanges
que nous avons pu avoir avec eux nous ont incité à faire
sous-titrer la vidéo pour qu’elle puisse être diffusée plus
largement1.
Ce déplacement a aussi été l’occasion pour nous de
collecter plus d’informations sur le réseau Zero Waste
Europe que le Cniid rejoint officiellement. Cette démarche
soutient la réduction d’ordures ménagères résiduelles et
l’augmentation des collectes séparées des différents flux
de déchets valorisables. L’objectif est zéro incinération et
enfouissement minimal, voire nul si c’est possible. C’est
un message que le Cniid porte depuis des années et qui
est maintenant promu clairement au niveau des associations
européennes. Ce réseau travaille avec des collectivités
dans tous les pays qui en sont à des stades plus ou moins
avancés dans la démarche mais qui vont toutes dans
la bonne direction : le zéro gâchis !
© Cniid 2013
t
Le 11 juillet, devant l’un
de ses magasins, la marque de
cosmétiques frais et faits main
Lush a organisé une collecte
de déchets organiques. Le Cniid
y a été invité pour parler de la
campagne « Je veux mon bac
bio ! » sur la promotion du tri à
la source des biodéchets. Nous
avons donc pu échanger tout
l’après-midi avec les passants
et les clients sur l’importance
d’isoler la matière organique
Crème Caritativement belle du reste des ordures ménagères
soutenant la campagne
afin de les valoriser en compost
du Cniid
ou biogaz.
La responsable de l’opération avait trouvé un composteur
partagé dans le quartier afin d’y déposer les épluchures
collectées en fin de journée. La carte des initiatives de
compostage de proximité, disponible sur le site de la
campagne, a été utile pour informer les passants des
composteurs accessibles sur Paris. Par ailleurs, à cette
période, Lush soutenait et relayait notre campagne via
sa crème « Caritativement belle », une action régulière
de cette marque engagée qui soutient des combats
associatifs environnementaux.
1- Retrouvez-la à cette adresse : http://youtu.be/EcvfWjMf3B8
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Les biodéchets vont se refaire
une beauté chez Lush
t
Le Cniid rencontre
ses homologues européens
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Des élus verts formés
sur les biodéchets
Semaine européenne
de réduction des déchets
du 16 au 23 novembre 2013
Comme chaque année, la SERD est l’occasion
de mettre en avant les actions de prévention qui ont cours
dans toute l’Europe. De l’usage de l’eau du robinet aux
changes lavables en passant par les systèmes de consigne
pour réutilisation, c’est l’occasion d’expérimenter des
pratiques pendant une semaine… pour les appliquer ensuite
toute l’année !
Plus d’informations sur reduisonsnosdechets.fr
Conférence environnementale :
le Cniid a défendu ses positions
Delphine Lévi Alvarès, Chargée de mission « Incinération et stockage »
L
a 2e conférence environnementale
du quinquennat s’est déroulée
les 20 et 21 septembre 2013.
Le Cniid a participé à la table ronde sur
l’économie circulaire en tant que membre du Réseau Action Climat (RAC),
récemment entré au Conseil national
pour la transition écologique (CNTE).
En amont de la conférence, le Cniid, les
Amis de la Terre, le RAC, la Fondation
Nicolas Hulot, Agir pour l’environnement
et la fondation France Libertés – Danielle
Mitterrand ont travaillé ensemble pour
élaborer 24 propositions pour une économie vraiment circulaire (http://bit.ly/
24prop). Alors que le discours ambiant
met en avant l’opportunité, grâce à
l’économie circulaire, de continuer à
faire de l’argent avec nos déchets en
leur trouvant de nouveaux débouchés,
le Cniid et ses partenaires ont insisté
sur l’importance d’agir très en amont
sur la sobriété de nos modes de production et de consommation et d’allonger la durée de vie et d’usage de nos
produits.
Le Cniid s’est exprimé fermement devant
Philippe Martin (ministre de l’Écologie,
du Développement durable et de
l’Énergie), Arnaud Montebourg
(ministre du Redressement productif)
et Benoit Hamon (Ministre délégué,
chargé de l’Économie sociale et solidaire et de la Consommation) sur la
nécessité d’engager la France dans une
politique ambitieuse de tri à la source
et de valorisation optimale des déchets
organiques. Alors que la valorisation
des déchets organiques est la première
économie circulaire puisqu’elle existe à
l’état naturel, elle ne figurait pas dans
les documents préparatoires et seuls le
Cniid et le représentant des chambres
d’agriculture l’ont abordée lors des débats.
Plus de 7500 volontaires
pour trier leurs biodéchets !
Laura Caniot, Chargée de mission « prévention et alternatives »
E
Les dessous de la campagne
Le lancement de la campagne biodéchets aura été un réel défi. L’objectif
étant de mobiliser des acteurs multiples, cela impliquait de « traduire » les
enjeux avec plusieurs niveaux de lecture pour parvenir à toucher aussi bien
le parlementaire qui fait la loi, l’élu local
qui définit la gestion des déchets sur
son territoire et le militant d’une association locale qui cherche des arguments pour convaincre ses interlocuteurs. Avec plus de 7 500 signatures et
près de 26 000 visiteurs uniques sur le
site sur un sujet aussi complexe, de
bons retours des médias et surtout un
réel intérêt lors de la Conférence environnementale, le bilan est plutôt encourageant.
1- « Dans les cas pertinents, des systèmes de
consigne seront déployés » et « Une attention
particulière sera portée aux déchets
organiques et la fixation d’une ambition sur la
collecte séparée des biodéchets, en fonction
des retours d’expérience des collectivités qui
l’ont mise en place »
munes proposent la collecte séparée
des biodéchets à plus de 2 millions de
Français. Nous allons à présent nous
concentrer sur les élections municipales
pour faire en sorte que les biodéchets
ne soient plus les grands oubliés des
décisions politiques.
L’essor du réseau Zero Waste
© Cniid 2013
En juin dernier, le Cniid lançait la
campagne « Je veux mon bac bio ! »
pour le tri à la source des biodéchets, avec 10 associations partenaires1.
La question de la consigne pour réutilisation n’a été abordée que par le Cniid.
Au final, ces deux demandes phares ont
été retenues dans les conclusions de la
table-ronde et retranscrites dans la
« Deuxième feuille de route pour la transition écologique » (http://bit.ly/FDR2013),
publiée le 27 septembre, mais sans être
adossées à de quelconques mesures
concrètes et ambitieuses 1.
Ce constat, partagé également sur les
autres tables rondes, a poussé les
associations de protection de l’environnement siégeant au CNTE à demander
la révision de la feuille de route. Le
ministère de l’écologie n’a pas donné
suite à cette demande, mais prévoit,
sur la partie économie circulaire, une
« conférence de mise en œuvre » avant
la fin de l’année.
Les avancées politiques
La feuille de route de la Conférence environnementale, bien qu’elle reste insatisfaisante, a fait un pas en intégrant des
éléments spécifiques aux biodéchets
(voir l’article ci-dessus). Cela tombe bien
puisque les biodéchets viennent de faire
l’objet d’une étude de l’Ademe (état de
l’art de la collecte séparée et de la gestion séparée des biodéchets). La France
accuse un indéniable retard mais les
démarches de certaines collectivités
devraient tirer les autres vers le haut.
Déjà plus de 90 communautés de com-
Afin de mieux conseiller les élus locaux,
nous nous appuyerons sur les bonnes
pratiques de collectivités européennes
qui suivent les principes du Zero waste
(Zéro gâchis). Priorité à la prévention
pour réduire au maximum le gisement
d’ordures ménagères à gérer, développement des collectes sélectives pour
valoriser tous les déchets qui peuvent
l’être et enfin stabilisation avant enfouissement des déchets résiduels. C’est
ce scénario que le Cniid soutient et
propose aux territoires. La campagne
de mobilisation « Je veux mon bac bio ! »
ne fait que commencer...
1- Agir pour l’environnement, les Amis de
la Terre, l’Appel de la Jeunesse, le Comité
de Liaison Energies Renouvelables (CLER),
France Libertés, France Nature Environnement,
Générations Futures, le Réseau Action Climat,
le Réseau Compost Citoyen et le Réseau
Environnement Santé
À vous la parole :
l’association Arivem (93)
Le Cniid offre régulièrement une tribune à une association locale qui
souhaite parler de son combat. Dans ce numéro, la parole est donnée
à l’Arivem, association de Seine-Saint-Denis (93), très mobilisée au
niveau local mais aussi au niveau national aux côtés d’autres associations
pour dénoncer les dérives de traitements polluants comme le tri mécanobiologique et proposer la mise en place de systèmes de gestion
écologique de nos déchets.
E
t si la Seine-Saint-Denis
devenait l’exemple à suivre en
Île-de-France sur la gestion
des déchets ménagers en
milieu urbain dense ? Après
avoir échangé sur cette question avec
des centaines d’habitants de nos localités de cette partie de l’Est Parisien,
nous avons constaté qu’une majorité de
citoyens sont conscients qu’on ne peut
pas perpétuer le système existant imposant comme seule solution les traitements en mélange des déchets. Ainsi,
les populations veulent agir et sont
prêtes à prendre les choses en main,
en triant leurs déchets… Tous leurs
déchets. A l’inverse, on constate que
chez une majorité d’élus, persiste un
paradigme dévastateur, celui de l’impuissance à mettre en œuvre, avec
leurs administrés, un tri poussé des
déchets ménagers. Cela doit obligatoirement engendrer de mauvais résultats
sur la qualité des déchets triés. Cela
doit obligatoirement coûter très cher.
La solution industrielle doit à tout prix
primer sur la solution humaine, citoyenne.
La machine est forcément mieux que
l’homme, plus rassurante...
Chacun doit être acteur
de la valorisation matière
Les déchets sont ainsi un formidable
indicateur de l’ère du temps, et ils mettent en évidence le gouffre qui s’est
développé depuis des décennies entre
les Français et beaucoup de leurs élus.
Il est encore temps de reprendre les
choses en main, citoyens et élus, pour
assurer la pérennité de notre avenir
social, sanitaire, environnemental, économique. La démarche actuelle consistant à faire un tri sélectif des déchets
ménagers sans y inclure les restes de
cuisine, caractérise une politique de
gestion des déchets qui n’est plus à la
hauteur des enjeux d’aujourd’hui. En
instaurant un tri citoyen qui permet de
tout collecter séparément, avec pour
premier objectif de ne plus avoir de
déchets ménagers en mélange, on instaure un objectif honnête, pertinent et
cohérent. C’est une véritable révolution
culturelle qu’il faut opérer, en apprenant
à chacun d’entre nous à être un acteur
de la valorisation matière de ce dont
nous n’avons plus besoin.
Une belle théorie utopiste ?
Faux : ils le font à San-Francisco, à
Barcelone ou encore à Milan, ils le font
à Lorient… Ça marche et ça coûte moins
cher, car la grosse dépense de nos
déchets ménagers est dans leur traitement lorsqu’ils sont en mélange. Nous
nous battons pour que l’on redresse la
tête chez nous, en Seine-Saint-Denis et
que l’on applique tout simplement
l’exemple de Milan, Barcelone, SanFrancisco… chez nous. Nous sommes
en effet toujours sous la menace du
lancement de la construction d’une
gigantesque usine de traitement des
déchets en mélange sur notre territoire
(projet relancé au 1er janvier 2015), par
un procédé controversé qui va d’échec
en échec, de scandale en scandale, qui
prétend trier mécaniquement nos déchets
en usine pour que l’on ne le fasse plus
chez nous, et produire un compost parfaitement sain pour nos champs à partir
Article écrit par François Mouthon
pour l’association Arivem
Plus d’infos sur
http://arivem.free.fr
de ces mêmes ordures en mélange.
Cette « technologie » absurde, shadokienne, s’appelle le tri mécano-biologique (TMB), et symbolise l’aboutissement
d’une tentative ultime de déresponsabilisation des élus et des citoyens sur
la question de la gestion des déchets
ménagers, par les lobbies des déchets.
Des exemples à suivre
dès maintenant
Malgré la mise en évidence de cet
échec annoncé, nous nous retrouvons
confrontés à l’inertie persistante de
nos intendances locales qui refusent
de lancer toute collecte des biodéchets
sur notre territoire. La colère gronde et
la déconnexion de certains responsables locaux avec leurs administrés fait
peur. La gestion des déchets ménagers
en amont, avec les citoyens se fera
quoi qu’il arrive, car il n’y a pas d’autres
solutions. C’est inéluctable. Nous
avons récemment appris que la ville de
Sevran, toute proche de nos localités,
collecte séparément et valorise tous les
invendus alimentaires de ses marchés.
On voit bien que la Seine-Saint-Denis
peut être une terre d’exemples à suivre
et nous allons continuer à nous battre
pour que ces démarches évidentes
soient appliquées avec la plus grande
ambition chez nous, en partenariat entre
les élus locaux et leurs administrés.
Pas dans 10 ans, 5 ans…, mais tout de
suite. Nous n’aspirons qu’à ça !
Édité en 1 400 exemplaires par le Cniid • 21 rue Alexandre Dumas
75 011 Paris • 01 55 78 28 60 • [email protected] • www.cniid.org
Responsable de la publication : Claude-Noële Pickmann
Direction de la publication : Flore Berlingen
Maquette : Atelier des grands pêchers
Impression : Imprimerie Moderne de Bayeux

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