préférez le moderne à l`ancien
Transcription
préférez le moderne à l`ancien
PRÉFÉREZ LE MODERNE À L’ANCIEN DU 3 OCTOBRE AU 20 DÉCEMBRE 2014 AU FRAC AQUITAINE ARTISTES Avec les œuvres de Jean-Marie Blanchet, Stéphanie Cherpin, Camila Oliveira Fairclough, Hugo Pernet, Sébastien Vonier. Commissariat : Karen Tanguy VERNISSAGE Vendredi 3 octobre à 18h30 RENCONTRE AVEC LES ARTISTES Samedi 4 octobre 15h30 : Rencontre avec Stéphanie Cherpin et Jean-Marie Blanchet Samedi 22 novembre 15h30 : Rencontre avec Camila Oliveira Fairclough et Sébastien Vonier ATELIERS ENFANTS Samedis 11 octobre et 29 novembre, de 15h à 17h30. Pour les enfants de 6 à 12 ans, sur inscription, 3€. INFORMATIONS PRATIQUES Ouverture du Frac Aquitaine du lundi au vendredi de 10h à 18h et le samedi de 14h30 à 18h30. Entrée libre Rendez-vous au comptoir : Présentation de l’exposition tous les samedis, à 16h30, entrée libre VISITE PRESSE Le jeudi 2 octobre à 14h CONTACT PRESSE Aurore Combasteix : 05 56 24 70 72 [email protected] Camila Oliveria Fairclough, Archive, 2010. © Camila Oliveira Fairclough L’exposition Préférez le moderne à l’ancien s’interroge sur l’abstraction dans un contexte aujourd’hui dominé par les images et l’information, en rassemblant de jeunes artistes émergents de la scène artistique française et internationale. Leurs œuvres, appréhendées dans une optique élargie – l’œuvre d’art abstraite, qu’elle soit peinture ou sculpture, n’étant plus seulement envisagée comme close sur elle-même – entretiennent des connexions directes avec le monde réel. Par allusion et évocation, celles-ci déplacent notre point de vue et introduisent une ambiguïté sur ce qui nous est donné à voir. Au fil du parcours, s’entrelacent attributs de l’abstraction moderniste (grille, simplification des formes, réduction des couleurs) et références plus familières (mobilier, écriture, musique) au point que certaines productions induisent une certaine confusion quant à leur nature. Ainsi, face aux œuvres de Sébastien Vonier et de Stéphanie Cherpin à l’esthétique faussement fonctionnelle, on s’interroge : s’agit-il d’éléments de mobilier ou de l’évocation d’un paysage ? Une géométrie familière se dégage également des œuvres en similicuir de Jean-Marie Blanchet accentuant la dichotomie entre le réel, signalé par le matériau, et l’abstraction, incarnée par le monochrome. Netteté de la ligne et expressivité du geste se côtoient dans un environnement à l’exubérance signalétique avec notamment les quatre peintures Marlett de Camila Oliveira Fairclough qui surplombent la sculpture Let’s Me Knife, Knife Me Lets, I Will Get What I Like de Stéphanie Cherpin. L’espace, ainsi rythmé par les formes héraldiques de Hugo Pernet et de Camila Oliveira Fairclough, est habité de messages et de signes, à l’instar des enseignes et logos dans l’environnement urbain. Les titres des œuvres offrent un niveau de lecture supplémentaire comme autant d’indices renvoyant à une réalité propre aux artistes. Jean-Marie Blanchet y cultive une certaine ambivalence tout en privilégiant le simulacre. Hugo Pernet rend hommage à des artistes historiques. Stéphanie Cherpin choisit des titres de chansons pour ses œuvres, renseignant ainsi quant à son processus créatif. Sébastien Vonier, lui, mentionne des lieux précis tandis que Camila Oliveira Fairclough, dans une dimension presque ludique, joue sur le lisible et le visible. Dans son livre Les Mots dans la peinture, Michel Butor spécifie que l’expérience de l’œuvre « comporte en fait une considérable partie verbale. Nous ne voyons jamais les tableaux seuls, notre vision n’est jamais pure vision »1. Introduite par une peinture de Hugo Pernet représentant la première photographie de Nicéphore Niepce, l’exposition se conclut par Ultimate paintings du même artiste. Réminiscence de la célèbre série d’Ad Reinhardt, cet ensemble semble figurer un fondu au noir, tel qu’il en survient à la fin d’un générique de film. L’image, de son apparition à sa disparition, est au cœur de cette boucle métaphorique. La polysémie et la vertu germinative des œuvres de l’exposition, empruntant des fragments reconnaissables au monde réel, suscite chez le regardeur autant d’analogies que d’images mentales. Préférez le moderne à l’ancien tend à mettre en lumière une image du réel plutôt que le réel lui-même. 1. Butor, Michel, Les mots dans la peinture. Genève : Skira - Les Sentiers de la création, 1969, p. 8 Hangar G2, Bassin à flot n°1 — Quai Armand Lalande — 33 300 Bordeaux — France Tél. +33 (0)5 56 24 71 36 — Fax. +33 (0)5 56 24 98 15 www.frac-aquitaine.net Association loi 1901 — siret 327 946 471 00031 — ape 923 ao Le Fonds régional d’art contemporain-Collection Aquitaine est financé par le Conseil régional d’Aquitaine et l’État (Ministère de la Culture et de la Communication - Direction régionale des Affaires culturelles d’Aquitaine), avec le soutien de la Ville de Bordeaux. PRÉSENTATION DES ŒUVRES DE L’EXPOSITION paysage Nocturne de Hugo Pernet, imprégnation sur toile de la photographie de Nicéphore Niepce, ouvre le parcours de l’exposition. Le paysage jadis capté par l’inventeur de la photographie n’est ici pas directement visible. Il faut s’approcher de la toile afin de le déceler et l’on devine en filigranes une image qui se dessine dans le monochrome noir. La même incertitude apparaît face à la sculpture de Stéphanie Cherpin Derelict, mêlant des matériaux de rebus en un ensemble homogène dont l’une des faces apparaît d’aspect terreux ou lunaire. Wood, de Jean Marie Blanchet fonctionne à la manière d’un trompe-l’œil, l’acrylique évoquant faux bois ou faux lino. Sébastien Vonier cultive également l’ambiguïté en retraçant en trois dimensions des trajets parcourus sur les sentiers de l’île bretonne de Ouessant (titre). Avec ces sculptures murales aux formes organiques, le géographique rencontre le domestique. L’artiste apprivoise ici les promenades qui rythmaient alors son quotidien et produit une forme suggérant la fonctionnalité d’une bibliothèque ou d’une étagère murale. Le naturel est ainsi détourné, réapproprié et « hybridé ». En peignant la lettre Q que l’on peut lire comme un coucher de soleil, Camila Oliveira Fairclough suggère avec humour et légèreté cette métamorphose. L’artiste puise fréquemment dans le langage. Pour elle, les lettres sont avant tout des formes. Le signe devient image, la peinture propose une nouvelle signalétique à déchiffrer. Sébastien Vonier, Touldreïz, 2014 Mdf, wengé, 158 x 120cm Production Galeries Lafayette Camila Oliveira Fairclough, Q, 2003 Acrylique sur toile, 100 x 80 cm espace urbain Archéologue des zones périurbaines, Stéphanie Cherpin collecte des matériaux délaissés, des carcasses urbaines abandonnées. Pour Let’s me knife, Knife me lets, I will get what I like, elle utilise des feux de signalisation et des portails récupérés dans un dépôt de la voirie parisienne. Malmenant les matériaux de ses sculptures à l’aide de scies sauteuses, perceuses, tronçonneuses, elle les assemble au rythme des morceaux de groupes de rock des années 1980 qui déterminent son geste plastique. En résulte ici une vaste sculpture, sorte de partition musicale en 3D se déployant dans l’espace et dont le titre fait référence aux paroles d’une célèbre chanson des Pixies, Caribou. Sébastien Vonier, en utilisant un fragment d’un escalier absent, s’inscrit lui aussi dans le territoire urbain. Main courante renverse l’équilibre spatial et fait basculer le spectateur de l’architecture à la sculpture. Hugo Pernet et Camila Oliveira Fairclough puisent également des motifs dans notre réalité quotidienne. Le motif de Mono 3 est celui de la trame du tissu qui habille les haut-parleurs d’une enceinte. L’artiste déclare chercher la peinture là où elle se trouve. Il se réfère aussi à l’univers dématérialisé d’Internet avec des tableaux « en attente d’image ». Au centre de Loading figure un signal de téléchargement. De même, Rouge, jaune, bleu, lien hypertexte peint au mur, renvoie à une vidéo découverte par hasard par l’artiste à la télévision. Cette dernière présente un accident d’avion, en réalité un crash test réalisé dans le but d’observer et prévenir d’éventuelles explosions de carburant. Le titre de l’œuvre est une allusion à la série d’œuvres de Barnett Newman (artiste américain expressionniste abstrait) Who’s Afraid of Red, Yellow and Blue. Dans la vidéo de YouTube, des colonnes de fumée colorée (rouge, jaune, bleu) s’échappent de l’appareil au moment de l’impact. Blackjack de Camila Oliveira Fairclough reprend un détail du revers d’une carte à jouer. Par cette composition, l’œuvre fait référence au motif de la grille comme principe de construction urbanistique. L’artiste s’inspire tantôt de formes architecturales (Hotel) ou du nom des caractères d’une police typographique (série Marlett). Accrochées en hauteur, ces peintures rappellent les messages présents dans l’espace urbain, comme les enseignes et logos des villes. Sébastien Vonier, Main courante, 2004 Métal peint, 300 x 120 x 500 cm Collection Frac Aquitaine Hugo Pernet, Rouge, jaune, bleu, 2009 - 2012 http://www.youtube.com/watch?v=OTJ07V1QcZ4 Acrylique, 122, 305, 544 ou 603 cm de long (selon la longueur du mur) Collection Frac Aquitaine habitat À la recherche de formes abstraites dans l’architecture et l’urbanisme, les artistes prélèvent aussi des éléments du réel provenant de l’univers domestique. À ce titre, le motif carrelé choisi par Jean-Marie Blanchet pour Domestique, l’aspect capitonné de Simili ainsi que le support de similicuir adopté pour chacune de ses œuvres déplacent la peinture vers le champ de l’objet. Simili rappelle l’aspect d’un canapé et occupe d’ailleurs l’espace à la manière d’un meuble, intégrant ainsi doublement la sphère du domestique. Stéphanie Cherpin transforme des bois de lits jumeaux et des planches de surf en un inquiétant masque animal (Feline mix). Pontmain de Sébastien Vonier est un ensemble de tableaux readymade constitués de fragments « carottés » dans un mur de briques exhibant à leur surface papier peint et baguettes de bois. Les tissus récupérés et montés sur châssis par Camila Oliveira Fairclough (Petals et Burnt) interrogent les limites entre l’œuvre d’art et l’objet décoratif. Si PS de Hugo Pernet, reprend, dans sa composition, la couverture d’un livre de poésie écrit par l’artiste, Ultimate Paintings, série de cinq toiles noires présentant une bande légèrement plus claire en leur centre, rappelle le fondu au noir qui encadre les génériques de fin de film. Le titre de l’œuvre fait référence aux peintures quasi monochromes réalisées par l’artiste américain Ad Reinhardt à la fin de sa carrière. Comme Nocturne qui entame le récit de l’exposition, ces peintures, ton sur ton, laissent à peine entrevoir le motif de la bande. Jean-Marie Blanchet, Simili, 2003 Acrylique sur simili cuir, bois, 200 x 60 x 10 cm Jean-Marie Blanchet, Domestique, 2010 Acrylique sur simili cuir, velours de Gênes, 135 x 185 x 11 cm Camila Oliveira Fairclough, Petals, 2003 Soie, 50 x 50 cm BIOGRAPHIE DES ARTISTES jean-marie blanchet Jean Marie Blanchet est né à Châteauroux en 1970, il vit et travaille à Villeneuve-sur-Lot. Sa peinture se situe dans un espace intermédiaire entre arts mineurs et majeurs, abstraction et décoration. Comme le souligne Didier Arnaudet, l’artiste confère à sa démarche « une dimension artisanale revendiquée par des matériaux usuels (laque, adhésif, contreplaqué, plâtre), des préoccupations techniques et des propositions abstraites, décoratives et fonctionnelles ». Entre peinture et objet, il invente une forme hybride, que l’historienne de l’art Camille de Singly qualifie de « transpeinture ». Par là, il s’agit pour Jean-Marie Blanchet de questionner les fondements de la peinture dans un jeu d’équilibre, d’écart ou de rupture. stéphanie cherpin Stéphanie Cherpin est née en 1979 à Paris où elle vit et travaille. Elle puise son inspiration autant dans les rythmes de la musique rock anglo-saxonne qu’elle écoute en travaillant, que dans des formes issues des cultures primitives. La sculpture constitue son médium de prédilection. L’artiste assemble objets et matériaux achetés ou glanés dans des zones commerciales ou industrielles. Elle « maltraite » ensuite le matériau, souvent par des gestes violents et par l’utilisation non conformiste d’outils tels que scie sauteuse ou chalumeau. Pour elle, la pratique de la sculpture s’apparente à une forme de lutte. L’œuvre se construit au fur et à mesure, à l’instinct, selon l’humeur du moment et les capacités d’épuisement de la matière. camila oliveira fairclough Camila Oliviera Fairclough est née en 1979 à Rio de Janeiro (Brésil) et vit à Paris. Son travail s’inscrit dans la continuité des productions d’Hélio Oiticia et de Lygia Clark, figures du néo-concrétisme brésilien qui défendent dans les années 1960 un retour à la subjectivité et aux intentions expressives. En utilisant des formes simples et minimales observées dans son environnement quotidien (comme sur des emballages ou des affiches), l’artiste aborde de manière concrète la réalité. Elle s’intéresse aussi aux écritures typographiques et considère que les mots, comme les images, font partie intégrante de notre imaginaire collectif. Par la collecte puis l’isolation de ces formes, la frontière entre monde réel et peinture s’atténue. hugo pernet Hugo Pernet est né en 1983 à Paris et vit à Dijon. Artiste, poète, critique d’art et co-fondateur de l’espace Bikini à Lyon, il travaille des formes simples et géométriques et interroge à la fois l’héritage des avant-gardes et les liens entre peinture abstraite et société de consommation visuelle. L’artiste s’inspire parfois de détails architecturaux ou de signes schématiques liés à la diffusion (enceintes acoustiques, écran de veille). Selon le commissaire d’exposition Vincent Pécoil, c’est par un mécanisme d’ « appropriation » et dans la continuité de l’abstraction du XXe siècle, qu’il entreprend une peinture littérale qu’il qualifie lui-même d’abstraction « trouvée », c’est-à-dire issue de signes prélevés dans l’environnement quotidien. sébastien vonier Sébastien Vonier est né à Ploemeur en 1975 et vit à Bordeaux. Sa pratique, déterminée par un territoire urbain ou naturel, propose un nouveau point de vue sur le paysage. Tel l’archéologue des zones en friche, il nous propose d’appréhender autrement le contexte spatial, public ou domestique. Ainsi, ses œuvres constituent des alternatives, des propositions décalées sur le réel. En partant de détails, formes, matériaux, objets ou cartographies, ces extractions de réalité, ces « carottages » évoquent parfois la ruine. Entretenant une étroite relation à l’expérience, sa démarche inscrit le corps dans le paysage. Comme le souligne Yoann Gourmel, « l’œuvre n’est plus tant l’objet du regard que le lieu à partir duquel regarder ». PROGRAMMATION CULTURELLE AUTOUR DE L’EXPOSITION rencontre avec les artistes Samedis 4 et 22 novembre, à 15h30 Samedi 4 octobre : Rencontre avec Stéphanie Cherpin et Jean-Marie Blanchet Samedi 22 novembre : Rencontre avec Camila Oliveira Fairclough et Sébastien Vonier Tout public, entrée libre. Stéphanie Cherpin Let’s me knife, Knife me lets, I will get what I like, 2010 Portails en fer, feux de signalisation, luminaires de ville, chaînes, bâche, tissu, ruban adhésif, peinture, 450 x 600 x 300 cm Collection Frac Aquitaine ateliers enfants - quel chantier ! Atelier d’arts plastiques en rapport avec l’œuvre de Stéphanie Cherpin par « Le Petit Atelier » Pour les enfants de 6 à 12 ans Venez détourner des objets de notre quotidien ! Ils sont prêts et vous attendent. Métamorphoser, revisiter, transformer : telles seront vos missions pour inventer de nouvelles formes dans une ambiance de chantier et au rythme de la musique rock. Ici on peut lacérer, déchirer, broyer, détruire des matériaux de récupération pour créer, à la manière de l’artiste Stéphanie Cherpin, une sculpture collective inspirée d’éléments du réel. Notre vie de tous les jours est une mine d’inspiration : à vos casques ! Enfants individuels : Samedis 11 octobre et 29 novembre, de 15 à 17h30, 3€ Groupes centre d’animation : jeudi 23, mercredi 29 et jeudi 30 octobre 2014, de 14h à 16h, gratuit Inscription obligatoire : 05 56 24 90 85 ou [email protected] rendez-vous au comptoir Tous les samedis, à 16h30 Visite guidée de l’exposition par une médiatrice, en entrée libre. visites (scolaires, étudiants, associations,...) Tous les jours du lundi au samedi, entre 9h30 et 18h Découverte à dimensions variables de l’exposition en compagnie d’une médiatrice, environ 1h Groupe scolaire ou champ social : gratuit Groupe individuels (15 minimum) : 30€ Sur rendez-vous : 05 56 24 90 85 ou [email protected] visits in english Saturdays October 25, November 15, December 16 at 3 pm Free