dossiers - Chambre Régionale d`Agriculture d`Aquitaine
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agritaine dossiers Dossiers d’information de la Chambre régionale d’agriculture d’Aquitaine NUMÉRO 38 DÉCEMBRE 2014 Dordogne • Gironde • Landes • Lot-et-Garonne • Pyrénées-Atlantiques Innover, s'adapter et préparer Sommaire l'agriculture de demain En juin 2014, les Chambres d'agriculture d'Aquitaine ont organisé, en Aquitaine, l'opération nationale Innov'Action. Ainsi ce sont 20 agriculteurs et lycées agricoles qui se sont mobilisés pour accueillir plus de 500 professionnels sur leurs exploitations et leur montrer les solutions innovantes qu'ils ont mises en œuvre dans différents domaines : l'agroécologie, l'élevage, l'énergie ou encore dans le cadre du Plan National Ecophyto. Cette action d'envergure traduit la volonté des Chambres d'agriculture de valoriser toutes les initiatives qui sont construites par, pour et avec les agriculteurs, sur le terrain, quelle que soit la filière de production. A ce titre, dans le cadre du Plan Régional de Développement Agricole (PRDA), les Chambres d'agriculture ont mis en place un système de repérage de l'innovation qui devrait largement contribuer à enrichir le réseau des fermes Innov'Action lors de l'édition 2015. A cela s'ajoute l'initiative prise par la Chambre régionale d'agriculture de constituer le Réseau régional de l'Innovation en partenariat avec le Conseil régional d'Aquitaine et en associant au sein du Comité de pilotage l'INRA, l'IRSTEA, la DRAAF Aquitaine, Agri SudOuest Innovation, Aquitaine Développement Innovation, Bordeaux Sciences Agro et la Technopole AGRINOVE. Il nous paraît essentiel de mettre en réseau les acteurs de l'innovation, de la recherche, de l'expérimentation, du développement en décloisonnant tant les secteurs que les métiers. Ainsi, dans le cadre du Réseau régional de l'Innovation, nous pourrons favoriser efficacement l'orientation, le transfert et la diffusion au plus grand nombre et accompagner au plus près de leurs besoins les porteurs de projets. L'opération Innov'Action illustre ainsi les objectifs ciblés par le Réseau Régional de l'Innovation et constitue une vitrine des travaux engagés. 2014 restera donc une date importante pour notre réseau des Chambres d'agriculture dans sa volonté de gagner durablement le droit et les moyens d'innover, de s'adapter et préparer ainsi un avenir porteur pour notre agriculture. Dominique Graciet, Président de la Chambre régionale d'agriculture d'Aquitaine Innov'Action 2014. L'Aquitaine remporte le pari de la 1ère édition !........................ p.2 Témoignage de Jean-Luc Cottavoz, céréalier .............................................. p.3 6 journées Innov'Action avec Ecophyto. Fiches témoignage ..................... p.4 à 15 Agro-écologie et innovation. La réponse aux nouveaux défis de l'agriculture. Fiches témoignage ................... p.16 à 23 Innover pour assurer l'autonomie des élevages aquitains. Fiches témoignage ................... p.24 à 36 Economie d'énergie et production d'énergies renouvelables. Fiches témoignage ................... p.37 à 45 Lancement du Réseau Régional de l'Innovation en agriculture. 3 Questions à Hubert de Rochambeau ............... p. 46 Fondation pour une Agriculture Durable en Aquitaine. Repérer l'innovation sur le terrain ........................................... p. 47 agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 2 Innov'Action 2014 L'Aquitaine remporte le pari de la 1ère édition ! L'opération Innov'Action s'est déroulée du 20 mai au 20 juin 2014 dans les 5 départements d'Aquitaine, de même que dans 10 autres régions participantes en France. En effet, Innov'Action est un label porté par le Réseau des Chambres d'agriculture au niveau national. 33.3 24.2 Les principaux objectifs de cette initiative sont : • identifier des journées portes-ouvertes dédiées à l’innovation autour de la double performance et de l’agro-écologie, toutes filières confondues, • favoriser le transfert des innovations en donnant la parole à l’agriculteur innovant. Périgueux DORDOGNE Bordeaux GIRONDE En Aquitaine, ce sont 13 portes-ouvertes chez des agriculteurs et 7 événements dans des 33.1 lycées agricoles ou sur des exploitations témoins qui ont été organisés. Cette offre a 33.4 permis de présenter une bonne couverture des thématiques et des filières régionales, avec des journées sur le thème : • de la réduction des intrants (outils 40.5 d'aide et de ciblage, agriculture de précision, gestion de la dérive de produits phytos, irrigation au goutte-à-goutte, rotation des 40.4 LANDES Mont-de-Marsa cultures et diversification des n assolements), • de l'élevage (autonomie four40.3 40.1 ragère et protéique, pâturage 40.2 dynamique, automatisation, transformation…), • des économies d'énergie 64.3 (valorisation des ressources 64.1 64.5 64.6 disponibles sur le territoire), P Y R EN N EE Pa 64.4 S• de la biodiversité. ATLANTIQUu 64.7 ES Les retours des différentes journées, qui ont réuni au total plus de 500 personnes, indiquent que les agriculteurs étaient très satisfaits d'avoir ainsi eu l'occasion d'échanger entre-eux. 64.2 Pour parvenir à ce résultat, les équipes des Chambres d'agriculture d'Aquitaine se sont fortement mobilisées sur le 1er semestre, que ce soit pour assurer la communication autour de l'événement, mais aussi accompagner les agriculteurs et les lycées dans la préparation des journées (approfondissement technique, soutien logistique...). Fortes des enseignements de cette 1ère édition, les Chambres d'agriculture se préparent d'ores et déjà l'opération en 2015. 24.1 33.2 47.2 47.1 LOT-ET-GARO NN E Agen 20 fermes en Aquitaine Portes ouvertes Évènements associés agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 Témoignage Jean-Luc Cottav oz, céréalier Journée Innov'A ction du 19 juin dernier à Braud-et-Saint -Louis Partager nos in novations tech niques et organisationn elles pour limite r le recours aux produits p hytosanitaires . « Par l'échange avec d'autres ag riculteurs et no affine nos techni s techniciens, ques, on modifi on e notre façon de l'expérience de faire en profitant chacun » indiqu de e Jean-Luc Cotta la journée Inno voz à l'occasion v'Action du 19 de juin 2014 dans le Blayais. « Les cinq atelie rs proposés ce jour là ont tous discussions en été source de lo tre les participa ngues nts. L'atelier de risation a donn démonstration é lieu à des éc pu lvéhanges intéress Régional de l'A ants avec le Se limentation (SR rvice AL), également présent. » Limiter la dériv e et augmente r l'efficacité des cœur des préo désherbages so ccupations de nt au chacun. « Il est toujours compliqué d'inte rvenir avec un he de dose. Mais su rbicide en rédu r des jeunes plan ction tules, de 6 à 8 h au-delà - nous ar du matin – et jam rivons à des résu ais ltats très intéress il a suffi d'un bi ants. Cette anné nage pour com e, pléter le désher portent leurs fru bage. Ces prat its ; aucune trace iques de produits phyt retrouvée dans osanitaires n' a notre secteur de été maïs suite aux analyses réalis ées. » Dates Innov'Action 2015 du 7 au 21 juin 2015 PAGE 3 agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 4 6 journées Innov'Action avec Ecophyto Véritable vitrine pour le Plan Ecophyto, l'opération Innov'Action a permis de mettre en lumière les exploitations engagées dans ce plan et les solutions innovantes mises en œuvres dans le cadre d'une meilleure gestion de l'utilisation des produits phytosanitaires. Pour relever le défi du plan Ecophyto, il est essentiel de sensibiliser les agriculteurs et de communiquer largement sur les actions du plan en région, ainsi que sur les systèmes de cultures économes et les leviers identifiés dans les différentes filières. C’est dans ce contexte que 6 journées Innov’Action ont été organisées en Aquitaine en 2014 sur la thématique commune de la réduction d’utilisation des produits phytosanitaires, dont 4 dans des exploitations membres des réseaux DEPHY. Ces journées ont concerné différentes filières et départements : • la filière viticole, avec 2 exploitations en Gironde (dont une exploitation membre de l’EPLEFPA) membres des 2 réseaux DEPHY, animées par la CDA33 • la filière fraise, avec une exploitation dans le Lot-et-Garonne membre du réseau DEPHY, animée par la CA24 • la filière grandes cultures, et particulièrement le maïs, avec 3 exploitations en Gironde, dans les Landes (membre du réseau DEPHY animées par la CA40) et dans les Pyrénées-Atlantiques. Le maïs et la vigne, filières emblématiques en Aquitaine. S'inscrivant dans une stratégie européenne globale et mesure phare du Grenelle de l'Environnement, le Plan Ecophyto est décliné dans chaque région française. L'objectif de ce plan est de réduire et d’améliorer l’utilisation des produits phytosanitaires, tout en continuant à assurer un niveau de production élevé tant en quantité qu’en qualité. Ce défi suppose de mobiliser un grand nombre d’acteurs de l’agriculture et de la gestion des espaces non agricoles autour de ce projet. En Aquitaine, les objectifs du plan Ecophyto pour le volet agricole reposent sur l’adoption, par les agriculteurs, de nouvelles pratiques et de nouvelles stratégies d’intervention dans deux filières emblématiques : le maïs et la vigne. Ces orientations sont en lien avec les quantités de produits phytopharmaceutiques vendus (les cultures pérennes sont soumises à une pression sanitaire plus forte et sont de fait plus consommatrices en produits phytopharmaceutiques) et les pics de pollution constatés dans les eaux (en particulier herbicides) ou dans l’air. Il s’agit donc d’accompagner le plus grand nombre vers : • • La limitation des stratégies d’herbicides de pré-levée et le développement des techniques de désherbage mécanique ou des traitements localisés, pour la culture de maïs. L’amélioration de la qualité de la pulvérisation pour la vigne et plus généralement pour les cultures pérennes, pour réduire les risques de dérive et contribuer à la réduction des quantités de produits utilisés. Dans le cadre des axes 2 et 8 du plan Ecophyto, des journées techniques sont régulièrement organisées au sein des 10 réseaux DEPHY d’Aquitaine, dont 6 animés par les Chambres d’agriculture, ainsi que dans des exploitations pilotes sur cette thématique hors de ces réseaux. Sommaire Fiches témoignage 33.1 / Réduction des intrants phytosanitaires Château La Tour Blanche à Bommes (Gironde) 33.2 / Production viticole respectueuse de l'environnement Château de Lugagnac à Pellegrue (Gironde) 33.3 / Désherbage du maïs en post levée et en réduction de doses Jean-Luc Cottavoz à Saint-Ciers sur Gironde (Gironde) 40.5 / Désherber autrement Maxime, Guillaume et Monique Dufréchou à Sabres (Landes) 47.2 / La fraise sur jardins suspendus Marie-Clarisse et Patrick Jouy à Sainte-Livrade sur Lot (Lot-et-Garonne) 64.7 / Protection des cultures. Itinairaires techniques à bas niveau d'intrants phytosanitaires Christian Debèze et Gilles Espagnol, Arvalis à Sendets (Pyrénées-Atlantiques) agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 5 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! v o n in 33.1 reduction des intrants phytosanitaires Château La tour Blanche - Exploitation membre de l’EPLEFPA de Bordeaux-Gironde, premier établissement de formation agricole et viticole français - 1er cru classé en appellation Sauternes, à Bommes sur 37 ha - Membre du réseau DEPHY Ouest porté par la Chambre d’agriculture de la Gironde l’exploitation Le Château La Tour Blanche est une exploitation importante pour le vignoble bordelais à plusieurs titres. Exploitation d’un établissement public de formation, elle assume au quotidien ses missions pédagogiques auprès des étudiants. Pour rester innovante, elle met en œuvre de nombreux essais pour améliorer sans cesse ses pratiques. Elle constitue une véritable plateforme pour la mise en œuvre d’expérimentations et un lieu privilégié de démonstrations, réalisées en lien étroit avec les acteurs du territoire. L’exploitation est en lutte raisonnée depuis plusieurs années, basée notamment sur des observations parcellaires régulières et des modulations de doses en saison. Elle se doit d’être à la pointe des technologies et de son impact environnemental tout en ayant les préoccupations d’une exploitation viticole standard tant sur le plan économique que social dans le Bordelais. Statut : Exploitation d’un établissement public de formation Grand cru classé Main d’œuvre : 12 UMO Commercialisation : 80 % primeurs négoce 15 % particuliers 5 % revendeurs et négoce ENCEPAGEMENT 2013 Muscadelle 14,2 % Sémillon 12,8 % Sauvignon blanc 12 % Appellations Produits et ventes Sauternes 600 hl dont 450 hl en Sauternes Bordeaux rouge 80 000 bouteilles Divers : IFT 2013 8,8 les innovations • En partie désherbage optimisé et travail du sol dans l’interrang › Maîtrise des intrants phytosanitaires. agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 Optimisation PAGE 6 Optidose du désherbage Le WeedSeeker® utilise les dernières technologies optiques et électroniques de détection des végétaux. Il les différencie du sol grâce aux propriétés optiques de la chlorophylle. De ce fait, la pulvérisation ne s’effectue pas lorsqu’il n’y a pas de végétal sous la buse. Lorsqu’un de ces derniers est détecté, le WeedSeeker® pulvérise grâce à son système autonome embarqué. Le weedseker® détecte ainsi la couleur verte et ouvre la buse, si nécessaire. La quantité de désherbant chimique est alors réduite d’un tiers. Le concept OPTIDOSE est initié et développé par l’IFV : il consiste à proposer des stratégies économes en pesticides permettant de conserver à un niveau de protection satisfaisant les objectifs de production. Le raisonnement des doses proposé résulte des connaissances acquises en termes d’évaluation des risques phytosanitaires, de diagnostic de la performance du réglage des pulvérisateurs, d’appréciation de la biomasse et des conditions de dépôt des produits de traitements. Les règles de décision énoncées dans le cadre du projet OPTIDOSE proposent une adaptation de la dose de produit phytosanitaire (mildiou, oïdium) en fonction de la surface de végétal à protéger, de la pression parasitaire et du stade phénologique. Source : IFV - Crédit photo : IFV-Guittard Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : http://www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site Réalisation : Chambres d’agriculture d’Aquitaine - Création graphique : www.welko.fr - Edition : avril 2013 Source : CA 33 - Crédit photo CA33-Pasdois agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 7 3 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 33.2 U n e p ro d u c t i o n v i t i c o l e respectueuse de l ’ e n v i ro n n e m e n t Château DE LUGAGNAC Le Château de Lugagnac, situé à Pellegrue en appellation Bordeaux, comprend un vignoble de 70 ha. Adhérant au réseau Ferme DEPHY Ecophyto, il s’inscrit dans la réduction des traitements depuis 2011, en testant une stratégie innovante «Mildium». En 2013, le nouveau propriétaire poursuit les efforts en convertissant le vignoble vers l’Agriculture Biologique. l’exploitation La propriété couvre 180 ha, dont 70 en appellation Bordeaux supérieur et Bordeaux blanc. En 2011, le Château a rejoint le réseau DEPHY avec à ses côtés David Perrier, conseiller de l’ADAR de Monségur, qui assure le suivi des différentes parcelles de l’exploitation. Nous avons mis à disposition une parcelle de 4 ha, sur laquelle David Perrier a testé la méthode Mildium élaborée par l’INRA. Nous menons avec David un véritable travail d’équipe qui s’appuie sur l’échange et la concertation, pour décider ensemble des pratiques les moins à risque. Nous avons pu ainsi réduire le nombre de traitements, sans jamais douter que la vigne était correctement et efficacement traitée. Moins de traitements, cela signifie moins de frais et un impact environnemental moindre. C’est important quand une exploitation est HVE 3. Aujourd’hui nous développons notre démarche au-delà, avec une conversion en bio. Typologie : exploitation viticole Directeur d’exploitation : François Thomas Bon Main d’œuvre : 8 UTH Densité de plantation : de 6 500 à 7 500 pieds/ha Enjeux : maintien de la certification HVE 3 et conversion à l’agriculture biologique ENCEPAGEMENT 2013 Les cépages rouges - Merlot N 65 % - Cabernet Sauvignon 22 % - Carménère 8 % - Malbec 4 % - Petit Verdot 1 % Appellations Bordeaux supérieur Bordeaux blanc Les cépages blancs - Sauvignon gris 50 % - Sauvignon blanc 40 % - Sémillon 8 % - Muscadelle 2 % Produits et ventes - 3 000 hl/an - 100 % des vins sont exportés Accompagnements : ADAR de Monségur, Chambre d’Agriculture de la Gironde, Ferme DEPHY Ecophyto, SME, CIVB les innovations • Mildium › Optimiser le nombre de traitements contre le mildiou et l’oïdium. • Système de Management Environnemental › Réduire l’impact environnemental tout en rendant l’exploitation plus performante. • Abandon des herbicides › Entretenir le sol par un travail mécanique des interrangs et des cavaillons. › Supprimer rapidement les pampres grâce à l’emploi d’épampreuses mécaniques. agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 ABANDON DES HERBICIDES En choisissant de convertir le vignoble en agriculture biologique, le Château de Lugagnac a abandonné les herbicides. Les sols sont entretenus en combinant l’enherbement total ou partiel des inter-rangs et le travail mécanique des cavaillons. Sur les parcelles les plus vigoureuses, les inter-rangs sont tous enherbés naturellement. Sur les parcelles moins vigoureuses, l’enherbement naturel est laissé un inter-rang sur deux. Il est alterné avec un travail mécanique (utilisation de disques, de griffes ou encore de herses rotatives). Sous le rang, le sol est entretenu mécaniquement à l’aide de 4 outils interceps : - un intersol de FERRAND, - un intercep de BRAUN, - un intercep et un discomatic de BOISSELET. Le Château a également investi dans une tondeuse intercep de Boisselet, dans les cas où l'intervention par travail mécanique ne serait pas possible (conditions météo-rologiques, salissement excessif, etc). Pour l’épamprage, le Château de Lugagnac a opté pour une intervention mécanisée. Il s’est muni de trois types d’épampreuses mécaniques des marques TORDABLE, GREGOIRE et VBC. L’objectif est de pouvoir intervenir rapidement. PAGE 8 Système de Management Environnemental (SME) du vin de Bordeaux Déjà engagé dans la certification environnementale (HVE 2), le Château de Lugagnac a rejoint en 2012 un des groupes SME du département. A l’initiative du CIVB, cet outil de gestion vise à réduire l’impact environnemental d’une exploitation viticole tout en améliorant ses performances globales. A partir d’une étude d’impact de son implantation et de ses activités (analyse environnementale), le Château de Lugagnac s’est fixé des objectifs adaptés pour réduire progressivement et durablement son emprise environnementale. Grâce à cette démarche, il a pu : - mettre en place un système de tri des déchets, - installer des compteurs à chaque sortie d’eau pour évaluer la consommation et à terme faire des économies, - stocker les eaux de pluie dans le bassin des effluents, pour pouvoir les réutiliser pour arroser les jeunes plants. La démarche du SME est collective. Aussi, en rejoignant un groupe d’exploitations accompagnées par un animateur, le Château de Lugagnac a pu, à travers des formations, des échanges ou encore la consultation d’une plateforme réglementaire, devenir membre de la première association pour le Système de Management Environnemental du Vin de Bordeaux certifiée ISO 14001. Selon François Thomas Bon, le SME a plusieurs intérêts : le respect des normes environnementales grâce à une veille réglementaire adaptée à l’exploitation, la sécurité des employés car le château est reparti vers une démarche HACCP. Enfin, c’est un très bon outil de management en interne. MILDIUM : Optimiser le nombre de traitements 1 4 ha. Avec des rendements et un état sanitaire satisfaisants, cette stratégie a permis de réduire considérablement le nombre de traitements par rapport à la stratégie classique de l’exploitation. «Alors que nous pensions être au minimum avec notre démarche de lutte raisonnée, nous avons pu constater qu’il existe encore une marge de manœuvre. Et cela même en 2012, année de forte pression maladie. Des progrès étaient donc faisables, tout en maintenant les objectifs de production.» François Thomas Bon Les étapes du POD Mildium® 2 Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : http://www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site 3 Réalisation : Chambres d’agriculture d’Aquitaine - Création graphique : www.welko.fr - Edition : avril 2013 Mildium est un outil d’aide à la décision qui permet de limiter au plus juste les traitements contre le mildiou et l’oïdium. Il prend en compte la météo, le stade de développement de la vigne et nécessite l’observation précise des vignes. Méthode développée par l’INRA de Bordeaux (Laurent Delière), elle est transférée auprès de Fermes de références des réseaux DEPHY Ecophyto à l’échelle de l’îlot. Avec un protocole de suivi simplifié par rapport à la phase expérimentale, Mildium a été mis en place en 2012 et en 2013 au Château de Lugagnac sur un îlot de agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 9 3 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 33.3 D é SHERBAGE DU MA Ï S EN POST LEV é E ET EN R é DUCTION DE DOSES SCEA COTTAVOZ L’exploitation de Jean-Luc Cottavoz se situe dans le Blayais à Braud-et-Saint-Louis. Essentiellement tourné vers la culture de maïs, l’assolement s’est diversifié au cours des trois dernières années avec la production de blé et de tournesol semences. l’exploitation Depuis plusieurs années, les enjeux qualitatifs et quantitatifs en matière de gestion de l’eau font partie de mes préoccupations. Dans notre contexte de sol argileux humifère, ayant une tendance à se dessécher rapidement en surface, j’ai fait le choix de n’utiliser aucune matière active de pré-levée pour désherber mes maïs. Ce choix technique nous impose d’être très rigoureux avec les conditions d’applications car nous utilisons des produits de post levée sensibles à l’hygrométrie. Les fenêtres d’intervention sont restreintes, ce qui nous impose d’être équipés en conséquence pour intervenir avec un gros débit de chantier. Aujourd’hui, j’interviens généralement deux fois, à 50 l/ha de bouillie, uniquement quand l’hygrométrie est supérieure à 70% (souvent le matin de 6h à 8h). Au final mon IFT varie selon mes parcelles de 1 à 1,6. Mais cette technique demande des investissements en matériel non négligeable, un suivi des parcelles au plus juste pour intervenir sur des adventices aux stades cotylédonaires et une disponibilité de tous les instants. Statut : SCEA Main d’œuvre : 3 personnes à temps plein ASSOLEMENT 2013 - 150 ha de blé - 60 ha de tournesol - 420 ha de maïs Récolte - 105 qx/ha de maïs - 80 qx/ha en blé Divers : Exploitation irriguée par rampe frontale et enrouleur Gestion du risque de prix par ventes échelonnées les innovations • Désherbage des maïs en post levée à dose réduite › Réduction de l’impact des produits phytosanitaires. • Pilotage de l’irrigation par sondes tensiométriques › Gestion quantitative de l’eau : apport d’eau adapté aux besoins de la plante quand la tension de l’eau dans le sol augmente. • Gestion durable des sols › Travail sans labour et en limitant le tassement : favoriser la vie biologique des sols et respecter la structure. agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 10 Désherbage des maïs Pilotage de l’irrigation réduite tensiométrique en Post levée à dose Piloter son désherbage à vue nécessite avant tout une observation précise des adventices. Les interventions doivent absolument être réalisées avant trois feuilles pour les graminées et dès le stade cotylédonnaire ou avant une paire de vraies feuilles pour les dicotylédones. A ce stade, les jeunes adventices sont très sensibles ce qui permet de diviser de trois à cinq les doses d’herbicides utilisées. Parallèlement, pour gagner en autonomie d’intervention, seulement 50 l/ha de bouillie sont utilisés. Mais à ce volume par hectare, l’hygrométrie conditionne grandement la réussite du traitement : en dessous de 60 % les gouttelettes de bouillie se dessèchent trop vite et le produit n’a pas le temps d’agir. Pulvérisation bas volume à dose réduite d’herbicides par sonde Au-delà du classique bilan hydrique, Jean-Luc Cottavoz a investi dans des tensiomètres avec télétransmission pour suivre en temps réel l’humidité du sol. Positionnés sur deux parcelles représentatives de l’exploitation, les capteurs permettent de déclencher l’irrigation en fonction des besoins et d’ajuster au mieux les tours d’eau. Système de telétransmission GPRS avec lecture en temps réel Respecter la Des sols trop tassés sont souvent à l’origine de pertes de potentiel dans les cultures. Dans nos zones de bordure d’estuaire où le gel n’est que rarement fort, la restructuration naturelle du sol est limitée. Il est donc primordial de limiter les tassements lors des préparations des sols et des récoltes. Pour cela, Jean-Luc Cottavoz a fait le choix de travailler son sol et de faire ses récoltes avec des engins équipés de chenilles. 1 L’utilisation de chenilles permet de respecter la structure du sol 2 Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : http://www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site 3 Réalisation : Chambres d’agriculture d’Aquitaine - Création graphique : www.welko.fr - Edition : avril 2013 structure du sol agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 11 3 e oignag Le tém s ulteur d’agric ants ! innov 40.5 Désherber autrement Guillaume, Maxime et Monique Dufréchou Sur son exploitation à Sabres, la famille Dufréchou élève des poulets et cultive des céréales et des légumes de plein champ. Membres du réseau Farre et du réseau Dephy Ecophyto, ces agriculteurs sont engagés dans la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires depuis de nombreuses années. Depuis la création de l’exploitation en 1985, nous pratiquons le binage. Notre père, avait souscrit une OLAE* sur la réduction des produits phytosanitaires. Il pratiquait un désherbage chimique localisé sur le rang au semis, associé à un binage avec une bineuse à dents ; cela avec plus ou moins de succès selon les conditions climatiques de l’année. Maintenant, nous cherchons davantage d’efficacité et d’économie de produits de traitements. Nous avons vu fonctionner une bineuse à doigts Kress lors d’une journée technique de démonstration de matériel en agriculture biologique organisée par la Chambre d’agriculture. Ce matériel de binage répond à nos attentes pour lutter contre les adventices. Il correspond à notre objectif de pratiquer au maximum le désherbage mécanique quand les conditions météos le permettent et donc ne pas employer d’anti germinatifs. De plus, le système des doigts Kress nous permet de passer au plus près du maïs sans le recouvrir comme cela arrive parfois avec la bineuse. Un autre avantage de ce matériel est de pouvoir apporter l’engrais de fond au stade 3 feuilles. l’exploitation Earl la Haouture - Earl de Matibon 3 UTH et 1 salarié ASSOLEMENT 2013 80 ha maïs grain 25 ha maïs semence 35 ha maïs doux 30 ha haricots verts et petits pois Productions animales : 75 000 poulets des Landes élevés en liberté/an et 3 750 chapons/an Divers : › Ferme du réseau DEPHY Ecophyto des Landes et du réseau FARRE OLAE* : Opération Locale Agriculture Environnement (« anciennes MAE ») les innovations • Utilisation d’une bineuse à doigts Kress sur maïs soit un désherbage mécanique dans l’inter rang (bineuse) et au plus près de la plante (avec les doigts Kress). • Utilisation de produits phytosanitaires, uniquement en post levée du maïs et sur le rang. agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 12 Bineuse à doigts Kress Cet équipement pour bineuse travaille sur le rang. Le principe repose sur deux roues étoilées en plastique semi-rigide qui travaillent à un angle de 45° de chaque côté du rang. Cet outil est adapté à tous les types de sol et plus particulièrement aux sols sableux. Utilisé sur des adventices jeunes, cet outil offre une très bonne efficacité sur dicotylédones et graminées annuelles. En pratique : « Chez nous, le premier passage de la bineuse (8 rangs) à doigts Kress est effectué au stade 3 feuilles avec l’apport d’engrais de fond, à une vitesse de 7 à 8 kms /heure. En fonction de la levée des adventices et des conditions météo, un deuxième binage est effectué à une vitesse plus rapide soit à 10-12 km/h. Il faut savoir que le binage est possible jusqu’au stade 5-6 feuilles. Il est souhaitable d’intervenir sur une terre sèche ainsi le soleil grille naturellement les herbes arrachées. L’utilisation de ce type de bineuse nécessite de la précision et de l’attention dans le conduite du matériel d’où l’intérêt d’être équipé d’un GPS.» L’investissement dans une bineuse à doigts Kress peut bénéficier d’une aide financière dans le cadre de l’AREAPVE* à hauteur de 40% avec un plafond d’investissement éligible de 30 000 €. *AREA-PVE : Plan Végétal pour une Agriculture Respectueuse de l’Environnement en Aquitaine financé par l’Europe, l’Etat, la Région Aquitaine et l’Agence de l’Eau Adour Garonne. non utilisation de produits La stratégie de désherbage la plus fréquente dans le SudOuest consiste à traiter avec des produits de prélevée (type chloroacétamide) au semis du maïs puis à réaliser un rattrapage en fonction de la flore adventice présente sur la parcelle. 1 La particularité sur l’exploitation de la famille Dufréchou est la non utilisation de ces produits de prélevée et l’application d’une stratégie de désherbage uniquement en post levée (avec un ou deux passages). De plus, selon le développement des adventices et les conditions météos, l’application est faite sur le rang. Ainsi cette double innovation (binage avec doigt Kress et désherbage sur le rang) permet de réduire l’Indice de Fréquence de Traitements (ITF). L’IFT est le mode de calcul utilisé pour mesurer la quantité de produits phytosanitaires employés pour une culture. Pour le maïs, il s’agit de la proportion de la dose homologuée d’herbicides, pondérée par la surface traitée. IFT sur l’exploitation en 2010 : 1.02 IFT en 2012 avec la bineuse à doigts Kress : 0.53 IFT de référence régional maïs : 1.78 Avec l’utilisation de la bineuse à doigts Kress, le désherbage chimique de rattrapage est retardé au maximum. 2 Contact : Vincent Mancini conseiller d’entreprise Chambre d’agriculture des Landes Tél 05 58 85 45 10 3 Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine.html Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site Réalisation et crédit photo : Chambre d’agriculture des Landes - Création graphique : www.welko.fr - Edition : avril 2014 de traitement en pré levée agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 13 3 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 47.2 La fraise sur jardins suspendus Marie-Clarisse et Patrick Jouy La famille JOUY est spécialisée dans la production de fraises labellisées sur le site de Barianis à Sainte-Livrade sur Lot. Précurseuse dans le mode de conduite en jardins suspendus, l’exploitation est maintenant pérennisée avec l’installation des enfants tout en nourrissant des projets innovants en cours. l’exploitation Installé en 1986, en cultures maraîchères, je me suis orienté petit à petit vers la production de fraises en jardins suspendus dès 1995. La première motivation de ce changement concernait la main-d’œuvre et les conditions de travail. En effet, il devenait de plus en plus difficile de fidéliser et même recruter des salariés pour les récoltes à même le sol, d’où une nécessité d’évoluer dans les modes de production. Aujourd’hui avec mes enfants qui prennent le relais, toute notre production de fraises labellisées (Ciflorette en grande partie) est conduite en jardins suspendus sur un substrat local en écorces de pin des Landes. La qualité du produit fini sous label est une reconnaissance des efforts accomplis tant sur le volet des conditions de travail que sur la gestion des intrants et notamment la pratique de la protection biologique intégrée à l’aide d’auxiliaires. Famille JOUY (4 EARL) 5.3 ha de serres fraises jardins suspendus 2 ha de pépinières de plants (Trayplants) 40 saisonniers 20 salariés permanents soit 26 Equivalents temps pleins 200 à 250 tonnes de fraises commercialisées via 2 organisations de producteurs et sur les marchés. les innovations • Améliorer les conditions de travail › Le système des dalles réglables en hauteur améliore sensiblement les conditions de travail des salariés. • Économiser le foncier. › Toujours par le système de dalles, cela permet d’économiser de l’emprise de foncier en densifiant la culture par unité de surface. • Utiliser la Protection biologique intégrée › Depuis 2008, l’utilisation d’auxiliaires pour lutter contre les maladies et ravageurs est systématique et se substitue majoritairement aux produits phytosanitaires classiques. NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 Améliorer les Economie de conditions foncier de travail Procédé quasiment unique en Europe avec seulement 3 utilisateurs de ce système de « dalles réglables » les travaux sur la fraiseraie sont considérablement moins pénibles qu’ auparavant. Que ce soit pour la plantation, l’entretien ou la récolte tout est réalisé à hauteur d’homme. C’est un atout indéniable pour les personnels mais aussi pour l’employeur qui parvient à fidéliser ses équipes de travailleurs permanents et saisonniers indispensables pour cette culture à haute valeur ajoutée. Au final c’est la qualité du produit commercialisé qui est recherchée et qui permet la rentabilité de l’exploitation. Dalles réglables en hauteur Protection biologique intégrée 1 PAGE 14 Sujet de plus en plus crucial pour l’agriculture, la préservation du foncier et son économie sont illustrés par ces dalles réglables. Cet ingénieux système permet de cultiver l’équivalent de 15 plants au m² contre 10 en système classique. C’est à la fois une économie d’emprise au sol des serres mais aussi d’investissement sur la structure lourde. Tous ces éléments conduisent à gagner en compétitivité et donc à pérenniser de façon durable l’exploitation. L’installation récente et progressive des enfants est la preuve de la viabilité durable (économique, sociale et environnementale) quand l’innovation est au rendez-vous dans les filières. Augmentation de la densité de plants à l’hectare Introduction d’auxiliaires Initiée en 2008, pour des aspects liés à la présence des salariés dans les serres sur les récoltes alors même qu’il est aussi nécessaire de protéger les plantes, l’introduction de la protection biologique intégrée permet de concilier ces différents chantiers concomitants. Même si les débuts ont été difficiles (méconnaissance des interactions réelles ravageurs-auxiliaires), on peut dire aujourd’hui que cette voie est satisfaisante malgré un coût supérieur à l’emploi unique de produits phytosanitaires. D’ailleurs l’exploitation est engagée dans un réseau DEPHY de fermes du plan Ecophyto. Avec le recul de 6 ans sur cette pratique, une diminution notoire aux recours de produits phytosanitaires est constatée tout en préservant la qualité des fraises produites et le bien-être des salariés dans les serres. 2 Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine.html Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site 3 Réalisation : Chambres d’agriculture d’Aquitaine - Création graphique : www.welko.fr - Edition : avril 2013 agritaine dossiers agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 15 3 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 64.7 protection des cultures itinéraires techniques a BAS NIVEAU D'intrants phytosanitaires L’objectif de la plateforme d’essai d’un hectare, développée par Arvalis à Sendets, est d’évaluer des stratégies innovantes permettant de protéger efficacement le maïs tout en réduisant l’utilisation des phytosanitaires : rotation des cultures et désherbage localisé sont expérimentés. les essais Comment réduire l’utilisation des phytosanitaires ? Quels sont les résultats et l’impact sur la culture ? Cette question, tout maïsiculteur se la pose. L’essai mis en place par Arvalis depuis trois ans à Castets permet d’apporter quelques réponses sur la faisabilité ou non de cette réduction et sur les avantages/inconvénients qu’elle génère. L’introduction de blé ou de soja, le désherbage en dose réduite ou localisée sur le rang et la suppression des insecticides sont testés depuis 3 ans sur cette parcelle. Ces itinéraires innovants font l’objet d’un suivi complet de la flore et des ravageurs aériens (pyrale, sésamie...) ou du sol (taupins, scutigérelles...). L’impact sur le rendement et la rentabilité économique sont évalués. Christian Debèze et Gilles Espagnol - Arvalis Le dispositif présente 3 répétitions de 8 microparcelles permettant de comparer une conduite conventionnelle du maïs en monoculture avec des itinéraires innovants. les innovations L’essai se focalise sur la réduction des herbicides et des insecticides associée à la rotation des cultures. Deux systèmes innovants sont mis en place : >> Système 1 : Insecticide normal. un antigraminée et antidicotyledone en pré-levée, complété par binage. Anti liseron en rattrapage si nécessaire et binage complémentaire en fonction du salissement. >> Système 2 : 0 insecticides. un antigraminée en désherbinage et binage. Rotation des cultures : >> maïs seul >> rotation maïs / soja sur trois ans : les deux systèmes sont expérimentés >> rotation maïs / blé sur trois ans : système 1 uniquement agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 11 PAGE 16 Agro-écologie et innovation La réponse aux nouveaux défis de l'agriculture Aujourd'hui, plus que jamais, l'agriculture doit faire face à de nouveaux défis et en particulier celui de produire mieux tant en quantité qu'en qualité, tout en portant une plus grande attention à la santé publique et à l'environnement. Dans le cadre du Programme Régional de Développement Agricole et Rural (programmation 2014-2020) et pour répondre aux attentes des exploitants agricoles, de la société et des orientations de la Loi d’Avenir pour l’Agriculture, les Chambres d’Agriculture ont défini comme axe stratégique principal du contrat d’objectifs 2014-2020 : « Accompagner les agricultures et innover, pour conjuguer performance économique et performance environnementale dans tous les territoires, en impliquant les agriculteurs et en mobilisant tous les moyens du développement ». Cependant, si l'innovation existe bel et bien en ce domaine - nous l'avons constaté notamment à travers l'opération Innov'Action 2014 en Aquitaine - le changement peut rencontrer des résistances, telles que des freins sociologiques renvoyant les pionniers à un risque d’isolement, peur du changement, envie ou nécessité d’en voir les effets immédiatement… D'où l'importance de provoquer discussions et échanges entre les agriculteurs. Ainsi dans le cadre des journées Innov'Action 2014, 4 journées portes-ouvertes ont particulièrement abordé : • Le 5 juin à Verteillac (24), le thème du pilotage par GPS (tracteur, épandeur d'engrais, pulvérisateur) et des cultures nouvelles (haricot vert, pomme de terre, maïs doux...). • Le 19 juin à Saint Cricq Villeneuve (40), le maïs irrigué au goutte-à-goutte. • Le 5 juin à Maslacq (64), les résultats d'essais relatifs à la culture du blé, l'intérêt dans le cadre d'un assolement diversifié et la rotation des cultures. • Le 11 juin à Araux (64), l'intérêt agronomique du colza associé dans le cadre d'un assolement diversifié. Assurer la transition vers l'agro-écologie L'agro-écologie, comme l'innovation, se retrouvent au centre de toutes les attentions, que ce soit de la part des professionnels ou des pouvoirs publics. L'émergence de solutions nouvelles doit permettre de rendre nos systèmes agricoles plus durables et résistants aux aléas. L'agro-écologie, caractérisée par la recherche de diversification, d’autonomie et de complémentarité entre productions, apparaît naturellement comme un bon référentiel. C'est ainsi que dès 2013, le ministère de l'Agriculture a lancé le Projet Agro-Ecologique pour la France (www.produisons-autrement.fr), qui s'articule autour de 3 axes : 1 – Connaître et capitaliser : « Regrouper, structurer et compléter les expériences et les connaissances en matière d’agro-écologie ». 2 – Diffuser et former : « Organiser et amplifier les capacités de diffusion, en s’appuyant sur la diversité des acteurs dans le domaine de la formation et de l’accompagnement technique ». 3 – Inciter : « Inciter individuellement et collectivement les agriculteurs à se convertir à de nouvelles pratiques et à les maintenir dans la durée ». Plus récemment, la DRAAF Aquitaine a travaillé sur un projet d'actions pour la mise en œuvre d'un Plan aquitain d'Agro-Ecologie. Dans le cadre d'une démarche visant à assurer la transition du plan Ecophyto vers le Plan Agro-Ecologie, l'objectif est de disposer de données consolidées démontrant, par l'exemple, la faisabilité et l'intérêt de la démarche agro-écologique et d'aider aux choix pour parvenir à assurer une transition vers l’agro-écologie dans les meilleures conditions. Sommaire Fiches témoignage 40.4 / Maïs irrigué au goutte à goutte Bruno Cabé à Saint Cricq Villeneuve (Landes) 24.2 / Guidage par GPS et cultures nouvelles Sébastien Maigne à Verteillac (Dordogne) 64.3 / Diversification. Choisir sa céréale à paille Essais mis en place par Euralis à Castétis (Pyrénées-Atlantiques) 64.6 / Colza associé J.-M. Couturejuzon à Araux (Pyrénées-Atlantiques) agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 17 3 e oignag Le tém s ulteur d’agric ants ! innov 40.4 Maïs irrigué au goutte à goutte Bruno Cabé Agriculteur sur la commune Saint Cricq Villeneuve, Bruno Cabé irrigue une parcelle de maïs avec un système de goutte-à-goutte enterré dans le cadre d’un essai d’irrigation conduit par la Chambre d’agriculture des Landes. J’ai plusieurs systèmes d’irrigation pour mes productions végétales : pivot, enrouleur, couverture intégrale. J’ai même déjà testé une couverture intégrale enterrée, mais la formule n’était pas fiable. Mon exploitation est située sur les bassins versants du Midou et du Ludon réalimentés, considérés comme déficitaires en eau durant la période estivale. Le quota d’eau attribué est de 1 600 m3 par hectare ce qui ne répond pas aux besoins d’irrigation du maïs dans cette zone en année normale. Il faut donc gérer l’irrigation au plus juste. En 2012, j’ai été intéressé par cet essai de maïs irrigué par goutte-en-goutte enterré car c’est à priori un système qui permet d’économiser de l’eau, ce qui est très important pour mon exploitation. De plus, je pratique depuis 6 ans le semis direct, particulièrement adapté à ce type d’installation enterrée. Les résultats obtenus les deux premières années sont très encourageants. Toutefois en 2013, l’été sec n’a pas permis à l’azote de se diffuser aux racines par le goutte-à-goutte, comparé à la parcelle sous pivot. En 2014, l’installation d’une pompe doseuse permettra de réaliser la fertigation azotée pour répondre à cette problématique en valorisant au mieux l’azote apporté. Avec le temps, il restera à voir la pérennité du matériel prévue pour 20 ans. l’exploitation Gaec des Mondines Main d’œuvre : 2 associés ASSOLEMENT 2013 SAU : 210 ha 150 ha maïs 23 ha soja 8 ha orge 9,5 ha maïs pop corn 10 ha prairie 10 ha jachère Productions animales : 21 000 pintades 5 000 poulets fermiers Divers : › irrigation de l’ensemble des productions végétales › Bruno Cabé est président de l’Association Syndicale Autorisée Saint Cricq Villeneuve (structure collective d’irrigation regroupant 9 irrigants pour 196 ha irrigués) et vice-président de l’AGIL (Association de Gestion de l’Irrigation Landaise) les innovations • Irrigation par un système de goutte-à-goutte enterré d’une parcelle de maïs de 1,3 ha en comparaison à une parcelle attenante de 8,8 ha irriguée par pivot. Cet essai mis en place en 2012 par la Chambre d’agriculture des Landes est unique en Aquitaine. agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 18 Irrigation du maïs avec un système de goutte-à-goutte enterré Le suivi depuis 2012 de cet essai montre une économie d’eau moyenne de 24% comparé à une irrigation sous pivot et une économie d’énergie de l’ordre de 16% par rapport à un pivot et 50% par rapport à un enrouleur. Ces résultats similaires les deux premières années de l’essai devront être confirmés par un suivi durant au moins 5 années. L’installation de ce type de goutte-à-goutte enterré avec de la gaine spéciale grandes cultures nécessite impérativement pour l’agriculteur d’appliquer des techniques culturales simplifiées. A noter que le coût d’ une installation de goutte-à-goutte enterré est de l’ordre de 3 500 à 4 000 €/ha. chantier d’installation Tranchée du réseau d’alimentation (polyéthylène souple diamètre 50) Enfouissement des gaines à 33 cm de profondeur soit 10 km de gaines/ha Vanne air Compteur Gaine goutte-à-goutte reliée au réseau d’alimentation 2 Cet essai est mis en place dans le cadre de l’appui technique aux irrigants d’Aquitaine. Contact : Julien Rabe conseiller gestion de l’eau Chambre d’agriculture des Landes Tél 05 58 85 45 30 3 Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine.html Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site Réalisation et crédit photo : Chambre d’agriculture des Landes - Création graphique : www.welko.fr - Edition : avril 2014 1 Electrovanne de régulation agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 19 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 24.2 GUIDAGE PAR GPS et CULTURES NOUVELLES Sébastien MAIGNE L’exploitation agricole est située à Verteillac. Elle produit des céréales et des cultures légumières sur 120 hectares. Le chef d’exploitation a également développé une activité d’entrepreneur de travaux agricoles avec tous types d’interventions, de la préparation à la récolte (EURL Sebma). Sébastien MAIGNE est installé depuis 2008 dans le cadre de la DJA. l’exploitation Quand je me suis installé, j’ai cherché à développer une valeur ajoutée supplémentaire sur l’exploitation qui n’avait pas de possibilité de s’agrandir. C’est comme ça que j’ai développé mon activité d’entrepreneur. Depuis l’année dernière, je me suis intéressé à la culture de légumes. Pour sécuriser la vente, je suis sous contrat dès la mise en production et je bénéficie d’une caisse de péréquation du groupement auquel j’adhère. Les légumes représentent un bon précédent à céréales et ils demandent une irrigation décalée par rapport au maïs. Pour le guidage par GPS, l’idée était de s’équiper en matériel performant, gagner en confort de travail et en productivité. Grâce au guidage GPS, on améliore l’impact sur l’environnement en évitant les doublons d’application de produits. Statut : EARL Maigne Main d’oeuvre : 1, 5 UTH Un salarié à mi-temps depuis 2014 ASSOLEMENT 2014 - Maïs irrigué : 30 ha - Haricot : 16 ha - Maïs sec : 10 ha - Pomme de terre : 15 ha - Maïs doux : 6 ha - Blé (semence) : 33 ha - Colza : 10 ha Système d’irrigation : une partie sur le réseau Dronne et une autre partie sur forage avec une réserve, arrosage par enrouleur équipé d’une carte SIM, système d’alerte par SMS pour les défaillances. Fertilisation : échange paille/ fumier jusqu’en 2012. Actuellement, fertilisation essentiellement minérale et utilisation de ses pailles. Groupement de producteurs et structure de commercialisation : UNIPROLEDI, et un opérateur commercial espagnol pour la pomme de terre. les innovations • Agriculture de précision : guidage par GPS › Impact sur la triple performance économique, technique et environnementale. • Cultures nouvelles › Diversification avec des productions légumières en région céréalière. NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 AGRICULTURE DE PRÉCISION / guidage par GPS Objectifs : - Optimiser l’épandage d’engrais et les traitements phytosanitaires. - Réaliser des économies d’intrants. - Limiter l’impact sur l’environnement. - Améliorer le confort de travail. Principe : Système de guidage embarqué permettant la commande de la direction du tracteur, ainsi que la gestion des ouvertures et des fermetures automatiques des tronçons. Technologies existantes : On utilise les signaux GSM (américain) et GLONAFF (russe) avec 3 niveaux de précision différents : - SF1 (signal basique) avec précisions à 10 – 20 cm - SF2 : 5 – 15 cm -Rtk : 2 à 5 cm Utilisation : 2 ans d’antériorité CULTURES NOUVELLES Haricot Début en 2013 : 14 ha Maïs doux : 6 ha 1ère année en 2014 Pomme de terre : 15 ha 1ère année en 2014 Avantages : - Marge brute prometteuse. - Remplir l’obligation de diversité d’assolement exigée dans la nouvelle PAC avec introduction de ces cultures légumières. Alternatives intéressantes au maïs sur des parcelles ne pouvant pas porter des céréales à paille. Limites : Nécessité de disposer de l’irrigation. Matériel spécifique pour le semis et la récolte. Solution : recours à la CUMA du groupement. 1 2 Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : http://www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site 3 PAGE 20 Réalisation : Chambres d’agriculture Dordogne - Création graphique : www.welko.fr - Mai 2014 agritaine dossiers agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 21 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 64.3 diversification choisir sa céréale à paille L’objectif de l’essai conduit par Euralis en partenariat avec Arvalis est d’identifier les variétés de blé adaptées à la région, au regard des conditions pédo-climatiques locales afin de permettre aux agriculteurs de choisir les variétés sur la base de références locales. Les essais mis en place par Euralis sont situés à Castétis. Les contextes économiques et réglementaires, notamment avec la nouvelle politique agricole commune, vont faire évoluer les assolements et favoriser la diversification des cultures. Si le maïs reste un atout majeur pour les exploitations du département, d’autres cultures comme les céréales à paille présentent des avantages. Les essais sur les variétés de blé sont majoritairement conduits en dehors de notre région. Notre climat est humide. Nous avons besoin de références locales. C’est pourquoi, en partenariat avec Arvalis, nous avons mis en place cet essai sur les variétés de blé tendre afin d’évaluer, dans les conditions pédo-climatiques locales, le potentiel de chacune d’entre-elles. Nous voulons ainsi positionner les céréales selon les secteurs et proposer aux agriculteurs des préconisations fiables. A côté de l’essai, nous avons réalisé une vitrine variétale sur l’orge, triticale et seigle afin de compléter nos références. Pascal Lalanne, responsable agronomie. Euralis les essais Sur cette plateforme d’essais développée par Euralis et Arvalis, vous trouverez : 35 variétés de blé tendre d’hiver 5 variétés d’orge d’hiver 4 variétés de triticale 1 variété de seigle hybride La résistance aux maladies des variétés est particulièrement évaluée puisque le dispositif présente 4 répétitions : trois traitées et une non traitée. Outre ces essais variétés, figurent aussi un témoin non traité, un essai de traitement de semence et un essai de starter sur céréales à paille. Impact sur la triple performance agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 22 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 64.6 colza associé Jean-Marc COuturejuzon Semer du colza associé à un mélange de légumineuses : c’est l’expérience que mène Jean-Marc Couturejuzon, installé à Araux, depuis cet automne. Couverture du sol et apport d’azote ont motivé son choix. Rotations et cultures intercalaires, techniques culturales simplifiées, autonomie alimentaire... J’ai réfléchi à un système très global qui doit me permettre de produire un maximum de cultures de vente telles que maïs, blé, colza, orge, luzerne et de valoriser le reste via les bovins viande. Mes objectifs ? Maîtriser les techniques de semis direct, et rechercher l’optimum sur des sols à faibles potentiels de production. J’ai depuis 2012 supprimé le labour qui, selon moi, destructure le sol. Avant le semis de maïs par exemple, j’utilise une bêche roulante. Ou alors, je sème directement dans le couvert de méteil et d'applique dans la foulée du glyphosate à dose réduite pour détruire la végétation en place. Avec la suppression du labour, la rotation des cultures et leur diversification sont indispensables. A l’automne dernier, j’ai tenté un semis de colza associé à un mélange de légumineuses. Le principe est de couvrir le sol sans trop concurrencer les jeunes colza. Les légumineuses gèlent en hiver et, au printemps, fournissent de l’azote à la culture. les innovations Implantation de colza associée à des légumineuses >> éviter le salissement, >> éviter un désherbage, >> fertiliser le sol. l’exploitation ASSOLEMENT 2013/2014 55 ha maïs grain 8 ha maïs doux 13,5 ha blé 11 ha orge 11 ha colza + 3 ha colza associé Cheptel 2013 24 mères dont 18 Blondes d’Aquitaine 6 Aubrac 4 ha luzerne 5,5 ha féverole 2 ha avoine 23,5 ha prairies temporaires Cultures Sols à faible potentiel de production Sans labour depuis 2012 Semis direct sous couvert Jean-Marc Couturejuzon adhère à l’agroréseau de la Chambre d’agriculture des PyréénesAtlantiques agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 23 colza associé Le sol a été préparé avec un décompacteur Agrisem de 3 m puis deux passages de la bêche roulante (5m). Le semis du colza a été réalisé en septembre 2013 avec un semoir Unidrill de 3m. Le semis a été réalisé à 3 kg /ha de colza PRW29 et 25 kg de plantes compagnes composées d’un mélange de légumineuses : 25% de vesce, 25% de gesse, 25% de fenugrec, 25% de lentilles. Végétation au 20 novembre 2013 Les légumineuses, en se développant à l’automne, couvrent le sol et le colza est préservé des mauvaises herbes. On économise un désherbage. Avec l’hiver doux de cette année 2014, la vesce est restée en place. Mais cela ne pose pas de problème. Le tri sera effectué à la récolte. Et cela nous donne la possibilité de récupérer la semence. Les légumineuses sont détruites pendant l’hiver et restituent de l’azote, ce qui génère une économie de fertilisation : on considère que les légumineuses apportent 30 U d’azote. Végétation au 21 mars 2014 1 2 Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : http://www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine.html Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site 3 Réalisation : Chambres d’agriculture d’Aquitaine - Création graphique : www.welko.fr - Édition : 2014 Végétation au 13 février 2014 agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 24 Innover pour assurer l'autonomie des élevages aquitains L'évolution du contexte économique (explosion des prix du carburant, des engrais, des concentrés...) et des exigences environnementales et sociétales (qualité de l'eau, confort animal, qualité des produits) conduisent à repenser les systèmes d'exploitation d'élevage aquitains. Dans un contexte régional, où le maïs est au centre du système fourrager, les éleveurs sont devenus dépendants d'approvisionnements en foin et en sources protéiques (tourteaux...) de plus en plus coûteux. Ainsi, reconquérir l'autonomie protéique et fourragère apparaît comme un enjeu fort pour la pérennité des exploitations agricoles d'Aquitaine. Pour répondre à cette problématique, plusieurs solutions ont été abordées dans le cadre des portes-ouvertes Innov'Action : • Implantation de fourrages riches en protéines faciles à implanter et à récolter afin de diminuer le recours systématique aux aliments correcteurs du commerce qui rééquilibrent la ration en protéines mais pèsent sur le coût de production. Cette thématique a été notamment abordée lors de la porteouverte organisée au lycée agricole de Bazas (exemple du méteil), ainsi que lors des visites de l'exploitation de Christine et Christian BIDEGARAY à Bidarray (exemple de la luzerne) et de la ferme du lycée des métiers de la montagne d'Oloron (exemple de l'association luzerne-dactyle). • Augmentation de l'herbe dans l'assolement et dans les rations en substitution du maïs et mise en place du pâturage tournant. Cette thématique a été abordée lors de la visite de l'exploitation de Jean-Pierre PLANTE à Port de Lanne où les terres à faible potentiel en maïs ont été converties en prairies et gérées par le pâturage tournant. • Implanter des idéotypes prairiaux locaux adaptés aux milieux et aux pratiques afin d'assurer la pérennité des prairies. Cette thématique a été abordée lors de la visite de la ferme du lycée des métiers de la montagne d'Oloron où des espèces emblématiques de la zone montagne sont travaillées dans le but d'entretenir une flore complexe dans les prairies. L'augmentation du coût de l'alimentation amène également à innover pour ajuster les apports aux besoins réels des animaux. Pour répondre à cette problématique, l'automatisation de l'alimentation a été traitée dans le cadre de deux portes-ouvertes Innov'Action : • Installation d'un distributeur automatique de concentrés en salle de traite avec lecture électronique pour ajuster les apports de concentrés aux besoins réels des brebis pour la production de lait. • Installation d'automates de distribution d'aliments pour la phase croissance et finition de canards prêts à gaver. Favoriser les projets communs innovants Pour poursuivre les échanges engagés sur ces sujets lors des journées Innov'Action 2014, les Chambres d'agriculture d'Aquitaine et la Région Aquitaine ont organisé un séminaire sur l'autonomie fourragère des exploitations agricoles, le 17 novembre 2014, à Bordeaux Sciences Agro. La journée a réuni près de 50 participants : professionnels, conseillers des Chambres d'agriculture, coopératives, lycées agricoles, instituts... Dans le cadre d'ateliers, les participants ont travaillé à préfigurer des projets collectifs innovants sur les enjeux suivants : - entretien des prairies et optimisation des récoltes, - pâturage (notamment méthodes de pâturages tournants), - comment favoriser le développement des légumineuses en Aquitaine ? - comment développer l'utilisation des cultures dérobées dans les élevages aquitains ? Les actes du colloque seront prochainement diffusés dans l'objectif de favoriser l'émergence de projets communs innovants répondants aux besoins des exploitations agricoles d'Aquitaine. Une seconde journée sur l'autonomie protéique des exploitations agricoles est prévue début 2015. Sommaire Fiches témoignage 33.4 / A la recherche de l'autonomie protéique Lycée agricole Terres de Gascogne de Bazas (Gironde) 40.2 / Conduite d'un pâturage dynamique Jean-Pierre Planté à Port de Lanne (Landes) 40.3 / Nouvelle génération de bâtiments pour canards prêt à gaver Christophe Clavé à Eyres Moncube (Landes) 64.1 / Automatiser la distribution des concentrés Christine et Christian Bidegaray, Gaec Ihusu, Maison Intzaittipia à Bidarray (Pyrénées-Atlantiques) 64.2 / Créateur de biodiversité Ferme du Lycée des métiers de la montagne d'Oloron à Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques) 64.5 / Transformation agro-alimentaire Halle technologique du Lycée agricole de Montardon (Pyrénées-Atlantiques) agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 25 3 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 33.4 à l a r e c h e rc h e d e l ’ au t o n o m i e p ro t é i q u e EPLEFPA DE BAZAS Exploitation en élevage bovins viande / volailles située en sud-Gironde à Bazas. Marc Bassery, vous êtes responsable de l’exploitation du Lycée Agricole de Bazas, pourquoi toutes ces expérimentations sur les fourrages riches en protéines ? Tout simplement parce que nous avons un troupeau de race bazadaise que nous devons alimenter essentiellement avec des fourrages stockés. Etant situés en zone péri-urbaine de Bazas, nous disposons de bien peu de surfaces pâturables disponibles. Nous alimentons le troupeau avec du foin et des céréales ensilées ou aplaties. Malheureusement, les foins de prairies permanentes sont d’une manière générale assez pauvres en matières protéiques et les céréales très pauvres ! Le recours systématique aux aliments correcteurs du commerce est certes un moyen efficace et pratique pour rééquilibrer les rations mais notre coût de production en prend un sacré coup ! C’est pourquoi, en liaison avec l’Institut de l’Elevage et la Chambre d’agriculture, nous avons tenté d’implanter des fourrages plus riches en protéines tout en restant suffisamment productifs et résistants à la sécheresse estivale. Le méteil a été une réussite puisqu’il est assez facile à implanter, bénéficie des apports pluvieux de l’hiver et est récolté avant l’été. Sa valeur alimentaire est relativement intéressante. Nous avons tenté la luzerne : les résultats étaient plutôt bons mais sa récolte est délicate et elle n’aime pas du tout l’excès d’eau. En revanche, des mélanges à base de Ray-Grass italien ou hybride associés à des légumineuses genre trèfles nous paraissent assez prometteurs... Les premiers résultats seront connus à l’automne 2014 et des essais d’introduction dans des rations d’engraissement débuteront aussi à l’automne. les innovations • Plus d’autonomie protéique • Une réussite : le méteil • La luzerne : une culture délicate en zone humide • Des mélanges aux résultats prometteurs l’exploitation Typologie : Lycée Agricole Responsable de l’exploitation : Marc Bassery Main d’œuvre : 2,5 UTH SURFACE AGRICOLE UTILE - Triticale : 10 ha (majoritairement auto-consommé) - Maïs grain : 10 ha (prévu pour la vente) - Sorgho fourrager : 7 ha (ensilage) - Prairies temporaires : 15 ha (riches en légumineuses) - Prairies permanentes : 97 ha Troupeau bovins viande Volailles 60 mères bazadaises en production de vaches de boucherie, bœufs, broutards et reproducteurs Environ 26 000 poulets, pintades, chapons par an 2 bâtiments agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 26 Une réussite : le méteil Plus d’autonomie protéique En élevage bovin, le déficit protéique est récurent dans les zones d’élevage où la production herbagère est soumise aux aléas climatiques (déficit hydrique d’été). Généralement, celuici est compensé par l’achat d’aliments concentrés riches en protéines (à base de soja majoritairement) : solution facile et efficace mais qui impacte sérieusement les coûts de production. A titre expérimental et en liaison avec l’Institut de l’Elevage, la Chambre d’agriculture de la Gironde tente depuis bientôt une dizaine d’années d’introduire des cultures fourragères riches en protéines faciles à implanter et faciles à récolter. Champ de luzerne Le méteil, mélange à base de céréales d’hiver, de vesce et de pois fourragers, offre l’avantage de produire de la végétation en hiver (hors période de sécheresse) pour une récolte de printemps. C’est une culture économe en intrants qui ne nécessite pas ou peu d’apport d’azote et qui ne nécessite pas de traitements phytosanitaires. Le méteil a l’avantage de libérer la terre pour un semis de maïs précoce ou bien de sorgho tout en laissant un sol bien structuré grâce à la variété et à la densité des systèmes racinaires implantés. La valeur alimentaire de ce fourrage dépend de la proportion de protéagineux dans le mélange récolté mais permet généralement de couvrir les besoins d’une vache en gestation par exemple, c’est donc un aliment équilibré et facile d’utilisation. Les rendements sont assez fluctuants mais varient de 5 à 10 T de MS/ha. Champ de méteil La luzerne : une culture délicate en zone humide L’implantation de luzerne fut également tentée avec succès malgré des terres assez acides (environ PH 5 à 5,5). Cette légumineuse qui bénéficie d’une excellente réputation, nécessite des besoins en eau assez importants ce qui la « freine » de manière significative en période estivale. A Bazas, ce sont 3 voire 4 coupes maxi qui peuvent raisonnablement être attendues pour des rendements avoisinant les 8 T de MS/ha. Malheureusement, l’hiver 2013/2014 excessivement pluvieux a montré les limites de la résistance de la luzerne à l’excès d’eau puisqu’une bonne partie des pieds a tout bonnement disparu. C’est donc un handicap majeur dans les zones à sols hydromorphes. En revanche, l’introduction de luzerne en foin ou en enrubanné dans la ration des vaches allaitantes a démontré une excellente appétence tout en réalisant une sérieuse économie d’aliments complémentaires achetés. 1 Des mélanges aux résultats prometteurs Durant l’automne 2013, des semis de mélanges fourragers (graminées et légumineuses telles que trèfle incarnat, trèfle violet, trèfle blanc...) ont été implantés avec succès et devraient «tenir» 2 à 3 ans. Les rendements de la première récolte sont encourageants tant en quantité qu’en qualité. Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : http://www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site 3 Réalisation : Chambres d’agriculture d’Aquitaine Création graphique : www.welko.fr - Edition : avril 2013 2 agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 27 3 e oignag Le tém s ulteur d’agric ants ! innov 40.2 Conduite d’un pâturage dynamique Jean-Pierre Planté Eleveur de vaches Blonde d’Aquitaine à Port de Lanne, Jean-Pierre Planté pratique le pâturage tournant au rythme de 2 à 3 jours par parcelle. l’exploitation Depuis 2013, j’ai mis en place le pâturage tournant sur mon exploitation. Au fil des ans, j’ai converti en prairie, des terres à faible potentiel en maïs. Je valorise au mieux ces prairies avec des récoltes précoces et/ou du pâturage dynamique avec 5 à 8 parcelles par lot d’animaux. Depuis maintenant deux campagnes, mon parcellaire a été découpé. Je fais des lots de 15 à 20 animaux auxquels j’affecte 20 à 25 ares par UGB au printemps et je double cette superficie par UGB en été. Chaque lot tourne tous les 2 à 3 jours sur une parcelle. Je constate qu’avec ce pâturage dynamique, les animaux sont plus calmes. L’herbe a pris plus de place dans mon assolement et par conséquent dans mes rations, en substitution du maïs. La santé de mes animaux semble s’en ressentir. Earl Planté 1.5 UTH ASSOLEMENT 2013 49 ha prairies 22 ha maïs Productions animales : 50 vaches de race Blonde d’Aquitaine 15 génisses par an Auparavant, je fonctionnais avec du pâturage libre non maîtrisé. J’observais beaucoup plus de gaspillage et l’herbe était moins appétante au fur et à mesure de la saison. Le rendement de mes prairies s’est amélioré. les innovations • Pâturage tournant tous les 2 à 3 jours par parcelle • Clôtures avec câbles tendus et piquets tous les 20 m • Récolte précoce de l’herbe pour l’ensilage agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 Pâturage PAGE 28 Clôtures tournant câbles tendus Le pâturage tournant est bien adapté à la gestion de l’herbe au printemps. Il permet d’exploiter l’herbe au bon stade, d’éviter le gaspillage, tout en favorisant la pousse. La rotation se déroule à un rythme rapide de 2 ou 3 jours par parcelle. L’entrée sur la pâture s’effectue à une hauteur de 10 à 12 cm et le sortie de pâture à 5 cm (quand l’herbe arrive à hauteur du talon de la botte). Ainsi le retour sur la même parcelle a lieu entre 21 et 24 jours. Dans la rotation au printemps, si on dépasse 15 cm de hauteur d’herbe, les parcelles doivent être réservées pour la fauche. Ce type de clôture facile à mettre en œuvre permet d’espacer les piquets tous les 20 à 25 m. Les ressorts procurent une bonne élasticité des câbles et ainsi en cas de franchissement les fils se remettent en place sans dégâts. Les piquets d’angle doivent être particulièrement robustes car ils supportent toute la tension des câbles soit 200 kg. Les piquets intermédiaires sont de format plus réduit. Il est nécessaire de bien positionner les points d’eau afin de desservir toutes les parcelles du paddock. Un repère simple : 1 cm d’herbe = 100 kg MS / ha Cartographie (réalisée par la Chambre d'agriculture) du découpage de la prairie en 8 parcelles chez JP Planté Récolte précoce La qualité de l’herbe évolue tout au long du cycle de la pousse. Au fur et à mesure que l’herbe vieillit, la proportion de tiges et de feuilles moins digestes s’accroît au détriment de la valeur alimentaire tant sur le plan de l’énergie que des protéines. Le rendement en énergie et en protéine est maximal au stade début épiaison. A partir de ce stade, la perte de valeur s’accélère pour tomber, pour une graminée, à 50% à la floraison. 1 2 Selon les espèces et selon les années, le début d’épiaison est atteint entre le 15 avril et le 10 mai pour la plupart des graminées présentes sur le département des Landes. La récolte des prairies en ensilage fin avril-début mai, au lieu d’une récolte en foin en juin, permet à l’éleveur d’économiser l’équivalent d’une tonne de tourteaux de soja par hectare. Contact : Didier Lahitte conseiller bovins viande Chambre d’agriculture des Landes Tél 05 58 85 45 25 3 A cette période, les fenêtres météo étant limitées, la récolte par ensilage est à privilégier pour son intérêt très fort sur la teneur en protéine. Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine.html Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site Réalisation Chambre d’agriculture : CA des Landes - © CA des Landes et Tarn - Création graphique : www.welko.fr - Edition : avril 2014 de l’herbe agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 29 3 e oignag Le tém s ulteur d’agric ants ! innov 40.3 Nouvelle génération de bâtiments pour canards prêtS à gaver cHRISTOPHE cLAVÉ Agriculteur sur la commune de Eyres Moncube, Christophe Clavé produit, depuis 2013, 28 000 canards prêts à gaver par an en moyenne avec un système de bâtiments automatisés. l’exploitation En 2012, j’ai pris la décision d’arrêter la production de bovins lait. J’ai voulu conserver sur mon exploitation un élevage afin de valoriser mes prairies. Je me suis orienté vers l’élevage de palmipèdes gras sous Identification Géographique Protégée Sud-Ouest. Pour cela, j’ai opté pour un système basé sur une canetonière automatisée pour le démarrage des animaux et un bâtiment de croissance avec automate d’alimentation pour les phases de croissance et finition. C’est en visitant les installations d’un autre éleveur déjà équipé d’un automate de distribution d’aliment piloté par informatique que j’ai pu apprécier la facilité d’entretien et de prise en main du matériel. J’ai validé ainsi ma décision pour ce système qui convenait totalement à mes attentes notamment au plan de l’organisation du travail. Moins gourmand en maind’œuvre, il me permet de conduire seul, ce nouvel atelier. De plus, j’ai bénéficié, pour financer ces investissements, des aides de l’Europe, de l’Etat, du Conseil Régional d’Aquitaine et du Conseil Général des Landes, dans le cadre des programmes AREA-PMBE et PPE *. * AREA- PMBE : Plan de Modernisation des Bâtiments d’Elevage pour une Agriculture Respectueuse de l’Environnement en Aquitaine AREA- PPE : Plan de Performance Energétique Earl Chantalaoude Main d’œuvre : 1 UTH avec appel à de la main d’œuvre occasionnelle pour l’attrapage des animaux ASSOLEMENT 2013 35 ha maïs grain 5 ha parcours Productions animales : 6 à 7 bandes de 4 500 canards prêts à gaver produits par an Installation : › phase de démarrage des animaux dans une canetonière de 487 m², avec un accès à un pré-parcours quand les conditions climatiques le permettent › puis transfert des animaux vers un bâtiment de 603 m² équipé d’un automate de distribution d’aliment ; accès à un parcours extérieur de 1,5 ha minimum par lot les innovations • Automatisation complète des deux bâtiments de démarrage et de croissance au niveau de l’abreuvement, de l’alimentation et de l’ambiance. • Gestion totale de l’alimentation à l’intérieur. • Automate de distribution de l’aliment pour la phase croissance et finition des animaux. agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 Automatisation complète de l’élevage L’automatisation concerne les deux bâtiments (démarrage et croissance) qui gèrent l’alimentation, l’abreuvement et l’ambiance à l’intérieur des installations et donc le bien-être des animaux. Cette automatisation complète de l’élevage engendre également un gain de main-d’œuvre intéressant et permet donc à l’agriculteur de pouvoir conduire seul son atelier de canards prêt à gaver de 4 500 animaux par bande. PAGE 30 Alimentation totalement à l’intérieur Cette gestion intérieure de l’alimentation permet d’une part de ne pas avoir de circulation des tracteurs sur les parcours et ainsi d’éviter la création de zones de bourbier. De plus, la pression en azote et phosphore sur les parcours est réduite par rapport à un parcours classique compte tenu que les temps de présence des animaux à l’intérieur sont plus importants. Bâtiment de Bâtiment croissance des pour le démarrage animaux des animaux Automate de Le recours à un automate de distribution d’aliment permet un meilleur suivi de la consommation alimentaire et du gain de poids de l’aliment consommé. Avec cet appareil, les rations journalières distribuées aux animaux peuvent être programmées. De plus, on constate une diminution du gaspillage des animaux conduisant à un gain alimentaire et économique. Auges d’alimentation 1 2 Contact : Nathalie Castetbon conseillère Palmipèdes Chambre d’agriculture des Landes Tél 05 58 85 45 25 3 Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine.html Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site Réalisation et crédit photo : Chambre d’agriculture des Landes - Création graphique : www.welko.fr - Edition : avril 2014 distribution de l’aliment agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 31 3 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 64.1 automatiser la distribution des concentrés Christine et Christian Bidegaray Située sur la commune de Bidarray, cette exploitation est typique des côteaux du Pays Basque avec ses ateliers ovins lait (400 brebis de race Manex tête rousse en AOP Ossau-Iraty) et bovins viande (27 vaches de race Blonde d’Aquitaine) sur une SAU hors parcours de 53 ha. Cet élevage sélectionneur ovins lait mixte livreur non transhumant fait partie du socle national de fermes de référence. Lorsque je me suis installé en 1995, l’exploitation détenait déjà 2 troupeaux ovins lait et bovins viande. Pour financer les investissements nécessaires à la modernisation de l’outil de production, je me suis engagé dans la voie de l’amélioration génétique des brebis pour augmenter la productivité laitière et l’efficacité de mon atelier principal. Je me suis engagé en contrôle simplifié en 2000 puis en contrôle officiel en 2009. L’apport de génétique et la mise en place d’une conduite en lots des brebis m’ont permis de doubler les volumes de lait produits. Pour améliorer l’autonomie protéique de l’atelier, j’avais dès 1996 implanté 2 ha de luzerne, surface que j’ai décidé de doubler en 2010. Les volumes de lait chutaient de façon importante après la 1re pesée de lait. Cette chute montre que les meilleures brebis étaient sous alimentées alors que les brebis les moins bonnes engraissaient car trop nourries. Dans un premier temps, nous avons fait des lots d’animaux en bergerie puis rapidement nous nous sommes orientés vers la valorisation de l’identification électronique en salle de traite avec la mise en place d’un distributeur automatique de concentrés permettant de distribuer l’aliment à chaque brebis en fonction de ses réels besoins de production. l’exploitation Statut : GAEC familial Main d’oeuvre : 1,65 Umo exploitants ASSOLEMENT 2013 43,80 ha de prairies permanentes 4 ha de luzerne 1 ha de prairie temporaire Cheptel 2013 330 brebis et 70 antenaises 27 vaches allaitantes 4,3 ha de maïs grain 46 ha de landes et parcours privés Production : 102 000 litres de lait vendus dans le respect du cahier des charges de l’AOP Ossau-Iraty Exploitation engagée dans la démarche AOP Ossau-Iraty les innovations Le distributeur automatique de concentré en salle de traite : adapter les apports à l’hétérogénéité du troupeau >> Ajuster les apports de concentré aux capacités de production et donc aux besoins réels des brebis. >> Améliorer la productivité laitière globale du troupeau. >> Maîtriser l’état corporel des brebis pour de meilleurs résultats à la reproduction. Implantation de luzerne : réduire la dépendance aux protéines achetées >> Accroître l’autonomie protéique de l’exploitation et réduire ainsi la dépendance aux achats extérieurs. agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 32 distributeur automatique implanter de Dans notre recherche d’amélioration des résultats nous avons commencé par faire des lots en bergerie (laitières / moins laitières). Suite à des problèmes de santé en 2010 nous nous sommes équipés en 2011 d’un chevrier pour automatiser la distribution de concentrés en bergerie sur les tapis d’alimentation. Cette installation nous a permis de gérer 2 lots de brebis. L’objectif de la luzerne est surtout de diminuer la dépendance vis-à-vis des achats extérieurs et améliorer ainsi l’autonomie fourragère de l’exploitation. de concentrés Pour affiner le travail nous avons équipé la salle de traite d’une stalle neuve avec lecture électronique. Ce matériel permet de lier la distribution des aliments à la productivité laitière. Grâce au DAC, le distributeur automatique de concentrés, on a la possibilité de passer de 2 rations en bergerie à 7 autres rations en salle de traite. Concrètement, fin avril, certaines brebis sont à 0 g de maïs et d’autres à 550 g en fonction de leurs besoins calculés. Avec 30 brebis de moins à la traite par rapport à la campagne précédente, le litrage cumulé à même date est identique. L’objectif est également de mieux complémenter les brebis dont la note d’état corporel le nécessite et d’obtenir à terme de meilleurs résultats en reproduction. Toutefois, nous n’avons pas encore assez de recul sur ce point. la luzerne Quand une prairie temporaire produit 10 t de matière sèche par an, une parcelle de luzerne me permet d’en récolter régulièrement 12 à 13 t sur les bonnes années et d’atteindre jusqu’à 5 coupes et 15 t de matière sèche. Luzerne : jusqu’à 15 t de matière sèche Le DAC 1 permet de lier la distribution d’aliment à la production laitère 2 Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : http://www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine.html Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site 3 Réalisation : Chambres d’agriculture d’Aquitaine - Création graphique : www.welko.fr - Édition : 2014 le chevrier facilite la distribution des concentrés agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 33 3 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 64.2 CREATEUR DE BIODIVERSITE Ferme du lycée des métiers de la Montagne d’Oloron L’exploitation du lycée des métiers de la montagne est située aux portes d’Oloron, en bordure du gave d’Aspe. Elle produit du fromage de brebis « Ossau Iraty » fermier au lait cru à partir du lait de son troupeau de brebis basco-béarnaises. Elle possède un atelier complémentaire de vaches béarnaises dont les produits sont commercialisés localement. Les troupeaux transhument en altitude. La ferme a été créée en 1994 et je suis arrivée en 2006. L’atelier de brebis laitières a été mis en place en 1994, et la fabrication fromagère a démarré en 1997. Nous avons alors adhéré à la coopérative d’Accous, mais nous avons pris en 2014 la décision d’être plus autonome et de développer notre capacité commerciale, en particulier à travers le Réseau national des Produits de Lycées Agricoles. Nous avons démarré un atelier d’élevage des vaches béarnaises en 2008, en rejoignant l’Association de Sauvegarde de la Race Bovine Béarnaise. L’exploitation s’inscrit pleinement dans l’agro-écologie, c’est-à-dire concilier compétitivité et respect de l’environnement. Nos troupeaux transhument en vallée d’Aspe. Nous avons encore des choix à effectuer pour optimiser l’utilisation des parcours, la taille du troupeau, sans compromettre le revenu de l’exploitation. Nous cherchons aussi à redémarrer la traite en estive. Mathilde Poivre, responsable de la ferme les innovations Sélection, évaluation des types prairiaux locaux : valoriser la biodiversité prairiale de la zone montagne >> mieux gérer les prairies permanentes avec des idéotypes prairiaux locaux, réellement adaptés à nos milieux et nos pratiques, >> menforcer la place des légumineuses pour réduire les besoins de fertilisation, >> conserver et restaurer la biodiversité des exploitations de montagne. l’exploitation Statut : ferme du lycée agricole. L’exploitation doit dégager un revenu suffisant pour rémunérer ses salariés, tout en répondant aux besoins pédagogiques (accueil de classes, de stagiaires), et se développer en cohérence avec les filières locales. Main d’oeuvre : 1 chef d’exploitation + 3.2 UTH salarié (2 bergers +1 fromager) ASSOLEMENT 2013 Prairies permanentes : 10.5 ha Prairies temporaires : 24.2 ha Luzerne/Dactyle : 3.4 ha Cheptel 2013 Brebis basco-béarnaises : 450 adultes + 100 agnelles (renouvellement) Vaches béarnaises : 4 adultes + 5 jeunes Fromages fermiers : 12 t lait : 27 000 l en laiterie Maïs grain : 5,4 ha Estives : 163 ha (mi juin à mi septembre) Récoltes Foins : 60 T Regains : 50 T Luzerne : 25 T Maïs grain : 45 T maxi Fromage de brebis sous AOP Ossau Iraty Agneaux de lait sous IGP Agneau de lait des Pyrénées Certification environnementale : AREA 2, HVE 3 Vente directe de produits de la ferme : fromage, miel, noisettes Vente de veaux et agneaux en circuit court Un atelier de vaches béarnaises : créer de la génétique animale adaptée au terroir et à forte valeur économique >> une race rustique adaptée aux zones de montagne herbagères. >> un potentiel commercial pour une viande de qualité. >> une valeur patrimoniale. Culture d’associations luzerne-dactyle : réduire la dépendance aux protéines achetées >> optimiser la culture d’une plante peu adaptée au conditions climatiques, >> accroître l’autonomie protéique et réduire les achats de fourrages. agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 VALORISER DES IDEOTYPES PRAIRIAUX « LOCAUX » L’exploitation est aujourd’hui constituée de prairies permanentes, de prairies temporaires et nous louons l’estive d’AUHA en vallée d’Aspe. Nous constatons que les prairies se dégradent rapidement, que les légumineuses ne tiennent pas bien… Dès 2011, nous avons rejoint un groupe d’éleveurs motivés pour caractériser les types locaux, pour mieux gérer les prairies permanentes en entretenant une flore complexe. Il était naturel que nous mettions à disposition un bout de parcelle pour mettre en observation les divers types issus des vallées béarnaises et basques… Ce qui a été fait en 2012 et 2013. Nous travaillons 4 espèces emblématiques pour la zone montagne : dactyles, trèfles violets, trèfles blancs et lotiers… Mais nous nous intéressons à d’autres espèces, patrimoniales ou aromatiques, les pollinisatrices aussi. Quelques producteurs ont récupéré de la semence en 2013, en mélange, ou en pur, et nous avons semé cet automne quelques échantillons. Nous sommes avant tout des éleveurs, il nous faut apprendre à devenir aussi des cultivateurs, à gérer des graines, des semences... Nous essaierons de monter en puissance cet automne, et récolter cet été des quantités plus conséquentes de graines. PAGE 34 UN ATELIER DE VACHES BEARNAISES L’atelier a été crée en 2008, avec aujourd’hui 9 vaches et génisses. C’est peu, mais la principale difficulté, c’est de créer de nouveaux reproducteurs. Nous avons rejoint l’Association de Sauvegarde de la Race Bovine Béarnaise. L’association regroupe aujourd’hui 64 éleveurs, pour un peu plus de 224 femelles (168 vaches). Au total, 26 femelles nées et conservées dans le noyau de sélection. Nous vendons quelques veaux : leur viande est aujourd’hui plébiscitée, grâce en particulier à Tony Dourau, un jeune boucher sur le carreau du marché d'Oloron. Nous pressentons un gros potentiel commercial, mais nous ne sommes pas en mesure de produire. Aujourd’hui, tous les veaux sont valorisés à plus de 950 euros, pour des animaux de 6 mois à 135 kg de carcasse. C’est un animal rustique, on ne traite pas tous les ans. L’alimentation est basée sur du foin, de l’herbe et un peu de maïs. Les mères sont suffisamment laitières pour nourrir leur veau. Nous obtenons de bons résultats d’IA, dès la première insémination. Après vélage, les retours en chaleur sont précoces (40 jours après vélage). Qu’est ce qu’il nous manque pour se développer ? Des animaux. Donc nous cherchons avant tout à accroître la taille de la population, mais ce n’est pas facile. Un animal rustique, mais dont la population est insuffisante ASSOCIATIONs LUZERNE-DACTYLE 9 t/ha de rendement + pâture d’automne 1 2 3 Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : http://www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine.html Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site Réalisation : Chambres d’agriculture d’Aquitaine - Création graphique : www.welko.fr - Édition : 2014 Nous avons installé nos premières associations luzernedactyle en 2009. Sur 2 parcelles soit 1,9 ha. Elles ont aujourd’hui 5 ans ! Nous avons utilisés les variétés Diane puis Dorine disponibles localement. En inoculant nous même, puis avec des lots déjà inoculés. Les sols sont des terres de bordure de gaves, caillouteuses et très filtrantes. Pour la fertilisation : en général 5 t /ha de compost, et selon les années de la chaux, et un peu de potasse. Nous utilisions aussi un activateur biologique (bio3G). En général, je vise 4 coupes, avec des proportions différentes entre la graminée et la légumineuse selon la saison. Malgré les caprices météorologiques, nous récoltons 3 fois en foin pour 1 coupe enrubannée. Le rendement atteint 9 t/ha en année normale, avec la pâture d’automne. A l’automne, nous faisons pâturer les brebis : pas question de laisser les animaux seuls, il faut surveiller pour ne pas avoir de « gonflement », et limiter à 2 heures de pâture. Nous n’avons jamais eu d’accident. Les foins sont utilisés surtout pour les agnelles, ou en préparation à l’agnelage, ou en fin de lactation. Nous allons faire un nouveau semis ce printemps. Nous avons aussi mené un essai important en 2013 en comparant foin de graminée et foin de luzerne en début de lactation, avec des résultats spectaculaires. agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 35 3 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 64.5 transformation agro-alimentaire halle technologique de montardon La Halle technologique de Montardon accompagne des porteurs de projets dans la mise en oeuvre de process innovants de transformation et dans la mise au point de produits fermiers. La Halle technologique de Montardon se situe dans l’enceinte du lycée agricole de Montardon. Conçue au départ comme un atelier pédagogique agroalimentaire, le lycée a développé autour de cet atelier un véritable outil professionnel. Il permet au lycée de vendre ses productions et de proposer des prestations. Depuis 2013, la Halle est agréée atelier collectif avec des producteurs qui viennent transformer ou faire transformer par les apprenants. En plus d‘être outil pédagogique, la Halle est devenue un outil « commercial », au service des agriculteurs désirant transformer leur production. Le principe est simple : l’agriculteur ou l’artisan vient avec un produit brut et repart avec un produit commercialisable. la halle Elle appartient à l'Établissement public local des PyrénéesAtlantiques qui regroupe les lycées agricoles de Montardon, Orthez et Oloron, les exploitations agricoles de ces 3 lycées, le Centre de Formation des Apprentis et un Centre de Formation Professionnel et de Promotion Agricole. les produits transformés • Les fruits : jus, compote, confiture… • Les légumes : piperade, velouté, pâté végétal… • Les produits laitiers : yaourt, fromage, confiture de lait • Viandes : découpe toutes viandes, mises sous vide • Plats cuisinés La Halle est scindée en trois salles de préparation, chaude (plats cuisinés), froide (viande) et une autre destinée à la transformation des produits laitiers et ses dérivés. Pascal Lopez, responsable de la halle Les équipements sont conformes aux normes européennes pour tous les types de vente de vos produits (directe, restauration collective,…) les innovations L’outil technologique proposé par la Halle de Montardon permet d’accompagner des initiatives locales de diversification et de mise au point de produits fermiers transformés et commercialisés en circuits courts. Les innovations concernent le transfert de savoirfaire technologique concernant les techniques de transformation, chaque porteur de projet apprend un nouveau métier lié à la transformation d’un produit fini. La conception de nouveaux produits se fait sur la base de tests : fabrication, conditionnement, test auprès de panels de consommateurs. agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 process de PAGE 36 concevoir de fabrication nouveaux produits Transformer un produit fermier ne s’improvise pas, c’est en s’entraînant sur des outils de type industriel que l’agriculteur pourra apprendre les différents process de transformation avant de décider d’investir dans son propre matériel. Au-delà du transfert de process et de compétence, l’agriculteur pourra s’essayer au métier de transformateur de matières premières en produits agroalimentaire. Pour réussir son entreprise en circuits courts le porteur de projet devra élaborer et mettre en oeuvre un stratégie commerciale qui prenne en compte sa gamme de produits et son positionnement par rapport à l’offre existante. L’innovation passe souvent par la mise au point de nouveaux produits afin de se différencier de la concurrence. Réussir sa stratégie commerciale, c’est prendre en compte la demande de sa clientèle. La Halle technologique permet de tester les produits élaborés auprès d’un panel de consommateurs et de le modifier ou le repositionner commercialement. salle réfrigérée Pasteurisateur à lait Tester les produits pour les adapter à la demande Du matériel performant 2 Parage et découpe de viande Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : http://www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine.html Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site 3 Réalisation : Chambres d’agriculture d’Aquitaine - Création graphique : www.welko.fr - Édition : 2014 1 Salle réfrigérée de préparation froide et légumerie >> Parage et découpe de viande >> Préparation de fruits et légumes >> Assemblage et désassemblage de denrées Salle réfrigérée de préparation lait fromage et jus de fruits >> Tank à lait réfrigéré pour assurer la conservation >> Pasteurisateur à lait, baratte pour fabrication de beurres >> Ecrémeuse pour fabrication de lait demi-écrémé >> Évaporateur concentrateur sous vide pour réaliser des produits concentrés (lait concentré,…), cave d’affinage >> Pressoir hydraulique, presse filtre à plaques >> Pasteurisateur tubulaire pour jus de fruits >> Doseuse – operculeuse Salle de préparation chaude >> Tous types de cuisson (four, marmite basculante double cuve) >> Cellule de refroidissement rapide >> Capsuleuse sous jet de vapeur, sertisseuse >> Pasteurisation (four,…), appertisation (autoclave vertical) Salle réfrigérée de conditionnement >> Barquetteuse sous vide avec possibilité de réinjection de gaz >> Cloches sous vide Salle de contrôle >> Appareils de mesure et de contrôle (étuve, pH mètre,…) >> Analyse sensorielle (paillasse de dégustation) agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 37 Economies d'énergie et production d'énergies renouvelables L'énergie est un facteur déterminant pour la compétitivité des exploitations agricoles. Les solutions énergétiques mises en œuvre doivent associer sobriété, efficacité et s'intégrer dans une réflexion globale, à l'échelle de l'exploitation et du territoire. A l'occasion de l'opération Innov'Action 2014, c'est une démarche globale qui a été présentée chez Monsieur Dubreuil, le 1er juin à Bourran (47). Cet agriculteur a travaillé à la fois sur l'efficience énergétique (baisse de la consommation des énergies fossiles), la diminution d'intrants - que ce soit les engrais, de part les localisation, l'eau ou les phytosanitaires - et la biodiversité dans les sols. Les économies d'énergie de ce type doivent être accompagnées, autant que possible, de la valorisation des ressources locales dans le but de favoriser les énergies renouvelables. Illustration en a également été faite au travers de 3 autres exemples intéressants, toujours dans le cadre d'Innov'Action : • Le 16 juin à Mimbaste (40) avec la présentation d'une chaudière à biomasse fonctionnant à base de rafles de maïs produites sur l'exploitation et le 11 juin à Saubole (64), avec la présentation d'une chaudière biomasse alimentée avec des granulés et permettant de la production d'eau chaude pour la préparation de l'aliment des veaux de boucheries. Pour aller plus loin, dans un contexte de hausse du prix des énergies fossiles destinées au chauffage, les Chambres d'agriculture souhaitent étudier et/ou créer des filières de production de biomasses dites « non alimentaires » (chanvre, sorgho énergétique...). Bien entendu, ces filières devront répondre aux critères du développement durable, en ne pénalisant pas les productions alimentaires, tout en assurant un bénéfice aux exploitants et un bénéfice environnemental. • Le 3 juin, à la CUMA de Marcillac Saint-Quentin (24), avec un événement visant à valoriser des solutions autour du thème de la méthanisation agricole, par et pour les agriculteurs. Ce dispositif utilise la biomasse disponible localement (fumier, lisier, déchets de culture et déchets de l'industrie locale) et propose en même temps une nouvelle approche agronomique permettant de réduire les achats d'engrais. L'énergie au cœur de toutes les préoccupations Il est vrai que, depuis 2011, l'intérêt porté à la méthanisation s'est accru, suite aux nouvelles dispositions réglementaires plus attractives pour le monde agricole (hausse du tarif de rachat, assouplissement des démarches). Les Chambres d'agriculture se sont rapidement positionnées comme des interlocuteurs privilégiés pour un appui technique et administratif. Notamment en se portant relais locaux du plan régional METHAQTION. Le Plan Energie Méthanisation Autonomie Azote (EMAA), lancé par les ministères en charge de l'Écologie et de l'Agriculture ouvre la voie au développement de nouvelles unités. D’une manière générale, les questions relatives au coût de l’énergie sont une préoccupation importante chez les agriculteurs. C'est d'ailleurs pour cela que le thème choisi par la Fondation pour une Agriculture Durable en Aquitaine en 2014 pour son appel à candidature destiné aux agriculteurs innovants - Cap sur l'Agriculture Durable - était celui de la transition énergétique. En effet, ce thème permet de confronter 2 enjeux majeurs : le changement climatique et la raréfaction inévitables des ressources énergétiques. A ce titre, il est important d'évoquer l'engouement général pour le solaire photovoltaïque, en dépit de la baisse des tarifs de rachat de l'électricité produite et qui se traduit par une implication forte des Chambres d'agriculture. Face à la disparition programmée des tarifs réglementés de l'électricité, le principe d'autoconsommation de l'électricité produite n'est plus à écarter et une approche économique devra être faite afin de conseiller au mieux les agriculteurs. Sommaire Fiches témoignage 24.1 / Méthanisation et valorisation agronomique Coop CUMA de Saint-Quentin (Dordogne) 40.1 / Des rafles pour sécher le maïs Joël et Eric Lafargue à Mimbaste (Landes) 47.1 / Strip-till et bandes vertes Christian Dubreuil à Bourran (Lot-et-Garonne) 64.4 / Energie renouvelable au service de l'agriculture Christian Tharan à Saubole (Pyrénées-Atlantiques) agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 38 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 24.1 MÉTHANISATION ET VALORISATION AGRONOMIQUE COoP CUMA de ST-QUENTIN Trois élevages du Sarladais, situés dans l’ancienne zone vulnérable et dans un secteur touristique, ont souhaité développer une solution pour maîtriser leurs effluents d’élevage et maintenir l’activité de veaux de boucherie. La méthanisation ouvre également des pistes agronomiques intéressantes pour valoriser les effluents d’élevage. L’idée de départ était d’anticiper sur des nuisances olfactives de nos exploitations d’élevage, situées en zone touristique. Nous nous sommes lancés en janvier 2009. Des voyage d’études en Allemagne, en Suisse et l’obtention d’aides publiques (PPE et Feder) à hauteur de 40% ont fini par nous convaincre. Nous avons également monté un dossier auprès de l’État. Le méthaniseur a été construit en octobre 2010. La chaleur produite est récupérée pour chauffer l’eau utilisée pour la préparation du lait de nos veaux de boucherie, et pour le chauffage de nos habitations. Le digestat, sans odeur et aux valeurs agronomiques intéressantes, est aussi récupéré pour l’épandre sur nos cultures. La vente d’électricité permettra d’amortir l’investissement. C’est un projet passionnant qui requiert un fort investissement et une grande technicité. Avant de se lancer dans l’aventure, il faut être conscient que cela demande beaucoup de temps en amont pour le suivi administratif, technique et financier. Gilles Trémouille, président de la Cuma lES exploitationS 3 exploitations d’élevage : 5 UTH • SCEA DU BARRY BAS • SCEA DU MAS BAS • EARL DE LA PLAINE ASSOLEMENT 2013 Productions animales Productions végétales Présence d’élevages hors sol. 1200 Veaux de boucherie 50 Vaches laitières 40 Vaches allaitantes Tabac Maïs, Céréales, Prairies Dimensionnement de l’installation de méthanisation : Puissance nominale de 160 Kwh avec projet de passer à 250 Kwh Investissement de 1 562 000 € HT avec un retour sur investissement prévu sur 15 ans. les innovations • Production d’énergie et complément de revenu Valorisation de la biomasse disponible localement : fumier, lisier, déchets de culture et déchets de l’industrie locale (graisse). • Nouvelle approche agronomique Mise en place de couverts végétaux, Cultures Intermédiaires à Valorisation Energétique (CIVE), réduction des achats d’engrais • Ancrage territorial et changement de l’image de l’agriculture agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 39 Production d’ERNERGIE NOUVELLE APPROCHE Méthanisation agricole par et pour des agriculteurs : conservation de la valeur ajoutée financière pour de l’investissement. Développement d’une nouvelle activité économique permettant de maintenir les exploitations agricoles sur le territoire. Valorisation du digestat issu de la méthanisation 1. Matière organique désodorisée et hygiénisée. 2. Réduction des achats d’engrais grâce à l’utilisation du digestat (part d’azote minérale plus importante dans le digestat que dans les fumiers) 3. Perspectives à Marcillac St-Quentin : séchage de digestat pour réduction des volumes et faciliter les épandages. ET COMPLEMENT DE REVENU Activité économique avant tout indirectement rémunératrice avec des effets induits comme la réduction d’achat d’engrais, ou les économies de chauffage : récupération de la chaleur produite pour chauffer l’eau de préparation du lait des veaux de boucherie et les habitations des agriculteurs. Utilisation de la biomasse disponible localement : fumier, lisier, déchets de cultures et traitement des déchets de l’industrie locale (graisse, poussières de céréales...) : limitation du transport pour le retraitement des produits industriels. Economie d’environ 20 000 euros de gaz et de fioul par an réalisée par la valorisation de la chaleur sur les 3 exploitations. AGRONOMIQUE Conservation des couverts végétaux mis en place sous la zone vulnérable (CIVE : cultures intermédiaires à valorisation énergétiques) car levée du frein financier d’achat de semence compensé par deux avantages : - possibilité de leur valorisation directe dans le méthaniseur, - impact agronomique positif sur la structure des sols et amélioration des performances environnementales des exploitations. Investissement total : 1 562 000 euros Ancrage territorial et CHANGEMENT DE L’IMAGE DE L’AGRICULTURE Partenariat et service avec les acteurs du territoire : élimination de déchets de type graisses, déchets verts... Création d’activités économiques pour les artisans locaux pour la construction et l’entretien : électricien, etc... Image d’une agriculture innovante avec un rôle actif dans le développement des énergies renouvelables et la réduction des émissions de gaz à effet de serre (L’effet de serre du méthane est 21 fois plus puissant que celui du CO2 (source ADEME). Epandage d’un produit sans odeurs, ou avec très peu d’odeur. La Dordogne est le seul département d’Aquitaine à compter 5 méthaniseurs en fonctionnement. La Chambre d’agriculture et le bureau d’études en méthanisation d’ASSELDOR accompagnent les agriculteurs tout au long de la construction de leur projet : volet technique, volet financier en levant des fonds publics, administratifs pour le montage des dossiers et l’obtention des autorisations nécessaires pour l’exploitation des méthaniseurs. Le pôle environnement et territoire dipose d’un retour sur expérience sur des projets menés en Dordogne, en France ou en Europe. Enfin, la pertinence et la qualité de la démarche d’ASSELDOR et de la Chambre d’agriculture ont été reconnues par l’Etat qui les a retenu pour la conduite d’un projet CASDAR (Compte d’affectation spécial pour le développement agricole et rural) : Méth@+.com. L’objectif est de capitaliser les expériences de méthanisation agricole périgourdines et de les développer en partenariat avec des structures de recherche d’Aquitaine pour pouvoir les transférer sur d’autres territoires. Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine.html Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site Réalisation : Chambres d’agriculture Dordogne - Création graphique : www.welko.fr - Mai 2014 DORDOGNE : un département pilote agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 40 3 e oignag Le tém s r ulteu d’agric ants ! innov 40.1 Des rafles pour sécher le maïs JOËL et ERIC LAFARGUE Installés à Mimbaste, les frères Lafargue produisent du maïs grain dont ils ramassent les rafles afin de les valoriser pour le séchage de la récolte en remplacement de l’énergie fossile. l’exploitation SCA de Hourie Depuis 1981, nous séchons notre maïs et nous avons progressivement augmenté cette activité en séchant aussi le maïs d’autres agriculteurs. Il faut savoir que nous avons toujours vu, à la maison, nos parents et grands parents utiliser les rafles de maïs pour allumer la cheminée. La flambée du prix de l’énergie fossile nous a incité à utiliser cette ressource locale et gratuite. D’autant plus que lors d’un voyage d’études en Espagne nous avons vu que les coques d’amandes (ressource locale pour les espagnols) étaient employées comme combustible. Passionnés de machinisme, nous avons cherché à mettre au point un récupérateur de rafles de maïs et à adapter notre chaudière pour l’utilisation de cette biomasse en remplacement du gaz. Après plusieurs années d’adaptation, notre système est aujourd’hui fiable et depuis 2006, nous ne consommons plus de gaz. Main d’œuvre : 2 associés exploitant et 1 salarié ASSOLEMENT 2013 247 ha de maïs grain non irrigué Récolte moyenne annuelle : 100 qx/ha 9 ha de gel Installations : › Séchoir d’une capacité de 300 tonnes de maïs séchées par jour › 10 000 tonnes séchées par an les innovations • Création d’un récupérateur de rafles de maïs tracté derrière une moissonneuse batteuse • Mise au point d’une chaudière biomasse aux rafles de maïs agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 41 Récupérateur de rafles La remorque récupère les rafles derrière la moissonneuse batteuse. Elle est autonome en énergie grâce à son groupe électrogène embarqué. Sur la base de 100 qx de rendement grain sec, la production de rafles par ha est de 2 tonnes. Cette quantité d’énergie produite sur 1 ha permet de sécher entre 2 et 3 ha de maïs selon son humidité à la récolte. Après leur récolte, les rafles sont stockées durant une année sous un hangar ouvert pour un séchage naturel avant leur utilisation dans la chaudière. Ce récupérateur de rafles est aujourd’hui breveté et disponible sur le marché. bâtiment stockage rafles Chaudière biomasse Cette chaudière présente une puissance de 2 à 4 Mégawat. Elle se compose d’une trémie de réception des rafles de 40 m3, d’un foyer réfractaire, d’un générateur et d’un caisson filtrant. Sur la base de 10 000 tonnes de maïs séchées par an, 160 tonnes de gaz peuvent être économisées avec cette chaudière. Dans ce cas, le retour sur investissement du système global (récupérateur de rafles + bâtiment de stockage + chaudière) est de 4 ans. 1 2 Contact : Raphaël Martial conseiller d’entreprise Chambre d’agriculture des Landes Tél 05 58 85 45 10 3 Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine.html Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site Réalisation Chambre d’agriculture : CA des Landes - w CA des Landes et Lafargue Bioénergie - Création graphique : www.welko.fr - Edition : avril 2014 aux rafles de maïs agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 42 3 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 47.1 Strip-till et bandes vertes Christian Dubreuil Christian Dubreuil exploite 109 ha en grandes cultures en vallée du Lot et pays de Serres. Depuis cinq ans, les pratiques culturales sont différentes et le labour traditionnel est abandonné au profit du labour en bandes ou strip-till et bandes vertes entre les cultures. l’exploitation A la suite d’aléas économiques sur la culture du melon en 2009 (l’exploitation en produisait 200 tonnes), un virage technique a été entrepris pour sauver l’exploitation. C’est en prenant connaissance de pratiques nouvelles outre-Atlantique que nous avons décidé d’importer des éléments de travail du sol répondant au concept du Strip-till alors qu’en Europe seuls deux outils de cette conception étaient présents. Le principe général est de ne travailler que les bandes de terre sur la ligne de semis, soit 5% du volume de sol en comparaison des techniques conventionnelles. 15 ha de blé , 9 ha de soja (1ère année ) , 82 ha de maïs Assolement 2013 106 ha emblavés : 77 ha maïs ; 24 ha blé ; 5 ha triticale Rendement 2013 74 qx /ha en blé ; 42 qx en triticale et 106 qx/ha en maïs (52% des sols se situant en coteaux limités en eau) . Commercialisation des 1 011 tonnes sur deux structures de proximité. Avec cinq ans de recul et quatre récoltes nous essayons petit à petit « d’acclimater » ce type de matériels à nos latitudes. les innovations • Efficience énergétique Une baisse de la consommation des énergies fossiles 28€/ha sur l’ensemble de l’exploitation déplacements compris (exploitation scindée en deux blocs distants de 17 kms). • Diminution d’intrants, que ce soient les engrais de part les localisations, l’eau ou les phytosanitaires le système tend à l’économie. • Biodiversité dans les sols Population des vers de terre en augmentation agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 43 Efficience Diminution énergetique des intrants Le travail partiel de la couche arable avec le strip-till conduit à une moindre consommation de fuel divisé par 6 à 10 en comparaison d’un travail conventionnel du sol. C’est l’un des enjeux de cette technique de travail sur des bandes de pouvoir amener les fertilisants en localisé sur la bande semée uniquement. C’est une source d’économie directe car l’efficience des apports est meilleure de par la répartition spatiale au plus près des plantes. Outre les dépenses énergétiques sur les travaux lourds nous retrouvons d’autres économies dans le système puisque nous travaillons les sols plus tôt avec des semis précoces et au final des coûts de séchage moindres pour le maïs par exemple. Au total le bilan carbone est amélioré, et moins de méthane est produit. C’est en raisonnant sur l’ensemble du système que nous serons plus performants mais déjà nos premières années nous confortent dans nos choix. La bande travaillée correspond à celle du semis De même, nous accompagnons nos cultures principales par de l’implantation de couverts végétaux entre les bandes semées en post récolte. Cette technique permet de mobiliser des éléments fertilisants en hiver pour les rendre disponibles à la culture semée au printemps, tout en réduisant la sensibilité des sols à l’érosion. Concernant l’utilisation des produits phytosanitaires sur notre système nous n’avons ni augmenté ni diminué ce poste. Pour autant, un nouvel équilibre se créé dans les les sols et nous avons espoir de réduire leur utilisation. Fertilisation localisée sur le rang de semis Biodiversité dans les sols 1 Couverts végétaux en inter-culture Le maintien en surface de la totalité des résidus végétaux est une aubaine pour toute la biodiversité des plus petits organismes (vers de terre, carabes, mycorhizes…) au plus gros (vertébrés... ). Tout est une affaire d’équilibre et bien entendu nous devons parfois réguler des populations de ravageurs ou d’adventices préjudiciables à nos cultures par les méthodes les plus respectueuses de l’environnement. 2 Dans ces systèmes nouveaux, l’observation et l’adaptation de nos moyens d’interventions est source d’innovations afin d’être durables. Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine.html Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site 3 Réalisation : Chambres d’agriculture d’Aquitaine - Création graphique : www.welko.fr - Edition : avril 2013 Le non retournement systématique de la couche arable et un maintien au maximum d’une couverture des sols favorisent grandement le développement de la biodiversité. L’ensemble de la flore implantée et de la faune est au maximum préservée en l’état et leur travail profite à l’ensemble de l’écosystème. agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 44 3 e oignag Le tém lteurs u d’agric ants ! innov 64.4 Énergie renouvelable au service de l’agriculture Christian THARAN L’exploitation est située en Béarn. Les exploitants se sont spécialisés dans l’élevage de veaux de boucherie. En 2013, ils ont investi dans une chaudière biomasse pour la production d’eau chaude pour la préparation de l’aliment des veaux de boucherie. Je suis devenu agriculteur en 1985 avec un petit atelier de porc plein air. J’étais alors pluri-actif. En 1987, j’ai arrêté les porcs et démarré un atelier de veaux de boucherie sur les conseils d’un technicien. En 1988, j’ai auto-construit un tunnel de 130 places tout en conservant les 30 places existantes et en 1990, un second tunnel pour arriver au final à 400 places de veaux de boucherie. Entre temps, la salle de préparation a été réinstallée. En 1998, nous sommes redescendus à 332 places et passés en parcs collectifs en 2004-2005. Jusqu’en 2013, nous étions en alimentation manuelle. Depuis, nous avons installé un silo de stockage d’aliment et la préparation est semi-automatique. Nous essayons toujours de nous adapter à l’environnement et aux contraintes économiques. Aussi en 2013, face à la hausse du coût de l’énergie, nous avons investi dans une chaudière biomasse pour la production d’eau chaude servant à la préparation de l’alimentation des veaux de boucherie. Objectifs : diminuer nos charges et faire un geste pour l’environnement. Après un an de fonctionnement, nous sommes très satisfaits. l’exploitation Statut : Exploitation individuelle L’augmentation progressive du nombre de places de veaux de boucherie a permis l’installation de l'épouse de l’exploitant. Main actuelle d’oeuvre : 2 UTH ASSOLEMENT 2013 L’exploitation ne possède pas de surface agricole, hormis les parcelles des bâtiments. L’épandage des lisiers est réalisé chez des tiers. Cheptel 2013 332 places veaux de boucherie soit 660 veaux produits par an. Besoin quotidien en eau chaude : 2 000 l maximum Données techniques : 9 590 l de fioul par an Température de consigne pour l’eau chaude : 80 C° Consommation d’énergie par veaux produit avant projet : 145 eqkWh les innovations Installation d’une chaudière biomasse >> Remplacer la chaudière existante âgée de plus de 15 ans et peu performante. >> Diminuer les charges liées à la préparation de l’alimentation. >> Utiliser une énergie renouvelable. Approvisionnement de la chaudière en combustible sécurisé >> Installation d’un stockage tampon de 72 h d’autonomie. >> Pas de rupture d’alimentation. >> Sécurisation de la production d’eau chaude. Auto-construction du silo de stockage >> Diminuer l’investissement agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 chaudière biomasse PAGE 45 Sécuriser l’appro à granulés du combustible Ayant appris par la Chambre d’agriculture qu’un programme d’aide à l’investissement (Plan de Performance Énergétique) existait pour soutenir les projets des exploitants, Christian Tharan s’est intéressé au changement de sa chaudière existante. Celle-ci était vieillissante et la question de son changement se posait d’autant plus que le prix du fioul augmente régulièrement. Nous avons alors fait réaliser un état des lieux (diagnostic énergie) de notre installation, par le technicien énergie de la Chambre d’agriculture qui nous a également fait des propositions sur les différentes possibilités existantes pour remplacer la chaudière fioul : pompe à chaleur, solaire thermique, chaudière biomasse. Nous avons ensuite contacté la société All Sun pour un devis pompe à chaleur. Mais après une étude sérieuse de notre situation, la société nous a finalement proposé l’installation d’une chaudière biomasse. Le problème avec les chaudières biomasse vient très souvent de l’approvisionnement en combustible de la chaudière. La vis sans fin se bloque parce que le granulé ou la plaquette n’est pas de qualité suffisante ou à cause d’un problème mécanique. La conséquence est que l’éleveur se retrouve sans production d’eau chaude et à la merci des délais d’intervention du réparateur. Une situation impossible à accepter pour une activité professionnelle. Pour remédier à ce problème, notre installateur a tout simplement positionné entre la vis sans fin et la chaudière un petit bac tampon. C’est lui qui au final alimente la chaudière. Si la vis sans fin fait défaut, nous gardons une autonomie de fonctionnement de la chaudière de 72 h environ. Nous pouvons même alimenter manuellement ce bac tampon si besoin. Ce dispositif, nous a vraiment rassuré et permis d’envisager l’installation d’une chaudière biomasse en toute sérénité. C’est vraiment un plus par rapport aux installations classiques. Un bac tampon pour sécuriser l’approvisionnement en combustible Cela nous a paru très intéressant dans la mesure ou nous substituons 100% de l’énergie nécessaire : pas besoin d’appoint électrique ou autre. Avec les aides du plan de performance énergétique, le retour sur investissement est correct et en fonctionnement nous diminuons par deux notre facture énergétique ! économie annuelle : 4 900 euros HT de charge d’énergie 24,9 tonnes de CO2 Bilan technico- >> Consommation de 18 tonnes de granulés par an. >> Retour sur investissement de 3,5 ans. 1 >> Économie annuelle de 4 900 € HT de charge d’énergie. >> Émission de CO2 évité : 24,9 tonnes par an. 2 Retrouvez les témoignages Innov’Action sur : http://www.innovaction-agriculture.fr/aquitaine.html Flashez ce QrCode avec votre smartphone pour accéder au site 3 Réalisation : Chambres d’agriculture d’Aquitaine - Création graphique : www.welko.fr - Édition : 2014 Réalisation : Chambres d’agriculture d’Aquitaine - Création graphique : www.welko.fr - Édition : 2014 economique agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 Lancement du Réseau Régional de l'Innovation en agriculture Les Chambres d'agriculture d'Aquitaine, en partenariat avec la Région Aquitaine, lancent le Réseau Régional de l'Innovation en agriculture. Ce réseau a pour ambition de coordonner les différents maillons de la chaîne de l'innovation en Aquitaine, au service des exploitations agricoles. Les actions du Réseau Régional de l'Innovation en agriculture sont orientées par un comité de pilotage composé de : Chambre régionale d'agriculture d'Aquitaine, Région Aquitaine, DRAAF Aquitaine, INRA, IRSTEA, Bordeaux Sciences Agro, Agri Sud-Ouest Innovation, Cluster Machinisme et Aquitaine Développement Innovation. Les objectifs de ce réseau sont notamment de : • mettre en œuvre une méthode de repérage de l'innovation dans les exploitations agricoles, • contribuer au transfert et à la diffusion de l'innovation au plus grand nombre, • mettre en réseau les acteurs de la recherche, de l'expérimentation, du développement en décloisonnant les secteurs et les métiers pour faire émerger des projets multiacteurs, • faire l'inventaire des besoins d'innovation des exploitations agricoles, • accompagner les porteurs de projets. Dans le cadre de ce réseau, plusieurs séminaires sont prévus dans les mois à venir pour travailler à l'émergence de projets innovants. Un premier rendez-vous a eu lieu le 17 novembre dernier à Bordeaux Sciences Agro autour de la thématique de l'autonomie fourragère des exploitations agricoles. Il devrait être rapidement suivi d'autres séminaires de travail sur l'agriculture de précision et l'autonomie protéique des exploitations. Prochains séminaires : Janvier 2015 : Agriculture de précision Mars 2015 : Autonomie protéique des exploitations Pour plus d'informations contactez la Chambre régionale d'agriculture d'Aquitaine. PAGE 46 3 Questions à Hubert de Rochambeau Président de l'Institut National de recherche Agronomique (INRA), membre du Comité de Pilotage du Réseau Régional de l'Innovation. Que pensez-vous de la création du Réseau Régional de l'Innovation ? Hubert de Rochambeau : « L'innovation en agriculture est un sujet extrêmement complexe et intéressant de nombreux acteurs de terrain, mais également en amont du terrain. C'est pour cette raison que la création d'un Réseau Régional de l'Innovation est sans doute la réponse la mieux adaptée au traitement de cette problématique notamment pour que toutes les parties prenantes puissent échanger et avancer ensemble. Si l'idée est excellente, elle demandera cependant une grande implication de toutes les structures concernées. Cette vision partenariale, nous l'avons souvent abordée au sein de l'INRA par exemple au travers de nos travaux avec les pôles de compétitivité, mais aussi via les Groupements d'Intérêt Scientifique (GIS), les Unités Mixtes Technologiques (UMT) et Réseaux Mixtes Technologiques (RMT) ». L'INRA et les Chambres d'agriculture travaillent-elles traditionnellement ensemble ? Hubert de Rochambau : « L'INRA est un institut national qui a réparti ses forces sur l'ensemble du territoire français. Ainsi, nous avons une longue habitude de collaboration et de proximité avec les Chambres d'agriculture. En Aquitaine, au sein du Palmipôle d'Artiguères (Landes), nous travaillons étroitement dans le cadre d'un GIS avec l'Institut Technique de l'AVIculture (ITAVI) et le Centre d'Etudes des Palmipèdes du Sud-Ouest (CEPSO), qui n'est autre qu'une émanation des Chambres d'agriculture d'Aquitaine et MidiPyrénées. De même, la Station de Biologie du Fruit et Pathologie, qui est hébergée sur notre site de Villenave-d'Ornon, permet de mener des travaux sur la génétique et problèmes pathologiques d'un certain nombre d'espèces en continuum avec le CIREF spécialisé dans les fraises et fruits rouges, et le centre d'expérimentation fruits et légumes INVENIO ». Qu'est ce que le Réseau Régional de l'Innovation peut apporter à l'agriculture régionale ? Hubert de Rochambau : « Sans doute beaucoup de choses ! Mais avec la Loi d'Avenir Agricole, l'enjeu premier est l'agroécologie, largement défendue par le Ministre de l'agriculture. Auparavant, on faisait de l'agriculture avec, au fil des années, une intensification des pratiques et la nécessité d'avoir des rendements élevés afin de nourrir les populations. Aujourd'hui, on doit faire de l'agroécologie, c'est-à-dire réduire les intrants, en maintenant les rendements afin d'être à même de nourrir nos concitoyens et le tout dans un contexte de changement climatique. En résumé, il faut partir de l'écosystème de l'exploitation agricole et y appliquer les techniques d'agronomie et d'écologie les mieux adaptées. Sur le terrain, nous constatons que certains agriculteurs se sont déjà engagés. Je pense notamment à l'agriculture biologique ou encore au plan Ecophyto. Outre un travail de veille de ces innovations, il y a aussi nécessité de vérifier leur pertinence et leur efficacité afin de pouvoir les diffuser auprès d'un maximum d'agriculteurs. Cette mission du Réseau régional de l'Innovation est en totale adéquation avec la vision de l'INRA. En effet, à l'heure actuelle, nous réfléchissons à une organisation spécifique en termes d'innovation. Il s'agit de trouver le dispositif le plus efficient pour répondre aux sollicitations et demandes d'informations d'acteurs aussi divers que les Chambres d'agriculture, les Instituts Techniques, les agriculteurs et même le grand public. Ces volets transfert et communication de l'innovation sont au centre de nos réflexions ». agritaine dossiers NUMERO 38 DÉCEMBRE 2014 PAGE 47 Repérer l'innovation sur le terrain Depuis 2009, la Fondation pour une Agriculture Durable en Aquitaine contribue au repérage et à la diffusion d'innovations durables en Aquitaine. A travers son appel à candidature « Cap sur l'Agriculture Durable », la Fondation pour une Agriculture Durable en Aquitaine récompense les agriculteurs qui, par leurs initiatives et leurs pratiques innovantes, concourent au développement d'une agriculture durable dans les 5 départements de la région. Ce faisant, la Fondation souhaite détecter, promouvoir et encourager, des techniques et des pratiques améliorant réellement, et de façon efficace, la « durabilité » de l’agriculture en Aquitaine. Sont plus particulièrement prises en compte les réalisations : • qui présentent un caractère innovant, • qui sont faciles à reproduire, • pour lesquelles les agriculteurs sont prêts à conduire (ou ont déjà conduit) des actions de sensibilisation auprès de leurs collègues ou du public, • qui sont équilibrées dans leur durabilité, tant sous l’angle économique, que sous l’angle social et environnemental. La Fondation par qui, pour qui ? Créée en 2009, sous égide de la Fondation de France, par SAFER Aquitaine Atlantique, Maïsadour, Euralis, Crédit Agricole Aquitaine, Bayer Cropscience et EDF (donateur), la Fondation pour une Agriculture Durable en Aquitaine bénéficie de l'animation réalisée par la Chambre régionale d’agriculture et de l'appui technique des Chambres départementales. Le Comité exécutif est actuellement présidé par Francis MASSE, viticulteur et Président de la SAFER Aquitaine Atlantique. Son objectif est d'encourager et de soutenir des initiatives d’intérêt général concourant au développement d’une agriculture durable en Aquitaine par l'attribution de prix/bourses dédiées : • aux agriculteurs : « Cap sur l’agriculture durable » - 41 lauréats à ce jour, • aux étudiants : « Demain dans l’agriculture » - 38 lauréats. Le Comité exécutif de la Fondation s'est réuni le 15 décembre 2014, afin de finaliser le programme d'action de l'année 2015, qui est axé sur une meilleure valorisation des réalisations des lauréats (mise en place d'indicateurs de suivi, communication), la promotion de l'échange d'expérience et du parrainage entre agriculteurs et étudiants et une ouverture accrue aux partenaires ainsi qu'au grand public (forum d'échange sur le site Internet de la Fondation). A noter d'ores et déjà dans vos agendas : la remise des prix des appels à candidature à destination des agriculteurs et des étudiants aura lieu au Salon de l'Agriculture Aquitaine à Bordeaux (8 au 17 mai 2015), qui aura pour thème : l'innovation en agriculture. Fondation pour une Agriculture Durable en Aquitaine Maison de l’Agriculture et de la Forêt Aquitaine 6 parvis des Chartrons 33075 BORDEAUX CEDEX tél. 05 10 77 58 32 Contacts : Bruno MILLET, Délégué général Catherine GONNOT, Animatrice http://agridurableaquitaine.com/ agritaine dossiers NUMERO 38 DECEMBRE 2014 PAGE 48 agritaine dossiers Directeur de la publication : Dominique Graciet • Coordination et rédaction : Elisabeth Uminski, Bérengère Gouhier et Catherine Gonnot • Conception : Chambre d’agriculture d’Aquitaine Chambre régionale d'agriculture d'Aquitaine Cité mondiale ‑ 6, parvis des Chartrons CS 91251 - 33075 Bordeaux cedex Tél. : 05 56 01 33 33 • Fax : 05 57 85 40 40 E-mail : [email protected] Site : www.aquitainagri.fr Imprimé selon les recommandations ADEME Dépôt légal 4er trimestre 2014 • ISSN 1778-7416