Utilisation d`un système de mise à la terre globale aux
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Utilisation d`un système de mise à la terre globale aux
UTILISATION D’UN SYSTÈME DE MISE À LA TERRE GLOBALE AUX FINS DE RENCONTER LES IMPOSITIONS DE PROTECTION CONTRE LES CONTACTS INDIRECTS EN HAUTE TENSION M. Desmedt Electrabel Belgique J. Hoeffelman CPTE Belgique D. Halkin Laborelec Belgique [email protected] [email protected] [email protected] RESUME La législation belge sur la protection contre les chocs électriques par contacts indirects en HT, datée de 1983, est basée sur un ensemble d’exigences concernant les systèmes de mise à la terre locale, l’interruption automatique de l’alimentation et certaines mesures passives complémentaires. Il est connu depuis longtemps cependant que la sécurité des installations HT est en grande partie assurée par l’existence dans les réseaux d’un système de mise à la terre globale (SMTG), c-à-d d’un système équivalent de mise à la terre obtenu par l’interconnexion de systèmes de mise à la terre locale et formant ainsi une surface quasi équipotentielle. Depuis l’introduction de ce concept de SMTG dans la normalisation européenne et sur base d’une évaluation systématique de la situation dans les réseaux, il est apparu logique de proposer une modification de la législation belge en cette matière. La présente contribution met l’accent sur quelques unes des principales exigences de sécurité de la norme européenne, explique comment l’évaluation de certaines parties du réseau MT a été réalisée et décrit comment le concept de SMTG, en ce compris la mesure et le contrôle des terres locales, a été introduit dans la proposition de modification du Règlement Général sur les Installations Electriques. UTILISATION D’UN SYSTÈME DE MISE À LA TERRE GLOBALE AUX FINS DE RENCONTER LES IMPOSITIONS DE PROTECTION CONTRE LES CONTACTS INDIRECTS EN HAUTE TENSION M. Desmedt Electrabel Belgique J. Hoeffelman CPTE Belgique D. Halkin Laborelec Belgique [email protected] [email protected] [email protected] INTRODUCTION ainsi que la protection contre les contacts indirects en HT. Au niveau international, ce document introduit pour la première fois le principe de la mise à la terre globale dans un document normatif. En Belgique on vient de terminer l’étude des mesures à prendre pour permettre la mise en application de ces considérations. La législation belge en matière de protection contre les contacts indirects en HT a été introduite en 1983. Ces règles visaient à éviter les accidents dus à des tensions de pas et de contact ainsi que le transfert de potentiels élevés vers des endroits à potentiel faible et vice versa. La politique de sécurité était basée sur la mise en œuvre de systèmes de mise à la terre locale, combinée à une protection active par interruption de l’alimentation et complétée, si nécessaire, par d’autres mesures de sécurité passives. Une protection uniquement basée sur un système de mise à la terre locale n’est cependant pas réaliste. Plusieurs études réalisées dans la période 1983-1990 ont démontré que la solution au problème était présente dans le réseau même. On dispose, en effet, d’un système de « mise à la terre globale » par l’interconnexion d’une multitude de systèmes de mise à la terre locale. Cette interconnexion est réalisée au moyen de conducteurs de protection qui eux-mêmes ont souvent un effet de terre (ex. les gaines de plomb des câbles papier-plomb). Ces études ont démontré qu’un tel système est capable de maintenir la tension de contact à un niveau sûr. Durant les années 1998-1999, le document HD 637-S1 « Installations électriques de tensions nominales supérieures à 1 kV en courant alternatif » a été rédigé par le Comité Technique 99X du CENELEC. Le chapitre 9 « Systèmes de mise à la terre » traite, de façon approfondie, les problèmes liés aux systèmes de mise à la terre TENSION DE CONTACT ADMISSIBLE La détermination de la valeur maximale de la tension de contact UTp est basée sur l’application des normes IEC-479-1 et Cenelec HD 637-S1. Sans tenir compte des résistances additionnelles, la valeur de la tension de contact admissible UTp, pour un contact main - pieds, dépend de la durée du courant de défaut (voir tableau 1) : Durée du courant de défaut en s UTp en V 0.5 1 230 100 Tableau 1 - Tension de contact admissible Lorsqu’on tient compte de la résistance additionnelle Ra = Ra1 + Ra2 (avec Ra1 la résistance des chaussures et Ra2 la résistance entre les chaussures et la terre) on obtient la valeur maximale admissible de la tension de contact USTp. Cette valeur dépend de la nature du sol (dans le cas présent un sol humide est pris en considération). USTp en V Terre non définie gravier – ballast brique – tuiles tarmac –asphalte Durée du courant de défaut en s Ra = 1 kΩ Ra = 2.5 kΩ Ra = 4 kΩ Ra = 8 kΩ 0.5 500 700 1 000 1 500 1 200 300 400 550 Tableau 2 – Valeur maximale admissible de la tension de contact Il y a lieu ici d’établir la relation entre USTp et UE (UE représentant la montée en potentiel du système de mise à la terre locale par rapport à une terre neutre, sous l’effet du courant de défaut maximal prévisible ». Sachant que la tension à la surface du sol (fraction de UE) décroît avec la distance par rapport à l’emplacement des électrodes de terre, des valeurs de UE supérieures à USTp sont permises. Ainsi, conformément à la HD 637-S1, on admet que la chute de tension en un point du sol éloigné d’un mètre de l'électrode de terre, s'élève à 50% de UE. La valeur maximum admissible de UE peut donc valoir le double de USTp. SYSTEME DE MISE A LA TERRE GLOBALE (SMTG) Définition du concept " système de mise à la terre globale » Selon la HD637-S1, un système de mise à la terre globale est défini comme « système de mise à la terre équivalent créé par l'interconnexion des systèmes de mise à la terre locale et qui assure, par la proximité des systèmes de mise à la terre, qu'il n'y a aucune tension de contact dangereuse. De tels systèmes permettent la division du courant de défaut à la terre de manière à réduire l'élévation de la montée en potentiel du système de mise à la terre local. On peut dire qu'un tel système crée une surface quasi équipotentielle » Application du concept SMTG dans le réseau d'Electrabel Sur base des critères mentionnés ci-dessus, Laborelec a été invité en 1999 à étudier le comportement d’un réseau de distribution comportant une densité de systèmes de mise à la terre locale relativement élevée. Par le biais de cette étude on a examiné le comportement d'environ 16.000 postes de transformation MT/BT dans des conditions réelles de défaut. Compte tenu d’un courant de défaut maximum Imax de 1 ou 2 kA (limitation par une impédance à la source) et d'une durée maximum de défaut de 1 seconde, on n’a trouvé un dépassement possible de la tension de contact admissible USTp (2 UE avec Ra = 2.5N TXH GDQV VHXOHPHQW % des cas (cf. tableau 3). Ce calcul a été fait de façon conservatoire car les résistances de terre locales ont été arbitrairement fixées à une valeur de 10 UE en V 0-199 200-399 450-599 600-799 800-999 1000-1199 1600-1799 2600-2799 Nombre de cabines pour Imax = 1 kA 10522 1749 59 4 1 0 1 0 Nombre de cabines pour Imax = 2 kA 3.716 7.755 664 105 12 3 0 1 Tableau 3 – Nombre de cabines par plage de montée en potentiel UE En fait cette valeur est, dans la plupart des cas, inférieure à 10 YRLUHà 5 Les cas où la montée en potentiel admissible a été dépassée concernent des cabines isolées (interruption de la continuité du conducteur de protection, cabines en antenne ou situées à grande distance d'autres cabines) qui, de ce fait, ne peuvent pas être considérées comme faisant partie d’un SMTG. On a constaté également que la valeur de la résistance terre locale à l'endroit du défaut n’est pas un paramètre déterminant dans le calcul de la montée en potentiel. Ceci confirme la présomption qu'un système de mise à la terre globale est effectivement bien présent dans les zones à densité résidentielle élevée ainsi que dans les zones avec une activité industrielle fortement développée. Une procédure numérique a été développée pour identifier les cabines qui pourraient présenter un risque. L'étude a ainsi démontré que les installations situées près de la source d'énergie (poste HT/MT) bénéficient d’un certain avantage du fait que le courant de défaut revient à la source principalement par l'intermédiaire des conducteurs de protection et ne contribue que peu à l'élévation du potentiel de terre. Les installations éloignées présentent également peu de risque puisque la durée du défaut y est toujours inférieure à 0,5 s et souvent même à 0,3 s. En outre, le courant de défaut y est également limité par l'impédance de la boucle. Ceci est mis en évidence à la figure 1 où, pour un courant de défaut limité à 2 kA et une montée en potentiel UE limité à 800 V, la valeur maximum de la résistance de terre locale (d’une cabine MT/BT) a été calculée en fonction de la distance à la source et du nombre de cabines situées en amont de l'installation considérée (courbe inférieure 1 cabine, les courbes suivantes correspondant à 2,3,5,7,9,13,21,29 cabines). Deux cas ont été considérés: La figure 1a concerne un feeder 2 simple composé de câble papier-plomb 150 aluminium dont la gaine est en contact avec une terre de 1000 P GH Uésistivité. La figure 1b concerne un feeder équipé de câbles de section identiques mais munis d’une gaine extérieure en matière isolante (PE). Le fait que les câbles papier-plomb, même enfouis dans un sol de relativement haute résistivité, autorisent des valeurs de résistances locales plus élevées est clairement visible sur ces figures. FkEOH$OðSDSLHUSORPE FRXUDQWPD[LPXPGHGpIDXWN$ U(max :9 Figure 1a PROPOSITION POUR REGLEMENTATION UNE FkEOH$Oð3( FRXUDQWPD[LPXPGHGpIDXWN$ U(PD[9 Figure 1b NOUVELLE Les conclusions de l'étude faite par Laborelec ainsi que la publication HD 637-S1 du CENELEC ont été à l’origine d’une proposition de modification de la réglementation nationale belge (RGIE / AREI). Dans cette proposition les principes suivants sont développés: Exigences pour un système de mise à la terre globale Les conditions minimales auxquelles doit satisfaire un système de mise à la terre pour obtenir le statut de mise à la terre globale sont basées sur les considérations reprises ci-dessus mais fixées de façon arbitraire. Dans la pratique, un SMTG est supposé exister quand au moins 20 systèmes de mise à la terre locales sont reliés entre eux par des conducteurs de protection, pourvu que la longueur moyenne L de la liaison entre deux systèmes locaux contigus ne soit pas supérieure à: L ≤ 500 Sm (en m) 16(mm²) (Sm = moyenne pondérée des sections en fonction des longueurs des conducteurs de protection qui assurent 2 la liaison, en mm ) On admet également l’existence d’un SMTG s’il comporte un ensemble de câbles à effet de terre d’une longueur totale d’au moins 1 km et si la longueur moyenne des parties de câbles sans effet de terre n'excède pas la valeur de L. Il faut ajouter aussi que la continuité des conducteurs de protection doit toujours être assurée au niveau des boîtes de jonction et des cabines de sectionnement ou de transformation. Des situations mixtes comportant à la fois des câbles à effet de terre et des prises de terres locales interconnectées sont également admises. Système de mise à la terre locale Le principe de mise à la terre globale est basé sur l'interconnexion d’installations de mise à la terre locale par des conducteurs de protection qui, à leur tour, sont reliés à la source. Ceci signifie que chaque mise à la terre locale ne contribue que dans une mesure restreinte au système global et n’a donc qu’une importance limitée. Ceci justifie que la valeur maximum admise pour la résistance de terre d’une installation individuelle reliée à un système de mise à la terre globale puisse s’élever jusqu'à 15 A titre d’exemple, on obtient une telle valeur quand un des ensembles d'électrodes de terre décrits ci-dessous est enfoui dans un sol ayant une résistivité de 100 PILJXUH • • • électrode de terre profonde de 8 m (diamètre de l’électrode 0,02 m); boucle de terre de 10 m à une profondeur de 0,5 m; quatre piquets de terre de 1,5 m reliés par une boucle de terre de 8 m. Câble MT Câble MT RE ZB’ ZB’’ Figure 3a – Schéma électrique d’un système interconnecté de mise à la terre locale RE ZE ZB’ ZB’’ Figure 3b – Schéma équivalent pour ZE h = 0,5 m L = 1,5 m L=8m LL = 10 m LL = 8 m d = 0,02 m RE Figure 2 - Exemples de réalisation de systèmes de mise à la terre locale Cette approche est plutôt conservatoire sachant qu’en Belgique la résistivité du sol (couche supérieure) est généralement inférieure à 100 P Dans les cas où la résistivité du sol, à une profondeur de 1 m, est supérieure à 150 P OD valeur maximum à prendre en considération pour chaque mise à la terre individuelle devient: R E ≤ 15 ρE Ω 150 Contrôle des systèmes de mise à la terre Le contrôle est basé sur deux principes : • le maintien en bon état du système de mise à la terre locale; • le contrôle de la continuité de l’interconnexion avec les autres terres du réseau. ZEB ZB’ ZB’’ Figure 3c – Schéma équivalent pour ZEB Contrôle avant mise en usage Avant la mise en usage de l’installation HT, la résistance de terre locale est mesurée. Cette valeur est appelée valeur initiale de la résistance de terre RE. Elle sert de référence au(x) prochain(s) contrôle(s) périodique(s). La valeur RE (liée ou non à la valeur de E) permet de vérifier si les dispositifs de mise à la terre ad hoc ont réellement et correctement été installés. Contrôles périodiques Lors du premier contrôle périodique l'impédance Il s’agit de ZE est mesurée (figure 3b). l'impédance du système de mise à la terre locale interconnecté avec l'impédance ZB de tous les autres systèmes de mise à la terre du réseau (ZB’, ZB’’...). ZE ,qui est le résultat de la mise en parallèle de RE et de ZB, peut être considérée comme étant l’impédance du système de mise à la terre globale mesurée localement. Cette impédance doit être inférieure à RE. Dans la pratique la valeur de ZE est la plupart du temps inférieure à 1 Si tel est le cas, seul l'impédance de boucle ZEB est mesurée lors des contrôles ultérieurs, c.-à-d. l'impédance de la boucle formée par RE en série avec ZB (voir figure 3c). Ce contrôle peut être réalisé sans déconnexion du conducteur de terre (mesure par pince ampèremétrique). La valeur de ZEB doit être inférieure à la plus grandes des deux valeurs de référence RE + 50% ou RE VRLW : ZE< ZEB<1,5 RE ou ZE< ZEB<RE +1 L’objet de ce contrôle est donc davantage de vérifier que rien d’anormal ne s’est produit (interruption de la continuité, changement significatif dans la valeur de RE, …), plutôt que de rechercher la valeur exacte de la résistance de mise à la terre locale. La mesure de ZEB est facile à réaliser (pas de déconnexion des écrans de câbles) et donne d’importantes informations sur l’efficacité du système de mise à la terre globale. CONCLUSIONS L’approche décrite ici est en complète harmonie avec les prescriptions de la norme CENELEC HD 637-S1. En outre, au niveau national, un grand pas en avant va être accompli avec la révision de la réglementation belge dans le domaine de la protection contre les chocs électriques par contacts indirects en haute tension. Ceci sera obtenu grâce à l’introduction du concept de mise à la terre globale et au remplacement d’une série de règles et de mesures compliquées par un contrôle beaucoup plus efficace de la sécurité intégrée. REFERENCES . Ces conditions sont rendues nécessaires (la seconde au cas où la valeur de RE est faible) pour s’abstraire des variations de RE dues aux conditions variables d’humidité. Si ZEB ne satisfait pas ces conditions, il y a lieu de mesurer RE à nouveau et de procéder à une vérification complémentaire de la continuité par la mesure de ZEB. [1] Criteria for determining the efficiency of a global earthing D. Halkin, J. Hoeffelman CIRED 1997 Record of discussion S2 [2] How to ensure the efficiency of a global earthing in MV networks D. Halkin, J. Hoeffelman CIRED 1999 – Paper 2.20