En réponse à la guerre... In response to the war

Transcription

En réponse à la guerre... In response to the war
Le Smac,
Service mobile d’animations culturelles, presente :
The Smac ,
Mobile service for cultural activities, presents :
En réponse à la guerre...
In response to the war...
Une exposition itinérante de 2014 à 2018
A traveling exhibition from 2014 to 2018
Remerciements
Conseil régional Nord-Pas-de-Calais, DRAC Nord-Pas-de-Calais,
seil général du Pas-de-Calais, Ville de Hornaing, Ville de Rieulay,
Galerie Radial (Strasbourg),
// In the cycle of commemorations of the centenary of the First
World War, asking the artist about the war is to grant him a place
in the historical fact. Since the French Revolution, when the artist is
detached from its sponsors, he is committed to freedom, justice, and
social equality, ecology, against famine, consumption, disease, violence
and war. Realism, expressionism, Dadaism, surrealism ... the major
artistic currents are almost all based in a reaction against their time.
WW1 was a “total war” whose traces are still many in
our territories as well as in our minds. Violence, cruelty, horror,
separation: we still have stories and images, all rooted in a common
history. The artist does not have the burden of explaining the feeling
of the time, as it is the task of the historian, but he has the role of
interpreting the painting, volume, installation, sound, light or other
medias to create new images and emotions.
La guerre 14-18 était une « guerre totale » dont les traces sont
encore nombreuses aussi bien dans nos territoires que dans nos esprits.
Violence, barbarie, horreur, séparation : il nous reste des témoignages
et des images, ancrés tous dans une histoire commune. L’artiste n’a pas
la charge de les expliquer avec le ressenti de l’époque, c’est la mission
de l’historien, mais il a le rôle de les interpréter par la peinture, le
volume, l’installation, le son, la lumière ou d’autres médias pour créer
de nouvelles images, des émotions.
70 artists responded to our invitation. 70 responses to the war
in helmets listed as symbols of armed conflict. The war became
worldwide 100 years ago; the exhibition had to be international :
16 nationalities are well represented.
Soixante-dix artistes ont répondu à notre invitation. soixantedix réponses à la guerre inscrites dans des casques, comme symboles
des conflits armés. La guerre est devenue mondiale il y a 100 ans,
l’exposition se devait d’être internationale : seize nationalités sont
ainsi représentées.
I want to thank them knowing that for many; creations have
joined the duty of memory, reviving experienced pain or difficult
memories of the past. I also thank all those who contributed to the
success of this exhibition : Freddy Pannecocke and Valery Poulet
(curators), all funders and operational partners, and those of course
who have already welcomed the art works, and in advance those who
will. //
Dans le cycle des commémorations du centenaire de la
Première guerre mondiale, interroger l’artiste sur la guerre, c’est
lui accorder une place dans le fait historique. Depuis la Révolution
française, quand l’artiste s’est détaché de ses commanditaires, il s’est
engagé pour la liberté, la justice, l’égalité sociale, l’écologie, contre
la famine, la consommation, la maladie, la violence et la guerre.
Réalisme, expressionisme, dadaïsme, surréalisme... les courants
artistiques majeurs se sont quasiment tous fondés dans une réaction
contre leur époque.
Isabelle Ruchot , chairman of the Smac
Je tiens à les remercier vivement sachant que pour beaucoup
les créations se sont associées au devoir de mémoire, ravivant des
douleurs vécues ou le souvenir difficile du passé. Je remercie également
tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette exposition dont les
commissaires Freddy Pannecocke et Valéry Poulet, l’ensemble des
partenaires fiannaciers et opérationnels, et ceux bien entendu qui
acceuillent les œuvres et par avance, ceux qui les acceuilleront.
Isabelle Ruchot, Présidente du Smac
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“Pourquoi ?” :
toujours le premier mot qui jaillit au regard de ces images.
Nous avons la chance de faire partie de ces générations qui
n’ont pas connu l’appel aux armes, de n’être ni victime ni bourreau
de la guerre. En France, on a tous un parent militaire en Algérie ou
en Indochine. Dans le reste du monde, on a tous un grand-père ou
arrière grand-père impliqués dans l’une des deux guerres mondiales,
si ce n’est les deux, ou un proche encore engagé dans un conflit.
Ce qui reste de « ceux qui restent », ce sont des témoignages et
des images, toujours aussi difficiles à écouter ou à regarder, même
après des années. Surtout la même « iconographie » depuis cent
ans. En effet, la première guerre mondiale a posé des bases et des
méthodes nouvelles qui viendront inéluctablement se perpétuer
dans les conflits qui lui succéderont. Montée du nationalisme,
prémices du fascisme, obstination politique des dirigeants, ententes et
isolements diplomatiques, terreur des bombardements qui menacent
désormais les populations civiles, utilisation de gaz mortels, nouvelles
techniques d’attaques motorisées, aériennes, sous-marines, propagande
au front comme à l’arrière, censure des informations, séparation
des familles, déplacements des populations, relogement de fortune,
implication des femmes et des enfants, début des soins psychiatriques
causés par les traumatismes et bien entendu barbarie des combats ...
C’est dans ce sens que la guerre 14-18 présente à la fois une singularité
pour son époque, notamment dans l’apport de ces innovations
tragiques. Ses causes, ses moyens et ses effets se généraliseront.
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Les réponses sont multiples mais peuvent souvent s’orienter
dans deux axes. Le premier consiste à désigner l’être humain, de par
son essence, comme le seul être vivant capable de (se) faire la guerre.
Retenons seulement les discours de Freud de 1915, contemporains de la
première guerre mondiale, qui marquent le début de la psychanalyse.
Pour lui, l’homme est conduit par des pulsions d’agressivité capables
de nuire à l’autre comme à lui-même, la violence est ainsi une
“fatalité” à laquelle il faut s’habituer. Elle est propre à l’homme,
personne n’a pu montrer qu’il en est ainsi d’une autre espèce animale.
Le second renvoie aux conséquences politiques des hommes,
entre cafouillages et stratégies : conflit d’intérêt, conquête de
ressources naturelles, hégémonie, culpabilisation des pays voisins,
menaces terroristes, religion... La liste s’avère toujours plus longue
dans l’argumentaire d’une guerre “juste”.
“Comment ?” :
comment faire du mal une banalité ?
Je fus stupéfait de découvrir dernièrement qu’il existait
ce que l’on appelle communément le « droit de la guerre » qui
fixe notamment les règles du conflit et tend à limiter les actions
des belligérants. La lutte armée et le « mal » sont donc réglementés.
En 1963, Hannah Arendt fera de la « banalité du mal » un concept
philosophique proposé « s’agissant plutôt des cas où le mal est
protégé par la loi et fait l’objet de toute une propagande, de toute une
idéologie, de tout un système étatique, etc. que des individus servent
avec conviction et auxquels ils croient aveuglément ».
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Et les artistes dans la guerre ?
En 1914, comme d’autres millions d’hommes dans les deux
camps, beaucoup d’artistes sont mobilisés. Parmi les plus connus
Derain, Camoin, Dix, Léger, Beckmann, Kokoshka n’exerceront
plus leur art mais deviendront respectivement artilleur, camoufleur,
mitrailleur, brancardier au génie, infirmier ou encore dragon.
Seuls les citoyens des pays neutres sont exemptés, c’est le cas des
peintres Picasso et Gris, tous deux espagnols. Duchamp est réformé à
cause de son état de santé. Pareil pour Modigliani qui reviendra vite
à la vie civile. Toutefois nombreux artistes étrangers ont la possibilité
de s’engager dans les régiments de la Légion étrangère. En France,
l’écrivain suisse Blaise Cendrars cosigne un appel aux « étrangers amis
de la France » pour les pousser à l’engagement volontaire. Kisling et
Kupka iront dans des légions tchèques. De retour quelques
mois (plus tôt > à supprimer) avant la déclaration de guerre, Chagall,
lui, sera mobilisé à l’arrière front. Tous connaîtront l’horreur des
combats. Certains n’en reviendront pas : Macke, Appolinaire,
Fournier... D’autres reviendront blessés ou souffrants de
lourds traumatismes comme Grosz ou Kirchner.
Pour pratiquement tous ces artistes, il est impossible de rendre
compte avec fidélité la réalité de la guerre. « Il n’y a pas plus cubiste
qu’une guerre qui te divise un bonhomme en plusieurs morceaux et
te l’envoie aux quatre points cardinaux” dira Appolinaire en 1917. Ils
s’attendaient à retrouver au front la même aisance et la même verve
qu’ils avaient à l’atelier. La guerre ne devait pas durer, elle ne devait
être qu’une formalité. Mais la guerre a traîné dans sa longueur et a
pris des formes nouvelles : les tranchées, les explosions d’obus, les gaz,
la guerre de position... Ce seront seulement des années plus tard, dans
leurs ateliers, que des toiles émergeront de ces souvenirs, venant sans
doute exorciser les souffrances du passé. Des dessins seront retrouvés.
On se souvient des séries cauchemardesques d’Otto Dix, sur les
horreurs et les gaz (1924) ou des portfolios du visionnaire Grosz.
Au front, l’artiste quand il le peut s’exprime dans des croquis
rapides, comme le constate la revue L’Elan en 1915 «Ceux qui
combattent, nos amis, nous racontent à quel point la guerre les a
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attachés à leur art ; tout ce qu’ils souhaitent, c’est d’avoir quelques
pages afin de l’exprimer. » D’artistes moins connus, on retrouve des
dessins réalistes, humoristiques comme ceux de Pierre Dantoine ou
des carnets plus complets comme ceux de Lemordant ou de
Renefer dont les aquarelles étaient destinées à sa fille pour témoigner
de la « génération sacrifiée ».
La guerre ouvre de nouvelles pistes picturales. Les
techniques militaires et la photographie aérienne proposent
une nouvelle vision du paysage, à plat, sans ligne d’horizon, qui
inspireront certains artistes comme l’anglais Richard Carline
(“Impression de Lens – Le front anglo-germanique”). Dans Verdun,
ce sont les nuées de gaz qui viennent composer un tableau proche du
cubisme, par Valotton. En 1917, Piet Mondrian crée le néo-plasticisme
à Leyde. Il pose les bases d’un nouvel art abstrait, dans l’austérité
des lignes horizontales et verticales, la couleur est employée pure.
Mondrian avoue avoir fondé ses théories notamment au regard des
cartes de déplacement des troupes.
Et qu’en est-il des mouvements artistiques de l’époque ?
Jamais un début de siècle n’aura été si effervescent du point
de vue culturel que celui du XXe : naissance du fauvisme, du cubisme,
du futurisme, découverte du cubisme. Paris est la capitale des arts
visuels et aussi celle de la littérature. Elle attire à Montmartre
et Montparnasse des dizaines d’artistes des quatre coins du
monde, créant ainsi une dynamique d’échanges propices aux
recherches avantgardistes. Au cœur de l’Europe sanglante,
l’expressionisme est de rigueur chez beaucoup d’artistes. En 1916, La
Suisse voit la naissance d’un nouveau mouvement littéraire, artistique
et intellectuel, né dans le refus de la guerre et le rejet des valeurs
occidentales : le Dadaïsme. Courant provocateur, iconoclaste,
subversif à souhait. Refusant toute idéologie, morale ou artistique,
il « prône la confusion, la démoralisation, le doute absolu et dégage les
vertus de la spontanéité, de la bonté, de la joie de vivre ». Ses principaux animateurs ouvriront la voie à l’art contemporain.
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Viendront se succéder à la « der des ders » d’autres conflits et...
d’autres engagements d’artistes. Des tableaux : le célèbre
“Guernica” peint par Pablo Picasso en 1937, “Tête d’otage” de Jean
Fautrier réalisé en 1944. Des monuments : la ville détruite de Ossip
Zadkine posée à Rotterdam en 1951... Des œuvres sensibles pour
montrer la vie, la ville, la civilisation... détruites.
Cent ans après la guerre, six ans après le décès de Lazare
Ponticelli, le dernier poilu, il ne reste aux artistes d’aujourd’hui que la
fiction pour raconter la guerre, les guerres. La fiction pour fantasmer
le réel, comprendre la barbarie, mettre en scène le conflit, le faire
revivre, mais aussi la fiction pour sensibiliser, enseigner, plaire,
convaincre, ne pas oublier.
Ce sont soixante-dix artistes contemporains, reconnus
ou émergents, plasticiens, peintres, céramistes, photographes,
dessinateurs qui ont interrogé la guerre via le casque militaire :
casque Adrian, casque à pointe, casque anglais de la première guerre
mondiale ou d’autres casques, d’autres conflits dans lesquels ils
étaient plus à l’aise. Autant de traitements personnels du casque que
d’approches originales des conflits, avec pour dénominateur commun
le désir de laisser son empreinte dans une histoire personnelle liée
à un parent ou un proche engagé dans un conflit, une trace dans la
grande histoire ou encore la volonté de défier de manière collective la
barbarie humaine.
Freddy Pannecocke
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// We are fortunate to be neither part of those generations
who have not experienced the call to arms, to be neither victim nor
executioner of war. In France, we all have a relative who was in Algeria
and Indochina. In the rest of the world, we all have a grandfather
or great-grandfather involved in one of the two world wars, if not
both, or near still engaged in conflict. What remains of “those
who remain” are testimonies and images, still difficult to listen to
or watch, even after years. It’s been the same “iconography”, for a
hundred years. Indeed, the First World War laid the foundations and
new methods that will inevitably be perpetuated in the next conflicts.
Rise of nationalism , the beginning of fascism , political leaders
obstinacy , agreements and diplomatic isolation , terror bombing
which now threaten civilians , the use of poison gas , new attack
techniques motorized , air, underwater , propaganda to the front as
rear , censorship of information, separation of families, population
displacement , relocation property, involvement of women and
children, early mental health caused by trauma and of course fighting
barbarism ... It is in this meaning that the WW1 has an oddity for its
time , especially in the provision of these tragic innovations. Its causes,
its effects and its ways will generalize.
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What about the artists in the war?
“Why?” is the first word that comes to our mind looking those
images.
The answers are many, but can often move in two axes. The
first is to describe the human being in its essence, as the only living
being capable to make war. Let’s only remind the Freud’s speech
in1915, contemporaneous with the First World War, which marked
the beginning of psychoanalysis. For him, man is driven by aggressive
impulses that can affect the other and himself; violence is inevitable,
we have to get used of it. It belongs to mankind; nobody has been able
to prove that animals are a part of it.
The second refers to the political consequences of men between
bungling and strategies, conflict of interest, resource conquest,
domination, blaming neighboring countries, terrorist threats, religion
... There’s a long list of excuses for a justified war.
How to make a common deal out of evil?
I was amazed to discover recently that there was what is
commonly called the «law of war» which sets the rules of conflict
and tends to limit the actions of the belligerents. Armed struggle and
“evil” are regulated. In 1963, Hannah Arendt did out of the «banality
of evil” a philosophical concept: rather dealing with cases where evil is
protected by law and is subject to a propaganda of an entire ideology,
a state system , etc. . That individuals act with conviction and they
blindly believe. “
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In 1914, like other millions of people in both sides, many
artists were mobilized. Among the best known Derain, Camoin , Dix
, Léger, Beckmann, Kokoschka whom no longer exercise their art
but become respectively gunner, dauber , gunner , medic engineering,
nursing or dragon.
Only citizens of neutral countries were exempted, among them
painters like Picasso and Gris, both Spanish. Duchamp was discharged
because of his health. As well as for Modigliani who quickly returned
to civilian life. However, many foreign artists have the opportunity
to engage in the regiments of the Foreign Legion. In France, the
Swiss writer Blaise Cendrars co-wrote an appeal to “foreign friends
of France” in order to push for voluntary commitment. Kisling and
Kupka went in the Czech legions. Having been back several months
before the declaration of war, Chagall has been mobilized to the
trailing edge. All knew the horror of fighting. Some did not come
back: Macke, Apollinaire, and Fournier ... Other returned injured or
suffering from disease like Grosz or heavy injuries as Kirchner.
For almost all of these artists, it is impossible to realize with
fidelity the reality of war. “There’s nothing more cubistic than a war,
it divides a man into pieces and send it to you at the four cardinal
dots» said Apollinaire in 1917. They expected to find at the front
the same ease and the same verve they had in their studios. The war
would not last, it would be a formality. But the war has dragged its
length and took new forms: trenches, exploding shells, gas, war of
position ... Only years later, in their studios paintings emerge from
their memories, probably to exorcise the pain from the past. Drawings
will be found. We remember the nightmarish series of Otto Dix, the
horrors and gas (1924) or portfolios of visionary Grosz.
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At the front, when it’s possible, the artist express himself in
quick sketches, as noted by the magazine L’ Élan in 1915 “Those who
fight (our friend) tell us how the war was attached to their art ; all
they want is to have a few pages to express themselves . “ From less
known artists we could find artworks including realistic drawings,
humorous ones as those of Pierre Dantoine or more complete books
like Lemordant’s or Renefer’s whose watercolors were for her
daughter in order to witness the “ lost generation .”
Succeeding to WW1, other conflicts will be coming ... other
commitments of artists. Paintings as: the famous «Guernica “ painted
by Picasso in 1937, “Hostage’s Head” by Jean Fautrier made ​​in 1944.
Monuments like “The destroyed city” of Zadkine set in Rotterdam
in 1951 ... Significant works showing life, cities ​​, civilizations ...all
destroyed.
The war opened new pictorial tracks. Military techniques
and aerial photography propose a new vision of the landscape, flat,
without horizon, to inspire artists like the British Richard Carline
(«Feelings from Lens - The Anglo -German front»). In Verdun,
a clouds of gas are an integral part composing a painting close to
cubism, by Valotton . In 1917, Piet Mondrian created Neo-plasticism
in Leiden. It lays the foundations for a new abstract art in the austerity
of horizontal and vertical lines, the color is used clean. Mondrian
admits he based his theories using especially his gaze on troop’s
displacement maps.
What about the artistic movements of the time?
Never a new century has been so effervescent, from a cultural
point of view than the twentieth: birth of Fauvism, Cubism, Futurism,
Cubism discovery. Paris is the capital of the visual arts as well as
literature. It draws in Montmartre and Montparnasse dozens of
artists from around the world, creating a dynamic conducive to an
avant-garde research. At the heart of Europe bloody expressionism is
practiced by many artists. In 1916, Switzerland saw the birth of a new
literary, artistic and intellectual movement, born in the rejection of
war and rejection of Western values :​​ Dadaism witch is an iconoclast
and provocative movement. Rejecting any moral or artistic ideology,
It «promotes confusion, demoralization, and identifies the absolute
doubt, the virtues of spontaneity, kindness, joy of living.”
Its main leaders pave the way for contemporary art.
Hundred years after the war, six years after the death of
Lazarus Ponticelli , the last “poilu”, only fiction remains to enable
the artists to tell about war . Fiction to fantasize reality, understand
barbarism, to stage the conflict, to revive , but also fiction to educate ,
teach, please , convince, not to forget.
There are seventy established and emerging contemporary
artists, artists , painters , potters , photographers, designers who
questioned the war through military helmet : Adrian helmet , spiked
helmet , English helmets, WWI helmets or others , other conflicts
in which they could express themselves more comfortably .As much
personal treatments of the helmet as original approaches to conflicts
with the common denominator: the desire to make his own mark in
a personal story related to a parent or loved one involved in a conflict
, a trace in the great history and the will to challenge collectively
human barbarity. //
Freddy Pannecocke
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AERTS p.22 ANDREANI (Ita) p.24 AUGUSTIN (All) p.26 BALBI (Ita) p.28 BARRET (Bel) p.30
BARONNET (Bel) p.32 BOUDOT p.34 CALMETS p.36 CARUEL p.38 CHAUSSONNET p.40 CHUON (Cambodge) p.42 CINDRIC p.44 COHEN p.46 LE CYKLOP p.48 DAQUIN p.50
DELPRAT (Bel) p.52 DEVILLLÉ p.54
DOUAY p.56 DUBRUNFAUT p.58
DUPONT p.60 ESSAFI (Mar) p.62 FANUELE p.64 FERRÉ p.66 FERRER p.68
FRAENKEL p.70 GAPONOV (Rus) p.72
GRANCHER p.74 GOUNY p.76
GRAEFLY (Bel) p.78 HABIB (Mar) p.80 HASSLAUER p.82
HOFMAN p.84 HOUIDÉ (Madagascar) p.86
JACMAIRE p.88
KAPTUR GINTZ (Pol) p.90
KORSIG (All) p.92
KLOPSCH (All) p.94
KULUNDZIC (Ser) p.96
KUPPLER (Ang) p.98
LABASTIE (Bel) p.100 LAIN p.102 LANNOY p.104
LE BRICOMTE p.106
LIEVRE p.108 LUSZPAK/
MONTEILHET p.110 MARCIN p.112
MARCHAND (Bel) p.114
MEURANT (Bel) p.116
MOISE p.118 MONBEL p.120
PANNECOCKE p.122
PARIS p.124 PERIN p.126
POULEUR p.128 PRICE (Usa) p.130 PROGIN p.132
QUETEL (All) p.134
SERANDON/CARABALLO p.136 SCIMO p.138
SERVENT p.140 TABAKIAN p.142 TAMAIN p.144 TECEDEIRO (Por) p.146
TOURTE p.148 TRASHKOWSKI (Sui) p.150 VIDGRAIN p.152 YANG (Chi) p.154 YDANEZ (Esp) p.156
Héros, c’est ainsi que l’on désignait les soldats pendant la Grande Guerre.
Et c’est ainsi qu’ils sont encore nommés aujourd’hui. Héros ou esclaves ?
Guerre à la guerre ! Si les hommes sont à l’origine même de ce qui les
domine, pourquoi ne pouvons-nous pas penser à cesser de nous entretuer ?
Sommes-nous esclave de notre condition à jamais ?
Le travail de Marie Aerts questionne constamment les notions de pouvoir et
d’organisation sociale qui régissent les sociétés humaines.
// Hero, that’s how the soldiers were designated during the Great War.
And thus, they are still called today. Were they hero or slaves ?
War to the War! If men are at the very root of what dominates, why can we
not think to stop killing us? Are we enslaved to our condition forever?
The work of Marie Aerts constantly questions the notions of power and
social organization that govern human societies. //
Marie Aerts
France
Héros, 2014
Casque, chaîne, bracelet
Héroes, 2014
Helmet, chain, hancuff
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Peintre et historienne de l’Art, Giulia
Andreani allie avec pertinence histoires
et images. Depuis quelques années elle
constitue ce qu’elle nomme son « atlas
», formé d’images glanées sur Internet,
mais aussi des stills de films italiens,
des photographies d’archive et d’autres
images récupérées ou chinées. Plus
étonnant elle puise son inspiration dans
la création moderne et contemporaine.
Des images et des œuvres qu’elle
réinterprète avec toujours une même
palette chromatique, bleutée, grisée. Elle
jongle entre figuration, flou, coulures
délicates et effacements volontaires. Ses
peintures recèlent ainsi des messages
à décoder, de personnages à décrypter.
Elles favorisent des associations
culturelles, politiques, économiques
induisant une critique acerbe de notre
société.
Julie Crenn, extrait de « A l’interieur,
Giulia Andreani », Les éditions derriere la
salle de bain, 2012.
// Painter and art historian, Giulia
Andreani combines with relevance
stories and pictures. For several years
she has been creating what she calls her
“atlas”, consisting of pictures gleaned
from the Internet, but also Italian film
stills, photographs and other archive,
recovered images or mottled ones. More
surprisingly she draws her inspiration
from modern and contemporary art.
She retranslates images and artworks
using the same bluish and greyish color
palette. She juggles between figuration,
hazy, delicate streaks and voluntary
erasure. Her paintings contain messages
to decode, characters to decrypt. They
promote economic cultural associations,
political, inducing a scathing critique of
our society. //
Julie Crenn: excerpt from “On the
inside, Giulia Andreani” publishing
house “derrière la sale de bain”, 2012.
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Giuliana Andreani
Italie Italia
Sans Titre, 2014
Acrylique sur casque
Without title, 2014
Acrylic on helmet
De l’épée à la charrue...
Du casque à la passoire
Dalla spada al vomero...
Dall elmetto d’acciaio alla scolapasta
Schwerter zu Pflugscharen...
Stahlhelme zu Küchensieben
Мечі - на орала…
Шоломи - на сита кухонні
Till Augustin
Allemagne Germany
...and always enough spaghetti, 2014
Technique mixte et casque
Mixed media and helmet
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La nature s'approprie tout ce qu'elle trouve sur son chemin. C’est le cas ici du
casque, abandonné sur le champ de bataille, marqué par le passage du temps,
qui devient un foyer naturel pour la végétation.
Le “Jardin du Silence” se renouvelle périodiquement pour nourrir l'esprit du
soldat mort.
// Nature appropriates for itself everything it finds in its path. This is the
helmet’s case, abandoned on the battlefield, marked by the passing of time,
which becomes a natural home for vegetation.
Garden of Silence is renewed periodically to feed the spirit of the dead
soldier. //
Giuliana Balbi
Italie Italia
Le Jardin du Silence, 2014
Technique mixte
Garden of Silence, 2014
Mixed media
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« …Alors on collectionne des
casques, des fusils, des sacs, des
obus, des baïonnettes, voire même
des masques. Mais ce qui survivra
le plus comme souvenir précis de
ces jours triomphants, c’est le chant
populaire, alerte et bon enfant ! »
Madelon : mère et putain, muse du
front ou sirène de poilus, spectre
féminin, à jamais tu seras chanté.
Commémorons Madelon! sonne et
vogue aux travers de codes binaires,
youtube’s forever you’re slave,
accordéon désaccordé, choeurs
militaires et fanfares déployés,
écoliers maladroits ou disques rayés,
pour Madelon tout va bien, en avant
la zizique et chantons : Madelon,
Madelon, Madelon !
// “... So we collect helmets, guns,
bags, shells, bayonets and even
masks. But what survives as the
most accurate recollection of those
triumphant days, is the popular
song, alert and friendly! “
Madelon: mother and whore,
mermaids and front’s muse of the
“poilus”, feminine spectrum forever
you’ll be sung. Let’s commemorate
Madelon! Rings and fashion
through the binary codes, your
tubes are forever Slavic, out of
tune accordion , military choirs
and spilled brass bands ,​​ awkward
pupils or scratched discs for
Madelon all goes well, let’s go
ahead and sing: Madelon Madelon
Madelon ! //
Pascale Barret
Belgique Belgium
Madelon 2014
Casque augmenté de voix synthétiques et archives sonores,
cheveux synthétiques tressés (pièce unique)
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A travers un dispositif
de présentation muséal
perverti, et prenant source
d’une anecdote historique,
“Turtle Camo” met en
exergue les processus de
recyclage et de déformation
de formes toujours plus
insistants et omniprésents
dans l’abondance d’images
qui nous entourent.
Insistant ainsi sur l’idée
que guerres et conflits
n’échappent en aucun
point à cette logique de
communication abusive
et une tendance à faire de
tout et n’importe quoi
un objet de marché et de
consommation.
Guillaume Baronnet
Belgique Belgium
Turtle camo, 2014
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Technique mixte
Mixed media sculpture
J’ai voulu m’approprier ce casque
de manière poétique et de sorte
à le transformer en “mémorial”.
Photographe, je souhaitais travailler
avec l’immatérialité de la lumière
et de l’ombre, et jouer avec
ces éléments afin d’évoquer un
souvenir lointain, flou et difficile
à saisir. Cette image pourrait être
la dernière saisie par un soldat
tombé, une dernière remémoration
ou un élément naturel symbolisant
l’aspiration à la quiétude et à la
paix.
// I wanted to capture this helmet
for myself, in a poetic manner so
to turn it into memorial”. As a
photographer, I wanted to work
with the immateriality of light and
shade, and play with these elements
to evoke a distant, vague and
elusive memory. This image might
be the last to be seen by a fallen
soldier, a final recall or a natural
element symbolizing the desire for
tranquility and peace. //
Anaïs Boudot
France
Mémorial, 2014
Casque Adrian et système d’éclairage sur socle
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Enfants soldats...
Du jeu à la réalité des choses.
// Children at war,...
from a game to the reality of things. //
Fred Calmets
France
Enfants soldats, 2014
Huile sur casque
Children at war, 2014
Oil on helmet
37
Antoine Caruel utilise des matériaux fragiles, précaires, souvent
de l’ordre du résiduel pour leur
instabilité,
évoquant un danger constant
d’altération voire de destruction.
Son travail en volume est axé
sur la fragilité et la tension avec
des objets si vulnérables qu’ils
semblent prêts à céder.
// Antoine Caruel uses fragile
and precarious materials, often
in a residual way for their
instability, citing his work
on a constant alteration or
destruction danger. His recent
thoughts are moving toward
a working volume focuses on
the fragility and tension with
objects so vulnerable that they
seem willing to give up. //
Antoine Caruel
France
Critical mass, 2014
Casque, lames de scie, papier bulle
Helmet, blades of saw, manilla bubble
38
Pierre-Gilles CHAUSSONNET
France
40
Dans un registre symbolique, le
casque protège la tête qui est le
berceau de l’âme, donc sacré.
Dans mon interprétation, cet
artefact retranscrit la mémoire
des écorchés dont les âmes ont été
torturées. Le collage évoque le jeu
de miroirs brisés, fragments des
horreurs commis par la machine
Khmères rouges et orchestré par
Pol-Pot.
Cette oeuvre, est la représentation
du sanctuaire des vies tourmentées
dans le S21, là où ont été dérobées
l’identité des individus mutilés
pendant le génocide.
// In a symbolic register, the helmet
protects the head which is the cradle
of the soul, so sacred.
In my interpretation, this artifact
transcribed the memory of the
skinned ones, whose souls were
tortured. Bonding refers to the set
of broken mirrors fragments of the
horrors committed by the Khmer
Rouge machine orchestrated by Pol
Pot.
This work is the representation of
the sanctuary of tormented lives in
S21, where were stolen the identity
of individuals maimed during the
genocide. //
Ramya Chuon
Cambodge Cambodia
Déchirure, 2014
Techique mixte sur casque
Tear, 2014
Mixed media on helmet
43
Mon mari Boris, alors étudiant en architecture, a été, en une nuit, envoyé
de l’amphi de sa Faculté vers le front, sans arme, ses baskets aux pieds, pour
défendre Sarajevo, sa ville assiégée. Marquée par cet épisode, je l’ai imaginé
partir en guerre avec ce casque, celui de l’architecte qu’il est devenu, un
casque de chantier. Je l’ai paré, en l’armant d’une cotte de maille, inspirée des
Batailles d’Uccello, pour en faire un soldat immémorial et indestructible.
// My husband Boris, then a student in architecture, was, in one night, sent
from the auditorium of the Faculty to the front, unarmed, his sneakers feet
to defend Sarajevo, the besieged city. Shocked by this episode, I thought of
him going to war with this helmet, the architect’s one, a construction’s site
helmet. I dressed it with chainmail inspired by “Battles of Uccello”, to make
a timeless and indestructible soldier. //
Anne Cindric
France
Casque de (bonne) fortune, 2014
Huile sur polyéthylène
44
À travers la métaphore de la ruine,
Arnaud Cohen traite du monde
consumeriste qui a émergé à l’issue
des deux guerres mondiales et qui
de crise en crise semble aujourd’hui
en bout de course.
Ici le casque devenu un accident
géologique ou une simple cavité
organique, héberge une barbie
baywatch et la base dune colonne
brisée qui s’avère être un debris de
bouteille de Coca-cola.
Cette oeuvre fait écho à
l’installation vidéo “Play it again
Pam - sisyphe est une femme” que
l’artiste a realisé avec le soutien de
la DRAC Poitou-Charentes.
// Through the metaphor of the
ruin, Arnaud Cohen discusses the
consumerist world that emerged
after the two world wars and from
crisis to crisis now seems at an end.
Here the helmet became a
geological accident or a single body
cavity, and hosts a Baywatch Barbie
and the base of a broken column
that is proven to be a debris bottle
of Coca-cola.
This work echoes the video
installation “Play it again Pam Sisyphus is a woman” that the artist
realized with the support of the
DRAC Poitou-Charentes. //
Arnaud Cohen
France
Hellmet Pam, 2014
Technique mixte dans casque
Mixed media in helmet
47
Le Cyklop
France
Rebirth´s eye, 2014
Technique mixte dans casque
Mixed media in helmet
L’explosion dessine des cils noirs et laisse apparaître l’œil du cyclope comme
s’il avait échappé au supplice que lui infligea Ulysse. Cette “éclosion”
symbolise la renaissance malgré les blessures et la mort.
// The explosion draws black eyelashes and reveals the eye of the Cyclops as
if he had escaped the torture inflicted on him by Odysseus. This “outbreak”
symbolizes rebirth despite injuries and death. //
48
.
“Un milliers de Sauvages
S’apprêtent à combattre.
Ils ont des armes,
Ils ont leur coeur, grand coeur,
Et s’alignent avec lenteur
Devant un millier d’arbres verts
Qui, sans en avoir l’air,
tiennent encore à leur feuillage.”
Paul Eluard, Perspective,
dans “Capitale de la douleur”.
// “A thousand wild men
Prepare to fight.
They have weapons,
They have their heart, big heart,
And slowly align
In front of a thousand green trees
Which, without seeming to,
still holding their foliage. “
Paul Eluard, Perspective,
in “Capital of Pain”. //
Nicolas Daquin
France
Dans les bois éternels, 2014
Huile
50
Nicolas Delprat
Belgique Belgium
Sans titre,2014
Huile sur toile
Without title, 2014
Oil on canvas
J'ai utilisé le casque allemand comme pochoir, le contour de celui-ci
renvoyant au crâne humain. J'ai travaillé sur une toile de jute brute.
// I used the German helmet as a stencil, the outline of it returning to the
human skull. I worked on a canvas of raw jute. //
53
"Il y a un siècle, une certaine
mécanique du monde s' est
enrayée. Le casque, élément
clé de la protection du soldat,
est devenu obsolète face aux
avancées du "génie" humain.
En temps de paix, sa mise au
placard -éphémère- n'a pas fait
disparaître la nature conflictuelle
de l'Homme, qui se manifeste
alors sur d'autres terrains.
Ainsi, à l'issue de la guerre,
l'humanité reste avec ses
interrogations et ses stigmates."
Emilie Devillé
France
54
Au sommet de ce casque vert, comme une colline, pousse un généreux bouquet de coquelicots ; fleur du souvenir immortalisée par le poème du lieutenant-colonel canadien John McCrae.
Son rouge éclatant qui, après la fin du conflit, envahît les champs de bataille des Flandres et de la Somme, c’est le sang versé ; celui des jeunes soldats. Celui du Dormeur du Val d’Arthur Rimbaud, qui étendu dans un lit de verdure qu’offre une nature idyllique et bienveillante, a «deux trous rouges au côté droit».
// At the top of a green helmet that looks like a hill, grows a generous
bouquet of poppies ; Flower of remembrance immortalized by the poem of
the Canadian Lieutenant Colonel John McCrae. Its bright red, which after
the end of the conflict, invades the battlefields of Flanders and the Sommes
region, it’s the bloodshed of the young soldiers. The character in “Le
dormeur du Val” by Arthur Rimbaud who lying in a bed of greens that offers
an idyllic and benevolent nature, has “two red holes in his right side”. //
Carole Douay
France
Poppy, 2014
Technique mixte et fleurs
Mixed media and flowers
56
Le visage juvénile d’un enfant où rien n’est encore advenu de toutes les souffrances humaines et
dans lequel on peut se prendre à rêver et imaginer
l’avenir. Le visage de l’innocence et de
l’espérance. Ce portrait peint associé à un casque
d’armée dans lequel il est emboîté et ligaturé offre
un contraste saisissant et dur qui laisse libre court
à l’interprétation du spectateur sur l’image même
qu’on peut se faire de la guerre.
// The youthful face of a child is a place where nothing had happened yet, not even human’s suffering in
which you can be taken to a dream and imagine the
future. This is the face of innocence and hope. This
painted portrait associated with an army helmet in
which it is engaged and ligated offers a striking contrast and lasts, it gives free rein to the interpretation
of the viewer on the image he can have about war. //
Sylvain Dubrunfaut
France
Hippolyte, 2014
Casque, huile, papier, bois
Helmet, oil, paper, wood
58
Pierre Dupont
France
La guerre est parfois longue pour ne pas penser à rêver, à l'été 1914, à la desertion. Quitter les tranchées juste un instant ou pour toujours pour le souvenir
d'un paysage retrouvé, insouciant comme l'enfance.
// War is sometimes long for
not thinking of dreaming, of the
summer of 1914, the desertion.
Leaving the trenches just a moment or forever, for the memory
of a found landscape, being reckless as a child. //
Ailleurs, 2014
Acrylique sur casque
Somewhere else, 2014
Acrylic on helmet
61
La survie et la lutte occupent une place centrale dans ma pratique artistique
à travers desquelles j’aborde le phénomène du changement dans la vie
humaine. La guerre permanente que l’homme doit mener pour s’adapter
à ce phénomène prend donc toute son importance dans mon travail et s’y
présente sous ses aspects les plus divers. (…) La violence apparaît comme un
élément marquant de son sceau la vie humaine jusqu’à l’échelle d’un jouet
pour enfant.
// The survival and struggle play a central role in my artistic practice through
which I approach the phenomenon of change in human life. The perpetual
war that man has to endure in order to adapt to this phenomenon therefore
becomes important in my work and is displayed in its various aspects. (...)
Violence appears as a highlight of his life, at the scale of a children’s toy. //
Abdelghafour Essafi
Maroc Marocco
< Trois soldats supportant un globe, 2013
Argile, soldats en plastique peints
Clay, plastic soldiers
> Mamelles, 2013
Argile, pièces en aluminium et soldats peints
Clay, aluminium, plastic soldiers
62
Résister ! » voilà ce qu’il me vint
à l’esprit, résister puis me perdre
parmi les lueurs crépusculaires des
paysages ensevelis où les étoiles,
comme chavirées sur le bord d’une
autre galaxie, traçaient à jamais les
chemins de mon destin.
// To resist…This is what came to
mind, resist and lose myself among
the crepuscular rays of buried
landscapes where stars seemed to be
overturned on the edge of another
galaxy, forever traced the paths of
my destiny. //
Vanessa Fanuele
France
Stellar Regions, 2014
Technique mixte dans casque
Mixed media in helmet
65
Elodie Ferré
France
To play or not to play
Balles en silicone, terre dans casque
“To play or not to play”, mais la
revanche est dans le sang.
Déjà tout se remet en place.
Et du combat ne reste trace.
Tout aussitôt le jeu reprend.
Esther Granek, Synthèses, 2009
// “To play or not to play,” but the
revenge is in the blood.
Already everything falls into place.
And from the fight, there’s no trace
At once play resumes. //
Esther Granek, Policy Brief, 2009
67
Anne Ferrer
France
France
Bouquet final, 2014
68
Verdun, le 11 décembre 1917
Extrait de la lettre d' Antoine
Fraenkel à sa fiancée Adeline
Wanderling
Ma chère Adeline,
[...] Ce matin, je suis devenu le
Roi... Ne crois pas que je sois
devenu fou... Pas encore !
Nous étions sur le point de
donner l'assaut sur la tranchée
ennemie à un peu plus
d'un kilomètre. J'étais paralysé
par la peur, le froid et la faim,
quand tout à coup tu m'es apparue, oui mon amour, dans ta
belle robe nacrée. Tu as déposé
tous les colliers de ton coffre sur
mon casque.
J'ai plongé mon visage entre tes
seins en caressant tes reins.
Tu m'as souri et je me suis levé
plus fort qu'un lion. [...]
Verdun, 11 December 1917
Excerpt from a letter from
Fraenkel Antoine to his fiancee
Adeline Wanderling
My dear Adeline,
[...] This morning I became the
King ... Do not think that I’m
mad ... yet!
We were about to storm the
enemy trench a little more than a
kilometer away. I was paralyzed
with fear, cold and hunger, when
all suddenly you appeared to me,
yes my love in your beautiful nacreous dress. You filed your entire necklaces safe on my helmet.
I plunged my face between your
breasts, caressing your kidneys.
You smiled at me and I got up
stronger than a lion. [...]
Pierre Fraenkel
France
70
Ilya Gabonov
Russie
Russia
First snow
the name “first snow”. Many
military operations for
resources, have quite poetic
names. also in Russia there
is a saying “like a bolt from
the blue”, that is, unexpectedly, although the war for
oil is quite predictable.
Le nom « première neige »
est assez poétique, tout
comme le sont généralement
ceux des opérations militaires pour les ressources
naturelles ou énergétiques.
Un dicton russe nous parle
même d’un « coup de tonnerre », quand bien même
la guerre pour le pétrole soit
prévisible.
1914 Raymond Grancher quittant
sa tranchée pour se lancer
dans le combat perdit sa jambe
droite sous l’impact d un obus
allemand... Il resta 3 jours et 3
nuits dans son trou d obus...
2014
Valéry Grancher son petit fils
écrit sur ce casque...
// 1914: Raymond Grancher
leaving his trench to engage in
battle lost his right leg under
the impact of a German shell ...
He stayed three days and three
nights in the shell’s hole...
2014 Valery Grancher, his little
son, wrote about this helmet... //
Valéry Grancher
France
1914 - 2014, 2014
75
Peinture sur casque
Painting on helmet
Si comme l'a dit Céline « La
guerre est une fête », elle manque
totalement d'humour.
Si les militaires replaçaient la
pointe de leur casque par un plug
anal et l'aigle menaçant sur le
devant par un canard rigolo, ça
pourrait commencer à être drôle.
// If as Céline stated “War is a
party,” there is no humor in and
about it.
If military would change the
spear of their helmets by an anal
plug and threatening the eagle on
the front with a funny duck, it
could start to be funny. //
David Gouny
France
Casque à pointe contaminé par un Fat Virus
Vynile, polyester
World war contamined by a Fat Virus
Vynil, polyester
76
“À ciel ouvert” est un visage
miroir posé sur le tombeau de
nos champs scrutant l’infini qui
nous plonge dans l’abîme.
// “Open Air” is a mirror face
placed on the tomb of our
fields peering infinity which
plunges us into the abyss. //
Rohan Graëffly
Belgique Belgium
À ciel ouvert, 2014
Casque, peinture, mirroir
Open air, 2014
Helmet, painting, mirror
"No comment" est le titre de
cette métaphore qui se passe de
commentaire. Elle exhibe une
tragédie, au sens propre comme au
figuré, comme une dénonciation
silencieuse d’une situation criarde et
met en évidence cet éternel va-etvient qu'entretient l'homme entre
paix et guerre ; une manière de tirer
la sonnette d’alarme et focaliser
l’attention de tout à chacun sur une
situation aggravée par le silence et la
complicité de tous.
Il n’est nullement nécessaire de
s’attarder à vouloir commenter
ce fait ou animer une quelconque
polémique quand la compréhension
du message est à la portée de tous.
Alors, no comment… !
// “No comment” is the title of this
metaphor that speaks for itself. It
shows off a tragedy, literally and
figuratively, as a silent denunciation of a screaming situation and
highlights the eternal back and forth
that man maintains between peace
and war; a way to pull the alarm and
focus the attention of all to everyone
on a situation compounded by the
silence and complicity of all. There
is no need to dwell on that fact or
comment will animate any controversy when the understanding of
the message is to everyone. So ... no
comment ! //
Abdelatif Habib
Maroc Marocco
No comment, 2014
Technique mixte
Mixed media
Dans la violence des combats, le
casque est souvent bien dérisoire. Le
verre est là pour le rappeler, mais pas
seulement, sa matière fragile appelle
à la précisoité de la vie.
In heavy fighting, the helmet is often
derisory. The glass is there to remind
us, but not limited to its fragile material called the preciosity life.
Sophie Hasslauer
France
Headhache, 2014
Casque en verre
83
Caroline Hofman
France
Devenir Ciel, 2014
“Au coeur de la terre, tous les hommes deviendront Ciel”
. Poème court brodé sur Toile de capote bleue. Casque
avec pensées.
Becoming Heaven, 2014
Au sol, receuillement. Le Coeur de la Terre, pour cette guerre de
tranchée. Le coeur de la Terre, c’est aussi l’Europe, la France d’hier,
d’aujourd’hui et de demain...Les triades jaunes, les étoiles opposées,
les noires, l’ombre de ce qui suivra. Une invitation à méditer sur
ce que fut, et ce qui sera, si on ne veille pas, si on ne cultive pas ses
pensées...Le terme “devenir Ciel” vient du Chamanisme et signifie
mourir, rejoindre le Grand Esprit, le Ciel.
// On the ground, contemplation. The Heart of the Earth, for this
trench warfare. The core of the Earth is also Europe, France
Yesterday, today and tomorrow... Yellow triads, stars opposed, blacks,
shadow of what will come next. An invitation to meditate on what
was and what will be, if we don’t watch out, if we do not cultivate
our thoughts... The term “becoming Heaven” comes from Shamanism and means :”to die”, join the Great Spirit, Heaven. //
85
Le travail d’Æmor Houidé emprunte diverses voies qui mènent
à une réflexion sur un postcolonialisme à l’état de cicatrice
silicifiée. Une quête erratique
de racines, d’ailes et de bulbes
asséchant de ses contraintes un
corps affable au profil discret.
Si l’artiste ne se revendique pas
féministe acharnée, elle ne cessera
d’interroger la condition et le
statut du “genre” féminin. Cette
question se voile d’une trame
empreinte d’exil, d’esclavagisme
et de révolution. Pour cette exposition, Æmor Houidé propose
une structure de casque-bateau,
à l'état de construction et de
décomposition à l'image des
carcasses stagnantes que l'on peut
contempler sur certaines plages
malgaches.
Aemor Houidé
Madagascar
86
“Prenez votre courage à deux
mains chers parents, et expliquez
à vos enfants, avec leurs codes,
la guerre, ce péché originel
incarné. Ce support revisité en «
Paradis terrestre » est dépourvu
de présence humaine…Faut s’y
faire, c’est une espèce en voie
de disparition pour cause de
cynisme”.
Anne Jacmaire
France
Le Paradis terrestre de Brueghel revisité
“700 fusillés pour l’exemple en
France – la plupart du temps des
innocents – marquée par le film
“les sentiers de la gloire” de Stanley
Kubrick - Que faire d’un casque
militaire ? Aussitôt s’est imposée,
la bande velpo – recoudre cette histoire des fusillés pour l’exemple – en
prenant quelques extraits de lettres
de deux d’entre-eux , des photos de
guerre, des cotons brûlés et cousus.
Quels soins étaient portés à tous ces
hommes qui se sont battus ?”
Sylvie Kaptur Gintz
Pologne Poland
700 blessures
90
Nothing is as senseless as war !
War brings nothing but loss and
suffering among the civilian
population and large-scale
destruction to communities as well
destroying nature landscapes.
For me, Living is Loving means
overcoming hostility by the
renunciation of
revenge and violence.
Bodo Korsig
Allemagne Germany
lIVING IS LOVING
Andreas Klöpsch
Allemagne Germany
“# a good reason” is a place holder for all the various reasons in form of the magnet pins, which can be placed on/
instead of “# a good reason”.
I tried to visualize mechanism of war.
94
Marqué par le conflit en Ex-Yougoslavie, Kosta nous décrit un
« mal » global qui ronge note
histoire depuis toujours. Mixant des images d’actualité et des
portraits de ses proches, il nous
fait comprendre que les belligérants changent mais le système
est le même et se répète inlassablement. Comme dans un jeu
de chaise musical, l’horreur est
passée dans son pays, y a pris ses
aises avant de migrer autre part.
Kosta Kulundzic
Serbie
Serbia
Krvave Suze Les larmes de sang
97
Through deconstruction and
obstruction am trying to reveal
the hidden elements and concealed meanings of an image.
Therefore I combined the helmet
as an “object trouvé with a photograph. The ambiguity through
the fusion of the object and the
image invites the viewer to look
behind its surface deep into the
infinity to discover the invisible,
the memories and the pain of the
past.
Thomas W. Kuppler
Royaume-Uni United Kingdom
La fenêtre, 2014
Techniques mixtes
The window, 2014
Mixed media
“Il donne quelque chose en
pâture à l'œil, mais il invite celui
auquel le tableau [object] est
présenté, à déposer, là, son
regard, comme on dépose les
armes…..” (Lacan)
98
Il s’agit d’une la représentation
d’un casque de l’armée anglaise
en grès légèrement enfumé. Dessus du métal fondu équivalent
au poids d’une balle. L’aspect est
lourd pourtant le matériaux fragile. La balle a été dématérialisée
devenant ainsi un motif évoquant
une flèche.
Rachel Labastie
Belgique Belgium
Shot & clay, 2014
Céramique et balle fondue
101
Jean Lain
France
Born to be alive, 2014
Mirroir sur casque
Mirror on helmet
Je ne trouve jamais un endroit
pour me poser et m’installer.
Je n’ai jamais voulu toutes ces
choses dont les gens ont besoin
pour justifier leur vie.
Le temps jouait de mon côté.
C’est bon d’être vivant.
A Patrick
103
Les Saints Jean bouche d'or
qui prêchent le martyre Le plus souvent, d'ailleurs,
s'attardent ici bas. Mourir pour des idées, c'est le
cas de le dire C'est leur raison de vivre, ils ne s'en
privent pas. Dans presque tous les camps, on en voit
qui supplantent Bientôt Mathusalem dans la longévité
J'en conclus qu'ils doivent se dire, en aparté:
Mourons pour des idées, d'accord, Mais de mort lente,
d'accord Mais de mort lente.
Georges BRASSENS
Tony Lannoy
France
Salve dernière
Technique mixte
Mixed media
104
Un casque américain WW2
devient la piste de lancement
d'un avion de guerre
contemporain sous la protection
du prix nobel de la paix Obama
matérialisé par un badge de la
campagne présidentiel 2008 à
l'aspect étonnement vintage. Un
condensé méta-guérrier !
Léa Le Bricomte
France
Yes we can
107
“Casque d’or” est le titre d’un film
français de Jacques Becker (1952)
dans lequel Simone Signoret incarne
le rôle d une prostituée a la belle
époque. Cette période de prospérité
en France entre 1896 et 1914 que
clôt le début de la première guerre
mondiale.
Casque d’or de Pascal Lièvre évoque
ce moment de calme et de joie avant
la tempête.
Pascal Lièvre
France
Casque d’or, 2014
Casque et paillettes
108
MaDmonde - le regard des Sacrifiés- se veut une œuvre qui va
à l'essentiel, l'idée imagée de la
guerre mondiale.Pas de recherche
d'esthétisme, car rien n'est beau
dans la guerre.
Ainsi coiffé de son
"heaume",l'homme nous transperce de son regard noir et froid
teinté de peur et de souffrance.
Il a perdu son âme au fond de la
tranchée...Le monde est devenu
fou..lors du prochain assaut il
devra encore tuer ou périr.
Yann Luszpak
Hélène Monteilhet
France
MaDmonde -le regard des Sacrifiés, 2014
Technique mixte
111
“Comme une parenthèse
macabre sur notre planète, le
“no man’s land” n’appartient
à personne, le traverser c’est y
mourir à coup sûr.
C’est un lieu surréaliste
qui semble irréel, c’est
l’antichambre de l’enfer.”
Marcin
France
No man’s land, 2014
Acrylique sur casque
Acrylic on helmet
112
"J'ai choisi de recouvrir le casque
d'un motif de dentelles blanches
sur fond noir. Ce qui lui donne
un aspect précieux, habillé et délicat.Tout l'opposé d'un casque de
guerre. Le décalage immédiat me
permet de mettre en évidence la
fonction première de ce casque et
renforce l'image absurde de deux
mondes qui s'affrontent."
Charlotte Marchand
Belgique Belgium
115
Gérard Meurant
Belgique Belgium
Wars of digitals solutions. 2014.
Carte postale
Nous sommes déjà tous dans la
numérisation des données qui
nous entourent. Ce recours à la
technologie est non seulement
l’avenir de la guerre mais aussi un
outil prépondérant à l’art. Bien
que celui-ci ne soit pas un médium
en soi, il permet de construire des
images qui densifient l’imaginaire
tout en synthétisant notre vision du
réel. C’est le retour de l’expression
d’un nouveau réalisme. La tâche
noire au centre de l’image n’est
rien d’autre qu’un trou de balle
allemand dans un casque belge.
La transformation visuelle de cet
impact renvoie à l’imagerie d’un
scanner thermique. Sans doute,
celui d’un cerveau humain encore
chaud et qui se refroidit. Ce spectre
coloré est l’image démystifiée d’un
traitement en profondeur d’une
chose par une autre. Nous sommes
la balle qui pénètre doucement dans
le calque virtuel de la réalité. Il
s’agit ici de transpercer une masse,
celle du flux d’images d’un monde
perpétuellement en guerre.
116
“Au-delà de la guerre, l’œuvre
de l’artiste MOISE B est un
regard tendre et affectueux
sur la jeunesse de deux générations différentes et pourtant si
proches.”
Bernard Moïse
France
Éternelle jeunesse, 2014
Acier rouillé, tissu
118
La boue fige ici la présence d'un
homme qui aurait pu porter
le casque qu'elle recouvre. Matériau informe par essence, son
aspect change selon la température et l'hydrométrie, se fissurant,
elle laisse apparaitre ce qu'elle
contient et semble ne pas pérenniser
la sculpture. Volonté de ne pas
être définitif sur des évènements
terribles
que je n'ai pas connu. La boue
colle, alourdit et étouffe. Une
plaie pour
le combattant de 14-18, parmi
tant d'autres.
Eric Monbel
France
La plaie, 2014
Argile sur casque
Clay on helmet
120
Freddy Pannecocke
France
Soldat de plomb, 2014
Casque en balles fondues
Un casque reconstitué dans le plomb
des balles comme un objet qui porte
tous les stigmates de la Grande guerre,
retrouvé enfoui sous la terre comme
une trace archéologique de la violence
des hommes.
Le trait de cet univers est particulièrement intéressant. C’est un
tracé “cablé”, c’est à dire un graphe qui, n’exprimant pas les états
d’âme de son auteur, témoigne exclusivement de directions, réseaux,
vitesses, arabesques. Ce type de dessin vient de la bande dessinée,
mais on la trouve de ci de là en art moderne, par exemple chez Klee,
Miro, Leger, dans l’hourloupe de Dubuffet, et tout près de nous
chez Keith Haring. Dans le cas présent, les lignes cablées procèdent
de deux principaux schèmes. Il y a principalement la trompe et les
tentacules. On y ressent la capture périlleuse des céphalopodes et la
caresse enfantine de Babar. Mais la pulsion qui domine est franchement schizoïde, dans la mesure où l’entrelacs couvre la surface
entière simultanéïsant toutes les figures et chaque intensité. Cela
donne une espèce de réel plus dense que la réalité. Pas du tout un
imaginaire ! Ce dessinateur donne à voir de telle façon que, frontalement, le spectateur n’a aucune chance de s’échapper.
(extrait de Pierre Sterckx / postface de “ volcano versicolore “ éditions “ la cinquième couche “, 2012.)
Sylvain Paris
France
Rose declic ctapulte catatacc pull ta pulpe rrrrossss, 2014
Acrylique sur casque
Acrylic on helmet
124
Je m’appelle Louis.
Je vis au 17, rue de l’épée à Paris.
Je suis né en 1881.
J’ai le temps.
Je vis peu mais je meurs
longtemps.
1914 RAS.
Julie Périn
France
Je m’appelle Louis 2014
Casque, plumes et tissus écrits
127
Du temps des corps liés
révolutions continues constantes
que dire sinon écrire, écouter.
Maïté Pouleur
France
“between us”, 2014.
casque andrian, micro contact, casque, matériaux divers.
128
Jeffrey Allen Price
Etats-Unis USA
Shellmet(Shell-Shocked and Cracking Up), 2014
Coquille d’oeuf sur casque
130
“Shellmet” is a delicate work of art consisting of broken eggshells over a
thin plaster/gauze form. The fragile materials used to create this sculpture
undermine the associations of protection usually attributed to Kevlar combat helmets. The frail interior membrane consisting of plaster and gauze
mimics a medical bandage/cast, indicating a head injury. The concept of
psychological trauma brought on by war is explicitly implied by the sardonic puns found in the subtitle of the work, “Shell-Shocked and Cracking Up”.
There are further meanings that might be derived from a broken eggshell
helmet by considering the egg as a symbol of transformation and (re-birth).
Oftentimes during warfare soldiers are also radically transformed--from
boys to men, from civilized to barbaric, and from alive to dead.
Chaque conflit a connu des
temps de fraternisation. Un
moment suspendu ou les différences, les mobiles belliqueux
prenaient brièvement une courte
distance. La présence humaine
seule suffisait à un rapprochement. Quand les combats reprenaient, ils devaient, pour certains
avoir perdus un peu plus de leur
signification pour peu qu'ils en
possédaient auparavant.
L'intervention ici évoque un
détournement qu'un soldat aurait
pu concevoir au fond de sa tranchée. Un appel au répit, à la rencontre. Les matériaux employés
sont disposés à la manière d'un
frichti ludique. Les personnages,
rudimentaires, façonnés avec de
la cire suggèrent à la fois un face
à face sans issue, la disparition
proche du soldat et la vanité du
conflit. Match nul.
Jérôme Progin
France
Null & void, 2014
Technique mixte
Mixed media
132
La première guerre mondial a transformé le corps en
machine; machine à marcher,
machine à endurer, machine à détruire. Nous avons été
tenté ici de construire une
allégorie (forcement dérisoire) de ce corps en miette.
La sensualité des membres
de pierre se juxtapose à l’imprimé en série de gouttes
d’eau sur un tapis de bain,
l’harmonie et l’équilibre se réduisent à des blocks
absurdement défaits. Le casque
repose, là, comme un trophée. Il est en même temps
une coupe à jamais vide, le
bidet tant attendu. La blancheur du volume esthétise
-parodiquement- ce qui
devrait rester à jamais innommable.
Les décombres du soldat, le repos de faïence.
Nans Quetel
Allemagne Germany
Un casque, une prothèse plâtrée, des membres de faïence éparses.
Un tapis de salle de bain, 2014
135
Vadim Sérandon
Joséphine Carabello
France
Casque de poilu, 2014
Poils naturels sur casque
Le casque représente à la fois
l’objet mémoriel par excellence et la marque des blessures
physiques et mentales des soldats. J’ai établi un parallèle avec
un autre objet de blessures : le
plâtre que l’on fait tagger par
ses proches. J’ai demandé à des
collégiens ce qu’ils aimeraient
écrire sur un « casque plâtré »,
qui appartiendrait à un soldat
connu d’eux, pour le soutenir, le
remercier ou tout simplement
communiquer ?
Scimo
France
Mémoires 2 blessures, 2014
Bandes plâtrées et marqueurs
Et si personne n’y était allé........
Et si chacun avait choisit de
préférer aller jouer ailleurs, sans
doute une vision utopiste.
J’aime à penser que cela est possible et qu’il est de notre responsabilité de choisir une autre voie.
Faites l’amour pas la guerre.....
Sûrement les traces d’une éducation post 68, j’espère encore
trouver sous les pavés la plage,
croire en la liberté et au pouvoir
de chacun d’assurer la paix.
Eve Servent
France
Rendez vous au tas de sable, 2014
Sculpture en sable de Omaha beach
141
Mai Tabakian
France
Retour à la vie civile, 2014
Quelle vie après la guerre ? Qu’il ait la gueule cassée ou des cauchemars plein
la tête, l’ancien soldat retourne, s’il le peut encore, à son ancien métier, et
cherche à reprendre le cours de son existence. Ce casque c’est le souvenir du
guerrier derrière le simple civil, une évocation de toutes les souffrances que le
vétéran doit surmonter pour revenir à la vie.
142
“À l’image du monde qui tourne
selon les aléas, les hommes créent
des armes pour en conserver la
paix. Le bleu de ce casque en est
témoin. Aussi loin que l’on remonte
dans l’histoire, les artistes et pas les
moindres ont toujours fait écho aux
conflits, la période classique à été
d’ailleurs friande de cela comme
ici le massacre des innocents d’un
maître, Nicolas Poussin. L’ambiguïté
entre l’objet et sa couleur et entre
l’atrocité de l’action peinte par
Poussin et la beauté qui s’en dégage
ne pouvait me laisser de marbre et
m’obligeait à me positionner sur ce
microcosme de défense qu’est cette
protection individuelle...”
Rémi Tamain
France
Casque Bleu poussin, 2014
Acrylique sur casque
Acrylic on helmet
144
La Bataille de La Lys, le 9
avril 1918 a été la plus grande
catastrophe militaire portugaise
depuis la bataille d’AlcácerQuibir, en 1578. Une puissante
armée allemande est avancée sur
les troupes déjà très démotivées
et en seulement quatre heures
de bataille, le CEP (Corps
Expéditionnaire Portugais) a
perdu environ 7 500 hommes
parmi lesquels des morts, des
blessés, des disparus et des
prisonniers.Après presque 100
ans, quel est le souvenir de
ce jour tragique ?Ce casque
est composé de fragments de
la recherche que j'ai faite sur
cette bataille. Ce n'est pas un
casque qui puisse déjà protéger
quelqu'un, car il est fragile
comme la mémoire.
Ana Tecedeiro
Portugal
Casque la Lys, 2014
Papiers agrafés
Avec une économie de moyens et l’élaboration de
processus visuels apparemment simples, Nicolas
Tourte parvient immédiatement à nous faire
entrer dans son univers où nos repères et codes
sont subtilement modifiés. Un monde parallèle
et décalé où chaque détail compte. Dans POW,
cette proposition sculpturale, d’onomatopée
acronymique (prisonnier of war), il est question
d’attente. Attendre que la propagation d’une
onde de choc absorbée et stratifiée à la surface
d’un sorbet plasmatique se termine. Attendre le
retour d’une mer d’huile. Attendre la chute d’une
goutte, d’un obus, attendre l’explosion d’un corps
céleste.
Nicolas Tourte
France
Pow, 2014
Technqiue mixte
Mixed media
149
John Trashkowski
Suisse Swiss
150
.Ce casque comme un oxymore,
comme une figure d’opposition,
offre un réquisitoire indirect
contre la guerre : une nature
enchantée, éclairée de jeux de
lumière est contredite par un
rouge sanglant. Quiétude ou
inquiétude ? Le regardeur peut
s’égarer.
Amélie Vidgrain
France
… accrochant follement aux herbes rouges des haillons d’argent, 2014
Morsure à l’acide, encrage taille-douce
“Héroine” est issue d'une
série débutée en 2010 sur les
actes héroïques. Le casque est
recouvert d'un filet de cheveux
perdus quotidiennement par
l'artiste., interrogeant ainsi la
protection entre le matériel
et l'homme, le contraste entre
la fragilité capillaire et la
robustesse. Dans les mythologies,
le cheveu confère des pouvoirs
divins et protecteurs : un super
pouvoir pour un super héros.
Leï Yang
Chine China
Héroïne - filet
Cheveux filés et tricotés sur casque lourd
Depuis toujours, de l’antiquité grecque à
l’imagerie biblique, en passant par le classicisme,
l’art a usé des bestiaires symboliques. Dans cette
lignée, l’oiseau est utilisé comme un symbole
d’amour et de paix.
Santiago Ydañez
Espagne Spanish
Sans titre, 2014
Huile sur casque
Without title, 2014
Oil on helmet
157
Commissaires d’exposition // Curators //
Freddy Pannecocke & Valéry Poulet
Affiche originale // Original poster //
Nicolas Quillot
Mise en page du catalogue // Layout //
Freddy Pannecocke
Traduction // Translation //
Olivier Lopacki
Remerciements // Thanks to //
Conseil régional Nord-Pas-de-Calais, Direction des Affaires
Culturelles Nord-Pas-de-Calais, Conseil général du Pas-de-Calais,
Château d’Hardelot, Ville de Hornaing, Ville de Rieulay
et à // and to //
Nicolas Tourte, Mai Tabakian, Tony Lannoy, Amélie Vidgrain,
Frédéric Croizier de la Galerie Radial Art Contemporain (Strasbourg),
Myriam Hequet, Dominique Bachelet, Jean-François Coquerelle,
Frédéric Schwalek, Victor & Noé
Crédits Photos :
(c) Textes auteurs et artistes respectifs
(c) Smac sauf p.4,5,6,7,158,159,160,161 Wikimedia Commons,
Reproduction interdite // Reproduction prohibited // (c) Smac
Dépôt légal : juillet 2014 // Legal Deposit: July 2014 //
Smac éditions
www..smacasso.wix.com/smacsite
ISBN n° 978-2-9542622-3-9

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