Martine Magnaridès - Médiathèque Valais

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Martine Magnaridès - Médiathèque Valais
Martine Magnaridès
Médiathèque Valais St-Maurice
Jeudi 8 mai 2008
12.30-13.30
Née en 1936 à Sallanches (F), Martine Magnaridès, de
son vrai nom Magnard Athanasiadès, a vécu de
longues années en Valais et habite à Villeneuve (VD).
Elle a été professeur en Afrique, Suisse et Allemagne,
et traductrice (allemand). Elle écrit des romans,
nouvelles et récits et collabore épisodiquement à des
revues et journaux.
Elle a reçu de nombreux prix, dont le Prix Schiller 1990
pour le roman « Hautes Pierres », le Prix des écrivains
vaudois pour l’ensemble de son œuvre (1995) et la
Médaille d’or de la Renaissance Française pour le
rayonnement culturel au titre des lettres (1990).
Bibliographie
Passent les routes, nouvelles, Grassin, 1970
Paul, mon père : Images et souvenirs, Lescuyer, 1971
Fougereine, roman, Perret-Gentil, 1976 et Plaisir de Lire
Déjà la nuit, nouvelles, L’Aire, 1981,
Le Chant du roi, récit, L’Aire, 1983,
Hautes Pierres, roman, L’Aire, 1989, Prix Schiller 1990
Haute Mer, roman, L’Age d’Homme, 1992
Entrez dans la danse, nouvelles, L’Age d’Homme, 1993
La Plume au vent, nouvelles, L’Age d’Homme, 1995
Jouez, hautbois, contes, dessins de Michèle Tharin,
Monographic, 1995
Ceux de Mortemer, roman, L’Age d’Homme, 1997
Il est des lieux, récits, L’Age d’Homme, 2004
1970,
Passent les routes
ou…
Six
nouvelles sur le thème du voyage et de la brève
rencontre…
« Ce ne fut pourtant qu’un souvenir d’un été un peu plus
chaud que les autres, ce ne fut qu’une vision aimable de
jours heureux, non ce ne fut pas vraiment un amour mais
le passage d’un être charmant et rare qui ne m’a rien
donné d’essentiel, sauf peut-être cette image d’une
jeunesse, d’une amitié et d’un visage comme on n’en peut
avoir qu’à vingt ans. »
1976, Fougereine ou…
L’histoire d’amour d’une
adolescente, pour une vieille demeure où elle a grandit
« Les souvenirs de la petite enfance d’Anne-Laure sont
presque tous reliés à Fougereine, à la maison et au parc
où elle vécut de trois à dix ans. Quand elle revoit en elle
cette période, il lui est impossible d’en détacher une à une
les années, les événements ni les saisons. Ils portent tous
le visage d’un seul été, d’une longue journée, d’une même
promenade. » (p. 68)
La chronique familiale, racontée par Anne-Laure, orpheline
et dont la propre l’histoire est au cœur du roman. « Dès
l’enfance j’ai été poussée dans un monde de presque
vieillards. Mon père, ma mère, je voudrais m’en souvenir
dans leur jeunesse, les voir dans leur âge mûr. (…) Je ne
les vois que dans un rêve, une imagination peut-être
fausse, je regarde des photos, j’entends des récits. Mais
eux, eux mêmes ils n’ont pas de consistance pour moi, ils
sont un regret, un appel, une sorte d’illusion. » (p. 62)
Une belle histoire d’amitié entre deux adolescentes, AnneLaure et Isabelle, sa cousine : « L’amitié d’Isabelle et
d’Anne-Laure comblait de joie le trio de Fougereine. C’était
plus qu’une entente cette ouverture immense et claire
depuis la plus petite enfance. Aussi loin qu’Anne-Laure
remonte dans ses souvenirs, il y a Isabelle, Isabelle miroir,
Isabelle jumelle.» (p. 23)
Une belle histoire d’adieu à Fougereine, à l’enfance…
« Il faut vivre, François, Anne-Laure, Isabelle. Goûter
l’instant, le seul instant. » (p. 136)
« Quand Anne-Laure revint définitivement d’Angleterre,
deux ans plus tard, Grand-Père n’était plus là. Quelques
mois après Grand-Mère, il l’avait rejointe. Fougereine, la
maison, le parc, tout était détruit. Maintenant Tamie et
Oncle Abel se sont retirés à Genève. François, lui, vit à
Paris.
Et Anne-Laure s’avance seule dans un monde qu’elle n’a
plus envie de connaître, nouveau et glacé. » (p. 172)
1983, Le Chant du roi évoque
Les dernières heures de Louis II de Bavière à
Neuschwanstein et allie parfaitement la tonalité
romanesque à la fidélité historique :
« Roi solitaire, roi
dépossédé, roi trahi.
La nuit tombe. Dehors il pleut
toujours. Le roi est seul. Seul dans une nuit qui se mêle au
jour. Les heures ne comptent plus … Cette nuit qui tombe,
le royaume de l’ombre qui envahit la vie de l’esprit, comme
une vague sur l’eau. » (p. 10)… un visage noir sort de
l’ombre, halluciné, les yeux marqués de cernes profonds, le
beau visage adolescent s’est estompé, empâté, on ne
retrouve plus qu’un masque tragique, un rire de forcené
flotte autour de lui « Wahn, Wahn, überall Wahn »,
murmure-t-il sans fin. » (p. 43)
Par un incessant va-et-vient entre le passé et le présent,
on découvre son enfance, ses ambitions, ses passions de
jeune souverain, l’œuvre accomplie, dont l’essentiel est
soumis à l’idéal de beauté et de pureté, accomplit dans
l’amitié qu’il partage avec le musicien Wagner… « Où estil le grand ami qui naguère marchait à ses côtés, auprès
des héros recréés à son image ? Louis, le jeune
adolescent, l’archange qui illumina et inspira l’oeuvre du
maître. Lui créé par l’ami et qui créa l’ami. Il semble à
présent que les mains se sont dénues. Ami tant aimé,
disparu, plus personne pour le conduire vers la nacelle sur
les eaux. Louis est resté seul, dans son illusion, comme
dans sa mort. » (p. 98)
1989, Hautes Pierres
Henri est chercheur à l’université.
A la mort de sa mère, il revient dans la maison familiale ;
sur la cheminée le portrait de son père et de son grandpère et la découverte d’une lettre. Henri décide alors
d’entreprendre un voyage vers les terres scandinaves, sur
les traces de ce grand-père… Roman de la filiation,
étrange quête d’identité, révélation intérieure qui mettent
en scènes les légendes et la mythologie nordiques avec
lesquelles se confondent les personnages et dont les
pierres runiques deviennent la voie.
« Henri avait recherché des traces mais ce faisant, dans
toutes les découvertes accomplies en ce pays, il était aussi
parti à la quête de lui-même, il avait réuni en lui les
aspirations du passé et les rêves du présent. Il savait que
son âme était accordée au chant des terres vastes du nord,
des forêts, des lacs et des mers, des signes de toutes les
générations qui s’étaient écoulées et avaient marqué leur
présence du poids des pierres et des cathédrales, était-ce
pour des raisons de généalogie, était-ce pour d’autres
moins explicables mais réelles ?» (p. 305)
et… au cœur de ses recherches, les pierres runiques, un
des intérêts majeurs de son grand-père…la plus célèbre…
« C’était la pierre runique de Rök. Le poète et graveur avait
écrit ici les plus anciennes strophes de la poésie eddique.
Près de huit cents runes. …Par –delà les siècles et
unissant les civilisations, une pierre, la plus haute perpétue
une haute mémoire. Au pays nordique, au bord d’une route
déserte de Suède, un nom gravé fait surgir les mirages du
Bosphore, les richesses de Rome, l’éclat des armes,
l’assaut des murailles et l’étendue sombre et silencieuse de
ces champs de mort que les Walkyries hantent pour
accomplir leur mission sacrées sous les ailes noires et
tournoyantes des corbeaux de Wotan » (p. 118)
1992, Haute Mer
Evocation alors de l’Afrique, ses traditions, les amitiés…
Récit de vie rythmé par le rêve et la voix d’Alix, épouse
d’Adrien. La fin du roman révèle le mystère de cet échange
constant des voix Alix-Adrien…
Alix n’existe plus que
dans le cœur d’Adrien…. « -Nous n’avons pas de pays,
Alix. Nous le transportons avec nous de terre en terre. Et
partout, autour de nous, se sont levés les mystères, ceux
des rencontres, ceux que nous sommes nous-mêmes, au
plus profond de nous.
-Le dernier, Adrien, nous ne le connaîtrons pas. Et c’est
sûrement mieux ainsi. Ne le regrette pas. Mais aie
confiance, car ce que nous ignorons ou ce que nous
croyons savoir ou apprendre n’est rien face à notre
certitude intérieure. Adrien écoute la voix calme qui parle
auprès de lui ou en lui-même. Il veut étouffer toute douleur,
il sait qu’il se rendormira et que le dialogue se poursuivra,
autrement, différemment, Que tout accident, si
incompréhensible soit-il, ne contient qu’une part de réalité,
de vérité. » (p. 123)
1993, Entrez dans la danse
C’est une ronde de personnages cocasses et attachants…
«C’était un personnage tout à fait curieux, notre voisine,
comme sortie, équipée et frisée, d’un autre siècle, toute
petite mais grande dame, un brin fofolle, le cœur charmant,
la voix flûtée et craquante, aux intonations brusquement
poussées, on ne pouvait s’empêcher de rire en l’entendant.
Nous l’avions appelée Fauvette, peut-être pour la légèreté
du son ailé, du froufrou, pour le ramage aigu et rauque à la
fois, en fait elle était un mélange de sauterelle et de
rossignol. » (p. 99)
1995, Plume au vent,
recueil de Nouvelles qui
racontent…
L’Evocation d’un instant à quoi un rien
donne de l’importance. Quelques heures privilégiées qui
transforment une existence en fête, ou en une situation
qui provoque l’inquiétude.
1997, Ceux de Mortemer
A la fin du
XVIIIème siècle, en Normandie, le jeune Aubert, qui a été
recueilli par les moines de Mortemer, passe son enfance et
son adolescence, et malgré les menaces et le déclin de
l’abbaye, dans la joie de l’étude, de l’amitié, de la nature et
des animaux, baignant dans l’atmosphère des légendes
anciennes qui planent au-dessus de Mortemer. L’histoire
pourtant s’accélère, la Révolution est en marche. Mortemer
ne sera pas épargné.
L’Abbaye de Mortemer « Aux yeux des promeneurs (…)
se dressent les hauts murs de Mortemer, le couvent et sa
multitude de petites fenêtres, l’église aux contreforts et
voûtes gothiques le jouxtant, un peu plus loin, dans le
jardin, le colombier, au-delà du champ il y a un étang, il y a
un moulin sur le ruisseau,» (p. 36)
Vie fervente et paisible rythmée par l’étude et le loisir… et
baignant dans l’atmosphère des légendes anciennes qui
planent au-dessus de Mortemer :
« Tu as entendu parler de cette légende. Les légendes
sont l’âme des peuples ; on ajoute, on complète, au fil des
siècles, Celle-ci a un fond de vérité mais elle s’est
transformée et enjolivée par la poésie, il n’y a rien
d’autre….
Mathilde fut la bienfaitrice de Mortemer. L’abbaye fut crée
er
par son père, Henri 1 , un homme redoutable qui l’aurait
emmurée dans ces lieux à cause de sa conduite un peu
légères… Mathilde épousa, très jeune, presque enfant,
l’empereur germanique Henri V, puis, après son veuvage,
elle se remaria avec Geoffroi V Plantagenêt, comte
d’Anjou. Elle fut la mère de Henri II Plant genêt, né en
1133… » (p. 132-133)
Et il y a bientôt pis, le monde s’effrite tandis que l’Histoire
s’agite…
«Le Tiers Etat réclame une transformation de
la société, l’abolition des droits seigneuriaux, des
redevances, la suppression des privilèges. L’impôt sur la
gabelle est la plus haï, sa suppression est instamment
demandée. » (p. 97)
La fuite sera la seule solution. Mais…
2004, Il est des lieux
« Il est des impressions et des émotions qui dépassent
l’existence, elles viennent d’autres siècles, d’autres temps
et elles vous atteignent, vous submergent.» Ruines
L’éclat des souvenirs –reflets des lignes de la vie,
évocation
de
l’enfance,
jeunesse
et
amitié,
qui revivent à l’évocation des lieux : «Les lieux dépassent,
dominent, ils vivent, ils rêvent, ils poursuivent, et captivent,
de loin en loin, et si près aussi, présents, éternels, ils sont
le vrais et grand mystère.»
« Il est parfois des moments dans une vie où l’on revoit et
rassemble, où l’on est guidé par l’inexplicable. Tant de
lieux, découverts ou revus, des voyages, et des années en
divers pays, visions et images, rêves et enthousiasmes.
Pourquoi certains ont-ils marqué de manière plus proche,
plus profonde ? On ne sait. Et pourtant eux aussi sont
inscrits dans des visions semblables, plus fugitives. Bien
d’autres lieux, aussi beaux, plus connus, tellement de sites,
de villes, de régions ont attiré des foules et moi-même… »
(Prélude, p. 9)
GE/vbg/080428

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