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MORILD TIME TO REST 55 min et 46min TEN MIDNIGHT SYNDONE THE CITY OF ANGELS MELAPESANTE Troisième album en cinq ans pour les Italiens de Ten Midnight. On ne pourra pas leur reprocher de n’être pas investis à fond dans leur musique. La formation a un potentiel intéressant avec trois guitaristes potentiels (dont un joue également de la flûte). Le chant en italien, trop rare de nos jours, est un plus. Et on peut ajouter que tout cela est joué avec conviction, voire enthousiasme, un esprit convivial également traduit sur leur site (www.tenmidnight.it). « Tout cela », c’est un progressif qui se veut synthèse entre les ténors du progressif symphonique (orgue virevoltant dans tous les sens, structures symphoniques pour les morceaux les plus longs) et ceux qui lorgnent du côté hard FM comme Kansas, Queen, voire l’inégalable et tant imité Rush. À ce petit jeu, la section rythmique empor te le morceau, avec un bassiste émule de Myung (Dream Theater) et un batteur débordant d’énergie (Life valley, Cats). On reconnaîtra également volontiers à Ten Midnight une volonté d’éviter les solis interminables en « resserrant » (sauf exception) la durée des morceaux. Malheureusement, The city of angels est plombé par une production confuse, parfois désagréable, des chœurs approximatifs ici et là, et des sonorités de synthé vieillottes. Le problème de Ten Midnight est donc lié à la production pléthorique de ces dernières années : dans cet album inégal, les qualités, au fil des écoutes, s’affirment. Mais au milieu de tant d’albums parfaitement produits, The city of angels part avec un handicap peu surmontable. Les compositions méritaient mieux. Syndone nous avait offert deux albums, Spleen et Inca en 1992 et 1993. Sous l’impulsion du leader historique et compositeur Nik Camogli, la formation nous revient dix-huit ans plus tard avec un groupe totalement remanié autour de lui ; à savoir Federico Marchesano à la basse et contrebasse, Francesco Pinetti au vibraphone, Paolo Rigotto à la batterie et aux percussions et Riccardo Ruggeri au chant. Melapesante est un concept album autour de… la pomme. Le groupe mêle habilement en dix chapitres les allusions historiques et littéraires et sont évoqués entre autres Adam et Eve, Guillaume Tell, Magritte ou Newton. Le but de Nik Camogli a été de créer la musique la plus originale qui soit et le groupe est d’un éclectisme à toute épreuve. La qualité du son, les instruments vintage et la mastérisation effectuée aux célèbres studios d’Abbey Road ont été particulièrement soignés. Tout en restant le plus souvent dans le rock progressif, Syndone propose une multitude d’atmosphères musicales. L’absence de guitares électriques n’est en rien un obstacle, le groupe restant totalement concentré sur son projet. Musique classique contemporaine, jazz-rock et prog symphonique italien le plus pur sont au menu de cet album ambitieux qui emprunte souvent des chemins inattendus. Témoin en est un boogie emballant (4 Hands Piano Boogieprog) ou un Allegro Feroce d’un classisisme flamboyant avec un impressionnant travail au piano. Melapesante est, dès le départ, un opus estimable du fait de sa variété. La maîtrise musicale du groupe et l’ambition des compositions faisant le reste, Syndone réussit son retour et Melapesante s’impose comme un des meilleurs opus progressif de ce premier trimestre 2011. Mellow records - 61 min Philippe Arnaud C’est une entreprise désagréable que de devoir dire du mal d’un groupe qui démarre, qui s’autoproduit, qui en 2011, après trois ans d’existence, ose le double album avec cinq morceaux passant les 10 minutes (dont une suite de 25 qui achève le deuxième album). Ça force le respect à priori. Le registre est rigoureusement « prog vintage » avec sonorités de Hammond et tout. 110 minutes baignant dans les années 70, avec également un tropisme « early-Marillion » ici et là, et même un petit côté Queen dans la guitare de Circus. Pour le reste, c’est à Camel qu’on pense, ou plus exactement qu’on aimerait pouvoir penser (hélas...) : lenteur mélancolique, solis de guitare expressifs, volonté de recherche mélodique, nappes planantes et synthés aux sonorités années 70. Ajoutons-y une louche de folk scandinave puisque Morild est Norvégien. Tout cela serait très bien, sans quelques inconvénients qui gâchent trop souvent le plaisir : tout d’abord une batterie pesante, aux sonorités parfois trop claires ou inadaptées, et souvent surmixée. Ensuite, une lenteur quasi systématique, qui parfois est adaptée à la mélancolie suggérée mais devient à la longue soporifique. C’est mou du genou, et on s’ennuie parfois ferme, d’autant que l’album n’est pas exempt de toute complaisance. Le deuxième album nous réveille cependant un peu avec un guitariste qui soudain lâche la cavalerie sur Two glasse et The slave ship (il était temps...), tout comme, de manière assez confuse et parfois douteuse cependant, sur Apus apus (trop de distorsion…). Pour vraiment convaincre, il va donc falloir que Morild accélère un peu le tempo, soigne les contrastes et gagne en intensité –qui veut s’inscrire dans le sillage de Camel doit se souvenir que la guitare incandescente de Latimer fut secondée par des claviéristes virevoltants et dynamiques. Time to rest aurait pu séduire il y a une trentaine d’années, mais au milieu d’une production plus pléthorique que jamais, il fait un peu pâle figure. Electromantic Philippe Arnaud Raymond Sérini HARMONIE Magazine n° 71 56 DRAGONTEARS TURN ON TUNE IN FUCK OFF !! Bad Afro records Troisième album pour le musicien danois Lorenzo Woodrose et son groupe Dragontears qui, avec ce disque, va clore cette aventure musicale qu’il va continuer avec un autre véhicule musical, sous la forme de Baby Woodrose, son autre groupe. Lorenzo Woodrose pratique le rétro rock version psychédélique de la seconde moitié des sixties. Parmi les références du groupe, il y a les classiques et les premiers fondamentaux de ce style avec les albums Revolver et Magical mystery tour des Beatles, et aussi tous les ténors de ce style, comme le premier Pink Floyd lorsque Syd Barrett menait ce groupe, Tomorrow, Move, Syn. Mais aussi, nombre de groupes qui naviguaient entre pop et psyché comme Rupert’s People, July, Zombies, Art, etc. Two tongue talk en est un bon exemple de la construction et des ingrédients de leur musique. Jolie mélodie, rythmes énergiques, chant agréable, thème enlevé et facile à retenir à la façon du Floyd façon Barrett époque See Emily play. No salvation est plus abrupte et halluciné. My friend est une ballade acoustique rêveuse. Time of no time est dans la lignée des thèmes avec voix trafiquée et triturée, façon Floyd, Family, Art, avec ces effets sonores et ces sons modifiés en studio. L’orgue est aussi assorti de ces sons psyché de l’époque. William est une mélodie éthérée,