Success story: Association Tunisienne de Lutte contre les Maladies

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Success story: Association Tunisienne de Lutte contre les Maladies
Success story: Association Tunisienne de Lutte contre les Maladies Sexuellement Transmissibles et le
SIDA (ATL MST SIDA)
By: Tarak Mahdhaoui
L’ATL MST SIDA a été constituée le 17 Aout 1990 pour contribuer à la lutte contre la propagation des
maladies et infections sexuellement transmissibles et contre le SIDA. Elle a adopté une approche
horizontale basée sur le respect inconditionnel des droits de l’homme et le refus de toutes les formes de
ségrégation ou de stigmatisation.
Dès sa fondation, elle a opté pour une ligne engagée et militante dont le noyau dur est un groupe de
jeunes volontaires qui lui assurent force et pérennité.
L’association a élaboré une stratégie à long terme dont les principaux axes sont:
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La lutte contre toutes les formes de discrimination et de stigmatisation.
Le renforcement de la prévention et la lutte contre le SIDA: campagne de dépistage avec des
tests gratuits, campagne de distribution de préservatifs et de seringues gratuitement parmi les
populations à risque.
L’éducation des jeunes et des populations à risque: travailleurs du sexe et usagers de drogues
ainsi que le renforcement de la formation des volontaires et des professionnels de santé (1993
campagne nationale d’affichage public pour la promotion du préservatif et le lancement du
service téléphonique INFOSIDA; 2001-2009 organisation des actions de sensibilisation au profit
du public des festivals du Jazz de la médina et pendant le ramadan…).
L’organisation de campagnes de plaidoyer pour l’adoption de programmes éducatifs préventifs
et un arsenal juridique coupant avec l’approche sécuritaire répressive et pour la prise en charge
totale et gratuite des soins par l’Etat.
C’est pour toutes ces raisons que l’adhésion à l’association est considérée comme un engagement
militant solidaire politiquement et socialement.
L’association a développé plusieurs programmes ciblant des groupes et catégories fragiles, marginalisés,
et à risque comme les professionnels du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes,
les prisonniers (1994 projet de prévention des MST/VIH/SIDA en milieu carcéral en partenariat avec la
direction générale des prisons) et ceux ayant des antécédents carcéraux, les immigrés… et ce dans le but
de renforcer la prévention en utilisant les approches de limitation des risques mais aussi afin de mettre
fin à toutes les formes de discrimination et de stigmatisation envers toutes les minorités et surtout les
minorités sexuelles.
Depuis sa création, l’ATL MST SIDA a contribué à plusieurs succès et même quelques victoires comme
l’introduction de la prévention contre le SIDA dans les programmes scolaires, la reconnaissance officielle
des cas de SIDA et la publication des statistiques, l’ouverture d’un service spécialisé, la prise en charge
totale et gratuite par l’Etat de la trithérapie (devenue une réalité depuis octobre 2000) et la création
d’un centre appartenant à l’association à Tunis (en plus de la trentaine de centres étatiques dépendant
du ministère de la santé publique) où l’on peut faire le dépistage rapidement gratuitement et
anonymement, ainsi que le centre d’appel gratuit SOS SIDA qui dispense des conseils et fournit les
adresses utiles.
Néanmoins, l’association n’arrive pas à s’implanter dans le pays où sa présence se limite essentiellement
à la capitale et deux grandes ville ; malgré ses tentatives de sortir de son isolation par la création du
RANCS (Réseau Associatif National Contre le Sida) en 2002, réseau qui regroupe 36 associations mais
qui peine à se mettre en marche.
De plus, l’ATL/MST/SIDA trouve beaucoup de difficultés à s’implanter dans le paysage médiatique; en
effet, elle reste inconnue du grand public ce qui est un handicap énorme pour une association qui se
veut d’éducation populaire. Ceci est, peut-être, dû à l’adoption d’un profil discret qui lui permet de
travailler en toute liberté sans attirer l’attention. Mais cette stratégie est à double tranchant parce
qu’elle limite énormément son impact ainsi que son efficacité et de ce fait, elle hypothèque la réussite
des projets de lutte contre la propagation du fléau.
En effet, ce profil discret l’empêche d’organiser ou de participer à des campagnes publiques de
reconnaissance et de défense des droits des minorités en général et des minorités sexuelles en
particulier et elle reste souvent prisonnière d’une approche « médicaliste » de résolution des
problèmes.
Enfin, la Tunisie, et par conséquent l’ATL/MST/SIDA, comme tous les pays du printemps arabe, a subi de
plein fouet la poussée des courants conservateurs et salafistes favorisée par la passivité des courants
démocratiques ce qui s’est traduit par une augmentation de la discrimination, de la stigmatisation et des
violences envers les minorités sexuelles (assassinat d’un homosexuel à Hammamet, agressions
physiques…) et des personnes vivant avec le SIDA.