- infos - Zero Waste France
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septembre / décembre 2013 La lettre des adhérents du Centre national d’information indépendante sur les déchets Le Cniid poursuit sa route : une nouvelle direction, pour un même cap L’équipe salariée du Cniid vient de changer de directeur : le poste occupé par Sébastien Lapeyre depuis 2008 l’est depuis octobre par Flore Berlingen. Sébastien s’en va avec notre immense gratitude pour le travail accompli. Sous sa direction, notre petite association par la taille joue aujourd’hui dans la cour des grandes. Son rôle est désormais incontournable et reconnu tant par les politiques que les acteurs du monde des déchets ou la société civile. Tout cela sans perdre « l’esprit » Cniid, ni son cap que nous maintenons tous ensemble depuis plus de quinze ans, contre tous les vents contraires qui n’ont cessé et ne cessent de souffler fort. Nous sommes fiers du Cniid que Sébastien nous laisse et l’accompagnons de nos vœux dans ses nouvelles aventures. Et Flore, ancienne salariée que certains d’entre vous connaissent, revient… en tant que directrice. Le Cniid lui manquait ! Telle que nous la connaissons, nous savons qu’elle mettra tout son talent, son dynamisme, sa grande intelligence et sa jeunesse au service de notre association. Flore aux commandes, c’est une très bonne nouvelle pour le Cniid. Tous les membres du Conseil d’administration se réjouissent de l’accueillir au sein de l’équipe et se joignent à moi pour lui souhaiter bonne route à la direction du Cniid. Claude-Noële Pickmann, présidente Après un septennat passé comme salarié dont cinq ans comme directeur, je souhaite exprimer en premier lieu toute ma gratitude à cette association « modeste et géniale », à ses adhérents qui ont toujours été un facteur formidable de motivation et à ses salariés avec qui j’ai vécu une aventure riche et unique. Depuis plusieurs années, le Cniid a prouvé par ses actions qu’il était bien souvent en avance de plusieurs années sur les luttes à mener : aujourd’hui, tout le monde parle de l’obsolescence programmée, la fiscalité écologique sur les déchets devient incontournable, l’incinération a du plomb dans l’aile, les biodéchets ont enfin l’attention des politiques, le « Zero waste » n’est plus un gros mot... Il reste encore toutefois beaucoup de travail ? Oui et ça tombe bien, la motivation du Cniid est intacte pour poursuivre ses combats. Avec ses moyens, il contribue à éveiller chaque jour un peu plus les consciences – des citoyens, des politiques – sur la nécessité du changement, le vrai. De nouvelles envies, de nouveaux horizons m’appellent mais je quitte le Cniid serein pour son avenir, une nouvelle directrice aux manettes. Bon vent au Cniid et à son équipage ! Sébastien Lapeyre, directeur Quelle chance et quelle fierté de retrouver le Cniid plus dynamique encore que je ne l’ai quitté : son influence a progressé sur le plan politique, son expertise a continué à grandir et se diversifier. Ces atouts et ces forces sont indispensables aujourd’hui pour continuer à s’exprimer et agir, en particulier sur les sujets et dans les endroits où personne ne porte la voix de l’intérêt général et de la protection de l’environnement. La technicité des dossiers, la cadence de l’agenda politicolégislatif, les moyens déployés par les autres parties prenantes nous imposent un haut niveau de professionnalisme. Mon ambition est de donner à l’équipe les moyens humains, financiers et de communication nécessaires pour que le travail du Cniid porte ses fruits. Ces deux dernières années, j’ai beaucoup appris au contact d’autres formes de militantisme et d’action, et c’est avec un enthousiasme partagé avec l’équipe et le Conseil d’administration que je m’apprête à mettre ces expériences et contacts au service du Cniid. Vos suggestions, contributions et soutiens de toute forme seront précieux dans cette nouvelle étape et je vous en remercie par avance. Flore Berlingen, directrice ISSN : 1636-5402 - infos n°45 Le Cniid fait son cinéma Delphine Lévi Alvarès, Chargée de mission « Incinération et stockage » 2013 Irons est même venu en personne soutenir le Cniid et s’est montré un formidable ambassadeur des 3R (réduire, réutiliser, recycler). La projection, qui a eu lieu dans les murs de l’Assemblée nationale le 18 septembre, a été suivie d’un débat animé autour de la capacité ou incapacité des politiques à prendre des décisions ambitieuses. De nombreux médias, et notamment de grandes chaînes nationales ont relayé l’événement et mis en avant le rôle du Cniid dans sa réalisation. aura été une année chargée en films documentaires sur les déchets. De Trashed à Super Trash, en passant par Polluting paradise, le Cniid n’a pas manqué une occasion de soutenir le travail de réalisateurs qui partagent sa volonté de faire avancer, chacun à leur manière, la prise de conscience du grand public quant à l’urgence à agir sur nos déchets. Retour sur une année riche en rencontres et en émotions cinématographiques. Trashed : un tour du monde de la problématique déchets, narré par Jeremy Irons Trashed, c’est le coup de cœur de l’année pour l’équipe du Cniid. Nous avons assisté à la projection de ce documentaire réalisé par Candida Brady à l’occasion du 30e Festival international du film d’environnement (FIFE) qui s’est déroulé du 19 au 26 février, où il a reçu le prix du meilleur documentaire. Narré par l’acteur anglais Jeremy Irons et mis en musique par Vangelis, Trashed entraîne le spectateur dans un voyage aux quatre coins du monde pour comprendre les problèmes sanitaires et environnementaux liés à la gestion de nos déchets. La réalisatrice s’est notamment arrêtée en France pour donner la parole à une fidèle adhérente du Cniid, Dominique Frey, sur le combat mené par l’ACALP – l’association qu’elle présidait jusqu’à sa dissolution cette année – pour faire reconnaître la responsabilité des dysfonctionnements de l’incinérateur de Gilly-sur-Isère (Savoie) dans la contamination du bétail et les nombreux cancers que les riverains ont développés. Après un constat accablant des impacts de l’incinération et du stockage sur la santé humaine et de ceux du plastique sur la faune et la flore marine, le film termine sur une note d’espoir grâce à la rencontre de Jeremy Irons avec les partisans du mouvement international Zero Waste, dont le Cniid fait partie au niveau européen (voir Les temps forts). En Angleterre, l’équipe du film est allée constater d’elle-même le bon fonctionnement d’un magasin où aucun emballage jetable n’est utilisé et d’une prison où le compostage et la méthanisation des biodéchets servent à nourrir le sol et chauffer des serres pour cultiver des légumes pour les prisonniers. A San Francisco, Jeremy Irons a rencontré des viticulteurs de la vallée de Nappa qui font pousser leur récolte grâce au compost issu de la collecte sélective des biodéchets mise en place dans cette ville de près d’un million d’habitants, qui s’est fixé pour objectif d’atteindre un taux de recyclage et compostage de 100 % en 2020. En mars dernier, Trashed a été projeté au Parlement européen, en présence du commissaire européen à l’environnement, grâce à l’équipe de Zero Waste Europe. Devant le succès de cette projection, le Cniid a souhaité faire de même à l’Assemblée nationale française, en amont de la conférence environnementale (voir p. 5) pour sensibiliser les députés à la nécessité de prendre des mesures ambitieuses en matière de réduction à la source des déchets et de développement des alternatives. Les députés socialistes Jean-Jacques Cottel et Christophe Bouillon, membres de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale, et son président Jean-Paul Chanteguet, ont accepté de parrainer l’événement. L’acteur Jeremy Polluting paradise : le combat de paysans turques contre une décharge En 2006, le réalisateur Fatih Akin revient sur les terres de son enfance, dans un petit village turque spécialisé dans la culture du thé et la pêche et constate que son paradis de nature est en passe d’être souillé par la construction d’une mégadécharge. Pendant cinq ans, il retourne plusieurs fois tourner à Camburnu où il récolte les témoignages des habitants qui regardent impuissants leur environnement se dégrader et les leurs tomber malade. Ce film rend admirablement hommage au courage de ces villageois qui vont tenter de s’opposer, en vain, à la corruption et au clientélisme qui ont permis la naissance de cette décharge. Contacté par la distribution de Polluting Trashed : trashedfilm.com Polluting paradise : distrib.pyramidefilms.com/content/ polluting-paradise Sortie en salles le 29 mai 2013 et disponible en DVD depuis le 15 octobre t Super Trash est le résultat d’une immersion de deux ans au cœur de la décharge de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), aujourd’hui fermée. Le réalisateur, Martin Esposito, a vécu aux abords de la décharge dans une cabane de fortune et s’est nourri à partir de la décharge. Dans son film, il témoigne du gaspillage et des aberrations induits par notre société de consommation, dans laquelle on jette en masse de la nourriture non périmée, de vieux cercueils, des kilomètres de tapis rouge du Festival de Cannes ou des emballages en verre et en plastique par milliers directement sortis d’usine. Super Trash met en lumière l’irresponsabilité des grandes entreprises de production et de distribution, qui choisissent la solution de facilité plutôt que la prévention et le recyclage. Il pointe également les lacunes du système de contrôle des filières de gestion des déchets par les élus et les pouvoirs publics, qui permettent à des déchets dangereux et non autorisés de franchir, en toute impunité, les portes d’une décharge comme celle de VilleneuveLoubet. Pour finir, il replace au centre de la réflexion la question des impacts sanitaires et environnementaux de tous ces déchets en mélange. Profondément interpellé par la proximité des messages portés par ce film avec le Plus d’infos sur… Trashed n’a pour l’instant pas de distributeur en France et sa sortie dans les salles n’est pas encore programmée, mais, si vous souhaitez organiser une projection dans votre ville, vous pouvez vous adresser au FIFE ([email protected]) pour un prêt de DVD et bien sûr au Cniid pour animer le débat. Super trash : supertrashlefilm.com Sortie en salles le 9 octobre t Super Trash : plongée dans l’enfer du gaspillage (89), autant de régions où des associations et collectifs locaux se battent contre les nuisances d’une décharge ou un projet de construction. t paradise en France, le Cniid n’a pas hésité à apporter son soutien à ce témoignage, qui n’est pas sans rappeler de nombreux combats menés par les associations locales de la « Coordination pour la réduction à la source des déchets ». combat qu’il mène depuis 15 ans, le Cniid s’est associé à Greenpride pour faire connaître Super Trash. Les deux associations ont lancé le 30 août une pétition sur Change.org (http://bit.ly/scandaledecharges) pour demander à Messieurs François Hollande, Jean-Marc Ayrault et Philippe Martin de visionner le film et de recevoir les associations et collectifs locaux qui souffrent des nuisances dues aux décharges. En un mois, plus de 24 000 personnes ont signé la pétition. Dans la foulée, Greenpride et l’équipe du film ont organisé une tournée des décharges françaises, pour projeter le film et recueillir les doléances des associations locales afin de les remettre à Messieurs Hollande, Ayrault et Martin lors du rendezvous. Des projections spéciales ont eu ou vont avoir lieu à Villeneuve-Loubet, près de Nonant-le-Pin, à Bordeaux (33), à Soissons (02), à Rennes (35), à Laon (02), à Colmar (68), à Castries (34), à Claye-Souilly (77) et à Saint-Florentin Bénévolat au Cniid : un nouveau projet Nous avons sollicité il y a quelques mois celles et ceux qui souhaiteraient apporter de l’aide au Cniid en tant que bénévoles, notamment pour épauler les salariés sur les projets, la communication, etc. Vous êtes de plus en plus nombreux à manifester votre intérêt pour nous soutenir et votre aide est précieuse. Mais nous avons encore besoin de vous ! Un grand projet visant à rendre disponible une base documentaire numérique sur les déchets est en préparation : un travail très important de recherche, de compilation et de synthèse est nécessaire afin de rendre cet outil le plus complet possible. Nous espérons mobiliser le maximum d’entre vous pour nous aider à réaliser ce projet : si vous êtes intéressé(e) pour suivre certains sujets « déchets » sur internet, faire des résumés de documents qui vous intéressent, réaliser des traductions... N’hésitez pas à nous en faire part, en contactant Amèle ([email protected] ou 01 55 78 28 60). Ces travaux peuvent être réalisés à distance, depuis chez vous, en investissant le temps que vous souhaitez, au moment où vous le voulez. Alors, à bientôt, pour un travail en commun ! t Les temps forts du Cniid Le 21 août dernier, lors des journées d’été d’Europe Ecologie les Verts à Marseille, le Cniid était invité à un atelier sur la gestion des biodéchets. Nous avions le premier temps de parole, ce qui nous a permis de poser les bases sur les enjeux environnementaux et de montrer les solutions vertueuses existantes : compostage de proximité couplé avec une collecte séparée de biodéchets. Ce fut également l’occasion d’échanger sur la campagne « Je veux mon bac bio ! » pour recueillir leurs opinions. En face, une trentaine de personnes venues de collectivités de toute la France pour exposer leurs situations, apporter leurs retours d’expérience ou simplement se renseigner sur le sujet. Les échanges ont été très intéressants et nous attendons deux choses : que les biodéchets figurent dans les programmes politiques des candidats EELV et que les militants soient toujours plus nombreux à prendre en compte cette thématique dans leurs actions et à diffuser les bonnes pratiques ! Fin mai, le Cniid a participé au « Waste working group » à Bruxelles. Ce groupe de travail européen sur les déchets rassemble des associations environnementales de différents pays d’Europe, membres du Bureau Européen de l’Environnement (BEE), qui collaborent sur cette thématique. Pendant deux jours, les chargées de mission du Cniid ont pu échanger avec leurs homologues pour mieux comprendre les enjeux au sein de l’Europe, connaître les bonnes pratiques des autres pays et appréhender les différentes situations politiques. Le deuxième jour et en avant-première, nous avons également présenté la campagne « Je veux mon bac bio ! ». La problématique étant présente dans chacun de nos pays, chaque participant y a trouvé son compte. Les échanges que nous avons pu avoir avec eux nous ont incité à faire sous-titrer la vidéo pour qu’elle puisse être diffusée plus largement1. Ce déplacement a aussi été l’occasion pour nous de collecter plus d’informations sur le réseau Zero Waste Europe que le Cniid rejoint officiellement. Cette démarche soutient la réduction d’ordures ménagères résiduelles et l’augmentation des collectes séparées des différents flux de déchets valorisables. L’objectif est zéro incinération et enfouissement minimal, voire nul si c’est possible. C’est un message que le Cniid porte depuis des années et qui est maintenant promu clairement au niveau des associations européennes. Ce réseau travaille avec des collectivités dans tous les pays qui en sont à des stades plus ou moins avancés dans la démarche mais qui vont toutes dans la bonne direction : le zéro gâchis ! © Cniid 2013 t Le 11 juillet, devant l’un de ses magasins, la marque de cosmétiques frais et faits main Lush a organisé une collecte de déchets organiques. Le Cniid y a été invité pour parler de la campagne « Je veux mon bac bio ! » sur la promotion du tri à la source des biodéchets. Nous avons donc pu échanger tout l’après-midi avec les passants et les clients sur l’importance d’isoler la matière organique Crème Caritativement belle du reste des ordures ménagères soutenant la campagne afin de les valoriser en compost du Cniid ou biogaz. La responsable de l’opération avait trouvé un composteur partagé dans le quartier afin d’y déposer les épluchures collectées en fin de journée. La carte des initiatives de compostage de proximité, disponible sur le site de la campagne, a été utile pour informer les passants des composteurs accessibles sur Paris. Par ailleurs, à cette période, Lush soutenait et relayait notre campagne via sa crème « Caritativement belle », une action régulière de cette marque engagée qui soutient des combats associatifs environnementaux. 1- Retrouvez-la à cette adresse : http://youtu.be/EcvfWjMf3B8 t Les biodéchets vont se refaire une beauté chez Lush t Le Cniid rencontre ses homologues européens t Des élus verts formés sur les biodéchets Semaine européenne de réduction des déchets du 16 au 23 novembre 2013 Comme chaque année, la SERD est l’occasion de mettre en avant les actions de prévention qui ont cours dans toute l’Europe. De l’usage de l’eau du robinet aux changes lavables en passant par les systèmes de consigne pour réutilisation, c’est l’occasion d’expérimenter des pratiques pendant une semaine… pour les appliquer ensuite toute l’année ! Plus d’informations sur reduisonsnosdechets.fr Conférence environnementale : le Cniid a défendu ses positions Delphine Lévi Alvarès, Chargée de mission « Incinération et stockage » L a 2e conférence environnementale du quinquennat s’est déroulée les 20 et 21 septembre 2013. Le Cniid a participé à la table ronde sur l’économie circulaire en tant que membre du Réseau Action Climat (RAC), récemment entré au Conseil national pour la transition écologique (CNTE). En amont de la conférence, le Cniid, les Amis de la Terre, le RAC, la Fondation Nicolas Hulot, Agir pour l’environnement et la fondation France Libertés – Danielle Mitterrand ont travaillé ensemble pour élaborer 24 propositions pour une économie vraiment circulaire (http://bit.ly/ 24prop). Alors que le discours ambiant met en avant l’opportunité, grâce à l’économie circulaire, de continuer à faire de l’argent avec nos déchets en leur trouvant de nouveaux débouchés, le Cniid et ses partenaires ont insisté sur l’importance d’agir très en amont sur la sobriété de nos modes de production et de consommation et d’allonger la durée de vie et d’usage de nos produits. Le Cniid s’est exprimé fermement devant Philippe Martin (ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie), Arnaud Montebourg (ministre du Redressement productif) et Benoit Hamon (Ministre délégué, chargé de l’Économie sociale et solidaire et de la Consommation) sur la nécessité d’engager la France dans une politique ambitieuse de tri à la source et de valorisation optimale des déchets organiques. Alors que la valorisation des déchets organiques est la première économie circulaire puisqu’elle existe à l’état naturel, elle ne figurait pas dans les documents préparatoires et seuls le Cniid et le représentant des chambres d’agriculture l’ont abordée lors des débats. Plus de 7500 volontaires pour trier leurs biodéchets ! Laura Caniot, Chargée de mission « prévention et alternatives » E Les dessous de la campagne Le lancement de la campagne biodéchets aura été un réel défi. L’objectif étant de mobiliser des acteurs multiples, cela impliquait de « traduire » les enjeux avec plusieurs niveaux de lecture pour parvenir à toucher aussi bien le parlementaire qui fait la loi, l’élu local qui définit la gestion des déchets sur son territoire et le militant d’une association locale qui cherche des arguments pour convaincre ses interlocuteurs. Avec plus de 7 500 signatures et près de 26 000 visiteurs uniques sur le site sur un sujet aussi complexe, de bons retours des médias et surtout un réel intérêt lors de la Conférence environnementale, le bilan est plutôt encourageant. 1- « Dans les cas pertinents, des systèmes de consigne seront déployés » et « Une attention particulière sera portée aux déchets organiques et la fixation d’une ambition sur la collecte séparée des biodéchets, en fonction des retours d’expérience des collectivités qui l’ont mise en place » munes proposent la collecte séparée des biodéchets à plus de 2 millions de Français. Nous allons à présent nous concentrer sur les élections municipales pour faire en sorte que les biodéchets ne soient plus les grands oubliés des décisions politiques. L’essor du réseau Zero Waste © Cniid 2013 En juin dernier, le Cniid lançait la campagne « Je veux mon bac bio ! » pour le tri à la source des biodéchets, avec 10 associations partenaires1. La question de la consigne pour réutilisation n’a été abordée que par le Cniid. Au final, ces deux demandes phares ont été retenues dans les conclusions de la table-ronde et retranscrites dans la « Deuxième feuille de route pour la transition écologique » (http://bit.ly/FDR2013), publiée le 27 septembre, mais sans être adossées à de quelconques mesures concrètes et ambitieuses 1. Ce constat, partagé également sur les autres tables rondes, a poussé les associations de protection de l’environnement siégeant au CNTE à demander la révision de la feuille de route. Le ministère de l’écologie n’a pas donné suite à cette demande, mais prévoit, sur la partie économie circulaire, une « conférence de mise en œuvre » avant la fin de l’année. Les avancées politiques La feuille de route de la Conférence environnementale, bien qu’elle reste insatisfaisante, a fait un pas en intégrant des éléments spécifiques aux biodéchets (voir l’article ci-dessus). Cela tombe bien puisque les biodéchets viennent de faire l’objet d’une étude de l’Ademe (état de l’art de la collecte séparée et de la gestion séparée des biodéchets). La France accuse un indéniable retard mais les démarches de certaines collectivités devraient tirer les autres vers le haut. Déjà plus de 90 communautés de com- Afin de mieux conseiller les élus locaux, nous nous appuyerons sur les bonnes pratiques de collectivités européennes qui suivent les principes du Zero waste (Zéro gâchis). Priorité à la prévention pour réduire au maximum le gisement d’ordures ménagères à gérer, développement des collectes sélectives pour valoriser tous les déchets qui peuvent l’être et enfin stabilisation avant enfouissement des déchets résiduels. C’est ce scénario que le Cniid soutient et propose aux territoires. La campagne de mobilisation « Je veux mon bac bio ! » ne fait que commencer... 1- Agir pour l’environnement, les Amis de la Terre, l’Appel de la Jeunesse, le Comité de Liaison Energies Renouvelables (CLER), France Libertés, France Nature Environnement, Générations Futures, le Réseau Action Climat, le Réseau Compost Citoyen et le Réseau Environnement Santé À vous la parole : l’association Arivem (93) Le Cniid offre régulièrement une tribune à une association locale qui souhaite parler de son combat. Dans ce numéro, la parole est donnée à l’Arivem, association de Seine-Saint-Denis (93), très mobilisée au niveau local mais aussi au niveau national aux côtés d’autres associations pour dénoncer les dérives de traitements polluants comme le tri mécanobiologique et proposer la mise en place de systèmes de gestion écologique de nos déchets. E t si la Seine-Saint-Denis devenait l’exemple à suivre en Île-de-France sur la gestion des déchets ménagers en milieu urbain dense ? Après avoir échangé sur cette question avec des centaines d’habitants de nos localités de cette partie de l’Est Parisien, nous avons constaté qu’une majorité de citoyens sont conscients qu’on ne peut pas perpétuer le système existant imposant comme seule solution les traitements en mélange des déchets. Ainsi, les populations veulent agir et sont prêtes à prendre les choses en main, en triant leurs déchets… Tous leurs déchets. A l’inverse, on constate que chez une majorité d’élus, persiste un paradigme dévastateur, celui de l’impuissance à mettre en œuvre, avec leurs administrés, un tri poussé des déchets ménagers. Cela doit obligatoirement engendrer de mauvais résultats sur la qualité des déchets triés. Cela doit obligatoirement coûter très cher. La solution industrielle doit à tout prix primer sur la solution humaine, citoyenne. La machine est forcément mieux que l’homme, plus rassurante... Chacun doit être acteur de la valorisation matière Les déchets sont ainsi un formidable indicateur de l’ère du temps, et ils mettent en évidence le gouffre qui s’est développé depuis des décennies entre les Français et beaucoup de leurs élus. Il est encore temps de reprendre les choses en main, citoyens et élus, pour assurer la pérennité de notre avenir social, sanitaire, environnemental, économique. La démarche actuelle consistant à faire un tri sélectif des déchets ménagers sans y inclure les restes de cuisine, caractérise une politique de gestion des déchets qui n’est plus à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui. En instaurant un tri citoyen qui permet de tout collecter séparément, avec pour premier objectif de ne plus avoir de déchets ménagers en mélange, on instaure un objectif honnête, pertinent et cohérent. C’est une véritable révolution culturelle qu’il faut opérer, en apprenant à chacun d’entre nous à être un acteur de la valorisation matière de ce dont nous n’avons plus besoin. Une belle théorie utopiste ? Faux : ils le font à San-Francisco, à Barcelone ou encore à Milan, ils le font à Lorient… Ça marche et ça coûte moins cher, car la grosse dépense de nos déchets ménagers est dans leur traitement lorsqu’ils sont en mélange. Nous nous battons pour que l’on redresse la tête chez nous, en Seine-Saint-Denis et que l’on applique tout simplement l’exemple de Milan, Barcelone, SanFrancisco… chez nous. Nous sommes en effet toujours sous la menace du lancement de la construction d’une gigantesque usine de traitement des déchets en mélange sur notre territoire (projet relancé au 1er janvier 2015), par un procédé controversé qui va d’échec en échec, de scandale en scandale, qui prétend trier mécaniquement nos déchets en usine pour que l’on ne le fasse plus chez nous, et produire un compost parfaitement sain pour nos champs à partir Article écrit par François Mouthon pour l’association Arivem Plus d’infos sur http://arivem.free.fr de ces mêmes ordures en mélange. Cette « technologie » absurde, shadokienne, s’appelle le tri mécano-biologique (TMB), et symbolise l’aboutissement d’une tentative ultime de déresponsabilisation des élus et des citoyens sur la question de la gestion des déchets ménagers, par les lobbies des déchets. Des exemples à suivre dès maintenant Malgré la mise en évidence de cet échec annoncé, nous nous retrouvons confrontés à l’inertie persistante de nos intendances locales qui refusent de lancer toute collecte des biodéchets sur notre territoire. La colère gronde et la déconnexion de certains responsables locaux avec leurs administrés fait peur. La gestion des déchets ménagers en amont, avec les citoyens se fera quoi qu’il arrive, car il n’y a pas d’autres solutions. C’est inéluctable. Nous avons récemment appris que la ville de Sevran, toute proche de nos localités, collecte séparément et valorise tous les invendus alimentaires de ses marchés. On voit bien que la Seine-Saint-Denis peut être une terre d’exemples à suivre et nous allons continuer à nous battre pour que ces démarches évidentes soient appliquées avec la plus grande ambition chez nous, en partenariat entre les élus locaux et leurs administrés. Pas dans 10 ans, 5 ans…, mais tout de suite. Nous n’aspirons qu’à ça ! Édité en 1 400 exemplaires par le Cniid • 21 rue Alexandre Dumas 75 011 Paris • 01 55 78 28 60 • [email protected] • www.cniid.org Responsable de la publication : Claude-Noële Pickmann Direction de la publication : Flore Berlingen Maquette : Atelier des grands pêchers Impression : Imprimerie Moderne de Bayeux