Douleurs abdominales aiguës non traumatiques
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Douleurs abdominales aiguës non traumatiques
Douleurs abdominales aiguës non traumatiques G. SERGENTON Douleurs abdominales aiguës • Fréquentes chez l’enfant • Deux modes de présentation – Les douleurs abdominales aiguës, récentes, diagnostic d’urgence – Les douleurs chroniques ou récidivantes, diagnostic de consultation • Hantise du médecin de passer à côté d’une urgence chirurgicale ou médicale • Étiologies très variées de siège abdominal ou extra-abdominal • Démarche diagnostique – Interrogatoire – Examen clinique – Examens complémentaires Douleur abdominale aiguë 3 grandes périodes • Nouveau-né prématuré ou à terme et moins de 3 mois – – – – – • Nourrissons de 3 mois à 3 ans – – – – • Entérocolite nécrosante Volvulus du grêle et autres occlusions néonatales Hernie inguinale Torsion du testicule chez le nouveau-né Gastro-entérite aiguë Invagination intestinale aiguë Hernie inguinale Appendicite aiguë Gastro-entérite aiguë - Pyélonéphrite aiguë - Pneumopathie Grand enfant > 3 ans et adolescent – – – – – – Appendicite aiguë Invagination secondaire sur Meckel Occlusion sur bride Torsion du testicule Pathologie annexielle chez la fille Pneumopathie - Pyélonéphrite aiguë - Gastro-entérite aiguë - Lithiase - Acidocétose diabétique L’interrogatoire • Contexte – – • Antécédents familiaux – – – • antécédent d’épisodes identiques : douleurs abdominales récidivantes. drépanocytose, lithiase urinaire récidivante Fièvre méditerranéenne familiale diabète Antécédents chirurgicaux (laparotomie,cœlioscopie) – • Colopathie Lithiase ulcère Antécédents médicaux personnels – – – – – • Âge Mode de vie, voyages récents, contexte psychologique, l’existence d’un conflit. Risque d’occlusion sur bride Chez les filles pubères – – Cycles menstruel Contraception, rapports • caractères de la douleur abdominale. – – – – – – – • La localisation a une valeur d’orientation étiologique +++ – – • Date et heure de survenue, circonstances, horaire par rapport aux repas Mode de survenue brutal ou progressif Topographie et irradiations initiales et actuelles Intensité : arrêt de l’activité, caractère insomniant Facteurs d’exacerbation : marche, toux, inspiration profonde, mictions Facteurs de soulagement : repas, vomissements, position antalgique Évolution immédiate (régression, stabilité, accentuation) et secondaire après traitement symptomatique plus elle est éloignée de l’ombilic, plus son étiologie organique est probable. plus la douleur est fixe et localisée et plus elle a de chances d’être organique Le caractère persistant, continu dans le temps est un argument en faveur d’une cause organique. Mais certaines affections donnent des douleurs paroxystiques ou s’atténuant transitoirement. – – Invagination intestinale aiguë, lithiase urinaire Évolution en 2 temps de l’appendicite aiguë (Accalmie traîtresse de Dieulafoy) • Certaines douleurs sont projetées donc trompeuses. – – Pneumopathies aiguës Torsion du cordon spermatique. • Les caractères de la douleur et sa localisation sont difficiles à préciser chez le jeune enfant de moins de 4 à 5 ans. • Quelle que soit la cause, le jeune enfant désigne souvent la région périombilicale. – Un siège différent de la douleur est plutôt en faveur d’une étiologie organique L’interrogatoire recherche les signes associés – Signes généraux, la fièvre et son degré, asthénie, anorexie, une prise de poids ou un amaigrissement récents – Des vomissements et leur caractères – Une diarrhée ou une constipation, arrêt des matières et des gaz – Une pâleur, une hypotonie, des « malaises » accompagnant les crises douloureuses – Une décoloration des selles et des urines foncées – Des signes fonctionnels urinaires, un syndrome polyuropolydipsique – Une dyspnée ou une polypnée, une douleur thoracique, une toux – Des signes génitaux : douleur scrotale, date des dernières règles, contraception, métrorragies, rapports sexuels – Des arthralgies ou des arthrites – Des signes ORL : odynophagie, otalgie, otorrhée L’examen clinique • L’inspection de l’enfant et de son abdomen, observé un moment à distance (surtout entre 9 mois et 3 ans). – – – – – • • • • • • Le faciès avec un teint pâle ou gris ou ictérique La mobilité de l’enfant, son attitude (attitude antalgique) La respiration abdominale,et la mobilité de l’abdomen, un météorisme Une cicatrice cutanée abdominale Une éruption, purpura diffus ou de topographie déclive ecchymotique du PR La palpation de l’abdomen en décubitus dorsal, jambes demi-fléchies. L’auscultation de l’abdomen. La percussion L’examen systématique des orifices herniaires et des organes génitaux externes. Le TR d’interprétation difficile (masse pelvienne ou sang en cas d’IIA). L’auscultation cardio-pulmonaire, l’examen de la gorge et des tympans mais, aussi des articulations sont indispensables. Au terme de l’examen clinique • Trois éventualités sont possibles • Une cause chirurgicale paraît probable ou parfois certaine. – L’hospitalisation urgente est décidée, dans un environnement pédiatrique et chirurgical. • Une origine médicale, la plus fréquente, est mise en évidence – Des examens complémentaires sont parfois nécessaires pour confirmer le diagnostic et justifier un éventuel traitement. • Le diagnostic est imprécis ou impossible – Une surveillance étroite doit être proposée, au domicile sous certaines conditions rarement réunies • • • • Absence de toute hypothèse chirurgicale Contact facile avec la famille Compréhension claire par l’entourage des instructions de surveillance Réexamens systématiques et réguliers de l’enfant – Ou lors d’une courte hospitalisation. Stratégie des examens complémentaires • • Aucun examen ne doit être systématique Leurs indications résultent des probabilités des hypothèses diagnostiques retenues après l’interrogatoire et l’examen clinique – Bilan sanguin de base • Les indications de la bandelette urinaire (BU) sont larges – Infection urinaire – Acidocétose diabétique • Les indications de la radiographie d’abdomen sans préparation (ASP) – Niveaux liquides – Pneumopéritoine – Calcifications (lithiase, stercolithe) ou corps étranger • • • L’échographie abdominale La TDM a une place limitée La radiographie du thorax. – Recherche une pneumopathie Urgences chirurgicales petit enfant nourrisson invagination intestinale aiguë • • • • Doit toujours être évoqué chez un nourrisson de 6 mois à 2 ans Douleurs paroxystiques, pouvant s’associer à des accès de pâleur, un vomissement inaugural inconstant suivi d’un refus constant des biberons – Idiopathique, 90 à 95 % des cas du nourrisson avec un pic de fréquence entre 6 et 9 mois – Secondaire à une lésion locale ou générale (Meckel, lymphome, purpura rhumatoïde) – Formes neurologiques trompeuses avec hypotonie, prostration, somnolence ou convulsions L’examen clinique recherche les signes de gravité Toute suspicion d’IIA justifie en premier lieu une échographie abdominale. – Sensibilité et valeur prédictive négative proches de 1 – Permet le diagnostic des formes secondaires – Ou d’autres causes de douleurs (appendicite, adénolymphite mésentérique) Urgences chirurgicales petit enfant nourrisson invagination intestinale aiguë Invagination iléo-cæcale échographie Invagination intestinale aiguë Urgences chirurgicales petit nourrisson occlusion intestinale aiguë • • • Volvulus de l’intestin grêle par anomalie de la rotation de l’anse intestinale primitive Bride secondaire à une intervention chirurgicale antérieure Par étranglement herniaire – Premiers signes : anorexie et vomissements progressivement bilieux puis arrêt des matières et des gaz (occlusion basse) – Abdomen distendu, météorisé, douloureux, parfois tympanique – Premier diagnostic à évoquer chez le n-né devant des vomissements verts • • • Aucun examen de laboratoire n’a d’utilité ASP debout de face : niveaux hydroaériques Échographie surtout complétée par un Doppler des vaisseaux mésentériques (n-né) – TDM, transit œso-gastro-duodénal ou lavement opaque parfois – Ne doivent pas retarder l’intervention Mésentère commun incomplet Urgences chirurgicales petit enfant nourrisson Hernie inguinale étranglée • D’origine malformative chez l’enfant – – • • 1/2 des cas avant un an 1/3 des cas avant 6 mois Plus fréquente chez le garçon, le prématuré, le RCIU Tuméfaction inguinale intermittente, extériorisée lors des cris, pleurs, efforts de poussée Urgence en cas d’étranglement. • – – – Tuméfaction inguinale devenue irréductible, dure, douloureuse, tendue Tableau d’occlusion du grêle, chez le garçon risque de souffrance testiculaire Chez la fille, hernie de l’ovaire : urgence chirurgicale Diagnostic différentiel • torsion du testicule kyste du cordon hydrocèle Diagnostic clinique : • L’échographie peut être utile uniquement pour le diagnostic d’un kyste du cordon, en urgence devant une suspicion d’hernie étranglée non réductible Hernie inguinale Hernie de l’ovaire Hernie inguinale étranglée Diagnostic différentiel kyste du cordon Diagnostic différentiel hydrocèle Diagnostic différentiel hydrocèle Urgences chirurgicales petit enfant nourrisson Appendicite aiguë • Fièvre modérée, autour de 38°C, nausées, vomissements, anorexie – • Douleur spontanée en fosse iliaque droite avec défense à la palpation – – – • • • • • • L’enfant marche lentement, penché en avant, boite, protège sa fosse iliaque droite avec sa main Douleur à la décompression et à la percussion Une appendicite rétro cæcale entraîne moins de douleur, la défense est moindre Une douleur gynécologique est systématiquement évoquée chez l’adolescente L’hyperleucocytose et la polynucléose neutrophile sont peu sensibles et peu spécifiques. La CRP est prise en défaut, en particulier dans les 12 premières heures de l’évolution. Sa cinétique ultérieure est plus informative. Le dosage de ßhCG est indispensable chez la jeune fille pubère L’ASP est peu sensible et peu spécifique L’échographie La TDM Au total : aucun examen complémentaire ne remplace l’examen clinique et ne permet à lui seul d’affirmer ou d’éliminer le diagnostic. La surveillance clinique et un nouvel examen quelques heures plus tard, avec avis chirurgical reste le moyen diagnostique le plus performant Échographie - Appendicite aiguë L’ASP peut rendre service Urgences chirurgicales de l’enfant Urgences gynécologiques • Urgences gynécologiques révélées par des douleurs abdominales – – – • Douleur aiguë, violente, diffuse, non fébrile – – – • Torsion d’annexe saine ou pathologique Saignement intra kystique Grossesse extra utérine On peut parfois palper une masse pelvienne Le taux de leucocytes peut être élevé Le diagnostic repose sur l’échographie Une grossesse et ses complications sont à évoquer chez toute adolescente pubère. – – – Notion de rapport sexuel recherché par l’interrogatoire Le dosage de ßhCG doit être pratiqué au moindre doute Échographie facile • Enfants victimes d’abus sexuel ou de maltraitance • L’hématocolpos, rétention hématique intra vaginale – – – Douleurs abdominales cycliques, éventuellement masse palpable pelvienne Diagnostic fait par l’examen vulvaire Complété par l’échographie Hématocolpos hydrocolpos Urgences chirurgicales de l’enfant : affections du scrotum • La torsion testiculaire est une des seules urgences urologiques avec le traumatisme testiculaire. – – – – – – • • Aucun signe clinique n’est pathognomonique, aucun examen complémentaire ne doit retarder l’exploration chirurgicale effectuée au moindre doute. La torsion d’hydatide survient préférentiellement chez l’enfant pré pubère. – – – – – • La clinique peut être très proche d’une torsion testiculaire La douleur peut être moins brutale, de survenue plus progressive Testicule normal et nodule bleuté à son pôle supérieur Réflexe crémastérien présent Chirurgie exploratrice réalisée au moindre doute de torsion testiculaire L’épididymite – – • Deux pics de fréquence : en période néonatale (10 premiers jours de vie) et adolescence Douleur scrotale brutale, unilatérale, parfois accompagnée de nausées ou de vomissements La localisation abdominale : douleur projetée ou plainte peu explicite d’un adolescent pudique Douleur identique antérieure, épisodes spontanément résolutifs retrouvée dans 50 % des cas Le testicule est ascensionné, le scrotum est œdématié et érythémateux, douloureux à la palpation Le cordon est douloureux, le réflexe crémastérien peut être aboli Associée à fièvre et pyurie. L’épididyme est œdématié, douloureux La douleur est souvent diminuée lors de l’ascension du testicule L’orchite – – – – Souvent d’origine virale, unilatérale dans 80 % des cas Testicule œdématié et douloureux Fièvre et dysurie sont souvent associées Risque d’atrophie testiculaire et de stérilité Torsion du testicule Causes médicales : digestives • Gastroentérite aiguë – – – – – • Constipation – – – • La clinique peut être très proche d’une appendicite Souvent d’origine virale, associée à une infection des voies aériennes supérieures Douleur diffuse ou localisée en FID, accompagnée de fièvre Échographie +++ Évolution fait le diagnostic Hépatite – – • Douleur diffuse ou localisée en fosse iliaque gauche TR selles dures dans l’ampoule rectale Diagnostic d’élimination Adénite mésentérique – – – – – • Première cause de douleur abdominale des enfants se présentant aux urgences avec ce symptôme Douleur liée à l’inflammation de la muqueuse, au péristaltisme et à la distension intestinale Le plus souvent virus (rotavirus) Germes entéro-invasifs Ne pas méconnaître un autre diagnostic Cause rare de douleur abdominale, le diagnostic est évoqué devant une douleur de l’hypochondre droit, avec anorexie, asthénie, nausées, surtout si existe un subictère, une hépatomégalie sensible Les transaminases font le diagnostic Ulcère gastroduodénal – – – – – Gastrite et ulcère gastroduodénal sont rares, le plus souvent secondaires Prise de médicaments ou infection à Helicobacter pylori Diagnostic au stade de complications : anémie, hémorragie digestive, méléna, hématémèse, perforation avant 7 ans Douleurs non caractéristiques, péri ombilicales non rythmées par les repas Diagnostic par fibroscopie œso-gastro-duodénale et biopsie (recherche Helicobacter pylori) Causes médicales extra digestives Infections urinaires • Infections urinaires – Douleur le plus souvent sous-ombilicale, majorée au moment des mictions – Signes fonctionnels urinaires pollakiurie, dysurie, brûlures mictionnelles chez le grand enfant – La pyélonéphrite aiguë : douleur lombaire, douleur à l’ébranlement des reins, fièvre, frissons – Ces signes manquent chez le nourrisson et une infection urinaire doit être systématiquement évoquée devant une douleur abdominale fébrile depuis plus de 48 heures – La réalisation d’une BU doit être systématique dans ces cas Causes médicales extra digestives Pneumopathies – Des signes respiratoires, toux et surtout polypnée, signes d’auscultation et fièvre – La polypnée justifie la réalisation d’une radio du thorax – La douleur est une douleur projetée qui est plus fréquente en cas de pneumopathie de la base Causes médicales extra digestives Purpura rhumatoïde • Purpura rhumatoïde – – Vascularite la plus fréquente de l’enfant avec un pic de fréquence entre 6 et 8 ans Diagnostic difficile si la douleur abdominale précède l’éruption cutanée et l’atteinte articulaire Causes médicales : extra digestives • Acidocétose diabétique – – – – • Devant un syndrome œdémateux et une oligurie – – • Glomérulonéphrite aiguë Syndrome néphrotique aigu Insuffisance surrénale aiguë – – • Tout enfant ayant un diabète connu consultant pour douleur abdominale Révélation devant une douleur associée à une polyuropolydipsie et un amaigrissement récent Complications : troubles hémodynamiques, déshydratation, hyperpnée sans signe de lutte Bandelette urinaire et glycémie capillaire sont faciles à réaliser. Cause exceptionnelle, survient chez un enfant ayant une insuffisance surrénale chronique connue L’insuffisance surrénale inaugurale est un diagnostic difficile évoqué devant des troubles hémodynamiques à type de choc hypovolémique, hypoglycémie, hyponatrémie avec une fuite sodée, hyperkaliémie. La douleur abdominale passe au second plan Causes neurologiques – Exceptionnelles : épilepsie notamment temporale ou une migraine sont évoquées Conclusion • Motif pluriquotidien de consultation en pédiatrie • Devant faire envisager de multiples étiologies • Interrogatoire fouillé et examen clinique complet sont indispensables • Toujours penser à tous les organes – Abdominaux intra et extra péritonéaux – Mais aussi aux autres parties du corps : tête et cou, thorax, organes génitaux • Rester humble et modeste : nous nous sommes probablement tous trompés et tous nous nous tromperons certainement