Géophysique - Site officiel MINEPAT
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REPUBLIQUE DU CAMEROUN MINISTERE DE L’ECONOMIE, DE LA PLANIFICATION ET DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE BARRAGE NATUREL DU LAC NYOS PROSPECTION GEOPHYSIQUE Date: 24/06/2008 Ref: 08_033/CE/GP/RE001 Version 00 Date 24/06/08 Certified Safety VCA** Modification Rapport final Rédigé par LDE-TNZ Vérifié par TNZ G-tec S.A/N.V Geophysical Exploration – Engineering Geology www.g-tec.eu Rue Frumhy 34 B 4671 Blegny – Belgium Tel: +32 (0)4 387 85 00 Fax: +32 (0)4 387 85 09 [email protected] Approuvé par LHA Certified ISO9001:2000 Souverainestraat 58 Bus 4 B 9800 Deinze - Belgium Tel: +32 (0)9 380 45 85 Fax: +32 (0)9 380 43 80 Siège social : G-tec s.a. – Avenue Belheid 6 – B4900 Spa – Belgique – Numéro d'entreprise: 0450 291 519 Banque : ING – Compte n° 340-1345192-34 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique DOCUMENT DE CONTROLE Document d’identification Titre: Barrage naturel du Lac Nyos – Prospection Géophysique Projet: Lac Nyos - CAMEROUN Client MINEPAT – REPUBLIQUE DU CAMEROUN Reference du projet: 08_033/CE/GP/RE001 Project Manager TNZ Ref. offre OF_07_002_SHER_lac Nyos_Géophysique_ver05 Realisation Réalisé par Supervisé par Acquisition LDE - TNZ TNZ Traitement LDE – EPI - TNZ TNZ LDE - TNZ TNZ Item Rapport Approbation Version 00 Date 24/06/08 Rédigé par Vérifié par Approuvé par LDE - TNZ TNZ LHA Liste de distribution Nom 08_033/CE/GP/RE001 # ex. Firme/Autorité Rev 00 Qualité Page 2 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique TABLE DES MATIÈRES 1. Introduction ...................................................................................................................5 2. Caractéristiques géologiques ..........................................................................................6 3. Prospection geophysique ................................................................................................8 3.1. Bathymétrie ...........................................................................................................8 3.1.1. Principe de la méthode.........................................................................................8 3.1.2. Mise en oeuvre ....................................................................................................9 3.1.3. Résultats et interprétation ..................................................................................10 3.2. Tomographie électrique ......................................................................................11 3.2.1. Principe de la méthode.......................................................................................11 3.2.2. Mise en oeuvre ..................................................................................................12 3.2.3. Résultats et interpretation ..................................................................................13 3.3. Tomographie sismique ........................................................................................14 3.3.1. Principe de la méthode.......................................................................................14 3.3.2. Mise en oeuvre ..................................................................................................17 3.3.3. Résultats et interprétation ..................................................................................17 3.4. Synthèse des résultats ..........................................................................................19 4. Modèle proposé ............................................................................................................20 5. Conclusions ..................................................................................................................21 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 3 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique INDEX DES FIGURES Figure 1 : Principe de l’échosondeur Figure 2 : Principe de la tomographie électrique Figure 3 : Exemple de résultat : tomographie électrique Figure 4 : Principe des mesures tomographiques entre forages Figure 5 : Signal sismique INDEX DES DOCUMENTS Document 1 : Carte bathymétrique Document 2 : Implantation et résultats des tomographies électriques Document 3 : Implantation et résultats des tomographies sismiques Document 4 : Interprétation schématique des résultats 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 4 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique 1. INTRODUCTION Le lac Nyos est situé au Nord-Ouest du Cameroun, près de la frontière nigériane. Il se trouve dans une région montagneuse qui fait partie d’une chaine volcanique connue sous le nom de « La Ligne volcanique du Cameroun ». Il s’agit d’un lac de cratère qui couvre une superficie d’environ 1.5 km x 1 km et la profondeur est de l’ordre de 200 m en son centre. Il existe un barrage naturel au Nord-Ouest de ce lac dont la crête, dans sa partie centrale, serait à 1092 m d’altitude, maintenant la cote de l’eau à 1091 m. Cette partie constitue un déversoir sur lequel s’écoule le trop plein du lac pendant les saisons pluvieuses. Le barrage naturel du lac Nyos semble s’être formé par comblement d’une vallée préexistante par des produits volcaniques d’éruptions successives. La cote du bedrock granitique, dans l’axe de l’ancienne vallée est d’environ 1052 m. Suite à la catastrophe survenue en 1986 ayant entrainé le retournement des eaux du lac, plusieurs rapports ont attiré l’attention sur la fragilité du barrage. En cas de rupture de ce dernier, en plus de l’expulsion de gaz comme en 1986, il y aurait des inondations. Le présent rapport concerne les résultats des mesures géophysiques mises en œuvre pour l’investigation du site de ce barrage. La campagne géophysique s’est déroulée du 28 mai au 1er juin 2008. Elle a consisté en la réalisation de mesures bathymétriques, de tomographies électriques et de tomographies sismiques entre forages. Les mesures bathymétriques avaient pour but de déterminer le profil transversal du barrage. Les autres mesures géophysiques avaient pour objectifs la détermination de la géométrie des formations géologiques, l’évaluation de leur compacité, de leur degré de fracturation et/ou d’altération. Ces informations permettraient de construire un modèle du site en vue de l’élaboration des solutions pour le renforcement du barrage. 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 5 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique 2. CARACTÉRISTIQUES GÉOLOGIQUES Le barrage naturel du lac Nyos se présente comme un ensemble stratifié, en couches d’épaisseurs variables, comprenant des graviers de basalte et des blocs de granite. Cet ensemble présente un pendage Nord et repose sur un bedrock granitique. La crête topographique de ce barrage a la forme d’une vallée avec en son centre un déversoir d’une vingtaine de mètres de large sur lequel s’écoule le trop plein du lac pendant la saison des pluies. Sur ce déversoir se creusent des marmites d’érosion dues aux déversements périodiques des eaux du lac. Au droit du déversoir, la face aval du barrage est une falaise d’une quarantaine de mètres de haut. On y observe des cavités et des surplombs qui traduisent l’altération différentielle au sein de ces dépôts pyroclastiques. Cette altération provoque des éboulements de très gros blocs (plusieurs m3) encombrant le pied de la falaise. Trois forages (F1, F2 et F3) ont été réalisés le long du déversoir afin de caractériser les différentes formations géologiques constituant le barrage naturel. Ils ont atteint des profondeurs comprises entre 45 et 55 m. Les forages F1 et F3 sont les plus proches respectivement du lac et de la falaise. La description détaillée des trois forages indique une alternance de zones compactes et de zones à éléments friables ou de zones de consistance molle. Afin de comparer ces données aux résultats géophysiques, les logs de ces forages ont été modifiés en regroupant tous les niveaux compacts successifs ou tous les niveaux de faible compacité successifs en un seul horizon. On obtient les résultats suivants. Forage F1 : De 0 à 11.50 m : éléments fins et grossiers cimentés, se présentant sous forme d’alternance de lits massifs et grossiers ; de 11.50 à 21 m : éléments fins à moyens grisâtres et friables ; de 21 à 37 m : éléments fins grisâtres surconsolidés ; de 37 à 49 m : roche décomposée en graves sablo-argileuses avec des blocs de granite sains à la base ; de 49 à 55 m : Granite sain. 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 6 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique Forage F2 : De 0 à 17 m : éléments fins à moyens cimentés et surconsolidés ; de 17 à 30 m : éléments fins à moyens friables à moyennement consolidés alternant avec des zones à consistance molle; de 30 à 35 m : éléments fins surconsolidés avec blocs de granite ou de basalte; de 35 à 46 m : roche décomposée en graves sablo-argileuses avec des blocs de granite sain ; Forage F3 : De 0 à 13 m : éléments fins et grossiers cimentés et surconsolidés; de 13 à 26 m : éléments fins grisâtres moyennement consolidés alternant avec des zones à consistance molle; de 26 à 35 m : éléments fins surconsolidés avec des blocs de basalte ; de 35 à 44 m : roche décomposée en graves sablo-argileuses avec des blocs de granite sain à la base ; de 49 à 55 m : granite sain fissuré. Les résultats de ces forages indiquent que le sous sol, au droit du barrage naturel, est composé de dépôts pyroclastiques d’une trentaine de mètres d’épaisseur reposant sur un bedrock granitique dont le manteau d’altération a une dizaine de mètres d’épaisseur. Au droit du déversoir, on observe la trace de plusieurs diaclases parallèles au barrage naturel. Les trois forages ont été équipés en piézomètres. Le 30/06/2008, les profondeurs d’eau par rapport au niveau du sol étaient les suivants : F1 : 15.47 m ; F2 : 13.45 m ; F3 : 16.50 m. Ces données piézométriques indiquent que la nappe aquifère dans le barrage n’est pas en équilibre avec l’eau du lac. 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 7 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique 3. PROSPECTION GEOPHYSIQUE La prospection géophysique a consisté en la réalisation de mesures bathymétriques, de tomographies électriques et de tomographies sismiques entre forages. 3.1. BATHYMETRIE Les mesures échosondeur. bathymétriques ont été réalisées avec une sonar 3.1.1. Principe de la méthode L’échosondeur est l’application la plus connue des techniques acoustiques utilisées en mer, zones portuaires ou voies navigables : il permet d’obtenir la profondeur d’eau sous le transducteur. Son principe consiste à envoyer vers le bas une impulsion sonar. Celle-ci, de fréquence usuellement comprise entre 100 et 300 kHz pour la bathymétrie peu profonde est réfléchie par le fond ou tout autre obstacle, et renvoyée vers le transducteur. L’ouverture du faisceau sonar doit être faible, de manière à obtenir une bonne résolution horizontale. Le temps de propagation mesuré est converti en profondeur moyennant calibration ou détermination de la vitesse de propagation des ondes soniques par calcul ou mesure (sonde sonique). En déplaçant l’embarcation, on obtient un profil bathymétrique dans la direction voulue, sous forme digitale ou analogique (voir figure 1). Actuellement, l'échosondeur est presque systématiquement couplé à un système de positionnement, ce qui permet de géoréférencer les données. Temps / Profondeur Distance horizontale Fond Figure 1: Principe de l’échosondeur 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 8 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique 3.1.2. Mise en oeuvre Le matériel a été installé à bord d’un zodiac dans le cadre de cette étude. Le récepteur du positionnement (antenne GPS) a été installé sur le même support que le transducteur de l’échosondeur. Ceci permet une localisation très précise des points de mesure (pas d’offsets à prendre en compte). Les mesures bathymétriques ont été positionnées par GPS dans le système géodésique WGS1984. Le système de coordonnées est l’UTM, Zone 32 Nord. Le même ordinateur portable reçoit, traite, affiche et stocke les informations fournies simultanément par l'échosondeur et le positionnement, grâce au logiciel Navipac. L'avantage de l'acquisition simultanée tient dans la connaissance exacte des instants de chaque mesure (bathymétrie ou positionnement) et des corrections à apporter sur le temps de transfert des données d'un appareil à l'autre afin de faire correspondre avec exactitude les points bathymétriques et les positions correspondantes. On élimine de la sorte tout problème de synchronisation entre deux appareils indépendants. Les données étaient visualisables en temps réel de manière graphique sur la console de l’échosondeur (bathymétrie) et sur le PC de navigation (positionnement). L'étalonnage de la vitesse de propagation des ondes acoustiques dans l'eau a été réalisé par mesure de la température de l'eau, la vitesse étant déduite des abaques vitesse/température/salinité et introduite dans l'échosondeur. Les valeurs de profondeurs mesurées à l'échosondeur ont été vérifiées en eau immobile au moyen d’un penta décamètre lesté. Le traitement des données comprendra les étapes suivantes : • • • • • traitement du positionnement (élimination des mauvaises données) ; traitement de la bathymétrie : élimination des données visiblement erronées liées à une mauvaise digitalisation, ayant principalement pour origine la présence de bulles d'air dans l'eau ou la présence d'un sol absorbant. correction des offsets verticaux. fusionnement du positionnement et de la bathymétrie. réalisation de la carte bathymétrique. 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 9 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique 3.1.3. Résultats et interprétation La carte bathymétrique obtenue est reprise sur le document 1. Les courbes de niveau sont présentées en termes de profondeur en mètres. Le niveau de référence de la carte bathymétrique est la dalle de béton au droit du forage F1. Le niveau 0 de l’eau se trouve 0.38 m plus bas que l’altitude du sommet de cette dalle de béton. La superficie investiguée couvre environ 200 m x 100 m. Cette carte bathymétrique peut être divisée en deux parties : • la première partie forme une bande d’une trentaine de mètres de large qui est orientée SW-NE. Les profondeurs d’eau varient régulièrement entre 5 m au bord du lac et 15 m à la limite de cette bande. Vers l’Ouest, la transition vers la deuxième partie se fait via une pente de l’ordre de 60% alors que, vers le Sud, il s’agit d’une paroi subverticale d’une vingtaine de mètres de haut entre les abscisses 643090 et 643140; • la deuxième partie forme aussi une bande orientée SW-NE et sa largeur est d’une soixantaine de mètres. Cette partie diffère de la première par le fait que les profondeurs d’eau augmentent du Nord-Est vers le Sud-Ouest. Au Nord, les profondeurs sont d’une vingtaine de mètres et la pente semble constante jusqu’à 50 m de profondeur. Puis cette dernière augmente brusquement et les profondeurs de l’ordre de 80 m sont atteintes au Sud de la zone investiguée. La première partie ci-dessus définie, reste parallèle au barrage naturel ainsi que les courbes bathymétriques. La deuxième partie présente des caractéristiques morphologiques complètement différentes. Ceci est vraisemblablement lié à l’altération des matériaux de nature différente. Cette différence morphologique semble montrer que la première partie de la carte bathymétrique correspondrait au prolongement du barrage naturel sous le lac. 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 10 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique 3.2. TOMOGRAPHIE ÉLECTRIQUE 3.2.1. Principe de la méthode Cette méthode est basée sur la mesure de résistivités apparentes du soussol pour un grand nombre de positions et d’espacements d’électrodes d’injection de courant, et d’électrodes de mesures de potentiel (figure 2). En pratique, ces électrodes sont disposées en ligne selon un espacement déterminé, en fonction de la profondeur d’investigation et de la résolution désirée. a C1 a a P1 P2 C2 Equipotentielles Station 3 C1 P1 P2 3a 3a C2 3a Resistivity Meter Laptop Computer Station 2 C1 P1 2a C2 P2 2a Electrode Selector 2a Station 1 C1 P1 P2 C2 a 1 C 1 P S 3 in t2 P o a 2 C o p -iu q E n e jila t 1 C 2 io n a a tP S 3 1 3 a 2 C a a E rlco e tS sd iR vyM m p o a L C 1 n C = 1 io 2 n P a C taS re tp u o n = 2 3 4 5 6 a a n=1 n=2 n=3 n=4 n=5 n=6 Figure 2 : Principe de la tomographie électrique La procédure de réalisation d’un panneau électrique consiste à mesurer pour chaque espacement entre électrodes, les valeurs de résistivité apparente pour tous les groupes possibles de 4 électrodes disposées selon le dispositif le long de la ligne de mesures. Le report de ces valeurs de résistivité à une pseudo-profondeur, dépendant de l’espacement entre électrodes, fournit une pseudo-section trapézoïdale des résistivités apparentes. La section des résistivités réelles est obtenue par inversion combinée de l’ensemble des mesures, basée sur une modélisation du sous-sol par éléments finis ou différence finie (figure 3 : exemple d’une section de tomographie électrique). 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 11 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique Elevation (m) Resistivity in ohm.m Figure 3: Exemple de résultat : tomographie électrique Dans la figure ci-dessus les faibles valeurs de résistivités (inférieures à une centaine d’ohms mètre) représentent les terrains de couverture et les résistivités plus élevées, le bedrock avec une poche d’altération dans la partie centrale. Les avantages de la méthode sont la bonne discrimination entre terrains limoneux ou argileux (résistivité faible), et rocheux (résistivité élevée) ainsi que la visualisation des variations verticales et latérales. Il est important d'attirer l'attention sur le fait qu'il existe des limitations inhérentes d'une part à la méthode elle-même, mais aussi à la technique d'interprétation : la résolution de la méthode décroît avec la profondeur. Il est important de garder à l'esprit cette limitation lors de la comparaison de résultats tomographiques avec des données géotechniques ; la procédure d'interprétation suppose une région investiguée bidimensionnelle. Bien qu'étant susceptibles d'influencer les mesures, les variations latérales ne sont donc pas prises en considération lors de l'interprétation ; une limite nette entre deux terrains ou matériaux de nature différente apparaît sur le panneau tomographique comme une transition rapide et non comme une frontière franche. • • • 3.2.2. Mise en oeuvre La mise en œuvre de cette méthode nécessite l’emploi: • • • • d’un résistivimètre pour l’injection d’un courant continu dans le sol, la mesure du potentiel associé et l’enregistrement des données ; d’un module de contrôle permettant la liaison entre le résistivimètre et les électrodes définies pour chaque mesure ; d’électrodes métalliques ; de câbles multiconnecteurs reliant les différentes électrodes au module de contrôle. 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 12 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique Trois profils de tomographie électrique ont été réalisés sur le site étudié. Ils ont été implantés parallèlement au barrage naturel. Ces profils ont été nommés TE01, TE02 et TE03 respectivement implantés au droit des forages F1, F2 et F3. Les profils TE01 et TE03 ont été réalisés avec un dispositif de 64 électrodes espacées de 2 m pour une longueur totale de 126 m et une profondeur d’investigation d’une vingtaine de mètres. Pour le profil TE02, l’espacement des électrodes était de 5 m correspondant à une profondeur d’investigation d’une cinquantaine de mètres. 3.2.3. Résultats et interpretation Les résultats obtenus sont présentés sur le document 2. Les résultats du panneau tomographique TE01 indiquent que le sous sol peut être divisé en deux entités : • un horizon superficiel de résistivité comprise entre 400 et 4000 Ω.m et d’épaisseur variant entre 10 et 15 m. Au sein de cet horizon des zones de plus faible résistivité peuvent être rencontrées ; • un horizon de résistivité comprise entre 80 et 400 Ω.m constituant la base du profil réalisé. Au droit du profil TE02, on observe un horizon superficiel de résistivité comprise entre 1000 et 4000 Ω.m. Son épaisseur est très variable. Elle est de 5 m au centre de la tomographie et peut varier localement pour atteindre une dizaine voire une vingtaine de mètres. A la base du panneau tomographique, vers 40 m de profondeur, on observe un horizon dont la résistivité est supérieure à 1100 Ω.m. Cet horizon semble présenter un pendage vers le Nord-Est. Il s’agit vraisemblablement du bedrock granitique. Entre ces deux horizons, on distingue trois zones qui semblent isolées les unes des autres et dont la résistivité augmente du centre vers la périphérie. Les résistivités varient entre 80 et 700 Ω.m. Les résultats du panneau tomographique TE03 sont assez semblables à ceux du panneau TE02. Cependant, l’épaisseur de l’horizon superficiel ne varie qu’entre 3 et 5 m et les zones de plus faibles résistivités ont un diamètre d’une dizaine de mètres. Les résistivités élevées à la base du panneau tomographique caractérisent une partie des dépôts pyroclastiques. 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 13 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique 3.3. TOMOGRAPHIE SISMIQUE 3.3.1. Principe de la méthode La tomographie sismique se base sur la mesure du temps de propagation d'une onde de choc à travers le massif à étudier. Elle nécessite généralement l'existence de deux forages encadrant la zone à investiguer (figure 4). Une source sismique est descendue dans l'un des forages, une série de récepteurs (hydrophones) dans l'autre. Pour chaque position de la source (1 à 11 dans le forage 1 - figure 4), un signal est enregistré par les récepteurs régulièrement espacés le long de l'autre forage (positions a à k dans le forage 2). Dans certains cas, un dispositif peut être envisagé avec à chaque fois la source dans un forage et les récepteurs régulièrement espacés en surface (positions l à r en surface). Les sources et les récepteurs peuvent aussi être placés uniquement en surface. Chaque signal enregistré (figure 5) correspond à un trajet (tir / capteur), et on détermine pour chacun d'eux le temps de propagation du signal, qui dépend des matériaux dans lesquels l'onde s'est propagée ainsi que de la géométrie entre le point de tir et le récepteur. La zone investiguée, qu’on suppose plane, est ensuite discrétisée en cellules (pixels) de caractéristiques supposées uniformes (voir figure 4). En utilisant l'ensemble des temps de propagation mesurés, un procédé d'inversion tomographique permet de calculer la distribution des vitesses sismiques (tomogramme des vitesses). Les résultats sont généralement présentés sous forme de sections couleurs de la vitesse des ondes de compression, principalement liée à la compacité des terrains. Le tableau suivant donne, à titre indicatif, les vitesses sismiques observées dans divers types de terrain. Gamme de Type de terrain vitesse (m/s) < 300 Terre végétale, sol lâche 300 – 700 Terrains meubles hors nappe 700 – 1400 Terrains meubles de compacité moyenne, roche décomposée, hors nappe 1400 – 1600 Eau et terrains meubles ou roche décomposée sous nappe 1600 – 2000 Terrains meubles compacts, roches très altérées 2000 – 2500 Roches altérées ou fracturées 2500 – 3000 Roches légèrement altérées ou fracturées 3000 – 4000 Roches compactes : altération ou fracturation très faible > 4000 Roches très compactes 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 14 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique Les ondes de choc peuvent être générées par différents types de sources (air-gun, sparker, …), caractérisées par des fréquences centrales variant de quelques dizaines de Hertz à quelques kiloHertz, et des énergies très différentes. Le choix de la source s'effectue en fonction des conditions de site (nature des terrains, distance entre forages, résolution, etc.). Dans le cas présent, le sparker a été utilisé. Par ailleurs, la méthode étant volumique, des effets latéraux peuvent influencer les résultats. Le processus d'inversion tomographique ne permet pas d'identifier correctement une couche parallèle aux forages. La distribution des vitesses sismiques, fournie par inversion, est d'autant plus précise que la couverture angulaire des terrains investigués est grande ; il faut donc disposer de rais entre les différents points émetteurs et récepteurs, avec une grande diversité de pentes. C'est pour cette raison que la distance entre forages doit idéalement être inférieure à la hauteur investiguée en forages. Il en résulte que la zone centrale des panneaux tomographiques est plus fiable que ses bords. 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 15 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique Récepteurs (Forage 2) Source (Forage 1) surface couche de vitesse sismique V1 cellule (pixel) couche de vitesse sismique V2 Légende : Scan n°1 Scan n°2 etc Scan n°11 Géophones mV Figure 4 : Principe des mesures tomographiques Amplitude Temps de propagation Temps (en ms) Figure 5: Signal sismique 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 16 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique 3.3.2. Mise en oeuvre La prospection sismique nécessite l'emploi : • • • • d’une source pour générer des vibrations dans le sous-sol : un sparker pour les tirs en forage et un marteau pour les tirs en surface ; d'une série d’hydrophones et de géophones (capteurs), destinés à convertir les vibrations du sol en signaux électriques ; des flûtes sismiques, c'est-à-dire un câble multiconducteur reliant les hydrophones et/ou les géophones au sismographe ; d'un sismographe, destiné à acquérir, afficher et stocker les signaux. Quatre panneaux tomographiques ont été réalisés au centre du barrage. Les forages ont été équipés en piézomètres. De ce fait, seuls les terrains sous nappe ont pu être investigués. Le premier panneau est réalisé entre le forage F1 et le fond du lac. Les tirs étaient espacés d’un mètre dans le forage et les hydrophones de 2 m sous le lac. Le deuxième et le troisième panneau ont été réalisés respectivement entre les forages F1-F2 et F2-F3. Les pas de tir et l’espacement des hydrophones étaient de 1 m. Le dernier panneau a été réalisé entre le forage F3 et la face aval du barrage. La présence de cavités sur la falaise n’ont permis de placer les récepteurs qu’à la base de celle-ci. Ce qui a fortement limité la section investiguée par ce panneau tomographique. 3.3.3. Résultats et interprétation Les résultats obtenus sont présentés sur le document 3. 3.3.3.1. Panneau tomographique TS1 Les vitesses sismiques élevées, présentes au centre et à la base du panneau tomographique et sur le fond du lac ainsi que les très faibles vitesses obtenues sur le fond, représentent vraisemblablement des effets de bord dus à la modélisation. Ils doivent être négligés dans l’interprétation des résultats obtenus. Dans son ensemble ce panneau tomographique présente de vitesses sismiques comprises entre 2000 et 2500 m/s. 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 17 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique 3.3.3.2. Panneau tomographique TS2 Ce panneau est réalisé entre les forages F1 et F2. A la base de ce panneau, un horizon de vitesse comprise entre 3000 et 4000 m/s est mis en évidence. Il correspond au bedrock granitique sain. Une zone de vitesse d’environ 3000 m/s est présente au sommet du panneau tomographique à proximité du forage F2. Le reste du panneau tomographique présente des vitesses de l’ordre de 2500 m/s. 3.3.3.3. Panneau tomographique TS3 La moitié supérieure de ce panneau tomographique est caractérisée par deux zones : une zone de vitesse sismique élevée et une zone de faible vitesse sismique situées respectivement à proximité des forages F3 et F2. Pour les vitesses élevées, les valeurs d’environ 5000 m/s sont atteintes. Ces valeurs sont très élevées pour des dépôts pyroclastiques et sont vraisemblablement dues à des effets numériques. Les vitesses de l’ordre de 1250 m/s sont rencontrées dans l’autre zone. La moitié inférieure semble homogène et la vitesse sismique est de l’ordre de 2500 m/s. 3.3.3.4. Panneau tomographique TS4 La couverture angulaire est très faible pour ce panneau tomographique (récepteurs seulement situés à la base de la falaise). De ce fait, les vitesses calculées au voisinage de F3 et à proximité de la paroi de la falaise ne sont pas significatives. Seuls les résultats de la partie centrale de ce panneau peuvent être pris en compte. Les vitesses sismiques sont de l’ordre de 3500 m/s. 3.3.3.5. Panneau tomographique de surface La profondeur d’investigation est de 2 m au droit du forage F3 et atteint 6 m au droit du forage F1. Les vitesses sismiques obtenues sont comprises entre 1000 et 1500 m/s entre les forages F2 et F3 alors qu’elles sont comprises entre 2000 et 2500 m/s autour du forage F1. L’ensemble des résultats des panneaux de tomographie sismique indique que : • le bedrock granitique sain a été mis en évidence entre les forages F1 et F2 ; 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 18 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique • il n’existe pas de différence de vitesse significative entre le manteau d’altération du bedrock et la base des dépôts pyroclastiques ; • les dépôts pyroclastiques sont caractérisés des vitesses de l’ordre de 2000 à 2500 m/s. localement, des zones de vitesses élevées (à proximité des forages F2 et F3 et à la base de la falaise) et des zones de faibles vitesses (à proximité du forage F2 et en surface entre les forages F2 et F3) sont rencontrées. 3.4. SYNTHÈSE DES RÉSULTATS Les données bathymétriques indiquent que le barrage naturel s’étendrait sous le lac. Si cette hypothèse est vérifiée, la section de barrage aurait une soixantaine de mètres de large au droit du déversoir. Une extrapolation du toit du bedrock altéré semble coïncider avec le pied de la falaise et le fond de la deuxième partie définie sur la carte bathymétrique en amont. Si cette hypothèse est vérifiée, la trace de la surface topographique sur laquelle reposent les dépôts pyroclastiques serait déterminée le long du déversoir. Le bedrock granitique sain a été mis e évidence à 45 m de profondeur entre les forages F1 et F2 par tomographie sismique. Les vitesses sismiques sont comprises entre 3000 et 4000 m/s. Le manteau altération, d’une dizaine de mètres d’épaisseur, est caractérisé par des vitesses sismiques comprises entre 2000 et 2500 m/s. Les résistivités électriques obtenues sont peu précises et sont comprises entre 1000 et 1500 Ω.m. La prospection géophysique a montré que les dépôts pyroclastiques sont caractérisés par des vitesses sismiques de l’ordre de 2000 à 2500 m/s et pouvant localement atteindre 3000 à 3500 m/s. Ces valeurs de vitesse indiquent que ces dépôts pyroclastiques sont relativement compacts. Les résistivités électriques sont comprises entre 400 et 3000 Ω.m atteignant localement 4000 Ω.m. Ces dépôts sont aussi caractérisés par la présence de zones de faibles résistivités (comprises entre 80 et 400 Ω.m) et de faibles vitesses sismiques (comprises entre 1000 et 1500 m/s). Ces zones sont de dimension variable (5 m à plus d’une dizaine de mètres) et ne semblent pas interconnectées. 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 19 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique 4. MODÈLE PROPOSÉ Le modèle géologique ci-dessous présenté est basé sur les données actuellement disponibles et sur notre interprétation de ces dernières. Il peut être réactualisé sur base de nouvelles données. Ce modèle est présenté sur la coupe du document 4. Plusieurs unités sont définies. Pour chaque unité, un résumé des caractéristiques géologiques et géophysiques est présenté. Les différentes unités sont les suivantes : • Unité I : bedrock granitique sain et fissuré. Vitesse sismique comprise entre 3000 et 4000 m/s et résistivité électrique supérieure à 1500 Ω.m ; • Unité II : manteau d’altération du bedrock. Il est composé de matériaux sablo-argileux contenant des blocs de granite sain. Il a une dizaine de mètres d’épaisseur. Les vitesses sismiques sont comprises entres 2000 et 2500 m/s les résistivités électriques entre 1000 et 1500 Ω.m ; • Unité III : cette unité représente les dépôts pyroclastiques. Elle peut être subdivisée en deux parties : 08_033/CE/GP/RE001 Unité IIIa : zones de dimension variable et vraisemblablement isolées (5 m à plus d’une dizaine de mètres). Elles sont composées de matériaux friables ou moyennement consolidés souvent associés à des passages à consistance molle. Les vitesses sismiques sont comprises entre 1000 et 1500 m/s et les résistivités électrique varient entre 80 et 400 Ω.m ; Unité IIIb : ensemble autour des zones ci-dessus présentées (unité IIIa). Il s’agit de matériaux fins à grossiers cimentés et surconsolidés. Les vitesses sismiques sont de l’ordre de 2000 à 2500 m/s et les résistivités électriques sont comprises entre 400 et 4000 Ω.m. Rev 00 Page 20 of 21 CAMEROUN-MINEPAT- Barrage naturel du Lac Nyos Prospection Géophysique 5. CONCLUSIONS Les résultats des campagnes géologique et géophysique, réalisées au droit du barrage naturel du Lac Nyos, ont fournies des informations utiles pour la compréhension de la structure du sous sol de ce site. Ces informations ont permis de proposer un modèle du site étudié présenté au paragraphe 4. 08_033/CE/GP/RE001 Rev 00 Page 21 of 21