Le Dernier Jour d`un Condamné

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Le Dernier Jour d`un Condamné
Éditeur : Hachette
Collection : Le Livre de Poche Jeunesse
Genre : Classique
Nombre de pages : 222
Niveau : A partir de 12 ans
Difficulté : 3
Le Dernier Jour d’un Condamné
Victor Hugo
Illustration de couverture : Pascal Rabaté
RÉSUMÉ
1. Celui qui, libre, l’esprit jeune et plein de fantaisies, rêvait de fêtes, est devenu, depuis cinq semaines, un captif dont
la pensée est uniquement occupée par la certitude de sa condamnation à mort. 2. Le troisième jour du procès où la
foule se presse sur les bancs de la salle d’audience, le criminel, ramené sur la paille de son cachot, s’est endormi
d’ennui et de fatigue à voir et entendre toute une fantasmagorie de juges, témoins, avocats et procureurs. Réveillé par
le guichetier, le prisonnier, les mains et les jambes tremblantes, revoit dans sa tête les douze jurés qui ont veillé
pendant qu’il dormait. Dans la salle des assises, le silence se fait à son entrée. Le moment décisif de la sentence est
arrivé. Cela ne cause pas de terreur à l’homme car les juges ont l’air satisfait. Le visage du président semble calme et
bon. “Condamné à mort” : à entendre ce verdict, tout prend la couleur d’un linceul. 3. Mais tout homme ne meurt-il
pas ? Lui qui est raffiné par l’éducation et que l’on brutalise, qui ne rencontre personne qui le croit digne d’une parole,
que va lui enlever le bourreau ? 4. Transporté dans le hideux Bicêtre, le condamné n’aperçoit plus derrière de massifs
barreaux que la hâve figure d’un galérien ou d’un fou. 5. Le condamné s’est pourvu en cassation. On lui accorde une
promenade une fois par semaine durant laquelle il parle aux autres prisonniers dont il apprend le langage qu’il juge
sordide. 6. à 8. Ayant obtenu de l’encre, du papier et des plumes, l’homme rédige le journal de ses souffrances. N’y
aura-t-il pas dans ses écrits plus d’une leçon pour ceux qui condamnent ? Mais celui qu’il faudrait sauver ce serait
d’abord lui-même. 9. L’homme qui laisse une mère, une femme et Marie, sa petite fille de trois ans rédige son
testament. 10. à 12. Sur les murs de sa geôle, il découvre, avec horreur, le dessin d’une guillotine et les noms de
condamnés à mort dont celui de Papavoine, l’horrible fou qui tuait les enfants à coups de couteaux sur la tête. 13. Il
assiste, depuis une fenêtre grillée, au ferrage des condamnés au bagne, avant leur départ pour Toulon. Quand ceux-ci
soudain hurlent dans sa direction, reconnaissant en lui un camarade qui va mourir, il tombe évanoui. 14. C’est un
bonheur de se retrouver dans un lit d’hôpital même si les draps sont rudes. Dans la grande cour, les charrettes
remplies de forçats rivés à leur chaîne, le cou pris dans un carcan, partent pour le bagne. Mieux vaut la mort que les
galères. 15. à 20. L’horloge sonne six heures quand le guichetier vient demander, d’une voix adoucie, ce que le
prisonnier désire pour déjeuner. Le directeur de prison lui-même est venu et l’a appelé Monsieur. C’est pour
aujourd’hui ! 21. Un huissier annonce le rejet du pourvoi. L’arrêt sera exécuté en place de Grève. Comment fuir ? 22. à
24. Dans le cabriolet qui le transfère, le condamné tombe en léthargie, ne pouvant ni remuer ni crier et sentant qu’on
l’enterre. Au Palais de Justice, il se retrouve dans une cellule avec un autre condamné qui va être transféré à Bicêtre
avant son exécution. Ce dernier raconte sa vie d’orphelin et comment tout a concouru à ce qu’il n’ait pu devenir
honnête quand il le désirait. Comme celui qui va être exécuté lui répond en le vouvoyant, il le prend pour un marquis. Il
échange sa grosse veste de laine contre la redingote de celui-ci. S’il la revend, il en obtiendra assez pour six semaines
de tabac. 25. et 26. Dans six heures, la petite Marie n’aura plus de père. Est-il vrai qu’elle aura honte et horreur de lui ?
27. à 31. Le prêtre ne dit rien au condamné qui aille de son cœur vers le sien. Comme il aurait besoin pourtant de
quelqu’un qui le console ! 32. à 36. Il revoit sa jeunesse, son amour pour Paquita, sa peur dans la tour du bourdon de
Notre-Dame, bourdon qui ébranle aujourd’hui les cavités de son cerveau. 37. à 40. Encore deux heures et quarantecinq minutes. Ils disent qu’on ne souffre pas, mais qu’est-ce donc que cette agonie de six semaines et ce râle de tout
un jour ? Se sont-ils, ne serait-ce qu’une seconde, mis à la place de celui à qui on brise les vertèbres ? 41. Marie,
venue avec sa bonne, car sa grand-mère et sa mère sont malades, ne reconnaît pas son père et l’appelle Monsieur.
42. Le bourreau et ses valets préparent le condamné en lui coupant les cheveux et le col de sa chemise. On lui lie les
mains et les pieds. La charrette qui le conduit place de Grève est entourée d’une foule avide et cruelle qui hurle et rit.
Devant la chose sinistre, le condamné demande sa grâce ou cinq minutes encore. Il est quatre heures.
© EDDL Paris 01, 2011
PISTES D’EXPLOITATION PÉDAGOGIQUE
I. Découverte du livre : Premières acquisitions / Premières questions
La couverture : On remarquera que les lettres du titre ont l’apparence de lettres écrites à l’encre. Qu’évoque
l’ombre portée sur la table (celle de la guillotine) ?
Feuilletage : Avec l’aide de l’enseignant, on observera la structure du livre : un texte écrit par Victor Hugo en
1832 précisant ce qu’est Le dernier jour d’un condamné et à qui il s’adresse (Voir par exemple pp. 10 et 11).
À la suite du texte, une comédie met en scène des personnages qui s’extasient sur des poèmes qu’un poète
compose mais trouvent atroce qu’on ait l’idée d’écrire un livre sur les tortures morales d’un condamné à mort (pp. 53,
59, 61, 62, etc.).
On lira la biographie de l’auteur (pp. 214 à 222). A quel âge Victor Hugo meurt-il ? Quel fait marquant permet à
l’écrivain de se fiancer officiellement à Adèle (la mort de sa mère) ? Quand est publié Le dernier jour d’un condamné
(en 1829) et Les travailleurs de la mer présenté en rabat de couverture (en 1866) ?
II. Premières lectures / Découverte du texte / Sensibilisation aux thèmes
En cours de lecture : Au long du texte, qu’apprend-on sur l’identité du condamné (Entre autres : pp. 73, 85,
94, 95, 99, 118, 150, c’est un homme jeune qui a eu une éducation raffinée ; sa mère a soixante-quatre ans ; sa femme
est en mauvaise santé et a l’esprit faible ; il a une petite fille de trois ans qui s’appelle Marie ; il a commis un véritable
crime ; il est sain et fort ; son voussoiement et la qualité de sa redingote poussent le détenu qu’on a mis avec lui dans
sa cellule au Palais de Justice à penser qu’il est un marquis, etc. ) ?
Dans le texte 2, sur quels détails s’appuie le narrateur pour attendre la sentence avec espérance (le ciel est
bleu ; les rayons du soleil chauds ; les juges ont l’air satisfait ; le visage du président a quelque chose de calme et bon ;
un assesseur parle gaiement ; les jurés bâillent ; on entend rire ; au bord de la croisée, une petite plante joue avec le
vent... ) ? Son avocat suit-il attentivement le sort de son client (P. 79, on est obligé de l’attendre. Il vient de déjeuner de
bon appétit et ne sait rien des déclarations du tribunal. Il souhaite seulement que ce ne sera que les travaux forcés à
perpétuité.) ?
Les lecteurs noteront au fur et à mesure tout ce qui montre le mépris et l’indifférence dont chacun fait preuve
pour l’être humain qu’est le condamné (A titre d’exemples : P. 87, les geôliers parlent devant lui comme s’il était une
chose. P. 97, des curieux payent pour le regarder comme s’il était une bête. Pp. 138 à 142, lors du transfert en
cabriolet, l’huissier est-il en droit de réagir ainsi pour la perte de son tabac ? P. 144, comment le directeur de prison
parle-t-il des condamnés (Il évoque le gibier.) ? Pp. 167 et 168, le sous-architecte se rend-il compte qu’il côtoie
quelqu’un qui va mourir ? Pp. 169 à 171, que penser de la demande du nouveau gendarme ?
Échanges / Argumentation et Débats :
Les lecteurs noteront les remarques et les réactions des divers passants (p. 81, etc.). Peut-on expliquer cette
attirance de la foule pour ce qu’elle considère comme un spectacle, sa cruauté à l’égard des condamnés ?
P. 90, le narrateur écrit : “Ils sont triomphants de pouvoir tuer sans presque faire souffrir le corps. Hé ! c’est bien
de cela qu’il s’agit ! Qu’est-ce que la douleur physique près de la douleur morale !” Les lecteurs échangeront sur ce
point.
Dans le texte 43, le narrateur retrouve sa petite fille. Que penser de son désir de se faire reconnaître ? Valait-il
mieux la laisser dans la croyance de la mort de son père ? Comment a-t-on pu donner à l’enfant le papier sur lequel
figure l’arrêt du tribunal ?
La classe établira les arguments qui justifient l’abolition de la peine de mort. On lira ensuite, avec l’enseignant,
ceux avancés par Victor Hugo pp. 9 à 43.
Activités en liaison avec la lecture : On recherchera à quelle date la peine de mort a été abolie en France et
dans les pays d’Europe et on recensera ceux où cette peine a toujours lieu. On évoquera, dans l’actualité récente, les
luttes menées pour son abolition (aux Etats-Unis entre autres).
III. Dire / Quelques suggestions
La lecture des textes 13 et 14 mettra en relief les traitements inhumains infligés aux forçats dont certains
comme le jeune baladin de dix-sept ans, n’est coupable que d’un vol. On évoquera à ce sujet le personnage de Jean
Valjean des Misérables.
Pp. 145 à 151, les élèves mettront en scène le dialogue entre les deux hommes et notamment le récit du
nouveau condamné montrant comment il n’a pu échapper à sa condition de bagnard. Le passage du tutoiement au
vouvoiement sera mis en valeur.
IV. Écrire / Quelques propositions
Pp. 120 à 124, le condamné se désole de constater que la prison salit tout. A l’aide des notes de bas de pages,
par groupes, on s’essaiera à transcrire en langage courant la chanson de la jeune fille.
Pp. 201 et 202, le condamné projette de raconter son histoire pour sa fille mais les feuillets ont été perdus. Les
lecteurs imagineront ce qu’il aurait pu écrire.
© EDDL Paris 01, 2011