En réponse à la guerre... In response to the war
Transcription
En réponse à la guerre... In response to the war
Le Smac, Service mobile d’animations culturelles, presente : The Smac , Mobile service for cultural activities, presents : En réponse à la guerre... In response to the war... Une exposition itinérante de 2014 à 2018 A traveling exhibition from 2014 to 2018 Remerciements Conseil régional Nord-Pas-de-Calais, DRAC Nord-Pas-de-Calais, seil général du Pas-de-Calais, Ville de Hornaing, Ville de Rieulay, Galerie Radial (Strasbourg), // In the cycle of commemorations of the centenary of the First World War, asking the artist about the war is to grant him a place in the historical fact. Since the French Revolution, when the artist is detached from its sponsors, he is committed to freedom, justice, and social equality, ecology, against famine, consumption, disease, violence and war. Realism, expressionism, Dadaism, surrealism ... the major artistic currents are almost all based in a reaction against their time. WW1 was a “total war” whose traces are still many in our territories as well as in our minds. Violence, cruelty, horror, separation: we still have stories and images, all rooted in a common history. The artist does not have the burden of explaining the feeling of the time, as it is the task of the historian, but he has the role of interpreting the painting, volume, installation, sound, light or other medias to create new images and emotions. La guerre 14-18 était une « guerre totale » dont les traces sont encore nombreuses aussi bien dans nos territoires que dans nos esprits. Violence, barbarie, horreur, séparation : il nous reste des témoignages et des images, ancrés tous dans une histoire commune. L’artiste n’a pas la charge de les expliquer avec le ressenti de l’époque, c’est la mission de l’historien, mais il a le rôle de les interpréter par la peinture, le volume, l’installation, le son, la lumière ou d’autres médias pour créer de nouvelles images, des émotions. 70 artists responded to our invitation. 70 responses to the war in helmets listed as symbols of armed conflict. The war became worldwide 100 years ago; the exhibition had to be international : 16 nationalities are well represented. Soixante-dix artistes ont répondu à notre invitation. soixantedix réponses à la guerre inscrites dans des casques, comme symboles des conflits armés. La guerre est devenue mondiale il y a 100 ans, l’exposition se devait d’être internationale : seize nationalités sont ainsi représentées. I want to thank them knowing that for many; creations have joined the duty of memory, reviving experienced pain or difficult memories of the past. I also thank all those who contributed to the success of this exhibition : Freddy Pannecocke and Valery Poulet (curators), all funders and operational partners, and those of course who have already welcomed the art works, and in advance those who will. // Dans le cycle des commémorations du centenaire de la Première guerre mondiale, interroger l’artiste sur la guerre, c’est lui accorder une place dans le fait historique. Depuis la Révolution française, quand l’artiste s’est détaché de ses commanditaires, il s’est engagé pour la liberté, la justice, l’égalité sociale, l’écologie, contre la famine, la consommation, la maladie, la violence et la guerre. Réalisme, expressionisme, dadaïsme, surréalisme... les courants artistiques majeurs se sont quasiment tous fondés dans une réaction contre leur époque. Isabelle Ruchot , chairman of the Smac Je tiens à les remercier vivement sachant que pour beaucoup les créations se sont associées au devoir de mémoire, ravivant des douleurs vécues ou le souvenir difficile du passé. Je remercie également tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette exposition dont les commissaires Freddy Pannecocke et Valéry Poulet, l’ensemble des partenaires fiannaciers et opérationnels, et ceux bien entendu qui acceuillent les œuvres et par avance, ceux qui les acceuilleront. Isabelle Ruchot, Présidente du Smac 8 9 “Pourquoi ?” : toujours le premier mot qui jaillit au regard de ces images. Nous avons la chance de faire partie de ces générations qui n’ont pas connu l’appel aux armes, de n’être ni victime ni bourreau de la guerre. En France, on a tous un parent militaire en Algérie ou en Indochine. Dans le reste du monde, on a tous un grand-père ou arrière grand-père impliqués dans l’une des deux guerres mondiales, si ce n’est les deux, ou un proche encore engagé dans un conflit. Ce qui reste de « ceux qui restent », ce sont des témoignages et des images, toujours aussi difficiles à écouter ou à regarder, même après des années. Surtout la même « iconographie » depuis cent ans. En effet, la première guerre mondiale a posé des bases et des méthodes nouvelles qui viendront inéluctablement se perpétuer dans les conflits qui lui succéderont. Montée du nationalisme, prémices du fascisme, obstination politique des dirigeants, ententes et isolements diplomatiques, terreur des bombardements qui menacent désormais les populations civiles, utilisation de gaz mortels, nouvelles techniques d’attaques motorisées, aériennes, sous-marines, propagande au front comme à l’arrière, censure des informations, séparation des familles, déplacements des populations, relogement de fortune, implication des femmes et des enfants, début des soins psychiatriques causés par les traumatismes et bien entendu barbarie des combats ... C’est dans ce sens que la guerre 14-18 présente à la fois une singularité pour son époque, notamment dans l’apport de ces innovations tragiques. Ses causes, ses moyens et ses effets se généraliseront. 10 Les réponses sont multiples mais peuvent souvent s’orienter dans deux axes. Le premier consiste à désigner l’être humain, de par son essence, comme le seul être vivant capable de (se) faire la guerre. Retenons seulement les discours de Freud de 1915, contemporains de la première guerre mondiale, qui marquent le début de la psychanalyse. Pour lui, l’homme est conduit par des pulsions d’agressivité capables de nuire à l’autre comme à lui-même, la violence est ainsi une “fatalité” à laquelle il faut s’habituer. Elle est propre à l’homme, personne n’a pu montrer qu’il en est ainsi d’une autre espèce animale. Le second renvoie aux conséquences politiques des hommes, entre cafouillages et stratégies : conflit d’intérêt, conquête de ressources naturelles, hégémonie, culpabilisation des pays voisins, menaces terroristes, religion... La liste s’avère toujours plus longue dans l’argumentaire d’une guerre “juste”. “Comment ?” : comment faire du mal une banalité ? Je fus stupéfait de découvrir dernièrement qu’il existait ce que l’on appelle communément le « droit de la guerre » qui fixe notamment les règles du conflit et tend à limiter les actions des belligérants. La lutte armée et le « mal » sont donc réglementés. En 1963, Hannah Arendt fera de la « banalité du mal » un concept philosophique proposé « s’agissant plutôt des cas où le mal est protégé par la loi et fait l’objet de toute une propagande, de toute une idéologie, de tout un système étatique, etc. que des individus servent avec conviction et auxquels ils croient aveuglément ». 11 Et les artistes dans la guerre ? En 1914, comme d’autres millions d’hommes dans les deux camps, beaucoup d’artistes sont mobilisés. Parmi les plus connus Derain, Camoin, Dix, Léger, Beckmann, Kokoshka n’exerceront plus leur art mais deviendront respectivement artilleur, camoufleur, mitrailleur, brancardier au génie, infirmier ou encore dragon. Seuls les citoyens des pays neutres sont exemptés, c’est le cas des peintres Picasso et Gris, tous deux espagnols. Duchamp est réformé à cause de son état de santé. Pareil pour Modigliani qui reviendra vite à la vie civile. Toutefois nombreux artistes étrangers ont la possibilité de s’engager dans les régiments de la Légion étrangère. En France, l’écrivain suisse Blaise Cendrars cosigne un appel aux « étrangers amis de la France » pour les pousser à l’engagement volontaire. Kisling et Kupka iront dans des légions tchèques. De retour quelques mois (plus tôt > à supprimer) avant la déclaration de guerre, Chagall, lui, sera mobilisé à l’arrière front. Tous connaîtront l’horreur des combats. Certains n’en reviendront pas : Macke, Appolinaire, Fournier... D’autres reviendront blessés ou souffrants de lourds traumatismes comme Grosz ou Kirchner. Pour pratiquement tous ces artistes, il est impossible de rendre compte avec fidélité la réalité de la guerre. « Il n’y a pas plus cubiste qu’une guerre qui te divise un bonhomme en plusieurs morceaux et te l’envoie aux quatre points cardinaux” dira Appolinaire en 1917. Ils s’attendaient à retrouver au front la même aisance et la même verve qu’ils avaient à l’atelier. La guerre ne devait pas durer, elle ne devait être qu’une formalité. Mais la guerre a traîné dans sa longueur et a pris des formes nouvelles : les tranchées, les explosions d’obus, les gaz, la guerre de position... Ce seront seulement des années plus tard, dans leurs ateliers, que des toiles émergeront de ces souvenirs, venant sans doute exorciser les souffrances du passé. Des dessins seront retrouvés. On se souvient des séries cauchemardesques d’Otto Dix, sur les horreurs et les gaz (1924) ou des portfolios du visionnaire Grosz. Au front, l’artiste quand il le peut s’exprime dans des croquis rapides, comme le constate la revue L’Elan en 1915 «Ceux qui combattent, nos amis, nous racontent à quel point la guerre les a 12 attachés à leur art ; tout ce qu’ils souhaitent, c’est d’avoir quelques pages afin de l’exprimer. » D’artistes moins connus, on retrouve des dessins réalistes, humoristiques comme ceux de Pierre Dantoine ou des carnets plus complets comme ceux de Lemordant ou de Renefer dont les aquarelles étaient destinées à sa fille pour témoigner de la « génération sacrifiée ». La guerre ouvre de nouvelles pistes picturales. Les techniques militaires et la photographie aérienne proposent une nouvelle vision du paysage, à plat, sans ligne d’horizon, qui inspireront certains artistes comme l’anglais Richard Carline (“Impression de Lens – Le front anglo-germanique”). Dans Verdun, ce sont les nuées de gaz qui viennent composer un tableau proche du cubisme, par Valotton. En 1917, Piet Mondrian crée le néo-plasticisme à Leyde. Il pose les bases d’un nouvel art abstrait, dans l’austérité des lignes horizontales et verticales, la couleur est employée pure. Mondrian avoue avoir fondé ses théories notamment au regard des cartes de déplacement des troupes. Et qu’en est-il des mouvements artistiques de l’époque ? Jamais un début de siècle n’aura été si effervescent du point de vue culturel que celui du XXe : naissance du fauvisme, du cubisme, du futurisme, découverte du cubisme. Paris est la capitale des arts visuels et aussi celle de la littérature. Elle attire à Montmartre et Montparnasse des dizaines d’artistes des quatre coins du monde, créant ainsi une dynamique d’échanges propices aux recherches avantgardistes. Au cœur de l’Europe sanglante, l’expressionisme est de rigueur chez beaucoup d’artistes. En 1916, La Suisse voit la naissance d’un nouveau mouvement littéraire, artistique et intellectuel, né dans le refus de la guerre et le rejet des valeurs occidentales : le Dadaïsme. Courant provocateur, iconoclaste, subversif à souhait. Refusant toute idéologie, morale ou artistique, il « prône la confusion, la démoralisation, le doute absolu et dégage les vertus de la spontanéité, de la bonté, de la joie de vivre ». Ses principaux animateurs ouvriront la voie à l’art contemporain. 13 Viendront se succéder à la « der des ders » d’autres conflits et... d’autres engagements d’artistes. Des tableaux : le célèbre “Guernica” peint par Pablo Picasso en 1937, “Tête d’otage” de Jean Fautrier réalisé en 1944. Des monuments : la ville détruite de Ossip Zadkine posée à Rotterdam en 1951... Des œuvres sensibles pour montrer la vie, la ville, la civilisation... détruites. Cent ans après la guerre, six ans après le décès de Lazare Ponticelli, le dernier poilu, il ne reste aux artistes d’aujourd’hui que la fiction pour raconter la guerre, les guerres. La fiction pour fantasmer le réel, comprendre la barbarie, mettre en scène le conflit, le faire revivre, mais aussi la fiction pour sensibiliser, enseigner, plaire, convaincre, ne pas oublier. Ce sont soixante-dix artistes contemporains, reconnus ou émergents, plasticiens, peintres, céramistes, photographes, dessinateurs qui ont interrogé la guerre via le casque militaire : casque Adrian, casque à pointe, casque anglais de la première guerre mondiale ou d’autres casques, d’autres conflits dans lesquels ils étaient plus à l’aise. Autant de traitements personnels du casque que d’approches originales des conflits, avec pour dénominateur commun le désir de laisser son empreinte dans une histoire personnelle liée à un parent ou un proche engagé dans un conflit, une trace dans la grande histoire ou encore la volonté de défier de manière collective la barbarie humaine. Freddy Pannecocke 14 // We are fortunate to be neither part of those generations who have not experienced the call to arms, to be neither victim nor executioner of war. In France, we all have a relative who was in Algeria and Indochina. In the rest of the world, we all have a grandfather or great-grandfather involved in one of the two world wars, if not both, or near still engaged in conflict. What remains of “those who remain” are testimonies and images, still difficult to listen to or watch, even after years. It’s been the same “iconography”, for a hundred years. Indeed, the First World War laid the foundations and new methods that will inevitably be perpetuated in the next conflicts. Rise of nationalism , the beginning of fascism , political leaders obstinacy , agreements and diplomatic isolation , terror bombing which now threaten civilians , the use of poison gas , new attack techniques motorized , air, underwater , propaganda to the front as rear , censorship of information, separation of families, population displacement , relocation property, involvement of women and children, early mental health caused by trauma and of course fighting barbarism ... It is in this meaning that the WW1 has an oddity for its time , especially in the provision of these tragic innovations. Its causes, its effects and its ways will generalize. 15 What about the artists in the war? “Why?” is the first word that comes to our mind looking those images. The answers are many, but can often move in two axes. The first is to describe the human being in its essence, as the only living being capable to make war. Let’s only remind the Freud’s speech in1915, contemporaneous with the First World War, which marked the beginning of psychoanalysis. For him, man is driven by aggressive impulses that can affect the other and himself; violence is inevitable, we have to get used of it. It belongs to mankind; nobody has been able to prove that animals are a part of it. The second refers to the political consequences of men between bungling and strategies, conflict of interest, resource conquest, domination, blaming neighboring countries, terrorist threats, religion ... There’s a long list of excuses for a justified war. How to make a common deal out of evil? I was amazed to discover recently that there was what is commonly called the «law of war» which sets the rules of conflict and tends to limit the actions of the belligerents. Armed struggle and “evil” are regulated. In 1963, Hannah Arendt did out of the «banality of evil” a philosophical concept: rather dealing with cases where evil is protected by law and is subject to a propaganda of an entire ideology, a state system , etc. . That individuals act with conviction and they blindly believe. “ 16 In 1914, like other millions of people in both sides, many artists were mobilized. Among the best known Derain, Camoin , Dix , Léger, Beckmann, Kokoschka whom no longer exercise their art but become respectively gunner, dauber , gunner , medic engineering, nursing or dragon. Only citizens of neutral countries were exempted, among them painters like Picasso and Gris, both Spanish. Duchamp was discharged because of his health. As well as for Modigliani who quickly returned to civilian life. However, many foreign artists have the opportunity to engage in the regiments of the Foreign Legion. In France, the Swiss writer Blaise Cendrars co-wrote an appeal to “foreign friends of France” in order to push for voluntary commitment. Kisling and Kupka went in the Czech legions. Having been back several months before the declaration of war, Chagall has been mobilized to the trailing edge. All knew the horror of fighting. Some did not come back: Macke, Apollinaire, and Fournier ... Other returned injured or suffering from disease like Grosz or heavy injuries as Kirchner. For almost all of these artists, it is impossible to realize with fidelity the reality of war. “There’s nothing more cubistic than a war, it divides a man into pieces and send it to you at the four cardinal dots» said Apollinaire in 1917. They expected to find at the front the same ease and the same verve they had in their studios. The war would not last, it would be a formality. But the war has dragged its length and took new forms: trenches, exploding shells, gas, war of position ... Only years later, in their studios paintings emerge from their memories, probably to exorcise the pain from the past. Drawings will be found. We remember the nightmarish series of Otto Dix, the horrors and gas (1924) or portfolios of visionary Grosz. 17 At the front, when it’s possible, the artist express himself in quick sketches, as noted by the magazine L’ Élan in 1915 “Those who fight (our friend) tell us how the war was attached to their art ; all they want is to have a few pages to express themselves . “ From less known artists we could find artworks including realistic drawings, humorous ones as those of Pierre Dantoine or more complete books like Lemordant’s or Renefer’s whose watercolors were for her daughter in order to witness the “ lost generation .” Succeeding to WW1, other conflicts will be coming ... other commitments of artists. Paintings as: the famous «Guernica “ painted by Picasso in 1937, “Hostage’s Head” by Jean Fautrier made in 1944. Monuments like “The destroyed city” of Zadkine set in Rotterdam in 1951 ... Significant works showing life, cities , civilizations ...all destroyed. The war opened new pictorial tracks. Military techniques and aerial photography propose a new vision of the landscape, flat, without horizon, to inspire artists like the British Richard Carline («Feelings from Lens - The Anglo -German front»). In Verdun, a clouds of gas are an integral part composing a painting close to cubism, by Valotton . In 1917, Piet Mondrian created Neo-plasticism in Leiden. It lays the foundations for a new abstract art in the austerity of horizontal and vertical lines, the color is used clean. Mondrian admits he based his theories using especially his gaze on troop’s displacement maps. What about the artistic movements of the time? Never a new century has been so effervescent, from a cultural point of view than the twentieth: birth of Fauvism, Cubism, Futurism, Cubism discovery. Paris is the capital of the visual arts as well as literature. It draws in Montmartre and Montparnasse dozens of artists from around the world, creating a dynamic conducive to an avant-garde research. At the heart of Europe bloody expressionism is practiced by many artists. In 1916, Switzerland saw the birth of a new literary, artistic and intellectual movement, born in the rejection of war and rejection of Western values : Dadaism witch is an iconoclast and provocative movement. Rejecting any moral or artistic ideology, It «promotes confusion, demoralization, and identifies the absolute doubt, the virtues of spontaneity, kindness, joy of living.” Its main leaders pave the way for contemporary art. Hundred years after the war, six years after the death of Lazarus Ponticelli , the last “poilu”, only fiction remains to enable the artists to tell about war . Fiction to fantasize reality, understand barbarism, to stage the conflict, to revive , but also fiction to educate , teach, please , convince, not to forget. There are seventy established and emerging contemporary artists, artists , painters , potters , photographers, designers who questioned the war through military helmet : Adrian helmet , spiked helmet , English helmets, WWI helmets or others , other conflicts in which they could express themselves more comfortably .As much personal treatments of the helmet as original approaches to conflicts with the common denominator: the desire to make his own mark in a personal story related to a parent or loved one involved in a conflict , a trace in the great history and the will to challenge collectively human barbarity. // Freddy Pannecocke 18 19 AERTS p.22 ANDREANI (Ita) p.24 AUGUSTIN (All) p.26 BALBI (Ita) p.28 BARRET (Bel) p.30 BARONNET (Bel) p.32 BOUDOT p.34 CALMETS p.36 CARUEL p.38 CHAUSSONNET p.40 CHUON (Cambodge) p.42 CINDRIC p.44 COHEN p.46 LE CYKLOP p.48 DAQUIN p.50 DELPRAT (Bel) p.52 DEVILLLÉ p.54 DOUAY p.56 DUBRUNFAUT p.58 DUPONT p.60 ESSAFI (Mar) p.62 FANUELE p.64 FERRÉ p.66 FERRER p.68 FRAENKEL p.70 GAPONOV (Rus) p.72 GRANCHER p.74 GOUNY p.76 GRAEFLY (Bel) p.78 HABIB (Mar) p.80 HASSLAUER p.82 HOFMAN p.84 HOUIDÉ (Madagascar) p.86 JACMAIRE p.88 KAPTUR GINTZ (Pol) p.90 KORSIG (All) p.92 KLOPSCH (All) p.94 KULUNDZIC (Ser) p.96 KUPPLER (Ang) p.98 LABASTIE (Bel) p.100 LAIN p.102 LANNOY p.104 LE BRICOMTE p.106 LIEVRE p.108 LUSZPAK/ MONTEILHET p.110 MARCIN p.112 MARCHAND (Bel) p.114 MEURANT (Bel) p.116 MOISE p.118 MONBEL p.120 PANNECOCKE p.122 PARIS p.124 PERIN p.126 POULEUR p.128 PRICE (Usa) p.130 PROGIN p.132 QUETEL (All) p.134 SERANDON/CARABALLO p.136 SCIMO p.138 SERVENT p.140 TABAKIAN p.142 TAMAIN p.144 TECEDEIRO (Por) p.146 TOURTE p.148 TRASHKOWSKI (Sui) p.150 VIDGRAIN p.152 YANG (Chi) p.154 YDANEZ (Esp) p.156 Héros, c’est ainsi que l’on désignait les soldats pendant la Grande Guerre. Et c’est ainsi qu’ils sont encore nommés aujourd’hui. Héros ou esclaves ? Guerre à la guerre ! Si les hommes sont à l’origine même de ce qui les domine, pourquoi ne pouvons-nous pas penser à cesser de nous entretuer ? Sommes-nous esclave de notre condition à jamais ? Le travail de Marie Aerts questionne constamment les notions de pouvoir et d’organisation sociale qui régissent les sociétés humaines. // Hero, that’s how the soldiers were designated during the Great War. And thus, they are still called today. Were they hero or slaves ? War to the War! If men are at the very root of what dominates, why can we not think to stop killing us? Are we enslaved to our condition forever? The work of Marie Aerts constantly questions the notions of power and social organization that govern human societies. // Marie Aerts France Héros, 2014 Casque, chaîne, bracelet Héroes, 2014 Helmet, chain, hancuff 22 Peintre et historienne de l’Art, Giulia Andreani allie avec pertinence histoires et images. Depuis quelques années elle constitue ce qu’elle nomme son « atlas », formé d’images glanées sur Internet, mais aussi des stills de films italiens, des photographies d’archive et d’autres images récupérées ou chinées. Plus étonnant elle puise son inspiration dans la création moderne et contemporaine. Des images et des œuvres qu’elle réinterprète avec toujours une même palette chromatique, bleutée, grisée. Elle jongle entre figuration, flou, coulures délicates et effacements volontaires. Ses peintures recèlent ainsi des messages à décoder, de personnages à décrypter. Elles favorisent des associations culturelles, politiques, économiques induisant une critique acerbe de notre société. Julie Crenn, extrait de « A l’interieur, Giulia Andreani », Les éditions derriere la salle de bain, 2012. // Painter and art historian, Giulia Andreani combines with relevance stories and pictures. For several years she has been creating what she calls her “atlas”, consisting of pictures gleaned from the Internet, but also Italian film stills, photographs and other archive, recovered images or mottled ones. More surprisingly she draws her inspiration from modern and contemporary art. She retranslates images and artworks using the same bluish and greyish color palette. She juggles between figuration, hazy, delicate streaks and voluntary erasure. Her paintings contain messages to decode, characters to decrypt. They promote economic cultural associations, political, inducing a scathing critique of our society. // Julie Crenn: excerpt from “On the inside, Giulia Andreani” publishing house “derrière la sale de bain”, 2012. 25 Giuliana Andreani Italie Italia Sans Titre, 2014 Acrylique sur casque Without title, 2014 Acrylic on helmet De l’épée à la charrue... Du casque à la passoire Dalla spada al vomero... Dall elmetto d’acciaio alla scolapasta Schwerter zu Pflugscharen... Stahlhelme zu Küchensieben Мечі - на орала… Шоломи - на сита кухонні Till Augustin Allemagne Germany ...and always enough spaghetti, 2014 Technique mixte et casque Mixed media and helmet 26 La nature s'approprie tout ce qu'elle trouve sur son chemin. C’est le cas ici du casque, abandonné sur le champ de bataille, marqué par le passage du temps, qui devient un foyer naturel pour la végétation. Le “Jardin du Silence” se renouvelle périodiquement pour nourrir l'esprit du soldat mort. // Nature appropriates for itself everything it finds in its path. This is the helmet’s case, abandoned on the battlefield, marked by the passing of time, which becomes a natural home for vegetation. Garden of Silence is renewed periodically to feed the spirit of the dead soldier. // Giuliana Balbi Italie Italia Le Jardin du Silence, 2014 Technique mixte Garden of Silence, 2014 Mixed media 28 « …Alors on collectionne des casques, des fusils, des sacs, des obus, des baïonnettes, voire même des masques. Mais ce qui survivra le plus comme souvenir précis de ces jours triomphants, c’est le chant populaire, alerte et bon enfant ! » Madelon : mère et putain, muse du front ou sirène de poilus, spectre féminin, à jamais tu seras chanté. Commémorons Madelon! sonne et vogue aux travers de codes binaires, youtube’s forever you’re slave, accordéon désaccordé, choeurs militaires et fanfares déployés, écoliers maladroits ou disques rayés, pour Madelon tout va bien, en avant la zizique et chantons : Madelon, Madelon, Madelon ! // “... So we collect helmets, guns, bags, shells, bayonets and even masks. But what survives as the most accurate recollection of those triumphant days, is the popular song, alert and friendly! “ Madelon: mother and whore, mermaids and front’s muse of the “poilus”, feminine spectrum forever you’ll be sung. Let’s commemorate Madelon! Rings and fashion through the binary codes, your tubes are forever Slavic, out of tune accordion , military choirs and spilled brass bands , awkward pupils or scratched discs for Madelon all goes well, let’s go ahead and sing: Madelon Madelon Madelon ! // Pascale Barret Belgique Belgium Madelon 2014 Casque augmenté de voix synthétiques et archives sonores, cheveux synthétiques tressés (pièce unique) 30 A travers un dispositif de présentation muséal perverti, et prenant source d’une anecdote historique, “Turtle Camo” met en exergue les processus de recyclage et de déformation de formes toujours plus insistants et omniprésents dans l’abondance d’images qui nous entourent. Insistant ainsi sur l’idée que guerres et conflits n’échappent en aucun point à cette logique de communication abusive et une tendance à faire de tout et n’importe quoi un objet de marché et de consommation. Guillaume Baronnet Belgique Belgium Turtle camo, 2014 32 Technique mixte Mixed media sculpture J’ai voulu m’approprier ce casque de manière poétique et de sorte à le transformer en “mémorial”. Photographe, je souhaitais travailler avec l’immatérialité de la lumière et de l’ombre, et jouer avec ces éléments afin d’évoquer un souvenir lointain, flou et difficile à saisir. Cette image pourrait être la dernière saisie par un soldat tombé, une dernière remémoration ou un élément naturel symbolisant l’aspiration à la quiétude et à la paix. // I wanted to capture this helmet for myself, in a poetic manner so to turn it into memorial”. As a photographer, I wanted to work with the immateriality of light and shade, and play with these elements to evoke a distant, vague and elusive memory. This image might be the last to be seen by a fallen soldier, a final recall or a natural element symbolizing the desire for tranquility and peace. // Anaïs Boudot France Mémorial, 2014 Casque Adrian et système d’éclairage sur socle 35 Enfants soldats... Du jeu à la réalité des choses. // Children at war,... from a game to the reality of things. // Fred Calmets France Enfants soldats, 2014 Huile sur casque Children at war, 2014 Oil on helmet 37 Antoine Caruel utilise des matériaux fragiles, précaires, souvent de l’ordre du résiduel pour leur instabilité, évoquant un danger constant d’altération voire de destruction. Son travail en volume est axé sur la fragilité et la tension avec des objets si vulnérables qu’ils semblent prêts à céder. // Antoine Caruel uses fragile and precarious materials, often in a residual way for their instability, citing his work on a constant alteration or destruction danger. His recent thoughts are moving toward a working volume focuses on the fragility and tension with objects so vulnerable that they seem willing to give up. // Antoine Caruel France Critical mass, 2014 Casque, lames de scie, papier bulle Helmet, blades of saw, manilla bubble 38 Pierre-Gilles CHAUSSONNET France 40 Dans un registre symbolique, le casque protège la tête qui est le berceau de l’âme, donc sacré. Dans mon interprétation, cet artefact retranscrit la mémoire des écorchés dont les âmes ont été torturées. Le collage évoque le jeu de miroirs brisés, fragments des horreurs commis par la machine Khmères rouges et orchestré par Pol-Pot. Cette oeuvre, est la représentation du sanctuaire des vies tourmentées dans le S21, là où ont été dérobées l’identité des individus mutilés pendant le génocide. // In a symbolic register, the helmet protects the head which is the cradle of the soul, so sacred. In my interpretation, this artifact transcribed the memory of the skinned ones, whose souls were tortured. Bonding refers to the set of broken mirrors fragments of the horrors committed by the Khmer Rouge machine orchestrated by Pol Pot. This work is the representation of the sanctuary of tormented lives in S21, where were stolen the identity of individuals maimed during the genocide. // Ramya Chuon Cambodge Cambodia Déchirure, 2014 Techique mixte sur casque Tear, 2014 Mixed media on helmet 43 Mon mari Boris, alors étudiant en architecture, a été, en une nuit, envoyé de l’amphi de sa Faculté vers le front, sans arme, ses baskets aux pieds, pour défendre Sarajevo, sa ville assiégée. Marquée par cet épisode, je l’ai imaginé partir en guerre avec ce casque, celui de l’architecte qu’il est devenu, un casque de chantier. Je l’ai paré, en l’armant d’une cotte de maille, inspirée des Batailles d’Uccello, pour en faire un soldat immémorial et indestructible. // My husband Boris, then a student in architecture, was, in one night, sent from the auditorium of the Faculty to the front, unarmed, his sneakers feet to defend Sarajevo, the besieged city. Shocked by this episode, I thought of him going to war with this helmet, the architect’s one, a construction’s site helmet. I dressed it with chainmail inspired by “Battles of Uccello”, to make a timeless and indestructible soldier. // Anne Cindric France Casque de (bonne) fortune, 2014 Huile sur polyéthylène 44 À travers la métaphore de la ruine, Arnaud Cohen traite du monde consumeriste qui a émergé à l’issue des deux guerres mondiales et qui de crise en crise semble aujourd’hui en bout de course. Ici le casque devenu un accident géologique ou une simple cavité organique, héberge une barbie baywatch et la base dune colonne brisée qui s’avère être un debris de bouteille de Coca-cola. Cette oeuvre fait écho à l’installation vidéo “Play it again Pam - sisyphe est une femme” que l’artiste a realisé avec le soutien de la DRAC Poitou-Charentes. // Through the metaphor of the ruin, Arnaud Cohen discusses the consumerist world that emerged after the two world wars and from crisis to crisis now seems at an end. Here the helmet became a geological accident or a single body cavity, and hosts a Baywatch Barbie and the base of a broken column that is proven to be a debris bottle of Coca-cola. This work echoes the video installation “Play it again Pam Sisyphus is a woman” that the artist realized with the support of the DRAC Poitou-Charentes. // Arnaud Cohen France Hellmet Pam, 2014 Technique mixte dans casque Mixed media in helmet 47 Le Cyklop France Rebirth´s eye, 2014 Technique mixte dans casque Mixed media in helmet L’explosion dessine des cils noirs et laisse apparaître l’œil du cyclope comme s’il avait échappé au supplice que lui infligea Ulysse. Cette “éclosion” symbolise la renaissance malgré les blessures et la mort. // The explosion draws black eyelashes and reveals the eye of the Cyclops as if he had escaped the torture inflicted on him by Odysseus. This “outbreak” symbolizes rebirth despite injuries and death. // 48 . “Un milliers de Sauvages S’apprêtent à combattre. Ils ont des armes, Ils ont leur coeur, grand coeur, Et s’alignent avec lenteur Devant un millier d’arbres verts Qui, sans en avoir l’air, tiennent encore à leur feuillage.” Paul Eluard, Perspective, dans “Capitale de la douleur”. // “A thousand wild men Prepare to fight. They have weapons, They have their heart, big heart, And slowly align In front of a thousand green trees Which, without seeming to, still holding their foliage. “ Paul Eluard, Perspective, in “Capital of Pain”. // Nicolas Daquin France Dans les bois éternels, 2014 Huile 50 Nicolas Delprat Belgique Belgium Sans titre,2014 Huile sur toile Without title, 2014 Oil on canvas J'ai utilisé le casque allemand comme pochoir, le contour de celui-ci renvoyant au crâne humain. J'ai travaillé sur une toile de jute brute. // I used the German helmet as a stencil, the outline of it returning to the human skull. I worked on a canvas of raw jute. // 53 "Il y a un siècle, une certaine mécanique du monde s' est enrayée. Le casque, élément clé de la protection du soldat, est devenu obsolète face aux avancées du "génie" humain. En temps de paix, sa mise au placard -éphémère- n'a pas fait disparaître la nature conflictuelle de l'Homme, qui se manifeste alors sur d'autres terrains. Ainsi, à l'issue de la guerre, l'humanité reste avec ses interrogations et ses stigmates." Emilie Devillé France 54 Au sommet de ce casque vert, comme une colline, pousse un généreux bouquet de coquelicots ; fleur du souvenir immortalisée par le poème du lieutenant-colonel canadien John McCrae. Son rouge éclatant qui, après la fin du conflit, envahît les champs de bataille des Flandres et de la Somme, c’est le sang versé ; celui des jeunes soldats. Celui du Dormeur du Val d’Arthur Rimbaud, qui étendu dans un lit de verdure qu’offre une nature idyllique et bienveillante, a «deux trous rouges au côté droit». // At the top of a green helmet that looks like a hill, grows a generous bouquet of poppies ; Flower of remembrance immortalized by the poem of the Canadian Lieutenant Colonel John McCrae. Its bright red, which after the end of the conflict, invades the battlefields of Flanders and the Sommes region, it’s the bloodshed of the young soldiers. The character in “Le dormeur du Val” by Arthur Rimbaud who lying in a bed of greens that offers an idyllic and benevolent nature, has “two red holes in his right side”. // Carole Douay France Poppy, 2014 Technique mixte et fleurs Mixed media and flowers 56 Le visage juvénile d’un enfant où rien n’est encore advenu de toutes les souffrances humaines et dans lequel on peut se prendre à rêver et imaginer l’avenir. Le visage de l’innocence et de l’espérance. Ce portrait peint associé à un casque d’armée dans lequel il est emboîté et ligaturé offre un contraste saisissant et dur qui laisse libre court à l’interprétation du spectateur sur l’image même qu’on peut se faire de la guerre. // The youthful face of a child is a place where nothing had happened yet, not even human’s suffering in which you can be taken to a dream and imagine the future. This is the face of innocence and hope. This painted portrait associated with an army helmet in which it is engaged and ligated offers a striking contrast and lasts, it gives free rein to the interpretation of the viewer on the image he can have about war. // Sylvain Dubrunfaut France Hippolyte, 2014 Casque, huile, papier, bois Helmet, oil, paper, wood 58 Pierre Dupont France La guerre est parfois longue pour ne pas penser à rêver, à l'été 1914, à la desertion. Quitter les tranchées juste un instant ou pour toujours pour le souvenir d'un paysage retrouvé, insouciant comme l'enfance. // War is sometimes long for not thinking of dreaming, of the summer of 1914, the desertion. Leaving the trenches just a moment or forever, for the memory of a found landscape, being reckless as a child. // Ailleurs, 2014 Acrylique sur casque Somewhere else, 2014 Acrylic on helmet 61 La survie et la lutte occupent une place centrale dans ma pratique artistique à travers desquelles j’aborde le phénomène du changement dans la vie humaine. La guerre permanente que l’homme doit mener pour s’adapter à ce phénomène prend donc toute son importance dans mon travail et s’y présente sous ses aspects les plus divers. (…) La violence apparaît comme un élément marquant de son sceau la vie humaine jusqu’à l’échelle d’un jouet pour enfant. // The survival and struggle play a central role in my artistic practice through which I approach the phenomenon of change in human life. The perpetual war that man has to endure in order to adapt to this phenomenon therefore becomes important in my work and is displayed in its various aspects. (...) Violence appears as a highlight of his life, at the scale of a children’s toy. // Abdelghafour Essafi Maroc Marocco < Trois soldats supportant un globe, 2013 Argile, soldats en plastique peints Clay, plastic soldiers > Mamelles, 2013 Argile, pièces en aluminium et soldats peints Clay, aluminium, plastic soldiers 62 Résister ! » voilà ce qu’il me vint à l’esprit, résister puis me perdre parmi les lueurs crépusculaires des paysages ensevelis où les étoiles, comme chavirées sur le bord d’une autre galaxie, traçaient à jamais les chemins de mon destin. // To resist…This is what came to mind, resist and lose myself among the crepuscular rays of buried landscapes where stars seemed to be overturned on the edge of another galaxy, forever traced the paths of my destiny. // Vanessa Fanuele France Stellar Regions, 2014 Technique mixte dans casque Mixed media in helmet 65 Elodie Ferré France To play or not to play Balles en silicone, terre dans casque “To play or not to play”, mais la revanche est dans le sang. Déjà tout se remet en place. Et du combat ne reste trace. Tout aussitôt le jeu reprend. Esther Granek, Synthèses, 2009 // “To play or not to play,” but the revenge is in the blood. Already everything falls into place. And from the fight, there’s no trace At once play resumes. // Esther Granek, Policy Brief, 2009 67 Anne Ferrer France France Bouquet final, 2014 68 Verdun, le 11 décembre 1917 Extrait de la lettre d' Antoine Fraenkel à sa fiancée Adeline Wanderling Ma chère Adeline, [...] Ce matin, je suis devenu le Roi... Ne crois pas que je sois devenu fou... Pas encore ! Nous étions sur le point de donner l'assaut sur la tranchée ennemie à un peu plus d'un kilomètre. J'étais paralysé par la peur, le froid et la faim, quand tout à coup tu m'es apparue, oui mon amour, dans ta belle robe nacrée. Tu as déposé tous les colliers de ton coffre sur mon casque. J'ai plongé mon visage entre tes seins en caressant tes reins. Tu m'as souri et je me suis levé plus fort qu'un lion. [...] Verdun, 11 December 1917 Excerpt from a letter from Fraenkel Antoine to his fiancee Adeline Wanderling My dear Adeline, [...] This morning I became the King ... Do not think that I’m mad ... yet! We were about to storm the enemy trench a little more than a kilometer away. I was paralyzed with fear, cold and hunger, when all suddenly you appeared to me, yes my love in your beautiful nacreous dress. You filed your entire necklaces safe on my helmet. I plunged my face between your breasts, caressing your kidneys. You smiled at me and I got up stronger than a lion. [...] Pierre Fraenkel France 70 Ilya Gabonov Russie Russia First snow the name “first snow”. Many military operations for resources, have quite poetic names. also in Russia there is a saying “like a bolt from the blue”, that is, unexpectedly, although the war for oil is quite predictable. Le nom « première neige » est assez poétique, tout comme le sont généralement ceux des opérations militaires pour les ressources naturelles ou énergétiques. Un dicton russe nous parle même d’un « coup de tonnerre », quand bien même la guerre pour le pétrole soit prévisible. 1914 Raymond Grancher quittant sa tranchée pour se lancer dans le combat perdit sa jambe droite sous l’impact d un obus allemand... Il resta 3 jours et 3 nuits dans son trou d obus... 2014 Valéry Grancher son petit fils écrit sur ce casque... // 1914: Raymond Grancher leaving his trench to engage in battle lost his right leg under the impact of a German shell ... He stayed three days and three nights in the shell’s hole... 2014 Valery Grancher, his little son, wrote about this helmet... // Valéry Grancher France 1914 - 2014, 2014 75 Peinture sur casque Painting on helmet Si comme l'a dit Céline « La guerre est une fête », elle manque totalement d'humour. Si les militaires replaçaient la pointe de leur casque par un plug anal et l'aigle menaçant sur le devant par un canard rigolo, ça pourrait commencer à être drôle. // If as Céline stated “War is a party,” there is no humor in and about it. If military would change the spear of their helmets by an anal plug and threatening the eagle on the front with a funny duck, it could start to be funny. // David Gouny France Casque à pointe contaminé par un Fat Virus Vynile, polyester World war contamined by a Fat Virus Vynil, polyester 76 “À ciel ouvert” est un visage miroir posé sur le tombeau de nos champs scrutant l’infini qui nous plonge dans l’abîme. // “Open Air” is a mirror face placed on the tomb of our fields peering infinity which plunges us into the abyss. // Rohan Graëffly Belgique Belgium À ciel ouvert, 2014 Casque, peinture, mirroir Open air, 2014 Helmet, painting, mirror "No comment" est le titre de cette métaphore qui se passe de commentaire. Elle exhibe une tragédie, au sens propre comme au figuré, comme une dénonciation silencieuse d’une situation criarde et met en évidence cet éternel va-etvient qu'entretient l'homme entre paix et guerre ; une manière de tirer la sonnette d’alarme et focaliser l’attention de tout à chacun sur une situation aggravée par le silence et la complicité de tous. Il n’est nullement nécessaire de s’attarder à vouloir commenter ce fait ou animer une quelconque polémique quand la compréhension du message est à la portée de tous. Alors, no comment… ! // “No comment” is the title of this metaphor that speaks for itself. It shows off a tragedy, literally and figuratively, as a silent denunciation of a screaming situation and highlights the eternal back and forth that man maintains between peace and war; a way to pull the alarm and focus the attention of all to everyone on a situation compounded by the silence and complicity of all. There is no need to dwell on that fact or comment will animate any controversy when the understanding of the message is to everyone. So ... no comment ! // Abdelatif Habib Maroc Marocco No comment, 2014 Technique mixte Mixed media Dans la violence des combats, le casque est souvent bien dérisoire. Le verre est là pour le rappeler, mais pas seulement, sa matière fragile appelle à la précisoité de la vie. In heavy fighting, the helmet is often derisory. The glass is there to remind us, but not limited to its fragile material called the preciosity life. Sophie Hasslauer France Headhache, 2014 Casque en verre 83 Caroline Hofman France Devenir Ciel, 2014 “Au coeur de la terre, tous les hommes deviendront Ciel” . Poème court brodé sur Toile de capote bleue. Casque avec pensées. Becoming Heaven, 2014 Au sol, receuillement. Le Coeur de la Terre, pour cette guerre de tranchée. Le coeur de la Terre, c’est aussi l’Europe, la France d’hier, d’aujourd’hui et de demain...Les triades jaunes, les étoiles opposées, les noires, l’ombre de ce qui suivra. Une invitation à méditer sur ce que fut, et ce qui sera, si on ne veille pas, si on ne cultive pas ses pensées...Le terme “devenir Ciel” vient du Chamanisme et signifie mourir, rejoindre le Grand Esprit, le Ciel. // On the ground, contemplation. The Heart of the Earth, for this trench warfare. The core of the Earth is also Europe, France Yesterday, today and tomorrow... Yellow triads, stars opposed, blacks, shadow of what will come next. An invitation to meditate on what was and what will be, if we don’t watch out, if we do not cultivate our thoughts... The term “becoming Heaven” comes from Shamanism and means :”to die”, join the Great Spirit, Heaven. // 85 Le travail d’Æmor Houidé emprunte diverses voies qui mènent à une réflexion sur un postcolonialisme à l’état de cicatrice silicifiée. Une quête erratique de racines, d’ailes et de bulbes asséchant de ses contraintes un corps affable au profil discret. Si l’artiste ne se revendique pas féministe acharnée, elle ne cessera d’interroger la condition et le statut du “genre” féminin. Cette question se voile d’une trame empreinte d’exil, d’esclavagisme et de révolution. Pour cette exposition, Æmor Houidé propose une structure de casque-bateau, à l'état de construction et de décomposition à l'image des carcasses stagnantes que l'on peut contempler sur certaines plages malgaches. Aemor Houidé Madagascar 86 “Prenez votre courage à deux mains chers parents, et expliquez à vos enfants, avec leurs codes, la guerre, ce péché originel incarné. Ce support revisité en « Paradis terrestre » est dépourvu de présence humaine…Faut s’y faire, c’est une espèce en voie de disparition pour cause de cynisme”. Anne Jacmaire France Le Paradis terrestre de Brueghel revisité “700 fusillés pour l’exemple en France – la plupart du temps des innocents – marquée par le film “les sentiers de la gloire” de Stanley Kubrick - Que faire d’un casque militaire ? Aussitôt s’est imposée, la bande velpo – recoudre cette histoire des fusillés pour l’exemple – en prenant quelques extraits de lettres de deux d’entre-eux , des photos de guerre, des cotons brûlés et cousus. Quels soins étaient portés à tous ces hommes qui se sont battus ?” Sylvie Kaptur Gintz Pologne Poland 700 blessures 90 Nothing is as senseless as war ! War brings nothing but loss and suffering among the civilian population and large-scale destruction to communities as well destroying nature landscapes. For me, Living is Loving means overcoming hostility by the renunciation of revenge and violence. Bodo Korsig Allemagne Germany lIVING IS LOVING Andreas Klöpsch Allemagne Germany “# a good reason” is a place holder for all the various reasons in form of the magnet pins, which can be placed on/ instead of “# a good reason”. I tried to visualize mechanism of war. 94 Marqué par le conflit en Ex-Yougoslavie, Kosta nous décrit un « mal » global qui ronge note histoire depuis toujours. Mixant des images d’actualité et des portraits de ses proches, il nous fait comprendre que les belligérants changent mais le système est le même et se répète inlassablement. Comme dans un jeu de chaise musical, l’horreur est passée dans son pays, y a pris ses aises avant de migrer autre part. Kosta Kulundzic Serbie Serbia Krvave Suze Les larmes de sang 97 Through deconstruction and obstruction am trying to reveal the hidden elements and concealed meanings of an image. Therefore I combined the helmet as an “object trouvé with a photograph. The ambiguity through the fusion of the object and the image invites the viewer to look behind its surface deep into the infinity to discover the invisible, the memories and the pain of the past. Thomas W. Kuppler Royaume-Uni United Kingdom La fenêtre, 2014 Techniques mixtes The window, 2014 Mixed media “Il donne quelque chose en pâture à l'œil, mais il invite celui auquel le tableau [object] est présenté, à déposer, là, son regard, comme on dépose les armes…..” (Lacan) 98 Il s’agit d’une la représentation d’un casque de l’armée anglaise en grès légèrement enfumé. Dessus du métal fondu équivalent au poids d’une balle. L’aspect est lourd pourtant le matériaux fragile. La balle a été dématérialisée devenant ainsi un motif évoquant une flèche. Rachel Labastie Belgique Belgium Shot & clay, 2014 Céramique et balle fondue 101 Jean Lain France Born to be alive, 2014 Mirroir sur casque Mirror on helmet Je ne trouve jamais un endroit pour me poser et m’installer. Je n’ai jamais voulu toutes ces choses dont les gens ont besoin pour justifier leur vie. Le temps jouait de mon côté. C’est bon d’être vivant. A Patrick 103 Les Saints Jean bouche d'or qui prêchent le martyre Le plus souvent, d'ailleurs, s'attardent ici bas. Mourir pour des idées, c'est le cas de le dire C'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas. Dans presque tous les camps, on en voit qui supplantent Bientôt Mathusalem dans la longévité J'en conclus qu'ils doivent se dire, en aparté: Mourons pour des idées, d'accord, Mais de mort lente, d'accord Mais de mort lente. Georges BRASSENS Tony Lannoy France Salve dernière Technique mixte Mixed media 104 Un casque américain WW2 devient la piste de lancement d'un avion de guerre contemporain sous la protection du prix nobel de la paix Obama matérialisé par un badge de la campagne présidentiel 2008 à l'aspect étonnement vintage. Un condensé méta-guérrier ! Léa Le Bricomte France Yes we can 107 “Casque d’or” est le titre d’un film français de Jacques Becker (1952) dans lequel Simone Signoret incarne le rôle d une prostituée a la belle époque. Cette période de prospérité en France entre 1896 et 1914 que clôt le début de la première guerre mondiale. Casque d’or de Pascal Lièvre évoque ce moment de calme et de joie avant la tempête. Pascal Lièvre France Casque d’or, 2014 Casque et paillettes 108 MaDmonde - le regard des Sacrifiés- se veut une œuvre qui va à l'essentiel, l'idée imagée de la guerre mondiale.Pas de recherche d'esthétisme, car rien n'est beau dans la guerre. Ainsi coiffé de son "heaume",l'homme nous transperce de son regard noir et froid teinté de peur et de souffrance. Il a perdu son âme au fond de la tranchée...Le monde est devenu fou..lors du prochain assaut il devra encore tuer ou périr. Yann Luszpak Hélène Monteilhet France MaDmonde -le regard des Sacrifiés, 2014 Technique mixte 111 “Comme une parenthèse macabre sur notre planète, le “no man’s land” n’appartient à personne, le traverser c’est y mourir à coup sûr. C’est un lieu surréaliste qui semble irréel, c’est l’antichambre de l’enfer.” Marcin France No man’s land, 2014 Acrylique sur casque Acrylic on helmet 112 "J'ai choisi de recouvrir le casque d'un motif de dentelles blanches sur fond noir. Ce qui lui donne un aspect précieux, habillé et délicat.Tout l'opposé d'un casque de guerre. Le décalage immédiat me permet de mettre en évidence la fonction première de ce casque et renforce l'image absurde de deux mondes qui s'affrontent." Charlotte Marchand Belgique Belgium 115 Gérard Meurant Belgique Belgium Wars of digitals solutions. 2014. Carte postale Nous sommes déjà tous dans la numérisation des données qui nous entourent. Ce recours à la technologie est non seulement l’avenir de la guerre mais aussi un outil prépondérant à l’art. Bien que celui-ci ne soit pas un médium en soi, il permet de construire des images qui densifient l’imaginaire tout en synthétisant notre vision du réel. C’est le retour de l’expression d’un nouveau réalisme. La tâche noire au centre de l’image n’est rien d’autre qu’un trou de balle allemand dans un casque belge. La transformation visuelle de cet impact renvoie à l’imagerie d’un scanner thermique. Sans doute, celui d’un cerveau humain encore chaud et qui se refroidit. Ce spectre coloré est l’image démystifiée d’un traitement en profondeur d’une chose par une autre. Nous sommes la balle qui pénètre doucement dans le calque virtuel de la réalité. Il s’agit ici de transpercer une masse, celle du flux d’images d’un monde perpétuellement en guerre. 116 “Au-delà de la guerre, l’œuvre de l’artiste MOISE B est un regard tendre et affectueux sur la jeunesse de deux générations différentes et pourtant si proches.” Bernard Moïse France Éternelle jeunesse, 2014 Acier rouillé, tissu 118 La boue fige ici la présence d'un homme qui aurait pu porter le casque qu'elle recouvre. Matériau informe par essence, son aspect change selon la température et l'hydrométrie, se fissurant, elle laisse apparaitre ce qu'elle contient et semble ne pas pérenniser la sculpture. Volonté de ne pas être définitif sur des évènements terribles que je n'ai pas connu. La boue colle, alourdit et étouffe. Une plaie pour le combattant de 14-18, parmi tant d'autres. Eric Monbel France La plaie, 2014 Argile sur casque Clay on helmet 120 Freddy Pannecocke France Soldat de plomb, 2014 Casque en balles fondues Un casque reconstitué dans le plomb des balles comme un objet qui porte tous les stigmates de la Grande guerre, retrouvé enfoui sous la terre comme une trace archéologique de la violence des hommes. Le trait de cet univers est particulièrement intéressant. C’est un tracé “cablé”, c’est à dire un graphe qui, n’exprimant pas les états d’âme de son auteur, témoigne exclusivement de directions, réseaux, vitesses, arabesques. Ce type de dessin vient de la bande dessinée, mais on la trouve de ci de là en art moderne, par exemple chez Klee, Miro, Leger, dans l’hourloupe de Dubuffet, et tout près de nous chez Keith Haring. Dans le cas présent, les lignes cablées procèdent de deux principaux schèmes. Il y a principalement la trompe et les tentacules. On y ressent la capture périlleuse des céphalopodes et la caresse enfantine de Babar. Mais la pulsion qui domine est franchement schizoïde, dans la mesure où l’entrelacs couvre la surface entière simultanéïsant toutes les figures et chaque intensité. Cela donne une espèce de réel plus dense que la réalité. Pas du tout un imaginaire ! Ce dessinateur donne à voir de telle façon que, frontalement, le spectateur n’a aucune chance de s’échapper. (extrait de Pierre Sterckx / postface de “ volcano versicolore “ éditions “ la cinquième couche “, 2012.) Sylvain Paris France Rose declic ctapulte catatacc pull ta pulpe rrrrossss, 2014 Acrylique sur casque Acrylic on helmet 124 Je m’appelle Louis. Je vis au 17, rue de l’épée à Paris. Je suis né en 1881. J’ai le temps. Je vis peu mais je meurs longtemps. 1914 RAS. Julie Périn France Je m’appelle Louis 2014 Casque, plumes et tissus écrits 127 Du temps des corps liés révolutions continues constantes que dire sinon écrire, écouter. Maïté Pouleur France “between us”, 2014. casque andrian, micro contact, casque, matériaux divers. 128 Jeffrey Allen Price Etats-Unis USA Shellmet(Shell-Shocked and Cracking Up), 2014 Coquille d’oeuf sur casque 130 “Shellmet” is a delicate work of art consisting of broken eggshells over a thin plaster/gauze form. The fragile materials used to create this sculpture undermine the associations of protection usually attributed to Kevlar combat helmets. The frail interior membrane consisting of plaster and gauze mimics a medical bandage/cast, indicating a head injury. The concept of psychological trauma brought on by war is explicitly implied by the sardonic puns found in the subtitle of the work, “Shell-Shocked and Cracking Up”. There are further meanings that might be derived from a broken eggshell helmet by considering the egg as a symbol of transformation and (re-birth). Oftentimes during warfare soldiers are also radically transformed--from boys to men, from civilized to barbaric, and from alive to dead. Chaque conflit a connu des temps de fraternisation. Un moment suspendu ou les différences, les mobiles belliqueux prenaient brièvement une courte distance. La présence humaine seule suffisait à un rapprochement. Quand les combats reprenaient, ils devaient, pour certains avoir perdus un peu plus de leur signification pour peu qu'ils en possédaient auparavant. L'intervention ici évoque un détournement qu'un soldat aurait pu concevoir au fond de sa tranchée. Un appel au répit, à la rencontre. Les matériaux employés sont disposés à la manière d'un frichti ludique. Les personnages, rudimentaires, façonnés avec de la cire suggèrent à la fois un face à face sans issue, la disparition proche du soldat et la vanité du conflit. Match nul. Jérôme Progin France Null & void, 2014 Technique mixte Mixed media 132 La première guerre mondial a transformé le corps en machine; machine à marcher, machine à endurer, machine à détruire. Nous avons été tenté ici de construire une allégorie (forcement dérisoire) de ce corps en miette. La sensualité des membres de pierre se juxtapose à l’imprimé en série de gouttes d’eau sur un tapis de bain, l’harmonie et l’équilibre se réduisent à des blocks absurdement défaits. Le casque repose, là, comme un trophée. Il est en même temps une coupe à jamais vide, le bidet tant attendu. La blancheur du volume esthétise -parodiquement- ce qui devrait rester à jamais innommable. Les décombres du soldat, le repos de faïence. Nans Quetel Allemagne Germany Un casque, une prothèse plâtrée, des membres de faïence éparses. Un tapis de salle de bain, 2014 135 Vadim Sérandon Joséphine Carabello France Casque de poilu, 2014 Poils naturels sur casque Le casque représente à la fois l’objet mémoriel par excellence et la marque des blessures physiques et mentales des soldats. J’ai établi un parallèle avec un autre objet de blessures : le plâtre que l’on fait tagger par ses proches. J’ai demandé à des collégiens ce qu’ils aimeraient écrire sur un « casque plâtré », qui appartiendrait à un soldat connu d’eux, pour le soutenir, le remercier ou tout simplement communiquer ? Scimo France Mémoires 2 blessures, 2014 Bandes plâtrées et marqueurs Et si personne n’y était allé........ Et si chacun avait choisit de préférer aller jouer ailleurs, sans doute une vision utopiste. J’aime à penser que cela est possible et qu’il est de notre responsabilité de choisir une autre voie. Faites l’amour pas la guerre..... Sûrement les traces d’une éducation post 68, j’espère encore trouver sous les pavés la plage, croire en la liberté et au pouvoir de chacun d’assurer la paix. Eve Servent France Rendez vous au tas de sable, 2014 Sculpture en sable de Omaha beach 141 Mai Tabakian France Retour à la vie civile, 2014 Quelle vie après la guerre ? Qu’il ait la gueule cassée ou des cauchemars plein la tête, l’ancien soldat retourne, s’il le peut encore, à son ancien métier, et cherche à reprendre le cours de son existence. Ce casque c’est le souvenir du guerrier derrière le simple civil, une évocation de toutes les souffrances que le vétéran doit surmonter pour revenir à la vie. 142 “À l’image du monde qui tourne selon les aléas, les hommes créent des armes pour en conserver la paix. Le bleu de ce casque en est témoin. Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire, les artistes et pas les moindres ont toujours fait écho aux conflits, la période classique à été d’ailleurs friande de cela comme ici le massacre des innocents d’un maître, Nicolas Poussin. L’ambiguïté entre l’objet et sa couleur et entre l’atrocité de l’action peinte par Poussin et la beauté qui s’en dégage ne pouvait me laisser de marbre et m’obligeait à me positionner sur ce microcosme de défense qu’est cette protection individuelle...” Rémi Tamain France Casque Bleu poussin, 2014 Acrylique sur casque Acrylic on helmet 144 La Bataille de La Lys, le 9 avril 1918 a été la plus grande catastrophe militaire portugaise depuis la bataille d’AlcácerQuibir, en 1578. Une puissante armée allemande est avancée sur les troupes déjà très démotivées et en seulement quatre heures de bataille, le CEP (Corps Expéditionnaire Portugais) a perdu environ 7 500 hommes parmi lesquels des morts, des blessés, des disparus et des prisonniers.Après presque 100 ans, quel est le souvenir de ce jour tragique ?Ce casque est composé de fragments de la recherche que j'ai faite sur cette bataille. Ce n'est pas un casque qui puisse déjà protéger quelqu'un, car il est fragile comme la mémoire. Ana Tecedeiro Portugal Casque la Lys, 2014 Papiers agrafés Avec une économie de moyens et l’élaboration de processus visuels apparemment simples, Nicolas Tourte parvient immédiatement à nous faire entrer dans son univers où nos repères et codes sont subtilement modifiés. Un monde parallèle et décalé où chaque détail compte. Dans POW, cette proposition sculpturale, d’onomatopée acronymique (prisonnier of war), il est question d’attente. Attendre que la propagation d’une onde de choc absorbée et stratifiée à la surface d’un sorbet plasmatique se termine. Attendre le retour d’une mer d’huile. Attendre la chute d’une goutte, d’un obus, attendre l’explosion d’un corps céleste. Nicolas Tourte France Pow, 2014 Technqiue mixte Mixed media 149 John Trashkowski Suisse Swiss 150 .Ce casque comme un oxymore, comme une figure d’opposition, offre un réquisitoire indirect contre la guerre : une nature enchantée, éclairée de jeux de lumière est contredite par un rouge sanglant. Quiétude ou inquiétude ? Le regardeur peut s’égarer. Amélie Vidgrain France … accrochant follement aux herbes rouges des haillons d’argent, 2014 Morsure à l’acide, encrage taille-douce “Héroine” est issue d'une série débutée en 2010 sur les actes héroïques. Le casque est recouvert d'un filet de cheveux perdus quotidiennement par l'artiste., interrogeant ainsi la protection entre le matériel et l'homme, le contraste entre la fragilité capillaire et la robustesse. Dans les mythologies, le cheveu confère des pouvoirs divins et protecteurs : un super pouvoir pour un super héros. Leï Yang Chine China Héroïne - filet Cheveux filés et tricotés sur casque lourd Depuis toujours, de l’antiquité grecque à l’imagerie biblique, en passant par le classicisme, l’art a usé des bestiaires symboliques. Dans cette lignée, l’oiseau est utilisé comme un symbole d’amour et de paix. Santiago Ydañez Espagne Spanish Sans titre, 2014 Huile sur casque Without title, 2014 Oil on helmet 157 Commissaires d’exposition // Curators // Freddy Pannecocke & Valéry Poulet Affiche originale // Original poster // Nicolas Quillot Mise en page du catalogue // Layout // Freddy Pannecocke Traduction // Translation // Olivier Lopacki Remerciements // Thanks to // Conseil régional Nord-Pas-de-Calais, Direction des Affaires Culturelles Nord-Pas-de-Calais, Conseil général du Pas-de-Calais, Château d’Hardelot, Ville de Hornaing, Ville de Rieulay et à // and to // Nicolas Tourte, Mai Tabakian, Tony Lannoy, Amélie Vidgrain, Frédéric Croizier de la Galerie Radial Art Contemporain (Strasbourg), Myriam Hequet, Dominique Bachelet, Jean-François Coquerelle, Frédéric Schwalek, Victor & Noé Crédits Photos : (c) Textes auteurs et artistes respectifs (c) Smac sauf p.4,5,6,7,158,159,160,161 Wikimedia Commons, Reproduction interdite // Reproduction prohibited // (c) Smac Dépôt légal : juillet 2014 // Legal Deposit: July 2014 // Smac éditions www..smacasso.wix.com/smacsite ISBN n° 978-2-9542622-3-9