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5. urbanisation, conditions d`implantation des
5. URBANISATION, CONDITIONS D’IMPLANTATION DES ENTREPRISES SEVESO ET AMENAGEMENT DU TERRITOIRE EN AQUITAINE CESR Aquitaine - octobre 2002 Page 117 Page 118 CESR Aquitaine - octobre 2002 La directive Seveso 2 a introduit de nouvelles exigences en matière d’information du public mais aussi en matière de maîtrise de l’urbanisation à proximité des sites industriels à risques majeurs. Ce dernier aspect a pris une dimension particulière avec l’accident de l’usine Grande Paroisse à Toulouse le 21 septembre dernier. Or, c’est précisément l’un des points les plus sensibles du débat qui, au delà des industriels concernés, implique au premier rang les autorités publiques (collectivités locales notamment) et sur lequel les populations sont les plus attentives. L’acceptabilité des établissements classés Seveso est ainsi une condition nécessaire pour le développement économique régional et l’aménagement du territoire aquitain. 5.1 Urbanisation et maîtrise des risques Seveso : des situations contrastées En Aquitaine, une cinquantaine de communes sont concernées par l’implantation sur leur territoire d’au moins un établissement relevant de la directive Seveso, dont une douzaine par au moins deux sites Seveso (Cf. carte et liste des communes concernées du chapitre 1). Les problématiques de prise en compte et de maîtrise de l’urbanisation sont différentes selon la configuration des sites existants. Un autre élément à intégrer est la présence ou non de documents d’urbanisme (Plans d’Occupation des Sols ou Plans Locaux d’Urbanisme, Schémas Directeurs d’Aménagement et d’Urbanisme ou Schéma de Cohérence et d’Organisation Territoriale). 5.1.1 Les outils réglementaires applicables à la maîtrise de l’urbanisation à proximité des sites industriels à risques Ces outils sont de plusieurs natures : • Les servitudes d’utilité publique - Cette procédure se concrétise sous la forme d’un document précisant que, dans un rayon défini autour d’une installation classée, l’urbanisation est soumise à des limites spécifiques. Il s’agit ou bien d’une interdiction d’urbanisation nouvelle (résidences, lieux d’accueil du public) et d’extension des installations existantes, ou bien simplement d’une interdiction d’urbanisation nouvelle (résidentiel uniquement et infrastructures de transport). Le degré de contrainte est défini au cas par cas, au moment de la création des installations classées et simultanément à la procédure d’autorisation. Les servitudes sont lancées ou bien à la demande de l’exploitant de l’installation ou bien à la demande du Préfet. Elles peuvent être indemnisables par l’industriel. Elles sont annexées au Plan Local d’Urbanisme (ex Plan d’Occupation des Sols) et sont opposables aux tiers. C’est la procédure la plus facile et la plus claire à mettre en œuvre. Cependant, elle ne concerne que les installations nouvelles (depuis 1987) et ne peut être appliquée aux anciennes installations. Sa portée est donc relativement limitée. Près d’une dizaine d’établissements sont concernés par cette procédure en Aquitaine. • Les autres procédures ou outils mobilisables - La détermination des périmètres de restriction d’usage et d’urbanisation donne lieu à la définition d’un zonage fondé sur les effets potentiels des risques déterminés dans les études de danger (Z1 pour la zone à effets létaux et Z2 pour la zone à séquelles dites irréversibles). Ces éléments doivent être transmis au Préfet qui lance sur cette base une concertation auprès des collectivités locales. Cette concertation peut être suivie d’une révision du Plan Local d’Urbanisme, mais ce n’est pas systématique. On constate même dans certains cas des entorses aux limites d’urbanisation dans les zones définies de danger. CESR Aquitaine - octobre 2002 Page 119 Il arrive donc que la concertation échoue. En ce cas, le Préfet peut prendre un arrêté de projet d’intérêt général, qui va s’imposer à la collectivité, que celle-ci soit ou non pourvue d’un PLU (cf. l’encadré ci-après concernant la zone de Lacq). La limite relative aux établissements existants reste valable en ce cas, même si la France a été l’un des pays européens à se doter d’une réglementation spécifique avant les autres. En outre, les textes actuels ne permettent pas d’expropriation en cas de risques industriel à proximité d’anciens sites. Toutefois, un article du Code de l’Urbanisme autorise le Maire à refuser un permis de construire, dès lors que la construction envisagée se situe dans une zone considérée à risques. Le rôle du Préfet à ce niveau est de porter à la connaissance du Maire la présence d’un risque avéré sur le territoire de sa commune. En tout état de cause, il appartient aux élus locaux d’accepter ou de refuser la délivrance d’un permis de construire, sur la base des informations dont ils disposent. LES CONTRAINTES EN TERME D’URBANISME - Exemple de la zone de Lacq SONT AUTORISÉS ZONE 1 - RISQUE DE LÉTALITÉ ZONE 2 - RISQUE D’ATTEINTE IRRÉVESIBLE ACTIVITES LIEES AUX ACTIVITES INDUSTIELLES EXISTANTES Activités industrielles nouvelles compatibles Activités industrielles nouvelles compatibles avec la avec la zone sous réserves : zone sous réserve : Ø de leur connotation chimique. Ø de leur connotation chimique, Ø que l’activité nouvelle ne constitue pas une source Activités n’ayant pas de connotation chimique dont le extérieure de risque, personnel est inférieur ou égal à 50 unités. Ø de la mise en place de moyens de confinement. EXTENSION DES INSTALLATIONS CLASSEES SOUMISES A DECLARATION OU AUTORISATION Amélioration des bâtiments existants et des extensions de : Ø 10 % pour des locaux à usage d’habitation, de service, de commerces, de bureaux, d’activité, Ø 40 % en cas de bâtiment à usage de hangar, entrepôt ou stockage sans augmentation de la capacité d’accueil, sans changement de destination et d’affectation. RECONSTRUCTION APRES SINISTRE DANS LE MEME VOLUME, SURFACE PAR SURFACE SANS AUGMENTATION DE LA CAPACITE D’ACCUEIL Constructions à usage d’habitations indispensables à Construction à usage d’habitation. l’activité et à la sécurité des activités industrielles. LOCAUX TECHNIQUES (POSTES DE TRANSFORMATION ...) Ø Lotissements à usage d’habitations, les groupes de logements et les habitations collectives, Ø Commerces à superficie de vente inférieure à 1 000 m_, Ø Restaurants, cafés, brasseries, bars dont capacité inférieure à 100 pers, Ø Hôtels, pensions de famille d’une dizaine de chambres, Ø Locaux collectifs des foyers logements limités à 100 m_, Ø Salles de réunion, salles de jeux, salles de conférence dans la limite de 500 m_, Ø Création de 2 classes par établissement d’enseignement public ou privé, Ø Halls et salles d’expo inférieurs à 500 m_, Ø Banques, bureaux et services, administrations publiques ou privées avec personnel inférieur à 50 unités et capacité d’accueil réduite (2 personnes / 10 m_). Page 120 CESR Aquitaine - octobre 2002 SONT INTERDITS ZONE 1 - RISQUE DE LÉTALITÉ ZONE 2 - RISQUE D’ATTEINTE IRRÉVESIBLE ACTIVITES INDUSTRIELLES, ARTISANALES ET COMMERCIALES AUTRES QUE VISEES CI-DESSUS Constructions nouvelles autres que celles visées ci-dessus. Lotissements, groupes d’habitations et habitations collectives. I MMEUBLES DE GRANDE HAUTEUR Établissements nouveaux pouvant recevoir du public tels que : Ø Établissements à capacités supérieures à celles mentionnées ci-dessus, Ø Établissements de spectacle. Ø Restaurants, cafés, bars, brasserie, Ø Hôtels, pensions de famille, Ø Locaux collectifs, foyers logement. Ø Dancing, Ø Établissements d’enseignement, Ø Bibliothèques et archives, centre de documentation, musée, Ø Établissements sanitaires publics ou privés avec lits, Ø Établissements de cultes. Ø Banques, Ø Piscines couvertes. idem (avec gradins) Stationnements isolés de caravanes. Terrains de camping et caravaning et leur extension. Aires naturelles de camping et leur extension. Habitations légères de loisir. Voies extérieures ne desservant pas l’usine. Nouvelles voies à grande circulation au débit supérieur à 2 000 véhicules / jour et nouvelles voies ferrées ouvertes au transport de voyageurs. • La loi du 22 juillet 1987 relative à l’organisation de la sécurité civile, à la protection de la forêt contre l’incendie et à la prévention des risques majeurs a conduit à une prise en compte plus systématique de la notion de risque dans les documents d’urbanisme. Selon le Code de l’Urbanisme, les documents de planification urbaine devraient déterminer « les conditions permettant de prévenir les risques naturels prévisibles et les risques technologiques ». La même obligation est prévue pour les Plans d’Occupation des Sols (POS), conformément à l’article L.123-1-1°. Cela est repris dans le nouvel article L.121-1 de la loi sur la solidarité et le renouvellement urbain du 13 décembre 2000, à propos des Schémas de Cohérence et d’Organisation Territoriale (SCOT), des Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) et des Directives Territoriales d’Aménagement (DTA). • S’agissant des risques technologiques majeurs, les principaux outils de protection réglementaire s’inscrivent dans le cadre de la loi du 19 juillet 1976 sur les installations classées (étude d’impacts et étude des dangers) et dans l’application du droit communautaire (directives Seveso I de 1982 et Seveso II de 1996). La loi du 19 juillet 1976 sur les installations classées pour la protection de l’environnement s’applique à toutes les entreprises dont les activités présentent un risque pour les personnes et l’environnement. Aussi, toute demande d’autorisation d’ouverture est conditionnée par une double étude d’impacts et de dangers. Les directives Seveso I du 24 juin 1982 et Seveso II du 9 décembre 1996 ont contraint les industriels à mettre en place des moyens de prévention appropriés pour que les autorités publiques comme la population soient informées des risques, exercent un contrôle et sachent quel comportement et quelle procédure adopter en cas d’accident. Ce dispositif prévoit notamment, comme on l’a déjà vu, une double planification. L’une concerne le Plan d’Opération Interne (POI) issu de l’article 17 du décret du 21 septembre 1977 modifié par les décrets du 14 novembre 1989 et du 20 mars 2000. Celui-ci prévoit, après consultation préalable et obligatoire des Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS), la possibilité d’obliger CESR Aquitaine - octobre 2002 Page 121 l’exploitant à établir un plan en cas de sinistre, lequel définit les mesures d’organisation, les méthodes d’intervention et les moyens mis en œuvre pour protéger le personnel, les populations et l’environnement. Une circulaire du 30 décembre 1991 précise que le POI doit être élaboré dans des installations qui doivent faire l’objet d’un PPI et indique également que le Préfet peut imposer un POI aux exploitants d’installations qui, par la nature des activités exercées, notamment en zones urbanisées, présentent des risques particuliers. L’autre dispositif a trait au Plan Particulier d’Intervention (PPI) créé par l’article 4 de la loi du 22 juillet 1987. Il est élaboré par le Préfet avec l’aide de l’industriel et du SDIS. Il prévoit les mesures à prendre et les moyens de secours à mettre en œuvre en cas de sinistre s’étendant à l’extérieur de l’installation. Un décret du 6 mai 1988 complété par un décret du 13 mars 2002 énumère les mesures qui incombent à l’exploitant au regard de la population en cas de danger immédiat et leur information « sous contrôle de l’autorité de police ». La directive Seveso 2 a notablement élargi la participation du public dans différentes procédures22 , du moins en théorie, en confortant les dispositions de la réglementation française à ce sujet. Enfin, et bien que le déclenchement d’un PPI soit de la compétence de l’État, le coût de sa mise en œuvre incombe à la collectivité territoriale. Suite à l’accident d’AZF à Toulouse, une circulaire du 4 octobre 2001 demande aux Préfets de prendre des mesures immédiates pour éviter la délivrance de permis de construire dans les secteurs exposés, en rappelant aux maires leurs obligations sur le fondement de l’article R. 111-2 du Code de l’Urbanisme et par le « porter-àconnaissance » des maires des informations sur les études de dangers. Si ces risques ne sont pas pris en compte dans les meilleurs délais par les documents d’urbanisme, les Préfets appliqueront la procédure de qualification de Projet d’intérêt Général (art. R. 121-3 du Code de l’Urbanisme). • Le projet de loi déposé à l’Assemblée Nationale en février 2002 visait à la création de plan de prévention des risques technologiques (PPRT) élaboré pour chaque site industriel à risque afin de gérer le développement de l’urbanisation et de régler la situation des zones habitées autour de ces sites. Par ailleurs, il importe de rappeler les dispositions existantes en matière de maîtrise de l’urbanisation liée à la prévention des risques naturels (inondations, mouvements de terrain, incendies de forêt ...), qui peuvent potentiellement concerner des installations industrielles à risques dans la région. La tempête du 27 décembre 1999 a, de ce point de vue, engendré de nombreux problèmes ou incidents dans les établissements industriels à risques localisés sur l’estuaire de la Gironde. • Les plans de prévention des risques naturels prévisibles ont été institués par la loi Barnier du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l’environnement (articles L. 562-1 et suivants du Code de l’environnement). Un décret du 5 octobre 1995 a profondément modifié leur mode d’élaboration, leur contenu et leurs effets juridiques. Au niveau de l’élaboration, elle est prescrite par arrêté préfectoral. Celui-ci détermine également le périmètre mis à l’étude et la nature des risques pris en compte. Il est notifié aux maires des communes 22 Accessibilité du public aux informations contenues dans le rapport de sécurité, avis du public sur l’implantation d’un nouvel établissement, mise à disposition de l’inventaire des substances dangereuses présentes dans l’établissement, consultation du public sur les plans d’urgence externe (PPI en particulier), après transmission des informations de l’exploitant aux autorités compétentes, consultation des membres du personnel sur le POI ... Page 122 CESR Aquitaine - octobre 2002 concernées. Lorsque le projet a été établi et mis en forme, il est soumis à l’avis des conseils municipaux (mais aussi à l’avis des conseils généraux et régionaux s’il porte sur la prévention des incendies de forêt), qui doivent se prononcer dans les deux mois. Parallèlement, le projet est soumis à enquête publique régie par les articles R. 11-1 à 14 du Code de l’expropriation. Enfin, le projet de plan est approuvé par arrêté du Préfet. Au niveau du contenu, ils délimitent deux catégories de zones : celles directement exposées aux risques où le règlement peut interdire toutes constructions ou les soumettre à conditions, et celles non directement exposées mais où des constructions pourraient aggraver ou provoquer de nouveaux risques. En outre, le règlement peut définir d’autres mesures qui devront être prises en compte par les collectivités ou par les particuliers, visant à faciliter l’intervention des secours, l’évacuation des victimes ou encore la réalisation de travaux. En ce qui concerne les effets juridiques, le plan a valeur de servitude d’utilité publique affectant l’utilisation des sols et s’impose par conséquent aux Plans Locaux d’Urbanisme, auquel il doit être annexé. Si le contenu de ce dernier n’est pas conforme au plan de prévention, le Préfet y pourvoit en utilisant la procédure de révision par l’État pour mise en compatibilité avec un projet d’intérêt général. Le Préfet a également la faculté d’appliquer par anticipation le plan avant son approbation, à la double condition qu’il y ait un caractère d’urgence et qu’il soit suffisamment avancé. Après consultation des maires, le plan est opposable pour une période n’excédant pas trois ans. Enfin, des sanctions pénales sont prévues à l’article L. 480-4 du Code de l’urbanisme pour non-respect des prescriptions du plan. 5.1.2 La situation en Aquitaine En Aquitaine, le problème de maîtrise de l’urbanisation concerne principalement deux zones de nature très distincte. Dans l’agglomération bordelaise d’une part, la question se pose plus particulièrement pour les sites d’implantation relativement ancienne, désormais insérés dans un tissu urbain dense. Cette situation concerne moins la zone d’Ambès, dont l’industrialisation s’est opérée durant les dix à quinze dernière années, sur la base de la réglementation en vigueur depuis 1987. Dans le cas des sites plus anciens, la maîtrise se fait essentiellement par l’intermédiaire du Plan Local d’Urbanisme. Dans le bassin de Lacq d’autre part, la situation est assez différente, dans une configuration où le problème de proximité urbaine est nettement moindre et avec des zones de protection assez larges permettant une bonne maîtrise de l’urbanisation, du moins théoriquement. En effet, le contrôle s’opère ici dans le cadre d’un projet d’intérêt général, du fait de l’échec de la concertation menée auprès des collectivités locales. Dans l’agglomération bordelaise, la problématique est celle de la cohabitation entre industries à risque et tissu urbain. Dans le cas de Lacq, l’enjeu est celui d’un choix sur les conditions de développement industriel par rapport à celles de l’urbanisation. En effet, ou bien les périmètres de sécurité définis de façon assez large sont utilisés pour permettre l’extension éventuelle des sites industriels concernés, ou bien cette « marge de sécurité » est laissée libre au développement urbain et démographique des collectivités. • Le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme de l’aire métropolitaine bordelaise a été révisé et approuvé le 26 septembre 2001. Celui-ci prend en compte les risques technologiques des entreprises classées Seveso et des installations à risques relevant d’autres directives (silos, stockage de gaz de pétrole liquéfié, stockage d’engrais à base de nitrates), mais aussi les risques naturels CESR Aquitaine - octobre 2002 Page 123 (d’inondation, de feux de forêts, de mouvements de terrain dans les zones de coteaux ou de carrières abandonnées). En matière de risques technologiques, le SDAU précise qu’« il n’est pas prévu de zones d’activités spécifiques pour accueillir à l’avenir les nouvelles entreprises classées Seveso, considérant que les sites de Bassens et de la presqu’île d’Ambès bénéficient des disponibilités foncières suffisantes ». Il indique en outre que « cette disposition correspond également au souci de ne pas disperser ce type d’établissement dans l’agglomération ou sa périphérie, afin de minimiser le nombre de voies routières ou ferrées d’accès à ces sites et de mettre en place plus facilement une politique de surveillance de la circulation des produits dangereux. ». L’accident d’AZF à Toulouse et les probables dispositions nouvelles qui seront prises pourront éventuellement inviter la Communauté Urbaine de Bordeaux, les services de l’Équipement et la préfecture de la Gironde à revoir leur position en la matière ou, a minima, mieux tenir compte des risques déjà existants. Quoi qu’il en soit, les futurs Plans Locaux d’Urbanisme tiendront compte des servitudes édictées par l’État et des résultats des études contrôlées par le BRGM et la DRIRE, qui mènent actuellement un recensement fin des terrains pollués à l’échelle du département. La Commune d’Ambès est la plus directement concernée de l’agglomération bordelaise, avec sept établissements soumis à la directive Seveso (dont 5 seuil haut). Dans ce cas, le risque est limité par le fait que la zone industrielle, qui occupe 900 ha sur les 2 900 ha du territoire communal, est localisée en bordure de la Garonne, alors que les zones d’habitat sont essentiellement situées en bordure de la Dordogne (à environ 2,5 km de distance à vol d’oiseau) 23 . Ces deux zones sont séparées par des espaces classés agricoles qui jouent un rôle de zone tampon et de protection. Cette configuration diffère de celle rencontrée dans certaines communes de l’agglomération (cas de Bordeaux), où l’implantation des sites industriels est plus étroitement imbriquée au tissu d’habitat urbain. S’agissant des risques naturels et plus particulièrement d’inondation, un « porter à connaissance » de l’État communiqué en juillet 1999 formulait des exigences précises : préservation des champs d’expansion des crues, protection des zones urbanisées existantes, définition mesurée des zones urbanisables. L’État a par ailleurs exigé la mise en place d’une structure publique afin de gérer de façon pérenne les dispositifs de protection. Le SYSDAU et la CUB ont financé conjointement les études complémentaires nécessaires. Les orientations du SDAU dans ce domaine se sont appuyées sur un double principe : protection des personnes et des biens existants, précaution avec limitation stricte de l’urbanisation. Les dispositions du SDAU relèvent désormais des futurs plans locaux d’urbanisme, lesquels devront établir une hiérarchisation des priorités en matière de protection, car la mise en œuvre technique et financière des protections inscrites au schéma prendra du temps. Les PLU resteront également largement tributaires des servitudes fixées par les futurs Plans de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) prescrits par le Préfet de Gironde en février 2001 et en cours d’élaboration par les services de l’État. • La situation sur la zone de Lacq est à la fois plus simple et plus délicate. Plus simple, car l’implantation des installations industrielles a pu bénéficier de la disponibilité d’espaces dans des communes assez peu urbanisées et peuplées. Plus délicate, car les contraintes imposées en termes d’urbanisation entravent les 23 Les périmètres de sécurité des installations classées Seveso seuil haut sur cette commune sont respectivement de 1600 m. pour Engrais d’Ambès, 1400 m. pour Cobogal, 500 m. pour EPG, 400 m. pour Eka Nobel et 250 m. pour TPB Page 124 CESR Aquitaine - octobre 2002 opportunités de développement urbain des communes les plus directement concernées. L’échec de la concertation entre l’administration et les collectivités a conduit le Préfet à prendre un arrêté de projet d’intérêt général. La Communauté de Communes de Lacq recouvre 16 000 ha et rassemble 16 communes dont cinq directement concernées par l’implantation d’établissements Seveso (Mourenx, Lacq, Pardies, Mont et Noguères). Au total, 14 établissements Seveso sont implantés sur cette zone. Du point de vue des élus locaux, les arrêtés préfectoraux de 1991 pris en application de la directive ont eu une influence importante sur l’usage du sol, l’inconstructibilité de certains terrains ayant entraîné une baisse de leur valeur vénale (de même que celle des biens immobiliers) et un gel du marché. Les limites imposées à l’extension de bâtiments et à l’existence de « zones dangereuses » a découragé les candidats à l’achat. La Communauté de Communes de Lacq a mis en place une commission chargée d’examiner les demandes de dérogation portant sur les projets de construction. L’objectif est de permettre aux riverains de ne pas être gênés dans leur confort de vie, à la condition expresse qu’il n’y ait pas augmentation de la population dans la zone soumise à risque. Par ailleurs, un « livre noir » recensant les aberrations a été établi, concernant les projets d’urbanisation consécutifs à l’application locale des arrêtés préfectoraux. Ce type situation témoigne des difficultés imposées aux élus et des choix contradictoires auxquels ils se trouvent confrontés par la présence de sites Seveso, quant aux conditions et aux limites imposées en termes de développement local. Par ailleurs, dans un souci de limitation des risques à la source, la tendance actuelle est à la réduction des stockages sur les sites industriels. Au premier abord, cela relève d’un certain bon sens. Néanmoins, cette évolution induit un autre problème : celui de l’accroissement du flux de matières dangereuses, avec un transfert du risque sur les activités de transport dont on sait déjà, à travers les statistiques d’accidents publiées par l’ARIA, qu’elles présentent une probabilité relativement plus élevée d’accident. Dans le cadre des études de dangers, il est seulement possible de prendre en compte les risques générés par les opérations d’approvisionnement. Par conséquent, la question posée est celle de la pertinence de la réduction des volumes stockés sur sites, sachant que certains industriels sont tentés de détourner l’objectif de réduction des potentiels de danger en stockant une partie des matières dangereuses nécessaires à leur établissement dans des wagons ou des camions. La prise en compte des modes de transport (rail, route, fluvial ou maritime), des itinéraires (zones à forte densité de population ou non), de la sécurité des matériels roulants, de la qualification des personnels des entreprises de transport, devraient être plus largement intégrée dans la réalisation des études de dangers relatives au fonctionnement des installations industrielles à risque majeur de type Seveso. Un autre souci exprimé de façon récurrente par les représentants des collectivités concerne l’accès à l’information et, plus largement, la sensibilisation des populations. CESR Aquitaine - octobre 2002 Page 125 5.2 De la sensibilisation à l’information et à la transparence 5.2.1 L’information des élus et de la population Plusieurs représentants de collectivités rencontrées ont fait part de leur difficulté à être tenu régulièrement informés de la situation des établissements Seveso implantés sur leur commune, notamment en cas d’incident même mineur survenu dans ces derniers. Ce défaut d’information est d’autant plus mal ressenti que les Maires partagent, avec le Préfet et les exploitants des installations, les responsabilités en matière de gestion des risques technologiques, s’agissant tout particulièrement des responsabilités en matière d’urbanisme à proximité de ces sites (cf. supra) et de mise en œuvre des plans de secours. Pourtant, les Maires sont en principe destinataires des arrêtés préfectoraux d’autorisation, de mise en demeure, de suspension des activités à risques présentes sur le territoire de leur commune. Les rapports d’inspection peuvent aussi être rendus publics, sauf dans le cas où ils précèdent une prise de décision du Préfet à l’encontre d’une entreprise. Toutefois, le Préfet n’est pas tenu d’informer les élus en cas d’anomalie de fonctionnement ou d’application des procédures de gestion des risques par un exploitant, dans la mesure où la responsabilité du Maire ne peut en ce cas être invoquée. Les services de l’État considèrent en outre que, par l’intermédiaire des études de dangers et des procédures en vigueur (servitude d’utilité publique, consultation sur les périmètres de danger, arrêtés préfectoraux d’autorisation d’exploiter ...), les Maires disposent d’une information sur les risques potentiels des établissement industriels implantés sur leur commune. L’amélioration de la circulation de l’information entre collectivités et industriels constitue aussi un sujet de revendication. Les élus de certaines zones les plus concernées par l’implantation d’établissements Seveso souhaiteraient être tenus davantage informés (bilan des POI, informations sur la politique sécurité des établissements ...), mais leur demande se heurte parfois à une certaine réticence des exploitants. Néanmoins, la mise en place de structures de concertation (tels les Secrétariats Permanents pour la Prévention des Pollutions Industrielles, évoqués ciaprès) permet de faciliter les échanges entre les différentes parties intéressées. De plus, mais de façon encore marginale, certaines entreprises à risque n’ont pas hésité à développer des actions particulières d’information à destination du public (associations locales, population voire touristes) et des collectivités.24 . La sensibilisation et l’information du public peut relever dans certains cas d’initiatives spécifiques, sinon originales, de collectivités, à l’image des actions développées par la Communauté de Communes de Lacq (cf. encadré ci-après). La Communauté de Commune de Lacq a mis en œuvre plusieurs initiatives en matière d’information du public, conjointement avec certains industriels de la zone. Une cassette vidéo « Alerte Seveso : les bons gestes » a ainsi été réalisée avec la participation d’animateurs de France 3, tirée en 200 exemplaires et mise à disposition dans chacune des Communes (dont les établissements scolaires). Une rubrique permanente est consacrée à Seveso dans le magazine de la Communauté de Communes (3 à 4 numéros par an) et, suite à l’accident d’AZF, un 4 pages spécial a été publié relatif à la directive Seveso sur le Bassin de Lacq. Plusieurs supports d’information ont été réalisés en direction de publics cibles. Ainsi, un jeu pour enfants a été tiré à un millier d’exemplaires, reprenant les consignes à suivre en cas d’accident. Un livret d’information a été édité à 15 000 exemplaires et diffusé auprès de l’ensemble des foyers avec le magazine de la Communauté de Communes et à l’occasion d’animations. 24 Cf. notamment l’exemple de Smurfit Cellulose du Pin à Biganos Page 126 CESR Aquitaine - octobre 2002 Ce travail d’information et de prévention s’est aussi traduit par la mise en place de plans de confinement dans les établissements scolaires. Au total 26 établissements sont concernés et 16 ont déjà fait l’objet d’un exercice d’alerte. Cette initiative a donné lieu à une concertation élargie avec l’ensemble des parties concernées (enseignants, élus, parents d’élèves, sapeurs-pompiers, médecins scolaires) pour le choix des salles de confinement, l’inventaire des travaux à réaliser et pour l’achat de matériel de confinement . Les élèves ont été sensibilisés aux consignes de sécurité par des animations spécifiques et par la mise en place d’exercices d’entraînement suivis d’un débriefing. Des documents de prévention validés par les autorités académiques ont également été réalisés dans ce cadre, avec mise à disposition de mallettes de confinement contenant le matériel nécessaire et des panneaux reprenant le plan de confinement ont été installés dans les classes. Un animateur Seveso a été recruté en 1998, intégré au service environnement, afin de suivre la mise en place de ces initiatives. L’ensemble de ces actions a été pris en charge par les collectivités locales. D’autres projets sont envisagés, notamment le lancement d’opérations en direction des établissements recevant du public situés dans les zones R1, R2 et R3 définies dans le projet d’intérêt général (PIG) du bassin de Lacq. Un inventaire des différents bâtiments devrait être réalisé (entreprises, commerces, lieux publics) et une carte établie en relation avec l’association Chemparc. À l’issue de ce recensement, des zones de confinement devraient être définies, complétées de campagnes d’information ciblées et d’exercices d’alerte. Plus largement, la question de la sensibilisation et de l’information du public sur les risques industriels apparaît comme une attente forte des autres porteurs d’enjeux, représentants des populations riveraines ou plus largement de différents groupes d’intérêts de la société civile soucieux de la protection de l’environnement, des consommateurs et de la qualité de vie. Un décret du 11 octobre 1990 relatif à l’exercice du droit à l’information sur les risques majeurs, pris en application de la loi du 22 juillet 1987, précise les modalités d’information des personnes susceptibles d’être exposées à un risque majeur. Selon ces dispositions, l’information porte sur la nature des risques encourus et sur leurs conséquences prévisibles pour les personnes, pour les biens et pour l’environnement, ainsi que les mesures de sauvegarde prévues. Une Cellule d’Analyse du Risque et de l’Information Préventive placée sous l’autorité du Préfet établit deux documents d’information destinés d’une part aux responsables et acteurs du risque et d’autre part au grand public. Le Maire réalise un document d’information communal sur les risques majeurs (DICRIM), consultable en mairie. Un affichage est prévu dans tous les lieux regroupant plus de 50 personnes. Une autre circulaire du 25 février 1993 invite les Préfets à établir une liste des communes à risques et les maires à développer une campagne d’information sur les risques majeurs. Si défaut d’information du public il y a, ce n’est donc pas faute d’un cadre réglementaire. 5.2.2 Les S3PI À cet égard, la mise en place de structures de concertation telles que les Secrétariats Permanents pour la Prévention des Pollutions Industrielles (S3PI) apporte une réponse intéressante. L’objectif général d’un S3PI est de faciliter la concertation entre les parties intéressées (élus, industriels, services d’État, associations, riverains, experts) sur des problèmes liés à l’environnement industriel (risques technologiques et pollutions). Ils ont pour vocation de proposer des actions collectives contribuant au développement durable de leur zone de compétence. Les S3PI n’ont ni structure juridique ni moyens propres. Le premier S3PI a été créé il y a une trentaine d’années en région Provence - Alpes Côte d’Azur, sur le site de Fos - Étang de Berre. C’est encore aujourd’hui le seul S3PI à développer une mission de dimension régionale, à travers une structure créée dans son prolongement (CYPRES, cf. encadré ci-après). Les autres S3PI existants à ce jour ont été créés dans le courant des années 90. Les moyens de fonctionnement mis à leur disposition sont très disparates. Le plus souvent, ce sont les services de l’État (DRIRE) qui en assurent le secrétariat. CESR Aquitaine - octobre 2002 Page 127 Il existe deux S3PI en Aquitaine. Le S3PI de l’Estuaire de l’Adour a vu le jour en 1998. Un second a très récemment été créé sur le site d’Ambès. S’il paraît prématuré de dresser un bilan de cette dernière expérience, l’activité du S3PI de l’estuaire de l’Adour reste encore limitée. Force est de constater qu’il s’agit d’un S3PI encore jeune et couvrant un territoire restreint, avec une densité démographique et industrielle relativement faible en comparaison des autres S3PI en fonctionnement. Néanmoins, les attentes collectives des différentes parties concernées sont fortes, ce qui témoigne de l’intérêt de ce type d’organisation. Certains membres du S3PI Estuaire de l’Adour déplorent que le travail réalisé tarde à déboucher sur des solutions aux problèmes identifiés en matière de pollutions ou de risques industriels et les insuffisances en matière d’information. Tous s’accordent à reconnaître cependant la nécessité d’une concertation entre l’ensemble des parties. La zone de Lacq ne dispose pas à ce jour de structure équivalente, mais l’idée de création d’un S3PI fait, ici aussi, son chemin. En dépit de ces limites, la création des S3PI existants de la région a été plutôt bien accueillie par les élus et représentants associatifs. Toutefois, l’apprentissage de la concertation est un exercice qui doit s’inscrire dans la durée. En outre, la création d’un S3Pi ne garantit pas forcément le bon fonctionnement de la structure. Encore faut-il y consacrer du temps et des moyens. De ce point de vue, le constat régional reste décevant. La DRIRE, en charge du secrétariat des S3PI, reconnaît que le fonctionnement de ce type de structure suppose une mobilisation de moyens humains et financiers spécifiques. Or, sans remettre en cause l’intérêt de la mission des S3PI, les services de l’État concernés considèrent que ce n’est pas là leur objectif premier, qui consiste avant tout à assurer les missions régaliennes essentielles en matière de contrôle des installations et de respect de la réglementation. En outre, il serait important que les représentants de CHSCT des établissements implantés sur le périmètre des S3PI soient associés et participent à la concertation, ce qui n’est actuellement pas le cas. Compte-tenu des enjeux soulevés par la gestion collective des risques industriels en Aquitaine, des attentes exprimées en matière d’information et de la nécessité d’entretenir un vrai dialogue sur ces questions entre parties intéressées, on ne peut que regretter la faiblesse de l’investissement collectif dans ce domaine, s’agissant d’une région qui compte environ 80 établissements Seveso et 3 500 installations classées pour la protection de l’environnement soumises à autorisation. Une solution s’appuyant sur l’organisation et la mobilisation de moyens au niveau régional mériterait d’être sérieusement étudiée. En ce sens, l’expérience originale développée en région Provence Alpes Côte d’Azur à travers l’association CYPRES (centre d’information du public pour la prévention des risques industriels et la protection de l’environnement) offre une illustration des moyens mobilisables en la matière à l’échelle d’une région. La création en 1991 de l’association CYPRES marque l’aboutissement d’un travail de deux décennies du S3PI de Provence Alpes Côte d’Azur, région qui accueille 90 établissements classés Seveso (dont environ 70 seuil haut). Elle exprime également la volonté des partenaires locaux de développer l’information en matière de risques et d’environnement industriel. La concrétisation de cette volonté tenait également compte des conclusions d’une enquête sociologique, révélant non seulement la réalité des attentes en matière d’information de la part des populations, mais aussi le fait que, dans ce domaine, les acteurs les plus crédibles n’étaient pas considérés comme les plus légitimes et, inversement, que les acteurs les plus légitimes n’étaient pas perçus comme les plus crédibles. Le Centre d’information du public pour la prévention des risques industriels et la protection de l’environnement (CYPRES) a donc été créé avec l’objectif de développer de façon élargie la communication sur ces différents enjeux à l’échelle régionale, dans le cadre d’une structure gérée de façon collégiale et dotée de moyens spécifiques. Page 128 CESR Aquitaine - octobre 2002 Composée d’une quarantaine de membres à l’origine, l’association regroupe aujourd’hui plus d’une centaine d’adhérents. Le Conseil d’administration comprend une trentaine de membres. La DRIRE et le Préfet de Région en sont membres de droit. Le Président et le premier vice-président sont élus pour deux ans et choisis alternativement dans le collège des industriels puis celui des collectivités. Le trésorier est un industriel et le secrétaire général issu de la DRIRE. Le financement de CYPRES est assuré à hauteur de 30% par l’État, de 40% par les industriels et à 30% par les collectivités. Des associations de protection de l’environnement, de consommateurs et des syndicats de salariés figurent également parmi les adhérents de CYPRES. Le budget annuel de l’association est de l’ordre de 600 000 euros, une partie étant prise en charge dans le cadre du Contrat de Plan État - Région. CYPRES fonctionne avec une équipe de quatre permanents, dont un directeur, un ingénieur chargé d’études et une chargée de communication.25 Le dispositif de concertation pourrait d’ailleurs s’enrichir dans la cadre du projet de loi en cours d’élaboration et qui devrait être déposé devant le Parlement en automne prochain. Le projet défini en 2002 prévoyait la mise en place de Commissions Locales d’Information sur les Pollutions et les Risques Technologiques (CLIPRT) ou de Commissions Locales d’Information, de Prévention et de Suivi (CLIPS). En anticipation, 18 Commissions Locales ont d’ores et déjà été mises en place à la diligence des Préfets, et une trentaine d’autres sont en cours de formation. Si le développement de l’information et de la sensibilisation du public apparaît comme une nécessité, dans une société pour laquelle la notion même de risque est devenue intolérable, il convient également de prendre conscience des contraintes et des limites de l’exercice. Le souci de transparence de l’information ne doit pas se traduire par une simplification à l’extrême au risque d’une désinformation. L’objectif d’accéder à une information « transparente » au sens d’accessible et compréhensible par le plus grand nombre doit être recherché, sans pour autant limiter l’exercice indispensable de raisonnement et de réflexion technique plus poussés. En ce sens, il faudrait travailler sur le principe d’une information distincte selon la nature des publics concernés, leur niveau de connaissance et d’appréciation des problèmes. Enfin, cet objectif de diffusion de l’information et de sensibilisation du public à la prévention des risques industriels, ou des risques dans leur ensemble, doit aussi participer à l’éducation des enfants et/ou des étudiants, contribuant à l’apprentissage d’une culture du risque qui fait encore souvent défaut dans notre société. À cet égard, une mobilisation accrue du Ministère de l’Éducation Nationale, à l’échelon régional, devrait permettre une meilleure sensibilisation aux risques dans les établissements, en particulier ceux situés dans des zones à risques, conformément à l’esprit de la circulaire 90-269 du 9 octobre 1990. L’initiative développée par la Communauté de Communes de Lacq en relation avec les établissements scolaires a de ce fait une réelle valeur d’exemple. Sur la base de ces divers constats et en termes plus généraux, l’approche collective de la gestion des risques industriels liés aux installations Seveso introduit un nouvel enjeu de société lié à la gouvernance du risque, autrement dit à la façon dont les différents acteurs concernés s’entendent, collectivement, sur la façon d’accepter, d’assumer, de gérer et de maîtriser ces risques. 25 Pour plus d’information, voir le document réalisé par le S3PI « 30 ans de concertation : le SPPPI de Provence Alpes Côtes d’Azur », 2001 CESR Aquitaine - octobre 2002 Page 129 5.2.3 L’acceptabilité du risque L’analyse sur l’évolution de la société et l’acceptabilité du risque reprend l’approche développée par le Cabinet Antaria, spécialisé en cindynique, c’est à dire l’anticipation des situations à risques, la gestion de crise, la gestion et la gouvernance des risques ainsi que le média-training. Ainsi, l’évolution des comportements sociétaux montre une recherche générale de minimisation de tous les risques et un refus du risque résiduel, alors que celui-ci est inhérent aux activités. Ce comportement s’accompagne de la désignation par des minorités de responsables et de coupables avec une médiatisation croissante. La société réagit de manière souvent peu rationnelle et face à cette situation, l’enjeu principal doit être posé en terme de gouvernance des risques. Cette problématique mobilise les différents acteurs de la société, c’est-à-dire les autorités politiques, économiques et administratives, les experts, les minorités et l’opinion publique mais aussi les médias. Il s’agit donc de passer d’une évaluation et d’une gestion des risques à une justification sociale des activités à risques prenant en compte les aspects sociaux, politicojuridiques, scientifiques et techniques, économiques et éthiques. Aujourd’hui, la condition pour que la société accepte une activité à risque dans un climat durable de confiance sociale est que l’existence de cette activité soit implicitement et explicitement considérée comme justifiée par la société elle-même, et pas seulement par une catégorie de décideurs. Dans une recherche de confiance mutuelle, il importe donc d’impliquer les porteurs d’enjeu de manière précoce dans un processus participatif de décision s’appuyant sur : • une formulation du problème posé dans un contexte approprié, • une analyse des risques et la révélation des enjeux (rien que les enjeux mais tous les enjeux), • une prise de décisions raisonnables, • une application de ces décisions et un système de contrôle, • un suivi et une évaluation de l’efficacité des actions entreprises. Pour dépasser les logiques d’affrontement nuisibles et stériles, les « porteurs d’enjeux » doivent également reconnaître que les problèmes de risque ne sont pas unidimensionnels mais plurifactoriels (technique, scientifique, économique, sanitaire, éthique, juridique ...). Ce à quoi invite la gouvernance des risques c’est à la recherche d’une vision commune partagée, à l’apprentissage d’un vrai dialogue. Dans le cas de l’entreprise ou d’une activité à risque, l’enjeu est celui de l’éveil d’une conscience collective et d’un apprentissage en commun pour devenir une organisation qui développe sans cesse sa capacité à bâtir son futur. Il est urgent d’intégrer un débat politique sur la justification des activités à risque, en amont du processus décisionnel, afin d’assurer la cohésion sociale nécessaire au développement durable des activités et à la reconnaissance des Hommes, des entreprises et des produits. En ce sens, la mise en place de structures telles que les S3PI (ou demain les CLIRT ?) au niveau local et l’instauration d’un espace d’échange au niveau régional doivent être considérées comme une composante à part entière du processus de gestion et de maîtrise collective des risques industriels en Aquitaine. Page 130 CESR Aquitaine - octobre 2002 5.3 Entreprises Seveso et aménagement du territoire aquitain Les entreprises classées Seveso - et plus généralement encore l’ensemble des ICPE occupent une place majeure dans le développement économique régional qu’il s’agisse (comme on l’a vu au chapitre 1) de la chimie, de l’approvisionnement énergétique, des filières agricoles, du pôle propulsion de l’aéronautique, de l’automobile, de la filière bois-papier... Le renforcement de la sécurité sur les sites concernés doit être conçu et perçu, non comme une contrainte supplémentaire pouvant conduire à obérer la compétitivité des entreprises, mais comme la première condition d’une pérennisation de leur présence en Aquitaine, par acceptation des populations locales et, par voie de conséquence, des pouvoirs publics (élus locaux et administrations d’État). La prise en compte de la diversité des conditions d’implantation sur le territoire régional est ainsi essentielle. Au fil des auditions et des réflexions de la Commission, cinq cas de figure ont été distingués dans la région, en allant de la situation la plus problématique à la plus favorable. 5.3.1 Les implantations anciennes en zone urbanisée ou à proximité des voies de communications Quelles aient été historiquement implantées directement en zone urbaine ou sur les voies « ordinaires » de communication (c’est à dire utilisées conjointement par toutes catégories d’usagers), ou qu’elles aient été rattrapées par l’urbanisation dans la recherche de nouveaux terrains à bâtir à proximité des agglomérations du fait de la croissance démographique régionale (2 100 000 habitants en 1954... comme en 1850, mais près de 3 000 000 en 2002 !), les installations à risque de cette première catégorie sont celles qui posent le plus de problèmes, tant aux pouvoirs publics qu’aux exploitants des sites concernés. En Aquitaine, deux zones géographiques majeures ressortent de cette catégorie : • une partie de l’agglomération bordelaise, tout particulièrement sur les sites (ou anciens sites) portuaires d’amont (Bassens, Bordeaux rive droite) ; • et une partie de l’agglomération bayonnaise, essentiellement sur la rive droite (une partie de la zone Boucau-Tarnos) ; auxquelles viennent s’ajouter, ponctuellement, quelques implantations en lisière de villes de plus petite taille : Bergerac, Pont-du-Casse, Rion-des-Landes, etc. Dans ce premier cas de figure, deux solutions sont concevables, mais d’un coût social et financier très élevé, à intégrer dans une politique de renouvellement urbain, à savoir : • le « déménagement » de l’installation en cause, ce qui ne doit pas se traduire, en pratique, par une fermeture pure et simple et une disparition de l’activité économique correspondante pour l’Aquitaine ; • le rachat des immeubles privés environnants et le déplacement des services publics afférents (écoles, hôpitaux, stades, etc.) pour constituer un périmètre de sécurité. Cette solution, consécutivement à la catastrophe de Toulouse, a été envisagée par le projet de loi de février 2002 dans le cadre des Plans de prévention des risques technologiques pour permettre : « non seulement de limiter l’urbanisation future, mais d’apporter une première réponse pour agir sur l’urbanisation existante autour des établissements à risque ». Si les implantations environnantes sont peu CESR Aquitaine - octobre 2002 Page 131 nombreuses, cette procédure peut être envisageable. Mais dans des zones de forte densité urbaine, les coûts d’acquisition, d’indemnisation et de reconstruction apparaîtront de fait disproportionnés. Reste donc, autant que cela est possible, la voie de la réduction du risque à la source dans les établissements concernés par toute mesure utile : modification des procédés de fabrication (jusqu’à l’abandon de certains d’entre eux sur ce type de site), double confinement, morcellement des stockages, transports par réseaux sécurisés (pipe) des fluides les plus dangereux etc. C’est bien évidemment la toute première priorité d’une politique régionale de sûreté industrielle. Pour l’avenir, ce type de situation ne devrait plus se reproduite si l’on applique dans toute sa portée la loi de 1987 qui, ainsi que n’hésite pas à l’écrire Philippe Essig dans son rapport au Premier Ministre : « donne une solution quasi parfaite au problème des nouvelles localisations d’activités à risques par la création de servitudes d’utilité publiques indemnisables à la charge de l’exploitant ». Et il ajoute : « les quelques industriels qui ont procédé à des implantations nouvelles depuis vingt ans ont d’ailleurs parfaitement retenu l’intérêt de ces propositions : il vaut mieux s’assurer le contrôle complet de vastes espaces autour du site que de gérer des situations conflictuelles à venir ». 5.3.2 Les réticences à l’implantation d’activités à risques dans le milieu périurbain et certaines zones rurales d’Aquitaine Un deuxième cas de figure a été fortement souligné par les représentants de services de développement économique (rattachés à des Chambres consulaires et/ou aux Conseils Généraux), particulièrement en ce qui concerne le Lot-et-Garonne et la Dordogne (mais la même situation existe sur de larges parties des trois autres départements aquitains). Même si les conditions de sécurité et, plus généralement, de respect de l’environnement paraissent pouvoir être garanties, les populations locales - et partant, les élus territoriaux - sont a priori hostiles à des implantations industrielles réputées à risques. L’absence (ou l’oubli du fait de la disparition souvent ancienne d’établissements manufacturiers) d’une culture industrielle et l’attachement, surtout de la part des néo-ruraux - en particulier retraités - à un modèle de développement principalement résidentiel et touristique combiné avec une agriculture de tradition, explique ces réticences. C’est pourquoi, à côté de nombreuses zones d’activités à dominante commerciale et artisanale, il n’existe pas sur ces territoires de véritables zones industrielles dotées du minimum d’infrastructures d’accueil nécessaire : acheminement des fluides, traitement des effluents, voies de communication spécifiques, périmètres suffisants... La recherche de terrains d’accueil pour des industries qui désirent s’implanter, ou doivent être déplacées depuis des installations en zone urbaine correspondant au cas précédemment évoqué, ne trouvent aucune solution concrète, ce qui renforce la disparité entre départements de la région Aquitaine, en terme de richesse produite et d’emploi. 5.3.3 Le cas particulier des landes de Gascogne Inversement, le massif forestier qui s’étend sur plus d’un million d’hectares répartis entre les départements des Landes, de la Gironde et une petite partie du Lot-et- Page 132 CESR Aquitaine - octobre 2002 Garonne, présente des conditions d’implantation d’établissements classés Seveso, ou d’autres types d’ICPE, a priori moins difficiles et cela pour trois raisons. La première tient, bien entendu, à la disponibilité d’espaces dans des zones à très faible densité de population, sous réserve cependant de la prise en compte de la fragilité de l’environnement, en particulier pour ce qui a trait aux rejets d’effluents risquant de polluer cours d’eau et nappe phréatique, ou d’émissions gazeuses pouvant être toxiques. La deuxième vient d’une culture industrielle manifeste qui s’est maintenue, ici, depuis l’époque où une centaine d’usines de distillation de gemme était répartie sur le massif, partiellement relayées depuis lors par des unités de sciage et quelques gros établissements de la filière bois-papier ou de la chimie. La troisième résulte d’une culture du risque forte, née du danger permanent d’incendies de forêt qui a conduit à mettre en place des dispositifs performants de sécurité, par articulation étroite de l’action des services de secours (SDIS en tout premier lieu), des collectivités locales (Conseil Général et Communes) et des habitants des zones concernées. Ces comportements collectifs sont suffisamment rares pour être soulignés, comme ont tenu à en témoigner, lors des auditions, les industriels de la zone. 5.3.4 Les estuaires de la Gironde et de l’Adour Ù La presqu’île d’Ambès et l’estuaire de la Gironde Port d’estuaire, aux temps de transit comparativement élevés par conséquent, et qui ne bénéficie par d’un hinterland à gros potentiel de transport, le port de Bordeaux ne peut compter que sur un trafic limité en fret proprement commercial. En revanche, les disponibilités foncières dont il dispose sur des rives très peu urbanisées en ont fait un port essentiellement industriel. C’est ainsi qu’en dépit de la fermeture des trois raffineries de l’estuaire consécutivement au second choc pétrolier (Elf et Esso à Ambès en 1979 et 1982, Shell à Pauillac en 1986), ramenant le trafic d’un maximum historique de 14 millions de tonnes à 9 millions aujourd’hui, plus de 70% du flux (6,4 millions de tonnes) sont directement liés à la desserte d’ICPE, qu’il s’agisse des douze entreprises classées Seveso des trois zones industrialo-portuaire de Pauillac, Ambès et Bassens (pour 4,6 millions de tonnes au total) et des silos de Bassens (1,8 millions de tonnes, depuis la disparition de celui de Blaye après l’explosion de 1997) cf. tableau ci-après. Zone portuaire Pauillac Ambès Bassens Nature des marchandises import produits pétroliers raffinés import produits pétroliers raffinés import chlorure de sodium import gaz de pétrole liquéfié import ammoniac liquide export de pétrole brut import de méthanol import de butadiène export de céréales Tonnage 1 125 000 t 2 640 000 t 30 000 t 96 000 t 221 000 t 430 000 t 18 000 t 44 000 t 1 787 000 t Nombre de navires 78 227 10 40 21 19 5 23 436 Source : Port Autonome de Bordeaux Présentation de M. Sammarcelli, 13 septembre 2002 Les réserves foncières toujours disponibles (et qui pourraient encore s’accroître en conséquence de nouvelles fermetures d’usines), ont permis d’inscrire dans le Schéma CESR Aquitaine - octobre 2002 Page 133 directeur de l’aire métropolitaine bordelaise les zones industrialo-portuaires de Bassens et d’Ambès comme pôles de développement économique. De même les terrains de l’avant port du Verdon, conçus pour accueillir un complexe pétrochimique dans les années soixante dix, sont toujours inoccupés, ce qui permet d’envisager la construction d'un terminal méthanier26 . Dans la recherche d’une sécurité industrielle accrue, à l’échelle européenne, des installations « bord à quai » n’utilisant que le mode maritime pour des transports de produits réputés dangereux devraient constituer un avantage comparatif décisif. Toutefois, les perspectives de développement industriel de la presqu’île d’Ambès et de la rive gauche de l’estuaire sont contrecarrées par plusieurs séries de facteurs : • la prise en compte des contraintes environnementales, notamment dans le cadre d’application de la directive européenne Natura 2000 ; • le risque d’inondation (pour une bonne partie de la presqu’île) nécessitant pour le Port Autonome de Bordeaux (PAB), les collectivités locales et les exploitants, des travaux d’un coût élevé ; • la pression croissante qui s’exerce (en particulier de la part des élus de la CharenteMaritime) pour abandonner la vocation industrielle de l’estuaire de la Gironde et ne plus s’attacher qu’au seul développement touristique, favorisant ainsi le développement commercial du port de La Rochelle. C’est là un enjeu de taille pour le développement industriel aquitain et l’avenir même du port de Bordeaux. Ù Sur l’estuaire de l’Adour Bien que de façon plus restreinte, des possibilités d’implantation en bordure du fleuve sont encore possibles. 5.3.5 Le bassin de Lacq Déjà étudié par le CESR dans un rapport antérieur (cf. note précédente), le bassin de Lacq présente des conditions exceptionnelles pour le maintien et l’accueil d’entreprises de type Seveso. Conditions exceptionnelles par : • l’existence de quatre sites entrant dans le classement Seveso à Lacq, Mont, Mourenx et Pardies, qui disposent encore de réserves foncières (à terme 150 ha aménageables sur les 450 ha cumulés des quatre sites), avec l’ouverture d’un lotissement industriel sur le site d’EAEPF (Indus’Lacq) à des investisseurs extérieurs au groupe Total-Fina-Elf ; • une véritable culture industrielle et de la sécurité développée sur la zone à partir d’une grande entreprise nationale (SNPA - Elf Aquitaine), née de cinquante ans d’exploitations du gaz naturel (avec un accident majeur en début d’extraction), du soufre et de la chimie afférente ; • une mutualisation de moyens sur chaque plate-forme (en tout premier lieu celle de la Sobegi) et entre plates-formes, allant de la coordination des Plans d’intervention (en particulier pour éviter les effets dominos en cas d’incident), la desserte en fluides (tout récemment encore en azote gazeux par pipeline à partir d’Air Liquide 26 Cf. le précédent rapport du CESR sur « L’évolution des activités économiques de la zone Pau-LacqOrthez », juin 2000. Page 134 CESR Aquitaine - octobre 2002 à Pardies), le traitement en commun des rejets et effluents (station de traitement des eaux biodégradables à Lacq, incinération des boues industrielles et urbaines, centre de compostage et biodégradables, possibilité d’injection d’eaux salines dans la poche de l’ancien gisement de gaz de crétacé 4000) ; • un environnement scientifique et technique de haut niveau qui peut s’appuyer tant sur le centre de recherche de Lacq (GRL) que sur l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA), ainsi que sur les structures de transfert de technologie installées à Pau sur le site Hélioparc ; • une action conjointe de toutes les collectivités locales concernées, des organisations professionnelles et des entreprises pour l’affichage d’une volonté partagée de développement sous l’appellation « Chemparc », avec un financement en commun d’une stratégie de prospection d’investisseurs potentiels, tout particulièrement dans le sous-secteur de la chimie fine à forte valeur ajoutée (principes actifs pour la pharmacie, la cosmétologie, les produits phytosanitaires... et dérivés de la thiochimie). Toutefois le bassin de Lacq doit encore surmonter plusieurs difficultés : • la première concerne l’acheminement des produits (tant à l’entrée qu’à la sortie) en raison de son enclavement relatif, question qui va devenir essentielle avec l’épuisement du gisement de Lacq (ce qui appelle des solutions adaptées : amélioration du réseau ferré, construction d’un pipe...) ; • la seconde découle de l’état du réseau de transport routier qui localement traverse sans protection plusieurs villages ; • la troisième concerne la planification urbaine pour trouver à la fois des solutions au développement des villes voisines (Mourenx en tout premier lieu) et permettre l’accueil, hors zones classées Seveso, d’autres types d’entreprises et de structures de recherche, de formation ou de vulgarisation scientifique. Le projet de mise en place par le Préfet d’un S3PI - qui peut apparaître tardif par référence à d’autres initiatives du même type en France - devrait pouvoir contribuer à avancer sur ces questions, grâce à une concertation élargie. Ce faisant, la zone de Lacq peut apparaître dès aujourd’hui comme l’un des « grands sites chimiques qui, dans une ou deux décennies, regrouperont plusieurs activités s’échangeant entre elles produits et sous-produits dans des conditions de sécurité sans commune mesure avec la situation présente » ainsi que l’écrit Philippe Essig dans son rapport de janvier 2002. Dans l’immédiat cependant, les restructurations en cours dans la chimie au plan mondial et une situation conjoncturelle de surcapacité de production, rend difficile des implantations nouvelles, Chemparc se renforçant surtout aujourd’hui par l’extension d’unités existantes. CESR Aquitaine - octobre 2002 Page 135